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14 juin d'hier et d'aujourd'hui

14 juin 1981, 1991, 2011 : paroles de l’émiliE, changements et statu quo.


Le 14 juin fait date en Suisse. C’est en effet le 14 juin 1981 que l’égalité des droits est inscrite dans la Constitution ; ce même jour, en 1991, les femmes entament une grève nationale pour que cette égalité soit effective dans leur réalité quotidienne. En 2011, vingt ans après, face à la persistance des inégalités, cette journée emblématique demeure encore un temps de revendication.
Et si on se rafraîchissait la mémoire en plongeant dans les archives de l’émiliE ?

1981 : l’abc de l’égalité
En avril 1981, en vue des votations fédérales sur l’égalité entre hommes et femmes, la rédaction de l’émiliE, alors Femmes Suisses, s’est fendue d’un tiré à part spécial, un long abécédaire humoristique Quelques extraits choisis en reflètent l’état d’esprit :

ASSURANCE MATERNITÉ : mentionnée dans la Constitution depuis 1945, l'assurance maternité n'existe pas comme loi fédérale. La maternité est toujours juridiquement assimilée à une maladie.

BOURGEOISIE (Droit de cité) : la femme perd automatiquement en se mariant son appartenance à sa commune d'origine, elle devient bourgeoise de la commune de son mari. Une inégalité à effacer.

CARRIèRE : notion essentiellement masculine, même si le genre en est féminin. La femme mariée qui veut faire carrière doit avoir une santé excellente, un mari compréhensif, un sens aigu de l’organisation. Tout en grimpant les échelons de la hiérarchie professionnelle, elle doit rester «bonne ménagère», «bonne éducatrice», «bonne cuisinière», tâches où l’homme refuse encore de faire carrière.

Il y a du progrès : nous en sommes aujourd’hui à demander le congé paternité et parental. La «bourgeoise», maintenant double originaire, est devenue quelque peu schizophrène. Quant à la carrière, la notion du partage des tâches domestiques et éducatives montre une (lente) évolution des mentalités.

1991 : petit historique des grèves au féminin

A l’occasion de la mobilisation du 14 juin 1991, Femmes Suisses s’est penché sur l’histoire des grèves féminines au cours des siècles. L’analyse de Corinne Chaponnière, Michèle Michellod et Perle Bugnion-Secrétan démontre la rareté du phénomène, mais aussi sa portée. Le journal évoque quatre grèves majeures des femmes : la première est littéraire (Aristophane) ; viennent ensuite la grève des chemisières en 1909 à New York, le ralliement massif des Islandaises en 1975, et la protestation des Bâloises suite au refus des Suisses d’accorder le suffrage aux femmes en 1959. Quatre grèves, autant dire une goutte d’eau dans l’océan. Mais elles ne passent pas inaperçues pour autant. Lorsque les femmes sont excédées de ne pas être prises en compte, après avoir demandé le changement de toutes les manières possibles, l’arrêt total d’activité devient l’arme qui leur permet de se faire entendre.

La mobilisation féminine mise en scène par Aristophane dans Lysistrata est une grève du sexe des Athéniennes pour mettre fin à la guerre avec Sparte. L’abstinence féminine est une arme à laquelle les femmes ont recours de par le monde, sur les plans individuel et collectif. Elle a récemment été utilisée comme moyen de pression politique par les Colombiennes (2006), les Kényanes (2009), et comme blague en demi-teinte par les Belges (2011).

1971, 1981, 1991
Le débrayage au féminin peut ainsi être symbolique ou lié à des revendications précises. Dix ans après la législation sur l’égalité, face à la persistance des inégalités sociales, les féministes suisses décident d’organiser une grève nationale. Du mot d’ordre initial prévoyant que «le 14 juin 1991, les femmes refuseront catégoriquement d’exécuter tout travail à la maison et à leur poste de travail», la grève va prendre une dimension plus symbolique, car ce terme ne convient pas à toutes les femmes.

Les opinions personnelles publiées dans Femmes Suisses montrent la variété des sentiments. Perle Bugnion-Secrétan, rédactrice du journal,  «regrette qu'en négligeant depuis si longtemps de faire droit à leurs demandes en matière d'égalité, notamment de salaires, on ait acculé les femmes à recourir finalement au moyen de la grève, qu'elle soit symbolique ou d'avertissement.»

Manuelle Pernoud, journaliste au TJ, prône l’information du public avant tout. «La grève est un moyen à double tranchant : il est si extrême, si provocateur dans ce contexte de paix du travail qu'en le choisissant, on prenait le risque que beaucoup de femmes y renoncent. Conséquence d'une grève peu suivie : les revendications sont alors aisément méprisées, parce qu'elles dérangent, certains employeurs auront beau jeu de ricaner.»

Pour Yvette Jaggi, alors syndique de Lausanne, il fallait oser ce terme : «La provocation a marché.»

2011 : constats contemporains
La page de l’émiliE de l’édition du 9 mai 2011 du Courrier rapporte une class action initiée par 6 femmes pour 1.6 millions d’employées revendiquant l’égalité des salaires à compétences égales. Et ce aux Etats-Unis, où le Congrès a adopté en 1963 l’Equal Pay Act interdisant les écarts salariaux basés sur le genre.

Ainsi, l’égalité effective des femmes n’en est encore qu’à ses débuts. Etre entendues, être reconnues, il faut maintenant être considérées au quotidien, en attendant que le monde, hommes et femmes compris-e-s, pense d’abord en termes d’humains avant de penser le genre.


Auto promo

Vidéos de l'émiliE

Regards sur UN TRAMWAY

La Comédie de Genève vous invite à embarquer à bord d'Un Tramway, du 14 au 18 juin 2011 au Bâtiment des Forces Motrices.

 

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Vidéo: Joanna Osbert, ...

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