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Rencontres culturelles

Pour en finir avec Mars et Vénus

Avec son Petit traité de désobéissance féministe, Stéphanie Pahud, féministe et linguiste, nous livre les outils de base pour prendre du recul avec la «Femme» et l ’«Homme».

Comment? En décortiquant la manière dont la publicité et les médias reflètent les stéréotypes de genre en cours dans notre société.

Pourquoi? Pour une plus grande créativité dans nos identités et nos comportements.

Explications.

Pour la linguiste et féministe Stéphanie Pahud, la désobéissance passe par une prise de conscience des assignations de genre. Autrement dit, ne pas forcément se conformer aux comportements prescrits aux femmes et aux hommes selon leur sexe biologique. Ces stéréotypes de genre sont souvent sous-jacents aux discours et comportements ambiants. Ce sont des «évidences» qui naîtraient de la «nature» même des hommes et des femmes.


La publicité et les discours médiatiques mettent en scène, volontairement ou non, les stéréotypes de genre et représentent ainsi le corpus rêvé pour une linguiste qui tient à mettre à jour ces normes sous-jacentes. Il ne s’agit pas d’une dénonciation de la publicité et des médias, mais plutôt d’une prise de conscience individuelle pour une vieille critique des assignations. Afin que chacune et chacun puisse choisir avec plus de liberté les comportements qui correspondent à son identité, ses aspirations et ses incohérences.


«Le soin, par nature c’est elle… la précision, c’est Tefal.»*


Si la publicité est certes devenue bien moins directement sexiste, elle n’en demeure pas moins un discours qui perpétue encore souvent les stéréotypes de genre. En partie pour des raisons marketing, le discours publicitaire aime les catégories bien différenciées : «Sur le plan économique, le système de genre est au cœur du dispositif publicitaire: il intervient dans le segmentation des marchés, dans la sélection des médias et des supports, dans le packaging des produits, dans le choix des arguments de vente et, bien sûr, dans les scénarios des annonces qui, pour la plupart, mettent en scène des êtres humains.»


Si Stéphanie Pahud souligne la publicité est «perméable» aux évolutions, au queer ou au gay friendly - «Couples hétérosexuels, la MAIF vous assure aussi » - il n’empêche qu’au final, «la majeure partie des scénarios publicitaires sont aujourd’hui encore marqués du sceau de la division traditionnelle des rôles et des caractères féminins et masculins.»

La nuit des longues limes à ongles
Dans la presse, les femmes représentent le cinquième des personnes évoquées et le tiers des signatures. Outre ces chiffres, Stéphanie Pahud a choisi de décortiquer le discours sur les femmes politiques comme symbolique du rôle des médias «dans la formation et la perpétuation des imaginaires collectifs, entre autres de genre et [pouvant] contribuer, indirectement, à entretenir un verrouillage des identités féminine et masculine.»


Si, par exemple, le fait d’être une femme a souvent été positif dans la campagne à l’élection au Conseil fédéral de Doris Leuthard, on peut tout de même se demander si UN ministre de l’économie aurait été représenté en caissière par un dessinateur de presse. Quoi qu’il en soit, positif ou négatif, que Doris Leuthard soit une femme n’a pas été neutre dans les échos médiatiques de sa campagne et de son élection.


En somme, Stéphanie Pahud ne nie pas les différences biologiques entre les sexes mais questionne les déterminations sociales et culturelles qui en découlent. Les hommes et les femmes que nous sommes ne se reconnaissent pas forcément dans la masculinité ou la féminité présentée comme naturelle. Entre «socialisation et pouvoir de construction identitaire», la linguiste en appelle à notre pouvoir de créativité envers les normes sociales.

 

*Annonce publicitaire Tefal pour des appareils de soin pour bébé.

 


Stéphanie Pahud est docteure ès Lettres et maître-assistante en linguistique française à l’Université de Lausanne.


Petit traité de désobéissance féministe, édition Arttesia, 2011, 135 p.

Histoire des femmes



Ce sont elles qui l'écrivent : Françoise Héritier l'­anthropologue, Michelle Perrot l'historienne, ­Sylviane Agacinski la philosophe, et ­Nicole Bacharan la politologue. Avec humour et intelligence, nous revisitons notre histoire en nous la réappropriant au passage. Car depuis le début, même si les femmes font l'Histoire au même titre que les hommes, ce sont eux qui l'écrivent. L'époque est révolue. L'ouvrage démonte quantités de clichés éculés.

Vrai-faux
Françoise Héritier revient sur l'idée d'un partage des tâches "naturel" : l'homme à la chasse, la femme à la grotte avec les gosses. Elle dit que dans les sociétés où les hommes chassaient, la viande qu'ils ramenaient ne constituait que 20% de la nourriture du groupe, tandis que la cueillette des femmes en représentait 80%. Pourtant l'image de l'homme vaillant chasseur a toujours été valorisée. Jaloux du "privilège exorbitant d'enfanter" des femmes, le groupe des hommes s'est tacitement entendu pour marginaliser l'autre sexe. En écrivant l'Histoire, ils s'assuraient de transmettre l'idéologie patriarcale et un pouvoir sans partage.

Fétichisme
Michelle Perrot explique que les hommes ont toujours été obsédés par les cheveux de leurs compagnes. Une fixette qui leur a inspiré des théories sur le port du voile par exemple (et qui fait les beaux jours de multinationales qui soutiennent les femmes dans leur combat pour soigner leur chevelure). La femme dispose peu de son corps, véritable terrain de conquête. L'historienne analyse ainsi le viol ordinaire: «De tout temps, le danger, c’est le viol.» Elle explique qu’«il a régné un extraordinaire silence sur le viol. La jeune fille, qui n’a pas réussi à se défendre, est considérée comme coupable.» Les comportements actuels des femmes restent aujourd'hui encore conditionnés par cette transmission des peurs, des hontes. L'exercice de la domination masculine repose sur des rapports de force dont la partie très visible est la violence.

Sexe
Quant à la sexualité féminine, le point de vue masculin propose deux visions : la frigide et la pute. Sylviane Agacinski complète un tableau déjà bien noir en fustigeant la psychanalyse de Freud et de Lacan, fondée sur leur conviction étroite que le sexe, c'est le pénis. Disons que les femmes en ont vu des vertes et des pas mures depuis quelques millénaires et que la prochaine étape est de définitivement ringardiser les phallocrates de tout poil. Aux féministes et aux autres d'investir les terrains d'expression, de création et de pouvoir pour que l'histoire des femmes ne soit plus un genre mineur.

A vos stylos !

 

Françoise Héritier, Michelle Perrot, Sylviane Agacinski, Nicole Bacharan

La plus belle histoire des femmes

Ed. du Seuil, 2011, 308 pages.

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