updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

Justice!

Les jeunes féministes du monde entier semblent avoir compris que pour être visibles et se faire entendre, il faut descendre dans la rue et mener des actions coup-de-poing. En témoignent les récentes marche des salopes à Genève, issue des slutwalks canadiennes ou l'action par les Femen françaises devant le ministère de la Justice à Paris. Face aux violences symboliques et physiques faites aux femmes, la jeune génération militante réagit de manière spectaculaire.

Hier, place Vendôme, huit activistes de Femen ont fait leur show sous l'oeil ébahi et ravi des touristes. Elles protestaient à leur manière (seins nus et corps couverts de slogans type "I'm a slut, rape me" - je suis une salope, violez-moi) contre le verdict rendu dans l'affaire des tournantes de Fontenay-sous-Bois qui a vu l'acquittement de dix des quatorze accusés et des peines allant du sursis à un an de prison ferme pour les quatre autres. Ce jugement scandaleux mobilise massivement: le même jour au même endroit, ce sont une trentaine d'associations qui ont manifesté. Ce regain revendicatif est un signal fort donné aux autorités. Avaaz.org lance un appel à la Ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, pour élaborer un projet de loi qui faciliterait le dépôt de plainte et l'accompagnement des victimes. Actuellement, seule une femme sur dix porte plainte en France tant la procédure puis le procès sont des parcours du combattant. A propos de chiffres, on peut aussi ajouter que plus d’une femme sur dix sera violée dans sa vie, sans compter les tentatives de viol et violences à caractère sexuel. Ce qui pour la France donne une femme violée toutes les 7 minutes, plus de 75 000 viols et 198 000 tentatives commis chaque année selon les estimations basses.

En Suisse, la situation n'est pas plus glorieuse et la législation tout aussi inadéquate. Le viol y est qualifié d' "acte sexuel subi par une personne de sexe féminin». Enfin, tout reste à faire pour inverser l'indulgence manifeste des juges face aux violeurs. Le viol, à la fois tabou et accepté, fait partie de notre culture empreinte de machisme. On peut également s'interroger sur le travail de prévention fait à ce sujet dans les écoles. Quels programmes sont en place? Qui les produit? Aujourd'hui, les femmes demandent des comptes et pas seulement ceux du nombre de victimes. Elles sont fermement décidées à obtenir justice.