ailleurs l'émiliE - le journal en ligne transféministe de Suisse romande http://lemilie.org/index.php/ailleurs 2016-06-05T21:10:17+00:00 Site de l'emiliE Joomla! - Open Source Content Management Salope!, l'expo 2015-12-21T05:12:55+00:00 2015-12-21T05:12:55+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/806-salope-lexpo Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/ULB_Culture_Expo_SALOPE_pr_reseaux_sociaux.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>L’Université Libre de Belgique vient de proposer une exposition consacrée au mot « Salope ! ». Chargé de sens divers, il recouvre une histoire des pratiques sociales, culturelles et des représentations, des fantasmes centrés autour de la violence verbale sexiste. De Marie-Antoinette à Christiane Taubira, huit femmes qui ont cristallisé cette violence ont été ainsi choisies par les artistes pour traduire un sexisme enraciné et dévastateur. Le Cercle féministe de l’ULB nous a servi de guide.</strong><br /><br /><strong>À travers le mot salope, l’exposition retrace une certaine vision de l’histoire des femmes</strong> et des représentations qui leur sont traditionnellement attachées, de la maman à la putain, de l’amazone à la Femen, de Gervaise à Nabila, de Marie-Antoinette à Margaret Thatcher. Au cœur de ce projet, il  y a l’idée de questionner les stéréotypes liés au sexe, à la classe et à la race préalables à la formation des insultes mais également de comprendre comment une parole violente, agressive circule et est distribuée ou détournée dans une société. Pour Charlotte Casier, présidente du Cercle féministe de l’ULB, la démarche a le mérite « de mettre en lumière une forme de violence (verbale) sur les femmes dont peu de personne saisissent l'ampleur et ainsi sensibiliser les visiteurs-euses sur le sexisme ambiant ».</p> <p><strong>L’insulte comme baromètre des normes acceptables en vigueur dans une société</strong> est ainsi expliquée au public : d’un point de vue scientifique (sous la forme d’installations reprenant des listes d’insultes et de panneaux historiques sur certains évènements marquants liés à l’histoire des femmes et de leurs prises de paroles publiques) ; selon une approche éducative avec un parcours pour comprendre les mécanismes psychiques et sociaux qui président à l’insulte ; et enfin du point de vue d’artistes et plasticiennes interrogeront en miroir, en transgression, en réponse les questions de la violence, du féminin et des tabous. Klara Berteaux, du Cercle féministe de l’ULB a apprécié le travail de ces « artistes qui interrogeaient la féminité, surtout (au travers) de mises en scène d'homme dans des postures stéréotypées féminines » qui selon elle « a apparemment beaucoup choqué des étudiants de secondaire ». Quant au choix de Nabila, Klara Berteaux le trouve courageux.<br /><br /><strong>Autre initiative marquante de l’expo</strong>, « ce mur sur lequel on pouvait inscrire les insultes qu'on a déjà reçues était très intéressant », comme le souligne encore Klara Berteaux qui estime « qu'il permettait un petit défoulement et de se décharger de quelque chose de pas si léger que ça en fait ». Une autre installation a retenu son attention, le lit en plumes de céramique blanche qui selon son avis « apportait beaucoup de profondeur car le lit c’est l'intime, les relations, les chagrins, avant on accouchait dans son lit, là où on rêve et cauchemarde… et puis la robe faite de cheveux était terrible aussi : finalement les cheveux d'une femme font partie de sa féminité, la robe aussi, alors fusionner les deux, selon moi c'est du génie ».<br /><br /><strong>Les femmes peuvent-elles se réapproprier l’insulte ?</strong> Peuvent-elles la détourner ? Pour Charlotte Casier, « ce n’était pas vraiment l'objectif de l'exposition, il s'agissait plutôt de déconstruire ces propos. Après, ça n'empêche pas que l'expo peut amener certaines femmes à revendiquer cette insulte par la suite ». Installer ce type d’exposition au cœur d’un campus est stratégique car il permet de viser un public encore jeune aux ravages de la violence des discours sexistes. Il ne reste qu’à souhaiter que ce genre d’initiative se dissémine un peu partout.<br /><br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/ULB_Culture_Expo_SALOPE_pr_reseaux_sociaux.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>L’Université Libre de Belgique vient de proposer une exposition consacrée au mot « Salope ! ». Chargé de sens divers, il recouvre une histoire des pratiques sociales, culturelles et des représentations, des fantasmes centrés autour de la violence verbale sexiste. De Marie-Antoinette à Christiane Taubira, huit femmes qui ont cristallisé cette violence ont été ainsi choisies par les artistes pour traduire un sexisme enraciné et dévastateur. Le Cercle féministe de l’ULB nous a servi de guide.</strong><br /><br /><strong>À travers le mot salope, l’exposition retrace une certaine vision de l’histoire des femmes</strong> et des représentations qui leur sont traditionnellement attachées, de la maman à la putain, de l’amazone à la Femen, de Gervaise à Nabila, de Marie-Antoinette à Margaret Thatcher. Au cœur de ce projet, il  y a l’idée de questionner les stéréotypes liés au sexe, à la classe et à la race préalables à la formation des insultes mais également de comprendre comment une parole violente, agressive circule et est distribuée ou détournée dans une société. Pour Charlotte Casier, présidente du Cercle féministe de l’ULB, la démarche a le mérite « de mettre en lumière une forme de violence (verbale) sur les femmes dont peu de personne saisissent l'ampleur et ainsi sensibiliser les visiteurs-euses sur le sexisme ambiant ».</p> <p><strong>L’insulte comme baromètre des normes acceptables en vigueur dans une société</strong> est ainsi expliquée au public : d’un point de vue scientifique (sous la forme d’installations reprenant des listes d’insultes et de panneaux historiques sur certains évènements marquants liés à l’histoire des femmes et de leurs prises de paroles publiques) ; selon une approche éducative avec un parcours pour comprendre les mécanismes psychiques et sociaux qui président à l’insulte ; et enfin du point de vue d’artistes et plasticiennes interrogeront en miroir, en transgression, en réponse les questions de la violence, du féminin et des tabous. Klara Berteaux, du Cercle féministe de l’ULB a apprécié le travail de ces « artistes qui interrogeaient la féminité, surtout (au travers) de mises en scène d'homme dans des postures stéréotypées féminines » qui selon elle « a apparemment beaucoup choqué des étudiants de secondaire ». Quant au choix de Nabila, Klara Berteaux le trouve courageux.<br /><br /><strong>Autre initiative marquante de l’expo</strong>, « ce mur sur lequel on pouvait inscrire les insultes qu'on a déjà reçues était très intéressant », comme le souligne encore Klara Berteaux qui estime « qu'il permettait un petit défoulement et de se décharger de quelque chose de pas si léger que ça en fait ». Une autre installation a retenu son attention, le lit en plumes de céramique blanche qui selon son avis « apportait beaucoup de profondeur car le lit c’est l'intime, les relations, les chagrins, avant on accouchait dans son lit, là où on rêve et cauchemarde… et puis la robe faite de cheveux était terrible aussi : finalement les cheveux d'une femme font partie de sa féminité, la robe aussi, alors fusionner les deux, selon moi c'est du génie ».<br /><br /><strong>Les femmes peuvent-elles se réapproprier l’insulte ?</strong> Peuvent-elles la détourner ? Pour Charlotte Casier, « ce n’était pas vraiment l'objectif de l'exposition, il s'agissait plutôt de déconstruire ces propos. Après, ça n'empêche pas que l'expo peut amener certaines femmes à revendiquer cette insulte par la suite ». Installer ce type d’exposition au cœur d’un campus est stratégique car il permet de viser un public encore jeune aux ravages de la violence des discours sexistes. Il ne reste qu’à souhaiter que ce genre d’initiative se dissémine un peu partout.<br /><br /><br /></p> Canada, la "tragédie nationale" 2015-12-09T14:45:29+00:00 2015-12-09T14:45:29+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/802-canada-la-tragedie-nationale Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/manif-femmes-autochtones.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A peine élu, le Premier ministre canadien Justin Trudeau ordonne une enquête nationale pour élucider les meurtres et disparitions de plus d’un millier de femmes autochtones survenus ces dernières années. Celles-ci constituent 4% des femmes et 16% des femmes assassinées au Canada. Familles et associations reprennent espoir.</strong></p> <p><strong>C’était une promesse de campagne</strong> mais en tant que telle, rien n’était moins sûr qu’elle fut appliquée en cas de victoire aux élections. Pourtant Justin Trudeau vient d’annoncer que l’enquête réclamée depuis des années par les familles de disparues ou tuées allait voir le jour. Symboliquement, c’est devant l'Assemblée des Premières Nations, l’organisation nationale de défense des intérêts qui représente les citoyen-ne-s des 634 communautés (ou réserves) soit plus de 900 000 personnes, que le Premier ministre a choisi de s’exprimer. Le terme « Premières Nations » désigne l'un des trois groupes distincts reconnus en tant qu'« autochtone » dans la Loi constitutionnelle de 1982. Les deux autres groupes « autochtones » sont les Métis et les Inuits.</p> <p><strong>Ainsi l’enquête s’articulera en deux phases</strong> : d’abord une phase dite de conception de deux mois à l'écoute des familles des disparues ou assassinées, élargie ensuite aux organisations autochtones, puis dans un second temps une commission d'enquête à proprement parler devrait être active dès le printemps 2016. Rompant avec la fin de non-recevoir du gouvernement conservateur précédent de Stephen Harper, qui estimait que les enquêtes policières en cours étaient suffisantes, le nouvel exécutif en place octroie plus de moyens à la justice et la police pour enfin donner des réponses aux familles. « Cette enquête est une priorité de notre gouvernement, parce que celles qui ont été victimes de cette tragédie nationale ont attendu assez longtemps. Les victimes méritent qu’on leur fasse justice et leurs familles ont une opportunité de guérir et de se faire entendre » a déclaré Justin Trudeau.</p> <p><strong>« Tragédie nationale » est le terme désormais employé</strong> pour qualifier ces meurtres et disparitions de femmes. La ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, demande qu’on y apporte une « réponse nationale ». Ce gouvernement qui s’engage a une obligation de résultats. Ce qu’ espérent au minimum les féministes c’est qu’une explication soit trouvée sur les causes de cette violence faite aux femmes autochtones.<br /><br />Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/manif-femmes-autochtones.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A peine élu, le Premier ministre canadien Justin Trudeau ordonne une enquête nationale pour élucider les meurtres et disparitions de plus d’un millier de femmes autochtones survenus ces dernières années. Celles-ci constituent 4% des femmes et 16% des femmes assassinées au Canada. Familles et associations reprennent espoir.</strong></p> <p><strong>C’était une promesse de campagne</strong> mais en tant que telle, rien n’était moins sûr qu’elle fut appliquée en cas de victoire aux élections. Pourtant Justin Trudeau vient d’annoncer que l’enquête réclamée depuis des années par les familles de disparues ou tuées allait voir le jour. Symboliquement, c’est devant l'Assemblée des Premières Nations, l’organisation nationale de défense des intérêts qui représente les citoyen-ne-s des 634 communautés (ou réserves) soit plus de 900 000 personnes, que le Premier ministre a choisi de s’exprimer. Le terme « Premières Nations » désigne l'un des trois groupes distincts reconnus en tant qu'« autochtone » dans la Loi constitutionnelle de 1982. Les deux autres groupes « autochtones » sont les Métis et les Inuits.</p> <p><strong>Ainsi l’enquête s’articulera en deux phases</strong> : d’abord une phase dite de conception de deux mois à l'écoute des familles des disparues ou assassinées, élargie ensuite aux organisations autochtones, puis dans un second temps une commission d'enquête à proprement parler devrait être active dès le printemps 2016. Rompant avec la fin de non-recevoir du gouvernement conservateur précédent de Stephen Harper, qui estimait que les enquêtes policières en cours étaient suffisantes, le nouvel exécutif en place octroie plus de moyens à la justice et la police pour enfin donner des réponses aux familles. « Cette enquête est une priorité de notre gouvernement, parce que celles qui ont été victimes de cette tragédie nationale ont attendu assez longtemps. Les victimes méritent qu’on leur fasse justice et leurs familles ont une opportunité de guérir et de se faire entendre » a déclaré Justin Trudeau.</p> <p><strong>« Tragédie nationale » est le terme désormais employé</strong> pour qualifier ces meurtres et disparitions de femmes. La ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, demande qu’on y apporte une « réponse nationale ». Ce gouvernement qui s’engage a une obligation de résultats. Ce qu’ espérent au minimum les féministes c’est qu’une explication soit trouvée sur les causes de cette violence faite aux femmes autochtones.<br /><br />Photo DR</p> « Elle a tué pour ne pas mourir » 2015-12-01T09:33:03+00:00 2015-12-01T09:33:03+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/799-elle-a-tue-pour-ne-pas-mourir Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/justice2.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Condamnée en première instance à une peine de dix ans de prison pour l’assassinat de son mari, Jacqueline Sauvage qui a vécu pendant quarante-sept ans auprès de cet homme violent, est devenue une sombre référence en France. Son récit glaçant avait rappelé à quel point la famille pouvait être un lieu d’extrême violence. Jugée en appel, cette femme de 66 ans, soutenue par ses filles, elles-mêmes victimes de leur père et par de nombreuses féministes, est défendue par deux avocates spécialistes des violences conjugales qui veulent faire de ce nouveau procès un symbole. </strong> <br /><br /><strong>Cette femme « qui a appris à avoir les yeux secs » selon les mots de son avocat d’alors</strong> a vécu un enfer pendant près d’un demi-siècle. Et si elle n’a pas convaincu les jurés en octobre 2014 peut-être en raison de son apparente froideur, elle espère obtenir un verdict plus clément en appel. Ses filles, elles aussi victimes de la violence paternelle (deux d’entre elles ont été violées et la troisième a subi des attouchements) avaient estimé que la peine de dix ans de prison infligée à leur mère constituait « une nouvelle injustice ». Pourtant au regard du code pénal français, elle risquait la perpétuité pour le meurtre de son mari. <br /><br /><strong>Les associations de défense des femmes ont vu dans ce verdict un message d’impunité donné aux conjoints violents.</strong> Face à ce genre de décision, elles militent pour une redéfinition de la légitime défense afin que les femmes victimes de violence conjugales puissent bénéficier de la présomption comme c’est le cas au Canada. En France, la légitime défense ne s’applique pas lorsqu’une femme se fait attaquer quotidiennement au sein de son propre foyer. Elle encaisse jusqu’au jour où elle porte un coup d’arrêt à ses années de souffrance. Et le nombre de femmes battues qui tuent leur mari chaque année est plus élevé qu’on ne pense. Elles seraient une dizaine en France. Les associations ont beau réclamer une meilleure formation des policiers, des magistrat-e-s et des professionnel-le-s de la santé, chaque année ces drames se répètent.<br /><br /><strong>On se souvient pourtant</strong> du verdict de la cour d'assises du Nord qui avait suivi les réquisitions jugées atypiques de l'avocat général et avait acquitté Alexandra Lange, une femme victime qui avait tué son mari, en 2009 lors d'une dispute conjugale. A l’issue du procès, ses avocates, Mes Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, avaient estimé que l'arrêt de la cour "marquerait" et qu’il servirait « le combat contre les violences faites aux femmes ». Ce sont elles qui défendent Jacqueline Sauvage en appel. Pour Me Bonaggiunta , « elle a tué pour ne pas mourir » et l’avocate plaidera « l'instinct de survie ».</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/justice2.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Condamnée en première instance à une peine de dix ans de prison pour l’assassinat de son mari, Jacqueline Sauvage qui a vécu pendant quarante-sept ans auprès de cet homme violent, est devenue une sombre référence en France. Son récit glaçant avait rappelé à quel point la famille pouvait être un lieu d’extrême violence. Jugée en appel, cette femme de 66 ans, soutenue par ses filles, elles-mêmes victimes de leur père et par de nombreuses féministes, est défendue par deux avocates spécialistes des violences conjugales qui veulent faire de ce nouveau procès un symbole. </strong> <br /><br /><strong>Cette femme « qui a appris à avoir les yeux secs » selon les mots de son avocat d’alors</strong> a vécu un enfer pendant près d’un demi-siècle. Et si elle n’a pas convaincu les jurés en octobre 2014 peut-être en raison de son apparente froideur, elle espère obtenir un verdict plus clément en appel. Ses filles, elles aussi victimes de la violence paternelle (deux d’entre elles ont été violées et la troisième a subi des attouchements) avaient estimé que la peine de dix ans de prison infligée à leur mère constituait « une nouvelle injustice ». Pourtant au regard du code pénal français, elle risquait la perpétuité pour le meurtre de son mari. <br /><br /><strong>Les associations de défense des femmes ont vu dans ce verdict un message d’impunité donné aux conjoints violents.</strong> Face à ce genre de décision, elles militent pour une redéfinition de la légitime défense afin que les femmes victimes de violence conjugales puissent bénéficier de la présomption comme c’est le cas au Canada. En France, la légitime défense ne s’applique pas lorsqu’une femme se fait attaquer quotidiennement au sein de son propre foyer. Elle encaisse jusqu’au jour où elle porte un coup d’arrêt à ses années de souffrance. Et le nombre de femmes battues qui tuent leur mari chaque année est plus élevé qu’on ne pense. Elles seraient une dizaine en France. Les associations ont beau réclamer une meilleure formation des policiers, des magistrat-e-s et des professionnel-le-s de la santé, chaque année ces drames se répètent.<br /><br /><strong>On se souvient pourtant</strong> du verdict de la cour d'assises du Nord qui avait suivi les réquisitions jugées atypiques de l'avocat général et avait acquitté Alexandra Lange, une femme victime qui avait tué son mari, en 2009 lors d'une dispute conjugale. A l’issue du procès, ses avocates, Mes Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, avaient estimé que l'arrêt de la cour "marquerait" et qu’il servirait « le combat contre les violences faites aux femmes ». Ce sont elles qui défendent Jacqueline Sauvage en appel. Pour Me Bonaggiunta , « elle a tué pour ne pas mourir » et l’avocate plaidera « l'instinct de survie ».</p> La fin de la taxe tampon? 2015-11-23T09:07:30+00:00 2015-11-23T09:07:30+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/796-la-fin-de-la-taxe-tampon Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tax%20tampon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La baisse de la taxe tampon votée par le Sénat en France ne signifie pas pour autant la victoire définitive selon les féministes. Malgré la période particulière, les activistes parisiennes ne veulent pas renoncer à leur combat.</strong><br /><br /><strong>Alors que les député-e-s avaient écarté un amendement</strong> visant à baisser la taxe sur les tampons et les protections hygiéniques (actuellement de 20%), samedi, les sénateurs-trices ont voté la réduction de cette TVA à 5,5%. Il faut dire que les activistes féministes avaient mis le paquet envoyant des centaines de sous-vêtements tachés de sang aux parlementaires mais également aux ministres du gouvernement. Le 11 novembre, elles s’étaient rassemblées à Paris pour faire entendre leur voix bien décidées à ne rien lâcher sur la suite à donner.<br /><br /><strong>Les attaques sur Paris ont certes mis un frein</strong> à l’élan des féministes qui se sont faites rappeler à l’ordre par certains politiciens conservateurs saisissant l’occasion du deuil national pour leur signifier l’indécence de leur combat… La période se prêtant à tous les amalgames et toutes les outrances, les activistes ont alors peut-être baissé le son mais pas la garde. A chacun-e sa manière de résister aux multiples oppressions. Et si comme l’humoriste belge Charline Vanhoenacker le remarquait ce matin sur France Inter à propos de ses compatriotes, « pour éviter les attentats, nous on arrête de vivre », d’autres choisissent en effet le silence et le repli. Les Français-es semblent au contraire vouloir continuer à sortir et à s’exprimer. Et les féministes d’Osez le féminisme ! et de Georgette Sand notamment continuent à twitter et à maintenir la pression sur les parlementaires.<br /><br /><strong>Pour pouvoir entrer en vigueur</strong>, le texte revu doit encore être approuvé par l’Assemblée nationale lors de la deuxième lecture du projet de loi de finances. La Ministre de la santé Marisol Touraine dit être « favorable à une évolution de la TVA sur les produits d’hygiène féminine ». Les associations restent vigilantes.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="fr" dir="ltr">On reste toutefois vigilante, le texte n'est pas encore définitif. Et beaucoup reste à faire sur les autres sujets !</p> — Georgette Sand (@Georgette_Sand) <a href="https://twitter.com/Georgette_Sand/status/668100486663401476">21 Novembre 2015</a></blockquote> <p> </p> <p>Photo, manif du 11 novembre au Châtelet à Paris</p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/tax%20tampon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La baisse de la taxe tampon votée par le Sénat en France ne signifie pas pour autant la victoire définitive selon les féministes. Malgré la période particulière, les activistes parisiennes ne veulent pas renoncer à leur combat.</strong><br /><br /><strong>Alors que les député-e-s avaient écarté un amendement</strong> visant à baisser la taxe sur les tampons et les protections hygiéniques (actuellement de 20%), samedi, les sénateurs-trices ont voté la réduction de cette TVA à 5,5%. Il faut dire que les activistes féministes avaient mis le paquet envoyant des centaines de sous-vêtements tachés de sang aux parlementaires mais également aux ministres du gouvernement. Le 11 novembre, elles s’étaient rassemblées à Paris pour faire entendre leur voix bien décidées à ne rien lâcher sur la suite à donner.<br /><br /><strong>Les attaques sur Paris ont certes mis un frein</strong> à l’élan des féministes qui se sont faites rappeler à l’ordre par certains politiciens conservateurs saisissant l’occasion du deuil national pour leur signifier l’indécence de leur combat… La période se prêtant à tous les amalgames et toutes les outrances, les activistes ont alors peut-être baissé le son mais pas la garde. A chacun-e sa manière de résister aux multiples oppressions. Et si comme l’humoriste belge Charline Vanhoenacker le remarquait ce matin sur France Inter à propos de ses compatriotes, « pour éviter les attentats, nous on arrête de vivre », d’autres choisissent en effet le silence et le repli. Les Français-es semblent au contraire vouloir continuer à sortir et à s’exprimer. Et les féministes d’Osez le féminisme ! et de Georgette Sand notamment continuent à twitter et à maintenir la pression sur les parlementaires.<br /><br /><strong>Pour pouvoir entrer en vigueur</strong>, le texte revu doit encore être approuvé par l’Assemblée nationale lors de la deuxième lecture du projet de loi de finances. La Ministre de la santé Marisol Touraine dit être « favorable à une évolution de la TVA sur les produits d’hygiène féminine ». Les associations restent vigilantes.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="fr" dir="ltr">On reste toutefois vigilante, le texte n'est pas encore définitif. Et beaucoup reste à faire sur les autres sujets !</p> — Georgette Sand (@Georgette_Sand) <a href="https://twitter.com/Georgette_Sand/status/668100486663401476">21 Novembre 2015</a></blockquote> <p> </p> <p>Photo, manif du 11 novembre au Châtelet à Paris</p> <p> </p> Quatre femmes tuées en 48 heures 2015-11-10T05:41:27+00:00 2015-11-10T05:41:27+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/789-quatre-femmes-tuees-en-48-heures Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/7NFeminista.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Suite à la marche de samedi dernier à Madrid contre les violences faites aux femmes, quatre nouvelles victimes sont à déplorer. Ces assassinats commis en l’espace de 48 heures obligent les autorités à trouver de nouvelles pistes afin de lutter contre une violence de genre endémique en Espagne.</strong> <br /><br /><strong>Les 400 organisations féministes à l’initiative de la marche du #7Nfeminista à Madrid</strong> pensaient pourtant faire bouger les choses. Les quelque 500'000 participant-e-s (plusieurs dizaines de milliers selon la police) qui avaient relié le Paseo del Prado à la Plaza de España réclamaient un «pacte d’Etat» pour traiter la violence de genre. Profitant de la campagne électorale avant les législatives du 20 décembre, les associations féministes ont réussi à attirer les candidats de plusieurs partis politiques dont le socialiste Pedro Sanchez et Pablo Iglesias de Podemos. Le premier a même rappelé que juste après son élection à la tête du PSOE, il avait visité un foyer de femmes victimes de violences conjugales et qu’il se joignait à la marche pour «honorer la mémoire de 800 femmes assassinées mais également des enfants restés orphelins suite à cela ou tués par le conjoint ou l’ex-conjoint de leur mère». Pablo Iglesias a fustigé pour sa part les coupes dans les budgets consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes. Les partis de droite ont été contraints de se positionner eux aussi, la problématique s’inscrivant dans les agendas de chaque candidat-e.<br /><br /><strong>D’autant plus qu’à peine les dernières banderoles pliées, la liste des victimes s’allonge.</strong> Le lendemain, une femme était tuée à Cordoue, deux à Valence et une autre à Vigo. Suzana Diaz, la présidente de la communauté autonome d’Andalousie qui participait hier au Congrès pour l’étude des violences faites aux femmes à Séville a parlé de «dimanche tragique» et de «terrorisme machiste» pour qualifier ces crimes. Face au problème, elle a prôné la prévention et l’éducation insistant sur le caractère urgent des réponses à donner. L’Espagne jusque-là citée en exemple par le Conseil de l’Europe, avec l’adoption dès 2004 d’une loi contre les violences faites aux femmes, doit revoir son modèle. Force est de constater que l’arsenal mis en place, tel que le numéro de téléphone d’urgence qui n’apparaît pas dans la facture de téléphone, l’assistance juridique gratuite, les mesures d’éloignement ou les foyers d’accueil pour les victimes ne suffisent pas à empêcher les passages à l’acte des compagnons violents. Face aux drames à répétition, les responsables politiques sont forcé-e-s de prendre en compte les revendications vitales des femmes espagnoles, les féministes étant, de leur côté, bien décidées à ne rien lâcher sur le sujet.<br /><br />Photo, Twitter #7NFeminista</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/7NFeminista.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Suite à la marche de samedi dernier à Madrid contre les violences faites aux femmes, quatre nouvelles victimes sont à déplorer. Ces assassinats commis en l’espace de 48 heures obligent les autorités à trouver de nouvelles pistes afin de lutter contre une violence de genre endémique en Espagne.</strong> <br /><br /><strong>Les 400 organisations féministes à l’initiative de la marche du #7Nfeminista à Madrid</strong> pensaient pourtant faire bouger les choses. Les quelque 500'000 participant-e-s (plusieurs dizaines de milliers selon la police) qui avaient relié le Paseo del Prado à la Plaza de España réclamaient un «pacte d’Etat» pour traiter la violence de genre. Profitant de la campagne électorale avant les législatives du 20 décembre, les associations féministes ont réussi à attirer les candidats de plusieurs partis politiques dont le socialiste Pedro Sanchez et Pablo Iglesias de Podemos. Le premier a même rappelé que juste après son élection à la tête du PSOE, il avait visité un foyer de femmes victimes de violences conjugales et qu’il se joignait à la marche pour «honorer la mémoire de 800 femmes assassinées mais également des enfants restés orphelins suite à cela ou tués par le conjoint ou l’ex-conjoint de leur mère». Pablo Iglesias a fustigé pour sa part les coupes dans les budgets consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes. Les partis de droite ont été contraints de se positionner eux aussi, la problématique s’inscrivant dans les agendas de chaque candidat-e.<br /><br /><strong>D’autant plus qu’à peine les dernières banderoles pliées, la liste des victimes s’allonge.</strong> Le lendemain, une femme était tuée à Cordoue, deux à Valence et une autre à Vigo. Suzana Diaz, la présidente de la communauté autonome d’Andalousie qui participait hier au Congrès pour l’étude des violences faites aux femmes à Séville a parlé de «dimanche tragique» et de «terrorisme machiste» pour qualifier ces crimes. Face au problème, elle a prôné la prévention et l’éducation insistant sur le caractère urgent des réponses à donner. L’Espagne jusque-là citée en exemple par le Conseil de l’Europe, avec l’adoption dès 2004 d’une loi contre les violences faites aux femmes, doit revoir son modèle. Force est de constater que l’arsenal mis en place, tel que le numéro de téléphone d’urgence qui n’apparaît pas dans la facture de téléphone, l’assistance juridique gratuite, les mesures d’éloignement ou les foyers d’accueil pour les victimes ne suffisent pas à empêcher les passages à l’acte des compagnons violents. Face aux drames à répétition, les responsables politiques sont forcé-e-s de prendre en compte les revendications vitales des femmes espagnoles, les féministes étant, de leur côté, bien décidées à ne rien lâcher sur le sujet.<br /><br />Photo, Twitter #7NFeminista</p> Est-ce un viol? 2015-10-28T07:42:39+00:00 2015-10-28T07:42:39+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/784-est-ce-un-viol Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/bbc.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Bien que le nouveau programme de la chaîne anglaise BBC3 "Is This Rape ? Sex on Trials” ne soit pas encore lancé, il fait déjà polémique. En effet, les spectateurs-trices doivent se prononcer après avoir visionné une scène montrant un rapport sexuel fictif : était-ce consenti ou non ? 24 adolescent-e-s des deux sexes présent-e-s sur le plateau de l’émission devront voter sur ce qu’ils ont vu, tout comme les gens derrière leur écran de télévision… ceci afin de «créer le débat et traiter le sujet avec sensibilité» selon les termes de la BBC.</strong><br /><br /><strong>La chaîne explique que «les études ont montré que la notion de consentement reste très floue pour les jeunes Britanniques</strong>, qu’ils/elles connaissent mal les lois autour du sujet». Le concept de l’émission a donc avant tout une vocation pédagogique. Il est prévu qu’un avocat explique en direct les conséquences légales pour que le public et en particulier les jeunes comprennent le consentement du point de vue de la loi. Le porte-parole de la BBC a précisé que «suggérer que nous laisserons le public mal informé, sans avoir vu le programme, c'est faire fausse route. Les agressions sexuelles sont un vrai problème chez les jeunes et nous n’éluderons pas les questions qu'il soulève». <br /><br /><strong>Les associations de victimes sont immédiatement montées au créneau</strong>. Si elles estiment que le débat peut être utile, en revanche elles dénoncent ce système de vote qui peut être vécu comme une nouvelle forme de procès de la part des victimes induisant chez elles «un effet dissuasif dans leur démarche pour chercher du soutien», selon Katie Russell, porte-parole de l’association Rape Crisis. Surtout, le mélange fiction-réalité que risque d’engendrer ce programme fait craindre aux associations une confusion plus grande dans l’esprit des jeunes. En outre, le simple fait de poser la question "Est-ce un viol?" instille un doute qui est dommageable pour les victimes.<br /><br />Le jeune présentateur Will Best assure de son côté que cela est l’occasion d’entamer un vrai travail auprès des jeunes sur un sujet délicat. Pour l’instant, la chaîne dit qu’il n’y aura qu’une seule émission de ce type.<br /><br />Photo BBC</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/bbc.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Bien que le nouveau programme de la chaîne anglaise BBC3 "Is This Rape ? Sex on Trials” ne soit pas encore lancé, il fait déjà polémique. En effet, les spectateurs-trices doivent se prononcer après avoir visionné une scène montrant un rapport sexuel fictif : était-ce consenti ou non ? 24 adolescent-e-s des deux sexes présent-e-s sur le plateau de l’émission devront voter sur ce qu’ils ont vu, tout comme les gens derrière leur écran de télévision… ceci afin de «créer le débat et traiter le sujet avec sensibilité» selon les termes de la BBC.</strong><br /><br /><strong>La chaîne explique que «les études ont montré que la notion de consentement reste très floue pour les jeunes Britanniques</strong>, qu’ils/elles connaissent mal les lois autour du sujet». Le concept de l’émission a donc avant tout une vocation pédagogique. Il est prévu qu’un avocat explique en direct les conséquences légales pour que le public et en particulier les jeunes comprennent le consentement du point de vue de la loi. Le porte-parole de la BBC a précisé que «suggérer que nous laisserons le public mal informé, sans avoir vu le programme, c'est faire fausse route. Les agressions sexuelles sont un vrai problème chez les jeunes et nous n’éluderons pas les questions qu'il soulève». <br /><br /><strong>Les associations de victimes sont immédiatement montées au créneau</strong>. Si elles estiment que le débat peut être utile, en revanche elles dénoncent ce système de vote qui peut être vécu comme une nouvelle forme de procès de la part des victimes induisant chez elles «un effet dissuasif dans leur démarche pour chercher du soutien», selon Katie Russell, porte-parole de l’association Rape Crisis. Surtout, le mélange fiction-réalité que risque d’engendrer ce programme fait craindre aux associations une confusion plus grande dans l’esprit des jeunes. En outre, le simple fait de poser la question "Est-ce un viol?" instille un doute qui est dommageable pour les victimes.<br /><br />Le jeune présentateur Will Best assure de son côté que cela est l’occasion d’entamer un vrai travail auprès des jeunes sur un sujet délicat. Pour l’instant, la chaîne dit qu’il n’y aura qu’une seule émission de ce type.<br /><br />Photo BBC</p> Action sanglante sur l'assangblée 2015-10-21T07:47:26+00:00 2015-10-21T07:47:26+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/782-action-sanglante-sur-lassangblee Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tampax.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A Paris, ce matin, des activistes féministes ont recouvert l'Assemblée Nationale et ses alentours de tampons et de serviettes hygiéniques usagés «pour protester contre la désinvolture avec laquelle les député-e-s ont discuté l'amendement de la taxe tampon et dénoncer la honte et le tabou qui pèsent sur les règles, alors qu'elles concernent le quotidien de la moitié de la population» selon leurs termes.</strong><br /><br /><strong>Le bruit d’une action imminente</strong> courait depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, chacun-e y allant de son idée de choc destinée à secouer le cocotier misogyne de la représentation nationale. Celle de déverser des tampons et des protections hygiéniques au milieu du Sénat ou de l’Assemblée revenait avec insistance. Elles l’ont fait ce matin à 9 heures jusqu’à l’intervention des forces de police. <br /><br /><strong>En France, mais également dans d’autres pays d’Europe, tampons et serviettes hygiéniques</strong> ne sont pas considérés comme des produits de première nécessité et sont taxés à 20% et les féministes demandent que leur soit appliqué le taux de 5,5% comme pour l'eau, les denrées alimentaires ou les préservatifs, voire mieux, celui de 2,1% comme c'est le cas pour les médicaments remboursables par la sécurité sociale. L’argument est imparable : une femme ne choisit pas d'avoir ses règles. Le collectif Georgette Sand a lancé une pétition en ligne sur <a href="https://www.change.org/p/michel-sapin-r%C3%A8gles-et-tva-le-tampon-on-l-a-en-travers-de-la-gorge"><span style="text-decoration: underline;">change.org</span></a> pour faire bouger les choses. Au Royaume-Uni, cette taxe avait déjà fait couler beaucoup d’encre et une enquête a montré que les femmes payées au SMIC consacrent au cours de leur vie l'équivalent de 38 jours de travail à temps plein à l'achat de tampons et serviettes…<br /><br /><strong>Le rejet de l’amendement</strong>, porté par la députée socialiste Catherine Coupelle, qui  aurait permis l’abaissement du taux de TVA, a été justifié par le secrétaire d'Etat au budget Christian Eckert par une pirouette qui en a fait bondir plus d’une : selon lui, les protections hygiéniques seraient aux femmes ce que la mousse à raser est aux hommes. On comprend que le sang des féministes n’ait fait qu’un tour et les ait poussées à se ruer à l’Assemblée Nationale de bon matin.<br /><br /><strong>Sur leur tract qui accompagne les protections sanguinolentes</strong>, on peut lire : «En ne reconnaissant pas les protections hygiéniques comme des produits de première nécessité, nos député-e-s méprisent nos quotidiens, et nous obligent, une fois de plus, à faire comme si nos règles n’existaient pas. La misogynie a de beaux jours devant elle! L'universel masculin aussi». Et d’haranguer : "ACTION SANGLANTE SUR L’ASSANGBLÉE ! NI HONTE NI PATRIARCAT!". Pour signer : "Les vulves enragées".<br /><br />Sur Twitter, certaines s’en réjouissaient, d’autres se demandaient qui allaient nettoyer ? Des femmes sûrement.<br /><br /><br />Photo, <em>capture d'écran Facebook de la page <a href="https://www.facebook.com/garces.collectiffeministe.9/posts/511795012317765"><span style="text-decoration: underline;">Garçes</span></a>, collectif féministe</em></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/tampax.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A Paris, ce matin, des activistes féministes ont recouvert l'Assemblée Nationale et ses alentours de tampons et de serviettes hygiéniques usagés «pour protester contre la désinvolture avec laquelle les député-e-s ont discuté l'amendement de la taxe tampon et dénoncer la honte et le tabou qui pèsent sur les règles, alors qu'elles concernent le quotidien de la moitié de la population» selon leurs termes.</strong><br /><br /><strong>Le bruit d’une action imminente</strong> courait depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, chacun-e y allant de son idée de choc destinée à secouer le cocotier misogyne de la représentation nationale. Celle de déverser des tampons et des protections hygiéniques au milieu du Sénat ou de l’Assemblée revenait avec insistance. Elles l’ont fait ce matin à 9 heures jusqu’à l’intervention des forces de police. <br /><br /><strong>En France, mais également dans d’autres pays d’Europe, tampons et serviettes hygiéniques</strong> ne sont pas considérés comme des produits de première nécessité et sont taxés à 20% et les féministes demandent que leur soit appliqué le taux de 5,5% comme pour l'eau, les denrées alimentaires ou les préservatifs, voire mieux, celui de 2,1% comme c'est le cas pour les médicaments remboursables par la sécurité sociale. L’argument est imparable : une femme ne choisit pas d'avoir ses règles. Le collectif Georgette Sand a lancé une pétition en ligne sur <a href="https://www.change.org/p/michel-sapin-r%C3%A8gles-et-tva-le-tampon-on-l-a-en-travers-de-la-gorge"><span style="text-decoration: underline;">change.org</span></a> pour faire bouger les choses. Au Royaume-Uni, cette taxe avait déjà fait couler beaucoup d’encre et une enquête a montré que les femmes payées au SMIC consacrent au cours de leur vie l'équivalent de 38 jours de travail à temps plein à l'achat de tampons et serviettes…<br /><br /><strong>Le rejet de l’amendement</strong>, porté par la députée socialiste Catherine Coupelle, qui  aurait permis l’abaissement du taux de TVA, a été justifié par le secrétaire d'Etat au budget Christian Eckert par une pirouette qui en a fait bondir plus d’une : selon lui, les protections hygiéniques seraient aux femmes ce que la mousse à raser est aux hommes. On comprend que le sang des féministes n’ait fait qu’un tour et les ait poussées à se ruer à l’Assemblée Nationale de bon matin.<br /><br /><strong>Sur leur tract qui accompagne les protections sanguinolentes</strong>, on peut lire : «En ne reconnaissant pas les protections hygiéniques comme des produits de première nécessité, nos député-e-s méprisent nos quotidiens, et nous obligent, une fois de plus, à faire comme si nos règles n’existaient pas. La misogynie a de beaux jours devant elle! L'universel masculin aussi». Et d’haranguer : "ACTION SANGLANTE SUR L’ASSANGBLÉE ! NI HONTE NI PATRIARCAT!". Pour signer : "Les vulves enragées".<br /><br />Sur Twitter, certaines s’en réjouissaient, d’autres se demandaient qui allaient nettoyer ? Des femmes sûrement.<br /><br /><br />Photo, <em>capture d'écran Facebook de la page <a href="https://www.facebook.com/garces.collectiffeministe.9/posts/511795012317765"><span style="text-decoration: underline;">Garçes</span></a>, collectif féministe</em></p> A la racine des extensions 2015-10-14T02:55:46+00:00 2015-10-14T02:55:46+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/779-a-la-racine-des-extensions Nathalie Brochard [email protected] <p><br /><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Ukraine_Virgin_Ukrainian_and_Russian_Hair1122201150006AM1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Après les fringues à bas prix qui s’entassent dans nos armoires, confectionnées par des armées de travailleuses exploitées et sous-payées, voici les extensions de cheveux, prisées par des stars comme Céline Dion ou Beyoncé, en passe de devenir la nouvelle tendance de masse. Pour répondre à cette demande, la production de cheveux naturels suit un circuit où s’enchevêtrent mafias, entreprises sans éthique et camps de travail forcé. Les femmes en Asie du Sud-Est ou en Europe de l’Est qui vendent leurs cheveux le font, elles, pour survivre.</strong><br /><br /><strong>Chaque année, les collecteurs</strong> de l’entreprise leader du secteur, Rebecca Hair Product, étendent un peu plus leur champ d’exploration : du Vietnam, ils passent aux pays d’Afrique et d’Amérique latine avec la conviction que là où règne la pauvreté et où l’économie vacille, les femmes vont vendre leurs cheveux avant de vendre leur corps. Les quelque 2000 tonnes qu’ils achètent tous les ans ne suffisent jamais à combler les attentes des femmes occidentales qui suivent la mode, d’où la nécessité de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou à l’aide de flyers collés un peu partout sur les murs, au Brésil ou en Ukraine, les femmes qui peinent à joindre les deux bouts les repèrent et finissent par appeler le collecteur pour sacrifier quarante voire cinquante centimètres de leur chevelure. En Ukraine ou en Moldavie, pour trente centimètres, elles pourront tirer environ l’équivalent de quarante francs suisses. Un prélèvement de cinquante centimètres peut leur rapporter jusqu’à 150 francs. Sachant que le salaire moyen des femmes dans ces régions d’Europe de l’Est ne dépasse pas les deux cents francs, vendre ses mèches apparaît comme un moindre mal, une solution somme toute acceptable.  D’autant que les cheveux blonds sont très recherchés, c’est pourquoi les entreprises locales comme Raw Virgin Hair basée à Kiev veillent particulièrement sur leur fond de commerce, au besoin en usant de la méthode forte. Leurs collecteurs, cibles des mafias au point que certains y perdent la vie, doivent être désormais protégés. Ce business lucratif et florissant attire en effet bien des convoitises puisque chaque mèche est revendue dix à vingt fois plus cher que le prix d’achat. Avec la guerre, les Ukrainiennes sont les premières impactées par les difficultés économiques. De la vente de leurs précieuses mèches, elles n’en retirent toutefois que de maigres bénéfices. Souvent arnaquées par des collecteurs peu scrupuleux qui n’hésitent pas à baisser le prix d’achat au maximum au motif que leurs cheveux seraient de piètre qualité voire à refuser de les payer après les leur avoir coupés. <br /><br /><strong>En Chine, l’histoire est tout autre</strong>. Le pays qui a doublé l’Inde, jusque-là premier producteur mondial, effectuerait la collecte auprès des camps de rééducation. Une accusation que rejettent les entreprises de Xuchang, la capitale mondiale du cheveu. En 2004 pourtant, le rapport d’une ONG dénonçait les pratiques d’un camp situé à Xuchang et dont les détenues, pour la plupart membres du mouvement Falungong, auraient été rasées de manière régulière pour approvisionner les entreprises du coin. <br /><br /><strong>En Inde, les femmes, elles, sont volontaires </strong>pour offrir leurs cheveux comme offrande aux divinités… que les prêtres se chargent de revendre. Ce qu’on appelle les temple hair ont connu un véritable engouement avant l’arrivée des sociétés chinoises sur le marché, beaucoup mieux organisées et plus efficaces que l’artisanat des hindous. Mais dans un cas comme dans l’autre, les femmes déjà pauvres sont les grandes perdantes d’un marché de dupes. L’exploitation de leur corps n’a aucune limite. Certaines sont même agressées pour leur chevelure, des gangs s’en prenant aux tresses des jeunes femmes. <br /><br />La mode a un coût social genré et comme souvent ce sont les femmes les plus pauvres qui en paient le prix fort.<br /><br />Photo, <em>publicité d'extensions sur le site d'une entreprise chinoise</em>.</p> <p><br /><img src="images/ailleurs/Ukraine_Virgin_Ukrainian_and_Russian_Hair1122201150006AM1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Après les fringues à bas prix qui s’entassent dans nos armoires, confectionnées par des armées de travailleuses exploitées et sous-payées, voici les extensions de cheveux, prisées par des stars comme Céline Dion ou Beyoncé, en passe de devenir la nouvelle tendance de masse. Pour répondre à cette demande, la production de cheveux naturels suit un circuit où s’enchevêtrent mafias, entreprises sans éthique et camps de travail forcé. Les femmes en Asie du Sud-Est ou en Europe de l’Est qui vendent leurs cheveux le font, elles, pour survivre.</strong><br /><br /><strong>Chaque année, les collecteurs</strong> de l’entreprise leader du secteur, Rebecca Hair Product, étendent un peu plus leur champ d’exploration : du Vietnam, ils passent aux pays d’Afrique et d’Amérique latine avec la conviction que là où règne la pauvreté et où l’économie vacille, les femmes vont vendre leurs cheveux avant de vendre leur corps. Les quelque 2000 tonnes qu’ils achètent tous les ans ne suffisent jamais à combler les attentes des femmes occidentales qui suivent la mode, d’où la nécessité de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou à l’aide de flyers collés un peu partout sur les murs, au Brésil ou en Ukraine, les femmes qui peinent à joindre les deux bouts les repèrent et finissent par appeler le collecteur pour sacrifier quarante voire cinquante centimètres de leur chevelure. En Ukraine ou en Moldavie, pour trente centimètres, elles pourront tirer environ l’équivalent de quarante francs suisses. Un prélèvement de cinquante centimètres peut leur rapporter jusqu’à 150 francs. Sachant que le salaire moyen des femmes dans ces régions d’Europe de l’Est ne dépasse pas les deux cents francs, vendre ses mèches apparaît comme un moindre mal, une solution somme toute acceptable.  D’autant que les cheveux blonds sont très recherchés, c’est pourquoi les entreprises locales comme Raw Virgin Hair basée à Kiev veillent particulièrement sur leur fond de commerce, au besoin en usant de la méthode forte. Leurs collecteurs, cibles des mafias au point que certains y perdent la vie, doivent être désormais protégés. Ce business lucratif et florissant attire en effet bien des convoitises puisque chaque mèche est revendue dix à vingt fois plus cher que le prix d’achat. Avec la guerre, les Ukrainiennes sont les premières impactées par les difficultés économiques. De la vente de leurs précieuses mèches, elles n’en retirent toutefois que de maigres bénéfices. Souvent arnaquées par des collecteurs peu scrupuleux qui n’hésitent pas à baisser le prix d’achat au maximum au motif que leurs cheveux seraient de piètre qualité voire à refuser de les payer après les leur avoir coupés. <br /><br /><strong>En Chine, l’histoire est tout autre</strong>. Le pays qui a doublé l’Inde, jusque-là premier producteur mondial, effectuerait la collecte auprès des camps de rééducation. Une accusation que rejettent les entreprises de Xuchang, la capitale mondiale du cheveu. En 2004 pourtant, le rapport d’une ONG dénonçait les pratiques d’un camp situé à Xuchang et dont les détenues, pour la plupart membres du mouvement Falungong, auraient été rasées de manière régulière pour approvisionner les entreprises du coin. <br /><br /><strong>En Inde, les femmes, elles, sont volontaires </strong>pour offrir leurs cheveux comme offrande aux divinités… que les prêtres se chargent de revendre. Ce qu’on appelle les temple hair ont connu un véritable engouement avant l’arrivée des sociétés chinoises sur le marché, beaucoup mieux organisées et plus efficaces que l’artisanat des hindous. Mais dans un cas comme dans l’autre, les femmes déjà pauvres sont les grandes perdantes d’un marché de dupes. L’exploitation de leur corps n’a aucune limite. Certaines sont même agressées pour leur chevelure, des gangs s’en prenant aux tresses des jeunes femmes. <br /><br />La mode a un coût social genré et comme souvent ce sont les femmes les plus pauvres qui en paient le prix fort.<br /><br />Photo, <em>publicité d'extensions sur le site d'une entreprise chinoise</em>.</p> Youyou Tu enfin prix Nobel 2015-10-06T09:15:10+00:00 2015-10-06T09:15:10+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/775-youyou-tu-enfin-prix-nobel Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/youyoutu.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Nobelisée cette année pour sa découverte en 1972 de l’artémisinine, la chercheuse chinoise Youyou Tu était pressentie depuis longtemps pour la récompense suprême. A 84 ans, il était temps. Certes, elle n’est pas la seule à avoir reçu le prix de l’académie suédoise, puisque l’Irlandais William Campbell et le Japonais Satoshi Omura ont eux-aussi été récompensés pour leurs travaux sur les maladies parasitaires.</strong><br /><br /><strong>Youyou Tu est seulement la douzième femme</strong> à se voir décerner le prix Nobel de médecine depuis sa création en 1901. Née en 1930 à Ningbo, ville portuaire de la province du Zhejiang, elle est la seule fille d’une fratrie de cinq. Admise à la faculté de médecine de Pékin en 1951, elle s’estime chanceuse d’avoir pu faire des études universitaires. Puis, elle suit une formation sur les théories de la médecine chinoise traditionnelle à l’intention des experts en médecine occidentale. C’est cette ouverture qui va lui permettre d’isoler le principe actif de l’artémisinine.<br /><br /><strong>Alors que la guerre du Vietnam fait rage</strong>, les troupes Vietcong sont décimées par le paludisme plus que par les bombardements américains au point qu’Ho Chi Minh, le général nord-vietnamien, va demander à ses alliés chinois de leur donner un remède efficace contre la maladie. Mao Zedong lance alors le Projet 523 (en référence à la date de lancement le 23 mai 1967) et nomme à sa tête non pas un spécialiste de la malaria écarté par les purges de la Révolution culturelle mais une jeune chercheuse, Youyou Tu, dont le mari ingénieur venait lui aussi de subir les foudres des gardes rouges. Après avoir confié sa fille de 4 ans à une institution étatique, Youyou Tu est envoyée sur l’île de Hainan dans le sud de la Chine où le paludisme sévissait de manière endémique. Elle y travaille une dizaine d’années. A partir de 2'000 remèdes anciens qu’elle a rassemblés au fil du temps, et en s’appuyant sur un texte en particulier vieux de 1600 ans, elle a fabriqué avec son équipe environ 400 extraits de plantes. Dans l’un de ces extraits provenant de l’absinthe (Artemisia absinthium), elle découvre l’artémisinine, qu’elle a testé sur des souris et des singes, puis directement sur elle et son équipe. En 1977, elle publie ses résultats anonymement, la Révolution culturelle s’achève peu après la mort de Mao. <br /><br /><strong>Pendant la guerre du Vietnam, les Etats-Unis, confrontés également à la maladie</strong>, avaient, de leur côté, confié les recherches sur le paludisme au Walter Reed Army Institute of Research qui avaient débouché sur la découverte de la mefloquine et la mise au point du Lariam aux effets secondaires catastrophiques (on se souvient encore des vétérans de retour au pays qui tuaient leur femme). En 1979, à Hong Kong, des chercheurs font une étude comparative des deux médicaments : les résultats sont clairement favorables à l’artémisinine. L’OMS s’en mêle et une guerre des brevets s’enclenche. En septembre 2011, le Prix Albert-Lasker pour la recherche médicale clinique est remis à Youyou Tu qui est enfin reconnue comme celle qui a découvert l’artémisinine. Les chercheurs entrés dans la bataille depuis 1979 contestent. Mais à 81 ans, Youyou Tu n’a pas l’intention de se faire voler son prix et ne lâche pas le morceau. Elle explique qu’elle fut «la première à isoler la molécule alors que les autres équipes travaillaient sur les mauvaises plantes». Lors de la cérémonie de remise du prix, elle a par ailleurs expliqué que sa plus grande récompense était la guérison de ses patients.<br /><br /><strong>Le prix Nobel vient sur le tard</strong> mais cette reconnaissance ultime, la vieille dame ne la boude pas. Si elle avoue aujourd’hui ne se consacrer qu’à temps partiel à ses travaux, elle garde une passion intacte pour la recherche.</p> <p>Photo DR</p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/youyoutu.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Nobelisée cette année pour sa découverte en 1972 de l’artémisinine, la chercheuse chinoise Youyou Tu était pressentie depuis longtemps pour la récompense suprême. A 84 ans, il était temps. Certes, elle n’est pas la seule à avoir reçu le prix de l’académie suédoise, puisque l’Irlandais William Campbell et le Japonais Satoshi Omura ont eux-aussi été récompensés pour leurs travaux sur les maladies parasitaires.</strong><br /><br /><strong>Youyou Tu est seulement la douzième femme</strong> à se voir décerner le prix Nobel de médecine depuis sa création en 1901. Née en 1930 à Ningbo, ville portuaire de la province du Zhejiang, elle est la seule fille d’une fratrie de cinq. Admise à la faculté de médecine de Pékin en 1951, elle s’estime chanceuse d’avoir pu faire des études universitaires. Puis, elle suit une formation sur les théories de la médecine chinoise traditionnelle à l’intention des experts en médecine occidentale. C’est cette ouverture qui va lui permettre d’isoler le principe actif de l’artémisinine.<br /><br /><strong>Alors que la guerre du Vietnam fait rage</strong>, les troupes Vietcong sont décimées par le paludisme plus que par les bombardements américains au point qu’Ho Chi Minh, le général nord-vietnamien, va demander à ses alliés chinois de leur donner un remède efficace contre la maladie. Mao Zedong lance alors le Projet 523 (en référence à la date de lancement le 23 mai 1967) et nomme à sa tête non pas un spécialiste de la malaria écarté par les purges de la Révolution culturelle mais une jeune chercheuse, Youyou Tu, dont le mari ingénieur venait lui aussi de subir les foudres des gardes rouges. Après avoir confié sa fille de 4 ans à une institution étatique, Youyou Tu est envoyée sur l’île de Hainan dans le sud de la Chine où le paludisme sévissait de manière endémique. Elle y travaille une dizaine d’années. A partir de 2'000 remèdes anciens qu’elle a rassemblés au fil du temps, et en s’appuyant sur un texte en particulier vieux de 1600 ans, elle a fabriqué avec son équipe environ 400 extraits de plantes. Dans l’un de ces extraits provenant de l’absinthe (Artemisia absinthium), elle découvre l’artémisinine, qu’elle a testé sur des souris et des singes, puis directement sur elle et son équipe. En 1977, elle publie ses résultats anonymement, la Révolution culturelle s’achève peu après la mort de Mao. <br /><br /><strong>Pendant la guerre du Vietnam, les Etats-Unis, confrontés également à la maladie</strong>, avaient, de leur côté, confié les recherches sur le paludisme au Walter Reed Army Institute of Research qui avaient débouché sur la découverte de la mefloquine et la mise au point du Lariam aux effets secondaires catastrophiques (on se souvient encore des vétérans de retour au pays qui tuaient leur femme). En 1979, à Hong Kong, des chercheurs font une étude comparative des deux médicaments : les résultats sont clairement favorables à l’artémisinine. L’OMS s’en mêle et une guerre des brevets s’enclenche. En septembre 2011, le Prix Albert-Lasker pour la recherche médicale clinique est remis à Youyou Tu qui est enfin reconnue comme celle qui a découvert l’artémisinine. Les chercheurs entrés dans la bataille depuis 1979 contestent. Mais à 81 ans, Youyou Tu n’a pas l’intention de se faire voler son prix et ne lâche pas le morceau. Elle explique qu’elle fut «la première à isoler la molécule alors que les autres équipes travaillaient sur les mauvaises plantes». Lors de la cérémonie de remise du prix, elle a par ailleurs expliqué que sa plus grande récompense était la guérison de ses patients.<br /><br /><strong>Le prix Nobel vient sur le tard</strong> mais cette reconnaissance ultime, la vieille dame ne la boude pas. Si elle avoue aujourd’hui ne se consacrer qu’à temps partiel à ses travaux, elle garde une passion intacte pour la recherche.</p> <p>Photo DR</p> <p> </p> Les sages-femmes et l'IVG médicamenteuse 2015-09-30T04:16:18+00:00 2015-09-30T04:16:18+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/772-les-sages-femmes-et-livg-medicamenteuse Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/pilule%20abortive.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En France, les sages-femmes pourront désormais pratiquer l’IVG médicamenteuse, une mesure voulue par le gouvernement afin de faciliter l’accès à l’avortement.</strong> <br /><br /><strong>La ministre de la Santé Marisol Touraine y voit «une réponse de proximité parmi d'autres»</strong> pour les femmes qui souhaitent avorter. Si l’adoption de cette loi ne s’est pas faite sans mal, le Sénat a finalement approuvé lundi dernier, après l'Assemblée, l'article du projet de loi. Alors que la commission des Affaires sociales du Sénat l’avait supprimé quelques temps auparavant, les sénateurs-trices l'ont rétabli en adoptant par vote à main levée un amendement de la socialiste Catherine Génisson. A l'Assemblée, les député-e-s LR, avaient déposé des amendements de suppression de cet article, afin que l'IVG reste du ressort des médecins. En effet, un des enjeux de cette loi était ce partage de compétence avec les sages-femmes. L'article va même plus loin puisqu’il élargit le champ d’action des sages-femmes qui pourront en outre participer de manière plus importante aux vaccinations.</p> <p><strong>Partant du constat que 40 ans après la loi Veil</strong>, les femmes avaient du mal à pouvoir avorter dans les délais légaux et que 6'000 d’entre elles se voyaient contraintes chaque année de partir à l’étranger puisqu’elles ne trouvaient pas de solution à proximité, la nouvelle mesure devrait faciliter l’accès à l’IVG.</p> <p><strong>En Suisse, 70% des IVG</strong> <strong>sont réalisées avec la pilule abortive</strong>. Cette méthode médicamenteuse est accessible dans la plupart des hôpitaux suisses, des cabinets gynécologiques et dans certains cabinets de médecine générale. C'est le canton qui désigne les cabinets aptes à pratiquer ce type d’avortement.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/pilule%20abortive.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En France, les sages-femmes pourront désormais pratiquer l’IVG médicamenteuse, une mesure voulue par le gouvernement afin de faciliter l’accès à l’avortement.</strong> <br /><br /><strong>La ministre de la Santé Marisol Touraine y voit «une réponse de proximité parmi d'autres»</strong> pour les femmes qui souhaitent avorter. Si l’adoption de cette loi ne s’est pas faite sans mal, le Sénat a finalement approuvé lundi dernier, après l'Assemblée, l'article du projet de loi. Alors que la commission des Affaires sociales du Sénat l’avait supprimé quelques temps auparavant, les sénateurs-trices l'ont rétabli en adoptant par vote à main levée un amendement de la socialiste Catherine Génisson. A l'Assemblée, les député-e-s LR, avaient déposé des amendements de suppression de cet article, afin que l'IVG reste du ressort des médecins. En effet, un des enjeux de cette loi était ce partage de compétence avec les sages-femmes. L'article va même plus loin puisqu’il élargit le champ d’action des sages-femmes qui pourront en outre participer de manière plus importante aux vaccinations.</p> <p><strong>Partant du constat que 40 ans après la loi Veil</strong>, les femmes avaient du mal à pouvoir avorter dans les délais légaux et que 6'000 d’entre elles se voyaient contraintes chaque année de partir à l’étranger puisqu’elles ne trouvaient pas de solution à proximité, la nouvelle mesure devrait faciliter l’accès à l’IVG.</p> <p><strong>En Suisse, 70% des IVG</strong> <strong>sont réalisées avec la pilule abortive</strong>. Cette méthode médicamenteuse est accessible dans la plupart des hôpitaux suisses, des cabinets gynécologiques et dans certains cabinets de médecine générale. C'est le canton qui désigne les cabinets aptes à pratiquer ce type d’avortement.</p> <p>Photo DR</p> L'hommage à Lelaah Alcorn détourné 2015-09-23T03:28:26+00:00 2015-09-23T03:28:26+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/770-lhommage-a-lelaah-alcorn-detourne Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Locandina-Fratelli-dItalia-Trentino-Rose-Morelli-655x917.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une photo en hommage à la jeune trans* Lelaah Alcorn qui s’est suicidée en 2014, a été détournée par un parti italien d’extrême-droite, <em>Fratelli d’Italia</em> (Frères d’Italie, ndlr) qui l’a utilisée sur un de ses tracts dénonçant l’enseignement du genre dans les écoles. Rose Morelli, la photographe britannique, auteure de la photo a porté plainte.</strong><br /><br /><strong>Lorsqu’elle prend son ami Alex Elliott en photo</strong>, Rose Morelli exprime d’abord son émotion face au geste désespéré de Lelaah Alcorn et poste le cliché sur les réseaux sociaux pour que ça n’arrive plus jamais. Sur Facebook, elle poste un message pour accompagner son image : «En réponse à l'adolescente trans* Leelah Alcorn qui a été forcée de faire une thérapie de conversion par ses parents – une réponse un peu tardive, mais toujours un problème incroyablement d'actualité. Dans le but de représenter les luttes et le mépris que les ados trans* doivent subir dans la société». Interrogée par la BBC, Rose Morelli explique avoir été choquée par le détournement fait de sa photo. Pour elle, «la dernière chose que nous voulions était de faire du mal aux membres de la communauté LGBT. Découvrir que c'était utilisé contre eux de façon si malintentionnée était horrible». De leur côté, les associations LGBT qualifient l’instrumentalisation faite de l’image par le parti d’extrême-droite, d’«insulte».<br /><br /><strong>Les <em>Fratelli d’Italia</em>, eux,</strong> affirment que l’image est libre de droits: en effet, sur le compte Flickr de Rose Morelli, la photo intitulée <em>The Plight of the Transgender</em> (le calvaire d'un transgenre, ndlr) est sous licence Creative Commons et peut donc être utilisée sous certaines conditions notamment en citant l'auteure et en n’intervenant pas sur l'image. Sur Twitter, le parti a reconnu l’utilisation inappropriée du cliché et a prétendu ne pas vouloir offenser la mémoire de Lelaah. Pour autant, il maintient sa position par rapport à l’enseignement du genre à l’école. Précisons que les Fratelli d’Italia n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de détournement d’image puisqu’ils s’étaient déjà illustrés en utilisant une photo d’Olivero Toscani (connu pour ses publicités pour Benetton) pour dénoncer l’homoparentalité.</p> <p>Photo, le tract de Fratelli d'Italia avec le cliché détourné de Rose Morelli</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Locandina-Fratelli-dItalia-Trentino-Rose-Morelli-655x917.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une photo en hommage à la jeune trans* Lelaah Alcorn qui s’est suicidée en 2014, a été détournée par un parti italien d’extrême-droite, <em>Fratelli d’Italia</em> (Frères d’Italie, ndlr) qui l’a utilisée sur un de ses tracts dénonçant l’enseignement du genre dans les écoles. Rose Morelli, la photographe britannique, auteure de la photo a porté plainte.</strong><br /><br /><strong>Lorsqu’elle prend son ami Alex Elliott en photo</strong>, Rose Morelli exprime d’abord son émotion face au geste désespéré de Lelaah Alcorn et poste le cliché sur les réseaux sociaux pour que ça n’arrive plus jamais. Sur Facebook, elle poste un message pour accompagner son image : «En réponse à l'adolescente trans* Leelah Alcorn qui a été forcée de faire une thérapie de conversion par ses parents – une réponse un peu tardive, mais toujours un problème incroyablement d'actualité. Dans le but de représenter les luttes et le mépris que les ados trans* doivent subir dans la société». Interrogée par la BBC, Rose Morelli explique avoir été choquée par le détournement fait de sa photo. Pour elle, «la dernière chose que nous voulions était de faire du mal aux membres de la communauté LGBT. Découvrir que c'était utilisé contre eux de façon si malintentionnée était horrible». De leur côté, les associations LGBT qualifient l’instrumentalisation faite de l’image par le parti d’extrême-droite, d’«insulte».<br /><br /><strong>Les <em>Fratelli d’Italia</em>, eux,</strong> affirment que l’image est libre de droits: en effet, sur le compte Flickr de Rose Morelli, la photo intitulée <em>The Plight of the Transgender</em> (le calvaire d'un transgenre, ndlr) est sous licence Creative Commons et peut donc être utilisée sous certaines conditions notamment en citant l'auteure et en n’intervenant pas sur l'image. Sur Twitter, le parti a reconnu l’utilisation inappropriée du cliché et a prétendu ne pas vouloir offenser la mémoire de Lelaah. Pour autant, il maintient sa position par rapport à l’enseignement du genre à l’école. Précisons que les Fratelli d’Italia n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de détournement d’image puisqu’ils s’étaient déjà illustrés en utilisant une photo d’Olivero Toscani (connu pour ses publicités pour Benetton) pour dénoncer l’homoparentalité.</p> <p>Photo, le tract de Fratelli d'Italia avec le cliché détourné de Rose Morelli</p> Les femmes prennent la route ! 2015-09-15T12:05:32+00:00 2015-09-15T12:05:32+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/764-babes-ride-out-les-femmes-prennent-la-route- Marc-Henri Remy [email protected] <p class="MsoNormal"><span style="mso-ansi-language: EN-US;" lang="EN-US"> </span><span style="mso-ansi-language: EN-US;" lang="EN-US"><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/flyer%202014.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="mso-ansi-language: EN-US;" lang="EN-US"><strong>Des femmes en moto qui se réunissent dans cette même passion le temps d'un week-end, c'est l'objectif défendu par le 'Babes Ride Out', évènement <em>girls only</em> organisé chaque octobre en Californie. C'est aussi prouver qu'elles ont leur place dans ce milieu encore très masculin. Mais la transgression de genre s'accompagne malheureusement de vives réactions de la part de ceux qui ne supportent pas qu'elles puissent s'amuser sans mecs dans les parages...</strong> <br /></span></p> <p class="MsoNormal"><strong><span lang="EN-US"> </span></strong></p> <p class="MsoNormal"><strong><span lang="EN-US"><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/patch.jpg" border="0" width="250" height="150" style="border: 0; float: left; margin-top: 0px; margin-bottom: 0px;" /> "Too bitchy for the bitch seat"</span></strong> - Tout se résume dans cette <em>punchline</em>, brodée sur <strong><a href="https://www.etsy.com/fr/listing/185833878/trop-b-tchy-pour-la-b-tch-siege-patch?ref=shop_home_active_1" target="_blank">un patch</a></strong> qui ornerait à merveille le denim d’une bikeuse. Réappropriation du stigmate : en rapport avec la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sissy-bar</em>, le fameux dossier du siège arrière réservé à la compagne du biker. Tout comme pour le nom <em style="mso-bidi-font-style: normal;">babes</em>. Cette fois, elles sont aux commandes et elles le prouvent.</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Et c’est bien de cela qu'il est question dans cet évènement <em style="mso-bidi-font-style: normal;">girls only</em>, réunissant des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">rideuses</em> des quatre coins des Etats-Unis dans le désert de Californie via les réseaux sociaux. Elles bricolent, elles se salissent les mains, elles roulent des kilomètres, elles sentent la transpiration et le bitume, la bière et la clope : elles se rejoignent le temps d’un week-end pour partager cette passion du deux roues.</p> <p class="MsoNormal"><strong>Cela me rappelle un fameux film des sixties issu de la <em>bikexploitation</em></strong> <strong>: <em>She-Devils on Wheels</em></strong>. Un gang de motardes (les "<em>Man-Eaters</em>") écume les routes en meute, disputant un terrain à un club de mecs en voiture, appelant à la vengeance quand l’une d’elles se fait agresser. Un des rares films incluant uniquement un groupe de filles, au milieu des dizaines de films exclusivement masculin où les femmes sont juste des éléments de décor.</p> <p class="MsoNormal">Alors que cette initiative est à saluer dans un milieu encore très majoritairement masculin, je ne pus m’empêcher de jeter un œil sur les commentaires et de constater un violent <em>backlash</em> par de valeureux utilisateurs sous couvert de l’anonymat ou du pseudonyme. </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal"><img src="http://lemilie.org/images/Emilie_babesrideout_1.jpg" border="0" width="500" height="87" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"><img src="http://lemilie.org/images/Emilie_babesrideout_2.jpg" border="0" width="500" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"> <img src="http://lemilie.org/images/Emilie_babesrideout_3.jpg" border="0" alt="" /></p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal"><strong>Parce qu’elles ne sont qu’entre femmes</strong>, certains les qualifient, sur le ton du mépris, de lesbiennes. Peut-être qu’elles le sont. <em style="mso-bidi-font-style: normal;">So what</em> ? Peut-être qu’elles ne le sont pas. Déçus ? Parce qu’en plus de se permettre de rouler à moto, de «sortir de la cuisine», de refuser d’être considérées uniquement comme des «reproductrices» ou des «ménagères», elles ne le feraient qu’entre elles, sans l’assentiment et la présence <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sine qua non</em> des hommes !? Elles rentrent ainsi violemment dans le cadre normatif patriarcal hétéronormé, et il faut qu’elles soient prévenues par ces surveillants zélés.</p> <p class="MsoNormal"><img src="http://lemilie.org/images/Emilie_babesrideout_4.jpg" border="0" alt="" /></p> <p class="MsoNormal"><img src="http://lemilie.org/images/Emilie_babesrideout_6.jpg" border="0" alt="" /></p> <p class="MsoNormal"><strong style="font-size: 10px;">Ce qui amène à un autre argument : pourquoi faire un évènement <em>girls only</em>?</strong><span style="font-size: 10px;"> N’est-ce pas contraire à une idée d’équité, comme il est évoqué dans les commentaires ? Au risque de décevoir ceux qui défendent cette opinion, ce n’est pas le cas. L’idée d’un </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;">girls only</em><span style="font-size: 10px;"> permet deux choses. La première, c’est de pouvoir offrir un espace </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;">safe</em><span style="font-size: 10px;">, libéré des menaces verbales ou physiques comme le prouvent les commentaires présentés ci-dessus. Ensuite, cela suit la même logique que la volonté d’imposer des quotas : l'omniprésence masculine est la réalité, un quota invisible qui ne souffre aucune remise en question. Imposer un quota – ou une manifestation non-mixte – permet de cette manière de laisser un espace d’expression, de liberté et d’action pour la minorité peu ou pas représentée dans les espaces existants.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: xx-small;">Enfin, les critiques abondent par rapport à leur équipement, jugé léger voire inadapté, regrettant par la même occasion le fait que, d’habitude, les femmes auraient «plus de bon sens» ou </span>seraient "<span style="font-size: xx-small;">plus intelligentes» que les hommes ; pour le sexisme bienveillant, nous sommes servi-e-s. Premièrement, il me semble que pour une vidéo similaire, mais avec uniquement des hommes, ces critiques seraient nettement moins présentes, voire absentes. Tous sont donc prompts à vouloir expliquer comment être une bonne motarde : une injonction aux femmes sur ‘comment il faut s’habiller’ pour être acceptée en tant que motarde à part entière, et cette absence d’équipement prouverait, selon eux, leur inadéquation à ce milieu. Plus encore, ils leur reprochent de prendre des risques. Prendre des risques n’est pas «féminin». Ils excluent ainsi toute considération pour leur capacité d’agir et de penser, pour leur choix de prendre ces risques, consciemment ou non, et de le vivre au même titre que d’autres motards masculins.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">La route est encore longue, mais grâce à </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Babes Ride Out</em><span style="font-size: 10px;"> et d’autres mouvements, les choses bougent.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="mso-ansi-language: EN-US;" lang="EN-US"> </span><span style="mso-ansi-language: EN-US;" lang="EN-US"><strong><img src="images/ailleurs/flyer%202014.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="mso-ansi-language: EN-US;" lang="EN-US"><strong>Des femmes en moto qui se réunissent dans cette même passion le temps d'un week-end, c'est l'objectif défendu par le 'Babes Ride Out', évènement <em>girls only</em> organisé chaque octobre en Californie. C'est aussi prouver qu'elles ont leur place dans ce milieu encore très masculin. Mais la transgression de genre s'accompagne malheureusement de vives réactions de la part de ceux qui ne supportent pas qu'elles puissent s'amuser sans mecs dans les parages...</strong> <br /></span></p> <p class="MsoNormal"><strong><span lang="EN-US"> </span></strong></p> <p class="MsoNormal"><strong><span lang="EN-US"><img src="images/ailleurs/patch.jpg" border="0" width="250" height="150" style="border: 0; float: left; margin-top: 0px; margin-bottom: 0px;" /> "Too bitchy for the bitch seat"</span></strong> - Tout se résume dans cette <em>punchline</em>, brodée sur <strong><a href="https://www.etsy.com/fr/listing/185833878/trop-b-tchy-pour-la-b-tch-siege-patch?ref=shop_home_active_1" target="_blank">un patch</a></strong> qui ornerait à merveille le denim d’une bikeuse. Réappropriation du stigmate : en rapport avec la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sissy-bar</em>, le fameux dossier du siège arrière réservé à la compagne du biker. Tout comme pour le nom <em style="mso-bidi-font-style: normal;">babes</em>. Cette fois, elles sont aux commandes et elles le prouvent.</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Et c’est bien de cela qu'il est question dans cet évènement <em style="mso-bidi-font-style: normal;">girls only</em>, réunissant des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">rideuses</em> des quatre coins des Etats-Unis dans le désert de Californie via les réseaux sociaux. Elles bricolent, elles se salissent les mains, elles roulent des kilomètres, elles sentent la transpiration et le bitume, la bière et la clope : elles se rejoignent le temps d’un week-end pour partager cette passion du deux roues.</p> <p class="MsoNormal"><strong>Cela me rappelle un fameux film des sixties issu de la <em>bikexploitation</em></strong> <strong>: <em>She-Devils on Wheels</em></strong>. Un gang de motardes (les "<em>Man-Eaters</em>") écume les routes en meute, disputant un terrain à un club de mecs en voiture, appelant à la vengeance quand l’une d’elles se fait agresser. Un des rares films incluant uniquement un groupe de filles, au milieu des dizaines de films exclusivement masculin où les femmes sont juste des éléments de décor.</p> <p class="MsoNormal">Alors que cette initiative est à saluer dans un milieu encore très majoritairement masculin, je ne pus m’empêcher de jeter un œil sur les commentaires et de constater un violent <em>backlash</em> par de valeureux utilisateurs sous couvert de l’anonymat ou du pseudonyme. </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal"><img src="images/Emilie_babesrideout_1.jpg" border="0" width="500" height="87" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"><img src="images/Emilie_babesrideout_2.jpg" border="0" width="500" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"> <img src="images/Emilie_babesrideout_3.jpg" border="0" alt="" /></p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal"><strong>Parce qu’elles ne sont qu’entre femmes</strong>, certains les qualifient, sur le ton du mépris, de lesbiennes. Peut-être qu’elles le sont. <em style="mso-bidi-font-style: normal;">So what</em> ? Peut-être qu’elles ne le sont pas. Déçus ? Parce qu’en plus de se permettre de rouler à moto, de «sortir de la cuisine», de refuser d’être considérées uniquement comme des «reproductrices» ou des «ménagères», elles ne le feraient qu’entre elles, sans l’assentiment et la présence <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sine qua non</em> des hommes !? Elles rentrent ainsi violemment dans le cadre normatif patriarcal hétéronormé, et il faut qu’elles soient prévenues par ces surveillants zélés.</p> <p class="MsoNormal"><img src="images/Emilie_babesrideout_4.jpg" border="0" alt="" /></p> <p class="MsoNormal"><img src="images/Emilie_babesrideout_6.jpg" border="0" alt="" /></p> <p class="MsoNormal"><strong style="font-size: 10px;">Ce qui amène à un autre argument : pourquoi faire un évènement <em>girls only</em>?</strong><span style="font-size: 10px;"> N’est-ce pas contraire à une idée d’équité, comme il est évoqué dans les commentaires ? Au risque de décevoir ceux qui défendent cette opinion, ce n’est pas le cas. L’idée d’un </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;">girls only</em><span style="font-size: 10px;"> permet deux choses. La première, c’est de pouvoir offrir un espace </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;">safe</em><span style="font-size: 10px;">, libéré des menaces verbales ou physiques comme le prouvent les commentaires présentés ci-dessus. Ensuite, cela suit la même logique que la volonté d’imposer des quotas : l'omniprésence masculine est la réalité, un quota invisible qui ne souffre aucune remise en question. Imposer un quota – ou une manifestation non-mixte – permet de cette manière de laisser un espace d’expression, de liberté et d’action pour la minorité peu ou pas représentée dans les espaces existants.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: xx-small;">Enfin, les critiques abondent par rapport à leur équipement, jugé léger voire inadapté, regrettant par la même occasion le fait que, d’habitude, les femmes auraient «plus de bon sens» ou </span>seraient "<span style="font-size: xx-small;">plus intelligentes» que les hommes ; pour le sexisme bienveillant, nous sommes servi-e-s. Premièrement, il me semble que pour une vidéo similaire, mais avec uniquement des hommes, ces critiques seraient nettement moins présentes, voire absentes. Tous sont donc prompts à vouloir expliquer comment être une bonne motarde : une injonction aux femmes sur ‘comment il faut s’habiller’ pour être acceptée en tant que motarde à part entière, et cette absence d’équipement prouverait, selon eux, leur inadéquation à ce milieu. Plus encore, ils leur reprochent de prendre des risques. Prendre des risques n’est pas «féminin». Ils excluent ainsi toute considération pour leur capacité d’agir et de penser, pour leur choix de prendre ces risques, consciemment ou non, et de le vivre au même titre que d’autres motards masculins.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">La route est encore longue, mais grâce à </span><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Babes Ride Out</em><span style="font-size: 10px;"> et d’autres mouvements, les choses bougent.</span></p> En Inde, des tutos beauté face à l'acide 2015-09-11T04:32:49+00:00 2015-09-11T04:32:49+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/762-en-inde-des-tutos-beaute-face-a-lacide- Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/reshma-600x450.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En Inde, le collectif <a href="http://makelovenotscars.org/end-acid-sale/">#MakeLoveNotScars </a>lance de faux tutoriels de beauté pour dénoncer les attaques à l’acide qui défigurent les femmes. Chaque année plus d’un millier en sont victimes.</strong><br /><br /><strong>Aujourd’hui, quelle jeune fille</strong> ne suit pas les précieux conseils de Zoella ou de Miss Glamorazzi distillés sur Youtube pour savoir comment mettre du mascara ou quel vernis rendra «sexy sans verser dans la vulgarité» selon les bonnes paroles de Cristina Cordula. Parodiant ces grandes prêtresses du bon goût, une association indienne a décidé de mettre en scène des femmes victimes d’attaques à l’acide. Sur la vidéo, on y voit Reshma qui met du rouge à lèvres. L’image est terrible parce que la jeune femme a perdu un œil, sa peau est en partie arrachée, ses traits sont déformés et pourtant Reshma reproduit les gestes de ces vlogueuses pour être plus belle.<br /><br /><strong>Si le collectif a lancé cette campagne-choc</strong> sur les réseaux sociaux, c’est pour montrer les conséquences de ces agressions. Physiques d’abord, puisque les victimes perdent leur visage d’avant et souffrent effroyablement (perte de la vue, de l’ouïe et du toucher, brûlures, infections…) et psychiques ensuite parce qu’elles vont devoir vivre avec cette apparence sous le regard des autres. Il s’agit aussi de dénoncer la facilité avec laquelle les agresseurs peuvent se procurer de l’acide. Une pétition a été mise en ligne sur leur site pour demander aux autorités que l'acide sulfurique ne soit plus en vente libre.<br /><br />L’initiative <a href="http://makelovenotscars.org/end-acid-sale/"><span style="text-decoration: underline;">#MakeLoveNotScars</span> </a>a reçu de nombreux appuis du monde entier et pourrait devenir une ONG afin de soutenir de manière concrète ces femmes en leur apportant une aide médicale, légale et en créant les conditions de leur réintégration dans la société. <br /><br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/reshma-600x450.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En Inde, le collectif <a href="http://makelovenotscars.org/end-acid-sale/">#MakeLoveNotScars </a>lance de faux tutoriels de beauté pour dénoncer les attaques à l’acide qui défigurent les femmes. Chaque année plus d’un millier en sont victimes.</strong><br /><br /><strong>Aujourd’hui, quelle jeune fille</strong> ne suit pas les précieux conseils de Zoella ou de Miss Glamorazzi distillés sur Youtube pour savoir comment mettre du mascara ou quel vernis rendra «sexy sans verser dans la vulgarité» selon les bonnes paroles de Cristina Cordula. Parodiant ces grandes prêtresses du bon goût, une association indienne a décidé de mettre en scène des femmes victimes d’attaques à l’acide. Sur la vidéo, on y voit Reshma qui met du rouge à lèvres. L’image est terrible parce que la jeune femme a perdu un œil, sa peau est en partie arrachée, ses traits sont déformés et pourtant Reshma reproduit les gestes de ces vlogueuses pour être plus belle.<br /><br /><strong>Si le collectif a lancé cette campagne-choc</strong> sur les réseaux sociaux, c’est pour montrer les conséquences de ces agressions. Physiques d’abord, puisque les victimes perdent leur visage d’avant et souffrent effroyablement (perte de la vue, de l’ouïe et du toucher, brûlures, infections…) et psychiques ensuite parce qu’elles vont devoir vivre avec cette apparence sous le regard des autres. Il s’agit aussi de dénoncer la facilité avec laquelle les agresseurs peuvent se procurer de l’acide. Une pétition a été mise en ligne sur leur site pour demander aux autorités que l'acide sulfurique ne soit plus en vente libre.<br /><br />L’initiative <a href="http://makelovenotscars.org/end-acid-sale/"><span style="text-decoration: underline;">#MakeLoveNotScars</span> </a>a reçu de nombreux appuis du monde entier et pourrait devenir une ONG afin de soutenir de manière concrète ces femmes en leur apportant une aide médicale, légale et en créant les conditions de leur réintégration dans la société. <br /><br /><br /></p> Mx, le neutre entre dans le dictionnaire 2015-09-03T09:13:03+00:00 2015-09-03T09:13:03+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/758-mx-le-neutre-entre-dans-le-dictionnaire Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/genresfeminismes/mx.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Après la Suède, le Royaume-Uni intègre le genre neutre dans les pages du dictionnaire, suivant en cela une pratique déjà en usage dans la société britannique.</strong> <br /><br />Le célèbre <em>Oxford English Dictionary</em> (OED) vient d’inclure dans ses pages le terme neutre de Mx qui rejoint les titres de civilité de Mr, Mrs, Ms ou Miss et dont il donne la définition suivante:<br /><br /><strong>Mx (nom) : un titre utilisé avant le nom de famille d’une personne ou son nom entier par ceux qui préfèrent éviter de spécifier leur genre ou par ceux qui ne s’identifient pas en tant qu’homme ou femme.</strong><br /><br />Interrogé par le <em>Sunday Times</em>, Jonathan Dent, le rédacteur en chef adjoint du dictionnaire Oxford explique la raison de ce choix en disant que la langue anglaise s’adapte aux besoins du public. L’idée est que «les gens utilisent le langage de manière à ce qu’il leur corresponde plutôt qu’ils ne le laissent leur dicter leur propre identité». Il précise encore que les mots nouveaux qui font leur entrée dans leur dictionnaire doivent être populaires, c’est-à-dire largement répandus, comme c’est le cas dans de nombreux documents officiels, qu’il s’agisse du permis de conduire ou des comptes en banque. Depuis deux ans, le terme de Mx est très utilisé d’où sa logique entrée dans l’OED.<br /><br />S’inspirant du modèle suédois, l’OED a mis moins de temps pour officialiser le titre de civilité neutre : en effet le mot “hen”, ne désignant ni le masculin ni le féminin, est utilisé depuis les années 1960 en Suède, mais n’a fait son entrée dans le dictionnaire de l’Académie du pays qu’en avril dernier. <br /><br />Si le terme lui-même permet de désigner plusieurs identités de genre, rompant avec la bicatégorisation homme/femme, ce qui constitue un léger mieux, encore faudrait-il que la société dans son entier cesse de discriminer les personnes qui ne sont pas cisgenres et là, nous n’y sommes pas.<br /><br />Photo DR</p> <p><strong><img src="images/genresfeminismes/mx.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Après la Suède, le Royaume-Uni intègre le genre neutre dans les pages du dictionnaire, suivant en cela une pratique déjà en usage dans la société britannique.</strong> <br /><br />Le célèbre <em>Oxford English Dictionary</em> (OED) vient d’inclure dans ses pages le terme neutre de Mx qui rejoint les titres de civilité de Mr, Mrs, Ms ou Miss et dont il donne la définition suivante:<br /><br /><strong>Mx (nom) : un titre utilisé avant le nom de famille d’une personne ou son nom entier par ceux qui préfèrent éviter de spécifier leur genre ou par ceux qui ne s’identifient pas en tant qu’homme ou femme.</strong><br /><br />Interrogé par le <em>Sunday Times</em>, Jonathan Dent, le rédacteur en chef adjoint du dictionnaire Oxford explique la raison de ce choix en disant que la langue anglaise s’adapte aux besoins du public. L’idée est que «les gens utilisent le langage de manière à ce qu’il leur corresponde plutôt qu’ils ne le laissent leur dicter leur propre identité». Il précise encore que les mots nouveaux qui font leur entrée dans leur dictionnaire doivent être populaires, c’est-à-dire largement répandus, comme c’est le cas dans de nombreux documents officiels, qu’il s’agisse du permis de conduire ou des comptes en banque. Depuis deux ans, le terme de Mx est très utilisé d’où sa logique entrée dans l’OED.<br /><br />S’inspirant du modèle suédois, l’OED a mis moins de temps pour officialiser le titre de civilité neutre : en effet le mot “hen”, ne désignant ni le masculin ni le féminin, est utilisé depuis les années 1960 en Suède, mais n’a fait son entrée dans le dictionnaire de l’Académie du pays qu’en avril dernier. <br /><br />Si le terme lui-même permet de désigner plusieurs identités de genre, rompant avec la bicatégorisation homme/femme, ce qui constitue un léger mieux, encore faudrait-il que la société dans son entier cesse de discriminer les personnes qui ne sont pas cisgenres et là, nous n’y sommes pas.<br /><br />Photo DR</p> La rue est à nous! 2015-08-26T12:29:26+00:00 2015-08-26T12:29:26+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/755-la-rue-est-a-nous Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/ile%20de%20la%20cite.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Alors que les activistes d’Osez le féminisme viennent de rebaptiser les rues de l’Ile de la Cité à Paris avec des noms de femmes, dans le but de dénoncer la place infime (2%) qui leur est réservée sur les plaques, qu’en est-il en Suisse romande ?</strong><br /><br /><strong>Selon les activistes françaises,</strong> «effacer les femmes de l'Histoire, en leur rendant hommage dans 2% de nos rues seulement, c'est perpétuer un certain nombre de stéréotypes patriarcaux, c'est les cantonner à l'espace domestique, et nier leur importance dans la vie publique et l'histoire du pays». Du coup sur le site qu’elles viennent de lancer pour l’occasion <a href="http://femicite.fr/"><span style="text-decoration: underline;">feminicite.fr</span></a>, elles revendiquent une toponymie des rues de Paris égalitaire avec autant de noms de femmes que d'hommes sur les plaques d'ici 2019, l'attribution d'un nom de femme à une grande place ou un grand bâtiment public et l'attribution systématique d'un nom de femme à tous les nouveaux établissements publics de la ville.<br /><br /><strong>A Genève, à l’époque où Fabienne Bugnon dirigeait le SPPE</strong> (Service Pour la Promotion de l’Egalité entre homme et femme), paraissait sous son impulsion un petit fascicule qui soulevait déjà cette problématique. Ainsi en 2005, on recensait 20 rues dont le nom faisait référence à une femme sur un total de 560 portant le nom de personnalités ou de familles. Dix ans plus tard, ce chiffre atteint péniblement les 30. Ce n’est pas faute d’avoir multiplié les signaux en direction des autorités compétentes.<br /><br /><strong>Cette année par exemple</strong>, lors de la campagne pour les élections municipales, le parti socialiste genevois avait déjà lancé une opération de féminisation des noms de rue pour sensbiliser les électeurs-trices à une meilleure représentation des femmes en politique. Le boulevard Emile-Jacques-Dalcroze était alors devenu la rue Wigman, la rue Firmin-Massot s’appelait rue Boisdechêne et la rue Rodolphe-Toeppfer, la rue Moulinié. <br /><br /><strong>A Lausanne, en 2011, le Collectif vaudois du 14 juin</strong> avait mené une action Noms de rues. Ainsi, l’avenue Benjamin-Constant avait pour quelques heures porté le nom de Carole Roussopoulos, la Place Pépinet s’était transformée en «Place Emilie Gourd», la rue Pichard avait honoré Margarethe Faas-Hardegger, la rue Haldimand s’était appelée rue Antoinette Quinche, la rue Saint-Laurent avait été dédiée «aux Caissières», quant à la place de l’Europe, elle était devenue «Place Ella Maillart».<br /><br />Ce type d’action est donc récurrente. «Une ville défend, par ses plaques de rue, un certain nombre de valeurs qu'elle souhaite véhiculer» comme l’explique Osez le féminisme. Si des villes/cantons comme Lausanne et Genève se targuent d’égalité, qu’attendent-elles pour l’exprimer à travers ses symboles et ses représentations ?</p> <p>Photo © Osez le féminisme!</p> <p><img src="images/ailleurs/ile%20de%20la%20cite.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Alors que les activistes d’Osez le féminisme viennent de rebaptiser les rues de l’Ile de la Cité à Paris avec des noms de femmes, dans le but de dénoncer la place infime (2%) qui leur est réservée sur les plaques, qu’en est-il en Suisse romande ?</strong><br /><br /><strong>Selon les activistes françaises,</strong> «effacer les femmes de l'Histoire, en leur rendant hommage dans 2% de nos rues seulement, c'est perpétuer un certain nombre de stéréotypes patriarcaux, c'est les cantonner à l'espace domestique, et nier leur importance dans la vie publique et l'histoire du pays». Du coup sur le site qu’elles viennent de lancer pour l’occasion <a href="http://femicite.fr/"><span style="text-decoration: underline;">feminicite.fr</span></a>, elles revendiquent une toponymie des rues de Paris égalitaire avec autant de noms de femmes que d'hommes sur les plaques d'ici 2019, l'attribution d'un nom de femme à une grande place ou un grand bâtiment public et l'attribution systématique d'un nom de femme à tous les nouveaux établissements publics de la ville.<br /><br /><strong>A Genève, à l’époque où Fabienne Bugnon dirigeait le SPPE</strong> (Service Pour la Promotion de l’Egalité entre homme et femme), paraissait sous son impulsion un petit fascicule qui soulevait déjà cette problématique. Ainsi en 2005, on recensait 20 rues dont le nom faisait référence à une femme sur un total de 560 portant le nom de personnalités ou de familles. Dix ans plus tard, ce chiffre atteint péniblement les 30. Ce n’est pas faute d’avoir multiplié les signaux en direction des autorités compétentes.<br /><br /><strong>Cette année par exemple</strong>, lors de la campagne pour les élections municipales, le parti socialiste genevois avait déjà lancé une opération de féminisation des noms de rue pour sensbiliser les électeurs-trices à une meilleure représentation des femmes en politique. Le boulevard Emile-Jacques-Dalcroze était alors devenu la rue Wigman, la rue Firmin-Massot s’appelait rue Boisdechêne et la rue Rodolphe-Toeppfer, la rue Moulinié. <br /><br /><strong>A Lausanne, en 2011, le Collectif vaudois du 14 juin</strong> avait mené une action Noms de rues. Ainsi, l’avenue Benjamin-Constant avait pour quelques heures porté le nom de Carole Roussopoulos, la Place Pépinet s’était transformée en «Place Emilie Gourd», la rue Pichard avait honoré Margarethe Faas-Hardegger, la rue Haldimand s’était appelée rue Antoinette Quinche, la rue Saint-Laurent avait été dédiée «aux Caissières», quant à la place de l’Europe, elle était devenue «Place Ella Maillart».<br /><br />Ce type d’action est donc récurrente. «Une ville défend, par ses plaques de rue, un certain nombre de valeurs qu'elle souhaite véhiculer» comme l’explique Osez le féminisme. Si des villes/cantons comme Lausanne et Genève se targuent d’égalité, qu’attendent-elles pour l’exprimer à travers ses symboles et ses représentations ?</p> <p>Photo © Osez le féminisme!</p> Les excuses du bon Dr Dre 2015-08-24T07:15:48+00:00 2015-08-24T07:15:48+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/754-les-excuses-du-bon-dr-dre Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/dre.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Mieux vaut tard que jamais : le célèbre rappeur Dr Dre présente ses excuses aux femmes qu’il a frappées dans les années 90. C’est dans le très sérieux <a href="http://www.nytimes.com/2015/08/22/arts/music/dr-dre-apologizes-to-the-women-ive-hurt.html"><span style="text-decoration: underline;">New York Times</span></a> qu’il s’exprime sur un sujet qu’il a toujours refusé d’aborder. Alors contrition sincère ou coïncidence opportune ? La star est en promo mondiale pour son dernier album et un biopic…</strong><br /><br /><strong>Condamné pour ces faits de violence récurrents</strong> voici plus de vingt ans, Dr Dre ne répondait jamais aux questions des journalistes qui s’y rapportaient. Le week-end dernier, alors que personne ne lui demandait rien, le quotidien new-yorkais titre en une «Je m’excuse auprès des femmes que j’ai blessées». Bien sûr, ces remords tombent un peu comme des cheveux sur la soupe après tant d’années et ça sent le plan de communication à plein nez, mais bon, il y va : «Il y a vingt-cinq ans, j’étais un jeune homme, je buvais trop, beaucoup trop, et je n’avais pas de réelles structures dans ma vie. Même si ce n’est pas une excuse pour ce que j’ai fait. Je suis marié depuis dix-neuf ans maintenant et chaque jour, je travaille à être un homme meilleur pour ma famille, cherchant, au fil de ma route, à demander conseil autour de moi. Je fais tout mon possible  pour ne plus jamais ressembler à cet homme. Je m’excuse auprès des femmes que j’ai blessées. Je regrette profondément ce que j’ai fait et je sais que cela a eu des conséquences sur nos vies». <br /><br /><strong>Sur ces bonnes paroles, Apple, la cool compagnie</strong> auprès de laquelle émarge le bon Dr Dre en tant que top consultant après avoir vendu sa marque de casques et d’écouteurs «<em>Beats by Dre</em>» pour la modique somme de 2,2 milliards d’euros en 2014 s’est fendu d’un communiqué pour bien enfoncer le clou au cas où : «Dr Dre s’est excusé pour les erreurs qu’il a faites par le passé, et il a dit ne plus être la personne qu’il était il y a vingt-cinq ans. Nous le croyons sincère, et après avoir travaillé avec lui depuis un an et demi, nous avons toutes les raisons de croire qu’il a changé». On a envie de dire Alleluya !<br /><br /><strong>Il faut dire que l’été est chargé</strong> pour le rappeur. Son album <em>Compton</em> est sorti le 7 août (et se vend très bien sur Apple Music et iTunes, merci) et son film sur sa vie, son œuvre, <em>Straight Outta Compton</em> est en salle aux Etats-Unis depuis le 14 août (et cartonne aussi avec des recettes de plus de 100 millions de dollars). Du coup, il s’agit de continuer sur cette juteuse lancée. Or à tant médiatiser les choses et à rappeler le bon vieux temps, des femmes qui en ont fait partie dans les années 90 ont remis les pendules à l’heure : l’histoire ne se serait pas tout à fait passée comme le décrit le film ou plutôt, du point de vue des victimes, le réalisateur de <em>Straight Outta Compton</em>, Felix Gary Gray, aurait pris soin de laisser de côté les agressions commises par le rappeur et ses démêlés avec la justice. La journaliste Dee Barnes, la chanteuse de R&amp;B et ancienne compagne de Dr Dre avec qui elle a eu un enfant Michel’le et  Tairrie B, chanteuse elle aussi, se sont retrouvées sur Facebook pour discuter de leur «rencontre» avec le rappeur. La première a eu la tête fracassée contre un mur, la seconde a été battue de manière régulière et la troisième frappée à la tête… <br /><br /><strong>Ces faits relatés notamment par le bloggeur Byron Crawford</strong>, intitulé <em>Beatings by Dre</em>, clin d’œil à ses fameux écouteurs, ont recommencé à circuler sur les réseaux sociaux peu avant la sortie du film tandis que le journal en ligne <em>Gawker post</em> publiait  <em>Remember When Dr. Dre Bashed a Female Journalist’s Face Against a Wall</em>? (Rappelez-vous quand Dr Dre a frappé la tête d’une journaliste contre un mur, ndlr). Quand, à une avant-première du film, le réalisateur est interrogé sur l’absence de toute mention de ces agressions, il explique que les scènes prévues dans le script d’origine ont été supprimées du scénario définitif car elles ne servaient pas l’histoire. Ah non ? Mardi dernier Dee Barnes a écrit dans le <a href="http://gawker.com/heres-whats-missing-from-straight-outta-compton-me-and-1724735910">Gawker </a>sa version des faits, vues deux millions de fois. Selon elle, «le film n’est pas la réalité et il n’a rien de gangsta*», elle poursuit en disant que «si c’était gansgsta, il aurait tout montré». Elle conclut : «C’est juste du business»<br /><br />* Le gangsta rap est un sous-genre du hip-hop qui a émergé à la fin des années 1980. Les premiers rappeurs gangsta sont issus de gangs et racontent leur vie dans la violence. Certains thèmes sont récurrents comme notamment la drogue, la haine de la police, le proxénétisme, l'argent, l'homophobie, et la misogynie. Le mouvement est né à Compton (Californie) à travers le groupe N.W.A, dont le film de Gray retrace l’histoire.<br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/dre.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Mieux vaut tard que jamais : le célèbre rappeur Dr Dre présente ses excuses aux femmes qu’il a frappées dans les années 90. C’est dans le très sérieux <a href="http://www.nytimes.com/2015/08/22/arts/music/dr-dre-apologizes-to-the-women-ive-hurt.html"><span style="text-decoration: underline;">New York Times</span></a> qu’il s’exprime sur un sujet qu’il a toujours refusé d’aborder. Alors contrition sincère ou coïncidence opportune ? La star est en promo mondiale pour son dernier album et un biopic…</strong><br /><br /><strong>Condamné pour ces faits de violence récurrents</strong> voici plus de vingt ans, Dr Dre ne répondait jamais aux questions des journalistes qui s’y rapportaient. Le week-end dernier, alors que personne ne lui demandait rien, le quotidien new-yorkais titre en une «Je m’excuse auprès des femmes que j’ai blessées». Bien sûr, ces remords tombent un peu comme des cheveux sur la soupe après tant d’années et ça sent le plan de communication à plein nez, mais bon, il y va : «Il y a vingt-cinq ans, j’étais un jeune homme, je buvais trop, beaucoup trop, et je n’avais pas de réelles structures dans ma vie. Même si ce n’est pas une excuse pour ce que j’ai fait. Je suis marié depuis dix-neuf ans maintenant et chaque jour, je travaille à être un homme meilleur pour ma famille, cherchant, au fil de ma route, à demander conseil autour de moi. Je fais tout mon possible  pour ne plus jamais ressembler à cet homme. Je m’excuse auprès des femmes que j’ai blessées. Je regrette profondément ce que j’ai fait et je sais que cela a eu des conséquences sur nos vies». <br /><br /><strong>Sur ces bonnes paroles, Apple, la cool compagnie</strong> auprès de laquelle émarge le bon Dr Dre en tant que top consultant après avoir vendu sa marque de casques et d’écouteurs «<em>Beats by Dre</em>» pour la modique somme de 2,2 milliards d’euros en 2014 s’est fendu d’un communiqué pour bien enfoncer le clou au cas où : «Dr Dre s’est excusé pour les erreurs qu’il a faites par le passé, et il a dit ne plus être la personne qu’il était il y a vingt-cinq ans. Nous le croyons sincère, et après avoir travaillé avec lui depuis un an et demi, nous avons toutes les raisons de croire qu’il a changé». On a envie de dire Alleluya !<br /><br /><strong>Il faut dire que l’été est chargé</strong> pour le rappeur. Son album <em>Compton</em> est sorti le 7 août (et se vend très bien sur Apple Music et iTunes, merci) et son film sur sa vie, son œuvre, <em>Straight Outta Compton</em> est en salle aux Etats-Unis depuis le 14 août (et cartonne aussi avec des recettes de plus de 100 millions de dollars). Du coup, il s’agit de continuer sur cette juteuse lancée. Or à tant médiatiser les choses et à rappeler le bon vieux temps, des femmes qui en ont fait partie dans les années 90 ont remis les pendules à l’heure : l’histoire ne se serait pas tout à fait passée comme le décrit le film ou plutôt, du point de vue des victimes, le réalisateur de <em>Straight Outta Compton</em>, Felix Gary Gray, aurait pris soin de laisser de côté les agressions commises par le rappeur et ses démêlés avec la justice. La journaliste Dee Barnes, la chanteuse de R&amp;B et ancienne compagne de Dr Dre avec qui elle a eu un enfant Michel’le et  Tairrie B, chanteuse elle aussi, se sont retrouvées sur Facebook pour discuter de leur «rencontre» avec le rappeur. La première a eu la tête fracassée contre un mur, la seconde a été battue de manière régulière et la troisième frappée à la tête… <br /><br /><strong>Ces faits relatés notamment par le bloggeur Byron Crawford</strong>, intitulé <em>Beatings by Dre</em>, clin d’œil à ses fameux écouteurs, ont recommencé à circuler sur les réseaux sociaux peu avant la sortie du film tandis que le journal en ligne <em>Gawker post</em> publiait  <em>Remember When Dr. Dre Bashed a Female Journalist’s Face Against a Wall</em>? (Rappelez-vous quand Dr Dre a frappé la tête d’une journaliste contre un mur, ndlr). Quand, à une avant-première du film, le réalisateur est interrogé sur l’absence de toute mention de ces agressions, il explique que les scènes prévues dans le script d’origine ont été supprimées du scénario définitif car elles ne servaient pas l’histoire. Ah non ? Mardi dernier Dee Barnes a écrit dans le <a href="http://gawker.com/heres-whats-missing-from-straight-outta-compton-me-and-1724735910">Gawker </a>sa version des faits, vues deux millions de fois. Selon elle, «le film n’est pas la réalité et il n’a rien de gangsta*», elle poursuit en disant que «si c’était gansgsta, il aurait tout montré». Elle conclut : «C’est juste du business»<br /><br />* Le gangsta rap est un sous-genre du hip-hop qui a émergé à la fin des années 1980. Les premiers rappeurs gangsta sont issus de gangs et racontent leur vie dans la violence. Certains thèmes sont récurrents comme notamment la drogue, la haine de la police, le proxénétisme, l'argent, l'homophobie, et la misogynie. Le mouvement est né à Compton (Californie) à travers le groupe N.W.A, dont le film de Gray retrace l’histoire.<br /><br /></p> Macho man, l'ADN républicain 2015-08-11T07:49:58+00:00 2015-08-11T07:49:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/750-macho-man-ladn-republicain Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/1179px-Republicanlogo.svg.png" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le premier débat télévisé pour la primaire républicaine a mis à jour l’incapacité du parti républicain à s’adresser aux femmes. Les visions sexistes et les stéréotypes tiennent lieu de valeurs pour les conservateurs.</strong><br /><br />Les propos sexistes de Donald Trump, candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016, à l’encontre d’une journaliste de Fox News, Megyn Kelly, n’est que la partie immergée d’un iceberg conservateur qui résiste à tout changement, sociétal en l’occurrence. Lors du premier débat à Cleveland (Ohio) qui opposait les dix prétendants républicains les mieux placés dans les sondages, les provocations du milliardaire n’ont pas soulevé la moindre réaction parmi ses adversaires. Précisons que les dix candidats sont tous des hommes plutôt âgés. Comble de la diversité dans ce show aux allures de barnum surjoué, la présence du neurochirurgien afro-américain Ben Carson. Le parti républicain n’a donc pas de candidate féminine aux primaires ? Si, une, Carly Fiorina, ancienne CEO de Hewlett-Packard, qui a, selon les observateurs-trices, remporté le «kids table debate» (le débat de la table des enfants, ndlr) qui se déroulait en marge du premier débat avec les candidats les moins bien placés dans les intentions de vote. Sa maîtrise des sujets a visiblement créé le buzz sur les réseaux sociaux qui voient en elle, à défaut de la future présidente, une éventuelle secrétaire d’Etat.<br /><br />Si la polémique s’est centrée autour du machisme de Donald Trump, il n’est pas le seul dans cette course. Toujours lors de ce fameux débat, Marco Rubio, sénateur de Floride et Scott Walker, gouverneur du Wisconsin, crièrent d’une même voix leur opposition à l’avortement, même en cas de viol, d’inceste ou de mise en danger de la vie de la mère. L’unanimité des dix candidats s’est faite autour de l’arrêt des subventions publiques à Planned Parenthood, une organisation qui propose aux femmes l’accès aux soins et à l’avortement. Car l’électorat républicain droitisé après la pression du Tea Party adore ce «parler vrai» si cher à Donald Trump qui passe son temps à fustiger le politiquement correct. Le portrait robot à peine caricaturé de l’électeur républicain est un homme, blanc, hétérosexuel, sexiste et raciste. C'est à lui que s'adressent les candidats et à lui seul. Les femmes et les minorités? Elles sont exlu-e-s du discours, au pire insulté-e-s, et sont surtout envisagé-e-s comme des problèmes, comme des poids pour la nation. Pour rappel en 2012, Obama avait été élu avec le vote des femmes. Le parti républicain semble, depuis des décennies, dans l’incapacité de parler aux femmes et ne montre aucune envie d’aller dans ce sens. Est-ce la chronique d’un nouvel échec annoncé ?<br /><br /><em>Image: Logo du parti républicain</em></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/1179px-Republicanlogo.svg.png" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le premier débat télévisé pour la primaire républicaine a mis à jour l’incapacité du parti républicain à s’adresser aux femmes. Les visions sexistes et les stéréotypes tiennent lieu de valeurs pour les conservateurs.</strong><br /><br />Les propos sexistes de Donald Trump, candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016, à l’encontre d’une journaliste de Fox News, Megyn Kelly, n’est que la partie immergée d’un iceberg conservateur qui résiste à tout changement, sociétal en l’occurrence. Lors du premier débat à Cleveland (Ohio) qui opposait les dix prétendants républicains les mieux placés dans les sondages, les provocations du milliardaire n’ont pas soulevé la moindre réaction parmi ses adversaires. Précisons que les dix candidats sont tous des hommes plutôt âgés. Comble de la diversité dans ce show aux allures de barnum surjoué, la présence du neurochirurgien afro-américain Ben Carson. Le parti républicain n’a donc pas de candidate féminine aux primaires ? Si, une, Carly Fiorina, ancienne CEO de Hewlett-Packard, qui a, selon les observateurs-trices, remporté le «kids table debate» (le débat de la table des enfants, ndlr) qui se déroulait en marge du premier débat avec les candidats les moins bien placés dans les intentions de vote. Sa maîtrise des sujets a visiblement créé le buzz sur les réseaux sociaux qui voient en elle, à défaut de la future présidente, une éventuelle secrétaire d’Etat.<br /><br />Si la polémique s’est centrée autour du machisme de Donald Trump, il n’est pas le seul dans cette course. Toujours lors de ce fameux débat, Marco Rubio, sénateur de Floride et Scott Walker, gouverneur du Wisconsin, crièrent d’une même voix leur opposition à l’avortement, même en cas de viol, d’inceste ou de mise en danger de la vie de la mère. L’unanimité des dix candidats s’est faite autour de l’arrêt des subventions publiques à Planned Parenthood, une organisation qui propose aux femmes l’accès aux soins et à l’avortement. Car l’électorat républicain droitisé après la pression du Tea Party adore ce «parler vrai» si cher à Donald Trump qui passe son temps à fustiger le politiquement correct. Le portrait robot à peine caricaturé de l’électeur républicain est un homme, blanc, hétérosexuel, sexiste et raciste. C'est à lui que s'adressent les candidats et à lui seul. Les femmes et les minorités? Elles sont exlu-e-s du discours, au pire insulté-e-s, et sont surtout envisagé-e-s comme des problèmes, comme des poids pour la nation. Pour rappel en 2012, Obama avait été élu avec le vote des femmes. Le parti républicain semble, depuis des décennies, dans l’incapacité de parler aux femmes et ne montre aucune envie d’aller dans ce sens. Est-ce la chronique d’un nouvel échec annoncé ?<br /><br /><em>Image: Logo du parti républicain</em></p> Un hors-série qui compte 2015-07-13T04:09:24+00:00 2015-07-13T04:09:24+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/748-un-hors-serie-qui-compte REDACTION [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/ax%20HS%20couv.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le magazine belge <em>axelle</em> sort un hors-série très complet intitulé «Elles comptent !» dans lequel le système capitaliste et ses effets nocifs sur les femmes sont décortiqués. Surtout, les alternatives féministes qui se mettent en place tout autour de la planète rappellent que d’autres voies sont possibles plus égalitaires, plus solidaires, plus humaines.</strong><br /><br />Comme le précise la rédactrice en chef Sabine Panet «le capitalisme a une histoire ; et s’il a un début, il peut avoir une fin. Cette fin est urgente, qu’elle soit radicale ou qu’elle se fasse par transformations successives». Vu de Belgique, tous les espoirs sont donc permis et les lendemains devraient chanter un jour ou l’autre. Si le lien entre patriarcat et capitalisme ne date pas d’hier, les féministes en ont fait leur bête noire depuis les années 60. Pour elles, la domination masculine s’exerce notamment par le biais du système capitaliste qui lamine les femmes. C’est encore plus criant depuis la crise financière de 2008. Le magazine <em>axelle</em> s’attaque aux racines du mâle en dénonçant les politiques d’austérité qui affectent d’abord les personnes les plus pauvres, les retraité-e-s, les handicapé-e-s, les sans-papiers… et les femmes. L’exploitation des femmes sans lesquelles le néolibéralisme ne pourrait pas prospérer est également pointé du doigt. Pour mettre un terme à ces fonctionnements inacceptables, l’idée serait de tout revoir, à commencer par le système de mesure du capitalisme et le fameux PIB. Pourquoi pas ?<br /><br />Et de tirer les enseignements des expériences de pionnières qui tracent d’autres voies à l’instar des employées de maison au Liban, des femmes de ménage du ministère des Finances en Grèce ou encore des ouvrières en France qui se battent contre la fermeture de leurs usines. Dans ce hors-série, l’ancienne rédactrice en chef Andrée-Marie Dussault signe un excellent papier sur son sujet de prédilection, les Indiennes, dans lequel elle raconte comment une banque créée par les femmes et faite pour elles a permis depuis quarante ans d’offrir des services financiers et des formations aux plus défavorisées. L’espoir vient aussi des luttes écoféministes pour une justice climatique et sociale. Des initiatives émancipatrices et innovantes surgissent dans le monde entier portant au pouvoir des femmes issues des mouvements citoyen-ne-s comme en Espagne, preuve que tout cela n’est pas que pure utopie.<br /><br />Alors cet été sur la plage, n’oubliez pas votre exemplaire d’<em>axelle</em>. Et si vous carburez au numérique, les articles sont disponibles en ligne sur leur<a href="http://www.viefeminine.be/spip.php?rubrique524"><span style="text-decoration: underline;"> site</span></a> jusqu’au 31 août. A lire d’urgence.</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/ax%20HS%20couv.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le magazine belge <em>axelle</em> sort un hors-série très complet intitulé «Elles comptent !» dans lequel le système capitaliste et ses effets nocifs sur les femmes sont décortiqués. Surtout, les alternatives féministes qui se mettent en place tout autour de la planète rappellent que d’autres voies sont possibles plus égalitaires, plus solidaires, plus humaines.</strong><br /><br />Comme le précise la rédactrice en chef Sabine Panet «le capitalisme a une histoire ; et s’il a un début, il peut avoir une fin. Cette fin est urgente, qu’elle soit radicale ou qu’elle se fasse par transformations successives». Vu de Belgique, tous les espoirs sont donc permis et les lendemains devraient chanter un jour ou l’autre. Si le lien entre patriarcat et capitalisme ne date pas d’hier, les féministes en ont fait leur bête noire depuis les années 60. Pour elles, la domination masculine s’exerce notamment par le biais du système capitaliste qui lamine les femmes. C’est encore plus criant depuis la crise financière de 2008. Le magazine <em>axelle</em> s’attaque aux racines du mâle en dénonçant les politiques d’austérité qui affectent d’abord les personnes les plus pauvres, les retraité-e-s, les handicapé-e-s, les sans-papiers… et les femmes. L’exploitation des femmes sans lesquelles le néolibéralisme ne pourrait pas prospérer est également pointé du doigt. Pour mettre un terme à ces fonctionnements inacceptables, l’idée serait de tout revoir, à commencer par le système de mesure du capitalisme et le fameux PIB. Pourquoi pas ?<br /><br />Et de tirer les enseignements des expériences de pionnières qui tracent d’autres voies à l’instar des employées de maison au Liban, des femmes de ménage du ministère des Finances en Grèce ou encore des ouvrières en France qui se battent contre la fermeture de leurs usines. Dans ce hors-série, l’ancienne rédactrice en chef Andrée-Marie Dussault signe un excellent papier sur son sujet de prédilection, les Indiennes, dans lequel elle raconte comment une banque créée par les femmes et faite pour elles a permis depuis quarante ans d’offrir des services financiers et des formations aux plus défavorisées. L’espoir vient aussi des luttes écoféministes pour une justice climatique et sociale. Des initiatives émancipatrices et innovantes surgissent dans le monde entier portant au pouvoir des femmes issues des mouvements citoyen-ne-s comme en Espagne, preuve que tout cela n’est pas que pure utopie.<br /><br />Alors cet été sur la plage, n’oubliez pas votre exemplaire d’<em>axelle</em>. Et si vous carburez au numérique, les articles sont disponibles en ligne sur leur<a href="http://www.viefeminine.be/spip.php?rubrique524"><span style="text-decoration: underline;"> site</span></a> jusqu’au 31 août. A lire d’urgence.</p> Guillaume Tell sifflé à Londres 2015-07-01T07:59:58+00:00 2015-07-01T07:59:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/745-guillaume-tell-siffle-a-londres Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/guillaume%20tell.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>La scène de viol lors de la première de l’opéra de Rossini à Covent Garden a provoqué lundi soir de vives réactions parmi le public. Si la direction du Royal Opera House tente depuis de minimiser l’incident et de calmer les esprits, le metteur en scène refuse de modifier quoi que ce soit à sa création.</strong><br /><br />Ce n’était certes pas dans l’œuvre originale imaginée par Rossini en 1829 mais c’est ce qu’a voulu le metteur en scène italien Damiano Michieletto qui souhaitait révéler la vérité sur ce qu’avaient vécu les femmes suisses au contact des armées autrichiennes. En ajoutant cette scène de viol à la production, il est persuadé qu’il colle à la réalité historique. L’actrice qui ne fait pas partie de la troupe des chanteurs-euses est donc agressée sur scène par le groupe d’officiers autrichiens. <br /><br />Après les huées et les sifflets, si certains des chanteurs-euses ont été les premier-e-s surpris-e-s, ils ont à leur tour réagi. Le tenor John Osborn qui joue Guillaume Tell estime pour sa part que «la scène était peut-être un peu plus longue qu’elle n’aurait dû mais c’est arrivé et je pense que c’est un élément qu’il faut utiliser pour montrer à quel point ces gens (les militaires autrichiens, ndlr) ont été horribles lorsqu’ils ont occupé la ville». Pour le public et la critique, cette scène est inutile et constitue de la violence gratuite. Les réseaux sociaux se sont d’ores et déjà emparés du sujet et ne tarissent pas sur la pauvreté créative de la représentation.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="en" dir="ltr">ROH Guillaume Tell: Chandelier. Camp Gesler... and a revolve that goes BOTH WAYS! Plus a gang rape scene in the ballet - enormous booing.</p> — Mark Pullinger (@larkingrumple) <a href="https://twitter.com/larkingrumple/status/615634334528184320">29 Juin 2015</a></blockquote> <p>Pas de rappel donc pour Damiano Michieletto qui déclare à ses détracteurs-trices : «Si vous ne supportez pas de voir la brutalité, la souffrance que ces gens ont dû subir, si vous voulez la cacher, tout devient lisse, ça s’adresse alors aux enfants». Ses fans arguent qu’on voit bien pire à la télé. Ah bon alors tout va bien dans le meilleur des mondes !<br /><br /></p> <p> Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/guillaume%20tell.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>La scène de viol lors de la première de l’opéra de Rossini à Covent Garden a provoqué lundi soir de vives réactions parmi le public. Si la direction du Royal Opera House tente depuis de minimiser l’incident et de calmer les esprits, le metteur en scène refuse de modifier quoi que ce soit à sa création.</strong><br /><br />Ce n’était certes pas dans l’œuvre originale imaginée par Rossini en 1829 mais c’est ce qu’a voulu le metteur en scène italien Damiano Michieletto qui souhaitait révéler la vérité sur ce qu’avaient vécu les femmes suisses au contact des armées autrichiennes. En ajoutant cette scène de viol à la production, il est persuadé qu’il colle à la réalité historique. L’actrice qui ne fait pas partie de la troupe des chanteurs-euses est donc agressée sur scène par le groupe d’officiers autrichiens. <br /><br />Après les huées et les sifflets, si certains des chanteurs-euses ont été les premier-e-s surpris-e-s, ils ont à leur tour réagi. Le tenor John Osborn qui joue Guillaume Tell estime pour sa part que «la scène était peut-être un peu plus longue qu’elle n’aurait dû mais c’est arrivé et je pense que c’est un élément qu’il faut utiliser pour montrer à quel point ces gens (les militaires autrichiens, ndlr) ont été horribles lorsqu’ils ont occupé la ville». Pour le public et la critique, cette scène est inutile et constitue de la violence gratuite. Les réseaux sociaux se sont d’ores et déjà emparés du sujet et ne tarissent pas sur la pauvreté créative de la représentation.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="en" dir="ltr">ROH Guillaume Tell: Chandelier. Camp Gesler... and a revolve that goes BOTH WAYS! Plus a gang rape scene in the ballet - enormous booing.</p> — Mark Pullinger (@larkingrumple) <a href="https://twitter.com/larkingrumple/status/615634334528184320">29 Juin 2015</a></blockquote> <p>Pas de rappel donc pour Damiano Michieletto qui déclare à ses détracteurs-trices : «Si vous ne supportez pas de voir la brutalité, la souffrance que ces gens ont dû subir, si vous voulez la cacher, tout devient lisse, ça s’adresse alors aux enfants». Ses fans arguent qu’on voit bien pire à la télé. Ah bon alors tout va bien dans le meilleur des mondes !<br /><br /></p> <p> Photo DR</p> Un gag, selon Rémi Gaillard 2015-06-18T03:39:43+00:00 2015-06-18T03:39:43+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/739-un-gag-selon-remi-gaillard Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Remi%20Gallard.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Rémi Gaillard n’en est pas à son coup d’essai. Dans sa dernière vidéo intitulée <em>Dog </em>vue plus de 3.5 millions de fois, il atteint des sommets en mimant une agression sexuelle ce qui a fait monter au créneau les féministes. Depuis le débat enflamme la Toile.</strong><br /><br />Postée vendredi dernier sur YouTube, la vidéo de sept secondes montre l’humoriste déguisé en chien au meilleur de sa forme. Pour soi-disant dénoncer l’abandon des animaux en été, il se comporte comme un chien Filmé en caméra cachée, il apporte un bâton à un golfeur, interrompt des joueurs de frisbee et simule un acte sexuel avec une femme allongée sur la plage.<br />Pour de nombreuses féministes qui ont réagi à la publication de la vidéo, mimer un acte sexuel en touchant le corps d’une femme par surprise, constitue une agression sexuelle. En droit français, «constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise». Et dans ce cas, il n’y a pas besoin d’une plainte de la victime pour ouvrir une enquête. Sauf que les condamnations sont rares, parce qu’il faut prouver que l’agresseur avait l’intention d’agresser.</p> <p>Ce que montre cette vidéo lamentable c’est que mimer une levrette sur une inconnue passe pour un gag. Et s’il est manifeste que les hommes et les femmes réagissent différemment face au pseudo humoriste, c’est sans doute qu’ils/elles ne se sentent pas menacé-e-s de la même manière. Si les gags face aux hommes sont plutôt ludiques, ceux face aux femmes sont à connotation sexuelle. Dans notre société, les filles sont éduquées dans la culture du viol, dans la peur d’être agressées. Pourquoi ? La banalisation des représentations des agressions sexuelles à l’instar des gags de Rémi Gaillard ne fait que renforcer cette peur. C’est rappeler aux femmes qu’elles sont vulnérables, qu’elles sont des proies offertes et consommables, peu importe leur consentement. <br /><br />La journaliste Audrey Pulvar a habilement réa tandis que "l’humoriste" tentait de se défendre en disant que «la vidéo <em>Dog</em> provoque un tollé dans certaines presses ou je suis accusé de 'banaliser les agressions sexuelles' (Le message contre la maltraitance des animaux étant complètement esquivé). Je suis désolé car ce n'est pas le but et je ne veux pas rentrer dans la polémique en répondant, notamment, aux nouvelles insultes d'Audrey Pulvar». Selon lui, «les gens intelligents connaissent la vraie version de l'histoire. Mon message est détourné par les féministes pour faire parler d'elles».</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="fr" dir="ltr"><a href="https://twitter.com/AudreyPulvar">@AudreyPulvar</a>: Les cons, ça ose tout. Alors les sombres connards.... <a href="https://twitter.com/hashtag/tributetoAudiard?src=hash">#tributetoAudiard</a> <a href="https://t.co/s3ybNkGzsk">https://t.co/s3ybNkGzsk</a></p> — Audrey PULVAR (@AudreyPulvar) <a href="https://twitter.com/AudreyPulvar/status/610752920661962752">16 Juin 2015</a></blockquote> <p><br />On se souvient de sa vidéo <em>Free Sex</em> sur laquelle il simule, en jouant sur la perspective, des actes sexuels sur des gens, principalement des femmes, qui avait déjà créé la polémique. Celui dont la devise se résume à «c’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui» est définitivement raccord avec son personnage.</p> <p> </p> <p>Photo © Capture d'écran YouTube/ Rémi Gaillard</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Remi%20Gallard.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Rémi Gaillard n’en est pas à son coup d’essai. Dans sa dernière vidéo intitulée <em>Dog </em>vue plus de 3.5 millions de fois, il atteint des sommets en mimant une agression sexuelle ce qui a fait monter au créneau les féministes. Depuis le débat enflamme la Toile.</strong><br /><br />Postée vendredi dernier sur YouTube, la vidéo de sept secondes montre l’humoriste déguisé en chien au meilleur de sa forme. Pour soi-disant dénoncer l’abandon des animaux en été, il se comporte comme un chien Filmé en caméra cachée, il apporte un bâton à un golfeur, interrompt des joueurs de frisbee et simule un acte sexuel avec une femme allongée sur la plage.<br />Pour de nombreuses féministes qui ont réagi à la publication de la vidéo, mimer un acte sexuel en touchant le corps d’une femme par surprise, constitue une agression sexuelle. En droit français, «constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise». Et dans ce cas, il n’y a pas besoin d’une plainte de la victime pour ouvrir une enquête. Sauf que les condamnations sont rares, parce qu’il faut prouver que l’agresseur avait l’intention d’agresser.</p> <p>Ce que montre cette vidéo lamentable c’est que mimer une levrette sur une inconnue passe pour un gag. Et s’il est manifeste que les hommes et les femmes réagissent différemment face au pseudo humoriste, c’est sans doute qu’ils/elles ne se sentent pas menacé-e-s de la même manière. Si les gags face aux hommes sont plutôt ludiques, ceux face aux femmes sont à connotation sexuelle. Dans notre société, les filles sont éduquées dans la culture du viol, dans la peur d’être agressées. Pourquoi ? La banalisation des représentations des agressions sexuelles à l’instar des gags de Rémi Gaillard ne fait que renforcer cette peur. C’est rappeler aux femmes qu’elles sont vulnérables, qu’elles sont des proies offertes et consommables, peu importe leur consentement. <br /><br />La journaliste Audrey Pulvar a habilement réa tandis que "l’humoriste" tentait de se défendre en disant que «la vidéo <em>Dog</em> provoque un tollé dans certaines presses ou je suis accusé de 'banaliser les agressions sexuelles' (Le message contre la maltraitance des animaux étant complètement esquivé). Je suis désolé car ce n'est pas le but et je ne veux pas rentrer dans la polémique en répondant, notamment, aux nouvelles insultes d'Audrey Pulvar». Selon lui, «les gens intelligents connaissent la vraie version de l'histoire. Mon message est détourné par les féministes pour faire parler d'elles».</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="fr" dir="ltr"><a href="https://twitter.com/AudreyPulvar">@AudreyPulvar</a>: Les cons, ça ose tout. Alors les sombres connards.... <a href="https://twitter.com/hashtag/tributetoAudiard?src=hash">#tributetoAudiard</a> <a href="https://t.co/s3ybNkGzsk">https://t.co/s3ybNkGzsk</a></p> — Audrey PULVAR (@AudreyPulvar) <a href="https://twitter.com/AudreyPulvar/status/610752920661962752">16 Juin 2015</a></blockquote> <p><br />On se souvient de sa vidéo <em>Free Sex</em> sur laquelle il simule, en jouant sur la perspective, des actes sexuels sur des gens, principalement des femmes, qui avait déjà créé la polémique. Celui dont la devise se résume à «c’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui» est définitivement raccord avec son personnage.</p> <p> </p> <p>Photo © Capture d'écran YouTube/ Rémi Gaillard</p> Deux indignées aux commandes 2015-06-15T08:40:01+00:00 2015-06-15T08:40:01+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/737-deux-indignees-aux-commandes Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/colau%20carmona.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Les deux premières villes d’Espagne vont être désormais dirigées par deux femmes issues du mouvement citoyen des Indigné-e-s. Manuela Carmena à Madrid et Ada Colau à Barcelone ont été investies samedi dernier dans leur mairie respective en présence d’une foule énorme. Gangrénée par les affaires de corruption et les scandales politiques à répétition, l’Espagne souffre d'une absence de perspectives et cherche de nouvelles voies/voix. En remportant les municipales, ces militantes hors parti ont-elles réussi à rétablir un début de confiance entre le peuple et les dirigeant-e-s ? Le fait qu’elles soient des femmes a-t-il joué en leur faveur ? Toujours est-il que l’une comme l’autre cristallise les espoirs d’une population laissée à l’abandon. Leur discours d’investiture témoigne du changement de ton et les programmes annoncés se font l’écho de ces attentes.</strong><br /><br />Devant le Palais de Cibeles à Madrid, c’est la liesse des lendemains qui chantent. Manuela Carmena s’est frayée un chemin parmi ses sympathisant-e-s qui scandaient «Si, se puede», le cri de ralliement des Indigné-e-s, pour se rendre dans la salle du Conseil. Après le vote, c’est le soulagement pour l’ex-juge de 71 ans, de la liste «Ahora Madrid» rassemblant Equo (écologistes), Izquierda unida (écolo-communiste) et Ganemos Madrid qui vient d’obtenir la majorité absolue des 57 conseillers: 29 élus l’ont choisie pour diriger la capitale espagnole aux mains de la droite depuis 1990. Et si le Parti Populaire est arrivé en tête des municipales avec 44 000 voix d’avance sur Ahora Madrid, le Parti socialiste a décidé de la soutenir pour enfin rompre avec l’austérité qui a laissé une ville exsangue. Dans son discours d’investiture, Manuela Carmena rappelle que «Nous sommes au service des citoyens de Madrid. Nous voulons gouverner en les écoutant». Pour la maire, il faut agir au plus vite sur les problématiques citoyennes : emploi, logement, culture, sécurité sociale, anti-corruption, participation. Ses toutes premières mesures s’adresseront aux enfants défavorisés, pour leur garantir deux repas par jour et aux personnes menacées d’expulsion de leurs logements.<br /><br />Pendant ce temps, à Barcelone, une foule toute aussi dense, rassemblée sur la Plaça San Jaume, a accompagné Ada Colau vers sa future destinée. Les banderoles «Si se puede» ou «Que sí nos representan» en castillan ou l’immense drapeau républicain marquent un changement de priorité dans une ville accaparée ces dernières années par les nationalistes catalans. Dans une ville où un tiers de la population est frappée d’exclusion sociale, l’urgence est aujourd’hui l’emploi, le logement, les soins, l’éducation et moins le séparatisme. Ce samedi, la mairie de Barcelone investissait pour la première fois une femme à sa tête. L’activiste de 41 ans qui menait la liste citoyenne, Barcelona en Comú, va gouverner avec la majorité absolue grâce à l’appui des autres partis de gauche, communistes et socialistes notamment. Et si dans son discours d’investiture, la nouvelle maire a exprimé sa gratitude à son électorat pour avoir «rendu l’impossible possible», elle reconnaît que «tout ne sera pas facile», mais que les gens ont «voté pour le changement» et que dès lors elle s’engage dans cette voie. Après avoir annoncé la mesure symbolique d’une réduction drastique du salaire qu’elle touchera (40 000 euros annuels contre les 112 000 de son prédécesseur nationaliste conservateur Xavier Trias), elle a présenté un programme pour lutter contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. Autre signe révélateur du changement, les seul-e-s responsables à avoir décliné l’invitation à l’acte constitutionnel furent la déléguée du gouvernement en Catalogne, Llanos de Luna, et le cardinal archévêque de Barcelone, Lluís Martínez Sistach.<br /><br />Le week-end est passé, les conservateurs ont recouvré leurs esprits et ont commencé à tirer à boulets rouges sur les deux dirigeantes. A Madrid, Manuela Carmena qui avait essuyé une salve de sa rivale du PP Esperanza Aguirre dès son investiture, doit se prononcer aujourd’hui sur l’exclusion de Guillermo Zapata, un de ses conseillers nommé à la Culture dont des tweets antisémites de 2011 ont brusquement refait surface. L’état de grâce risque d’être de courte durée pour les deux femmes, par contre le baptême du feu, c’est maintenant.</p> <p> </p> <p>Photo © Ada Colau/Manuela Carmena</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/colau%20carmona.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Les deux premières villes d’Espagne vont être désormais dirigées par deux femmes issues du mouvement citoyen des Indigné-e-s. Manuela Carmena à Madrid et Ada Colau à Barcelone ont été investies samedi dernier dans leur mairie respective en présence d’une foule énorme. Gangrénée par les affaires de corruption et les scandales politiques à répétition, l’Espagne souffre d'une absence de perspectives et cherche de nouvelles voies/voix. En remportant les municipales, ces militantes hors parti ont-elles réussi à rétablir un début de confiance entre le peuple et les dirigeant-e-s ? Le fait qu’elles soient des femmes a-t-il joué en leur faveur ? Toujours est-il que l’une comme l’autre cristallise les espoirs d’une population laissée à l’abandon. Leur discours d’investiture témoigne du changement de ton et les programmes annoncés se font l’écho de ces attentes.</strong><br /><br />Devant le Palais de Cibeles à Madrid, c’est la liesse des lendemains qui chantent. Manuela Carmena s’est frayée un chemin parmi ses sympathisant-e-s qui scandaient «Si, se puede», le cri de ralliement des Indigné-e-s, pour se rendre dans la salle du Conseil. Après le vote, c’est le soulagement pour l’ex-juge de 71 ans, de la liste «Ahora Madrid» rassemblant Equo (écologistes), Izquierda unida (écolo-communiste) et Ganemos Madrid qui vient d’obtenir la majorité absolue des 57 conseillers: 29 élus l’ont choisie pour diriger la capitale espagnole aux mains de la droite depuis 1990. Et si le Parti Populaire est arrivé en tête des municipales avec 44 000 voix d’avance sur Ahora Madrid, le Parti socialiste a décidé de la soutenir pour enfin rompre avec l’austérité qui a laissé une ville exsangue. Dans son discours d’investiture, Manuela Carmena rappelle que «Nous sommes au service des citoyens de Madrid. Nous voulons gouverner en les écoutant». Pour la maire, il faut agir au plus vite sur les problématiques citoyennes : emploi, logement, culture, sécurité sociale, anti-corruption, participation. Ses toutes premières mesures s’adresseront aux enfants défavorisés, pour leur garantir deux repas par jour et aux personnes menacées d’expulsion de leurs logements.<br /><br />Pendant ce temps, à Barcelone, une foule toute aussi dense, rassemblée sur la Plaça San Jaume, a accompagné Ada Colau vers sa future destinée. Les banderoles «Si se puede» ou «Que sí nos representan» en castillan ou l’immense drapeau républicain marquent un changement de priorité dans une ville accaparée ces dernières années par les nationalistes catalans. Dans une ville où un tiers de la population est frappée d’exclusion sociale, l’urgence est aujourd’hui l’emploi, le logement, les soins, l’éducation et moins le séparatisme. Ce samedi, la mairie de Barcelone investissait pour la première fois une femme à sa tête. L’activiste de 41 ans qui menait la liste citoyenne, Barcelona en Comú, va gouverner avec la majorité absolue grâce à l’appui des autres partis de gauche, communistes et socialistes notamment. Et si dans son discours d’investiture, la nouvelle maire a exprimé sa gratitude à son électorat pour avoir «rendu l’impossible possible», elle reconnaît que «tout ne sera pas facile», mais que les gens ont «voté pour le changement» et que dès lors elle s’engage dans cette voie. Après avoir annoncé la mesure symbolique d’une réduction drastique du salaire qu’elle touchera (40 000 euros annuels contre les 112 000 de son prédécesseur nationaliste conservateur Xavier Trias), elle a présenté un programme pour lutter contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. Autre signe révélateur du changement, les seul-e-s responsables à avoir décliné l’invitation à l’acte constitutionnel furent la déléguée du gouvernement en Catalogne, Llanos de Luna, et le cardinal archévêque de Barcelone, Lluís Martínez Sistach.<br /><br />Le week-end est passé, les conservateurs ont recouvré leurs esprits et ont commencé à tirer à boulets rouges sur les deux dirigeantes. A Madrid, Manuela Carmena qui avait essuyé une salve de sa rivale du PP Esperanza Aguirre dès son investiture, doit se prononcer aujourd’hui sur l’exclusion de Guillermo Zapata, un de ses conseillers nommé à la Culture dont des tweets antisémites de 2011 ont brusquement refait surface. L’état de grâce risque d’être de courte durée pour les deux femmes, par contre le baptême du feu, c’est maintenant.</p> <p> </p> <p>Photo © Ada Colau/Manuela Carmena</p> Le vagin de la reine 2015-06-08T08:57:46+00:00 2015-06-08T08:57:46+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/735-le-vagin-de-la-reine Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/images.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Avant même son installation dans les jardins du château de Versailles, l’œuvre d’Anish Kapoor intitulée <em>Dirty Corner</em> fait polémique dans les milieux identitaires et ultra-catholiques. Cette sculpture monumentale constituée d’un tunnel en acier rouillé serait selon l’une des interprétations donnée par l’artiste lui-même «le vagin de la reine qui prend le pouvoir». Une œuvre politique donc… </strong><br /><br />Le sculpteur anglo-indien avait tout d’abord expliqué que l’objet était «semblable à un corps gisant sur le sol avec les jambes ouvertes, dont on ne sait pas s’il est un objet masculin ou féminin. Avec un vaste orifice intérieur, comme une oreille ou un vagin, on ne sait pas, au juste. Un long tuyau qui pourrait être masculin, un phallus/vagin». Il avait par la suite précisé sa pensée disant faire dialoguer comme une brusque évidence l’histoire des lieux et la puissance de l’œuvre. Il le rappelle dans une interview accordée au JDD, «poser des objets de-ci de-là ne sert à rien. J'ai eu l'idée de bouleverser l'équilibre et d'inviter le chaos». On peut dire que sur ce point c’est réussi.<br /><br />Pour la présidente du parti chrétien démocrate, Christine Boutin, c’est une insulte à Marie-Antoinette.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="fr" dir="ltr"><a href="https://twitter.com/hashtag/Versailles?src=hash">#Versailles</a>: le nom <a href="https://twitter.com/hashtag/LeVaginDeLaReine?src=hash">#LeVaginDeLaReine</a> donné à la sculpture réifie les femmes (encore) et insulte <a href="https://twitter.com/hashtag/MarieAntoinette?src=hash">#MarieAntoinette</a>.Provocation obsessionnelle</p> — christine Boutinن (@christineboutin) <a href="https://twitter.com/christineboutin/status/606200648720367617">3 Juin 2015</a></blockquote> <p><span style="font-size: 10px;">Quant à l’extrême-droite, FN et identitaires confondus, ses adeptes estiment que Versailles est un sanctuaire national, symbole de la monarchie du droit divin que l’art contemporain forcément vulgaire ne peut en aucun cas «souiller». Et même si la Révolution française est passée par là, il semble que l’épisode ne soit toujours pas digéré pour ces nostalgiques. Déboulonner, plus de 200 ans après, un personnage telle que la dernière reine de France serait-il sacrilège ? Kapoor ne pose-t-il pas la question de l’ambiguïté de ces êtres qui tiraient leur pouvoir et leurs privilèges du droit divin et qui dans le même temps restaient terriblement humains ? Le corps sacré et les corps sexué et sexuel de la reine cohabitaient bel et bien. Les fêtes de la cour en constituèrent le point d’orgue au même titre que celui de rupture avec le peuple.</span></p> <p>La provocation réside surtout dans le fait que l’œuvre qui serait le sexe de la reine, donc un sexe féminin, soit représenté. D’ordinaire caché, il est ici largement exposé. Les œuvres phalliques sont moins controversées, parce que la société construite par les hommes n’y trouve rien à redire. Les formes de virilité en accord avec le pouvoir sont au contraire valorisées. Pour leur part, les représentations du féminin ou des minorités sexuelles restent généralement dans l’ombre.<br /><br />Les critiques à l’encontre de l’œuvre de Kapoor s’inscrivent dans une idéologie qui voudrait que rien ne bouge, que rien ne change. Cet ultra-conservatisme parie sur des identités figées à tout jamais, qu’elles soient nationales, sexuées et sexuelles. De la même façon, en ce qui concerne toutes les frontières, rien n’entre et rien ne sort. Or la réalité est tout autre. Le monde d’aujourd’hui est global, les identités sont multiples et mouvantes, rien n’est fixe, rien n’est définitif, tout est incertain, comme les objets d’Anish Kapoor.</p> <p>Photo, <em>Dirty Corner à Versailles</em></p> <p><img src="images/ailleurs/images.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Avant même son installation dans les jardins du château de Versailles, l’œuvre d’Anish Kapoor intitulée <em>Dirty Corner</em> fait polémique dans les milieux identitaires et ultra-catholiques. Cette sculpture monumentale constituée d’un tunnel en acier rouillé serait selon l’une des interprétations donnée par l’artiste lui-même «le vagin de la reine qui prend le pouvoir». Une œuvre politique donc… </strong><br /><br />Le sculpteur anglo-indien avait tout d’abord expliqué que l’objet était «semblable à un corps gisant sur le sol avec les jambes ouvertes, dont on ne sait pas s’il est un objet masculin ou féminin. Avec un vaste orifice intérieur, comme une oreille ou un vagin, on ne sait pas, au juste. Un long tuyau qui pourrait être masculin, un phallus/vagin». Il avait par la suite précisé sa pensée disant faire dialoguer comme une brusque évidence l’histoire des lieux et la puissance de l’œuvre. Il le rappelle dans une interview accordée au JDD, «poser des objets de-ci de-là ne sert à rien. J'ai eu l'idée de bouleverser l'équilibre et d'inviter le chaos». On peut dire que sur ce point c’est réussi.<br /><br />Pour la présidente du parti chrétien démocrate, Christine Boutin, c’est une insulte à Marie-Antoinette.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="fr" dir="ltr"><a href="https://twitter.com/hashtag/Versailles?src=hash">#Versailles</a>: le nom <a href="https://twitter.com/hashtag/LeVaginDeLaReine?src=hash">#LeVaginDeLaReine</a> donné à la sculpture réifie les femmes (encore) et insulte <a href="https://twitter.com/hashtag/MarieAntoinette?src=hash">#MarieAntoinette</a>.Provocation obsessionnelle</p> — christine Boutinن (@christineboutin) <a href="https://twitter.com/christineboutin/status/606200648720367617">3 Juin 2015</a></blockquote> <p><span style="font-size: 10px;">Quant à l’extrême-droite, FN et identitaires confondus, ses adeptes estiment que Versailles est un sanctuaire national, symbole de la monarchie du droit divin que l’art contemporain forcément vulgaire ne peut en aucun cas «souiller». Et même si la Révolution française est passée par là, il semble que l’épisode ne soit toujours pas digéré pour ces nostalgiques. Déboulonner, plus de 200 ans après, un personnage telle que la dernière reine de France serait-il sacrilège ? Kapoor ne pose-t-il pas la question de l’ambiguïté de ces êtres qui tiraient leur pouvoir et leurs privilèges du droit divin et qui dans le même temps restaient terriblement humains ? Le corps sacré et les corps sexué et sexuel de la reine cohabitaient bel et bien. Les fêtes de la cour en constituèrent le point d’orgue au même titre que celui de rupture avec le peuple.</span></p> <p>La provocation réside surtout dans le fait que l’œuvre qui serait le sexe de la reine, donc un sexe féminin, soit représenté. D’ordinaire caché, il est ici largement exposé. Les œuvres phalliques sont moins controversées, parce que la société construite par les hommes n’y trouve rien à redire. Les formes de virilité en accord avec le pouvoir sont au contraire valorisées. Pour leur part, les représentations du féminin ou des minorités sexuelles restent généralement dans l’ombre.<br /><br />Les critiques à l’encontre de l’œuvre de Kapoor s’inscrivent dans une idéologie qui voudrait que rien ne bouge, que rien ne change. Cet ultra-conservatisme parie sur des identités figées à tout jamais, qu’elles soient nationales, sexuées et sexuelles. De la même façon, en ce qui concerne toutes les frontières, rien n’entre et rien ne sort. Or la réalité est tout autre. Le monde d’aujourd’hui est global, les identités sont multiples et mouvantes, rien n’est fixe, rien n’est définitif, tout est incertain, comme les objets d’Anish Kapoor.</p> <p>Photo, <em>Dirty Corner à Versailles</em></p> Le viol, crime d'Etat 2015-05-20T04:04:39+00:00 2015-05-20T04:04:39+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/727-le-viol-comme-crime-detat Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/arton17671-c6bdf.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Publié hier, un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dont le siège est à Paris, dénonce les violences sexuelles érigées en instrument répressif systématique par les autorités égyptiennes contre les opposants politiques. Depuis la prise du pouvoir par les militaires en juillet 2013, ces actes se sont multipliés. Basé sur des dizaines de témoignages reproduits en partie dans ses pages, ce document accablant pointe l’hypocrisie du régime qui prétend agir contre le harcèlement et les violences faites aux femmes. Le rapport indique que la répression vise les personnes LGBT, les membres de Frères musulmans, les étudiant-e-s et… les enfants.</strong><br /><br />En introduction, la FIDH explique avoir «documenté des actes de harcèlement sexuel, des viols dont des viols avec insertion d’objets, «tests de virginité» anale et vaginale, électrocution des parties génitales, pratiques diffamatoires et chantage à caractère sexuel perpétrés par les forces de police, de sécurité et militaires. Ces agressions participent d’une politique qui a pour but d’éliminer les manifestations de rue tout en légitimant les autorités comme gardiennes de l’ordre moral». Entre 2011 et 2014, l’ONG avait déjà publié des témoignages concernant les agressions sexuelles commises contre des femmes dans la sphère publique, allant des viols collectifs perpétrés par des civils lors des manifestations autour de la place Tahrir au harcèlement sexuel quotidien dans les rues, les transports publics et sur les lieux de travail. Le présent rapport est publié sur la base d’un travail effectué à la fin de l’année 2014 en Egypte auprès des associations de défense des droits humains, des avocats et des victimes.<br /><br /><strong>Signes extérieurs</strong></p> <p>Si les violences sexuelles sont devenues un élément central de la répression contre les opposant-e-s et la société civile et si elles ont augmenté de façon dramatique, cela s’explique en grande partie par l’impunité croissante garantie à la police. La FIDH précise qu’«à cet égard, la baisse relative du nombre de cas d’agressions sexuelles et de viols collectifs depuis le début du mandat d’el-Sissi s’explique davantage par l’interdiction pure et simple des manifestations que par le succès des quelques mesures symboliques adoptées pour lutter contre les violences sexuelles». La répression collective touche de larges pans de la population égyptienne et les arrestations arbitraires se multiplient, «de plus en plus motivées par le seul port de signes extérieurs (habits, voile, barbe, coupe de cheveux) interprétés comme des signes d’appartenance au courant islamiste, au courant révolutionnaire où à la communauté LGBT. Le port du voile intégral (niqab, <em>ndlr)</em>, du Khimar (voile couvrant le front et la poitrine, <em>ndlr</em>), de tee shirts marqués «Non à la torture», de keffiehs siglés <em>25 janvier</em> (date du début de la révolution, <em>ndlr</em>), de pantalons ou de tee-shirts slims pour les hommes, une attitude perçue comme efféminée».<br /><br /><strong>Femmes ciblées</strong></p> <p>Comme le rappelle le rapport, les femmes sont particulièrement visées par cette dérive sécuritaire parce qu’elles sont à la fois les garantes et les premières à porter le fardeau des identités collectives. Celles qui portent le niqab et le khimar ou des voiles de style syrien (perçus comme des signes de sympathie pour le courant islamiste) ont été visées par les partisans du général el-Sissi tandis que les femmes non voilées, perçues comme des chrétiennes, ont été menacées par les islamistes, notamment dans le sud de l’Égypte. Elles ont été l’objet de représailles, d’enlèvements, d’arrestations arbitraires, de brutalité policière. Au cours de ces arrestations, le viol est commis de manière systématique.<br /><br /></p> <p><strong>Le sort des enfants</strong></p> <p>Quant aux mineurs, selon deux ONG de défense des droits humains, au moins 570 enfants ont été arrêtés sur des motifs politiques depuis juillet 2013. Ces organisations précisent que ce chiffre est inférieur au nombre réel car dans beaucoup de cas, l’âge de ces détenus n’est pas indiqué dans les registres, ou falsifié par la police. Au mois d’août 2014, trois témoignages diffusés par la journaliste Mona Salman sur la chaîne privée Dream TV ont fait état de nombreux viols commis au centre de détention d’El Eqabiya, où environ 90 mineurs sont emprisonnés avec des détenus adultes, sous la supervision d’officiers des Renseignements criminels (Al-Mabahith al-Gina’iya). «Celui qui n’est pas violé est une exception» explique un ancien employé de la prison.<br /><br /><strong>Le calvaire de la communauté LGBT</strong></p> <p>«Les arrestations massives de personnes LGBT constituent un schéma récurrent exercée par l’appareil sécuritaire égyptien depuis plusieurs années. Depuis octobre 2013, les  campagnes visant les personnes LGBT sont devenues de plus en plus fréquentes», selon la FIDH. Entre novembre 2012 et mai 2014, au moins 32 personnes ont été condamnées à des peines allant de 3 à 12 ans de prison pour «débauche» et «déviance sexuelle». En avril 2014, un homme et trois femmes transgenres ont été arrêtés après un raid de la police dans un appartement. En droit international, les lois sanctionnant les relations homosexuelles entre adultes consentants violent les droits à la non-discrimination et à la vie privée. Lors de ces arrestations, la police autorisant les journalistes à filmer et à interroger les accusés sans leur consentement, certains médias allant jusqu’à révéler les noms complets des personnes arrêtées. La responsable d’une ONG locale explique que «la couverture médiatique de ces affaires est tellement uniforme qu’elle accrédite la thèse d’une campagne de répression coordonnée et organisée». Ce traitement sensationnaliste, qui présente l’homosexualité comme un crime, banalise l’idée selon laquelle les personnes LGBT seraient de plus en plus nombreuses depuis la révolution, s’inscrivant dans un complot étranger contre la société égyptienne. <br /><br />Face à ces pratiques inacceptables, la FIDH demande que cessent de telles exactions. Néanmoins, El-Sissi peut encore compter sur le soutien de la population qui aspire avant tout à la stabilité politique et juge sa politique répressive comme un moindre mal face au chaos qu’a traversé le pays depuis le début de la révolution.</p> <p>Photo © FIDH<br /><br /><br /><br /> <br /><br /><br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/arton17671-c6bdf.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Publié hier, un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dont le siège est à Paris, dénonce les violences sexuelles érigées en instrument répressif systématique par les autorités égyptiennes contre les opposants politiques. Depuis la prise du pouvoir par les militaires en juillet 2013, ces actes se sont multipliés. Basé sur des dizaines de témoignages reproduits en partie dans ses pages, ce document accablant pointe l’hypocrisie du régime qui prétend agir contre le harcèlement et les violences faites aux femmes. Le rapport indique que la répression vise les personnes LGBT, les membres de Frères musulmans, les étudiant-e-s et… les enfants.</strong><br /><br />En introduction, la FIDH explique avoir «documenté des actes de harcèlement sexuel, des viols dont des viols avec insertion d’objets, «tests de virginité» anale et vaginale, électrocution des parties génitales, pratiques diffamatoires et chantage à caractère sexuel perpétrés par les forces de police, de sécurité et militaires. Ces agressions participent d’une politique qui a pour but d’éliminer les manifestations de rue tout en légitimant les autorités comme gardiennes de l’ordre moral». Entre 2011 et 2014, l’ONG avait déjà publié des témoignages concernant les agressions sexuelles commises contre des femmes dans la sphère publique, allant des viols collectifs perpétrés par des civils lors des manifestations autour de la place Tahrir au harcèlement sexuel quotidien dans les rues, les transports publics et sur les lieux de travail. Le présent rapport est publié sur la base d’un travail effectué à la fin de l’année 2014 en Egypte auprès des associations de défense des droits humains, des avocats et des victimes.<br /><br /><strong>Signes extérieurs</strong></p> <p>Si les violences sexuelles sont devenues un élément central de la répression contre les opposant-e-s et la société civile et si elles ont augmenté de façon dramatique, cela s’explique en grande partie par l’impunité croissante garantie à la police. La FIDH précise qu’«à cet égard, la baisse relative du nombre de cas d’agressions sexuelles et de viols collectifs depuis le début du mandat d’el-Sissi s’explique davantage par l’interdiction pure et simple des manifestations que par le succès des quelques mesures symboliques adoptées pour lutter contre les violences sexuelles». La répression collective touche de larges pans de la population égyptienne et les arrestations arbitraires se multiplient, «de plus en plus motivées par le seul port de signes extérieurs (habits, voile, barbe, coupe de cheveux) interprétés comme des signes d’appartenance au courant islamiste, au courant révolutionnaire où à la communauté LGBT. Le port du voile intégral (niqab, <em>ndlr)</em>, du Khimar (voile couvrant le front et la poitrine, <em>ndlr</em>), de tee shirts marqués «Non à la torture», de keffiehs siglés <em>25 janvier</em> (date du début de la révolution, <em>ndlr</em>), de pantalons ou de tee-shirts slims pour les hommes, une attitude perçue comme efféminée».<br /><br /><strong>Femmes ciblées</strong></p> <p>Comme le rappelle le rapport, les femmes sont particulièrement visées par cette dérive sécuritaire parce qu’elles sont à la fois les garantes et les premières à porter le fardeau des identités collectives. Celles qui portent le niqab et le khimar ou des voiles de style syrien (perçus comme des signes de sympathie pour le courant islamiste) ont été visées par les partisans du général el-Sissi tandis que les femmes non voilées, perçues comme des chrétiennes, ont été menacées par les islamistes, notamment dans le sud de l’Égypte. Elles ont été l’objet de représailles, d’enlèvements, d’arrestations arbitraires, de brutalité policière. Au cours de ces arrestations, le viol est commis de manière systématique.<br /><br /></p> <p><strong>Le sort des enfants</strong></p> <p>Quant aux mineurs, selon deux ONG de défense des droits humains, au moins 570 enfants ont été arrêtés sur des motifs politiques depuis juillet 2013. Ces organisations précisent que ce chiffre est inférieur au nombre réel car dans beaucoup de cas, l’âge de ces détenus n’est pas indiqué dans les registres, ou falsifié par la police. Au mois d’août 2014, trois témoignages diffusés par la journaliste Mona Salman sur la chaîne privée Dream TV ont fait état de nombreux viols commis au centre de détention d’El Eqabiya, où environ 90 mineurs sont emprisonnés avec des détenus adultes, sous la supervision d’officiers des Renseignements criminels (Al-Mabahith al-Gina’iya). «Celui qui n’est pas violé est une exception» explique un ancien employé de la prison.<br /><br /><strong>Le calvaire de la communauté LGBT</strong></p> <p>«Les arrestations massives de personnes LGBT constituent un schéma récurrent exercée par l’appareil sécuritaire égyptien depuis plusieurs années. Depuis octobre 2013, les  campagnes visant les personnes LGBT sont devenues de plus en plus fréquentes», selon la FIDH. Entre novembre 2012 et mai 2014, au moins 32 personnes ont été condamnées à des peines allant de 3 à 12 ans de prison pour «débauche» et «déviance sexuelle». En avril 2014, un homme et trois femmes transgenres ont été arrêtés après un raid de la police dans un appartement. En droit international, les lois sanctionnant les relations homosexuelles entre adultes consentants violent les droits à la non-discrimination et à la vie privée. Lors de ces arrestations, la police autorisant les journalistes à filmer et à interroger les accusés sans leur consentement, certains médias allant jusqu’à révéler les noms complets des personnes arrêtées. La responsable d’une ONG locale explique que «la couverture médiatique de ces affaires est tellement uniforme qu’elle accrédite la thèse d’une campagne de répression coordonnée et organisée». Ce traitement sensationnaliste, qui présente l’homosexualité comme un crime, banalise l’idée selon laquelle les personnes LGBT seraient de plus en plus nombreuses depuis la révolution, s’inscrivant dans un complot étranger contre la société égyptienne. <br /><br />Face à ces pratiques inacceptables, la FIDH demande que cessent de telles exactions. Néanmoins, El-Sissi peut encore compter sur le soutien de la population qui aspire avant tout à la stabilité politique et juge sa politique répressive comme un moindre mal face au chaos qu’a traversé le pays depuis le début de la révolution.</p> <p>Photo © FIDH<br /><br /><br /><br /> <br /><br /><br /><br /></p> USA: 40% des jeunes SDF sont LGBT 2015-05-07T07:17:24+00:00 2015-05-07T07:17:24+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/720-usa-40-des-jeunes-sdf-sont-lgbt Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/happy-hippie-foundation-logo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Sur 1,6 million de jeunes de 12 à 25 ans qui vivent dans la rue aux Etats-Unis, 40% sont LGBT. La situation émeut le pays et des célébrités comme Miley Cyrus, Cyndi Lauper ou Joan Jett se mobilisent.</strong><br /><br />Les jolis mois de mai-juin apportent le beau temps et les LGBT-pride, l’occasion pour le magazine étasunien <em>The Advocate</em> de publier des témoignages de jeunes dont la triste singularité a été l’expérience de la rue après leur coming-out. Certain-e-s devenu-e-s leaders dans leur communauté, à l’instar de Sassafras Lowrey et Jama Shelton, respectivement auteure et directrice du projet Forty to None du True Colors Fund reviennent sur les mécanismes d’exclusion à l’œuvre et sur les moyens d’y remédier. Cette fondation créée en 2008 par Cyndi Lauper qui, depuis l’origine, a pour but d’aider les jeunes sans abri, a décidé de mettre l’accent sur la problématique LGBT. La chanteuse, accompagnée de l’actrice Sara Ramirez, est même allée plaider la cause à la Maison Blanche. Devant une commission du Sénat, elle a délivré une plaidoirie sincère en rappelant qu’elle-même avait vécu dans la rue étant jeune. Elle veut «être une voix pour celles et ceux qui n’en ont pas». Sur le total de la population, a-t-elle souligné, environ 7% des jeunes s’identifient comme LGBT. Lorsque l’on pose la question aux jeunes sans abri, ce chiffre passe à 40%. «En bref, résume-t-elle, ces jeunes font leur coming-out et se font jeter dehors. Ou s’enfuient parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité ou pas voulu-e-s.» Face aux sénateurs-trices, elle demande «Est-ce acceptable ?».<br /><br />Depuis, sa démarche a fait des émules puisque Miley Cyrus vient à son tour de créer sa propre fondation, la Happy Hippie Foundation, pour aider les jeunes LGBT en difficulté. Face à la presse, elle raconte que le suicide de Leelah Alcorn en décembre dernier l’avait beaucoup touchée. Et comme Cyndi Lauper, elle explique que là où elle est, elle a «l’impression d’avoir beaucoup de pouvoir. Mais ce n’est pas le cas de beaucoup de jeunes. Ils et elles doivent obéir à leurs parents». Lors de sa conférence de presse, elle a interpelé les journalistes en disant  «je sais que vous allez me regarder plus si je montre mes seins, alors regardez-moi. Et je vais en profiter pour vous parler de ma fondation pendant une heure». La jeune chanteuse a embrassé de nombreuses causes, mais avoue que celle-là lui tient particulièrement à cœur. On se souvient qu’en août dernier, elle avait demandé à un jeune SDF de recevoir en son nom son trophée sur la scène des MTV Video Music Awards. Pour le lancement de sa fondation, Miley Cyrus a reçu le soutien de Joan Jett et d’Ariana Grande.</p> <p>© Instagram, Miley Cyrus, Happy Hippie Foundation.</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/happy-hippie-foundation-logo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Sur 1,6 million de jeunes de 12 à 25 ans qui vivent dans la rue aux Etats-Unis, 40% sont LGBT. La situation émeut le pays et des célébrités comme Miley Cyrus, Cyndi Lauper ou Joan Jett se mobilisent.</strong><br /><br />Les jolis mois de mai-juin apportent le beau temps et les LGBT-pride, l’occasion pour le magazine étasunien <em>The Advocate</em> de publier des témoignages de jeunes dont la triste singularité a été l’expérience de la rue après leur coming-out. Certain-e-s devenu-e-s leaders dans leur communauté, à l’instar de Sassafras Lowrey et Jama Shelton, respectivement auteure et directrice du projet Forty to None du True Colors Fund reviennent sur les mécanismes d’exclusion à l’œuvre et sur les moyens d’y remédier. Cette fondation créée en 2008 par Cyndi Lauper qui, depuis l’origine, a pour but d’aider les jeunes sans abri, a décidé de mettre l’accent sur la problématique LGBT. La chanteuse, accompagnée de l’actrice Sara Ramirez, est même allée plaider la cause à la Maison Blanche. Devant une commission du Sénat, elle a délivré une plaidoirie sincère en rappelant qu’elle-même avait vécu dans la rue étant jeune. Elle veut «être une voix pour celles et ceux qui n’en ont pas». Sur le total de la population, a-t-elle souligné, environ 7% des jeunes s’identifient comme LGBT. Lorsque l’on pose la question aux jeunes sans abri, ce chiffre passe à 40%. «En bref, résume-t-elle, ces jeunes font leur coming-out et se font jeter dehors. Ou s’enfuient parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité ou pas voulu-e-s.» Face aux sénateurs-trices, elle demande «Est-ce acceptable ?».<br /><br />Depuis, sa démarche a fait des émules puisque Miley Cyrus vient à son tour de créer sa propre fondation, la Happy Hippie Foundation, pour aider les jeunes LGBT en difficulté. Face à la presse, elle raconte que le suicide de Leelah Alcorn en décembre dernier l’avait beaucoup touchée. Et comme Cyndi Lauper, elle explique que là où elle est, elle a «l’impression d’avoir beaucoup de pouvoir. Mais ce n’est pas le cas de beaucoup de jeunes. Ils et elles doivent obéir à leurs parents». Lors de sa conférence de presse, elle a interpelé les journalistes en disant  «je sais que vous allez me regarder plus si je montre mes seins, alors regardez-moi. Et je vais en profiter pour vous parler de ma fondation pendant une heure». La jeune chanteuse a embrassé de nombreuses causes, mais avoue que celle-là lui tient particulièrement à cœur. On se souvient qu’en août dernier, elle avait demandé à un jeune SDF de recevoir en son nom son trophée sur la scène des MTV Video Music Awards. Pour le lancement de sa fondation, Miley Cyrus a reçu le soutien de Joan Jett et d’Ariana Grande.</p> <p>© Instagram, Miley Cyrus, Happy Hippie Foundation.</p> Bikinis contre sexisme 2015-04-30T08:04:52+00:00 2015-04-30T08:04:52+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/718-bikinis-contre-sexisme Hellen Williams [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/taking%20back%20the%20beach.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En réponse à l’affiche sexiste de Protein World “Are you Beach Body Ready” (Votre corps est-il prêt pour la plage?) placardée dans le métro de Londres, les activistes féministes Fiona Longmuir et Tara Costello organisent samedi à Hyde Park la manifestation “Taking back the beach” (se réapproprier la plage). Sur la <a href="https://www.facebook.com/events/1422738334699476/"><span style="text-decoration: underline;">page Facebook de l’événement</span></a>, Longmuir et Costello appellent les top modèles et les autres, tous genres confondus, à défier les normes en défilant en maillot, fièrement et joyeusement, quel que soit «l’état» de leur corps.</strong><br /><br /><br />Cette action rejoint la pétition lancée par Lottie Baring sur change.org pour que ces affiches soient enlevées, arguant du fait qu’elles ne visent qu’à vendre des «aides à la perte de poids» en dénigrant physiquement celles et ceux qui ne ressemblent pas au corps «digne de plage» figurant sur l’image. <br /><br />Si la «Beach Body» affiche fâche, c’est aussi parce qu’en plus de cibler particulièrement les femmes et perpétuer leur objectification, elle cherche à les faire se sentir inférieures aux canons irréalistes imposés par un capitalisme phallocentrique. L’affiche affaiblirait ainsi toute velléité de révolte contre les diktats des vendeurs de petits comprimés. Les internautes l’ont bien compris, réagissant à l’affiche avec une déferlante de détournements féministes, solidaires et drôles :</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="en" dir="ltr"><a href="https://twitter.com/VagendaMagazine">@VagendaMagazine</a> <a href="https://twitter.com/GidsG">@GidsG</a> also these ones! <a href="http://t.co/NnYJmCVx7u">pic.twitter.com/NnYJmCVx7u</a></p> — Ella Sackville Adjei (@ellaisahoot) <a href="https://twitter.com/ellaisahoot/status/590811964370194432">22 Avril 2015</a></blockquote> <p>Malheureusement, cette révolte n’embarrasse pas Arjun Seth, CEO de Protein World, qui confirme que la provoc paie. C’est d’ailleurs en brandissant ses excellents chiffres de vente qu’il twittait  à ses détractrices: «vos insécurités ne sont pas notre problème», et leur conseillait de «grandir un peu», comparant leur féminisme à de l’extrémisme. Surfant sur une vague nauséabonde de messages sexistes et anti-gros, Seth s’est même targué d’avoir pu accorder un bonus bien gras à toute son équipe RP grace à cette campagne. <br /><br />Ce qui n’a pas encore été relevé dans l’affaire Protein World, c’est la tendance pharmaco-marketing d’une industrie chimique visant à vouloir maintenir les femmes, en particulier, dans un état de soumission et la dépendance. A des produits, mais aussi à «plus savant» que soi, ce qui dans une société comme la nôtre, s’écrit souvent au masculin. Bref, «beach ready» selon Protein World égale je suce, et  j’avale (n’importe quoi). <br /><br />Les «aides à la perte de poids» et autres protéines sportives vantées par l’affiche polémique présentent aussi le danger de faire croire que maigre (avec des gros seins !) signifie en forme. Cet argument sert d’ailleurs de fil conducteur aux tweets en leur faveur. Protein World reproche à ses opposant-e-s d’encourager l’obésité dans un pays de gros, alors que la chroniqueuse du Sun Katie Hopkins dénonce «44'000 grosses féminazis signant des pétitions en s’empiffrant de chips». <br /><br />Or Lottie Baring, Fiona Longmuir et Tara Costello, pour ne citer qu’elles, ressemblent plutôt aux canons de beauté si prisés par la publicité. Et quand bien même ! Ces femmes jeunes, cultivées, actives se battent pour le respect de l’humain dans toute sa diversité. Interrogées sur leurs motivations, Longmuir et Costello répondent qu’il ne s’agit pas de dénigrer les fans de fitness, mais plutôt d'arrêter de laisser penser que c’est la seule façon d’être belle ou beau. <br /><br />A l’heure où les affiches polémiques s’enlèvent du bas et du haut dans le métro de Londres, soi-disant parce qu’elles sont arrivées au terme de leur contrat d’espace publicitaire, près de 70'000 personnes ont déjà signé la pétition de Lottie Baring sur change.org, pendant que des milliers de maillots préparent leur sortie londonienne pour le «Taking Back the Beach» body-positif de Longmuir et Costello. Alors tous-tes à Hyde Park, samedi 2 mai, 15h o’clock, pour un <em>vamos a la playa</em> activiste, une <em>itsy-bitsy</em> plage de liberté, où tous les corps sont permis !<br /><br /><br /><br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/taking%20back%20the%20beach.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En réponse à l’affiche sexiste de Protein World “Are you Beach Body Ready” (Votre corps est-il prêt pour la plage?) placardée dans le métro de Londres, les activistes féministes Fiona Longmuir et Tara Costello organisent samedi à Hyde Park la manifestation “Taking back the beach” (se réapproprier la plage). Sur la <a href="https://www.facebook.com/events/1422738334699476/"><span style="text-decoration: underline;">page Facebook de l’événement</span></a>, Longmuir et Costello appellent les top modèles et les autres, tous genres confondus, à défier les normes en défilant en maillot, fièrement et joyeusement, quel que soit «l’état» de leur corps.</strong><br /><br /><br />Cette action rejoint la pétition lancée par Lottie Baring sur change.org pour que ces affiches soient enlevées, arguant du fait qu’elles ne visent qu’à vendre des «aides à la perte de poids» en dénigrant physiquement celles et ceux qui ne ressemblent pas au corps «digne de plage» figurant sur l’image. <br /><br />Si la «Beach Body» affiche fâche, c’est aussi parce qu’en plus de cibler particulièrement les femmes et perpétuer leur objectification, elle cherche à les faire se sentir inférieures aux canons irréalistes imposés par un capitalisme phallocentrique. L’affiche affaiblirait ainsi toute velléité de révolte contre les diktats des vendeurs de petits comprimés. Les internautes l’ont bien compris, réagissant à l’affiche avec une déferlante de détournements féministes, solidaires et drôles :</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p lang="en" dir="ltr"><a href="https://twitter.com/VagendaMagazine">@VagendaMagazine</a> <a href="https://twitter.com/GidsG">@GidsG</a> also these ones! <a href="http://t.co/NnYJmCVx7u">pic.twitter.com/NnYJmCVx7u</a></p> — Ella Sackville Adjei (@ellaisahoot) <a href="https://twitter.com/ellaisahoot/status/590811964370194432">22 Avril 2015</a></blockquote> <p>Malheureusement, cette révolte n’embarrasse pas Arjun Seth, CEO de Protein World, qui confirme que la provoc paie. C’est d’ailleurs en brandissant ses excellents chiffres de vente qu’il twittait  à ses détractrices: «vos insécurités ne sont pas notre problème», et leur conseillait de «grandir un peu», comparant leur féminisme à de l’extrémisme. Surfant sur une vague nauséabonde de messages sexistes et anti-gros, Seth s’est même targué d’avoir pu accorder un bonus bien gras à toute son équipe RP grace à cette campagne. <br /><br />Ce qui n’a pas encore été relevé dans l’affaire Protein World, c’est la tendance pharmaco-marketing d’une industrie chimique visant à vouloir maintenir les femmes, en particulier, dans un état de soumission et la dépendance. A des produits, mais aussi à «plus savant» que soi, ce qui dans une société comme la nôtre, s’écrit souvent au masculin. Bref, «beach ready» selon Protein World égale je suce, et  j’avale (n’importe quoi). <br /><br />Les «aides à la perte de poids» et autres protéines sportives vantées par l’affiche polémique présentent aussi le danger de faire croire que maigre (avec des gros seins !) signifie en forme. Cet argument sert d’ailleurs de fil conducteur aux tweets en leur faveur. Protein World reproche à ses opposant-e-s d’encourager l’obésité dans un pays de gros, alors que la chroniqueuse du Sun Katie Hopkins dénonce «44'000 grosses féminazis signant des pétitions en s’empiffrant de chips». <br /><br />Or Lottie Baring, Fiona Longmuir et Tara Costello, pour ne citer qu’elles, ressemblent plutôt aux canons de beauté si prisés par la publicité. Et quand bien même ! Ces femmes jeunes, cultivées, actives se battent pour le respect de l’humain dans toute sa diversité. Interrogées sur leurs motivations, Longmuir et Costello répondent qu’il ne s’agit pas de dénigrer les fans de fitness, mais plutôt d'arrêter de laisser penser que c’est la seule façon d’être belle ou beau. <br /><br />A l’heure où les affiches polémiques s’enlèvent du bas et du haut dans le métro de Londres, soi-disant parce qu’elles sont arrivées au terme de leur contrat d’espace publicitaire, près de 70'000 personnes ont déjà signé la pétition de Lottie Baring sur change.org, pendant que des milliers de maillots préparent leur sortie londonienne pour le «Taking Back the Beach» body-positif de Longmuir et Costello. Alors tous-tes à Hyde Park, samedi 2 mai, 15h o’clock, pour un <em>vamos a la playa</em> activiste, une <em>itsy-bitsy</em> plage de liberté, où tous les corps sont permis !<br /><br /><br /><br /><br /></p> Harcèlement, le rapport qui fait mal 2015-04-17T03:59:13+00:00 2015-04-17T03:59:13+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/713-harcelement-le-rapport-qui-fait-mal Nathalie Brochard [email protected] <p><strong> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/metro.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Coup de tonnerre en France avec la publication hier du rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) : si deux tiers des usagers des transports publics sont des femmes, 100% d’entre elles ont été victimes de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles. </strong><br /><br />Les auteur-e-s du rapport ont été les premier-e-s surpris-e-s. Le phénomène est massif et presque banal. Et c’est bien là le problème. Au point que les femmes ont élaboré, consciemment ou non des stratégies de défense. Pour les unes, pas question de porter des robes ou des jupes dans les transports en commun, pour d’autres pas de métro le soir. Comme le remarque la présidente du HCEfh, Danielle Bousquet, «ces violences entravent la libre circulation des femmes qui sont contraintes de s’adapter à ce système machiste. On leur refuse le droit d’être librement dans l’espace public». Ce que souligne en outre le rapport, c’est l’impact de ces comportements sexistes : «Ce phénomène provoque largement et régulièrement des états de peur, de stress, de colère ou d’impuissance, qui constituent une réelle pression psychologique voire physique. Cela entretient un sentiment d’insécurité et peut avoir des conséquences en termes de comportements ou de santé».<br /><br />Quelles solutions préconie le HCEfh ? L’arsenal pénal existe déjà en France. Un homme qui traite une femme de «salope» encourt jusqu’à six mois de prison et 22 500 euros d’amende. Pareil pour une main aux fesses, qualifiée d’agression sexuelle punissable de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende. Sauf que les femmes portent rarement  plainte. Il existe des patrouilles de police dans le métro qui traquent spécifiquement ces agresseurs et qui travaillent sur le flagrant délit, mais c’est une goutte d’eau au regard  d’un problème de société. <br /><br />Il s’agit de viser plus large. Le Haut conseil à l’égalité hommes femmes propose donc de mettre en place un grand plan d’action national intitulé «Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne». En premier lieu, une grande enquête auprès des femmes devrait être menée afin de mieux cerner le problème. Puis de s’inspirer des exemples canadiens en matière de sécurité comme la mise en place de bornes d’urgence sur les quais ou d’arrêts à la demande. Un numéro d’alerte pourrait également voir le jour avec la possibilité d’y envoyer un SMS en cas d’urgence. La toute première mesure devrait être l’éducation et l’information à travers des campagnes dans les transports en commun. Le collectif Stop Harcèlement de Rue vient d’ailleurs d’en créer une qui reprend les codes des publicités contre les incivilités dans le métro parisien.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p>Harcèlement dans les transports : les trajets sans relous c'est <a href="https://twitter.com/hashtag/plut%C3%B4tsympa?src=hash">#plutôtsympa</a> <a href="http://t.co/5A8LDjWN18">http://t.co/5A8LDjWN18</a> cc <a href="https://twitter.com/stophdr">@stophdr</a> <a href="http://t.co/O389TLvUUx">pic.twitter.com/O389TLvUUx</a></p> — Charlotte Arce (@Sixticha) <a href="https://twitter.com/Sixticha/status/588719335713148928">16 Avril 2015</a></blockquote> <p><br /><br /><br /></p> <p><strong> <img src="images/ailleurs/metro.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Coup de tonnerre en France avec la publication hier du rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) : si deux tiers des usagers des transports publics sont des femmes, 100% d’entre elles ont été victimes de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles. </strong><br /><br />Les auteur-e-s du rapport ont été les premier-e-s surpris-e-s. Le phénomène est massif et presque banal. Et c’est bien là le problème. Au point que les femmes ont élaboré, consciemment ou non des stratégies de défense. Pour les unes, pas question de porter des robes ou des jupes dans les transports en commun, pour d’autres pas de métro le soir. Comme le remarque la présidente du HCEfh, Danielle Bousquet, «ces violences entravent la libre circulation des femmes qui sont contraintes de s’adapter à ce système machiste. On leur refuse le droit d’être librement dans l’espace public». Ce que souligne en outre le rapport, c’est l’impact de ces comportements sexistes : «Ce phénomène provoque largement et régulièrement des états de peur, de stress, de colère ou d’impuissance, qui constituent une réelle pression psychologique voire physique. Cela entretient un sentiment d’insécurité et peut avoir des conséquences en termes de comportements ou de santé».<br /><br />Quelles solutions préconie le HCEfh ? L’arsenal pénal existe déjà en France. Un homme qui traite une femme de «salope» encourt jusqu’à six mois de prison et 22 500 euros d’amende. Pareil pour une main aux fesses, qualifiée d’agression sexuelle punissable de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende. Sauf que les femmes portent rarement  plainte. Il existe des patrouilles de police dans le métro qui traquent spécifiquement ces agresseurs et qui travaillent sur le flagrant délit, mais c’est une goutte d’eau au regard  d’un problème de société. <br /><br />Il s’agit de viser plus large. Le Haut conseil à l’égalité hommes femmes propose donc de mettre en place un grand plan d’action national intitulé «Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne». En premier lieu, une grande enquête auprès des femmes devrait être menée afin de mieux cerner le problème. Puis de s’inspirer des exemples canadiens en matière de sécurité comme la mise en place de bornes d’urgence sur les quais ou d’arrêts à la demande. Un numéro d’alerte pourrait également voir le jour avec la possibilité d’y envoyer un SMS en cas d’urgence. La toute première mesure devrait être l’éducation et l’information à travers des campagnes dans les transports en commun. Le collectif Stop Harcèlement de Rue vient d’ailleurs d’en créer une qui reprend les codes des publicités contre les incivilités dans le métro parisien.</p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p>Harcèlement dans les transports : les trajets sans relous c'est <a href="https://twitter.com/hashtag/plut%C3%B4tsympa?src=hash">#plutôtsympa</a> <a href="http://t.co/5A8LDjWN18">http://t.co/5A8LDjWN18</a> cc <a href="https://twitter.com/stophdr">@stophdr</a> <a href="http://t.co/O389TLvUUx">pic.twitter.com/O389TLvUUx</a></p> — Charlotte Arce (@Sixticha) <a href="https://twitter.com/Sixticha/status/588719335713148928">16 Avril 2015</a></blockquote> <p><br /><br /><br /></p> Féministes contre punks antifas de Viol 2015-04-02T04:40:55+00:00 2015-04-02T04:40:55+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/706-feministes-contre-punks-antifas-de-viol Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/effrontees.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Des féministes font interdire un concert d'un obscur groupe punk/antifas appelé <em>Viol</em> à Paris. Depuis, sur les réseaux sociaux, les adversaires s’affrontent au nom du respect des femmes pour les un-e-s et de la liberté d’expression pour les autres.</strong><br /><br />Le nom de scène de la formation aurait déjà dû faire tilter les programmateurs qui auraient pu chercher, en conséquence, à s’informer un minimum sur le contenu des chansons. Le « tube » éponyme de 2009 fait l’apologie du viol et de l’agression sexuelle. Les paroles explicites particulièrement choquantes ont provoqué la colère parmi les milieux féministes et au-delà: « Viens, connasse ! Ici, dans ta face ! Ouvre-toi, putain ! Le viol, mon instinct ! Comme c’est bon de te violer, Toi qui ne m’étais pas destinée ». L’association les Effronté-e-s a dénoncé une «incitation au viol en musique», estimant que « sous couvert d’un style trash et prétendument anticonformiste », cette chanson constitue un «appel sans ambiguïté à ce crime sexiste». Osez le féminisme ! a soutenu la mobilisation sur Twitter.</p> <p>Face à la mobilisation, le bar La Mécanique ondulatoire où était programmé le concert, qui se présente sur son compte Facebook comme « antiraciste, antifasciste, pro LGBT, pro libertaire et pro féministe » a finalement décidé d’annuler la soirée et de présenter ses excuses aux personnes choquées. Pour sa part, le groupe réclame, lui, le droit à la liberté d’expression et à la provocation expliquant que la chanson Viol n’est pas à comprendre au premier degré. De leur côté, les associations féministes posent les limites de cette prétendue liberté artistique comme l’explique dans <em>Libération</em> le Bug Powder, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel) : « Tout artiste a une responsabilité, en particulier lorsqu’il fait partie des personnes privilégiées et dominantes dans la société». Dans ce cas, art ou provocation, le résultat n’est qu’un appel à la haine et au crime.<br /><br /></p> <p>Photo © Les EffrontéEs</p> <p> </p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/effrontees.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Des féministes font interdire un concert d'un obscur groupe punk/antifas appelé <em>Viol</em> à Paris. Depuis, sur les réseaux sociaux, les adversaires s’affrontent au nom du respect des femmes pour les un-e-s et de la liberté d’expression pour les autres.</strong><br /><br />Le nom de scène de la formation aurait déjà dû faire tilter les programmateurs qui auraient pu chercher, en conséquence, à s’informer un minimum sur le contenu des chansons. Le « tube » éponyme de 2009 fait l’apologie du viol et de l’agression sexuelle. Les paroles explicites particulièrement choquantes ont provoqué la colère parmi les milieux féministes et au-delà: « Viens, connasse ! Ici, dans ta face ! Ouvre-toi, putain ! Le viol, mon instinct ! Comme c’est bon de te violer, Toi qui ne m’étais pas destinée ». L’association les Effronté-e-s a dénoncé une «incitation au viol en musique», estimant que « sous couvert d’un style trash et prétendument anticonformiste », cette chanson constitue un «appel sans ambiguïté à ce crime sexiste». Osez le féminisme ! a soutenu la mobilisation sur Twitter.</p> <p>Face à la mobilisation, le bar La Mécanique ondulatoire où était programmé le concert, qui se présente sur son compte Facebook comme « antiraciste, antifasciste, pro LGBT, pro libertaire et pro féministe » a finalement décidé d’annuler la soirée et de présenter ses excuses aux personnes choquées. Pour sa part, le groupe réclame, lui, le droit à la liberté d’expression et à la provocation expliquant que la chanson Viol n’est pas à comprendre au premier degré. De leur côté, les associations féministes posent les limites de cette prétendue liberté artistique comme l’explique dans <em>Libération</em> le Bug Powder, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel) : « Tout artiste a une responsabilité, en particulier lorsqu’il fait partie des personnes privilégiées et dominantes dans la société». Dans ce cas, art ou provocation, le résultat n’est qu’un appel à la haine et au crime.<br /><br /></p> <p>Photo © Les EffrontéEs</p> <p> </p> <p> </p> Lueur d'espoir au Forum social mondial 2015-03-24T08:54:30+00:00 2015-03-24T08:54:30+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/703-lueur-despoir-au-forum-social-mondial Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/FSM.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une semaine après les attentats au musée du Bardo, Tunis accueille les 70 000 participant-e-s venant de 130 pays pour le Forum social mondial. Les femmes, à travers la MMF </strong><strong><strong>notamment</strong>, se posent en force de proposition afin de faire changer un monde au bord du gouffre. Vaine utopie ou urgente nécessité ?</strong><br /><br />Si de l’aveu même de nombreux-euses militant-e-s qui ont fait le déplacement malgré le climat délétère qui règne après les attaques terroristes, ces genres d’assemblées ne produisent au final que de vagues recommandations et très peu d’actions, elles favorisent les échanges et permettent de tisser des liens. Si les confrontations y sont fréquentes, le mot «convergence» revient sans cesse dans les discussions. Car en dépit de la rigidité institutionnelle inhérente à ce type d’organisation, il y est néanmoins possible de lancer des programmes Nord-Sud et Sud-Sud. C’est particulièrement vrai sur le plan climatique mais également sur les problématiques de genre.<br /><br />La Marche Mondiale des Femmes inaugure ainsi quatre jours de débats, d’ateliers et de présentations, du 24 au 28 mars, autour de sujets variés. On retiendra la conférence sur les <em>Femmes en situation de conflit et post-conflit</em> proposée conjointement avec Oxfam GB, celle sur <em>La coopération solidaire Nord-Sud-Nord pour renforcer les mouvements sociaux du Sud</em>. L’aspect économique sera également au cœur des débats avec une réflexion au sujet de l’impact spécifique de la crise sur les femmes, des stratégies à mettre en place contre le pouvoir des multinationales ou encore des alternatives au micro-crédit. <br /><br />La multiplication de conflits majeurs liés à l’accès aux ressources, comme l’eau ou l’énergie révèle la fragilité des femmes à travers la planète qui sont les premières exclues. Militer pour la justice climatique s’inscrit dans cette approche globale du Forum social mondial. Le 27 mars, Gender, climat et transition juste s’intéressera précisément à la dialectique changement climatique/ rapports sociaux de sexe.  Car le véritable enjeu pour les femmes du monde entier se situe désormais à ce croisement.<br /><br />A cette occasion, des alliances pourraient voir le jour contre les gouvernements qui continuent à soutenir les énergies fossiles et à condamner un peu plus l’avenir de l’humanité. L’association 350.org qui mène des campagnes de désinvestissement des énergies fossiles peut constituer une alliée de poids dans les prochaines luttes féministes. En faisant pression sur les institutions ou les fonds d’investissement pour qu’ils cessent de financer les 200 plus grosses entreprises du gaz, du pétrole ou du charbon pour placer leurs capitaux dans des énergies durables, 350.org participe à instaurer les bases de cette justice climatique dont il est tant question au Forum social. L’idée, c’est de retirer des capitaux du problème pour les injecter dans les solutions. A suivre donc.</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/FSM.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une semaine après les attentats au musée du Bardo, Tunis accueille les 70 000 participant-e-s venant de 130 pays pour le Forum social mondial. Les femmes, à travers la MMF </strong><strong><strong>notamment</strong>, se posent en force de proposition afin de faire changer un monde au bord du gouffre. Vaine utopie ou urgente nécessité ?</strong><br /><br />Si de l’aveu même de nombreux-euses militant-e-s qui ont fait le déplacement malgré le climat délétère qui règne après les attaques terroristes, ces genres d’assemblées ne produisent au final que de vagues recommandations et très peu d’actions, elles favorisent les échanges et permettent de tisser des liens. Si les confrontations y sont fréquentes, le mot «convergence» revient sans cesse dans les discussions. Car en dépit de la rigidité institutionnelle inhérente à ce type d’organisation, il y est néanmoins possible de lancer des programmes Nord-Sud et Sud-Sud. C’est particulièrement vrai sur le plan climatique mais également sur les problématiques de genre.<br /><br />La Marche Mondiale des Femmes inaugure ainsi quatre jours de débats, d’ateliers et de présentations, du 24 au 28 mars, autour de sujets variés. On retiendra la conférence sur les <em>Femmes en situation de conflit et post-conflit</em> proposée conjointement avec Oxfam GB, celle sur <em>La coopération solidaire Nord-Sud-Nord pour renforcer les mouvements sociaux du Sud</em>. L’aspect économique sera également au cœur des débats avec une réflexion au sujet de l’impact spécifique de la crise sur les femmes, des stratégies à mettre en place contre le pouvoir des multinationales ou encore des alternatives au micro-crédit. <br /><br />La multiplication de conflits majeurs liés à l’accès aux ressources, comme l’eau ou l’énergie révèle la fragilité des femmes à travers la planète qui sont les premières exclues. Militer pour la justice climatique s’inscrit dans cette approche globale du Forum social mondial. Le 27 mars, Gender, climat et transition juste s’intéressera précisément à la dialectique changement climatique/ rapports sociaux de sexe.  Car le véritable enjeu pour les femmes du monde entier se situe désormais à ce croisement.<br /><br />A cette occasion, des alliances pourraient voir le jour contre les gouvernements qui continuent à soutenir les énergies fossiles et à condamner un peu plus l’avenir de l’humanité. L’association 350.org qui mène des campagnes de désinvestissement des énergies fossiles peut constituer une alliée de poids dans les prochaines luttes féministes. En faisant pression sur les institutions ou les fonds d’investissement pour qu’ils cessent de financer les 200 plus grosses entreprises du gaz, du pétrole ou du charbon pour placer leurs capitaux dans des énergies durables, 350.org participe à instaurer les bases de cette justice climatique dont il est tant question au Forum social. L’idée, c’est de retirer des capitaux du problème pour les injecter dans les solutions. A suivre donc.</p> Bras de fer entre Preciado et le Macba 2015-03-18T15:01:30+00:00 2015-03-18T15:01:30+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/701-le-bras-de-fer-entre-preciado-et-le-macba Hellen Williams [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/genresfeminismes/_macba_eda30360.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>L’exposition “La bestia i el sobirà” (“La bête et le souverain”) dont l’inauguration était prévue aujourd’hui au Musée d’Art Contemporain de Barcelone, vient d’être suspendue. La raison? L’oeuvre “Haute Couture 04 Transport” de l’artiste autrichienne Inès Doujak, jugée “inadéquate et contraire à la ligne éditoriale du Musée” par son directeur Bartolomeu Marì et que les commissaires de l’exposition Valentin Roma et Paul B Preciado ont refusé d’enlever.</strong> <br /><br />Cette sculpture représente le roi Juan Carlos à quatre pattes sur un tapis de casques nazis, chevauché par la féministe bolivienne Domitila Barrios de Chúngara, elle même sodomisée par un chien-loup. Comme l’explique Rooma au journal El Pais, la pièce fait partie du projet artistique “Loomshuttles / Warpaths” questionnant les relations inégalitaires entre l’Europe et l’Amérique latine. Comme caricature sculptée dénonçant les archétypes du pouvoir, cette pièce avait donc toute sa place dans l’exposition.<br /><br />La censure imposée par le directeur du Macba, une première dans l'histoire du musée, détonne dans une institution artistique qui se pose en exemple d’ouverture et de progrès. Elle relève surtout la soumission des instances dominantes à un système de valeurs qui n’a à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d’expression. L’exposition « La bête et le souverain », co-produite avec la Württembergischer Kunstverein de Stuttgart, devait explorer « comment les pratiques artistiques contemporaines questionnent et déconstruisent la définition de la souveraineté politique ». Un terrain sur lequel le Macba ne s’aventurera pas, faute de courage (ses couilles ont été bouffées par le chien qui sodomise la féministe qui empale Juan Carlos).<br /><br />Et pour toutes celles et ceux qui aiment l’art libre, une manifestation de soutien a lieu ce soir mercredi à 19h30 devant le musée barcelonais.</p> <p><br />(Depuis la publication de cet article, la direction du musée a finalement décidé de maintenir l'exposition et cette polémique aura eu comme effet de doper les entrées de +50%. La nouvelle attraction étant de faire des selfies à côté de la statue de Juan Carlos, <em>ndlr</em>)</p> <p>Photo © Haute Couture 04 Transport, d'Inès Doujak et Johan Barker<strong><br /></strong></p> <p><strong><img src="images/genresfeminismes/_macba_eda30360.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>L’exposition “La bestia i el sobirà” (“La bête et le souverain”) dont l’inauguration était prévue aujourd’hui au Musée d’Art Contemporain de Barcelone, vient d’être suspendue. La raison? L’oeuvre “Haute Couture 04 Transport” de l’artiste autrichienne Inès Doujak, jugée “inadéquate et contraire à la ligne éditoriale du Musée” par son directeur Bartolomeu Marì et que les commissaires de l’exposition Valentin Roma et Paul B Preciado ont refusé d’enlever.</strong> <br /><br />Cette sculpture représente le roi Juan Carlos à quatre pattes sur un tapis de casques nazis, chevauché par la féministe bolivienne Domitila Barrios de Chúngara, elle même sodomisée par un chien-loup. Comme l’explique Rooma au journal El Pais, la pièce fait partie du projet artistique “Loomshuttles / Warpaths” questionnant les relations inégalitaires entre l’Europe et l’Amérique latine. Comme caricature sculptée dénonçant les archétypes du pouvoir, cette pièce avait donc toute sa place dans l’exposition.<br /><br />La censure imposée par le directeur du Macba, une première dans l'histoire du musée, détonne dans une institution artistique qui se pose en exemple d’ouverture et de progrès. Elle relève surtout la soumission des instances dominantes à un système de valeurs qui n’a à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d’expression. L’exposition « La bête et le souverain », co-produite avec la Württembergischer Kunstverein de Stuttgart, devait explorer « comment les pratiques artistiques contemporaines questionnent et déconstruisent la définition de la souveraineté politique ». Un terrain sur lequel le Macba ne s’aventurera pas, faute de courage (ses couilles ont été bouffées par le chien qui sodomise la féministe qui empale Juan Carlos).<br /><br />Et pour toutes celles et ceux qui aiment l’art libre, une manifestation de soutien a lieu ce soir mercredi à 19h30 devant le musée barcelonais.</p> <p><br />(Depuis la publication de cet article, la direction du musée a finalement décidé de maintenir l'exposition et cette polémique aura eu comme effet de doper les entrées de +50%. La nouvelle attraction étant de faire des selfies à côté de la statue de Juan Carlos, <em>ndlr</em>)</p> <p>Photo © Haute Couture 04 Transport, d'Inès Doujak et Johan Barker<strong><br /></strong></p> Not there invisibilise les femmes 2015-03-12T08:34:02+00:00 2015-03-12T08:34:02+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/698-not-there-invisibilise-les-femmes Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Not%20there.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Suite à la campagne d’invisibilité intitulée <em>Not there </em>menée tambour battant par Hillary Clinton, des actrices et autres célébrités étasuniennes vont plus loin sur les réseaux sociaux en supprimant leur photo de profil. L’action vise à dénoncer les inégalités entre les hommes et les femmes. Une vraie-fausse bonne idée ?</strong><br /><br />La date symbolique du 8 mars marquait le début de cette campagne dans les rues de New York dont les panneaux publicitaires et les couvertures de magazines ont été modifiés. Le concept de l’agence Droga5, mandatée par la Fondation Clinton, exploite l’idée de l’absence des femmes dans l’espace public. Les figures féminines ont été purement et simplement enlevées. Un grand groupe de presse, iHeartMedia, a retiré les voix féminines des morceaux diffusés sur ses 186 stations de radio. Ce jour a marqué le retrait complet des femmes sur le devant de la scène.<br /><br />Et de scène, il est question. On se souvient du coup de gueule de Patricia Arquette lors de la cérémonie des Oscars et le soutien d’une partie de ses collègues qui s’en est suivi. Des stars comme Jessica Alba ou Cameron Diaz sont elles aussi montées au créneau retirant leurs photos de profil Instagram et en lançant le slogan Not there en hashtag. Pour Cameron Diaz, “nous ne sommes pas encore là. Les inégalités perdurent au travail/à la maison/dans le cabinet du médecin/ à l’école. Et pourtant ces problématiques ne reçoivent pas l’attention qu’elles devraient. C’est comme si nous n’étions PAS DU TOUT LA.”</p> <p>Néanmoins, disparaître pour qu’on vous remarque n’est pas forcément le meilleur moyen de faire avancer les choses. Interrogé-e-s, la plupart des passant-e-s new-yorkais-es n’avaient pas fait attention au changement. Surtout, c’est aller dans le sens d’injonctions sociales qui obligent les femmes à la discrétion, à l’effacement, à la négation de leur corps, de leur visage, de leur personne. Alors non, c’est pas bon.</p> <p> </p> <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/cameron2-tt-width-350-height-504-bgcolor-FFFFFF.jpg" border="0" width="220" style="border: 0;" /><br /><br /><br /></p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Not%20there.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Suite à la campagne d’invisibilité intitulée <em>Not there </em>menée tambour battant par Hillary Clinton, des actrices et autres célébrités étasuniennes vont plus loin sur les réseaux sociaux en supprimant leur photo de profil. L’action vise à dénoncer les inégalités entre les hommes et les femmes. Une vraie-fausse bonne idée ?</strong><br /><br />La date symbolique du 8 mars marquait le début de cette campagne dans les rues de New York dont les panneaux publicitaires et les couvertures de magazines ont été modifiés. Le concept de l’agence Droga5, mandatée par la Fondation Clinton, exploite l’idée de l’absence des femmes dans l’espace public. Les figures féminines ont été purement et simplement enlevées. Un grand groupe de presse, iHeartMedia, a retiré les voix féminines des morceaux diffusés sur ses 186 stations de radio. Ce jour a marqué le retrait complet des femmes sur le devant de la scène.<br /><br />Et de scène, il est question. On se souvient du coup de gueule de Patricia Arquette lors de la cérémonie des Oscars et le soutien d’une partie de ses collègues qui s’en est suivi. Des stars comme Jessica Alba ou Cameron Diaz sont elles aussi montées au créneau retirant leurs photos de profil Instagram et en lançant le slogan Not there en hashtag. Pour Cameron Diaz, “nous ne sommes pas encore là. Les inégalités perdurent au travail/à la maison/dans le cabinet du médecin/ à l’école. Et pourtant ces problématiques ne reçoivent pas l’attention qu’elles devraient. C’est comme si nous n’étions PAS DU TOUT LA.”</p> <p>Néanmoins, disparaître pour qu’on vous remarque n’est pas forcément le meilleur moyen de faire avancer les choses. Interrogé-e-s, la plupart des passant-e-s new-yorkais-es n’avaient pas fait attention au changement. Surtout, c’est aller dans le sens d’injonctions sociales qui obligent les femmes à la discrétion, à l’effacement, à la négation de leur corps, de leur visage, de leur personne. Alors non, c’est pas bon.</p> <p> </p> <p><img src="images/ailleurs/cameron2-tt-width-350-height-504-bgcolor-FFFFFF.jpg" border="0" width="220" style="border: 0;" /><br /><br /><br /></p> <p> </p> Ne dites pas "lesbienne" 2015-03-02T05:18:58+00:00 2015-03-02T05:18:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/693-ne-dites-pas-lesbienne Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/B_C_DZFXAAAkNVg.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La campagne de marketing en ligne lancée par Nutella France qui offre aux internautes de personnaliser leur pot à travers le site «Dites-le avec Nutella» continue de faire des remous. Parmi la liste de mots interdits figure celui de «lesbienne». La marque peine à se justifier.</strong><br /><br />«Ici, vous pouvez créer vos messages personnalisés et les partager avec ceux que vous aimez !», lit-on sur le site. Une idée positive concoctée par des concepteurs-trices enthousiastes et pro-actifs-ives comme on les aime. Sauf que tout a rapidement dérapé. Depuis que des petits malins ont récupéré la liste intégrale des mots interdits en se servant directement dans le code, les consommateurs-trices de la fameuse pâte à tartiner, ont découvert que juif, musulman, ou lesbienne étaient prohibés. <br /><br />Le concept a alors échappé aux créateurs-créatrices de génie. Parce que Twitter s’est très vite emparé du sujet à coup de détournements et de parodies sans limite. Ah ça c’est sûr la campagne a fonctionné au-delà des espérances. Mais face au mauvais buzz, la marque s’est fendue d’un communiqué expliquant que l'idée était de bannir «les messages négatifs ou insultants», s’empêtrant un peu plus dans ses motivations boiteuses. Au final, on comprend que c’était pour protéger certaines communautés de mauvais plaisantins que la marque les a exclues… Cette censure voulait «préserver la convivialité de l'opération». Ce qui signifie que sans juif, sans musulman, sans lesbienne, la fête est plus folle ? C’est plus convivial ?<br /><br />Comme au casino, c’est toujours le marketing qui gagne ou du moins qui récupère puisque Nutella a en effet invité les internautes qui ont essayé de «contourner les mots bloqués» à retweeter le message «<span style="text-decoration: underline;"><a href="https://twitter.com/NutellaFR/status/570327220209655808/photo/1">notre imagination n'égalera jamais la vôtre</a></span>». Ou comment avoir le dernier mot…</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/B_C_DZFXAAAkNVg.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La campagne de marketing en ligne lancée par Nutella France qui offre aux internautes de personnaliser leur pot à travers le site «Dites-le avec Nutella» continue de faire des remous. Parmi la liste de mots interdits figure celui de «lesbienne». La marque peine à se justifier.</strong><br /><br />«Ici, vous pouvez créer vos messages personnalisés et les partager avec ceux que vous aimez !», lit-on sur le site. Une idée positive concoctée par des concepteurs-trices enthousiastes et pro-actifs-ives comme on les aime. Sauf que tout a rapidement dérapé. Depuis que des petits malins ont récupéré la liste intégrale des mots interdits en se servant directement dans le code, les consommateurs-trices de la fameuse pâte à tartiner, ont découvert que juif, musulman, ou lesbienne étaient prohibés. <br /><br />Le concept a alors échappé aux créateurs-créatrices de génie. Parce que Twitter s’est très vite emparé du sujet à coup de détournements et de parodies sans limite. Ah ça c’est sûr la campagne a fonctionné au-delà des espérances. Mais face au mauvais buzz, la marque s’est fendue d’un communiqué expliquant que l'idée était de bannir «les messages négatifs ou insultants», s’empêtrant un peu plus dans ses motivations boiteuses. Au final, on comprend que c’était pour protéger certaines communautés de mauvais plaisantins que la marque les a exclues… Cette censure voulait «préserver la convivialité de l'opération». Ce qui signifie que sans juif, sans musulman, sans lesbienne, la fête est plus folle ? C’est plus convivial ?<br /><br />Comme au casino, c’est toujours le marketing qui gagne ou du moins qui récupère puisque Nutella a en effet invité les internautes qui ont essayé de «contourner les mots bloqués» à retweeter le message «<span style="text-decoration: underline;"><a href="https://twitter.com/NutellaFR/status/570327220209655808/photo/1">notre imagination n'égalera jamais la vôtre</a></span>». Ou comment avoir le dernier mot…</p> Un discours féministe aux Oscars 2015-02-23T06:02:53+00:00 2015-02-23T06:02:53+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/691-un-discours-feministe-aux-oscars Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/arquette.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Pour celles et ceux qui auraient raté ou zappé la cérémonie des Oscars hier soir, le seul fait notable fut le discours féministe de Patricia Arquette soutenue par certaines de ses consoeurs, les plus conscientisées dirons-nous.</strong><br /><br />Récompensée pour <em>Boyhood</em> d'un Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle, Patricia Arquette a en effet profité de la tribune pour se lancer dans<a href="http://www.theverge.com/2015/2/22/8088675/academy-awards-2015-patricia-arquette-wage-equality"><span style="text-decoration: underline;"> un plaidoyer sur l'égalité des salaires pour les femmes</span></a> : «À toutes les femmes qui ont enfanté, à tous les contribuables et à tous les citoyens de ce pays, nous nous battons pour l'égalité des droits. Il est temps pour nous les femmes, d'obtenir l'égalité salariale et l'égalité des droits aux Etats-Unis». Ses paroles font écho à la campagne «à travail égal salaire égal» menée chaque année à travers le monde. Elles renvoient également au piratage informatique dont a été victime Sony, qui avait révélé les salaires des acteurs et des actrices mais aussi les inégalités flagrantes entre eux à ce niveau.<br /><br />Dans la salle, Meryl Streep s’est littéralement levée en pointant l’index vers le ciel à défaut de lever le poing en guise de soutien, imitée par Jennifer Lopez. Un tonnerre d’applaudissements a suivi le discours enflammé de l’actrice. Sur Twitter, il semble que Patricia Arquette soit la grande gagnante des Oscars 2015. Dans le film <em>Boyhood</em>, elle y joue le rôle d’une mère divorcée avec deux enfants.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/arquette.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Pour celles et ceux qui auraient raté ou zappé la cérémonie des Oscars hier soir, le seul fait notable fut le discours féministe de Patricia Arquette soutenue par certaines de ses consoeurs, les plus conscientisées dirons-nous.</strong><br /><br />Récompensée pour <em>Boyhood</em> d'un Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle, Patricia Arquette a en effet profité de la tribune pour se lancer dans<a href="http://www.theverge.com/2015/2/22/8088675/academy-awards-2015-patricia-arquette-wage-equality"><span style="text-decoration: underline;"> un plaidoyer sur l'égalité des salaires pour les femmes</span></a> : «À toutes les femmes qui ont enfanté, à tous les contribuables et à tous les citoyens de ce pays, nous nous battons pour l'égalité des droits. Il est temps pour nous les femmes, d'obtenir l'égalité salariale et l'égalité des droits aux Etats-Unis». Ses paroles font écho à la campagne «à travail égal salaire égal» menée chaque année à travers le monde. Elles renvoient également au piratage informatique dont a été victime Sony, qui avait révélé les salaires des acteurs et des actrices mais aussi les inégalités flagrantes entre eux à ce niveau.<br /><br />Dans la salle, Meryl Streep s’est littéralement levée en pointant l’index vers le ciel à défaut de lever le poing en guise de soutien, imitée par Jennifer Lopez. Un tonnerre d’applaudissements a suivi le discours enflammé de l’actrice. Sur Twitter, il semble que Patricia Arquette soit la grande gagnante des Oscars 2015. Dans le film <em>Boyhood</em>, elle y joue le rôle d’une mère divorcée avec deux enfants.</p> <p>Photo DR</p> Abolir l'impôt sur les tampons 2015-02-19T06:39:51+00:00 2015-02-19T06:39:51+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/690-abolir-limpot-sur-les-tampons Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tampon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Depuis plus de 50 ans, les tampons sont taxés au Royaume-Uni et depuis le lancement d’une pétition en 2014, les Britanniques se mobilisent pour son abolition. Une histoire classiste et sexiste…</strong><br /><br />Plus de 160 000 signatures ont été récoltées sur<span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.change.org/p/george-osborne-stop-taxing-periods-period?alert_id=XstHXFVBTt_12qlBX%2Bejn8SXHvqzp449gXNNh8K1%2FjXKVdH%2Fnfddi8%3D&amp;utm_campaign=73140&amp;utm_medium=email&amp;utm_source=action_alert"> change.org </a></span>pour demander la fin de l’impôt sur les tampons hygiéniques, une aberration quand on pense aux exemples insolites mis en avant par les pétionneurs-euses, telles la viande de kangourou ou certaines sucreries (alcoholic jellies) considérés comme des produits de luxe et de ce fait non-taxés. Si les femmes avaient obtenu une réduction de la taxe qui était passée de 17,5% en 1973 à 5% en 2001 après d’âpres combats, son montant est toujours jugé trop élevé, notamment pour celles qui ne gagnent pas des fortunes.<br /><br />Une journaliste de <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.independent.co.uk/voices/comment/theres-nothing-luxurious-about-my-periods-so-why-is-the-government-taxing-tampons-as-if-there-is-10045629.html">The Independent</a></span>, Natasha Preskey, a fait le calcul : au cours de sa vie, une femme utilise en moyenne 10 000 tampons. Une boîte de 20 coûte environ 3,14 livres (soit 4,60 francs), ce qui implique qu’une femme percevant le salaire minimum doit travailler 38 jours à temps plein pour couvrir l’ensemble de ses besoins en produits hygiéniques. Pour beaucoup de Britanniques, les tampons sont un luxe et nombre d’entre elles préfèrent prendre la pilule le mois entier pour éviter d’avoir leurs règles sans vraiment connaître les risques que cela entraîne sur leur santé.<br /><br />Les réseaux sociaux ont eux aussi pris le relais des signataires de la pétition notamment sur Twitter <a href="https://twitter.com/hashtag/tampontax?src=hash">#tampontax </a>où les femmes dénoncent une nouvelle taxe rose et un sexisme patent. Nombreuses s’interrogent : si les hommes avaient leurs règles, est-ce que les tampons seraient soumis à un impôt ? La question, elle, ne coûte rien.</p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/tampon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Depuis plus de 50 ans, les tampons sont taxés au Royaume-Uni et depuis le lancement d’une pétition en 2014, les Britanniques se mobilisent pour son abolition. Une histoire classiste et sexiste…</strong><br /><br />Plus de 160 000 signatures ont été récoltées sur<span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.change.org/p/george-osborne-stop-taxing-periods-period?alert_id=XstHXFVBTt_12qlBX%2Bejn8SXHvqzp449gXNNh8K1%2FjXKVdH%2Fnfddi8%3D&amp;utm_campaign=73140&amp;utm_medium=email&amp;utm_source=action_alert"> change.org </a></span>pour demander la fin de l’impôt sur les tampons hygiéniques, une aberration quand on pense aux exemples insolites mis en avant par les pétionneurs-euses, telles la viande de kangourou ou certaines sucreries (alcoholic jellies) considérés comme des produits de luxe et de ce fait non-taxés. Si les femmes avaient obtenu une réduction de la taxe qui était passée de 17,5% en 1973 à 5% en 2001 après d’âpres combats, son montant est toujours jugé trop élevé, notamment pour celles qui ne gagnent pas des fortunes.<br /><br />Une journaliste de <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.independent.co.uk/voices/comment/theres-nothing-luxurious-about-my-periods-so-why-is-the-government-taxing-tampons-as-if-there-is-10045629.html">The Independent</a></span>, Natasha Preskey, a fait le calcul : au cours de sa vie, une femme utilise en moyenne 10 000 tampons. Une boîte de 20 coûte environ 3,14 livres (soit 4,60 francs), ce qui implique qu’une femme percevant le salaire minimum doit travailler 38 jours à temps plein pour couvrir l’ensemble de ses besoins en produits hygiéniques. Pour beaucoup de Britanniques, les tampons sont un luxe et nombre d’entre elles préfèrent prendre la pilule le mois entier pour éviter d’avoir leurs règles sans vraiment connaître les risques que cela entraîne sur leur santé.<br /><br />Les réseaux sociaux ont eux aussi pris le relais des signataires de la pétition notamment sur Twitter <a href="https://twitter.com/hashtag/tampontax?src=hash">#tampontax </a>où les femmes dénoncent une nouvelle taxe rose et un sexisme patent. Nombreuses s’interrogent : si les hommes avaient leurs règles, est-ce que les tampons seraient soumis à un impôt ? La question, elle, ne coûte rien.</p> <p> </p> Des féministes bloquent Londres 2015-02-16T09:50:32+00:00 2015-02-16T09:50:32+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/689-des-feministes-bloquent-londres Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/B91lrHDIcAEw4rI.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Samedi dernier à Londres, le quartier commerçant d’Oxford Street et de Regent Street a été bloqué par les féministes de Sisters Uncut qui ont profité de la Saint-Valentin, fête de l’amour marketing, pour rappeler que les violences domestiques tuent plusieurs femmes chaque semaine. </strong> <br /><br />Ce n’est pas un hasard si l’association Sisters Uncut a choisi Oxford et Picadilly Circus un jour de Saint-Valentin pour dénoncer encore et toujours les violences domestiques. Cœur de la société de consommation ou paradis du shopping, c’est selon, ces deux grands carrefours londoniens voient défiler chaque jour des centaines de milliers de personnes.  Bloquer ces axes revient plus ou moins à bloquer le centre de Londres. Le 14 février n’était pas non plus choisi par hasard : les féministes tenaient à rappeler en ce jour de célébration de l’amour pour tous, que des femmes meurent toujours sous les coups de leur compagnon. Elles voulaient rendre un hommage à ces victimes de la violence machiste qui tue deux femmes par semaine au Royaume-Uni. <br /><br />La lecture des 118 noms de femmes mortes cette année était particulièrement émouvante. Militantes et passant-e-s semblaient uni-e-s dans ce moment de recueillement. L’idée pour les organisatrices est d’occuper l’espace public, en particulier la rue. Un peu à l’instar des suffragettes, elles prônent l’action directe et visible. Et suggèrent à leurs membres de se décrocher un peu d’Internet pour être sur le terrain. D’autant plus qu’avec les coupes budgétaires devenues la norme dans un pays dominé par l’ultra-libéralisme, les services sociaux dédiés aux femmes qui subissent des violences finissent par être inefficaces, voire par disparaître. Sisters Uncut a donc décidé de prendre les choses en main et de s’organiser pour pallier les déficiences des pouvoirs publics. L’association compte bien essaimer dans tout le Royaume-Uni.<br /><br />Leur particularité est de proposer des réunions non-mixtes pour permettre aux femmes de s’exprimer librement et de se sentir à l’aise. L’association composée au départ de professionnelles du domaine social offre également une aide juridique gratuite, un accès à des logements sûrs, un service spécifique pour les personnes LGBT. Leurs actions dans la rue servent leur plan média en braquant les projecteurs sur ces problématiques : violence et manque de moyens. La Saint-Valentin, cette année, aura au moins servi à quelque chose.<br /><br /></p> <p>Photo © Twitter Sisters Uncut</p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/B91lrHDIcAEw4rI.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Samedi dernier à Londres, le quartier commerçant d’Oxford Street et de Regent Street a été bloqué par les féministes de Sisters Uncut qui ont profité de la Saint-Valentin, fête de l’amour marketing, pour rappeler que les violences domestiques tuent plusieurs femmes chaque semaine. </strong> <br /><br />Ce n’est pas un hasard si l’association Sisters Uncut a choisi Oxford et Picadilly Circus un jour de Saint-Valentin pour dénoncer encore et toujours les violences domestiques. Cœur de la société de consommation ou paradis du shopping, c’est selon, ces deux grands carrefours londoniens voient défiler chaque jour des centaines de milliers de personnes.  Bloquer ces axes revient plus ou moins à bloquer le centre de Londres. Le 14 février n’était pas non plus choisi par hasard : les féministes tenaient à rappeler en ce jour de célébration de l’amour pour tous, que des femmes meurent toujours sous les coups de leur compagnon. Elles voulaient rendre un hommage à ces victimes de la violence machiste qui tue deux femmes par semaine au Royaume-Uni. <br /><br />La lecture des 118 noms de femmes mortes cette année était particulièrement émouvante. Militantes et passant-e-s semblaient uni-e-s dans ce moment de recueillement. L’idée pour les organisatrices est d’occuper l’espace public, en particulier la rue. Un peu à l’instar des suffragettes, elles prônent l’action directe et visible. Et suggèrent à leurs membres de se décrocher un peu d’Internet pour être sur le terrain. D’autant plus qu’avec les coupes budgétaires devenues la norme dans un pays dominé par l’ultra-libéralisme, les services sociaux dédiés aux femmes qui subissent des violences finissent par être inefficaces, voire par disparaître. Sisters Uncut a donc décidé de prendre les choses en main et de s’organiser pour pallier les déficiences des pouvoirs publics. L’association compte bien essaimer dans tout le Royaume-Uni.<br /><br />Leur particularité est de proposer des réunions non-mixtes pour permettre aux femmes de s’exprimer librement et de se sentir à l’aise. L’association composée au départ de professionnelles du domaine social offre également une aide juridique gratuite, un accès à des logements sûrs, un service spécifique pour les personnes LGBT. Leurs actions dans la rue servent leur plan média en braquant les projecteurs sur ces problématiques : violence et manque de moyens. La Saint-Valentin, cette année, aura au moins servi à quelque chose.<br /><br /></p> <p>Photo © Twitter Sisters Uncut</p> <p> </p> Uber et la sécurité des passagères 2015-02-09T06:17:28+00:00 2015-02-09T06:17:28+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/684-uber-et-la-securite-des-passageres Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/uber.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Pour Uber, le service de voitures avec chauffeurs, les déboires s’accumulent. Le développement à marche forcée se heurte à la fronde des taxis professionnels mais pas seulement. Les femmes hésiteraient désormais à monter dans la voiture d’inconnus qui s’improvisent chauffeurs. Après la publication par des utilisatrices du service sur Twitter de preuves de harcèlement de la part de leur chauffeur et surtout après le viol de l’une d’elle à New Delhi, la firme de San Francisco envisage la création d’un «bouton de panique» censé redonner confiance aux clientes.</strong><br /><br />Ce dispositif de sécurité inclus dans l’application pour smartphone d’Uber permettrait de donner l’alerte «d’une simple pression en cas d’urgence» selon le communiqué de la société, qui a mis en place une équipe pour gérer 24h/24 le déclenchement de cette alarme par les clientes et pour prévenir la police. Et pour conforter ce sentiment de sécurité, les utilisatrices pourront également partager, en temps réel, les détails de leur trajet et de leur localisation avec cinq personnes de leur entourage.<br /><br />Pour autant, ce dispositif ne devrait être appliqué qu’en Inde. La société Uber y est opposée pour les autres pays sous prétexte que ces boutons de panique pourraient «semer la confusion, mais elle permettra aux chauffeurs indépendants d’en installer avec quelques conditions». Quid de la sécurité des passagères alors ? Est-elle négociable ? Le marketing de l’entreprise l’a dès le départ érigée comme une valeur ajoutée au service…  A croire que les femmes exagèrent sur ce point. Uber explique surtout que de fausses rumeurs circulent à propos de son service en Inde principalement. Dans ce pays pourtant, son protocole de sécurité pour les femmes serait irréprochable puisque les antécédents des chauffeurs sont systématiquement vérifiés et vont même au-delà des standards de certification exigés par les autorités de transport indiennes.</p> <p>Uber n’est pas à une contradiction près, puisque dans l’enquête sur le viol de New Delhi, un policier avait critiqué l’attitude d’Uber, indiquant qu’aucun GPS n’avait été installé dans la voiture et qu’aucune vérification n’avait été faite sur le passé du chauffeur par la compagnie. A l’époque, Uber avait affirmé avoir respecté la réglementation en vigueur à New Delhi, arguant du fait que la vérification du passé du chauffeur «ne figure pas dans les programmes de transport commercial agrémenté», selon un communiqué de son directeur général Travis Kalanick.</p> <p>Si Uber reste interdite à New Delhi et Bombay, la start-up est présente dans 51 pays et 253 villes dans le monde.<br /><br />Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/uber.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Pour Uber, le service de voitures avec chauffeurs, les déboires s’accumulent. Le développement à marche forcée se heurte à la fronde des taxis professionnels mais pas seulement. Les femmes hésiteraient désormais à monter dans la voiture d’inconnus qui s’improvisent chauffeurs. Après la publication par des utilisatrices du service sur Twitter de preuves de harcèlement de la part de leur chauffeur et surtout après le viol de l’une d’elle à New Delhi, la firme de San Francisco envisage la création d’un «bouton de panique» censé redonner confiance aux clientes.</strong><br /><br />Ce dispositif de sécurité inclus dans l’application pour smartphone d’Uber permettrait de donner l’alerte «d’une simple pression en cas d’urgence» selon le communiqué de la société, qui a mis en place une équipe pour gérer 24h/24 le déclenchement de cette alarme par les clientes et pour prévenir la police. Et pour conforter ce sentiment de sécurité, les utilisatrices pourront également partager, en temps réel, les détails de leur trajet et de leur localisation avec cinq personnes de leur entourage.<br /><br />Pour autant, ce dispositif ne devrait être appliqué qu’en Inde. La société Uber y est opposée pour les autres pays sous prétexte que ces boutons de panique pourraient «semer la confusion, mais elle permettra aux chauffeurs indépendants d’en installer avec quelques conditions». Quid de la sécurité des passagères alors ? Est-elle négociable ? Le marketing de l’entreprise l’a dès le départ érigée comme une valeur ajoutée au service…  A croire que les femmes exagèrent sur ce point. Uber explique surtout que de fausses rumeurs circulent à propos de son service en Inde principalement. Dans ce pays pourtant, son protocole de sécurité pour les femmes serait irréprochable puisque les antécédents des chauffeurs sont systématiquement vérifiés et vont même au-delà des standards de certification exigés par les autorités de transport indiennes.</p> <p>Uber n’est pas à une contradiction près, puisque dans l’enquête sur le viol de New Delhi, un policier avait critiqué l’attitude d’Uber, indiquant qu’aucun GPS n’avait été installé dans la voiture et qu’aucune vérification n’avait été faite sur le passé du chauffeur par la compagnie. A l’époque, Uber avait affirmé avoir respecté la réglementation en vigueur à New Delhi, arguant du fait que la vérification du passé du chauffeur «ne figure pas dans les programmes de transport commercial agrémenté», selon un communiqué de son directeur général Travis Kalanick.</p> <p>Si Uber reste interdite à New Delhi et Bombay, la start-up est présente dans 51 pays et 253 villes dans le monde.<br /><br />Photo DR</p> Le Sun arrête les gros seins 2015-01-21T06:21:53+00:00 2015-01-21T06:21:53+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/679-le-sun-arrete-les-gros-seins Hellen Williams [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/turn-your-back-on-page-3.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Après 44 ans de femmes topless, dont la pneumatique Samantha Fox (toujours aussi canon et désormais lesbienne féministe revendiquée) en page 3, le <em>Sun</em>, quotidien le plus populaire du Royaume-Uni renonce à cette tradition datant de 1970 dénoncée par les féministes comme étant “sexiste, offensante et anachronique”. Le dernier numéro à enlever le haut devrait paraître vendredi.</strong><br /><br />Que les amoureux-ses des gros bonnets se rassurent, le téton tiendra toujours tête sur l’édition en ligne du quotidien qui se réserve, de plus,  le droit de redéployer les gorges dans sa version papier si les ventes chutent.<br /><br />D’après le Guardian, Rupert Murdoch, patron du <em>Sun</em>, aurait twitté en février 2014 déjà que ces “topless du jour” étaient démodés et demandait à ses lecteurs s’ils ne trouvaient pas que “ces sublimes jeunes-femmes sont bien plus attirantes avec au moins quelques vêtements à la mode» ? Ou comment lutter contre le sexisme avec des arguments sexistes…<br /><br />La campagne de 28 mois qui a conduit le <em>Sun</em> à rhabiller ses pages 3 était soutenue entre autres par plus de trente universités britanniques, l’Association des sages-femmes, les syndicats d’enseignants, le Parlement écossais et l’Assemblée du pays de Gallles. <br /><br />Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/turn-your-back-on-page-3.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Après 44 ans de femmes topless, dont la pneumatique Samantha Fox (toujours aussi canon et désormais lesbienne féministe revendiquée) en page 3, le <em>Sun</em>, quotidien le plus populaire du Royaume-Uni renonce à cette tradition datant de 1970 dénoncée par les féministes comme étant “sexiste, offensante et anachronique”. Le dernier numéro à enlever le haut devrait paraître vendredi.</strong><br /><br />Que les amoureux-ses des gros bonnets se rassurent, le téton tiendra toujours tête sur l’édition en ligne du quotidien qui se réserve, de plus,  le droit de redéployer les gorges dans sa version papier si les ventes chutent.<br /><br />D’après le Guardian, Rupert Murdoch, patron du <em>Sun</em>, aurait twitté en février 2014 déjà que ces “topless du jour” étaient démodés et demandait à ses lecteurs s’ils ne trouvaient pas que “ces sublimes jeunes-femmes sont bien plus attirantes avec au moins quelques vêtements à la mode» ? Ou comment lutter contre le sexisme avec des arguments sexistes…<br /><br />La campagne de 28 mois qui a conduit le <em>Sun</em> à rhabiller ses pages 3 était soutenue entre autres par plus de trente universités britanniques, l’Association des sages-femmes, les syndicats d’enseignants, le Parlement écossais et l’Assemblée du pays de Gallles. <br /><br />Photo DR</p> Une fresque au CHU fait polémique 2015-01-20T06:28:56+00:00 2015-01-20T06:28:56+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/678-une-fresque-au-chu-fait-polemique Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/fresque%20chu.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une fresque murale dans la salle de garde de l’hôpital universitaire de Clermont-Ferrand représente un viol collectif dont la ministre de la santé française Marisol Touraine serait la victime. L’association Osez le féminisme ! monte au créneau.</strong><br /><br />Lundi matin, sur la page Facebook «Les médecins ne sont pas des pigeons», une photo d’une salle de l'internat de Clermont-Ferrand où l'on voit une femme se faire agresser a été postée. Sous les traits de Wonder Woman, la ministre est violée par d’autres super-héros de comics américains. La scène dessinée comporte des dialogues violents en lien avec le projet de loi portée par Madame Touraine. Celle-ci s’est déclarée profondément choquée et voit dans ce procédé une «incitation au viol inacceptable». <br /><br />Dans un communiqué, Osez le féminisme ! demande au Conseil de l’ordre des Médecins de réagir au plus vite, de faire supprimer cette fresque et de sanctionner ceux qui en sont responsables. Pour l’association, «des -futurs- médecins y utilisent la représentation d’un viol pour montrer leur mécontentement vis-à-vis d’une Ministre et de sa loi». Selon elle, «Le viol est une technique machiste d’anéantissement des femmes. Pour les auteurs de ces bulles, une ministre, c’est avant tout une femme : un sous-être que l’on peut punir, dominer et s’approprier si elle mécontente leurs désirs - ou leurs revendications politiques».<br /><br />Pour se défendre, les internes mettent en avant l’esprit carabin (traduction : humour salace, lol) qui justifie cette œuvre picturale. Selon leurs syndicats, il ne s’agit pas ici d’un viol mais d’une «scène d’orgie», nuance donc. Et c’est bien connu, les féministes sont incapables de comprendre ce qu'est l’humour…Quant à Jean-Sébastien Laloy, l’avocat du syndicat des internes de médecine de Clermont-Ferrand, cette fresque aurait été peinte quinze ans en arrière, seuls les dialogues incriminés auraient été ajoutés ce week-end. <br /><br />Si le post a, lui, été effacé dès lundi, et dans la foulée, la fresque, l’affaire n’en reste pas là. Le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a condamné sans réserve cette représentation et a demandé à la direction du CHU de prendre des mesures. Cette dernière va engager des poursuites «disciplinaires, voire judiciaires à l’encontre du ou des auteurs présumés responsables de ces agissements inacceptables». Selon la direction, ce dessin et ces bulles «relaient une image dégradante des femmes et des médecins en opposition totale à l’éthique et à la déontologie médicale.»</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/fresque%20chu.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une fresque murale dans la salle de garde de l’hôpital universitaire de Clermont-Ferrand représente un viol collectif dont la ministre de la santé française Marisol Touraine serait la victime. L’association Osez le féminisme ! monte au créneau.</strong><br /><br />Lundi matin, sur la page Facebook «Les médecins ne sont pas des pigeons», une photo d’une salle de l'internat de Clermont-Ferrand où l'on voit une femme se faire agresser a été postée. Sous les traits de Wonder Woman, la ministre est violée par d’autres super-héros de comics américains. La scène dessinée comporte des dialogues violents en lien avec le projet de loi portée par Madame Touraine. Celle-ci s’est déclarée profondément choquée et voit dans ce procédé une «incitation au viol inacceptable». <br /><br />Dans un communiqué, Osez le féminisme ! demande au Conseil de l’ordre des Médecins de réagir au plus vite, de faire supprimer cette fresque et de sanctionner ceux qui en sont responsables. Pour l’association, «des -futurs- médecins y utilisent la représentation d’un viol pour montrer leur mécontentement vis-à-vis d’une Ministre et de sa loi». Selon elle, «Le viol est une technique machiste d’anéantissement des femmes. Pour les auteurs de ces bulles, une ministre, c’est avant tout une femme : un sous-être que l’on peut punir, dominer et s’approprier si elle mécontente leurs désirs - ou leurs revendications politiques».<br /><br />Pour se défendre, les internes mettent en avant l’esprit carabin (traduction : humour salace, lol) qui justifie cette œuvre picturale. Selon leurs syndicats, il ne s’agit pas ici d’un viol mais d’une «scène d’orgie», nuance donc. Et c’est bien connu, les féministes sont incapables de comprendre ce qu'est l’humour…Quant à Jean-Sébastien Laloy, l’avocat du syndicat des internes de médecine de Clermont-Ferrand, cette fresque aurait été peinte quinze ans en arrière, seuls les dialogues incriminés auraient été ajoutés ce week-end. <br /><br />Si le post a, lui, été effacé dès lundi, et dans la foulée, la fresque, l’affaire n’en reste pas là. Le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a condamné sans réserve cette représentation et a demandé à la direction du CHU de prendre des mesures. Cette dernière va engager des poursuites «disciplinaires, voire judiciaires à l’encontre du ou des auteurs présumés responsables de ces agissements inacceptables». Selon la direction, ce dessin et ces bulles «relaient une image dégradante des femmes et des médecins en opposition totale à l’éthique et à la déontologie médicale.»</p> <p>Photo DR</p> Prêtres pédophiles, la faute aux féministes 2015-01-15T08:57:23+00:00 2015-01-15T08:57:23+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/674-pretres-pedophiles-la-faute-aux-feministes Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Raymond%20burke.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>D’après le cardinal catholique étasunien Raymond Leo Burke, certains prêtres sont pédophiles à cause des féministes radicales. Dans l’interview qu’il a donné au site  <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.newemangelization.com/uncategorized/cardinal-raymond-leo-burke-on-the-catholic-man-crisis-and-what-to-do-about-it/">The New Emangelization</a></span>, il en fait la démonstration avec un aplomb consternant.</strong><br /><br />Si les propos de ce représentant ultra-conservateur de l’église catholique sont choquants, ils n’ont rien de surprenant. Connu pour ses charges violentes contre les homosexuel-le-s et les divorcé-es, il s’attaque, pour changer, aux féministes dont les débats orienteraient le Vatican à «constamment se pencher sur les problèmes des femmes au lieu d’aborder les questions importantes et critiques des hommes» comme «les dons particuliers que Dieu donne aux hommes pour le bien de la société». Pour lui, le féminisme radical est un fléau « qui agresse l’Eglise et la société depuis les années 1960, a laissé les hommes très marginalisés ». <br /><br />Tout est la faute des femmes et de leurs revendications. L’égalité aurait ainsi, d’après son analyse, conduit à une crise des vocations masculines tandis que les femmes aspirent toujours plus nombreuses à la prêtrise et commencent leur carrière en servant la messe. Les garçons ne voudraient plus servir la messe en raison de la présence des filles selon lui. Pour lui, il est « naturel » que les jeunes garçons n’aient pas envie de se mélanger avec les filles. <br /><br />Les féministes auraient détruit la vie de bien des hommes en leur enlevant leur identité masculine  et qui, de ce fait, seraient «pauvrement formés» et verseraient dans «la pornographie, la promiscuité sexuelle, l’alcool, la drogue et toute une gamme de dépendances ». Le féminisme radical aurait alors conduit les pédophiles à devenir prêtres. Le cardinal nous explique sa vision des choses : «Il y a eu une période où les hommes, féminisés et confus au sujet de leur propre identité sexuelle, sont entrés dans les ordres. Malheureusement certains de ces hommes souffrant de troubles, ont abusé sexuellement de mineurs». Et c’est ainsi que l’église catholique se dédouana de ses crimes. Amen.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Raymond%20burke.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>D’après le cardinal catholique étasunien Raymond Leo Burke, certains prêtres sont pédophiles à cause des féministes radicales. Dans l’interview qu’il a donné au site  <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.newemangelization.com/uncategorized/cardinal-raymond-leo-burke-on-the-catholic-man-crisis-and-what-to-do-about-it/">The New Emangelization</a></span>, il en fait la démonstration avec un aplomb consternant.</strong><br /><br />Si les propos de ce représentant ultra-conservateur de l’église catholique sont choquants, ils n’ont rien de surprenant. Connu pour ses charges violentes contre les homosexuel-le-s et les divorcé-es, il s’attaque, pour changer, aux féministes dont les débats orienteraient le Vatican à «constamment se pencher sur les problèmes des femmes au lieu d’aborder les questions importantes et critiques des hommes» comme «les dons particuliers que Dieu donne aux hommes pour le bien de la société». Pour lui, le féminisme radical est un fléau « qui agresse l’Eglise et la société depuis les années 1960, a laissé les hommes très marginalisés ». <br /><br />Tout est la faute des femmes et de leurs revendications. L’égalité aurait ainsi, d’après son analyse, conduit à une crise des vocations masculines tandis que les femmes aspirent toujours plus nombreuses à la prêtrise et commencent leur carrière en servant la messe. Les garçons ne voudraient plus servir la messe en raison de la présence des filles selon lui. Pour lui, il est « naturel » que les jeunes garçons n’aient pas envie de se mélanger avec les filles. <br /><br />Les féministes auraient détruit la vie de bien des hommes en leur enlevant leur identité masculine  et qui, de ce fait, seraient «pauvrement formés» et verseraient dans «la pornographie, la promiscuité sexuelle, l’alcool, la drogue et toute une gamme de dépendances ». Le féminisme radical aurait alors conduit les pédophiles à devenir prêtres. Le cardinal nous explique sa vision des choses : «Il y a eu une période où les hommes, féminisés et confus au sujet de leur propre identité sexuelle, sont entrés dans les ordres. Malheureusement certains de ces hommes souffrant de troubles, ont abusé sexuellement de mineurs». Et c’est ainsi que l’église catholique se dédouana de ses crimes. Amen.</p> <p>Photo DR</p> Interdit de conduire en Russie 2015-01-14T09:34:16+00:00 2015-01-14T09:34:16+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/672-interdit-de-conduire-en-russie Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/pride.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Travesti-e-s et transsexuel-le-s n’ont plus le droit de conduire en Russie. Une loi discriminatoire récemment votée au nom de la sécurité routière dresse une liste de personnes dont la conduite est jugée dangereuse. 
</strong><br /><br />Dans le registre de l’absurde, on a déjà inscrit l’Arabie Saoudite qui interdit aux femmes de conduire et plus récemment à l’ensemble de sa population «d'ériger des statues en neige, même pour jouer» et c’est au tour de la Russie d’y figurer pour la nouvelle loi qui interdit à différentes catégories de personnes de conduire, au premier rang desquelles les travesti-e-s et les transexuel-le-s.<br /><br />Renforçant sa législation homophobe, la Russie a voté ce texte qui défend à quiconque présentant des «troubles mentaux et troubles du comportement» de conduire. Pas avares en amalgame, les législateurs russes y ont inclus ceux liés à «l'identité de genre et aux préférences sexuelles». Et pour faire bonne mesure, ils ont rajouté les fétichistes, les pédophiles, les exhibitionnistes, les voyeurs-euses, les sadomasochistes, enfin les déviant-e-s supposé-e-s... et les cleptomanes. Oui, ma p'tite dame ! Le commentateur Kolya Bakhtinov précise sur le site Gay.ru que «si un conducteur est habillé comme une femme et qu’il est enregistré par une caméra de la police, il perdra son permis.»<br /><br />Cet arsenal juridique qui viole sans vergogne les droits des citoyen-ne-s et s’immisce dans leur vie privée a été pensé pour réduire les accidents de la circulation, véritable fléau dans le pays. Pour autant, la résistance s’organise notamment autour de l’Association des avocats russes pour les droits de l’Homme estime que «l’interdiction contredit les normes et les standards internationaux» qui prévoit de ne pas en rester là.</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/pride.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Travesti-e-s et transsexuel-le-s n’ont plus le droit de conduire en Russie. Une loi discriminatoire récemment votée au nom de la sécurité routière dresse une liste de personnes dont la conduite est jugée dangereuse. 
</strong><br /><br />Dans le registre de l’absurde, on a déjà inscrit l’Arabie Saoudite qui interdit aux femmes de conduire et plus récemment à l’ensemble de sa population «d'ériger des statues en neige, même pour jouer» et c’est au tour de la Russie d’y figurer pour la nouvelle loi qui interdit à différentes catégories de personnes de conduire, au premier rang desquelles les travesti-e-s et les transexuel-le-s.<br /><br />Renforçant sa législation homophobe, la Russie a voté ce texte qui défend à quiconque présentant des «troubles mentaux et troubles du comportement» de conduire. Pas avares en amalgame, les législateurs russes y ont inclus ceux liés à «l'identité de genre et aux préférences sexuelles». Et pour faire bonne mesure, ils ont rajouté les fétichistes, les pédophiles, les exhibitionnistes, les voyeurs-euses, les sadomasochistes, enfin les déviant-e-s supposé-e-s... et les cleptomanes. Oui, ma p'tite dame ! Le commentateur Kolya Bakhtinov précise sur le site Gay.ru que «si un conducteur est habillé comme une femme et qu’il est enregistré par une caméra de la police, il perdra son permis.»<br /><br />Cet arsenal juridique qui viole sans vergogne les droits des citoyen-ne-s et s’immisce dans leur vie privée a été pensé pour réduire les accidents de la circulation, véritable fléau dans le pays. Pour autant, la résistance s’organise notamment autour de l’Association des avocats russes pour les droits de l’Homme estime que «l’interdiction contredit les normes et les standards internationaux» qui prévoit de ne pas en rester là.</p> Leçon dégalité à Junior Masterchef 2015-01-12T09:36:06+00:00 2015-01-12T09:36:06+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/670-lecon-degalite-a-junior-masterchef Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Quand un jeune participant de Junior Masterchef espagnol focalise l’attention médiatique pour ses propos sexistes plus que sur la pizza qu’il est censé préparer, on est consterné-e. Victor Beltran est en effet au centre des débats depuis que, du haut de ses 12 ans, il a affirmé que si «les filles savent bien nettoyer, c’est génétique».</strong> <br /><br />L’émission qui rassemble chaque semaine pas loin de 3.5 millions de téléspectateurs-trices a connu depuis un pic d’audience. La mère du jeune Victor n’en a pas cru ses oreilles, assurant qu’elle veille à inculquer à ses enfants le respect et l’égalité filles/garçons. Victor a fait cette remarque lorsque l’un des juges, Pepe Rodriguez, a dit aux participant-e-s de nettoyer leur plan de travail. Etant le seul garçon de l’équipe, Victor a lancé sa fameuse phrase aussitôt taclée par une cheffe en herbe de 12 ans elle aussi, Rocio, qui lui a conseillé du tac-au-tac de surveiller son langage. Pepe Rodriguez a immédiatement puni le garçon en lui donnant l’ordre de tout nettoyer seul.<br /><br /><a href="http://www.rtve.es/alacarta/videos/masterchef-junior-2/lecciones-igualdad-masterchef-junior/2945429/"><span style="text-decoration: underline;">Cet épisode</span></a> a échauffé les réseaux sociaux qui réclament une meilleure éducation pour les un-e-s tandis que d’autres prennent la défense de Victor arguant que ce n’est qu’un enfant. Lui-même s’est expliqué quelques jours plus tard en disant qu’il avait employé le mot «génétique» sans en connaître le sens réel. Sauf qu’il a répété une phrase toute faite qu’il a entendue quelque part et certes, ce n’est qu’un enfant mais justement c’est un enfant et l’éducation reste la clef de tout!</p> <p>Photo © TVE</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Quand un jeune participant de Junior Masterchef espagnol focalise l’attention médiatique pour ses propos sexistes plus que sur la pizza qu’il est censé préparer, on est consterné-e. Victor Beltran est en effet au centre des débats depuis que, du haut de ses 12 ans, il a affirmé que si «les filles savent bien nettoyer, c’est génétique».</strong> <br /><br />L’émission qui rassemble chaque semaine pas loin de 3.5 millions de téléspectateurs-trices a connu depuis un pic d’audience. La mère du jeune Victor n’en a pas cru ses oreilles, assurant qu’elle veille à inculquer à ses enfants le respect et l’égalité filles/garçons. Victor a fait cette remarque lorsque l’un des juges, Pepe Rodriguez, a dit aux participant-e-s de nettoyer leur plan de travail. Etant le seul garçon de l’équipe, Victor a lancé sa fameuse phrase aussitôt taclée par une cheffe en herbe de 12 ans elle aussi, Rocio, qui lui a conseillé du tac-au-tac de surveiller son langage. Pepe Rodriguez a immédiatement puni le garçon en lui donnant l’ordre de tout nettoyer seul.<br /><br /><a href="http://www.rtve.es/alacarta/videos/masterchef-junior-2/lecciones-igualdad-masterchef-junior/2945429/"><span style="text-decoration: underline;">Cet épisode</span></a> a échauffé les réseaux sociaux qui réclament une meilleure éducation pour les un-e-s tandis que d’autres prennent la défense de Victor arguant que ce n’est qu’un enfant. Lui-même s’est expliqué quelques jours plus tard en disant qu’il avait employé le mot «génétique» sans en connaître le sens réel. Sauf qu’il a répété une phrase toute faite qu’il a entendue quelque part et certes, ce n’est qu’un enfant mais justement c’est un enfant et l’éducation reste la clef de tout!</p> <p>Photo © TVE</p> USA: Violences sexuelles sur les campus 2015-01-02T06:47:59+00:00 2015-01-02T06:47:59+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/665-usa-violences-sexuelles-sur-les-campus Lucie Canal [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/columbia.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Alors que les mouvements étudiants contre les violences sexuelles sur les campus étasuniens ne cessent de prendre de l’ampleur, les débats autour du viol et du rôle de la victime sont relancés.   </strong><br /><br />Emma Sulkowicz est aujourd’hui devenue la figure de proue du mouvement étudiant contre les violences sexuelles sur le campus de Columbia à New York. Alors qu’à la fin de l’été 2012 Emma entre en deuxième année, elle est brutalement violée dans sa chambre de résidence universitaire. Son agresseur, elle le connaît : Emma et lui se sont déjà fréquentés au cours de l’année précédente. Au lendemain de son agression, l’étudiante traumatisée et humiliée n’ose se confier à personne. Lorsqu’après des mois de souffrance silencieuse Emma décide d’informer l’administration de Columbia, elle sait que décrire les détails de son viol aux membres du Conseil Disciplinaire sera une expérience éprouvante. Elle est cependant loin d’imaginer ce qui suit. Le Conseil met immédiatement en doute la parole d’Emma et multiplie les questions déplacées. Ainsi, la jeune femme doit expliquer à de nombreuses reprises comment un viol anal est physiquement possible. La plainte d’Emma est, sans surprise, rejetée par le Conseil, tout comme celles de deux autres étudiantes déclarant avoir été agressées par le même individu.<br />    <br /><strong>Un mouvement de colère</strong> soulève alors la communauté étudiante, s’étendant au-delà des associations traditionnellement impliquées dans la lutte contre les violences sexuelles sur le campus. Les élèves exigent que l’administration s’empare de ce problème endémique avec plus de sérieux, d’efficacité, et de respect pour les victimes. Le corps étudiant demande à ce que l’université conduise et publie une étude sérieuse sur la fréquence des violences sexuelles sur le campus de Columbia, puis agisse en conséquence. L’administration reconnaît d’importantes lacunes dans son traitement des agressions sexuelles : une série de réformes s’ensuit. <br /><br />Si les étudiants engagés dans le mouvement apprécient les efforts déployés par l’administration, ils ne perçoivent pas les récents changements comme une réelle victoire. L’agresseur présumé d’Emma, par exemple, continue sa scolarité au sein de l’université, malgré de multiples plaintes à son encontre. Le mouvement étudiant se concentre désormais sur la responsabilisation – autrement dit l’expulsion –  des étudiants reconnus coupables du crime de viol. Un nouveau règlement et un personnel sensibilisé aux violences sexuelles sont des avancées indéniables. Pourtant rien de cela n’aura le moindre impact si les individus coupables d’agression ne sont pas tenus responsables de leurs actes et sont autorisés à poursuivre leurs études. Tant que l’administration universitaire n’entreprendra aucune véritable action à l’encontre les agresseurs, elle continuera d’envoyer un seul et unique message : les violeurs sont protégés, les victimes ignorées.<br /><br />Alors, lorsque des individus tels que Susan Patton sont invités à exprimer leur opinion au sujet des violences sexuelles sur les campus, le combat étudiant semble loin d’être gagné. La ‘Princeton Mom’, rendue célèbre outre-Atlantique pour encourager les jeunes étudiantes à trouver un mari durant leurs années d’université, a ainsi récemment déclaré lors d’une interview sur le plateau de CNN : «[…] il y a viol, et puis il y a viol». Selon elle, les conversations autour des violences sexuelles sur les campus conduisent à une mauvaise définition du viol. Soudain, on ne parle plus «d’une femme violée à la menace d’un revolver ou d’un couteau», mais d’un «mélodrame résultant d’un rapport sexuel maladroit». Patton poursuit en suggérant que les jeunes femmes préviennent les agressions en «restant suffisamment sobres pour s’extirper d’une situation pénible». <br /><br /><strong>L’intervention de Susan Patton</strong> relance un débat problématique autour des violences sexuelles. Problématique, car il n’a finalement pas lieu d’être. De tels propos renforcent en effet le scepticisme social auxquels nombre de victimes d’agression sexuelle continue de se heurter. Comment étais-tu habillée ? Avais-tu bu ? As-tu déjà eu des relations sexuelles avec ce garçon ? Autant de questions qui se rejoignent en une conviction, exprimée par la Princeton Mom : la victime joue un rôle dans son agression, et la responsabilité de prévenir le viol incombe à l’agressée, non pas à l’agresseur. <br /><br />Permettre aux Susan Patton de l’Amérique de publiquement dédramatiser les agressions sur les campus – et plus largement les violences faites aux femmes – fausse profondément le problème. Alors que la communauté étudiante à travers le pays s’unit dans une volonté d’éradiquer un mal touchant une étudiante sur cinq, le viol continue d’être médiatiquement décortiqué comme un objet complexe qui divise obligatoirement les opinions. Il devient soudain nécessaire de mesurer le degré de l’agression sexuelle, de connaître dans les moindres détails le comportement de la victime, d’analyser la culture sexuelle étudiante, et de savoir si l’agresseur avait un avenir prometteur. <br /><br />Le fait que les discussions autour des violences sexuelles sur les campus donnent naissance à des opinions variées et parfois radicalement opposées est révélateur. Cela démontre à quel point le viol n’est pas un crime comme les autres : il met mal à l’aise ; provoque la remise en question et la responsabilisation de la victime ; conduit au débat. Cela dépeint également le corps de la femme comme propriété collective. Il est en effet du devoir des femmes de prévenir les agressions : si elles échouent et se mettent en danger, il est normal que l’homme prenne avantage de cette opportunité. Les soi-disant débats sur les violences sexuelles participent en outre à construire une image bien attristante de l’homme, réduit à des pulsions animales socialement acceptables. <br /><br />Il est intéressant d’observer que ces éléments sont à l’origine de ce qui a désormais été défini comme la ‘culture du viol’ sur les campus universitaires. S’il faut aujourd’hui que les étudiants s’unissent et prennent eux-mêmes les choses en main, c’est bien parce que la tolérance pour les violences sexuelles est un problème qui ne se limite pas aux universités. Pointer du doigt les étudiants et leurs mœurs légères est aussi bien erroné qu’inutile : les agressions sexuelles sur les campus sont la manifestation d’un problème de société bien plus large. <br /><br /><strong>Les conversations autour des viols</strong> sur les campus oublient souvent les faits et les chiffres : un minimum de 300.000 femmes sont violées chaque année aux Etats-Unis ; 97% des violeurs ne sont jamais incarcérés ; entre seulement 2 et 8% des plaintes pour viol constituent de fausses accusations. La ‘culture du viol’ est bel et bien présente sur les campus universitaires, et continuer à en débattre plutôt qu’à la combattre revient à tolérer les violences sexuelles. On accepte que les parents décident d’envoyer leurs filles à l’université avec une bombe au poivre dans le sac. On trouve cela normal qu’une jeune femme parte pour l’université avec une ‘chance’ sur cinq d’être sexuellement agressée avant la fin de son cursus.  <br /><br />Les discussions porteraient davantage de fruits si elles se concentraient sur le crime en tant que tel, et sur les initiatives des mouvements étudiants. Car le viol est un crime. Les agressions sexuelles sont un crime. Faire place à un tel crime dans le milieu universitaire revient à ne pas lutter contre les violences sexuelles dans leur ensemble, et à accepter que celles-ci fassent partie intégrante du quotidien de plus de la moitié de la population. Le viol sur les campus est un fait que personne ne peut – et ne devrait – nier. Cette réalité du viol est si ancrée dans l’esprit des étudiantes qu’il influence de nombreux aspects de leurs vies et s’invite dans de nombreuses conversations. Ainsi lorsque des individus tels que Susan Patton, symbole d’un puritanisme largement répandu, sont encouragés à partager leurs théories sociales archaïques et ignorantes, le combat contre les violences sexuelles est mis en danger. <br /><br />Pour conclure, l’actualité universitaire américaine devrait susciter des interrogations de notre côté de l’Atlantique. Il serait bien trop facile de cantonner le sujet des violences sexuelles étudiantes aux frontières américaines. Qu’en est-il sur le vieux continent ?<br /><br /><br /><br /><br /></p> <p><img src="images/ailleurs/columbia.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Alors que les mouvements étudiants contre les violences sexuelles sur les campus étasuniens ne cessent de prendre de l’ampleur, les débats autour du viol et du rôle de la victime sont relancés.   </strong><br /><br />Emma Sulkowicz est aujourd’hui devenue la figure de proue du mouvement étudiant contre les violences sexuelles sur le campus de Columbia à New York. Alors qu’à la fin de l’été 2012 Emma entre en deuxième année, elle est brutalement violée dans sa chambre de résidence universitaire. Son agresseur, elle le connaît : Emma et lui se sont déjà fréquentés au cours de l’année précédente. Au lendemain de son agression, l’étudiante traumatisée et humiliée n’ose se confier à personne. Lorsqu’après des mois de souffrance silencieuse Emma décide d’informer l’administration de Columbia, elle sait que décrire les détails de son viol aux membres du Conseil Disciplinaire sera une expérience éprouvante. Elle est cependant loin d’imaginer ce qui suit. Le Conseil met immédiatement en doute la parole d’Emma et multiplie les questions déplacées. Ainsi, la jeune femme doit expliquer à de nombreuses reprises comment un viol anal est physiquement possible. La plainte d’Emma est, sans surprise, rejetée par le Conseil, tout comme celles de deux autres étudiantes déclarant avoir été agressées par le même individu.<br />    <br /><strong>Un mouvement de colère</strong> soulève alors la communauté étudiante, s’étendant au-delà des associations traditionnellement impliquées dans la lutte contre les violences sexuelles sur le campus. Les élèves exigent que l’administration s’empare de ce problème endémique avec plus de sérieux, d’efficacité, et de respect pour les victimes. Le corps étudiant demande à ce que l’université conduise et publie une étude sérieuse sur la fréquence des violences sexuelles sur le campus de Columbia, puis agisse en conséquence. L’administration reconnaît d’importantes lacunes dans son traitement des agressions sexuelles : une série de réformes s’ensuit. <br /><br />Si les étudiants engagés dans le mouvement apprécient les efforts déployés par l’administration, ils ne perçoivent pas les récents changements comme une réelle victoire. L’agresseur présumé d’Emma, par exemple, continue sa scolarité au sein de l’université, malgré de multiples plaintes à son encontre. Le mouvement étudiant se concentre désormais sur la responsabilisation – autrement dit l’expulsion –  des étudiants reconnus coupables du crime de viol. Un nouveau règlement et un personnel sensibilisé aux violences sexuelles sont des avancées indéniables. Pourtant rien de cela n’aura le moindre impact si les individus coupables d’agression ne sont pas tenus responsables de leurs actes et sont autorisés à poursuivre leurs études. Tant que l’administration universitaire n’entreprendra aucune véritable action à l’encontre les agresseurs, elle continuera d’envoyer un seul et unique message : les violeurs sont protégés, les victimes ignorées.<br /><br />Alors, lorsque des individus tels que Susan Patton sont invités à exprimer leur opinion au sujet des violences sexuelles sur les campus, le combat étudiant semble loin d’être gagné. La ‘Princeton Mom’, rendue célèbre outre-Atlantique pour encourager les jeunes étudiantes à trouver un mari durant leurs années d’université, a ainsi récemment déclaré lors d’une interview sur le plateau de CNN : «[…] il y a viol, et puis il y a viol». Selon elle, les conversations autour des violences sexuelles sur les campus conduisent à une mauvaise définition du viol. Soudain, on ne parle plus «d’une femme violée à la menace d’un revolver ou d’un couteau», mais d’un «mélodrame résultant d’un rapport sexuel maladroit». Patton poursuit en suggérant que les jeunes femmes préviennent les agressions en «restant suffisamment sobres pour s’extirper d’une situation pénible». <br /><br /><strong>L’intervention de Susan Patton</strong> relance un débat problématique autour des violences sexuelles. Problématique, car il n’a finalement pas lieu d’être. De tels propos renforcent en effet le scepticisme social auxquels nombre de victimes d’agression sexuelle continue de se heurter. Comment étais-tu habillée ? Avais-tu bu ? As-tu déjà eu des relations sexuelles avec ce garçon ? Autant de questions qui se rejoignent en une conviction, exprimée par la Princeton Mom : la victime joue un rôle dans son agression, et la responsabilité de prévenir le viol incombe à l’agressée, non pas à l’agresseur. <br /><br />Permettre aux Susan Patton de l’Amérique de publiquement dédramatiser les agressions sur les campus – et plus largement les violences faites aux femmes – fausse profondément le problème. Alors que la communauté étudiante à travers le pays s’unit dans une volonté d’éradiquer un mal touchant une étudiante sur cinq, le viol continue d’être médiatiquement décortiqué comme un objet complexe qui divise obligatoirement les opinions. Il devient soudain nécessaire de mesurer le degré de l’agression sexuelle, de connaître dans les moindres détails le comportement de la victime, d’analyser la culture sexuelle étudiante, et de savoir si l’agresseur avait un avenir prometteur. <br /><br />Le fait que les discussions autour des violences sexuelles sur les campus donnent naissance à des opinions variées et parfois radicalement opposées est révélateur. Cela démontre à quel point le viol n’est pas un crime comme les autres : il met mal à l’aise ; provoque la remise en question et la responsabilisation de la victime ; conduit au débat. Cela dépeint également le corps de la femme comme propriété collective. Il est en effet du devoir des femmes de prévenir les agressions : si elles échouent et se mettent en danger, il est normal que l’homme prenne avantage de cette opportunité. Les soi-disant débats sur les violences sexuelles participent en outre à construire une image bien attristante de l’homme, réduit à des pulsions animales socialement acceptables. <br /><br />Il est intéressant d’observer que ces éléments sont à l’origine de ce qui a désormais été défini comme la ‘culture du viol’ sur les campus universitaires. S’il faut aujourd’hui que les étudiants s’unissent et prennent eux-mêmes les choses en main, c’est bien parce que la tolérance pour les violences sexuelles est un problème qui ne se limite pas aux universités. Pointer du doigt les étudiants et leurs mœurs légères est aussi bien erroné qu’inutile : les agressions sexuelles sur les campus sont la manifestation d’un problème de société bien plus large. <br /><br /><strong>Les conversations autour des viols</strong> sur les campus oublient souvent les faits et les chiffres : un minimum de 300.000 femmes sont violées chaque année aux Etats-Unis ; 97% des violeurs ne sont jamais incarcérés ; entre seulement 2 et 8% des plaintes pour viol constituent de fausses accusations. La ‘culture du viol’ est bel et bien présente sur les campus universitaires, et continuer à en débattre plutôt qu’à la combattre revient à tolérer les violences sexuelles. On accepte que les parents décident d’envoyer leurs filles à l’université avec une bombe au poivre dans le sac. On trouve cela normal qu’une jeune femme parte pour l’université avec une ‘chance’ sur cinq d’être sexuellement agressée avant la fin de son cursus.  <br /><br />Les discussions porteraient davantage de fruits si elles se concentraient sur le crime en tant que tel, et sur les initiatives des mouvements étudiants. Car le viol est un crime. Les agressions sexuelles sont un crime. Faire place à un tel crime dans le milieu universitaire revient à ne pas lutter contre les violences sexuelles dans leur ensemble, et à accepter que celles-ci fassent partie intégrante du quotidien de plus de la moitié de la population. Le viol sur les campus est un fait que personne ne peut – et ne devrait – nier. Cette réalité du viol est si ancrée dans l’esprit des étudiantes qu’il influence de nombreux aspects de leurs vies et s’invite dans de nombreuses conversations. Ainsi lorsque des individus tels que Susan Patton, symbole d’un puritanisme largement répandu, sont encouragés à partager leurs théories sociales archaïques et ignorantes, le combat contre les violences sexuelles est mis en danger. <br /><br />Pour conclure, l’actualité universitaire américaine devrait susciter des interrogations de notre côté de l’Atlantique. Il serait bien trop facile de cantonner le sujet des violences sexuelles étudiantes aux frontières américaines. Qu’en est-il sur le vieux continent ?<br /><br /><br /><br /><br /></p> La vie de palace 2014-12-16T05:48:57+00:00 2014-12-16T05:48:57+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/664-la-vie-de-palace Yvon Huet [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Chafikha.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le mouvement social qui a enflammé les palaces parisiens a commencé après la dernière fashion week : après le Hyatt Vendôme, puis le Hyatt Paris Madeleine, ce fut au tour des femmes de chambres du Royal Monceau Raffles de se mettre en grève. Parmi elles,
 Chafikha Gherabba s’est révélée redoutable négociatrice et syndicaliste déterminée.</strong><br /><br />D’ordinaire, dans l’ambiance feutrée des palaces, les mots se chuchotent, les gestes se mesurent, tout en discrétion et en retenue. Cet automne, devant le Royal Monceau, des drapeaux de la CGT étaient plantés dans les pots de fleurs, et les grévistes criaient leurs revendications dans des mégaphones. Un contraste frappant, un fossé séparant deux mondes surtout, celui des riches propriétaires du fonds qatari Katara Hospitality, qui détient aussi le Peninsula, le Buddha Hôtel à Paris et le Carlton à Cannes face à celui des employé-e-s du palace payé-e-s entre 1200 et 1300 euros nets par mois, sachant que des chambres au Royal Monceau peuvent coûter 25000 euros la nuit…
 <br />C’est précisément lors de la négociation annuelle des salaires que le ras-le-bol s’est exprimé. A l’augmentation de 3% réclamée par les syndicats, la direction a répondu 1,8%. Pour Chafikha, c’est à ce moment que l’idée de la grève illimitée s’est imposée. Cette jeune femme, employée dans le palace depuis quatre ans, l’a constaté : «Au bout de deux ans, les conditions de travail se sont dégradées». Tout le monde travaille sous pression, en sous-effectif permanent. Avec d’autres, elle décide de se syndiquer «pour changer les choses». Elle explique que «dans ma famille, la solidarité, on connaît. Mon père aimait aussi défendre les gens. Il m’a transmis ses valeurs. J’ai donc trouvé, avec la CGT, le moyen de les mettre en pratique». Son premier combat politique, elle le remporte au printemps : son syndicat s’impose aux élections, «ce qui n’était pas gagné d’avance», concède-t-elle. Elle participe ensuite à l’élaboration d’une plate-forme de revendications, portant sur les salaires et les conditions de travail, dont notamment une augmentation du salaire horaire de deux euros pour les 300 employé-e-s et ouvrièr-e-s de l’hôtel.<br /><br />A cœur du conflit, «nous avons aussi mobilisé et syndiqué des salariés pour arriver à 36 jours de grève» dit-elle plutôt fière. Si la lutte était très dure, elle note le rôle déterminant des femmes dans ce combat. «Il y a eu beaucoup de solidarité certes, mais c’était très dur de tenir, surtout pour les femmes monoparentales. Pour autant, les femmes, quand elles s’engagent, ont des capacités de lutte et de résistance sous-estimées. Elles connaissent souvent plus la dureté de la vie que les hommes. Dans cette lutte, elles ont montré leur courage, leur détermination et ont joué un rôle essentiel dans la victoire qui a été obtenue le 14 octobre 2014». Et au final, c’était payant puisqu’au terme de la grève, Chafikha jubile : «+ 96 euros sur la fiche de paye et le respect».<br /><br />Féministe, Chafikha l’est assurément et vit son engagement au quotidien. Pour elle, «il faut se battre pour que les femmes ne soient plus prisonnières de l’esclavage à la maison pour les unes et au travail pour les autres, parfois les deux ensemble !». Et c’est pas fini ! Elle poursuit le combat : «Je dois maintenant défendre une collègue menacée de licenciement. Pour moi, déléguée syndicale, ce n’est pas du blablabla, c’est du concret au quotidien. Quand on sent la force en soi, il faut l’utiliser et la transmettre».
 <br /><br />Photo © Yvon Huet</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Chafikha.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le mouvement social qui a enflammé les palaces parisiens a commencé après la dernière fashion week : après le Hyatt Vendôme, puis le Hyatt Paris Madeleine, ce fut au tour des femmes de chambres du Royal Monceau Raffles de se mettre en grève. Parmi elles,
 Chafikha Gherabba s’est révélée redoutable négociatrice et syndicaliste déterminée.</strong><br /><br />D’ordinaire, dans l’ambiance feutrée des palaces, les mots se chuchotent, les gestes se mesurent, tout en discrétion et en retenue. Cet automne, devant le Royal Monceau, des drapeaux de la CGT étaient plantés dans les pots de fleurs, et les grévistes criaient leurs revendications dans des mégaphones. Un contraste frappant, un fossé séparant deux mondes surtout, celui des riches propriétaires du fonds qatari Katara Hospitality, qui détient aussi le Peninsula, le Buddha Hôtel à Paris et le Carlton à Cannes face à celui des employé-e-s du palace payé-e-s entre 1200 et 1300 euros nets par mois, sachant que des chambres au Royal Monceau peuvent coûter 25000 euros la nuit…
 <br />C’est précisément lors de la négociation annuelle des salaires que le ras-le-bol s’est exprimé. A l’augmentation de 3% réclamée par les syndicats, la direction a répondu 1,8%. Pour Chafikha, c’est à ce moment que l’idée de la grève illimitée s’est imposée. Cette jeune femme, employée dans le palace depuis quatre ans, l’a constaté : «Au bout de deux ans, les conditions de travail se sont dégradées». Tout le monde travaille sous pression, en sous-effectif permanent. Avec d’autres, elle décide de se syndiquer «pour changer les choses». Elle explique que «dans ma famille, la solidarité, on connaît. Mon père aimait aussi défendre les gens. Il m’a transmis ses valeurs. J’ai donc trouvé, avec la CGT, le moyen de les mettre en pratique». Son premier combat politique, elle le remporte au printemps : son syndicat s’impose aux élections, «ce qui n’était pas gagné d’avance», concède-t-elle. Elle participe ensuite à l’élaboration d’une plate-forme de revendications, portant sur les salaires et les conditions de travail, dont notamment une augmentation du salaire horaire de deux euros pour les 300 employé-e-s et ouvrièr-e-s de l’hôtel.<br /><br />A cœur du conflit, «nous avons aussi mobilisé et syndiqué des salariés pour arriver à 36 jours de grève» dit-elle plutôt fière. Si la lutte était très dure, elle note le rôle déterminant des femmes dans ce combat. «Il y a eu beaucoup de solidarité certes, mais c’était très dur de tenir, surtout pour les femmes monoparentales. Pour autant, les femmes, quand elles s’engagent, ont des capacités de lutte et de résistance sous-estimées. Elles connaissent souvent plus la dureté de la vie que les hommes. Dans cette lutte, elles ont montré leur courage, leur détermination et ont joué un rôle essentiel dans la victoire qui a été obtenue le 14 octobre 2014». Et au final, c’était payant puisqu’au terme de la grève, Chafikha jubile : «+ 96 euros sur la fiche de paye et le respect».<br /><br />Féministe, Chafikha l’est assurément et vit son engagement au quotidien. Pour elle, «il faut se battre pour que les femmes ne soient plus prisonnières de l’esclavage à la maison pour les unes et au travail pour les autres, parfois les deux ensemble !». Et c’est pas fini ! Elle poursuit le combat : «Je dois maintenant défendre une collègue menacée de licenciement. Pour moi, déléguée syndicale, ce n’est pas du blablabla, c’est du concret au quotidien. Quand on sent la force en soi, il faut l’utiliser et la transmettre».
 <br /><br />Photo © Yvon Huet</p> A Madrid, le porno sauve le théâtre 2014-12-05T06:20:02+00:00 2014-12-05T06:20:02+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/659-a-madrid-le-porno-sauve-le-theatre Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/prismas%20de%20riesgo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A Madrid, Primas de riesgo (Primes de risque) une compagnie de théâtre composée exclusivement de femmes s’est reconvertie dans le porno pour échapper au taux de TVA de 21% qui frappe la culture. Pour poursuivre leur activité théâtrale, le billet du spectacle est encarté dans un magazine pornographique. Un des nombreux exemples de la créativité à l’œuvre qui permet de survivre dans un pays étouffé par la pression fiscale.</strong><br /><br /></p> <p>Karina Garantiva, directrice et productrice de la petite compagnie, a eu l’idée de se convertir en distributrice de revues érotiques pour profiter du taux de TVA de 4% dont bénéficie la presse magazine. Elle a racheté un stock de magazines porno des années 80-90 cédés à bon prix par un collectionneur. Elle a ensuite changé les statuts de la compagnie auprès de l’administration et le tour de passe-passe était fait.<br /><br />Intitulée « <em>Revistas Porno 4-Calderón 21</em> » (Revues porno 4-Calderón 21, du nom de l’auteur Pedro Calderon de la Barca dont la pièce, <em>Le magicien prodigieux</em> est jouée par la compagnie, ndlr), la campagne est destinée à alerter le public et le gouvernement. En septembre 2012, ce dernier a augmenté la TVA de 8% à 21% sur les spectacles de théâtre, musique et sur le cinéma, faisant ainsi chuter les revenus des entreprises culturelles d’un tiers et provoquant des vagues de licenciements sans précédent. Avant cette mesure, le secteur de la culture contribuait à hauteur de 2,5% au PIB de l’Espagne.<br /><br />Karina Garantiva explique : «Nous ne voulons pas de subventions, notre initiative est privée. La meilleure subvention serait que les mesures fiscales ne m’empêchent pas de faire mon travail». L’initiative n’a pas fait que des adeptes. Des critiques se sont érigées contre le procédé et contre l’idée de recourir à la pornographie pour vendre des places de spectacles. Ce à quoi la directrice répond : «Ce qui est immoral, ce n’est pas que des filles distribuent des magazines porno, mais que le gouvernement offre des facilités à ces publications plutôt qu’à son patrimoine culturel». Elle assure que «rien n’est définitif. Si le gouvernement renonce à ce taux de TVA culturel, nous ferons marche arrière». En attendant, elle invite les autres compagnies à l’imiter.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/prismas%20de%20riesgo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A Madrid, Primas de riesgo (Primes de risque) une compagnie de théâtre composée exclusivement de femmes s’est reconvertie dans le porno pour échapper au taux de TVA de 21% qui frappe la culture. Pour poursuivre leur activité théâtrale, le billet du spectacle est encarté dans un magazine pornographique. Un des nombreux exemples de la créativité à l’œuvre qui permet de survivre dans un pays étouffé par la pression fiscale.</strong><br /><br /></p> <p>Karina Garantiva, directrice et productrice de la petite compagnie, a eu l’idée de se convertir en distributrice de revues érotiques pour profiter du taux de TVA de 4% dont bénéficie la presse magazine. Elle a racheté un stock de magazines porno des années 80-90 cédés à bon prix par un collectionneur. Elle a ensuite changé les statuts de la compagnie auprès de l’administration et le tour de passe-passe était fait.<br /><br />Intitulée « <em>Revistas Porno 4-Calderón 21</em> » (Revues porno 4-Calderón 21, du nom de l’auteur Pedro Calderon de la Barca dont la pièce, <em>Le magicien prodigieux</em> est jouée par la compagnie, ndlr), la campagne est destinée à alerter le public et le gouvernement. En septembre 2012, ce dernier a augmenté la TVA de 8% à 21% sur les spectacles de théâtre, musique et sur le cinéma, faisant ainsi chuter les revenus des entreprises culturelles d’un tiers et provoquant des vagues de licenciements sans précédent. Avant cette mesure, le secteur de la culture contribuait à hauteur de 2,5% au PIB de l’Espagne.<br /><br />Karina Garantiva explique : «Nous ne voulons pas de subventions, notre initiative est privée. La meilleure subvention serait que les mesures fiscales ne m’empêchent pas de faire mon travail». L’initiative n’a pas fait que des adeptes. Des critiques se sont érigées contre le procédé et contre l’idée de recourir à la pornographie pour vendre des places de spectacles. Ce à quoi la directrice répond : «Ce qui est immoral, ce n’est pas que des filles distribuent des magazines porno, mais que le gouvernement offre des facilités à ces publications plutôt qu’à son patrimoine culturel». Elle assure que «rien n’est définitif. Si le gouvernement renonce à ce taux de TVA culturel, nous ferons marche arrière». En attendant, elle invite les autres compagnies à l’imiter.</p> <p>Photo DR</p> Pas de maquillage au volant 2014-12-02T11:46:12+00:00 2014-12-02T11:46:12+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/658-pas-de-maquillage-au-volant Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Loujain.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Loujain al-Hathloul, activiste féministe d’Arabie Saoudite, a été arrêtée alors qu’elle rentrait des Emirats arabes unis au volant de sa voiture. Elle a documenté son aventure à travers son compte Twitter ce qui a engendré de nombreuses réactions de la part de ses concitoyen-ne-s. Son arrestation relance la polémique sur l’interdiction de conduire faite aux femmes saoudiennes.</strong><br /><br />Dimanche dernier, munie de son permis de conduire obtenu dans le pays voisin, Loujain al-Hathloul s’apprête à passer la frontière pour rentrer chez elle et accessoirement pour attirer l’attention du gouvernement sur cette interdiction absurde. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=m7r-p7FHxqo"><span style="text-decoration: underline;">Elle se filme au volant</span></a> avant et pendant sa tentative. Evidemment, les garde-frontières ne l’autorisent pas à pénétrer aux commandes de sa grosse cylindrée sur le territoire saoudien. Elle twitte. «Ça fait 24 heures que je suis à la frontière saoudienne. Ils ne me donnent pas mon passeport, ne me laissent pas passer et le ministère de l’Intérieur ne réagit pas». Elle est bel et bien bloquée à ce poste frontière et du temps pour documenter ce qui lui arrive, elle va en avoir.<br /><br />Dans ses messages, la jeune femme décrit les conditions de son arrestation et estime qu’elle ne fait rien de mal : elle a un permis délivré aux Émirats arabes unis. Et selon un accord signé par le royaume wahhabite, "un conducteur détenant un permis de conduire délivré dans un pays du Golfe a le droit, sans entamer aucune démarche, d'utiliser son permis dans un autre pays du Golfe". Dans cet accord, il n’est pas fait référence au sexe du conducteur. Pourquoi dès lors ne pourrait-elle pas conduire en Arabie Saoudite ?<br /><br />On se souvient du mouvement <a href="http://lemilie.org/index.php/ailleurs/265-conductrices-a-contre-sens"><span style="text-decoration: underline;">Women2Drive i</span></a>nitié en 2011 par Manal al-Charif, informaticienne de 32 ans, qui se filmait au volant dans les rues de Riyad. Arrêtée, la jeune femme avait reçu un large soutien sur les réseaux sociaux. Devant la détermination des Saoudiennes, le gouvernement commence à lâcher du lest. En effet, il est désormais question d’assouplir l’interdiction sur la conduite pour les femmes. Début novembre pour la première fois, le conseil consultatif du roi d’Arabie saoudite a recommandé la levée partielle de l’interdiction de conduire pour les femmes sous certaines conditions : seules les Saoudiennes de plus de 30 ans et qui ne sont pas maquillées auraient le droit de prendre le volant. De quoi méditer…</p> <p>Photo © Twitter @LoujainHathloul</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Loujain.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Loujain al-Hathloul, activiste féministe d’Arabie Saoudite, a été arrêtée alors qu’elle rentrait des Emirats arabes unis au volant de sa voiture. Elle a documenté son aventure à travers son compte Twitter ce qui a engendré de nombreuses réactions de la part de ses concitoyen-ne-s. Son arrestation relance la polémique sur l’interdiction de conduire faite aux femmes saoudiennes.</strong><br /><br />Dimanche dernier, munie de son permis de conduire obtenu dans le pays voisin, Loujain al-Hathloul s’apprête à passer la frontière pour rentrer chez elle et accessoirement pour attirer l’attention du gouvernement sur cette interdiction absurde. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=m7r-p7FHxqo"><span style="text-decoration: underline;">Elle se filme au volant</span></a> avant et pendant sa tentative. Evidemment, les garde-frontières ne l’autorisent pas à pénétrer aux commandes de sa grosse cylindrée sur le territoire saoudien. Elle twitte. «Ça fait 24 heures que je suis à la frontière saoudienne. Ils ne me donnent pas mon passeport, ne me laissent pas passer et le ministère de l’Intérieur ne réagit pas». Elle est bel et bien bloquée à ce poste frontière et du temps pour documenter ce qui lui arrive, elle va en avoir.<br /><br />Dans ses messages, la jeune femme décrit les conditions de son arrestation et estime qu’elle ne fait rien de mal : elle a un permis délivré aux Émirats arabes unis. Et selon un accord signé par le royaume wahhabite, "un conducteur détenant un permis de conduire délivré dans un pays du Golfe a le droit, sans entamer aucune démarche, d'utiliser son permis dans un autre pays du Golfe". Dans cet accord, il n’est pas fait référence au sexe du conducteur. Pourquoi dès lors ne pourrait-elle pas conduire en Arabie Saoudite ?<br /><br />On se souvient du mouvement <a href="index.php/ailleurs/265-conductrices-a-contre-sens"><span style="text-decoration: underline;">Women2Drive i</span></a>nitié en 2011 par Manal al-Charif, informaticienne de 32 ans, qui se filmait au volant dans les rues de Riyad. Arrêtée, la jeune femme avait reçu un large soutien sur les réseaux sociaux. Devant la détermination des Saoudiennes, le gouvernement commence à lâcher du lest. En effet, il est désormais question d’assouplir l’interdiction sur la conduite pour les femmes. Début novembre pour la première fois, le conseil consultatif du roi d’Arabie saoudite a recommandé la levée partielle de l’interdiction de conduire pour les femmes sous certaines conditions : seules les Saoudiennes de plus de 30 ans et qui ne sont pas maquillées auraient le droit de prendre le volant. De quoi méditer…</p> <p>Photo © Twitter @LoujainHathloul</p> Le zoo humain d'Exhibit B 2014-11-28T05:22:40+00:00 2014-11-28T05:22:40+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/656-le-zoo-humain-dexhibit-b Hellen Williams [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/exhibit%20b.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>“Exhibit B”, l’installation du Sud-Africain blanc Brett Bailey qui recrée avec des acteurs-trices noir-e-s un zoo humain tels qu’ils étaient en vogue à la fin du XIXème siècle enflamme la toile, après avoir provoqué de violentes controverses à Londres, où le Barbican a annulé sa présentation au dernier moment, et à Paris, qui la reçoit actuellement.</strong> <br /><br />Les détracteurs de l’installation, à l'instar d'Yvette Gresslé, dans un article paru sur le site <a href="http://www.3ammagazine.com/3am/twenty-pound-spectacle-brett-bailey-exhibit-b/"><span style="text-decoration: underline;">www.3ammagazine.com,</span></a> en dénoncent le racisme, le sexiste et le classisme. Le journaliste Hugh Muir, du Guardian, regrette quant à lui, une oeuvre destinée principalement à un public blanc, que Bailey choque via la déshumanisation totale de ses acteurs. <br /><br />Pour S.O.S racisme en revanche, ou pour Stella Odunlami une actrice recrutée pour figurer dans Exhibit B à Londres, l’installation offre une possibilité de récupérer la mémoire historique d’un peuple opprimé. L’auteur et les institutions culturelles en appellent, de leur côté, à la liberté d’expression.<br /><br />Or la liberté (d’expression) de Bailey face à l’esclavage pose question, du fait de son refus à reconnaître qu’il parle depuis les positions dominantes de mâle, blanc, et de metteur en scène, avec les rapports de pouvoir qu’elles impliquent. Dans la <a href="http://www.nitro.co.uk/wordpress/wp-content/uploads/2014/07/EXHIBIT-B-info-for-auditionees-01082014.pdf"><span style="text-decoration: underline;">documentation</span></a> envoyée aux acteurs désirant passer le casting, il apparaît clairement que Bailey se place en spectateur- voyeur d’une Afrique qu’il résume à des stéréotypes intolérablement réducteurs. Gresslé l’affirme : l’installation de Bailey récupère sans la dénoncer la représentation historique des corps des femmes noires, en les exposant nues, enchaînées et soumises au « regard blanc » d’une société occidentale qui ne peut concevoir le monde qu’à travers sa propre supériorité. <br /><br />On peut se demander pourquoi les institutions culturelles occidentales continuent à privilégier les représentations négatives des personnes qui ne correspondent pas à la norme dominante blanche, mâle, et hétérosexuelle? Ne contribuent-elles pas ainsi à perpétuer dans l’inconscient collectif l’équation « hors-norme=victime=assisté » comme pour les maintenir dans un état d’infériorité et de dépendance ? <br /><br />Cette question est d’ailleurs au cœur d’une autre polémique, soulevée cette fois par le projet Band Aid 30 de Bod Geldof destinée à récolter des fonds pour lutter contre l’Ebola, que certain-e-s des artistes sollicités (dont Damon Albarn, Lily Allen, Fuse ODG…) ont refusée en raison de l’image inexacte et misérabiliste de l’Afrique véhiculée par la chanson. <br /><br />L’Afrique est un continent pillé depuis des décennies par un Occident qui lui doit beaucoup, il serait temps que nous apprenions à en re/connaître l’histoire et les talents dans un respect plein d’enthousiasme. Et si plutôt qu’un Bailey’s imbuvable, vous sirotiez un <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.frieze.com/issue/review/tracey-rose/)">Tracey Rose</a></span> bien frappé… un double <a href="http://www.sokari.co.uk/"><span style="text-decoration: underline;">Sokari Douglas Camp</span></a> ou un <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.gallerymomo.com/artists/mary-sibande/images/index/">Mary Sibande </a></span> grand vintage… du <span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=3958BuZDqOs?">Boyzie Cekwana</a></span> secoué et remué…<br /><br /><br />Photo DR<br /><br /></p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/exhibit%20b.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>“Exhibit B”, l’installation du Sud-Africain blanc Brett Bailey qui recrée avec des acteurs-trices noir-e-s un zoo humain tels qu’ils étaient en vogue à la fin du XIXème siècle enflamme la toile, après avoir provoqué de violentes controverses à Londres, où le Barbican a annulé sa présentation au dernier moment, et à Paris, qui la reçoit actuellement.</strong> <br /><br />Les détracteurs de l’installation, à l'instar d'Yvette Gresslé, dans un article paru sur le site <a href="http://www.3ammagazine.com/3am/twenty-pound-spectacle-brett-bailey-exhibit-b/"><span style="text-decoration: underline;">www.3ammagazine.com,</span></a> en dénoncent le racisme, le sexiste et le classisme. Le journaliste Hugh Muir, du Guardian, regrette quant à lui, une oeuvre destinée principalement à un public blanc, que Bailey choque via la déshumanisation totale de ses acteurs. <br /><br />Pour S.O.S racisme en revanche, ou pour Stella Odunlami une actrice recrutée pour figurer dans Exhibit B à Londres, l’installation offre une possibilité de récupérer la mémoire historique d’un peuple opprimé. L’auteur et les institutions culturelles en appellent, de leur côté, à la liberté d’expression.<br /><br />Or la liberté (d’expression) de Bailey face à l’esclavage pose question, du fait de son refus à reconnaître qu’il parle depuis les positions dominantes de mâle, blanc, et de metteur en scène, avec les rapports de pouvoir qu’elles impliquent. Dans la <a href="http://www.nitro.co.uk/wordpress/wp-content/uploads/2014/07/EXHIBIT-B-info-for-auditionees-01082014.pdf"><span style="text-decoration: underline;">documentation</span></a> envoyée aux acteurs désirant passer le casting, il apparaît clairement que Bailey se place en spectateur- voyeur d’une Afrique qu’il résume à des stéréotypes intolérablement réducteurs. Gresslé l’affirme : l’installation de Bailey récupère sans la dénoncer la représentation historique des corps des femmes noires, en les exposant nues, enchaînées et soumises au « regard blanc » d’une société occidentale qui ne peut concevoir le monde qu’à travers sa propre supériorité. <br /><br />On peut se demander pourquoi les institutions culturelles occidentales continuent à privilégier les représentations négatives des personnes qui ne correspondent pas à la norme dominante blanche, mâle, et hétérosexuelle? Ne contribuent-elles pas ainsi à perpétuer dans l’inconscient collectif l’équation « hors-norme=victime=assisté » comme pour les maintenir dans un état d’infériorité et de dépendance ? <br /><br />Cette question est d’ailleurs au cœur d’une autre polémique, soulevée cette fois par le projet Band Aid 30 de Bod Geldof destinée à récolter des fonds pour lutter contre l’Ebola, que certain-e-s des artistes sollicités (dont Damon Albarn, Lily Allen, Fuse ODG…) ont refusée en raison de l’image inexacte et misérabiliste de l’Afrique véhiculée par la chanson. <br /><br />L’Afrique est un continent pillé depuis des décennies par un Occident qui lui doit beaucoup, il serait temps que nous apprenions à en re/connaître l’histoire et les talents dans un respect plein d’enthousiasme. Et si plutôt qu’un Bailey’s imbuvable, vous sirotiez un <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.frieze.com/issue/review/tracey-rose/)">Tracey Rose</a></span> bien frappé… un double <a href="http://www.sokari.co.uk/"><span style="text-decoration: underline;">Sokari Douglas Camp</span></a> ou un <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.gallerymomo.com/artists/mary-sibande/images/index/">Mary Sibande </a></span> grand vintage… du <span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=3958BuZDqOs?">Boyzie Cekwana</a></span> secoué et remué…<br /><br /><br />Photo DR<br /><br /></p> <p> </p> La logique capitaliste des stérilisations 2014-11-17T10:52:40+00:00 2014-11-17T10:52:40+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/649-la-logique-capitaliste-des-sterilisations Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/sterilisation%20inde.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En Inde, le contrôle des naissances passe essentiellement par la stérilisation. La mort de 14 femmes dans l’Etat du Chhattisgarh suite à leur opération a provoqué un tollé international. La tragédie relance le débat sur l’exploitation des Indiennes.</strong><br /><br />Si les médias ont insisté sur le manque d’hygiène et l’usage de médicaments périmés au cours de ces interventions pratiquées sauvagement sur le corps des femmes (le chirurgien en a tout de même opéré 83 en cinq heures…), très peu ont relevé que les campagnes de stérilisation étaient un instrument de pouvoir coercitif exercé contre les Indiennes. Que ce soit sur une base contrainte ou volontaire, rémunérée 1400 roupies soit 20 euros, la stérilisation existe dans cette perspective bio-politique depuis des années déjà. On se rappelle que dans les années 70, le gouvernement d’Indira Gandhi l’avait imposée à dix millions de personnes, principalement des hommes. L’Inde pratique 37% des stérilisations mondiales avec 4,6 millions de femmes opérées en 2012. Des camps dédiés à ces interventions se répartissent dans tout le pays et des armées de travailleurs sociaux sillonnent les campagnes pour convaincre les candidates et atteindre leur quota. Bien que l’Inde ait officiellement renoncé à tout objectif chiffré depuis 1996, l’ONG Human Right Watch affirme que c'est toujours le cas dans certains Etats où les fonctionnaires sont menacés de perdre leur travail s’ils ne les remplissent pas. </p> <p>En matière de contraception, les Indien-ne-s n’ont guère le choix : la pilule est tabou, le préservatif est peu utilisé et la stérilisation des hommes est minoritaire. La diffusion de nouvelles pratiques en matière de santé reproductive se heurte à des résistances sociales et psychologiques très importantes. Les femmes n’ont pas le contrôle sur leur corps. Surtout, elles n’ont aucun moyen d’en avoir dans une région pauvre comme l’Etat du Chhattisgarh. Elles ont peu accès à l’éducation et peuvent difficilement dégager un revenu propre qui leur donnerait de l’autonomie. Sans pouvoir économique, elles ont peu de chances de pouvoir maitriser elles-mêmes leur fécondité. </p> <p>Le cynisme tient au fait que cette politique de contrôle des naissances voulue par le gouvernement indien s’inscrit en réalité dans une stratégie économique globale : les femmes pauvres constituent une grande partie de la main-d’œuvre exploitée dans les usines qui tournent à plein régime pour les multinationales, notamment du textile. Ces travailleuses doivent rester performantes à leur poste et une grossesse ne ferait que diminuer leur efficacité. L’Inde se développe à marche forcée sur le dos de femmes qui ne récolteront pas les fruits d’une quelconque croissance mais dont on s’assure du rendement maximum. La triste réalité des campagnes de stérilisation s’inscrit dans cette effroyable logique capitaliste.</p> <p>Les familles des femmes décédées lors de l'opération ont reçu une indemnisation de 2500 euros, le prix de la vie d'une femme...<br /><br /></p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/sterilisation%20inde.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>En Inde, le contrôle des naissances passe essentiellement par la stérilisation. La mort de 14 femmes dans l’Etat du Chhattisgarh suite à leur opération a provoqué un tollé international. La tragédie relance le débat sur l’exploitation des Indiennes.</strong><br /><br />Si les médias ont insisté sur le manque d’hygiène et l’usage de médicaments périmés au cours de ces interventions pratiquées sauvagement sur le corps des femmes (le chirurgien en a tout de même opéré 83 en cinq heures…), très peu ont relevé que les campagnes de stérilisation étaient un instrument de pouvoir coercitif exercé contre les Indiennes. Que ce soit sur une base contrainte ou volontaire, rémunérée 1400 roupies soit 20 euros, la stérilisation existe dans cette perspective bio-politique depuis des années déjà. On se rappelle que dans les années 70, le gouvernement d’Indira Gandhi l’avait imposée à dix millions de personnes, principalement des hommes. L’Inde pratique 37% des stérilisations mondiales avec 4,6 millions de femmes opérées en 2012. Des camps dédiés à ces interventions se répartissent dans tout le pays et des armées de travailleurs sociaux sillonnent les campagnes pour convaincre les candidates et atteindre leur quota. Bien que l’Inde ait officiellement renoncé à tout objectif chiffré depuis 1996, l’ONG Human Right Watch affirme que c'est toujours le cas dans certains Etats où les fonctionnaires sont menacés de perdre leur travail s’ils ne les remplissent pas. </p> <p>En matière de contraception, les Indien-ne-s n’ont guère le choix : la pilule est tabou, le préservatif est peu utilisé et la stérilisation des hommes est minoritaire. La diffusion de nouvelles pratiques en matière de santé reproductive se heurte à des résistances sociales et psychologiques très importantes. Les femmes n’ont pas le contrôle sur leur corps. Surtout, elles n’ont aucun moyen d’en avoir dans une région pauvre comme l’Etat du Chhattisgarh. Elles ont peu accès à l’éducation et peuvent difficilement dégager un revenu propre qui leur donnerait de l’autonomie. Sans pouvoir économique, elles ont peu de chances de pouvoir maitriser elles-mêmes leur fécondité. </p> <p>Le cynisme tient au fait que cette politique de contrôle des naissances voulue par le gouvernement indien s’inscrit en réalité dans une stratégie économique globale : les femmes pauvres constituent une grande partie de la main-d’œuvre exploitée dans les usines qui tournent à plein régime pour les multinationales, notamment du textile. Ces travailleuses doivent rester performantes à leur poste et une grossesse ne ferait que diminuer leur efficacité. L’Inde se développe à marche forcée sur le dos de femmes qui ne récolteront pas les fruits d’une quelconque croissance mais dont on s’assure du rendement maximum. La triste réalité des campagnes de stérilisation s’inscrit dans cette effroyable logique capitaliste.</p> <p>Les familles des femmes décédées lors de l'opération ont reçu une indemnisation de 2500 euros, le prix de la vie d'une femme...<br /><br /></p> <p>Photo DR</p> L'Allemagne redéfinit la notion de viol 2014-11-07T05:15:58+00:00 2014-11-07T05:15:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/645-lallemagne-redefinit-la-notion-de-viol Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/code%20penalD.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Sous la pression de l’ONU, l’Allemagne va élargir sa définition du viol, désormais plus restrictive que dans de nombreux pays, pour y intégrer toutes les relations sexuelles non consenties. Cette réforme annoncée par Heiko Maas (SPD), ministre fédéral de la Justice, vise à «mieux protéger les femmes».</strong><br /><br />A l’occasion de leur réunion d’automne à Berlin, les ministres de la Justice des Länder se sont mis d’accord pour redéfinir de manière plus contraignante la notion de viol. Jusqu’à présent, le paragraphe 177 du code pénal allemand le caractérisait comme une relation sexuelle obtenue «par la violence, par une menace portant sur la vie ou l’intégrité corporelle», ou lorsque la victime se trouve «privée de toute défense» ce qui permettait aux agresseurs, dans de nombreux cas, d’échapper aux sanctions prévues, soit cinq à dix ans de prison encourus selon les cas. La précédente réforme du code pénal sur le sujet de 1997-98 était restée sans effet. Dans la plupart des Länder, seules 4% des plaintes aboutissaient à des condamnations. Pour le ministre de la Justice, il était temps d’agir. Lors de son intervention, Heiko Maas a également déploré que la loi allemande ne punisse pas le harcèlement sexuel au travail. <br /><br />Le projet de loi qui devrait être présenté au printemps prochain devant le parlement devrait être désormais plus restrictif que dans la plupart pays occidentaux. En France, les situations de «violence, contrainte, menace ou surprise» sont retenues, au Canada, c’est «l’absence de consentement», et la Californie vient d’adopter une loi exigeant un consentement explicite sur les campus universitaires. Les associations de victimes et les féministes n’ont jamais relâché la pression, relayées au niveau gouvernemental par les instances de l’ONU qui réclamaient depuis des années une évolution de la loi en ce sens.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/code%20penalD.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Sous la pression de l’ONU, l’Allemagne va élargir sa définition du viol, désormais plus restrictive que dans de nombreux pays, pour y intégrer toutes les relations sexuelles non consenties. Cette réforme annoncée par Heiko Maas (SPD), ministre fédéral de la Justice, vise à «mieux protéger les femmes».</strong><br /><br />A l’occasion de leur réunion d’automne à Berlin, les ministres de la Justice des Länder se sont mis d’accord pour redéfinir de manière plus contraignante la notion de viol. Jusqu’à présent, le paragraphe 177 du code pénal allemand le caractérisait comme une relation sexuelle obtenue «par la violence, par une menace portant sur la vie ou l’intégrité corporelle», ou lorsque la victime se trouve «privée de toute défense» ce qui permettait aux agresseurs, dans de nombreux cas, d’échapper aux sanctions prévues, soit cinq à dix ans de prison encourus selon les cas. La précédente réforme du code pénal sur le sujet de 1997-98 était restée sans effet. Dans la plupart des Länder, seules 4% des plaintes aboutissaient à des condamnations. Pour le ministre de la Justice, il était temps d’agir. Lors de son intervention, Heiko Maas a également déploré que la loi allemande ne punisse pas le harcèlement sexuel au travail. <br /><br />Le projet de loi qui devrait être présenté au printemps prochain devant le parlement devrait être désormais plus restrictif que dans la plupart pays occidentaux. En France, les situations de «violence, contrainte, menace ou surprise» sont retenues, au Canada, c’est «l’absence de consentement», et la Californie vient d’adopter une loi exigeant un consentement explicite sur les campus universitaires. Les associations de victimes et les féministes n’ont jamais relâché la pression, relayées au niveau gouvernemental par les instances de l’ONU qui réclamaient depuis des années une évolution de la loi en ce sens.</p> <p>Photo DR</p> D'ex-otages de Boko Haram témoignent 2014-11-03T09:04:59+00:00 2014-11-03T09:04:59+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/642-dex-otages-de-boko-haram-temoignent Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/nigeria_intro.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Dans un nouveau rapport publié le 27 octobre dernier, l’ONG Human Rights Watch s’appuie sur des entretiens avec plus de 46 témoins et victimes d’enlèvements commis par Boko Haram dans les États de Borno, Yobe et Adamawa au Nigéria pour dénoncer les mariages et conversions forcés, les viols, et l’envoi de femmes et de jeunes filles sur la ligne de front. La publication de ce rapport intervient au moment où de nouveaux enlèvements d’adolescent-e-s et de femmes ont eu lieu, mettant un terme à l’illusion de la libération des 219 lycéennes enlevées à Chibok en avril et toujours aux mains des islamistes.</strong></p> <p>Le rapport de 63 pages, intitulé «<a href="http://features.hrw.org/features/HRW_2014_report/Those_Terrible_Weeks_in_Their_Camp/index.html"><span style="text-decoration: underline;">Those Terrible Weeks in Their Camp</span></a>: Boko Haram Violence against Women and Girls in Northeast Nigeria» («Ces semaines horribles passées dans leur camp: Les violences de Boko Haram contre les femmes et les filles dans le nord-est du Nigeria», ndlr) dévoile les violences subies par ces femmes durant leur captivité. Parmi ces victimes figurent douze jeunes filles qui faisaient partie du groupe de 276 filles de l’école de Chibok et qui ont réussi à s’échapper. Elles disent avoir cohabité avec de nombreuses autres personnes de sexe féminin âgées de zéro à soixante-cinq ans, sans savoir si toutes étaient otages. Une des ex-otages de Chibok dit avoir été forcée à cuisiner et à nettoyer pour d'autres femmes qui avaient droit à un traitement de faveur "à cause de leur beauté". Plusieurs femmes racontent avoir été frappées jusqu'à ce qu'elles acceptent de se convertir à l'islam. Une autre, âgée de 15 ans, raconte que lorsqu'elle s'est plainte à ses geôliers d'être trop jeune pour se marier, un des commandants lui a dit que sa fille de 5 ans avait été mariée l'année précédente...</p> <p>Dans le rapport de Human Rights Watch, une jeune fille de 19 ans dit elle avoir été forcée à participer à des attaques islamistes. "On m'a demandé de porter les munitions et de m'allonger dans l'herbe pendant qu'ils se battaient. Ils venaient s'approvisionner en munitions, au cours de la journée, alors que les combats se poursuivaient", a-t-elle expliqué. "Quand les forces de sécurité sont arrivées sur place et qu'elles se sont mises à tirer, je suis tombée par terre, de peur. Les insurgés m'ont alors traînée sur le sol, en s'enfuyant vers le camp. Elle raconte avoir aussi reçu l'ordre d'égorger un des membres d'une milice privée capturé par Boko Haram, à l'aide d'un couteau :"Je tremblais, horrifiée, et je n'ai pas pu le faire. La femme du chef du camp a alors pris le couteau et elle l'a tué".</p> <p>Les témoignages de toutes ces femmes mais également de travailleurs sociaux, membres d’organisations non gouvernementales nigérianes et internationales, diplomates, journalistes, chefs religieux et représentants des gouvernements fédéral et des États interrogés par Human Rights Watch laissent entendre que le gouvernement nigérian n’a pas protégé de manière adéquate les femmes et les filles de nombreux abus, ne leur a pas apporté de soutien efficace ni de soins médicaux et psychologiques après leur captivité, n’a pas garanti l’accès à des écoles bénéficiant de conditions sécuritaires adaptées, ou n’a pas mené d’enquêtes et poursuivi en justice les auteurs de ces abus. Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch estime que «la tragédie de Chibok et la campagne #BringBackOurGirls ont attiré une attention internationale indispensable sur la vulnérabilité terrifiante des filles dans le nord-est du Nigéria». Il poursuit en disant que «maintenant le gouvernement nigérian et ses alliés doivent intensifier leurs efforts pour mettre un terme à ces enlèvements violents et apporter une aide médicale, psychologique et sociale aux femmes et filles qui ont réussi à s’échapper.»<br /><br />Photo © Human Rights Watch</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/nigeria_intro.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Dans un nouveau rapport publié le 27 octobre dernier, l’ONG Human Rights Watch s’appuie sur des entretiens avec plus de 46 témoins et victimes d’enlèvements commis par Boko Haram dans les États de Borno, Yobe et Adamawa au Nigéria pour dénoncer les mariages et conversions forcés, les viols, et l’envoi de femmes et de jeunes filles sur la ligne de front. La publication de ce rapport intervient au moment où de nouveaux enlèvements d’adolescent-e-s et de femmes ont eu lieu, mettant un terme à l’illusion de la libération des 219 lycéennes enlevées à Chibok en avril et toujours aux mains des islamistes.</strong></p> <p>Le rapport de 63 pages, intitulé «<a href="http://features.hrw.org/features/HRW_2014_report/Those_Terrible_Weeks_in_Their_Camp/index.html"><span style="text-decoration: underline;">Those Terrible Weeks in Their Camp</span></a>: Boko Haram Violence against Women and Girls in Northeast Nigeria» («Ces semaines horribles passées dans leur camp: Les violences de Boko Haram contre les femmes et les filles dans le nord-est du Nigeria», ndlr) dévoile les violences subies par ces femmes durant leur captivité. Parmi ces victimes figurent douze jeunes filles qui faisaient partie du groupe de 276 filles de l’école de Chibok et qui ont réussi à s’échapper. Elles disent avoir cohabité avec de nombreuses autres personnes de sexe féminin âgées de zéro à soixante-cinq ans, sans savoir si toutes étaient otages. Une des ex-otages de Chibok dit avoir été forcée à cuisiner et à nettoyer pour d'autres femmes qui avaient droit à un traitement de faveur "à cause de leur beauté". Plusieurs femmes racontent avoir été frappées jusqu'à ce qu'elles acceptent de se convertir à l'islam. Une autre, âgée de 15 ans, raconte que lorsqu'elle s'est plainte à ses geôliers d'être trop jeune pour se marier, un des commandants lui a dit que sa fille de 5 ans avait été mariée l'année précédente...</p> <p>Dans le rapport de Human Rights Watch, une jeune fille de 19 ans dit elle avoir été forcée à participer à des attaques islamistes. "On m'a demandé de porter les munitions et de m'allonger dans l'herbe pendant qu'ils se battaient. Ils venaient s'approvisionner en munitions, au cours de la journée, alors que les combats se poursuivaient", a-t-elle expliqué. "Quand les forces de sécurité sont arrivées sur place et qu'elles se sont mises à tirer, je suis tombée par terre, de peur. Les insurgés m'ont alors traînée sur le sol, en s'enfuyant vers le camp. Elle raconte avoir aussi reçu l'ordre d'égorger un des membres d'une milice privée capturé par Boko Haram, à l'aide d'un couteau :"Je tremblais, horrifiée, et je n'ai pas pu le faire. La femme du chef du camp a alors pris le couteau et elle l'a tué".</p> <p>Les témoignages de toutes ces femmes mais également de travailleurs sociaux, membres d’organisations non gouvernementales nigérianes et internationales, diplomates, journalistes, chefs religieux et représentants des gouvernements fédéral et des États interrogés par Human Rights Watch laissent entendre que le gouvernement nigérian n’a pas protégé de manière adéquate les femmes et les filles de nombreux abus, ne leur a pas apporté de soutien efficace ni de soins médicaux et psychologiques après leur captivité, n’a pas garanti l’accès à des écoles bénéficiant de conditions sécuritaires adaptées, ou n’a pas mené d’enquêtes et poursuivi en justice les auteurs de ces abus. Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch estime que «la tragédie de Chibok et la campagne #BringBackOurGirls ont attiré une attention internationale indispensable sur la vulnérabilité terrifiante des filles dans le nord-est du Nigéria». Il poursuit en disant que «maintenant le gouvernement nigérian et ses alliés doivent intensifier leurs efforts pour mettre un terme à ces enlèvements violents et apporter une aide médicale, psychologique et sociale aux femmes et filles qui ont réussi à s’échapper.»<br /><br />Photo © Human Rights Watch</p> Gay donc pas sexiste... 2014-10-24T04:13:51+00:00 2014-10-24T04:13:51+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/636-gay-donc-pas-sexiste Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Nawal%20Ben%20Hamou.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A la Chambre des représentants belge, les députées se débattent comme dans toutes les assemblées parlementaires du monde entier avec les propos sexistes de leurs collègues masculins. Sauf que cette fois-ci, l'histoire est particulière puisque l'auteur affirme qu'il ne peut s'agir de sexisme puisqu'il est gay…</strong><br /><br />Nawal Ben Hamou, députée fédérale PS de 27 ans, intervenait pour la première fois devant ses pairs, sur un sujet relatif à la fonction publique et fut longuement applaudie pour son travail. Suite à son discours, le député du Mouvement Réformateur, Jean-Jacques Flahaux s'est exprimé  en ces termes: «Je tenais à féliciter notre nouvelle collègue. Elle parle bien. Elle est intelligente. Et moi, je peux me le permettre, elle est jolie», avant de qualifier la députée d’«Alice au pays des merveilles», pour marquer son désaccord sur la question traitée .<br /><br />Nawal Ben Hamou a immédiatement réagi: «Mon intervention était de défendre les travailleurs et les fonctionnaires. Et je trouve révoltant qu’un député s’arrête uniquement sur mon physique. J’attendais un peu plus de considération à l’égard des travailleurs. Je suis le relais des citoyens au sein du parlement et non une barbie! Il faut arrêter de parler de mon physique constamment.» Pour la presse belge, l'affaire n'est pas sans rappeler les habituels comportements sexistes de l'Assemblée nationale française et en particulier ceux subis par Cécile Duflot, alors ministre du Logement, qui avait été sifflée parce qu'elle portait une robe.<br /><br />Sauf que Jean-Jacques Flahaux ne comprend pas la colère de Nawal Ben Hamou ni le fait d'être taxé de sexiste. Selon lui, puisqu'il est homosexuel, il aurait le droit de faire ce genre de remarque: "Je suis gay et tout le monde le sait. Il n’y a donc pas de côté sexiste de ma part. Ce n’est pas comme si cela venait d’un homme hétérosexuel". Alors, nous voilà rassurées ! Le fait d'appartenir à une minorité sexuelle n'absout personne de comportements répréhensibles. Eh oui, on peut être gay et sexiste, gay et grossier, voire gay et de mauvaise foi.</p> <p>Photo DR, <em>Nawal Ben Hamou, députée PS à la Chambre des représentants belge</em></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Nawal%20Ben%20Hamou.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A la Chambre des représentants belge, les députées se débattent comme dans toutes les assemblées parlementaires du monde entier avec les propos sexistes de leurs collègues masculins. Sauf que cette fois-ci, l'histoire est particulière puisque l'auteur affirme qu'il ne peut s'agir de sexisme puisqu'il est gay…</strong><br /><br />Nawal Ben Hamou, députée fédérale PS de 27 ans, intervenait pour la première fois devant ses pairs, sur un sujet relatif à la fonction publique et fut longuement applaudie pour son travail. Suite à son discours, le député du Mouvement Réformateur, Jean-Jacques Flahaux s'est exprimé  en ces termes: «Je tenais à féliciter notre nouvelle collègue. Elle parle bien. Elle est intelligente. Et moi, je peux me le permettre, elle est jolie», avant de qualifier la députée d’«Alice au pays des merveilles», pour marquer son désaccord sur la question traitée .<br /><br />Nawal Ben Hamou a immédiatement réagi: «Mon intervention était de défendre les travailleurs et les fonctionnaires. Et je trouve révoltant qu’un député s’arrête uniquement sur mon physique. J’attendais un peu plus de considération à l’égard des travailleurs. Je suis le relais des citoyens au sein du parlement et non une barbie! Il faut arrêter de parler de mon physique constamment.» Pour la presse belge, l'affaire n'est pas sans rappeler les habituels comportements sexistes de l'Assemblée nationale française et en particulier ceux subis par Cécile Duflot, alors ministre du Logement, qui avait été sifflée parce qu'elle portait une robe.<br /><br />Sauf que Jean-Jacques Flahaux ne comprend pas la colère de Nawal Ben Hamou ni le fait d'être taxé de sexiste. Selon lui, puisqu'il est homosexuel, il aurait le droit de faire ce genre de remarque: "Je suis gay et tout le monde le sait. Il n’y a donc pas de côté sexiste de ma part. Ce n’est pas comme si cela venait d’un homme hétérosexuel". Alors, nous voilà rassurées ! Le fait d'appartenir à une minorité sexuelle n'absout personne de comportements répréhensibles. Eh oui, on peut être gay et sexiste, gay et grossier, voire gay et de mauvaise foi.</p> <p>Photo DR, <em>Nawal Ben Hamou, députée PS à la Chambre des représentants belge</em></p> Apple/Facebook: Congelez vos ovocytes 2014-10-15T12:57:33+00:00 2014-10-15T12:57:33+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/631-applefacebook-congelez-vos-ovocytes- Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/ovocyte.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Deux multinationales de la Silicon Valley, Apple et Facebook proposent à leurs collaboratrices de payer la congélation de leurs ovocytes afin de féminiser leurs équipes. Encore une brillante idée capitaliste : travaillez plus maintenant et maternez plus tard. Ou comment concilier vie familiale et vie professionnelle…</strong><br /><br />Selon <a href="http://www.nbcnews.com/news/us-news/perk-facebook-apple-now-pay-women-freeze-eggs-n225011">NBC News</a>, Facebook aurait déjà commencé à se lancer dans le financement de la congélation d’ovocytes de ses salariées, Apple le ferait à partir de janvier 2015. Une initiative vue par certaines femmes de pouvoir comme une avancée si l’on en croit les réactions enthousiastes qui fleurissent sur les réseaux sociaux. La Silicon Valley est plutôt un bastion masculin et attirer les talents féminins n’est pas si simple. C’est pour cette raison que les deux géants de l’informatique et des réseaux sociaux parient sur la maternité… à retardement. Du point de vue des deux entreprises, le concept est gagnant-gagnant : les femmes peuvent travailler jusqu’à plus soif pendant des années, grimper les échelons sans vergogne et amasser des liasses de dollars tout en sachant que lorsqu’elles le désireront (dans longtemps quand même), elles pourront récupérer leurs œufs congelés pour fonder la famille nombreuse dont elles ont toujours rêvé.<br /><br />Aux Etats-Unis, les entreprises paient d’ordinaire la couverture sociale de leurs salarié-e-s et s’engagent dans ce cas à rajouter 20 000 dollars pour conserver les précieuses cellules. Il n’est pas certain que la chose soit admise de notre côté de l’Atlantique tant d’un point de vue prise en charge que d’un point de vue éthique. Les féministes étasuniennes sont, comme souvent en pareil cas, partagées entre désir de réussir (professionnellement) et méfiance devant le postulat d’une incompatibilité acquise vie professionnelle/vie familiale. <br /><br /></p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/ovocyte.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Deux multinationales de la Silicon Valley, Apple et Facebook proposent à leurs collaboratrices de payer la congélation de leurs ovocytes afin de féminiser leurs équipes. Encore une brillante idée capitaliste : travaillez plus maintenant et maternez plus tard. Ou comment concilier vie familiale et vie professionnelle…</strong><br /><br />Selon <a href="http://www.nbcnews.com/news/us-news/perk-facebook-apple-now-pay-women-freeze-eggs-n225011">NBC News</a>, Facebook aurait déjà commencé à se lancer dans le financement de la congélation d’ovocytes de ses salariées, Apple le ferait à partir de janvier 2015. Une initiative vue par certaines femmes de pouvoir comme une avancée si l’on en croit les réactions enthousiastes qui fleurissent sur les réseaux sociaux. La Silicon Valley est plutôt un bastion masculin et attirer les talents féminins n’est pas si simple. C’est pour cette raison que les deux géants de l’informatique et des réseaux sociaux parient sur la maternité… à retardement. Du point de vue des deux entreprises, le concept est gagnant-gagnant : les femmes peuvent travailler jusqu’à plus soif pendant des années, grimper les échelons sans vergogne et amasser des liasses de dollars tout en sachant que lorsqu’elles le désireront (dans longtemps quand même), elles pourront récupérer leurs œufs congelés pour fonder la famille nombreuse dont elles ont toujours rêvé.<br /><br />Aux Etats-Unis, les entreprises paient d’ordinaire la couverture sociale de leurs salarié-e-s et s’engagent dans ce cas à rajouter 20 000 dollars pour conserver les précieuses cellules. Il n’est pas certain que la chose soit admise de notre côté de l’Atlantique tant d’un point de vue prise en charge que d’un point de vue éthique. Les féministes étasuniennes sont, comme souvent en pareil cas, partagées entre désir de réussir (professionnellement) et méfiance devant le postulat d’une incompatibilité acquise vie professionnelle/vie familiale. <br /><br /></p> <p> </p> Paris: opération propreté 2014-10-07T03:05:21+00:00 2014-10-07T03:05:21+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/626-paris-operation-proprete-lgbt Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/proprete%20lgbt.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La démarche est symbolique et marque la fin du cauchemar pour celles et ceux visé-e-s par la Manif pour tous (LMPT). Le soir même de la dernière parade </strong><strong><strong> rose et bleu </strong>à Paris, des cohortes de militant-e-s pro-égalité ont repris le trajet du défilé pour nettoyer les rues et ainsi éliminer les marques d’homophobie et les traces de haine. Cette opération «propreté», co-organisée par l'association FièrEs et l'Inter-LGBT, avait pour but de permettre aux gens qui travaillent le lendemain d’évoluer dans un environnement plus serein.</strong><br /><br />L’idée lancée sur les réseaux sociaux et intitulée #commandoLGBTpropreté a rassemblé plus d’une cinquantaine de volontaires. Ce dimanche 5 octobre à 21 heures, Amandine Miguel , porte-parole chargée de la visibilité lesbienne à l’Inter-LGBT, et Delphine Aslan, porte-parole de FièrEs, briefent les troupes : il s’agit de faire disparaître les stickers, affiches et drapeaux qui restent après le passage de l’ouragan LMPT. Prêt-e-s à décoller ? C’est parti ! Celles et ceux qui ne participent pas au nettoyage encouragent sur Twitter les bénévoles qui s’activent dans les rues de la capitale française. Les décolleurs-euses commentent en retour et font part de leurs découvertes : doudous perdus ou autres pancartes abandonnées avec des slogans plus que douteux du style «on veut des bimbos pas du mariage homo». Mais on savait depuis longtemps que les intégristes de la LMPT et de l’extrême-droite n’étaient pas précisément féministes. Du coup, des petits malins poussent plus loin en demandant aux militant-e-s sur le terrain s’ils n’ont pas trouvé le dildo de la présidente de la Manif qui l’aurait perdu en route…<br /><br />Les nettoyeurs-euses y vont avec les mains pour arracher les stickers, grimpent aux arbres, aux réverbères, aux feux pour décrocher banderoles et drapeaux, on en a même vu esclader les façades des immeubles pour décoller des affiches haut-perchées. Véritables prises de guerre, ces «trophées», certain-e-s militant-e-s ont décidé de les garder. Et ce n’est que vers deux heures du matin que l’expédition a atteint Montparnasse, étape ultime de la manif avec le sentiment de mission accomplie : lundi, les Parisien-ne-s ont pu commencer leur semaine sans voir de messages de haine. Comme le conclut Amandine Miguel dans un dernier tweet : from Paris with love.<br /><br /></p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p>Contre la haine et pour l'Amour de TOUTES les familles <a href="https://twitter.com/hashtag/commandoLGBTpropret%C3%A9?src=hash">#commandoLGBTpropreté</a> <a href="https://twitter.com/assoFierEs">@assoFierEs</a> <a href="https://twitter.com/Yagg">@Yagg</a> <a href="http://t.co/SjPVmXd8Hf">pic.twitter.com/SjPVmXd8Hf</a></p> — Inter-LGBT (@InterLGBT) <a href="https://twitter.com/InterLGBT/status/518865523946586112">5 Octobre 2014</a></blockquote> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/proprete%20lgbt.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La démarche est symbolique et marque la fin du cauchemar pour celles et ceux visé-e-s par la Manif pour tous (LMPT). Le soir même de la dernière parade </strong><strong><strong> rose et bleu </strong>à Paris, des cohortes de militant-e-s pro-égalité ont repris le trajet du défilé pour nettoyer les rues et ainsi éliminer les marques d’homophobie et les traces de haine. Cette opération «propreté», co-organisée par l'association FièrEs et l'Inter-LGBT, avait pour but de permettre aux gens qui travaillent le lendemain d’évoluer dans un environnement plus serein.</strong><br /><br />L’idée lancée sur les réseaux sociaux et intitulée #commandoLGBTpropreté a rassemblé plus d’une cinquantaine de volontaires. Ce dimanche 5 octobre à 21 heures, Amandine Miguel , porte-parole chargée de la visibilité lesbienne à l’Inter-LGBT, et Delphine Aslan, porte-parole de FièrEs, briefent les troupes : il s’agit de faire disparaître les stickers, affiches et drapeaux qui restent après le passage de l’ouragan LMPT. Prêt-e-s à décoller ? C’est parti ! Celles et ceux qui ne participent pas au nettoyage encouragent sur Twitter les bénévoles qui s’activent dans les rues de la capitale française. Les décolleurs-euses commentent en retour et font part de leurs découvertes : doudous perdus ou autres pancartes abandonnées avec des slogans plus que douteux du style «on veut des bimbos pas du mariage homo». Mais on savait depuis longtemps que les intégristes de la LMPT et de l’extrême-droite n’étaient pas précisément féministes. Du coup, des petits malins poussent plus loin en demandant aux militant-e-s sur le terrain s’ils n’ont pas trouvé le dildo de la présidente de la Manif qui l’aurait perdu en route…<br /><br />Les nettoyeurs-euses y vont avec les mains pour arracher les stickers, grimpent aux arbres, aux réverbères, aux feux pour décrocher banderoles et drapeaux, on en a même vu esclader les façades des immeubles pour décoller des affiches haut-perchées. Véritables prises de guerre, ces «trophées», certain-e-s militant-e-s ont décidé de les garder. Et ce n’est que vers deux heures du matin que l’expédition a atteint Montparnasse, étape ultime de la manif avec le sentiment de mission accomplie : lundi, les Parisien-ne-s ont pu commencer leur semaine sans voir de messages de haine. Comme le conclut Amandine Miguel dans un dernier tweet : from Paris with love.<br /><br /></p> <blockquote class="twitter-tweet" lang="fr"> <p>Contre la haine et pour l'Amour de TOUTES les familles <a href="https://twitter.com/hashtag/commandoLGBTpropret%C3%A9?src=hash">#commandoLGBTpropreté</a> <a href="https://twitter.com/assoFierEs">@assoFierEs</a> <a href="https://twitter.com/Yagg">@Yagg</a> <a href="http://t.co/SjPVmXd8Hf">pic.twitter.com/SjPVmXd8Hf</a></p> — Inter-LGBT (@InterLGBT) <a href="https://twitter.com/InterLGBT/status/518865523946586112">5 Octobre 2014</a></blockquote> <p> </p> En prison pour un match de volley 2014-09-29T07:31:54+00:00 2014-09-29T07:31:54+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/623-en-prison-pour-un-match-de-volley Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/%20Ghoncheh%20Ghavami.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Après les condamnations des jeunes Iranien-ne-s qui ont posté sur YouTube leur version de Happy, c’est au tour des supportrices des matchs de volley de méditer dans les geôles du régime du président Rohani. L’une d’elle, Ghoncheh Ghavami, fait figure de bouc émissaire en raison de sa double nationalité anglo-iranienne.</strong><br /><br />Au début de l’été, Ghoncheh Ghavami et ses amies voulaient voir la rencontre de volley Iran-Italie qui avait lieu au stade Azadi de Téhéran et demandaient la fin de l’interdiction pour les femmes d’assister aux manifestations sportives. Les manifestantes avaient alors été immédiatement arrêtées et relâchées quelques heures plus tard. Fin juin, Ghoncheh Ghavami retournait à la police pour récupérer son téléphone qui avait été confisqué. Sauf qu’elle n’est jamais rentrée chez elle et qu’à ce jour, elle est toujours en prison.<br /><br />Selon Amnesty International, elle a été mise à l’isolement pendant 40 jours avant de pouvoir partager une cellule avec d’autres co-détenues et soumise à une pression psychologique violente. De son côté, le Foreign Office ne peut pas faire grand’chose car l’Iran ne reconnaît pas la double nationalité des personnes. Cet Etat considère dans ce cas que la seule identité recevable est l’iranienne et en conséquence applique ses propres lois. L’avocat de Ghoncheh Ghavami n’a toujours pas pu la voir. Une campagne de signatures est en ligne sur<strong><a href="https://www.change.org/p/ramenez-ma-soeur-%C3%A0-la-maison-freeghonchehghavami"> change.org</a></strong> et <a href="https://twitter.com/HumanRtsV/status/511257307296972800"><strong>#FreeGhonchehGhavami</strong></a> fait entendre la voix de ses partisans dans le monde entier.<br /><br />D’autres femmes avant elle ont connu le même sort pour avoir demandé d’entrer dans les stades : en juin 2011, la photographe Maryam Majd avait été arrêtée elle aussi. A noter que l’Iran est particulièrement vigilant sur les activités des citoyen-ne-s qui possèdent une double nationalité. En mai dernier, une autre Anglo-Iranienne, Roya Saberinejad Nobakht, était emprisonnée suite à ses commentaires sur sa page Facebook et condamnée à 20 ans…</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/%20Ghoncheh%20Ghavami.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Après les condamnations des jeunes Iranien-ne-s qui ont posté sur YouTube leur version de Happy, c’est au tour des supportrices des matchs de volley de méditer dans les geôles du régime du président Rohani. L’une d’elle, Ghoncheh Ghavami, fait figure de bouc émissaire en raison de sa double nationalité anglo-iranienne.</strong><br /><br />Au début de l’été, Ghoncheh Ghavami et ses amies voulaient voir la rencontre de volley Iran-Italie qui avait lieu au stade Azadi de Téhéran et demandaient la fin de l’interdiction pour les femmes d’assister aux manifestations sportives. Les manifestantes avaient alors été immédiatement arrêtées et relâchées quelques heures plus tard. Fin juin, Ghoncheh Ghavami retournait à la police pour récupérer son téléphone qui avait été confisqué. Sauf qu’elle n’est jamais rentrée chez elle et qu’à ce jour, elle est toujours en prison.<br /><br />Selon Amnesty International, elle a été mise à l’isolement pendant 40 jours avant de pouvoir partager une cellule avec d’autres co-détenues et soumise à une pression psychologique violente. De son côté, le Foreign Office ne peut pas faire grand’chose car l’Iran ne reconnaît pas la double nationalité des personnes. Cet Etat considère dans ce cas que la seule identité recevable est l’iranienne et en conséquence applique ses propres lois. L’avocat de Ghoncheh Ghavami n’a toujours pas pu la voir. Une campagne de signatures est en ligne sur<strong><a href="https://www.change.org/p/ramenez-ma-soeur-%C3%A0-la-maison-freeghonchehghavami"> change.org</a></strong> et <a href="https://twitter.com/HumanRtsV/status/511257307296972800"><strong>#FreeGhonchehGhavami</strong></a> fait entendre la voix de ses partisans dans le monde entier.<br /><br />D’autres femmes avant elle ont connu le même sort pour avoir demandé d’entrer dans les stades : en juin 2011, la photographe Maryam Majd avait été arrêtée elle aussi. A noter que l’Iran est particulièrement vigilant sur les activités des citoyen-ne-s qui possèdent une double nationalité. En mai dernier, une autre Anglo-Iranienne, Roya Saberinejad Nobakht, était emprisonnée suite à ses commentaires sur sa page Facebook et condamnée à 20 ans…</p> <p>Photo DR</p> Jeunes filles kurdes en uniforme 2014-09-23T07:41:26+00:00 2014-09-23T07:41:26+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/620-jeunes-filles-kurdes-en-uniforme Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Helly%20luv.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Des femmes kurdes se sont engagées en première ligne, au front, auprès des combattants et des miliciens qui résistent aux djihadistes de l’Etat islamique dans le nord de l’Irak. Elles portent armes et uniformes et courent les mêmes dangers que leurs camarades masculins. Figure médiatique de leur engagement, Helly Luv, alias la Shakira kurde, est menacée de mort depuis des mois par les extrémistes de l’EI. Pourtant dans les combats, les djihadistes fuient dès qu’ils les aperçoivent…</strong><br /><br />Elles s’appellent Dilan, Xwinda, Adar, Saria ou encore Shimal et sont sœurs d’armes dans la guerre qui fait rage en Irak et en Syrie. "Nous sommes la résistance des femmes opprimées par Daech [l'Etat islamique]. Vous savez, la liberté d'un pays commence par celle des femmes", confie l’une d’elles aux reporters de France 24 sur le front à Souleimaniye, près de Mossoul, dans le Kurdistan irakien. Parce qu’au-delà d’une guerre de reconquête de territoire, ces combattantes luttent pour défendre les femmes contre les exactions auxquelles se livrent les djihadistes. Elles parlent d’une «lutte de libération des femmes» et d’une véritable «solidarité féminine» qui s'est renforcée.<br /><br />Le PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des travailleurs du Kurdistan) compte depuis bien longtemps des femmes dans ses rangs. Lorsqu’il s’est radicalisé en 1984, les femmes ont, elles aussi, appris le maniement des armes. La situation est similaire du côté des Comités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde en Syrie, et dans une moindre mesure chez les peshmergas irakiens. Au total, ce sont des centaines de femmes qui combattent les djihadistes.</p> <p>L’une d’elles bouscule quelques idées reçues : Helly Luv (de son vrai nom Helan Abdulla) pose pour les médias étrangers, maquillée, Ray-Ban bleues, talons, entourée de peshmergas, insoutenable provocation pour les extrémistes d’EI. Sa vidéo <a href="http://www.youtube.com/watch?v=33Zd1c4QDIs"><span style="text-decoration: underline;">« Risk it all»</span></a> postée sur You Tube, vue plus de 3 millions de fois, défend l’idée d’un Kurdistan libre. Dans ce mélange de hip-hop, de danse moderne et moyen-orientale, elle se trémousse en robe légère lamée argent. Cocktails Molotov, Kalashnikovs entre autres complètent le tableau, de quoi hérisser ses opposants. «Mon message est que nous, le peuple kurde, nous devons tout risquer pour nos rêves et le combat pour notre pays», explique-t-elle sur sa page Facebook lors du lancement de son clip. Depuis, elle ne ménage pas sa peine et visite régulièrement les combattants kurdes pour leur témoigner son soutien.</p> <p>Pour les femmes soldates qui combattent jour après jour, même si la réalité sur le terrain est moins glamour, elles affirment disposer d’un avantage certain face aux djihadistes. Ceux-ci pensent en effet que s’ils sont tués par une femme, ils vont droit en enfer. Pour cette raison, dès qu’ils les aperçoivent, ils battent en retraite. Du coup, chaque groupe de combat compte une ou deux femmes pour dissuader l’ennemi. Hommes et femmes feraient-ils cause commune ?<br /><br />Photo DR<br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Helly%20luv.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Des femmes kurdes se sont engagées en première ligne, au front, auprès des combattants et des miliciens qui résistent aux djihadistes de l’Etat islamique dans le nord de l’Irak. Elles portent armes et uniformes et courent les mêmes dangers que leurs camarades masculins. Figure médiatique de leur engagement, Helly Luv, alias la Shakira kurde, est menacée de mort depuis des mois par les extrémistes de l’EI. Pourtant dans les combats, les djihadistes fuient dès qu’ils les aperçoivent…</strong><br /><br />Elles s’appellent Dilan, Xwinda, Adar, Saria ou encore Shimal et sont sœurs d’armes dans la guerre qui fait rage en Irak et en Syrie. "Nous sommes la résistance des femmes opprimées par Daech [l'Etat islamique]. Vous savez, la liberté d'un pays commence par celle des femmes", confie l’une d’elles aux reporters de France 24 sur le front à Souleimaniye, près de Mossoul, dans le Kurdistan irakien. Parce qu’au-delà d’une guerre de reconquête de territoire, ces combattantes luttent pour défendre les femmes contre les exactions auxquelles se livrent les djihadistes. Elles parlent d’une «lutte de libération des femmes» et d’une véritable «solidarité féminine» qui s'est renforcée.<br /><br />Le PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des travailleurs du Kurdistan) compte depuis bien longtemps des femmes dans ses rangs. Lorsqu’il s’est radicalisé en 1984, les femmes ont, elles aussi, appris le maniement des armes. La situation est similaire du côté des Comités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde en Syrie, et dans une moindre mesure chez les peshmergas irakiens. Au total, ce sont des centaines de femmes qui combattent les djihadistes.</p> <p>L’une d’elles bouscule quelques idées reçues : Helly Luv (de son vrai nom Helan Abdulla) pose pour les médias étrangers, maquillée, Ray-Ban bleues, talons, entourée de peshmergas, insoutenable provocation pour les extrémistes d’EI. Sa vidéo <a href="http://www.youtube.com/watch?v=33Zd1c4QDIs"><span style="text-decoration: underline;">« Risk it all»</span></a> postée sur You Tube, vue plus de 3 millions de fois, défend l’idée d’un Kurdistan libre. Dans ce mélange de hip-hop, de danse moderne et moyen-orientale, elle se trémousse en robe légère lamée argent. Cocktails Molotov, Kalashnikovs entre autres complètent le tableau, de quoi hérisser ses opposants. «Mon message est que nous, le peuple kurde, nous devons tout risquer pour nos rêves et le combat pour notre pays», explique-t-elle sur sa page Facebook lors du lancement de son clip. Depuis, elle ne ménage pas sa peine et visite régulièrement les combattants kurdes pour leur témoigner son soutien.</p> <p>Pour les femmes soldates qui combattent jour après jour, même si la réalité sur le terrain est moins glamour, elles affirment disposer d’un avantage certain face aux djihadistes. Ceux-ci pensent en effet que s’ils sont tués par une femme, ils vont droit en enfer. Pour cette raison, dès qu’ils les aperçoivent, ils battent en retraite. Du coup, chaque groupe de combat compte une ou deux femmes pour dissuader l’ennemi. Hommes et femmes feraient-ils cause commune ?<br /><br />Photo DR<br /><br /></p> Suède: l'échec des féministes 2014-09-15T04:08:29+00:00 2014-09-15T04:08:29+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/617-suede-lechec-des-feministes Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/fi-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>C’est implacable : le parti féministe suédois Feministiskt Initiativ (Initiative féministe, FI) ne parvient pas à transformer sa popularité en succès électoral. Avec seulement 3,1% des voix, sous la barre des 4% nécessaires pour siéger, il n’entre pas au Riksdag (chambre unique du parlement, ndlr). Le parti avait pourtant réussi un exploit aux Européennes en ayant une députée parmi les vingt représentant-e-s suédois-es qui ont fait leur entrée à Strasbourg au printemps dernier et suscité beaucoup d’espoir parmi les militant-e-s.</strong><br /><br />La route est longue et Gudrun Schyman, la bouillonnante présidente de FI, le sait. Une demi-heure avant que les premiers résultats ne tombent, elle prévenait : «les gens aiment prétendre qu’ils votent FI. Nous pourrions être déçu-e-s». Mauvais pressentiment ou triste réalité ? Le féminisme en Suède ne serait donc qu’une mode, une passade ? <br /><br />Les féministes suédoises sont les premières à dire que leur pays n’est pas égalitaire. On se souvient justement de la provocation de 2010 lorsque FI avait brûlé 100 000 couronnes en public, soit l'équivalent de 10 385 euros, pour dénoncer les discriminations salariales entre hommes et femmes. Gudrun Schyman avait alors déclaré que "c'est ce que perdent les femmes à chaque minute dans le système actuel où les salaires sont déterminés en fonction du sexe". Ce coup d’éclat avait donné une extraordinaire visibilité au parti en Suède et à l’étranger.<br /><br />De 1500 membres à l’époque, Feministiskt Initiativ est passé à 20 000 dont 17% d’hommes. Les dernières enquêtes d’opinion montrent que 47% des Suédois-es se disent féministes. Et si ce n’est qu'une posture ou un trend, cela profite à FI. A ce jour, leur percée aux élections européennes reste marquée d’une pierre blanche. Avec 5,3% des voix, FI devient le cinquième parti du pays et fait de leur tête de liste, Soraya Post, un symbole : Rom, elle est l’une des fondatrices du Réseau international des femmes roms. Les médias parlent d’un «printemps rose» et tout le monde se déclare féministe. Les grands partis courtisent ouvertement le mouvement. Les responsables politiques, excepté Jimmie Akesson, chef de file des Démocrates de Suède (SD, extrême droite), participent même au Forum nordique pour les droits des femmes, organisé à Malmö en juin dernier, chose encore impensable quelques mois plus tôt...<br /><br />Pour ces élections législatives, alors que les grands partis dépensent des fortunes de l’ordre de 7 millions d’euros, FI ne dispose que de 210 000 euros, provenant essentiellement de dons. Pour l’anecdote, Benny Andersson, le chanteur d’Abba est un soutien régulier… Pour autant les observateurs-trices politiques estiment que la présence de FI sur les réseaux sociaux est aussi importante que celle des grandes formations. Et sur Facebook et Twitter, les féministes sont les plus suivies. Mais sur leur route, les sociaux-démocrates ont dressé des obstacles en agitant le chiffon rouge de l’extrême droite : chaque vote pour FI est un vote perdu pour la gauche martèle Stefan Löfven, patron du parti social-démocrate. Gudrun Schyman aura échoué à convaincre de sa capacité à «neutraliser SD» comme elle l’a répété tout au long de la campagne. 4% des voix c’était 15 sièges au parlement qui auraient privé l’extrême droite de marge de manoeuvre. Les urnes en ont décidé autrement puisque SD obtient 13% des voix devenant ainsi le troisième parti de Suède. Feministiskt Initiativ va devoir remonter ses manches et (se) reconstruire afin de prouver que le parti féministe n'est pas juste un effet de mode.<br /><br />Photo DR, <em>Gudrun Schyman, présidente de Feministiskt Initiativ</em></p> <p><img src="images/ailleurs/fi-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>C’est implacable : le parti féministe suédois Feministiskt Initiativ (Initiative féministe, FI) ne parvient pas à transformer sa popularité en succès électoral. Avec seulement 3,1% des voix, sous la barre des 4% nécessaires pour siéger, il n’entre pas au Riksdag (chambre unique du parlement, ndlr). Le parti avait pourtant réussi un exploit aux Européennes en ayant une députée parmi les vingt représentant-e-s suédois-es qui ont fait leur entrée à Strasbourg au printemps dernier et suscité beaucoup d’espoir parmi les militant-e-s.</strong><br /><br />La route est longue et Gudrun Schyman, la bouillonnante présidente de FI, le sait. Une demi-heure avant que les premiers résultats ne tombent, elle prévenait : «les gens aiment prétendre qu’ils votent FI. Nous pourrions être déçu-e-s». Mauvais pressentiment ou triste réalité ? Le féminisme en Suède ne serait donc qu’une mode, une passade ? <br /><br />Les féministes suédoises sont les premières à dire que leur pays n’est pas égalitaire. On se souvient justement de la provocation de 2010 lorsque FI avait brûlé 100 000 couronnes en public, soit l'équivalent de 10 385 euros, pour dénoncer les discriminations salariales entre hommes et femmes. Gudrun Schyman avait alors déclaré que "c'est ce que perdent les femmes à chaque minute dans le système actuel où les salaires sont déterminés en fonction du sexe". Ce coup d’éclat avait donné une extraordinaire visibilité au parti en Suède et à l’étranger.<br /><br />De 1500 membres à l’époque, Feministiskt Initiativ est passé à 20 000 dont 17% d’hommes. Les dernières enquêtes d’opinion montrent que 47% des Suédois-es se disent féministes. Et si ce n’est qu'une posture ou un trend, cela profite à FI. A ce jour, leur percée aux élections européennes reste marquée d’une pierre blanche. Avec 5,3% des voix, FI devient le cinquième parti du pays et fait de leur tête de liste, Soraya Post, un symbole : Rom, elle est l’une des fondatrices du Réseau international des femmes roms. Les médias parlent d’un «printemps rose» et tout le monde se déclare féministe. Les grands partis courtisent ouvertement le mouvement. Les responsables politiques, excepté Jimmie Akesson, chef de file des Démocrates de Suède (SD, extrême droite), participent même au Forum nordique pour les droits des femmes, organisé à Malmö en juin dernier, chose encore impensable quelques mois plus tôt...<br /><br />Pour ces élections législatives, alors que les grands partis dépensent des fortunes de l’ordre de 7 millions d’euros, FI ne dispose que de 210 000 euros, provenant essentiellement de dons. Pour l’anecdote, Benny Andersson, le chanteur d’Abba est un soutien régulier… Pour autant les observateurs-trices politiques estiment que la présence de FI sur les réseaux sociaux est aussi importante que celle des grandes formations. Et sur Facebook et Twitter, les féministes sont les plus suivies. Mais sur leur route, les sociaux-démocrates ont dressé des obstacles en agitant le chiffon rouge de l’extrême droite : chaque vote pour FI est un vote perdu pour la gauche martèle Stefan Löfven, patron du parti social-démocrate. Gudrun Schyman aura échoué à convaincre de sa capacité à «neutraliser SD» comme elle l’a répété tout au long de la campagne. 4% des voix c’était 15 sièges au parlement qui auraient privé l’extrême droite de marge de manoeuvre. Les urnes en ont décidé autrement puisque SD obtient 13% des voix devenant ainsi le troisième parti de Suède. Feministiskt Initiativ va devoir remonter ses manches et (se) reconstruire afin de prouver que le parti féministe n'est pas juste un effet de mode.<br /><br />Photo DR, <em>Gudrun Schyman, présidente de Feministiskt Initiativ</em></p> Trierweiler, on a encore rien vu 2014-09-05T03:50:43+00:00 2014-09-05T03:50:43+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/615-trierweiler Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/trierweiler.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Alors que la tempête politique secoue l’Hexagone après la sortie du livre de Valérie Trierweiler « Merci pour ce moment », la rupture de stock guette la plupart des librairies. L’ouvrage est en tête des ventes chez Amazon et connaît un meilleur démarrage que « Cinquante nuances de Grey », le best-seller érotique de E.L. James qui avait tant fait parlé. Si les commentateurs-trices fustigent la démarche de l’ex-compagne de François Hollande, les lecteurs-trices semblent se passionner pour la vengeance d’une femme.</strong> <strong>Pour autant, cela reste un livre (en français).</strong><br /><br />Il faut dire que le plan était parfaitement orchestré et le secret bien gardé jusqu’à la mise en place dans les rayons des libraires. Rien n’a filtré jusqu’à la parution de l’article dans Paris-Match, la veille du lancement. L’Elysée aurait en vain tenté de négocier mais la détermination de l’auteure était inébranlable. La vengeance est un plat qui se mange froid et celle-ci produit l’effet escompté : une humiliation publique à la hauteur de celle subie en janvier dernier lorsque le Président français la répudie dans un communiqué de presse laconique de 90 signes, pas un de plus. Ce dernier qui ironisait dans le <em>Times</em> en disant que "La vie privée est toujours un défi" ne croyait pas si bien dire. Les temps changent et les premières dames aussi. Elles ne se laissent plus faire et ont fini de se taire.<br /><br />Elles n’ont certes aucun statut et partant, aucune obligation. Valérie Trierweiler aurait sali la fonction présidentielle en publiant son livre ? Et François Hollande allant retrouver Julie Gayet à scooter rue du Cirque, c’était quel genre de numéro ? En tout cas, ce n’était pas servir l’Etat. Ah oui, la vie privée du Président, il ne faut pas tout confondre… Mais entre ces politiques qui la mettent en scène cette vie privée et ceux qui jurent pendant la campagne qu’ils n’en auront plus tellement ils veulent se consacrer à leurs concitoyens, en l’occurrence à leurs concitoyennes, on ne sait plus que comprendre. Valérie Trierweiler est une femme libre qui rend la monnaie de sa pièce à un homme qui a menti et a singulièrement manqué d’élégance. <br /><br />Le coup est-il bas ? Du même niveau que celui qu’elle a reçu en janvier pourrait-on dire. Mais les responsables politiques n’ont encore rien vu et devraient adopter un comportement privé et public irréprochable. A l’heure de Facebook, Twitter et Instagram, c’est préférable. Les sites de vengeance d’ex-petites amies qui mettent en ligne photos et vidéos à contenu sexuel et pas toujours flatteur pour les hommes indélicats sont très répandus. Une nouvelle génération de femmes est en marche, rendant coup pour coup. « Merci pour ce moment » reste un point de vue personnel et contient peut-être une part fictionnelle mais aucune image compromettante: le support que constitue le livre est traditionnel. Edité en français à 200 000 exemplaires, il a une portée plus limitée qu'en aurait eu une vidéo diffusée sur la toile. Les dégâts pour l'image présidentielle auraient été d'une toute autre ampleur. A la place de Valérie Trierweiler, une femme plus jeune se serait probablement servi de son téléphone...Les pires scandales sont éventuellement à venir.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/trierweiler.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Alors que la tempête politique secoue l’Hexagone après la sortie du livre de Valérie Trierweiler « Merci pour ce moment », la rupture de stock guette la plupart des librairies. L’ouvrage est en tête des ventes chez Amazon et connaît un meilleur démarrage que « Cinquante nuances de Grey », le best-seller érotique de E.L. James qui avait tant fait parlé. Si les commentateurs-trices fustigent la démarche de l’ex-compagne de François Hollande, les lecteurs-trices semblent se passionner pour la vengeance d’une femme.</strong> <strong>Pour autant, cela reste un livre (en français).</strong><br /><br />Il faut dire que le plan était parfaitement orchestré et le secret bien gardé jusqu’à la mise en place dans les rayons des libraires. Rien n’a filtré jusqu’à la parution de l’article dans Paris-Match, la veille du lancement. L’Elysée aurait en vain tenté de négocier mais la détermination de l’auteure était inébranlable. La vengeance est un plat qui se mange froid et celle-ci produit l’effet escompté : une humiliation publique à la hauteur de celle subie en janvier dernier lorsque le Président français la répudie dans un communiqué de presse laconique de 90 signes, pas un de plus. Ce dernier qui ironisait dans le <em>Times</em> en disant que "La vie privée est toujours un défi" ne croyait pas si bien dire. Les temps changent et les premières dames aussi. Elles ne se laissent plus faire et ont fini de se taire.<br /><br />Elles n’ont certes aucun statut et partant, aucune obligation. Valérie Trierweiler aurait sali la fonction présidentielle en publiant son livre ? Et François Hollande allant retrouver Julie Gayet à scooter rue du Cirque, c’était quel genre de numéro ? En tout cas, ce n’était pas servir l’Etat. Ah oui, la vie privée du Président, il ne faut pas tout confondre… Mais entre ces politiques qui la mettent en scène cette vie privée et ceux qui jurent pendant la campagne qu’ils n’en auront plus tellement ils veulent se consacrer à leurs concitoyens, en l’occurrence à leurs concitoyennes, on ne sait plus que comprendre. Valérie Trierweiler est une femme libre qui rend la monnaie de sa pièce à un homme qui a menti et a singulièrement manqué d’élégance. <br /><br />Le coup est-il bas ? Du même niveau que celui qu’elle a reçu en janvier pourrait-on dire. Mais les responsables politiques n’ont encore rien vu et devraient adopter un comportement privé et public irréprochable. A l’heure de Facebook, Twitter et Instagram, c’est préférable. Les sites de vengeance d’ex-petites amies qui mettent en ligne photos et vidéos à contenu sexuel et pas toujours flatteur pour les hommes indélicats sont très répandus. Une nouvelle génération de femmes est en marche, rendant coup pour coup. « Merci pour ce moment » reste un point de vue personnel et contient peut-être une part fictionnelle mais aucune image compromettante: le support que constitue le livre est traditionnel. Edité en français à 200 000 exemplaires, il a une portée plus limitée qu'en aurait eu une vidéo diffusée sur la toile. Les dégâts pour l'image présidentielle auraient été d'une toute autre ampleur. A la place de Valérie Trierweiler, une femme plus jeune se serait probablement servi de son téléphone...Les pires scandales sont éventuellement à venir.</p> <p>Photo DR</p> La ségrégation légalisée en Espagne 2014-08-19T07:29:09+00:00 2014-08-19T07:29:09+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/607-la-segregation-legalisee-en-espagne Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/franquismo-060.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Cinq collèges privés catholiques de Galice en Espagne qui séparent filles et garçons dans les classes et dispensent une pédagogie différenciée, contrevenant ainsi au principe d'égalité des sexes en matière d'éducation tout en bénéficiant de subventions publiques, pourraient voir leurs pratiques légalisées par un aménagement de la loi Wert au grand dam des syndicats d'enseignant-e-s.</strong><br /><br /><br />L'affaire ne date pas d'hier. Les collèges en question, affiliés à l'Opus Dei, font traîner les recours juridiques lancés par les enseignant-e-s du public. Et si le Tribunal Suprême a clairement dit que toute discrimination basée sur le sexe des élèves était interdite, il n'en reste pas moins que les adeptes de l'éducation différenciée par genre (à savoir non-mixité des classes et pédagogie différente selon le sexe des élèves) entendent choisir le système qu'ils souhaitent pour leurs propres enfants. Et le font savoir. Au point que le gouvernement de Galice temporise… et continue à verser les subventions à ces cinq collèges.<br /><br />Les syndicats de leur côté ne décolèrent pas. Avant le vote de la LOMCE  (Loi organique pour l'amélioration de la qualité de l'éducation en Espagne) ou loi Wert du nom du ministre de l'éducation, l'ensemble de la communauté enseignante, qui n'avait pas du tout été associée à sa rédaction, s'était mobilisée pour empêcher la privatisation du système éducatif espagnol et l'abandon des valeurs citoyennes qui structuraient l'école. Aujourd'hui, alors que les établissements publics ont subi des coupes drastiques dans leur budget de fonctionnement, certaines écoles privées aux pratiques illégales reçoivent des aides publiques…<br /><br />José Wert, le ministre de l'éducation, a, pour sa part, annoncé que des aménagements légaux permettant d'inclure l'éducation différenciée à l'offre scolaire espagnole sont en cours de préparation. Les députés d'opposition au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy s'interrogent pour savoir si les fonds publics perçus avant le vote de la loi Wert seront remboursés. Le sentiment d'impunité semble l'emporter: l'Opus Dei poursuit son expansion à l'aune du "sectarisme idéologique radical" de l'exécutif du PP selon les socialistes. Le syndicat enseignant CIG déplore que "soit soutenue une éducation qui perpétue les inégalités entre hommes et femmes".</p> <p>Photo DR. <em>Une salle de classe en Espagne dans les années 40.</em></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/franquismo-060.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Cinq collèges privés catholiques de Galice en Espagne qui séparent filles et garçons dans les classes et dispensent une pédagogie différenciée, contrevenant ainsi au principe d'égalité des sexes en matière d'éducation tout en bénéficiant de subventions publiques, pourraient voir leurs pratiques légalisées par un aménagement de la loi Wert au grand dam des syndicats d'enseignant-e-s.</strong><br /><br /><br />L'affaire ne date pas d'hier. Les collèges en question, affiliés à l'Opus Dei, font traîner les recours juridiques lancés par les enseignant-e-s du public. Et si le Tribunal Suprême a clairement dit que toute discrimination basée sur le sexe des élèves était interdite, il n'en reste pas moins que les adeptes de l'éducation différenciée par genre (à savoir non-mixité des classes et pédagogie différente selon le sexe des élèves) entendent choisir le système qu'ils souhaitent pour leurs propres enfants. Et le font savoir. Au point que le gouvernement de Galice temporise… et continue à verser les subventions à ces cinq collèges.<br /><br />Les syndicats de leur côté ne décolèrent pas. Avant le vote de la LOMCE  (Loi organique pour l'amélioration de la qualité de l'éducation en Espagne) ou loi Wert du nom du ministre de l'éducation, l'ensemble de la communauté enseignante, qui n'avait pas du tout été associée à sa rédaction, s'était mobilisée pour empêcher la privatisation du système éducatif espagnol et l'abandon des valeurs citoyennes qui structuraient l'école. Aujourd'hui, alors que les établissements publics ont subi des coupes drastiques dans leur budget de fonctionnement, certaines écoles privées aux pratiques illégales reçoivent des aides publiques…<br /><br />José Wert, le ministre de l'éducation, a, pour sa part, annoncé que des aménagements légaux permettant d'inclure l'éducation différenciée à l'offre scolaire espagnole sont en cours de préparation. Les députés d'opposition au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy s'interrogent pour savoir si les fonds publics perçus avant le vote de la loi Wert seront remboursés. Le sentiment d'impunité semble l'emporter: l'Opus Dei poursuit son expansion à l'aune du "sectarisme idéologique radical" de l'exécutif du PP selon les socialistes. Le syndicat enseignant CIG déplore que "soit soutenue une éducation qui perpétue les inégalités entre hommes et femmes".</p> <p>Photo DR. <em>Une salle de classe en Espagne dans les années 40.</em></p> Une femme décroche la médaille Fields 2014-08-13T06:48:42+00:00 2014-08-13T06:48:42+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/605-une-femme-decroche-la-medaille-fields Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Maryam-Mirzakhani.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>C'est une première mondiale : l'Iranienne Maryam Mirzakhani s'est vue attribuer cette prestigieuse récompense qui couronne tous les quatre ans les travaux des meilleur-e-s mathématicien-ne-s. Depuis sa création en 1936, aucune femme ne l'avait reçue. Oubli ou parti pris?</strong><br /><br />La lauréate, qui est passée par Harvard avant de devenir professeure à Stanford, n’arrive pas de nulle part. Elle est d’abord le fruit du système éducatif iranien particulièrement élitiste. Elève au lycée Farzanegan de Téhéran, véritable vivier pour enfants (sur)doués, bénéficiant de programmes très poussés, elle intègre sur concours l'université Sharif de Téhéran.</p> <p>En Iran, après la Révolution de 1979, la non-mixité de l'école primaire au lycée a facilité l'accès à l'éducation des filles issues des milieux aisés et conservateurs. L’enseignement secondaire a été libéralisé à l’outrance, les établissements publics proposant de fait un niveau faible par rapport aux écoles privées qui se livrent une concurrence sans merci, rendant ainsi le système éducatif élitiste à l'extrême. Les diplômé-e-s iranien-ne-s sont alors systématiquement recruté-e-s par les pays occidentaux. <br /><br />La réussite de Maryam Mirzakhani n'est donc pas une surprise. Ses travaux sur la géométrie hyperbolique et la topologie méritent la reconnaissance de la communauté scientifique internationale, et au-delà. Mais combien de femmes avant elle ont fait progresser la recherche mathématique sans recevoir la moindre médaile ni même sans que leur nom soit mentionné ? Qui se souvient de Rozsa Peter, pionnière de la théorie de la récursivité, dont on retient la fonction Ackermann (du nom d'un étudiant qui travaillait aussi sur le sujet… cherchez l'erreur) ? Et de Julia Robinson ? Ses avancées sur la décidabilité en statistiques permirent à Youri Matiiassevitch de rafler la mise… On pourrait multiplier les exemples à l'envi. Et c'est bien cette reconnaissance tardive (au XXIe siècle !) d'une femme mathématicienne qu'il faut relever.</p> <p>Depuis des siècles, elles se sont fait doubler par leurs collègues masculins, non par manque de compétence ou en raison d'un quelconque déterminisme biologique, mais bien à cause de rapports de domination solidement verrouillés visant à préserver les bastions masculins dans les domaines de la science. Il est temps que ça change et que les femmes scientifiques prennent la place qui leur revient. Avec les honneurs.<br /><br /></p> <p>Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/Maryam-Mirzakhani.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>C'est une première mondiale : l'Iranienne Maryam Mirzakhani s'est vue attribuer cette prestigieuse récompense qui couronne tous les quatre ans les travaux des meilleur-e-s mathématicien-ne-s. Depuis sa création en 1936, aucune femme ne l'avait reçue. Oubli ou parti pris?</strong><br /><br />La lauréate, qui est passée par Harvard avant de devenir professeure à Stanford, n’arrive pas de nulle part. Elle est d’abord le fruit du système éducatif iranien particulièrement élitiste. Elève au lycée Farzanegan de Téhéran, véritable vivier pour enfants (sur)doués, bénéficiant de programmes très poussés, elle intègre sur concours l'université Sharif de Téhéran.</p> <p>En Iran, après la Révolution de 1979, la non-mixité de l'école primaire au lycée a facilité l'accès à l'éducation des filles issues des milieux aisés et conservateurs. L’enseignement secondaire a été libéralisé à l’outrance, les établissements publics proposant de fait un niveau faible par rapport aux écoles privées qui se livrent une concurrence sans merci, rendant ainsi le système éducatif élitiste à l'extrême. Les diplômé-e-s iranien-ne-s sont alors systématiquement recruté-e-s par les pays occidentaux. <br /><br />La réussite de Maryam Mirzakhani n'est donc pas une surprise. Ses travaux sur la géométrie hyperbolique et la topologie méritent la reconnaissance de la communauté scientifique internationale, et au-delà. Mais combien de femmes avant elle ont fait progresser la recherche mathématique sans recevoir la moindre médaile ni même sans que leur nom soit mentionné ? Qui se souvient de Rozsa Peter, pionnière de la théorie de la récursivité, dont on retient la fonction Ackermann (du nom d'un étudiant qui travaillait aussi sur le sujet… cherchez l'erreur) ? Et de Julia Robinson ? Ses avancées sur la décidabilité en statistiques permirent à Youri Matiiassevitch de rafler la mise… On pourrait multiplier les exemples à l'envi. Et c'est bien cette reconnaissance tardive (au XXIe siècle !) d'une femme mathématicienne qu'il faut relever.</p> <p>Depuis des siècles, elles se sont fait doubler par leurs collègues masculins, non par manque de compétence ou en raison d'un quelconque déterminisme biologique, mais bien à cause de rapports de domination solidement verrouillés visant à préserver les bastions masculins dans les domaines de la science. Il est temps que ça change et que les femmes scientifiques prennent la place qui leur revient. Avec les honneurs.<br /><br /></p> <p>Photo DR</p> Elle s'appelait Andrea 2014-08-05T07:36:58+00:00 2014-08-05T07:36:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/602-elle-sappelait-andrea Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/andrea.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"><strong>L’ONU vient de condamner l’Espagne en se basant sur la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination faites aux femmes (CEDEF/CEDAW), pour négligence dans le cas Ángela González, une femme victime de la violence machiste et de sa fille Andrea, morte à l’âge de sept ans sous les coups de son père.</strong></p> <p><span style="font-size: 10px;">Dans le jugement qu’il a rendu, le Comité onusien, met à jour la responsabilité de l’Etat espagnol qui n’a rien fait pour protéger la mère et sa fille ni pour enquêter sur la situation familiale, encore moins pour indemniser la victime encore en vie. Pourtant Ángela González avait sonné à toutes les portes, police, services sociaux, justice en déposant pas moins de 50 plaintes, recours et autres appels au secours auprès de l’administration. Sauf que sa voix, ni celle de la petite Andrea n’ont été entendues.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Au contraire, son mari, Felipe Rascón, de qui elle se séparait, exerçait en toute légalité son droit de visite. Mauvais traitements, menaces, tentatives d’enlèvement, Andrea vivait un calvaire chez son père et revenait dévastée chez sa mère… jusqu’au jour fatidique où le père a tué sa fille et s’est ensuite suicidé. C’était le 24 avril 2003.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Depuis, Ángela González, aidée des associations de défense des droits des femmes n’a eu de cesse que l’Etat reconnaisse sa défaillance dans ses fonctionnements. En 2011, le Tribunal constitutionnel lui ferme à son tour la porte, ultime négation du drame qu’elle a vécu. C’est alors qu’une ONG, </span><a href="http://www.womenslinkworldwide.org/wlw/new.php" style="font-size: 10px;">Women’s Link Worldwide</a><span style="font-size: 10px;"> s’empare du dossier et le porte devant les Nations-Unies. Trois ans après, le jugement est rendu et l’Espagne est condamnée. Ángela González se dit satisfaite mais trouve navrant qu’il ait fallu que ce soit «un comité international qui décide de la culpabilité du gouvernement (espagnol, ndlr)».</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Elle regrette que les professionnel-le-s d’alors, juges ou travailleurs-euses sociaux-iales n’aient pas tenu compte de la personnalité de son ex-mari. «Ce qui comptait, dit-elle, c’était qu’il puisse exercer son droit de visite». «A aucun moment, on ne m’a écoutée», répète-t-elle, «personne ne voit que pour les hommes violents, les enfants ne sont que des monnaies d’échange», pour mieux atteindre les mères.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Le jugement du CEDEF oblige l’Espagne à réparer de manière adéquate les dommages subis, à indemniser la plaignante et à ouvrir une enquête pour déterminer les dysfonctionnements dans les rouages administratifs. Il demande également à l’Etat de mettre en place les moyens nécessaires afin que ce drame ne se reproduise plus, notamment en accordant les droits de visite dans un cadre qui ne mette plus en danger les enfants. Enfin, il est demandé que le gouvernement rende obligatoire la formation sur les stéréotypes de genre des personnels de justice, police, corps médical et services sociaux. Ángela González note l’année du jugement et de la fin de son combat, 2014, l’année où Andrea aurait fêté ses 18 ans.</span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Photo DR</p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/andrea.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"><strong>L’ONU vient de condamner l’Espagne en se basant sur la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination faites aux femmes (CEDEF/CEDAW), pour négligence dans le cas Ángela González, une femme victime de la violence machiste et de sa fille Andrea, morte à l’âge de sept ans sous les coups de son père.</strong></p> <p><span style="font-size: 10px;">Dans le jugement qu’il a rendu, le Comité onusien, met à jour la responsabilité de l’Etat espagnol qui n’a rien fait pour protéger la mère et sa fille ni pour enquêter sur la situation familiale, encore moins pour indemniser la victime encore en vie. Pourtant Ángela González avait sonné à toutes les portes, police, services sociaux, justice en déposant pas moins de 50 plaintes, recours et autres appels au secours auprès de l’administration. Sauf que sa voix, ni celle de la petite Andrea n’ont été entendues.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Au contraire, son mari, Felipe Rascón, de qui elle se séparait, exerçait en toute légalité son droit de visite. Mauvais traitements, menaces, tentatives d’enlèvement, Andrea vivait un calvaire chez son père et revenait dévastée chez sa mère… jusqu’au jour fatidique où le père a tué sa fille et s’est ensuite suicidé. C’était le 24 avril 2003.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Depuis, Ángela González, aidée des associations de défense des droits des femmes n’a eu de cesse que l’Etat reconnaisse sa défaillance dans ses fonctionnements. En 2011, le Tribunal constitutionnel lui ferme à son tour la porte, ultime négation du drame qu’elle a vécu. C’est alors qu’une ONG, </span><a href="http://www.womenslinkworldwide.org/wlw/new.php" style="font-size: 10px;">Women’s Link Worldwide</a><span style="font-size: 10px;"> s’empare du dossier et le porte devant les Nations-Unies. Trois ans après, le jugement est rendu et l’Espagne est condamnée. Ángela González se dit satisfaite mais trouve navrant qu’il ait fallu que ce soit «un comité international qui décide de la culpabilité du gouvernement (espagnol, ndlr)».</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Elle regrette que les professionnel-le-s d’alors, juges ou travailleurs-euses sociaux-iales n’aient pas tenu compte de la personnalité de son ex-mari. «Ce qui comptait, dit-elle, c’était qu’il puisse exercer son droit de visite». «A aucun moment, on ne m’a écoutée», répète-t-elle, «personne ne voit que pour les hommes violents, les enfants ne sont que des monnaies d’échange», pour mieux atteindre les mères.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 10px;">Le jugement du CEDEF oblige l’Espagne à réparer de manière adéquate les dommages subis, à indemniser la plaignante et à ouvrir une enquête pour déterminer les dysfonctionnements dans les rouages administratifs. Il demande également à l’Etat de mettre en place les moyens nécessaires afin que ce drame ne se reproduise plus, notamment en accordant les droits de visite dans un cadre qui ne mette plus en danger les enfants. Enfin, il est demandé que le gouvernement rende obligatoire la formation sur les stéréotypes de genre des personnels de justice, police, corps médical et services sociaux. Ángela González note l’année du jugement et de la fin de son combat, 2014, l’année où Andrea aurait fêté ses 18 ans.</span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Photo DR</p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> Les ABCD de l'égalité, c'est fini 2014-07-01T03:48:58+00:00 2014-07-01T03:48:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/599-les-abcd-de-legalite-cest-fini Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/abcd.png" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A la rentrée en France, les ABCD de l'égalité tant décriés par la Manif pour tous seront abandonnés et devraient s'étendre à l'ensemble des classes sous un autre nom, le plan d'action pour l'égalité filles-garçons à l'école. Si les féministes d'Osez le féminisme à l'instar du parti communiste dénoncent une reculade, le ministre de l'éducation Benoît Hamon se veut rassurant.</strong><br /><br />Quand le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles parle de "reculade piteuse et indigne de la gauche", le gouvernement s'explique. Interrogé hier, le ministre français se défend: "Ce n'est pas une reculade, nous allons même beaucoup plus loin". Il précise: "Si nous abandonnons quelque chose, c'est un titre". Le dispositif expérimental des ABCD, menés au départ dans 600 classes volontaires depuis la Toussaint pour déconstruire les stéréotypes filles-garçons, devrait ainsi concerner l'ensemble des classes dès la rentrée prochaine. Les quelque 330 000 enseignant-e-s du primaire devraient recevoir une formation s'y rapportant. Une mallette pédagogique mise en ligne sera également à leur disposition. <br /><br />Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, y voit un subterfuge. Pour elle, "on retire le label, mais le contenu demeure. Il va même être inscrit dans les programmes scolaires après leur refonte". Elle appelle déjà à une manifestation le week-end du 4-5 octobre prochain. L'affaire n'est donc pas réglée. Si le corps enseignant est convaincu de la pertinence du projet, comme l'immense majorité des Français-e-s (un récent sondage CSA montre que 88 % des Français-e-s estiment que l’éducation doit permettre de faire progresser la société en matière d’égalité entre les hommes et les femmes), la frange réactionnaire activée par la Manif pour tous freine des quatre fers. La rentrée en France s'annonce déjà chaude.<br /><br /></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/abcd.png" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A la rentrée en France, les ABCD de l'égalité tant décriés par la Manif pour tous seront abandonnés et devraient s'étendre à l'ensemble des classes sous un autre nom, le plan d'action pour l'égalité filles-garçons à l'école. Si les féministes d'Osez le féminisme à l'instar du parti communiste dénoncent une reculade, le ministre de l'éducation Benoît Hamon se veut rassurant.</strong><br /><br />Quand le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles parle de "reculade piteuse et indigne de la gauche", le gouvernement s'explique. Interrogé hier, le ministre français se défend: "Ce n'est pas une reculade, nous allons même beaucoup plus loin". Il précise: "Si nous abandonnons quelque chose, c'est un titre". Le dispositif expérimental des ABCD, menés au départ dans 600 classes volontaires depuis la Toussaint pour déconstruire les stéréotypes filles-garçons, devrait ainsi concerner l'ensemble des classes dès la rentrée prochaine. Les quelque 330 000 enseignant-e-s du primaire devraient recevoir une formation s'y rapportant. Une mallette pédagogique mise en ligne sera également à leur disposition. <br /><br />Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, y voit un subterfuge. Pour elle, "on retire le label, mais le contenu demeure. Il va même être inscrit dans les programmes scolaires après leur refonte". Elle appelle déjà à une manifestation le week-end du 4-5 octobre prochain. L'affaire n'est donc pas réglée. Si le corps enseignant est convaincu de la pertinence du projet, comme l'immense majorité des Français-e-s (un récent sondage CSA montre que 88 % des Français-e-s estiment que l’éducation doit permettre de faire progresser la société en matière d’égalité entre les hommes et les femmes), la frange réactionnaire activée par la Manif pour tous freine des quatre fers. La rentrée en France s'annonce déjà chaude.<br /><br /></p> Gender shoot voit grand 2014-06-16T11:44:45+00:00 2014-06-16T11:44:45+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/594-gender-shoot-voit-grand Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/gender%20shoot.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A Paris, le projet "Gender shoot" veut rendre plus visibles les personnes LGBT, queer et indéfinies en affichant sur les murs de la ville leurs portraits plein pied. Née sur les réseaux sociaux, l'idée fait des adeptes et les collages se multiplient. Bientôt c'est tout l'hexagone qui va se recouvrir d'images du monde réel...</strong><br /><br /><br />Le manifesto précise le concept:<br />"Nous évoluons dans des espaces publics, politiques et médiatiques saturés de représentations simplistes et généralisantes des personnes queer, il est temps d'apporter notre point de vue. Nous assistons à la désinhibition de la parole homophobe et constatons l’inertie d’un gouvernement trop lâche pour tenir ses promesses, il est temps de réagir. Nos corps sont censurés, dans une société qui ne propose que de tolérer leur existence, il est temps de les imposer. Nous ne nous laisserons plus définir par d’autres et voulons nous auto-représenter.<br /><br />Nous ne nous reconnaissons pas dans le modèle hétérosexiste. Nous avons nos propres façons de nous définir, nos propres mots. Nous – pédé, gouine, trans, intersexe, bie ... – sommes multiples et éloignés des représentations fantasmées. Nous voulons shaker les schémas binaires hétéro/homo, homme/femme...<br /><br />Nous avons choisi d'afficher des portraits à taille réelle dans les rues de Paris. Chaque personne y tient une pancarte sur laquelle elle s'est auto-définie.<br />Prendre la parole dans l’espace public, c’est prendre le pouvoir et se réapproprier le discours. Nous allons investir cet espace pour affirmer ce que nous sommes."<br /><br />Alors si vous êtes tenté-e-s et souhaitez vous tirer le portrait avec votre pancarte perso, allez sur <span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.facebook.com/pages/Gender-Shoot/303238239842651">Facebook</a></span><a href="https://www.facebook.com/pages/Gender-Shoot/303238239842651"> </a>ou alors rendez-vous à la soirée de présentation qui a lieu jeudi 19 juin au bar La Mutinerie, à Paris.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/gender%20shoot.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>A Paris, le projet "Gender shoot" veut rendre plus visibles les personnes LGBT, queer et indéfinies en affichant sur les murs de la ville leurs portraits plein pied. Née sur les réseaux sociaux, l'idée fait des adeptes et les collages se multiplient. Bientôt c'est tout l'hexagone qui va se recouvrir d'images du monde réel...</strong><br /><br /><br />Le manifesto précise le concept:<br />"Nous évoluons dans des espaces publics, politiques et médiatiques saturés de représentations simplistes et généralisantes des personnes queer, il est temps d'apporter notre point de vue. Nous assistons à la désinhibition de la parole homophobe et constatons l’inertie d’un gouvernement trop lâche pour tenir ses promesses, il est temps de réagir. Nos corps sont censurés, dans une société qui ne propose que de tolérer leur existence, il est temps de les imposer. Nous ne nous laisserons plus définir par d’autres et voulons nous auto-représenter.<br /><br />Nous ne nous reconnaissons pas dans le modèle hétérosexiste. Nous avons nos propres façons de nous définir, nos propres mots. Nous – pédé, gouine, trans, intersexe, bie ... – sommes multiples et éloignés des représentations fantasmées. Nous voulons shaker les schémas binaires hétéro/homo, homme/femme...<br /><br />Nous avons choisi d'afficher des portraits à taille réelle dans les rues de Paris. Chaque personne y tient une pancarte sur laquelle elle s'est auto-définie.<br />Prendre la parole dans l’espace public, c’est prendre le pouvoir et se réapproprier le discours. Nous allons investir cet espace pour affirmer ce que nous sommes."<br /><br />Alors si vous êtes tenté-e-s et souhaitez vous tirer le portrait avec votre pancarte perso, allez sur <span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.facebook.com/pages/Gender-Shoot/303238239842651">Facebook</a></span><a href="https://www.facebook.com/pages/Gender-Shoot/303238239842651"> </a>ou alors rendez-vous à la soirée de présentation qui a lieu jeudi 19 juin au bar La Mutinerie, à Paris.</p> <p>Photo DR</p> Les toilettes des femmes 2014-06-09T07:20:31+00:00 2014-06-09T07:20:31+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/593-les-toilettes-des-femmes Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/poo%20to%20the%20loo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La venue en Suisse de la sociologue et activiste indienne Kamla Bhasin, invitée par l’association Terre des Femmes, va permettre de soulever une question cruciale pour les féministes, à savoir l'implication des hommes dans la lutte contre les violences de genre. En Inde, où une femme est violée toutes les 20 minutes, les lois aussi sévères soient-elles ne suffisent pas. C’est toute une société qu’il faut changer à commencer par des infrastructures basiques comme les toilettes…</strong><br /><br /><br /><strong>"Le viol… Parfois, c’est légitime…</strong>"<br />Cela fait plus de 40 ans que Kamla Bhasin travaille sur le terrain en Asie et observe les pratiques à l’œuvre. Les masculinités sont devenues sa spécialité et si les réalités suisses et indiennes sont extrêmes en terme de comparaison, il est intéressant de partager les expériences sur les rapports sociaux de sexe. En Inde, la violence de genre est inscrite profondément dans les mentalités. Pour preuve, la récente déclaration de Babulal Gaur, un député indien, membre du parti du Premier ministre, qui a déclaré la semaine passée que «le viol est un crime social qui dépend des hommes et des femmes. Parfois, c'est légitime, parfois, c'est injuste». Cet homme à priori éduqué commentait le viol et le meurtre de deux adolescentes de 14 et 15 ans commis dans l’Uttar Pradesh le 28 mai dernier. <br /><br />Pourtant, avant de changer les mentalités, les organisations de défense des droits des femmes demandent des actions concrètes et en premier lieu plus d’infrastructures sanitaires. En effet, c’est en allant faire leurs besoins à l’écart dans un champ que les jeunes filles se sont fait agresser puis assassiner. Ce cas n’est hélas pas isolé. Les militant-e-s soulignent à quel point les femmes sont vulnérables à cette occasion : de nombreux viols sont commis lorsque les femmes cherchent un endroit pour se soulager. Et cela ne concerne pas seulement les zones rurales. Une étude de 2011 a révélé que sur les cas reportés à Dehli, plus de 50% étaient des mineures de moins de 10 ans qui se rendaient aux toilettes publiques.<br /><br /><strong>Où il est question d’impliquer les hommes…</strong><br />Certaines municipalités cherchent à convaincre leurs administrés du bien-fondé d’avoir des sanitaires à la maison en insistant sur l’hygiène et la prévention des maladies, sachant que la cause des femmes ne fera jamais bouger les hommes. Sauf que lorsqu’on demande aux hommes d’investir entre 2500 et 5000 roupies, l’équivalent de 31 à 62 euros, ils n’en voient pas l’intérêt puisqu’ils peuvent satisfaire leurs besoins gratuitement depuis toujours. En Inde, 597 millions de personnes n’ont pas accès aux toilettes soit 50% de la population. En Uttar Pradesh, un état parmi les plus pauvres du pays, où les deux jeunes filles ont été tuées, 60 millions d’habitant-e-s vivent avec moins d’un dollar par jour. Alors l’installation de toilettes n’est clairement pas une priorité.<br /><br />L’Unicef aura beau faire une campagne de sensibilisation <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=_peUxE_BKcU">Take the poo in the loo</a></span>, pour pousser les gens à s'équiper en sanitaires, il s’agirait plutôt de diriger les efforts sur les incitations financières. La journaliste et auteure Kishwar Desai qui connaît bien le sujet explique qu’«il faut trouver des solutions économiques pour intégrer ces jeunes hommes frustrés dans la société, leur assurer une éducation et leur offrir du travail», seule manière selon elle d’impliquer les hommes dans les luttes contre les violences de genre… Un paradoxe cependant : cela revient-il à dire qu'il faut d’abord s’occuper des hommes pour préserver les femmes des violences ?</p> <p><em>Illustration: image de la campagne de l'Unicef</em><br /><br /><strong>Infos Voix des Femmes</strong></p> <p>23 juin 2014, 14h-16h, Camarada, chemin de Villars 19 Rencontre et échange entre Kamla Bhasin et des femmes migrantes, en collaboration avec Camarada.<br />Séance de clôture<br />23 juin 2014, 18h00-20h15, UOG, Place des Grottes 3<br />« Les hommes dans la prévention des violences liées au genre : théories et pratique » avec Kamla Bhasin, Sylvain Thévoz, conseiller municipal de Genève, Mohammed Faarax Abdirisaaq, Association Reer Genève, Simone Horat, sociologue, Milena Wegelin, TERRE DES FEMMES Suisse. Animation : Elise Jacqueson Maroni, Solidarité femmes Genève.</p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/poo%20to%20the%20loo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La venue en Suisse de la sociologue et activiste indienne Kamla Bhasin, invitée par l’association Terre des Femmes, va permettre de soulever une question cruciale pour les féministes, à savoir l'implication des hommes dans la lutte contre les violences de genre. En Inde, où une femme est violée toutes les 20 minutes, les lois aussi sévères soient-elles ne suffisent pas. C’est toute une société qu’il faut changer à commencer par des infrastructures basiques comme les toilettes…</strong><br /><br /><br /><strong>"Le viol… Parfois, c’est légitime…</strong>"<br />Cela fait plus de 40 ans que Kamla Bhasin travaille sur le terrain en Asie et observe les pratiques à l’œuvre. Les masculinités sont devenues sa spécialité et si les réalités suisses et indiennes sont extrêmes en terme de comparaison, il est intéressant de partager les expériences sur les rapports sociaux de sexe. En Inde, la violence de genre est inscrite profondément dans les mentalités. Pour preuve, la récente déclaration de Babulal Gaur, un député indien, membre du parti du Premier ministre, qui a déclaré la semaine passée que «le viol est un crime social qui dépend des hommes et des femmes. Parfois, c'est légitime, parfois, c'est injuste». Cet homme à priori éduqué commentait le viol et le meurtre de deux adolescentes de 14 et 15 ans commis dans l’Uttar Pradesh le 28 mai dernier. <br /><br />Pourtant, avant de changer les mentalités, les organisations de défense des droits des femmes demandent des actions concrètes et en premier lieu plus d’infrastructures sanitaires. En effet, c’est en allant faire leurs besoins à l’écart dans un champ que les jeunes filles se sont fait agresser puis assassiner. Ce cas n’est hélas pas isolé. Les militant-e-s soulignent à quel point les femmes sont vulnérables à cette occasion : de nombreux viols sont commis lorsque les femmes cherchent un endroit pour se soulager. Et cela ne concerne pas seulement les zones rurales. Une étude de 2011 a révélé que sur les cas reportés à Dehli, plus de 50% étaient des mineures de moins de 10 ans qui se rendaient aux toilettes publiques.<br /><br /><strong>Où il est question d’impliquer les hommes…</strong><br />Certaines municipalités cherchent à convaincre leurs administrés du bien-fondé d’avoir des sanitaires à la maison en insistant sur l’hygiène et la prévention des maladies, sachant que la cause des femmes ne fera jamais bouger les hommes. Sauf que lorsqu’on demande aux hommes d’investir entre 2500 et 5000 roupies, l’équivalent de 31 à 62 euros, ils n’en voient pas l’intérêt puisqu’ils peuvent satisfaire leurs besoins gratuitement depuis toujours. En Inde, 597 millions de personnes n’ont pas accès aux toilettes soit 50% de la population. En Uttar Pradesh, un état parmi les plus pauvres du pays, où les deux jeunes filles ont été tuées, 60 millions d’habitant-e-s vivent avec moins d’un dollar par jour. Alors l’installation de toilettes n’est clairement pas une priorité.<br /><br />L’Unicef aura beau faire une campagne de sensibilisation <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=_peUxE_BKcU">Take the poo in the loo</a></span>, pour pousser les gens à s'équiper en sanitaires, il s’agirait plutôt de diriger les efforts sur les incitations financières. La journaliste et auteure Kishwar Desai qui connaît bien le sujet explique qu’«il faut trouver des solutions économiques pour intégrer ces jeunes hommes frustrés dans la société, leur assurer une éducation et leur offrir du travail», seule manière selon elle d’impliquer les hommes dans les luttes contre les violences de genre… Un paradoxe cependant : cela revient-il à dire qu'il faut d’abord s’occuper des hommes pour préserver les femmes des violences ?</p> <p><em>Illustration: image de la campagne de l'Unicef</em><br /><br /><strong>Infos Voix des Femmes</strong></p> <p>23 juin 2014, 14h-16h, Camarada, chemin de Villars 19 Rencontre et échange entre Kamla Bhasin et des femmes migrantes, en collaboration avec Camarada.<br />Séance de clôture<br />23 juin 2014, 18h00-20h15, UOG, Place des Grottes 3<br />« Les hommes dans la prévention des violences liées au genre : théories et pratique » avec Kamla Bhasin, Sylvain Thévoz, conseiller municipal de Genève, Mohammed Faarax Abdirisaaq, Association Reer Genève, Simone Horat, sociologue, Milena Wegelin, TERRE DES FEMMES Suisse. Animation : Elise Jacqueson Maroni, Solidarité femmes Genève.</p> <p> </p> Une carte fidélité PMA avec la SNCF? 2014-05-11T03:55:22+00:00 2014-05-11T03:55:22+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/585-la-pma-avec-la-sncf Nathalie Brochard [email protected] <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Djendeur%20Terroristas%208%20mars.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></span></span></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span><strong>Le collectif féministe Djendeur Terroristas a lancé le programme Thalys PMAcard, une parodie de carte fidélité SNCF pour les femmes qui souhaitent recourir à la PMA. Sur leur <a href="http://www.djendeurterroristas.com/thalys.html"><span style="text-decoration: underline;">site Internet </span></a>qui reproduit l'univers de réservation en ligne de la SNCF, il est précisé que "chaque voyage à bord du Thalys vous rapporte des miles (...) et accroit vos chances d'avoir un enfant". Mais derrière l'humour affiché, le collectif dénonce la lâcheté du gouvernement socialiste qui cède devant le lobby catholique. Interview des Terroristas.<br /></strong></span></span></p> <p><strong style="font-family: Verdana, Helvetica, Arial; font-size: 10px;">Vous aviez sincèrement cru que le gouvernement socialiste allait autoriser la PMA?</strong></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span>La question n'est pas tant de savoir si nous y avons cru ou non ni à partir de quand nous avons cessé d'y croire. Il s'agissait d'une promesse de campagne. Le candidat François Hollande s'était engagé à mener une politique progressiste quant à l'égalité des droits, la fin de vie, la facilitation des parcours trans'. Le constat est clair : le président et son gouvernement ont renoncé à l'égalité des droits comme ils ont renoncé à mener une politique de justice sociale ancrée à gauche.<br /><br /><strong>Le programme Thalys PMAcard, c’est la solution miracle?</strong><br />Non. C'est la solution bourgeoise. Faire une PMA à l’étranger suppose d’avoir du temps et de l’argent – beaucoup d’argent. <br /><br /><strong>Valls au Vatican, la Manif pour tous à l’Elysée : les ultras catholiques gagnent du terrain en France, non?</strong><br />Oui et Non.<br />Sont-ils plus nombreux ? Nous n'en savons rien mais c'est clair qu'ils gagnent sur le terrain médiatique, qu'ils ont des réseaux puissants (toutes ces personnes se réunissent tous les dimanche matin), qu'ils ont des sous. Leurs ressources financières vont bien au-delà de l’argent de la quête du dimanche ! Il suffit de voir l’argent qui a été investi dans les manifestations homophobes. <br /><br />Il est clair que la médiatisation de leurs sorties contre l'égalité et le relais donné à leurs propos homophobes n'ont fait que donner aux plus radicaux un sentiment de légitimité quant à l'expression d'une haine homophobe. Des propos homophobes ont été tenus dans la rue mais aussi dans l'hémicycle ! Est-ce un hasard si l’on a vu se multiplier les agressions homophobes et lesbophobes ?<br />Recevoir la Manif pour Tous presque un an jour pour jour après la promulgation de la loi dite du mariage pour tous, c’est mépriser délibérément la communauté LGBT et toutes celles et ceux qui nous soutiennent. Si les conséquences de cette erreur politique n’étaient pas aussi graves, on pourrait rire de la bêtise d’un Parti Socialiste qui crée lui-même les conditions de ses futures défaites. Les gouines, les pédales et les trans ne mettront plus de bulletin PS dans l’urne. Les réacs de droite non plus. <br /> <br /><strong>Récemment, un couple de femmes mariées s’est vu refuser l’adoption de leur enfant conçu par PMA, un coup dur pour les lesbiennes?</strong><br />Oui. Mais ce n'est que la suite logique des choix du gouvernement et d'une loi inégale et incomplète. Ce sont non seulement les mères lesbiennes mais aussi leurs enfants qui vont faire les frais des reculades et demi-mesures du gouvernement.<br /> <br /><strong>Les féministes espagnoles ont imaginé abotiontravel pour avorter à l’étranger et vous lancez la Thalys PMAcard pour procréer à l’étranger. C’est ça l’Europe?</strong><br />Apparemment avec la complicité des gouvernements, oui.<br />Le droit des femmes à disposer de leurs corps n'est pas acquis. Les femmes doivent s’entraider et lutter ensemble.<br /><br /><strong>Vous allez voter quoi aux élections européennes?</strong><br />Hmm. Vous savez déjà pour qui on ne votera pas !<br /> </span></span></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span>Photo © Djendeur Terroristas<br /></span></span></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span><strong><img src="images/ailleurs/Djendeur%20Terroristas%208%20mars.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></span></span></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span><strong>Le collectif féministe Djendeur Terroristas a lancé le programme Thalys PMAcard, une parodie de carte fidélité SNCF pour les femmes qui souhaitent recourir à la PMA. Sur leur <a href="http://www.djendeurterroristas.com/thalys.html"><span style="text-decoration: underline;">site Internet </span></a>qui reproduit l'univers de réservation en ligne de la SNCF, il est précisé que "chaque voyage à bord du Thalys vous rapporte des miles (...) et accroit vos chances d'avoir un enfant". Mais derrière l'humour affiché, le collectif dénonce la lâcheté du gouvernement socialiste qui cède devant le lobby catholique. Interview des Terroristas.<br /></strong></span></span></p> <p><strong style="font-family: Verdana, Helvetica, Arial; font-size: 10px;">Vous aviez sincèrement cru que le gouvernement socialiste allait autoriser la PMA?</strong></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span>La question n'est pas tant de savoir si nous y avons cru ou non ni à partir de quand nous avons cessé d'y croire. Il s'agissait d'une promesse de campagne. Le candidat François Hollande s'était engagé à mener une politique progressiste quant à l'égalité des droits, la fin de vie, la facilitation des parcours trans'. Le constat est clair : le président et son gouvernement ont renoncé à l'égalité des droits comme ils ont renoncé à mener une politique de justice sociale ancrée à gauche.<br /><br /><strong>Le programme Thalys PMAcard, c’est la solution miracle?</strong><br />Non. C'est la solution bourgeoise. Faire une PMA à l’étranger suppose d’avoir du temps et de l’argent – beaucoup d’argent. <br /><br /><strong>Valls au Vatican, la Manif pour tous à l’Elysée : les ultras catholiques gagnent du terrain en France, non?</strong><br />Oui et Non.<br />Sont-ils plus nombreux ? Nous n'en savons rien mais c'est clair qu'ils gagnent sur le terrain médiatique, qu'ils ont des réseaux puissants (toutes ces personnes se réunissent tous les dimanche matin), qu'ils ont des sous. Leurs ressources financières vont bien au-delà de l’argent de la quête du dimanche ! Il suffit de voir l’argent qui a été investi dans les manifestations homophobes. <br /><br />Il est clair que la médiatisation de leurs sorties contre l'égalité et le relais donné à leurs propos homophobes n'ont fait que donner aux plus radicaux un sentiment de légitimité quant à l'expression d'une haine homophobe. Des propos homophobes ont été tenus dans la rue mais aussi dans l'hémicycle ! Est-ce un hasard si l’on a vu se multiplier les agressions homophobes et lesbophobes ?<br />Recevoir la Manif pour Tous presque un an jour pour jour après la promulgation de la loi dite du mariage pour tous, c’est mépriser délibérément la communauté LGBT et toutes celles et ceux qui nous soutiennent. Si les conséquences de cette erreur politique n’étaient pas aussi graves, on pourrait rire de la bêtise d’un Parti Socialiste qui crée lui-même les conditions de ses futures défaites. Les gouines, les pédales et les trans ne mettront plus de bulletin PS dans l’urne. Les réacs de droite non plus. <br /> <br /><strong>Récemment, un couple de femmes mariées s’est vu refuser l’adoption de leur enfant conçu par PMA, un coup dur pour les lesbiennes?</strong><br />Oui. Mais ce n'est que la suite logique des choix du gouvernement et d'une loi inégale et incomplète. Ce sont non seulement les mères lesbiennes mais aussi leurs enfants qui vont faire les frais des reculades et demi-mesures du gouvernement.<br /> <br /><strong>Les féministes espagnoles ont imaginé abotiontravel pour avorter à l’étranger et vous lancez la Thalys PMAcard pour procréer à l’étranger. C’est ça l’Europe?</strong><br />Apparemment avec la complicité des gouvernements, oui.<br />Le droit des femmes à disposer de leurs corps n'est pas acquis. Les femmes doivent s’entraider et lutter ensemble.<br /><br /><strong>Vous allez voter quoi aux élections européennes?</strong><br />Hmm. Vous savez déjà pour qui on ne votera pas !<br /> </span></span></p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span>Photo © Djendeur Terroristas<br /></span></span></p> Vendues pour 12 dollars 2014-05-05T12:29:24+00:00 2014-05-05T12:29:24+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/584-vendues-pour-12-dollars Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/boko%20haram.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>«J’ai enlevé vos filles»… C’est ainsi que commence la déclaration d’Abubakar Shekau, chef du groupe extrémiste Boko Haram, dans une vidéo que s’est procurée l’AFP. Il parle des 276 lycéennes enlevées le 14 avril dernier dans leur établissement de Chibok (nord-est), dans l’état de Borno au Nigéria. Sur les 276, 223 sont toujours retenues, 53 ont pu s’enfuir. Malgré les manifestations le week-end passé organisées par les familles de ces jeunes filles, les autorités nigérianes avouent leur impuissance et demandent l’aide de l’étranger.</strong><br /><br />«Je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah» poursuit Shekau, confirmant les pires craintes des parents qui disent que des rumeurs d’un transfert des adolescentes au Tchad et au Cameroun où elles seraient mariées de force. Il continue son discours en disant que «l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l’école) et vous marier» et il précise garder «des gens comme esclaves». Son obsession c’est l’éducation occidentale qu’il veut éradiquer (Boko Haram signifie d’ailleurs «l’éducation occidentale est un péché» en langue haoussa) et la création d’un Etat islamique qu’il revendique dans le nord du Nigeria. <br /><br />Depuis le début de son insurrection en 2009, le groupe extrémiste a déjà fait plusieurs milliers de morts au cours d’attaques visant des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l’Etat. Cette fois, les femmes sont spécifiquement visées. La population est d’autant plus choquée qu’elles sont jeunes, que l’enlèvement concerne plus de 200 personnes et que le sort qui les attend est l’esclavage. Autant dire que la pratique barbare est d’un autre âge. <br /><br />Pour les familles, les autorités nigérianes n’ont rien fait depuis trois semaines. Dans une interview télévisée, le président Goodluck Jonathan explique pour sa part que toutes les familles ne sont pas venues déclarer les identités des filles disparues et de fait, leur nombre n’est pas encore certain. Par ailleurs, il a fait appel à l’aide des Etats-Unis, de la France et de la Chine pour retrouver les lycéennes. En attendant leur sort est extrêmement préoccupant et chaque jour qui passe réduit les chances de les libérer.</p> <p><img src="images/ailleurs/boko%20haram.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>«J’ai enlevé vos filles»… C’est ainsi que commence la déclaration d’Abubakar Shekau, chef du groupe extrémiste Boko Haram, dans une vidéo que s’est procurée l’AFP. Il parle des 276 lycéennes enlevées le 14 avril dernier dans leur établissement de Chibok (nord-est), dans l’état de Borno au Nigéria. Sur les 276, 223 sont toujours retenues, 53 ont pu s’enfuir. Malgré les manifestations le week-end passé organisées par les familles de ces jeunes filles, les autorités nigérianes avouent leur impuissance et demandent l’aide de l’étranger.</strong><br /><br />«Je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah» poursuit Shekau, confirmant les pires craintes des parents qui disent que des rumeurs d’un transfert des adolescentes au Tchad et au Cameroun où elles seraient mariées de force. Il continue son discours en disant que «l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l’école) et vous marier» et il précise garder «des gens comme esclaves». Son obsession c’est l’éducation occidentale qu’il veut éradiquer (Boko Haram signifie d’ailleurs «l’éducation occidentale est un péché» en langue haoussa) et la création d’un Etat islamique qu’il revendique dans le nord du Nigeria. <br /><br />Depuis le début de son insurrection en 2009, le groupe extrémiste a déjà fait plusieurs milliers de morts au cours d’attaques visant des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l’Etat. Cette fois, les femmes sont spécifiquement visées. La population est d’autant plus choquée qu’elles sont jeunes, que l’enlèvement concerne plus de 200 personnes et que le sort qui les attend est l’esclavage. Autant dire que la pratique barbare est d’un autre âge. <br /><br />Pour les familles, les autorités nigérianes n’ont rien fait depuis trois semaines. Dans une interview télévisée, le président Goodluck Jonathan explique pour sa part que toutes les familles ne sont pas venues déclarer les identités des filles disparues et de fait, leur nombre n’est pas encore certain. Par ailleurs, il a fait appel à l’aide des Etats-Unis, de la France et de la Chine pour retrouver les lycéennes. En attendant leur sort est extrêmement préoccupant et chaque jour qui passe réduit les chances de les libérer.</p> Game of thrones: le viol qui fait scandale 2014-04-28T13:43:19+00:00 2014-04-28T13:43:19+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/580-game-of-throne-le-viol-qui-fait-scandale Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/game%20of%20throne.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une scène de viol dans le troisième épisode de la saison 4 de Game of Thrones a déclenché une polémique aux Etats-Unis. A priori la violence gratuite qui émaille cette série n'aurait pas dû émouvoir un public déjà bien habitué aux scènes de meurtres et de sexe, mais c'est le commentaire du réalisateur Alex Graves qui a mis le feu aux poudres. Coup de pub ou coup bas, les médias anglo-saxons n'en finissent plus de décortiquer l'affaire.</strong><br /><br />La scène incriminée ne serait pas vraiment un viol puisque selon Alex Graves, "ça devient consenti à la fin car tout ce qui <em>les</em> (les protagonistes Jaime et Cercei, ndlr) concerne débouche sur un truc excitant, particulièrement quand il s’agit d’une lutte de pouvoir. (…). C’est une de mes scènes préférées". Ce n'est pas la première fois qu'une fiction met en scène un viol, mais suggérer comme le fait le réalisateur qu'en fait, la femme prend finalement du plaisir à coucher avec son violeur alors même qu'elle crie "non" ne peut que renforcer l'idée que le consentement des femmes importe peu, et que le non se transforme en oui.<br /><br />La polémique a continué d'enfler après que l’auteur des romans Game of Thrones, George R. R. Martin lui-même, a rappelé que cette scène de viol n'existe pas. Se pose alors la question de l'intérêt narratif: pourquoi ajouter une scène de viol qui n'amène rien à l'histoire?<br /><br />Certain-e-s expert-e-s notent que les series multiplient le recours à ce type de scène: House of Cards, Mad Men, Downtown Abbey, Scandal, Top of the Lake entre autres intègrent des scènes de viol, l'utilisent comme technique narrative avec plus ou moins de réussite. Interrogée par le magazine <em>Time</em> sur la cause de cette prolifération, Lisa Cuklanz, professeur au Boston College et auteure de <em>Rape on Prime Time</em> explique que les femmes violées dans ces séries sont "des personnages féminins qui sont perçus comme froids, sans pitié, calculateurs. Ils ne sont pas aimés voire sont haïs du public. Savoir qu’ils ont été victimes de violence sexuelle tend à les humaniser". En gros, l'amalgame viol-punition serait ici légitimé.<br /><br />Une autre explication de cette recrudescence de la représentation des viols dans les séries viendrait du fait que les scénaristes intègreraient les débats de société actuels à leur écriture.Toujours est-il que donner une touche hollywoodienne à une scène de viol reste délicat surtout auprès d'un public peu conscientisé. La production en tous cas doit se frotter les mains devant cette publicité gratuite. <br /><br /><em>Image tirée de la scène</em></p> <p><strong><img src="images/ailleurs/game%20of%20throne.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Une scène de viol dans le troisième épisode de la saison 4 de Game of Thrones a déclenché une polémique aux Etats-Unis. A priori la violence gratuite qui émaille cette série n'aurait pas dû émouvoir un public déjà bien habitué aux scènes de meurtres et de sexe, mais c'est le commentaire du réalisateur Alex Graves qui a mis le feu aux poudres. Coup de pub ou coup bas, les médias anglo-saxons n'en finissent plus de décortiquer l'affaire.</strong><br /><br />La scène incriminée ne serait pas vraiment un viol puisque selon Alex Graves, "ça devient consenti à la fin car tout ce qui <em>les</em> (les protagonistes Jaime et Cercei, ndlr) concerne débouche sur un truc excitant, particulièrement quand il s’agit d’une lutte de pouvoir. (…). C’est une de mes scènes préférées". Ce n'est pas la première fois qu'une fiction met en scène un viol, mais suggérer comme le fait le réalisateur qu'en fait, la femme prend finalement du plaisir à coucher avec son violeur alors même qu'elle crie "non" ne peut que renforcer l'idée que le consentement des femmes importe peu, et que le non se transforme en oui.<br /><br />La polémique a continué d'enfler après que l’auteur des romans Game of Thrones, George R. R. Martin lui-même, a rappelé que cette scène de viol n'existe pas. Se pose alors la question de l'intérêt narratif: pourquoi ajouter une scène de viol qui n'amène rien à l'histoire?<br /><br />Certain-e-s expert-e-s notent que les series multiplient le recours à ce type de scène: House of Cards, Mad Men, Downtown Abbey, Scandal, Top of the Lake entre autres intègrent des scènes de viol, l'utilisent comme technique narrative avec plus ou moins de réussite. Interrogée par le magazine <em>Time</em> sur la cause de cette prolifération, Lisa Cuklanz, professeur au Boston College et auteure de <em>Rape on Prime Time</em> explique que les femmes violées dans ces séries sont "des personnages féminins qui sont perçus comme froids, sans pitié, calculateurs. Ils ne sont pas aimés voire sont haïs du public. Savoir qu’ils ont été victimes de violence sexuelle tend à les humaniser". En gros, l'amalgame viol-punition serait ici légitimé.<br /><br />Une autre explication de cette recrudescence de la représentation des viols dans les séries viendrait du fait que les scénaristes intègreraient les débats de société actuels à leur écriture.Toujours est-il que donner une touche hollywoodienne à une scène de viol reste délicat surtout auprès d'un public peu conscientisé. La production en tous cas doit se frotter les mains devant cette publicité gratuite. <br /><br /><em>Image tirée de la scène</em></p> Abortiontravel, avortement inclus 2014-04-19T02:14:40+00:00 2014-04-19T02:14:40+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/577-abortiontravel-avortement-inclus Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/abortiontravel.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Cette agence de voyage d'un genre particulier vient de voir le jour en Espagne: elle propose des escapades dans les grandes villes d'Europe dans le but de pouvoir avorter en toute liberté. Il s'agit en fait d'une agence fictive créée par des femmes espagnoles pour alerter l</strong><strong><strong>eurs compatriotes </strong>sur ce qui les attend lorsque la loi Gallardon qui interdit l'IVG sera entrée en vigueur.</strong></p> <p>Le site <strong><a href="http://www.abortiontravel.org/"><span style="text-decoration: underline;">abortiontravel</span> </a></strong>ressemble à s'y méprendre à celui d'une agence de voyage: les photos sont superbes et invitent au rêve, les slogans accrocheurs: "Choisis à Berlin à partir de 2614 €" ou "Décide à Paris dès 1942 €". C'est bien simple, on se voit déjà en train de déambuler dans les rues d'une capitale européenne. Sauf que lorsqu'on regarde de plus près, une vision de cauchemar apparaît. Sur la barre des menus, on peut lire: Origine, destination, date d'intervention, semaine de grossesse, malformation... Et lorsqu'on clique sur une des destinations, surgissent ces mots: "la ville où personne ne te dira si tu dois être mère ou pas". Sur chaque ville, la législation en matière d'avortement qui s'offre aux femmes est censée les attirer. Ensuite lorsqu'on poursuit le processus, on découvre les adresses des cliniques, les noms des médecins.</p> <p>A l'origine de l'initiative, <span>la Coordinadora Espanola Lobby Europeano de Mujeres (Celem ou bureau espagnol du Lobby européen des femmes) a voulu "dénoncer le côté absurde et ridicule de ce que sera le futur des Espagnoles" selon la porte-parole Cristina Rodriguez. La Celem a même poussé le cynisme jusqu'à ouvrir une vraie agence à Madrid pendant trois jours, une action purement symbolique puisque aucun voyage n'est vendu. <strong><span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.change.org/es/peticiones/retiren-el-anteproyecto-de-reforma-de-la-ley-del-aborto">Une pétition</a></span></strong> pour appuyer leur démarche est en outre disponible sur le site abortiontravel.<br /></span></p> <p><span>Dans la même veine, Newlife propose des <strong><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=sDxxTu9T-Vk">happy tours</a></span></strong> à travers des vidéos postés sur youtube pour avorter à l'étranger. La dernière vidéo vante un<strong><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=mWvgDQ3BaWE"> pack avortement DIY</a></span></strong> pour la modique somme de 20 euros, rappel ironique des méthodes ancestrales à disposition des femmes. Et si l'humour ne quitte pas les femmes espagnoles devant le danger imminent, une </span>étude réalisée par les centres de santé espagnols estime que plus de 50 000 femmes par an seront obligées d’avorter de façon illégale si la loi entre en vigueur. Pas de quoi rire en fait...</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/abortiontravel.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Cette agence de voyage d'un genre particulier vient de voir le jour en Espagne: elle propose des escapades dans les grandes villes d'Europe dans le but de pouvoir avorter en toute liberté. Il s'agit en fait d'une agence fictive créée par des femmes espagnoles pour alerter l</strong><strong><strong>eurs compatriotes </strong>sur ce qui les attend lorsque la loi Gallardon qui interdit l'IVG sera entrée en vigueur.</strong></p> <p>Le site <strong><a href="http://www.abortiontravel.org/"><span style="text-decoration: underline;">abortiontravel</span> </a></strong>ressemble à s'y méprendre à celui d'une agence de voyage: les photos sont superbes et invitent au rêve, les slogans accrocheurs: "Choisis à Berlin à partir de 2614 €" ou "Décide à Paris dès 1942 €". C'est bien simple, on se voit déjà en train de déambuler dans les rues d'une capitale européenne. Sauf que lorsqu'on regarde de plus près, une vision de cauchemar apparaît. Sur la barre des menus, on peut lire: Origine, destination, date d'intervention, semaine de grossesse, malformation... Et lorsqu'on clique sur une des destinations, surgissent ces mots: "la ville où personne ne te dira si tu dois être mère ou pas". Sur chaque ville, la législation en matière d'avortement qui s'offre aux femmes est censée les attirer. Ensuite lorsqu'on poursuit le processus, on découvre les adresses des cliniques, les noms des médecins.</p> <p>A l'origine de l'initiative, <span>la Coordinadora Espanola Lobby Europeano de Mujeres (Celem ou bureau espagnol du Lobby européen des femmes) a voulu "dénoncer le côté absurde et ridicule de ce que sera le futur des Espagnoles" selon la porte-parole Cristina Rodriguez. La Celem a même poussé le cynisme jusqu'à ouvrir une vraie agence à Madrid pendant trois jours, une action purement symbolique puisque aucun voyage n'est vendu. <strong><span style="text-decoration: underline;"><a href="https://www.change.org/es/peticiones/retiren-el-anteproyecto-de-reforma-de-la-ley-del-aborto">Une pétition</a></span></strong> pour appuyer leur démarche est en outre disponible sur le site abortiontravel.<br /></span></p> <p><span>Dans la même veine, Newlife propose des <strong><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=sDxxTu9T-Vk">happy tours</a></span></strong> à travers des vidéos postés sur youtube pour avorter à l'étranger. La dernière vidéo vante un<strong><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=mWvgDQ3BaWE"> pack avortement DIY</a></span></strong> pour la modique somme de 20 euros, rappel ironique des méthodes ancestrales à disposition des femmes. Et si l'humour ne quitte pas les femmes espagnoles devant le danger imminent, une </span>étude réalisée par les centres de santé espagnols estime que plus de 50 000 femmes par an seront obligées d’avorter de façon illégale si la loi entre en vigueur. Pas de quoi rire en fait...</p> ADN. Et les droits des hommes? 2014-04-15T04:36:05+00:00 2014-04-15T04:36:05+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/576-adn-et-les-droits-des-hommes Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/adn.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><strong><span style="font-family: Helvetica;">Une polémique a surgi hier autour de l'opération de prélèvements massifs d'ADN dans le lycée privé de La Rochelle qui permettrait d'identifier l'auteur d'un viol commis au sein de l'établissement en septembre dernier. La Ligue des droits de l'homme s'insurge contre la méthode tandis que les associations de défense des droits des femmes y voient une volonté de faire aboutir l'enquête. 527 personnes de sexe masculin doivent se soumettre aux prélèvements. La Ligue des droits de l'homme, qui porte bien son nom, serait-elle monté au créneau si les femmes avaient été visées?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">Tous les hommes présents dans le lycée au moment des faits son en effet concernés par cette collecte d'ADN, à savoir 475 lycéens, 31 enseignants et 21 autres personnes, notamment du personnel technique. Pour les élèves mineurs,</span><span style="mso-spacerun: yes;">  </span><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">le consentement des parents et de l'élève est nécessaire. "Mais les personnes qui disent non deviennent des suspects potentiels pour lesquels on peut envisager la garde-à-vue et la perquisition", a indiqué la procureure de la République, Isabelle Paganelle. Les prélèvements se déroulent en présence des professeur-e-s car "les photos des cartes d'identité ne sont pas toujours fiables pour les mineurs", selon la magistrate. Les échantillons d'ADN négatifs ne seront pas conservés et il n'y a donc aucun risque de se voir fiché-e.</span></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">Pour l'ancien avocat de la Ligue des droits de l'homme, Alain Weber, "ces 527 personnes ne sont plus des citoyens normaux mais deviennent des citoyens suspects. Il y a une sorte de facilitation de la preuve au mépris des libertés". Comme dans la plupart des cas de viols, les victimes sont relégué-e-s au second plan. Dans la balance de cette justice patriarcale, la liberté primerait sur la vérité. Pierre Tartakowsky, le président de la Ligue des droits de l'homme enfonce le clou sur RTL en dénonçant le climat de suspicion généralisé et en estimant que "ça peut être traumatisant". Et la jeune fille violée dans les toilettes du lycée, n'a-t-elle pas trouvé l'expérience traumatisante? Et toutes les autres qui viennent d'apprendre qu'un violeur était présent dans l'établissement depuis le mois de septembre, que ressentent-elles?</span></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">A la mise en doute de l'efficacité du procédé, les associations de victimes rappellent l'affaire Caroline Dickinson, une jeune Anglaise violée et assassinée en Bretagne en 1996. Le juge d'instruction en charge de l'enquête, Renaud Van Ruymbeke avait alors fait prélever l'ADN de quelque 400 habitants du village, puis avait étendu la recherche à 3000 personnes. Au final, l'enquête avait permis l'arrestation du coupable. Si les empreintes ADN ne font pas tout, elles peuvent aider dans la progression des enquêtes. Enfin pour ceux qui contestent l'utilisation de l'argent des contribuables dans des opérations d'envergure comme les prélèvements ADN de masse, d'autant qu'il n'y a pas eu "mort d'homme", il est bon de rappeler qu'en France, le viol est un crime passible de 15 ans de prison.</span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">Photo DR </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica;"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Helvetica;"> </span></p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/adn.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><strong><span style="font-family: Helvetica;">Une polémique a surgi hier autour de l'opération de prélèvements massifs d'ADN dans le lycée privé de La Rochelle qui permettrait d'identifier l'auteur d'un viol commis au sein de l'établissement en septembre dernier. La Ligue des droits de l'homme s'insurge contre la méthode tandis que les associations de défense des droits des femmes y voient une volonté de faire aboutir l'enquête. 527 personnes de sexe masculin doivent se soumettre aux prélèvements. La Ligue des droits de l'homme, qui porte bien son nom, serait-elle monté au créneau si les femmes avaient été visées?</span></strong></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">Tous les hommes présents dans le lycée au moment des faits son en effet concernés par cette collecte d'ADN, à savoir 475 lycéens, 31 enseignants et 21 autres personnes, notamment du personnel technique. Pour les élèves mineurs,</span><span style="mso-spacerun: yes;">  </span><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">le consentement des parents et de l'élève est nécessaire. "Mais les personnes qui disent non deviennent des suspects potentiels pour lesquels on peut envisager la garde-à-vue et la perquisition", a indiqué la procureure de la République, Isabelle Paganelle. Les prélèvements se déroulent en présence des professeur-e-s car "les photos des cartes d'identité ne sont pas toujours fiables pour les mineurs", selon la magistrate. Les échantillons d'ADN négatifs ne seront pas conservés et il n'y a donc aucun risque de se voir fiché-e.</span></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">Pour l'ancien avocat de la Ligue des droits de l'homme, Alain Weber, "ces 527 personnes ne sont plus des citoyens normaux mais deviennent des citoyens suspects. Il y a une sorte de facilitation de la preuve au mépris des libertés". Comme dans la plupart des cas de viols, les victimes sont relégué-e-s au second plan. Dans la balance de cette justice patriarcale, la liberté primerait sur la vérité. Pierre Tartakowsky, le président de la Ligue des droits de l'homme enfonce le clou sur RTL en dénonçant le climat de suspicion généralisé et en estimant que "ça peut être traumatisant". Et la jeune fille violée dans les toilettes du lycée, n'a-t-elle pas trouvé l'expérience traumatisante? Et toutes les autres qui viennent d'apprendre qu'un violeur était présent dans l'établissement depuis le mois de septembre, que ressentent-elles?</span></p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">A la mise en doute de l'efficacité du procédé, les associations de victimes rappellent l'affaire Caroline Dickinson, une jeune Anglaise violée et assassinée en Bretagne en 1996. Le juge d'instruction en charge de l'enquête, Renaud Van Ruymbeke avait alors fait prélever l'ADN de quelque 400 habitants du village, puis avait étendu la recherche à 3000 personnes. Au final, l'enquête avait permis l'arrestation du coupable. Si les empreintes ADN ne font pas tout, elles peuvent aider dans la progression des enquêtes. Enfin pour ceux qui contestent l'utilisation de l'argent des contribuables dans des opérations d'envergure comme les prélèvements ADN de masse, d'autant qu'il n'y a pas eu "mort d'homme", il est bon de rappeler qu'en France, le viol est un crime passible de 15 ans de prison.</span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 10px;">Photo DR </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="mso-pagination: none; tab-stops: 28.3pt 56.65pt 85.0pt 113.35pt 141.7pt 170.05pt 198.4pt 226.75pt 255.1pt 283.45pt 311.8pt 340.15pt; mso-layout-grid-align: none; text-autospace: none;"><span style="font-family: Helvetica;"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Helvetica;"> </span></p> <p> </p> Les Afghanes face à leur destin 2014-04-07T04:38:39+00:00 2014-04-07T04:38:39+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/571-les-afghanes-face-a-leur-destin Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Afghan-election.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Malgré les menaces des talibans, les Afghanes sont allées voter pour les élections présidentielles de leur pays et élire le successeur d'Hamid Karzaï qui devra gérer le départ des troupes de l'OTAN. Les différentes associations de femmes expriment leurs craintes.</strong><br /><br />La répression contre les femmes menée déjà sous les moudjahidins, alors alliés de la Coalition occidentale, puis sous les talibans, s'est allégée à partir de 2001 à l'arrivée de Karzaï au pouvoir. Les filles sont retournées à l'école, les femmes sont devenues députées au Parlement, elles ont repris un métier et sortent dans la rue sans être accompagnées. Mais ces avancées masquent une fragilité. Dès 2012, la violence faite aux femmes connaît une recrudescence. Le nombre de cas d'agressions a augmenté de 24,7 % durant les six premiers mois de l'année 2013, selon l'Afghanistan Independent Human Rights Commission. Des femmes occupant des fonctions de décideuses sont assassinées, telles que la lieutenante Bibi en juillet, la policière la plus haut gradée de la province méridionale du Helmand, puis en septembre de son successeur, la lieutenante Negar. La députée Fawzia Koofi a, quant à elle, récemment échappé à deux tentatives d'assassinat. Ces avertissements sont compris en tant que tels par les femmes.<br /><br />Ce qui dérange c'est précisément que ces femmes occupent des postes jusque-là réservés aux hommes. Plus elles investissent l'espace public, plus elles sont visibles et deviennent des cibles. L'entourage de Karzaï désormais ultra-conservateur avait déjà remis en cause les droits politiques des femmes en supprimant le quota de 25% de sièges qui leur était alloué dans les conseils provinciaux. Les femmes parlementaires avaient dû batailler pour qu'un quota de 20% soit maintenu. Ce sont ces mêmes conservateurs qui ont torpillé l'adoption d'une loi sur les violences contre les femmes défendue par Fawzia Koofi qui estime "qu'ils se préparent déjà à la perspective d'un retour des talibans au pouvoir". <br /><br />A l'heure où les ONG et les troupes occidentales font leurs bagages, une autre guerre se larve, idéologique celle-là, qui va opposer démocrates et ultra-conservateurs. Les femmes, au coeur de la lutte, risquent encore d'en faire les frais. Elles ont bien saisi les enjeux de la présidentielle en se rendant massivement aux urnes, et si contrairement aux élections de 2004 et 2009, où des femmes s'étaient présentées, ce n'est pas le cas aujourd'hui : tous les candidats sont des hommes conservateurs qui ont une vision traditionnelle des rapports homme/femme. Défendre leurs acquis, même s'ils sont limités aux grandes villes et s'ils sont liés à la présence et aux subventions internationales, est pour les Afghanes une question de survie. Elles osent croire que dans un pays où la moyenne d'âge est de 19 ans, les gens voudront défendre les libertés.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/Afghan-election.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Malgré les menaces des talibans, les Afghanes sont allées voter pour les élections présidentielles de leur pays et élire le successeur d'Hamid Karzaï qui devra gérer le départ des troupes de l'OTAN. Les différentes associations de femmes expriment leurs craintes.</strong><br /><br />La répression contre les femmes menée déjà sous les moudjahidins, alors alliés de la Coalition occidentale, puis sous les talibans, s'est allégée à partir de 2001 à l'arrivée de Karzaï au pouvoir. Les filles sont retournées à l'école, les femmes sont devenues députées au Parlement, elles ont repris un métier et sortent dans la rue sans être accompagnées. Mais ces avancées masquent une fragilité. Dès 2012, la violence faite aux femmes connaît une recrudescence. Le nombre de cas d'agressions a augmenté de 24,7 % durant les six premiers mois de l'année 2013, selon l'Afghanistan Independent Human Rights Commission. Des femmes occupant des fonctions de décideuses sont assassinées, telles que la lieutenante Bibi en juillet, la policière la plus haut gradée de la province méridionale du Helmand, puis en septembre de son successeur, la lieutenante Negar. La députée Fawzia Koofi a, quant à elle, récemment échappé à deux tentatives d'assassinat. Ces avertissements sont compris en tant que tels par les femmes.<br /><br />Ce qui dérange c'est précisément que ces femmes occupent des postes jusque-là réservés aux hommes. Plus elles investissent l'espace public, plus elles sont visibles et deviennent des cibles. L'entourage de Karzaï désormais ultra-conservateur avait déjà remis en cause les droits politiques des femmes en supprimant le quota de 25% de sièges qui leur était alloué dans les conseils provinciaux. Les femmes parlementaires avaient dû batailler pour qu'un quota de 20% soit maintenu. Ce sont ces mêmes conservateurs qui ont torpillé l'adoption d'une loi sur les violences contre les femmes défendue par Fawzia Koofi qui estime "qu'ils se préparent déjà à la perspective d'un retour des talibans au pouvoir". <br /><br />A l'heure où les ONG et les troupes occidentales font leurs bagages, une autre guerre se larve, idéologique celle-là, qui va opposer démocrates et ultra-conservateurs. Les femmes, au coeur de la lutte, risquent encore d'en faire les frais. Elles ont bien saisi les enjeux de la présidentielle en se rendant massivement aux urnes, et si contrairement aux élections de 2004 et 2009, où des femmes s'étaient présentées, ce n'est pas le cas aujourd'hui : tous les candidats sont des hommes conservateurs qui ont une vision traditionnelle des rapports homme/femme. Défendre leurs acquis, même s'ils sont limités aux grandes villes et s'ils sont liés à la présence et aux subventions internationales, est pour les Afghanes une question de survie. Elles osent croire que dans un pays où la moyenne d'âge est de 19 ans, les gens voudront défendre les libertés.</p> <p>Photo DR</p> Ces femmes qui "méritent" d'être violées 2014-03-31T04:08:39+00:00 2014-03-31T04:08:39+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/569-ces-femmes-qui-meritent-detre-violees Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/n-NANA-QUEIROZ-large570.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Au Brésil, la publication d'un sondage qui révèle que 65% des personnes interrogées pensent que les femmes habillées de manière provocante "méritent d'être violées" a suscité l'indignation des féministes et de la présidente Dilma Rousseff. Les réseaux sociaux se sont emparés de l'affaire qui en dit long sur une société brésilienne qui considère la victime comme responsable de son agression...</strong></p> <p>Selon l'étude réalisée par l'Institut d'enquête économique appliquée du gouvernement (<a href="http://www.ipea.gov.br/portal/"><span style="text-decoration: underline;">IPEA</span></a>), la majorité des 3810 sondé-e-s estime que l'agression a lieu car la femme n'a pas eu "un comportement correct". 58,5% des personnes interrogées pensent que "si les femmes savaient se comporter de manière décente, il y aurait moins de viols". Par ailleurs, l'IPEA a dressé le profil des femmes violées à partir des 12'000 cas qui ont fait l'objet d'une plainte en 2011 (selon leur estimation, en 2012, il y aurait eu 527'000 viols au Brésil). Dans 50% des cas, elles ont moins de 13 ans et dans 15% des cas, il s'agit de viols collectifs.</p> <p>Dilma Rousseff a vivement réagi sur son compte Twitter, jugeant que ce sondage démontrait que <em>«l</em>a société brésilienne a beaucoup de progrès à faire<em>»</em> et a exhorté <em>«</em>le gouvernement et la société à travailler ensemble contre la violence contre les femmes<em>»</em>. La loi Maria da Penha, du nom de cette pharmacienne qui s'est fait tirer dessus par son mari, a permis la mise en place de tribunaux spéciaux et de peines plus strictes pour les auteurs des violences. Une politique de prévention est menée dans les grandes villes. Le problème reste l'application de cette loi.</p> <p>Durant la campagne électorale de 2010, Dilma Rousseff avait promis de s'attaquer à la violence domestique. Le 1er août 2013, elle avait promulgué une loi légalisant l'accès à la contraception d'urgence pour les femmes victimes de violences sexuelles, sachant qu'au Brésil, une femme est violée toutes les 12 secondes. Ce texte avait été très critiqué par l’Église catholique qui y avait vu un premier pas vers une légalisation de l’avortement, question sensible dans ce pays comptant le plus grand nombre de catholiques au monde (123 millions). D'ailleurs pendant la campagne présidentielle, Dilma Rousseff avait signé une lettre dans laquelle elle s'engageait à ne pas dépénaliser l’avortement, cédant au chantage religieux.</p> <p>Son indignation face à ce sondage ne lui coûte qu'un tweet. Les féministes, elles, ont organisé la riposte sous la houlette de la journaliste Nana Queiroz qui a appelé les femmes à publier sur Facebook des photos d’elles-mêmes dénudées avec ce slogan «Je ne mérite pas d’être violée» (<a href="http://www.brasilpost.com.br/gabriela-loureiro/protesto-online-estupro_b_5049118.html?utm_hp_ref=brazil">#EuNãoMereçoSerEstuprada</a>). 30'000 femmes ont posté leurs photos. Pour Nana Queiroz, <em>«</em>le plus surprenant est qu’il est permis de se dévêtir pendant le carnaval mais pas dans la vie réelle<em>»</em>, soulignant le paradoxe brésilien, pays où le culte du corps butte conte le catholicisme traditionnel.</p> <p>Photo Nana Queiroz</p> <div id="stcpDiv" style="position: absolute; top: -1999px; left: -1988px;">permet de mettre en place des tribunaux spéciaux et des peines plus strictes pour les coupables, mais aussi d'autres instruments pour la prévention et l'aide dans les villes de plus de 60.000 habitants, tels que les commissariats de police et les refuges pour femmes. - See more at: http://www.unwomen.org/fr/news/stories/2011/8/maria-da-penha-law-a-name-that-changed-society/#sthash.e9UwN2b0.dpuf</div> <div id="stcpDiv" style="position: absolute; top: -1999px; left: -1988px;">permet de mettre en place des tribunaux spéciaux et des peines plus strictes pour les coupables, mais aussi d'autres instruments pour la prévention et l'aide dans les villes de plus de 60.000 habitants, tels que les commissariats de police et les refuges pour femmes. - See more at: http://www.unwomen.org/fr/news/stories/2011/8/maria-da-penha-law-a-name-that-changed-society/#sthash.e9UwN2b0.dpufLe 1er août 2013, la présidente du Brésil Dilma Rousseff promulgue une loi légalisant l’accès à une contraception d’urgence pour les femmes victimes de violences sexuelles, dans un pays où une femme est violée toutes les 12 secondes.</div> <p><img src="images/ailleurs/n-NANA-QUEIROZ-large570.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Au Brésil, la publication d'un sondage qui révèle que 65% des personnes interrogées pensent que les femmes habillées de manière provocante "méritent d'être violées" a suscité l'indignation des féministes et de la présidente Dilma Rousseff. Les réseaux sociaux se sont emparés de l'affaire qui en dit long sur une société brésilienne qui considère la victime comme responsable de son agression...</strong></p> <p>Selon l'étude réalisée par l'Institut d'enquête économique appliquée du gouvernement (<a href="http://www.ipea.gov.br/portal/"><span style="text-decoration: underline;">IPEA</span></a>), la majorité des 3810 sondé-e-s estime que l'agression a lieu car la femme n'a pas eu "un comportement correct". 58,5% des personnes interrogées pensent que "si les femmes savaient se comporter de manière décente, il y aurait moins de viols". Par ailleurs, l'IPEA a dressé le profil des femmes violées à partir des 12'000 cas qui ont fait l'objet d'une plainte en 2011 (selon leur estimation, en 2012, il y aurait eu 527'000 viols au Brésil). Dans 50% des cas, elles ont moins de 13 ans et dans 15% des cas, il s'agit de viols collectifs.</p> <p>Dilma Rousseff a vivement réagi sur son compte Twitter, jugeant que ce sondage démontrait que <em>«l</em>a société brésilienne a beaucoup de progrès à faire<em>»</em> et a exhorté <em>«</em>le gouvernement et la société à travailler ensemble contre la violence contre les femmes<em>»</em>. La loi Maria da Penha, du nom de cette pharmacienne qui s'est fait tirer dessus par son mari, a permis la mise en place de tribunaux spéciaux et de peines plus strictes pour les auteurs des violences. Une politique de prévention est menée dans les grandes villes. Le problème reste l'application de cette loi.</p> <p>Durant la campagne électorale de 2010, Dilma Rousseff avait promis de s'attaquer à la violence domestique. Le 1er août 2013, elle avait promulgué une loi légalisant l'accès à la contraception d'urgence pour les femmes victimes de violences sexuelles, sachant qu'au Brésil, une femme est violée toutes les 12 secondes. Ce texte avait été très critiqué par l’Église catholique qui y avait vu un premier pas vers une légalisation de l’avortement, question sensible dans ce pays comptant le plus grand nombre de catholiques au monde (123 millions). D'ailleurs pendant la campagne présidentielle, Dilma Rousseff avait signé une lettre dans laquelle elle s'engageait à ne pas dépénaliser l’avortement, cédant au chantage religieux.</p> <p>Son indignation face à ce sondage ne lui coûte qu'un tweet. Les féministes, elles, ont organisé la riposte sous la houlette de la journaliste Nana Queiroz qui a appelé les femmes à publier sur Facebook des photos d’elles-mêmes dénudées avec ce slogan «Je ne mérite pas d’être violée» (<a href="http://www.brasilpost.com.br/gabriela-loureiro/protesto-online-estupro_b_5049118.html?utm_hp_ref=brazil">#EuNãoMereçoSerEstuprada</a>). 30'000 femmes ont posté leurs photos. Pour Nana Queiroz, <em>«</em>le plus surprenant est qu’il est permis de se dévêtir pendant le carnaval mais pas dans la vie réelle<em>»</em>, soulignant le paradoxe brésilien, pays où le culte du corps butte conte le catholicisme traditionnel.</p> <p>Photo Nana Queiroz</p> <div id="stcpDiv" style="position: absolute; top: -1999px; left: -1988px;">permet de mettre en place des tribunaux spéciaux et des peines plus strictes pour les coupables, mais aussi d'autres instruments pour la prévention et l'aide dans les villes de plus de 60.000 habitants, tels que les commissariats de police et les refuges pour femmes. - See more at: http://www.unwomen.org/fr/news/stories/2011/8/maria-da-penha-law-a-name-that-changed-society/#sthash.e9UwN2b0.dpuf</div> <div id="stcpDiv" style="position: absolute; top: -1999px; left: -1988px;">permet de mettre en place des tribunaux spéciaux et des peines plus strictes pour les coupables, mais aussi d'autres instruments pour la prévention et l'aide dans les villes de plus de 60.000 habitants, tels que les commissariats de police et les refuges pour femmes. - See more at: http://www.unwomen.org/fr/news/stories/2011/8/maria-da-penha-law-a-name-that-changed-society/#sthash.e9UwN2b0.dpufLe 1er août 2013, la présidente du Brésil Dilma Rousseff promulgue une loi légalisant l’accès à une contraception d’urgence pour les femmes victimes de violences sexuelles, dans un pays où une femme est violée toutes les 12 secondes.</div> Preciado, Almodovar et Colom 2014-03-25T04:57:25+00:00 2014-03-25T04:57:25+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/567-preciado-almodovar-et-colom Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/mnac.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Il est à nouveau question de corps et de normes. Cette fois la scène se passe dans un séminaire autour de l'exposition consacrée au photographe Joan Colom organisé par le Musée National d'Art de Catalogne (MNAC) entre un public hétéroclite et des conférenciers de renom. Tout se déroulait bien jusqu'à ce dérapage qui a ouvert un cratère entre humains, post-humains et transhumains. Car c'est bien d'hybridation qu'il s'agit.</strong><br /><br />Aucune publicité, rien n'annonçait ce séminaire alors que tout ce qui accompagne l'exposition sur Joan Colom fait l'objet d'un extraordinaire battage promotionnel. Pourtant les intervenant-e-s étaient plutôt des pointures : Beatriz Preciado, la philosophe activiste et Dolores Juliano, l'anthropologue féministe tenaient le haut de l'affiche. l'émiliE qui venait de publier un <a href="http://lemilie.org/index.php/genreafeminismes/538-le-musee-fait-le-trottoir"><span style="text-decoration: underline;">article</span></a> sur le photographe pourtant encensé par le pouvoir catalan s'est interrogée sur la discrétion dont était entouré ce séminaire et s'est rendue sur place afin d'y voir plus clair. <br /><br />A priori, rien de bien neuf en pareil rassemblement : un public poli ayant tendance à l'engourdissement après avoir reçu durant plusieurs heures un flot de paroles intelligentes produites par un groupe de gens qui parlent d'un groupe d'autres gens, sujets d'études eux. Eux, ce sont les travelos, les prostitué-e-s, les pauvres, les nains, les invalides, les malformé-e-s et tous les "freaks" qui figurent sur les clichés de Joan Colom, ce comptable épris de photographie. Son terrain de jeu depuis les années 50, le Raval, quartier populaire de Barcelone, est l'endroit où vivent ses "modèles". Aujourd'hui reconnu comme "photographe de la prostitution", Joan Colom goûte à sa gloire locale.<br /><br />Comme nous l'avions dénoncé dans notre précédent <a href="http://lemilie.org/index.php/genreafeminismes/538-le-musee-fait-le-trottoir"><span style="text-decoration: underline;">article</span></a>, le photographe qui prenait des photos à l'insu de ces personnes et les publiait, les mettant ainsi en danger puisqu'à l'époque franquiste, la prostitution était interdite, toute liberté sexuelle prohibée, la seule issue pour celles et ceux qui contrevenaient à la loi étant la prison. <br /><br />De ça, les conférenciers-ières étaient bien conscient-e-s et ont abondemment critiqué le travail du photographe. Dolores Juliano a fustigé la catégorisation qu'il faisait des corps et la stigmatisation que cela engendrait. Elle a souligné que ses images participaient à la répression franquiste et à la réglementation par le pouvoir de l'espace public : quelles personnes peuvent circuler dans cet espace, quelles personnes ne le peuvent pas. Et de prendre un exemple actuel : l'interdiction par la <em>Generalitat</em> (institutions barcelonaises, <em>ndlr</em>) de la burqa dans l'espace public avec cette petite phrase: "La <em>Generalitat</em> devrait alors aussi interdire les ours blancs qui constituent un danger en ville", sous-entendu, on voit à Barcelone aussi peu de femmes en burqa que d'ours blancs… <br /><br />Preciado, pour sa part, se réfère à Foucault : d'un côté, il y a les corps normaux, de l'autre les corps pathologiques. Elle rappelle la tradition des représentations photographiques qu'ont faites la médecine, la police et la justice depuis le XIXe siècle et qui participent à la catégorisation. S'y ajoute l'intervention d'un doctorat qui résume: "En gros, Colom était un bourgeois de l'Eixample (beau quartier de Barcelone, <em>ndlr</em>) qui allait s'encanailler au Raval". La goutte d'eau qui fait déborder le vase.<br /><br />Deux femmes chics se lèvent pour contester le fait, arguant que leur père, Joan Colom, est quelqu'un de bien, que ce séminaire est diffamatoire et insultant. Les esprits s'échauffent réveillant d'un coup l'auditoire. Une travailleuse du sexe s'en mêle, expliquant à ces femmes le monde qui les sépare et l'inconscience de leur père. Des gens qui apparaissaient sur les photos, enfants à l'époque, assurent que leur mère n'était pas prostituée et qu'ils vivaient juste dans le quartier. La femme qui traduit en langue des signes accélère le mouvement. La scène est tout bonnement surréaliste et en rappelle une autre : celle où Victoria Abril avoue le meurtre de son amant en plein JT dans <em>Talons aiguilles</em>, le film d'Almodovar. <br /><br />Cette humanité qui se déchire à coup de normes… Mais quels corps aurait donc photographié Joan Colom aujourd'hui ? Quelle anormalité lui aurait sauté aux yeux ? Les corps hormonés, les corps greffés, les corps appareillés (prothèses, implants, bracelets électroniques, puces, objets nomades type téléphone, lunette, GPS, casque MP3), les corps genrés, les corps métissés ? Les hybrides ne sont-ils pas en train de devenir la norme ? La mixité est en marche, autrement plus complexes à catégoriser et à normaliser.</p> <p>Photo © Joan Colom</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/mnac.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Il est à nouveau question de corps et de normes. Cette fois la scène se passe dans un séminaire autour de l'exposition consacrée au photographe Joan Colom organisé par le Musée National d'Art de Catalogne (MNAC) entre un public hétéroclite et des conférenciers de renom. Tout se déroulait bien jusqu'à ce dérapage qui a ouvert un cratère entre humains, post-humains et transhumains. Car c'est bien d'hybridation qu'il s'agit.</strong><br /><br />Aucune publicité, rien n'annonçait ce séminaire alors que tout ce qui accompagne l'exposition sur Joan Colom fait l'objet d'un extraordinaire battage promotionnel. Pourtant les intervenant-e-s étaient plutôt des pointures : Beatriz Preciado, la philosophe activiste et Dolores Juliano, l'anthropologue féministe tenaient le haut de l'affiche. l'émiliE qui venait de publier un <a href="index.php/genreafeminismes/538-le-musee-fait-le-trottoir"><span style="text-decoration: underline;">article</span></a> sur le photographe pourtant encensé par le pouvoir catalan s'est interrogée sur la discrétion dont était entouré ce séminaire et s'est rendue sur place afin d'y voir plus clair. <br /><br />A priori, rien de bien neuf en pareil rassemblement : un public poli ayant tendance à l'engourdissement après avoir reçu durant plusieurs heures un flot de paroles intelligentes produites par un groupe de gens qui parlent d'un groupe d'autres gens, sujets d'études eux. Eux, ce sont les travelos, les prostitué-e-s, les pauvres, les nains, les invalides, les malformé-e-s et tous les "freaks" qui figurent sur les clichés de Joan Colom, ce comptable épris de photographie. Son terrain de jeu depuis les années 50, le Raval, quartier populaire de Barcelone, est l'endroit où vivent ses "modèles". Aujourd'hui reconnu comme "photographe de la prostitution", Joan Colom goûte à sa gloire locale.<br /><br />Comme nous l'avions dénoncé dans notre précédent <a href="index.php/genreafeminismes/538-le-musee-fait-le-trottoir"><span style="text-decoration: underline;">article</span></a>, le photographe qui prenait des photos à l'insu de ces personnes et les publiait, les mettant ainsi en danger puisqu'à l'époque franquiste, la prostitution était interdite, toute liberté sexuelle prohibée, la seule issue pour celles et ceux qui contrevenaient à la loi étant la prison. <br /><br />De ça, les conférenciers-ières étaient bien conscient-e-s et ont abondemment critiqué le travail du photographe. Dolores Juliano a fustigé la catégorisation qu'il faisait des corps et la stigmatisation que cela engendrait. Elle a souligné que ses images participaient à la répression franquiste et à la réglementation par le pouvoir de l'espace public : quelles personnes peuvent circuler dans cet espace, quelles personnes ne le peuvent pas. Et de prendre un exemple actuel : l'interdiction par la <em>Generalitat</em> (institutions barcelonaises, <em>ndlr</em>) de la burqa dans l'espace public avec cette petite phrase: "La <em>Generalitat</em> devrait alors aussi interdire les ours blancs qui constituent un danger en ville", sous-entendu, on voit à Barcelone aussi peu de femmes en burqa que d'ours blancs… <br /><br />Preciado, pour sa part, se réfère à Foucault : d'un côté, il y a les corps normaux, de l'autre les corps pathologiques. Elle rappelle la tradition des représentations photographiques qu'ont faites la médecine, la police et la justice depuis le XIXe siècle et qui participent à la catégorisation. S'y ajoute l'intervention d'un doctorat qui résume: "En gros, Colom était un bourgeois de l'Eixample (beau quartier de Barcelone, <em>ndlr</em>) qui allait s'encanailler au Raval". La goutte d'eau qui fait déborder le vase.<br /><br />Deux femmes chics se lèvent pour contester le fait, arguant que leur père, Joan Colom, est quelqu'un de bien, que ce séminaire est diffamatoire et insultant. Les esprits s'échauffent réveillant d'un coup l'auditoire. Une travailleuse du sexe s'en mêle, expliquant à ces femmes le monde qui les sépare et l'inconscience de leur père. Des gens qui apparaissaient sur les photos, enfants à l'époque, assurent que leur mère n'était pas prostituée et qu'ils vivaient juste dans le quartier. La femme qui traduit en langue des signes accélère le mouvement. La scène est tout bonnement surréaliste et en rappelle une autre : celle où Victoria Abril avoue le meurtre de son amant en plein JT dans <em>Talons aiguilles</em>, le film d'Almodovar. <br /><br />Cette humanité qui se déchire à coup de normes… Mais quels corps aurait donc photographié Joan Colom aujourd'hui ? Quelle anormalité lui aurait sauté aux yeux ? Les corps hormonés, les corps greffés, les corps appareillés (prothèses, implants, bracelets électroniques, puces, objets nomades type téléphone, lunette, GPS, casque MP3), les corps genrés, les corps métissés ? Les hybrides ne sont-ils pas en train de devenir la norme ? La mixité est en marche, autrement plus complexes à catégoriser et à normaliser.</p> <p>Photo © Joan Colom</p> Ecolos sexistes? 2014-03-13T09:06:10+00:00 2014-03-13T09:06:10+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/563-ecolos-sexistes Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/parlement-europeen-strasbourg-2.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Un texte garantissant l'égalité de salaire homme/femme a été rejeté au Parlement européen par 298 voix contre, 289 pour et 87 abstentions, cela au lendemain de la Journée internationale des femmes. Parmi les abstentionnistes figurent 26 écologistes, suffisamment pour créer la polémique. Seraient-ils contre l'égalité des sexes ?</strong> <br /><br />Le rapport d'Inès Cristina Zuber (Gauche unitaire européenne) voulait attirer l’attention sur la situation de femmes affectées différemment par la crise et subissant une précarisation plus importante de leurs conditions de travail (inégalités salariales, flexibilité imposée, contrats précaires…). Le texte prévoyait en outre l'interdiction des démissions forcées en cas de maternité et la lutte contre les stéréotypes sexistes. Les eurodéputé-e-s socialistes ont dénoncé un retour en arrière, la délégation française se fendant d'un communiqué disant qu' «aujourd’hui, par ce vote, ce sont non seulement les femmes qui sont insultées et agressées, mais l’ensemble de la société, nos valeurs et le coeur de notre humanité».<br /><br />Si les conservateurs ont voté sans surprise contre, une moitié des élu-e-s écologistes se sont abstenu-e-s dont Daniel Cohn-Bendit et José Bové. Alors les écologistes auraient-ils tout à coup changé leur fusil d'épaule ? Auraient-ils succombé aux sirènes de la Manif pour tous ? Selon les explications du groupe Europe écologie les Verts au Parlement européen, le problème viendrait du paragraphe 67 du rapport Zuber qui traite de la délicate question de la prostitution et qui dit en substance que «la prostitution constitue une forme de violence, un obstacle à l’égalité des genres et un moyen pour le crime organisé de se développer». Il «invite les Etats-membres à reconnaître la prostitution comme une forme de violence à l’encontre des femmes et à ne pas la considérer comme un travail, même lorsqu’elle est "volontaire".»<br /><br />Les écologistes sont totalement divisé-e-s sur le sujet et si pour la hollandaise Marije Cornelissen, cette position sur la prostitution constitue une «ligne rouge» , impliquant non pas le rejet du texte, mais un vote d’abstention, d'autres comme Nicole Kiil-Nielsen, membre de la commission Femmes du Parlement européen, ont préconisé de voter pour ce paragraphe et pour le rapport. Entre abolitionnistes et réglementaristes, le débat se poursuit. Au final, il faut retenir que les écologistes européens sont d'accord sur l'égalité des sexes, mais que leur communication laisse à désirer. <br /><br /><br />Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/parlement-europeen-strasbourg-2.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Un texte garantissant l'égalité de salaire homme/femme a été rejeté au Parlement européen par 298 voix contre, 289 pour et 87 abstentions, cela au lendemain de la Journée internationale des femmes. Parmi les abstentionnistes figurent 26 écologistes, suffisamment pour créer la polémique. Seraient-ils contre l'égalité des sexes ?</strong> <br /><br />Le rapport d'Inès Cristina Zuber (Gauche unitaire européenne) voulait attirer l’attention sur la situation de femmes affectées différemment par la crise et subissant une précarisation plus importante de leurs conditions de travail (inégalités salariales, flexibilité imposée, contrats précaires…). Le texte prévoyait en outre l'interdiction des démissions forcées en cas de maternité et la lutte contre les stéréotypes sexistes. Les eurodéputé-e-s socialistes ont dénoncé un retour en arrière, la délégation française se fendant d'un communiqué disant qu' «aujourd’hui, par ce vote, ce sont non seulement les femmes qui sont insultées et agressées, mais l’ensemble de la société, nos valeurs et le coeur de notre humanité».<br /><br />Si les conservateurs ont voté sans surprise contre, une moitié des élu-e-s écologistes se sont abstenu-e-s dont Daniel Cohn-Bendit et José Bové. Alors les écologistes auraient-ils tout à coup changé leur fusil d'épaule ? Auraient-ils succombé aux sirènes de la Manif pour tous ? Selon les explications du groupe Europe écologie les Verts au Parlement européen, le problème viendrait du paragraphe 67 du rapport Zuber qui traite de la délicate question de la prostitution et qui dit en substance que «la prostitution constitue une forme de violence, un obstacle à l’égalité des genres et un moyen pour le crime organisé de se développer». Il «invite les Etats-membres à reconnaître la prostitution comme une forme de violence à l’encontre des femmes et à ne pas la considérer comme un travail, même lorsqu’elle est "volontaire".»<br /><br />Les écologistes sont totalement divisé-e-s sur le sujet et si pour la hollandaise Marije Cornelissen, cette position sur la prostitution constitue une «ligne rouge» , impliquant non pas le rejet du texte, mais un vote d’abstention, d'autres comme Nicole Kiil-Nielsen, membre de la commission Femmes du Parlement européen, ont préconisé de voter pour ce paragraphe et pour le rapport. Entre abolitionnistes et réglementaristes, le débat se poursuit. Au final, il faut retenir que les écologistes européens sont d'accord sur l'égalité des sexes, mais que leur communication laisse à désirer. <br /><br /><br />Photo DR</p> Ceci est le corps d'une femme 2014-03-12T09:43:50+00:00 2014-03-12T09:43:50+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/562-ceci-est-le-corps-dune-femme Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/salle%20dop.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le coup de filet qui a conduit à l'interpellation de cinq personnes impliquées dans un trafic d'organes humains fait la une de la presse espagnole. L'organisation de malfaiteurs proposait à des immigrant-e-s illégaux de l'argent contre des organes pour le compte notamment d'un homme d'affaires et responsable politique libanais.  Sauf que lorsque celui-ci a appris que le bout de foie qu'on allait lui transplanter venait d'une femme, il aurait refusé, invoquant des raisons religieuses et a fait toute une histoire qui a fini par s'ébruiter…</strong><br /><br />Tout commence à Valence l'été 2012, lorsque l'ONG qui accompagne les immigrant-e-s sans papiers apprend que des gens proposent de l'argent à leurs protégé-e-s en échange de parties de leurs corps. Puis les autorités sanitaires soupçonnent qu'il se passe quelque chose d'étrange lorsque des dizaines d'immigrant-e-s viennent subir des séries d'examens ultra-complets dans une clinique privée. Les factures de ces analyses d'un total de 15 000 euros ont toutes été réglées par une seule et même personne. L'Organisation Nationale de Transplantation (ONT) y voit un signal d'alerte.<br /><br />De son côté, l'homme d'affaires libanais est informé que la transplantation va pouvoir avoir lieu puisque sur le lot de donneurs potentiels, il en est un compatible. En échange d'une partie du foie de ce donneur, le riche libanais débourse 40'000 euros. Quand il découvre que ce foie provient du corps d'une femme, l'homme aurait fait un scandale et aurait refusé de se faire opérer, considérant que c'était contraire à ses principes religieux. C'est là que l'affaire échappe au petit cercle des protagonistes et arrive aux oreilles de la police.<br /><br />Au delà du caractère illégal de la pratique, se pose la question de la précarité des femmes, migrantes ou pas. On se souvient du cas désespéré de cette chômeuse espagnole qui a posté en 2012 une petite annonce sur Internet pour vendre ses organes afin de payer son loyer et donner à manger à sa fille. En situation de détresse, monnayer son corps d'une manière ou d'une autre est-il pour les femmes l'ultime recours? Quand la seule richesse qui reste à ces femmes est leur corps, doit-il servir à la santé des nanti-e-s?  <br /><br /></p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/salle%20dop.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le coup de filet qui a conduit à l'interpellation de cinq personnes impliquées dans un trafic d'organes humains fait la une de la presse espagnole. L'organisation de malfaiteurs proposait à des immigrant-e-s illégaux de l'argent contre des organes pour le compte notamment d'un homme d'affaires et responsable politique libanais.  Sauf que lorsque celui-ci a appris que le bout de foie qu'on allait lui transplanter venait d'une femme, il aurait refusé, invoquant des raisons religieuses et a fait toute une histoire qui a fini par s'ébruiter…</strong><br /><br />Tout commence à Valence l'été 2012, lorsque l'ONG qui accompagne les immigrant-e-s sans papiers apprend que des gens proposent de l'argent à leurs protégé-e-s en échange de parties de leurs corps. Puis les autorités sanitaires soupçonnent qu'il se passe quelque chose d'étrange lorsque des dizaines d'immigrant-e-s viennent subir des séries d'examens ultra-complets dans une clinique privée. Les factures de ces analyses d'un total de 15 000 euros ont toutes été réglées par une seule et même personne. L'Organisation Nationale de Transplantation (ONT) y voit un signal d'alerte.<br /><br />De son côté, l'homme d'affaires libanais est informé que la transplantation va pouvoir avoir lieu puisque sur le lot de donneurs potentiels, il en est un compatible. En échange d'une partie du foie de ce donneur, le riche libanais débourse 40'000 euros. Quand il découvre que ce foie provient du corps d'une femme, l'homme aurait fait un scandale et aurait refusé de se faire opérer, considérant que c'était contraire à ses principes religieux. C'est là que l'affaire échappe au petit cercle des protagonistes et arrive aux oreilles de la police.<br /><br />Au delà du caractère illégal de la pratique, se pose la question de la précarité des femmes, migrantes ou pas. On se souvient du cas désespéré de cette chômeuse espagnole qui a posté en 2012 une petite annonce sur Internet pour vendre ses organes afin de payer son loyer et donner à manger à sa fille. En situation de détresse, monnayer son corps d'une manière ou d'une autre est-il pour les femmes l'ultime recours? Quand la seule richesse qui reste à ces femmes est leur corps, doit-il servir à la santé des nanti-e-s?  <br /><br /></p> <p>Photo DR</p> Mon corps® est propriété privée 2014-03-12T08:32:00+00:00 2014-03-12T08:32:00+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/547-mon-corps-est-propriete-privee Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/action%20espagne.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Des centaines de femmes espagnoles ont fait enregistrer leur corps comme propriété afin de le protéger contre la loi Gallardon qui va supprimer le droit à l'avortement. A l'initiative d'une artiste activiste madrilène, Yolanda Dominguez, ces femmes se sont présentées à l'administration pour faire reconnaître leur corps comme bien mobilier afin que l'Etat ne puisse pas avoir de droits dessus. Si l'initiative semble symbolique, elle a également une portée juridique inédite.</strong></p> <p>L'étonnement des fonctionnaires du Registro Marcantil de Bienes Muebles (registre commercial des biens mobiliers) n'est pas feint lorsque des groupes de femmes se présentent pour déposer une demande d'enregistrement particulière : elles souhaitent faire de leur corps leur propriété. Après consultation des chefs de services, les demandes sont acceptées et au même moment à Madrid, Barcelone, Bilbao, Pampelune, Séville et Pontevedra, le corps de centaines de femmes est protégé au regard de la loi. L'artiste Yolanda Dominguez explique que "nous voulions affirmer de manière officielle que notre corps nous appartient". Selon elle, le ministre de la justice (<em>ndlr</em> Gallardon) traite les femmes comme une marchandise, comme un objet, alors elles le protégent comme tel... L'artiste est persuadée que la démarche peut créer un précédent juridique.</p> <p>Sur le formulaire, les femmes ont dû donner la description du bien qu'elles enregistraient. L'une des activistes explique dans <em>El Pais</em> que son corps est "grand, merveilleux. Il fonctionne à la perfection. Son odeur me plaît. Il a deux jambes, deux bras, un utérus, deux ovaires...". Chaque femme a décrit sa propriété avec précision et détermination. L'action se poursuit actuellement dans de nombreuses villes d'Espagne.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/action%20espagne.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Des centaines de femmes espagnoles ont fait enregistrer leur corps comme propriété afin de le protéger contre la loi Gallardon qui va supprimer le droit à l'avortement. A l'initiative d'une artiste activiste madrilène, Yolanda Dominguez, ces femmes se sont présentées à l'administration pour faire reconnaître leur corps comme bien mobilier afin que l'Etat ne puisse pas avoir de droits dessus. Si l'initiative semble symbolique, elle a également une portée juridique inédite.</strong></p> <p>L'étonnement des fonctionnaires du Registro Marcantil de Bienes Muebles (registre commercial des biens mobiliers) n'est pas feint lorsque des groupes de femmes se présentent pour déposer une demande d'enregistrement particulière : elles souhaitent faire de leur corps leur propriété. Après consultation des chefs de services, les demandes sont acceptées et au même moment à Madrid, Barcelone, Bilbao, Pampelune, Séville et Pontevedra, le corps de centaines de femmes est protégé au regard de la loi. L'artiste Yolanda Dominguez explique que "nous voulions affirmer de manière officielle que notre corps nous appartient". Selon elle, le ministre de la justice (<em>ndlr</em> Gallardon) traite les femmes comme une marchandise, comme un objet, alors elles le protégent comme tel... L'artiste est persuadée que la démarche peut créer un précédent juridique.</p> <p>Sur le formulaire, les femmes ont dû donner la description du bien qu'elles enregistraient. L'une des activistes explique dans <em>El Pais</em> que son corps est "grand, merveilleux. Il fonctionne à la perfection. Son odeur me plaît. Il a deux jambes, deux bras, un utérus, deux ovaires...". Chaque femme a décrit sa propriété avec précision et détermination. L'action se poursuit actuellement dans de nombreuses villes d'Espagne.</p> <p>Photo DR</p> Obésité, la faute aux féministes 2014-03-03T06:51:50+00:00 2014-03-03T06:51:50+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/558-obesite-la-faute-aux-feministes Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/frites.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Les Etats-Unis, en pleine campagne contre l'obésité lancée sous la houlette des Obama, cherchent encore la cause de ce fléau et les féministes seraient pour partie responsables. C'est du moins ce qu'affirme le journaliste Michael Pollan qui vient de publier son <em>Manifeste pour réhabiliter les vrais aliments</em>. Les intéressées ont vivement réagi et les réseaux sociaux se sont emballés.</strong> <br /><br />La vraie nourriture selon Michael Pollan, ce sont les aliments que "votre grand-mère pourrait reconnaître". Phrase énigmatique s'il en est mais qui, quand on creuse un peu, donne ça : les hommes ne cuisinaient pas puisqu'à l'époque, la cuisine était l'espace féminin par excellence. Pour le journaliste, la qualité de l'alimentation s'est dégradée lorsque les femmes se sont émancipées et sont allées travailler. Il explique "qu'on a confié à l’industrie agroalimentaire le soin de nous nourrir. La fast food s’est quasiment approprié le mouvement féministe. Au point que dans les années 70, une publicité de KFC montrait un seau de poulet frit avec pour slogan : libération de la femme".  Un raccourci qui a moyennement plu aux féministes…<br /><br />Blogs, articles et autres supports sociaux se sont enflammés Outre-Atlantique, rétorquant à l'ignorant que l'agroalimentaire vendait déjà aux femmes dans les années 40 l'idée de moins cuisiner, voire de sortir de leur cuisine, et ce bien avant le féminisme des années 70. Et pour rebondir sur la tentation du retour en cuisine évoqué par Pollan, les féministes lui suggèrent d'y aller seul. Elles dénoncent un mouvement conservateur très actif, abondamment relayé par les médias et appelé New Domesticity. Cette tendance, soi-disant hype, du retour aux sources aux relents de retour à la terre encense les "arts domestiques" tels que faire son pain soi-même, tricoter, élever ses poulets, laver les couches de ses enfants etc etc, tout ce dont nos grands-mères ont voulu s'émanciper. <br /><br />La critique féministe a en outre pointé l'approche classiste du journaliste : tout le monde ne dispose pas d'un petit pavillon de banlieue avec son potager et pose la question de savoir qui peut se nourrir de produits exclusivement bio. Qui eût cru que les rapports de domination se jouaient aussi dans nos assiettes? Accueilli en Europe avec les honneurs, Michael Pollan est vu comme l'ambassadeur d'une certaine culture culinaire qui domine encore le Vieux Continent. Les journaux d'ici en ont plein la bouche de ce nouveau chantre du bon goût, combattant la malbouffe au nom d'une tradition qu'il ne faut surtout pas bousculer sous peine de voir notre civilisation vaciller. A ne pas consommer.</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/frites.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Les Etats-Unis, en pleine campagne contre l'obésité lancée sous la houlette des Obama, cherchent encore la cause de ce fléau et les féministes seraient pour partie responsables. C'est du moins ce qu'affirme le journaliste Michael Pollan qui vient de publier son <em>Manifeste pour réhabiliter les vrais aliments</em>. Les intéressées ont vivement réagi et les réseaux sociaux se sont emballés.</strong> <br /><br />La vraie nourriture selon Michael Pollan, ce sont les aliments que "votre grand-mère pourrait reconnaître". Phrase énigmatique s'il en est mais qui, quand on creuse un peu, donne ça : les hommes ne cuisinaient pas puisqu'à l'époque, la cuisine était l'espace féminin par excellence. Pour le journaliste, la qualité de l'alimentation s'est dégradée lorsque les femmes se sont émancipées et sont allées travailler. Il explique "qu'on a confié à l’industrie agroalimentaire le soin de nous nourrir. La fast food s’est quasiment approprié le mouvement féministe. Au point que dans les années 70, une publicité de KFC montrait un seau de poulet frit avec pour slogan : libération de la femme".  Un raccourci qui a moyennement plu aux féministes…<br /><br />Blogs, articles et autres supports sociaux se sont enflammés Outre-Atlantique, rétorquant à l'ignorant que l'agroalimentaire vendait déjà aux femmes dans les années 40 l'idée de moins cuisiner, voire de sortir de leur cuisine, et ce bien avant le féminisme des années 70. Et pour rebondir sur la tentation du retour en cuisine évoqué par Pollan, les féministes lui suggèrent d'y aller seul. Elles dénoncent un mouvement conservateur très actif, abondamment relayé par les médias et appelé New Domesticity. Cette tendance, soi-disant hype, du retour aux sources aux relents de retour à la terre encense les "arts domestiques" tels que faire son pain soi-même, tricoter, élever ses poulets, laver les couches de ses enfants etc etc, tout ce dont nos grands-mères ont voulu s'émanciper. <br /><br />La critique féministe a en outre pointé l'approche classiste du journaliste : tout le monde ne dispose pas d'un petit pavillon de banlieue avec son potager et pose la question de savoir qui peut se nourrir de produits exclusivement bio. Qui eût cru que les rapports de domination se jouaient aussi dans nos assiettes? Accueilli en Europe avec les honneurs, Michael Pollan est vu comme l'ambassadeur d'une certaine culture culinaire qui domine encore le Vieux Continent. Les journaux d'ici en ont plein la bouche de ce nouveau chantre du bon goût, combattant la malbouffe au nom d'une tradition qu'il ne faut surtout pas bousculer sous peine de voir notre civilisation vaciller. A ne pas consommer.</p> Antoinette Fouque, décès et controverse 2014-02-25T09:43:32+00:00 2014-02-25T09:43:32+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/556-antoinette-fouque-deces-et-controverse Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/afouque.gif" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Présentée comme une figure historique du féminisme, co-fondatrice du MLF (Mouvement de Libération des Femmes), directrice des éditions des Femmes et animatrice du groupe "Psychanalye et Politique", un courant majeur du féminisme français, Antoinette Fouque est morte le 20 février dernier. Les réactions à sa disparition se sont enchaînées les jours suivants, tout en grandiloquence et dithyrambisme. A en croire ces hommages, Antoinette Fouque incarnait le féminisme à elle toute seule et sans elle, les femmes seraient de nos jours encore soumises, sans pilule, sans IVG, au foyer à s'occuper de leurs gamins. A croire que personne ni ne lisait ni n'écoutait ses interviews dans lesquelles elle disait détester le mot "féminisme". Parce que le parcours militant et le discours d'Antoinette Fouque ne ressemblent pas tout à fait à cette ligne droite et parfaite qu'on dessine aujourd'hui.</p> <p>C'est la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem qui a ouvert le bal en saluant dans son communiqué "<em>la belle et grande voix du féminisme". </em>Puis François Hollande lui-même s'y est collé lui aussi dans un communiqué en affirmant qu'<em>"une grande figure du féminisme s'est éteinte</em>" et en soulignant que cette <em>"inlassable militante (qui) n'a jamais cessé de défendre l'émancipation des femmes"</em>. Il n'hésite pas en disant qu'<em>"elle a porté ses convictions en Europe et dans le monde"</em>… Ah les Français... Les tweets ont littéralement plu au sujet de la pionnière féministe. Même Valérie Trierweiler parle d'un <em>"modèle d’indépendance pour nous toutes". </em>Vraiment?<em><br /></em></p> <p>Le 23 janvier 2014, sur les antennes de <a href="http://www.franceinfo.fr/entretiens/tout-et-son-contraire/antoinette-fouque-le-feminisme-est-une-servitude-volontaire-1329743-2014-02-24"><span style="text-decoration: underline;">France Info</span></a>, Antoinette Fouque disait: "<em>Je ne suis pas féministe. Le féminisme c'est une servitude volontaire, que font certaines, pour s'adapter au journal Elle ou à d'autres.</em>" Sa vision était des plus tranchées. Le Manifeste des 343 salopes qui fait régulièrement parler de lui n'est que du "<em>star-system"</em> selon elle et ainsi de suite. Son hostilité aux féminismes s'explique sans doute d'une manière ou d'une autre. Pour cela, il faut remonter aux racines du mouvement.</p> <p>L'histoire commence lorsque quelques femmes déposent une gerbe à "la femme du Soldat inconnu" sous l’Arc de triomphe. C'était le 26 août 1970. Les journaux ont parlé pour la première fois en France d’un mouvement qu’ils ont appelé Mouvement de libération de la femme, s'inspirant en cela du "Women’s Lib" américain. Par la suite, le singulier «la femme» a été changé en pluriel et ainsi naquit mouvement de libération des femmes, devenu le MLF. Mouvement libre et rebelle, issu de mai 68, personne ne le représentait vraiment et ne pouvait s’approprier le nom collectif. Les tracts étaient pour la plupart signés <em>"quelques militantes"</em> ou "<em>des militantes du MLF"</em> , les articles de prénoms ou de pseudonymes.</p> <p>Juste avant le vote définitif de la loi sur l’IVG,  Antoinette Fouque, la présidente, Marie-Claude Grumbach, la secrétaire et Sylvina Boissonnas, la trésorière, fondent en secret une association intitulée "Mouvement de libération des femmes - MLF". Le même nom a ensuite été inscrit comme marque commerciale à l’Institut de la propriété industrielle et commerciale, faisant d'un mouvement qui n’appartenait à personne la propriété privée de trois femmes qui pouvaient légalement interdire à toutes les autres de s’en réclamer. Les féministes françaises s'étaient fait avoir... par des femmes. Cela a valu à Antoinette Fouque quelques soucis avec ses copines d'avant et on comprend peut-être mieux pourquoi Antoinette Fouque ne se disait pas féministe. Christine Bard, historienne et responsable des Archives du féminisme estime qu'après cet épisode, <em>"le mouvement en sort affaibli et perd des militantes…"</em></p> <p>Le temps faisant son travail, la légende de la fondation du MLF s'est (re)construite peu à peu et dans les années 90, on commence à lire que le mouvement a été fondé par Antoinette Fouque, Josiane Chanel et Monique Wittig. Histoire fabriquée de toute pièce quand on sait que la même Antoinette Fouque ne faisait pas partie des dix femmes qui ont initié le mouvement en déposant la fameuse gerbe sous l'Arc de Triomphe... En femme avisée, elle a associé Sylvina Boissonnas, riche héritière, à la création de leur association en 1979. Cela lui permit de vivre très confortablement dans un hôtel particulier du VIe arrondissement de Paris. Dans les années 80, le MLF, marque déposée de la maison Fouque, n'attirera pas les foules mais le sigle et les éditions l'aideront dans sa marche vers le pouvoir. Elue députée européenne en 1994 sous une liste Bernard Tapie, elle sera faite commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite et commandeur des Arts et des Lettres. A défaut d'avoir été nommée ministre, elle en a conseillé un certain nombre, toujours sous la bannière MLF. Au grand dam des féministes...</p> <p>Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/afouque.gif" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Présentée comme une figure historique du féminisme, co-fondatrice du MLF (Mouvement de Libération des Femmes), directrice des éditions des Femmes et animatrice du groupe "Psychanalye et Politique", un courant majeur du féminisme français, Antoinette Fouque est morte le 20 février dernier. Les réactions à sa disparition se sont enchaînées les jours suivants, tout en grandiloquence et dithyrambisme. A en croire ces hommages, Antoinette Fouque incarnait le féminisme à elle toute seule et sans elle, les femmes seraient de nos jours encore soumises, sans pilule, sans IVG, au foyer à s'occuper de leurs gamins. A croire que personne ni ne lisait ni n'écoutait ses interviews dans lesquelles elle disait détester le mot "féminisme". Parce que le parcours militant et le discours d'Antoinette Fouque ne ressemblent pas tout à fait à cette ligne droite et parfaite qu'on dessine aujourd'hui.</p> <p>C'est la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem qui a ouvert le bal en saluant dans son communiqué "<em>la belle et grande voix du féminisme". </em>Puis François Hollande lui-même s'y est collé lui aussi dans un communiqué en affirmant qu'<em>"une grande figure du féminisme s'est éteinte</em>" et en soulignant que cette <em>"inlassable militante (qui) n'a jamais cessé de défendre l'émancipation des femmes"</em>. Il n'hésite pas en disant qu'<em>"elle a porté ses convictions en Europe et dans le monde"</em>… Ah les Français... Les tweets ont littéralement plu au sujet de la pionnière féministe. Même Valérie Trierweiler parle d'un <em>"modèle d’indépendance pour nous toutes". </em>Vraiment?<em><br /></em></p> <p>Le 23 janvier 2014, sur les antennes de <a href="http://www.franceinfo.fr/entretiens/tout-et-son-contraire/antoinette-fouque-le-feminisme-est-une-servitude-volontaire-1329743-2014-02-24"><span style="text-decoration: underline;">France Info</span></a>, Antoinette Fouque disait: "<em>Je ne suis pas féministe. Le féminisme c'est une servitude volontaire, que font certaines, pour s'adapter au journal Elle ou à d'autres.</em>" Sa vision était des plus tranchées. Le Manifeste des 343 salopes qui fait régulièrement parler de lui n'est que du "<em>star-system"</em> selon elle et ainsi de suite. Son hostilité aux féminismes s'explique sans doute d'une manière ou d'une autre. Pour cela, il faut remonter aux racines du mouvement.</p> <p>L'histoire commence lorsque quelques femmes déposent une gerbe à "la femme du Soldat inconnu" sous l’Arc de triomphe. C'était le 26 août 1970. Les journaux ont parlé pour la première fois en France d’un mouvement qu’ils ont appelé Mouvement de libération de la femme, s'inspirant en cela du "Women’s Lib" américain. Par la suite, le singulier «la femme» a été changé en pluriel et ainsi naquit mouvement de libération des femmes, devenu le MLF. Mouvement libre et rebelle, issu de mai 68, personne ne le représentait vraiment et ne pouvait s’approprier le nom collectif. Les tracts étaient pour la plupart signés <em>"quelques militantes"</em> ou "<em>des militantes du MLF"</em> , les articles de prénoms ou de pseudonymes.</p> <p>Juste avant le vote définitif de la loi sur l’IVG,  Antoinette Fouque, la présidente, Marie-Claude Grumbach, la secrétaire et Sylvina Boissonnas, la trésorière, fondent en secret une association intitulée "Mouvement de libération des femmes - MLF". Le même nom a ensuite été inscrit comme marque commerciale à l’Institut de la propriété industrielle et commerciale, faisant d'un mouvement qui n’appartenait à personne la propriété privée de trois femmes qui pouvaient légalement interdire à toutes les autres de s’en réclamer. Les féministes françaises s'étaient fait avoir... par des femmes. Cela a valu à Antoinette Fouque quelques soucis avec ses copines d'avant et on comprend peut-être mieux pourquoi Antoinette Fouque ne se disait pas féministe. Christine Bard, historienne et responsable des Archives du féminisme estime qu'après cet épisode, <em>"le mouvement en sort affaibli et perd des militantes…"</em></p> <p>Le temps faisant son travail, la légende de la fondation du MLF s'est (re)construite peu à peu et dans les années 90, on commence à lire que le mouvement a été fondé par Antoinette Fouque, Josiane Chanel et Monique Wittig. Histoire fabriquée de toute pièce quand on sait que la même Antoinette Fouque ne faisait pas partie des dix femmes qui ont initié le mouvement en déposant la fameuse gerbe sous l'Arc de Triomphe... En femme avisée, elle a associé Sylvina Boissonnas, riche héritière, à la création de leur association en 1979. Cela lui permit de vivre très confortablement dans un hôtel particulier du VIe arrondissement de Paris. Dans les années 80, le MLF, marque déposée de la maison Fouque, n'attirera pas les foules mais le sigle et les éditions l'aideront dans sa marche vers le pouvoir. Elue députée européenne en 1994 sous une liste Bernard Tapie, elle sera faite commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite et commandeur des Arts et des Lettres. A défaut d'avoir été nommée ministre, elle en a conseillé un certain nombre, toujours sous la bannière MLF. Au grand dam des féministes...</p> <p>Photo DR</p> Tomboy contre Civitas 2014-02-19T06:29:59+00:00 2014-02-19T06:29:59+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/551-tomboy-contre-civitas Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tomboy.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La diffusion ce soir sur la chaîne franco-allemande Arte du film <em>Tomboy</em> de Céline Sciamma a provoqué l'ire des intégristes de Civitas qui appellent à sa censure. En lutte contre la théorie du genre, les extrémistes catholiques invitent le public à harceler la chaîne par téléphone, fax et e-mail en mettant sur son site les noms et coordonnées des responsables d'Arte.</strong></p> <p>Depuis la mise en ligne de ces informations, le standard d'Arte sature. Pour Civitas, "ce film ne répond pas à la mission d'Arte qui est de «concevoir, réaliser et diffuser des émissions de télévision ayant un caractère culturel.» <em>Tomboy</em> c'est l'histoire de Laure, 10 ans, qui vient d'emménager avec sa famille dans un nouveau quartier et qui décide de se faire passer pour un garçon jusqu'à ce que sa mère le découvre. C'est l'été, les enfants jouent. Pas de leçon de morale, pas d'idéologie, c'est juste là. A la sortie du film, la critique en France et à l'étranger a été unanime. Il aura fallu la Manif pour tous, ses peurs et son obscurantisme pour agiter l'étendard de la censure.</p> <p>En France, le film est également diffusé dans les écoles comme support éducatif pour lutter contre les discriminations liées au genre. Mais dès le début de sa programmation à la rentrée de septembre, les intégristes sont montés au créneau et le site Citizen Go a lancé une pétition «Non à la diffusion du film <em>Tomboy</em> dans les écoles !». A l'instar du livre de jeunesse "Tous à poil!" vilipendé par le vice-président de l'UMP et Farida Belghoul à l'origine de la journée de retrait des écoles en France, d'autres supports éducatifs sont dans le collimateur de ceux qui combattent l'égalité et le vivre ensemble.</p> <p>Pour soutenir Arte dans son choix de diffuser Tomboy:</p> <p><span style="font-size: small; font-family: helvetica;" lang="FR-BE">Tél (00.33).388.14.22.22 </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: helvetica;" lang="FR-BE">Directrice des Relations Publiques : Claude-Anne Savin – <span style="color: #3366ff;"><a href="mailto:[email protected]"><span style="color: #3366ff;">[email protected]</span></a></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: helvetica;" lang="FR-BE">Directrice de la Communication : Marie-Danièle Boussieres– <span style="color: #3366ff;"><a href="mailto:[email protected]"><span style="color: #3366ff;">[email protected]</span></a></span></span></p> <p> </p> <p> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/tomboy.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>La diffusion ce soir sur la chaîne franco-allemande Arte du film <em>Tomboy</em> de Céline Sciamma a provoqué l'ire des intégristes de Civitas qui appellent à sa censure. En lutte contre la théorie du genre, les extrémistes catholiques invitent le public à harceler la chaîne par téléphone, fax et e-mail en mettant sur son site les noms et coordonnées des responsables d'Arte.</strong></p> <p>Depuis la mise en ligne de ces informations, le standard d'Arte sature. Pour Civitas, "ce film ne répond pas à la mission d'Arte qui est de «concevoir, réaliser et diffuser des émissions de télévision ayant un caractère culturel.» <em>Tomboy</em> c'est l'histoire de Laure, 10 ans, qui vient d'emménager avec sa famille dans un nouveau quartier et qui décide de se faire passer pour un garçon jusqu'à ce que sa mère le découvre. C'est l'été, les enfants jouent. Pas de leçon de morale, pas d'idéologie, c'est juste là. A la sortie du film, la critique en France et à l'étranger a été unanime. Il aura fallu la Manif pour tous, ses peurs et son obscurantisme pour agiter l'étendard de la censure.</p> <p>En France, le film est également diffusé dans les écoles comme support éducatif pour lutter contre les discriminations liées au genre. Mais dès le début de sa programmation à la rentrée de septembre, les intégristes sont montés au créneau et le site Citizen Go a lancé une pétition «Non à la diffusion du film <em>Tomboy</em> dans les écoles !». A l'instar du livre de jeunesse "Tous à poil!" vilipendé par le vice-président de l'UMP et Farida Belghoul à l'origine de la journée de retrait des écoles en France, d'autres supports éducatifs sont dans le collimateur de ceux qui combattent l'égalité et le vivre ensemble.</p> <p>Pour soutenir Arte dans son choix de diffuser Tomboy:</p> <p><span style="font-size: small; font-family: helvetica;" lang="FR-BE">Tél (00.33).388.14.22.22 </span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: helvetica;" lang="FR-BE">Directrice des Relations Publiques : Claude-Anne Savin – <span style="color: #3366ff;"><a href="mailto:[email protected]"><span style="color: #3366ff;">[email protected]</span></a></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: helvetica;" lang="FR-BE">Directrice de la Communication : Marie-Danièle Boussieres– <span style="color: #3366ff;"><a href="mailto:[email protected]"><span style="color: #3366ff;">[email protected]</span></a></span></span></p> <p> </p> <p> </p> France: la fin de l'ABCD de l'égalité? 2014-02-04T14:48:51+00:00 2014-02-04T14:48:51+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/544-france-la-fin-de-labcd-de-legalite Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/abcd.png" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Après la reculade du gouvernement Hollande concernant le projet de loi sur la famille et de l'hypothétique légalisation de la PMA, la Manif pour tous peut se targuer d'un succès. Le collectif ne désarme pas et sa porte-parole, Ludovine de la Rochère, réclame le retrait pur et simple de l'ABCD de l'égalité, un module éducatif contre les stéréotypes de genre à l'école, actuellement testé dans quelques classes. Jusqu'où le gouvernement français va-t-il se retrancher pour satisfaire cette frange réactionnaire qui se croit seule légitime à défendre la famille?</strong><br /><br />Dans un communiqué publié aujourd'hui, le collectif estime que le report de la loi, suite à la manifestation de dimanche dernier, est "d'abord une victoire pour les enfants et les familles", entendez celles qui rentrent bien dans les cases de l'hétéronormalité et des dogmes religieux : exit les familles arc-en-ciel, les mères célibataires, les familles recomposées etc. Pour autant, le mouvement ne s'arrête pas là et Ludovine de la Rochère révèle qu' "au-delà des questions de filiation, nous avons d'autres revendications" dont la suspension immédiate de l'ABCD de l'égalité ou le renforcement de l'interdiction de la Gestation pour autrui. <br /><br />Pour rappel, les ateliers de l'ABCD de l'égalité sont des cours qui questionnent les "métiers de filles" et les "métiers de garçons" ou interrogent les contes de fée avec ces princesses qui doivent forcément être sauvées par des princes charmants. Rien de bien dramatique. Sauf que des groupes liés à la Manif pour tous ont lancé des rumeurs  contre ce dispositif éducatif via les réseaux sociaux et des SMS en disant que les enfants de maternelle et de primaire allaient apprendre à se masturber lors d'interventions données par des personnes homosexuelles ou transsexuelles. L'effet a été immédiat : les écoles de la banlieue parisienne se sont littéralement vidées, le mouvement ayant été largement suivi par les musulmans et les chrétiens adventistes. L'entreprise de désinformation a bien fonctionné et là encore on peut se demander si le gouvernement va renoncer devant la pression d'obscurantistes à éduquer les enfants à l'égalité pourtant inscrite dans la devise de la France et sur tous les frontons des écoles publiques? <br /><br />De son côté, l’inter-LGBT qui rassemble les associations lesbiennes, gays, bisexuelles et trans estime que le président et son gouvernement «n’assument plus leur engagements, reniés par une suite hallucinante de reculades et de reniements successifs depuis des mois». «Cette énième reculade éclaire le dédain du gouvernement pour toutes les lesbiennes qui courent de grands risques de santé en raison des traitements hormonaux différents entre la France et les pays dans lesquels elles se rendent pour profiter d’une PMA ". Le communiqué rappelle qu’il s’agissait d’un «engagement pris par François Hollande» dans une interview donnée au magazine Tétu en 2012. <br /><br />Devant ces renoncements et autres lâchetés gouvernementales, il ne restera plus qu'aux femmes espagnoles à aller en France pour avorter et aux femmes françaises à aller en Espagne pour se faire inséminer… Dans quelle sorte d'Europe vivons-nous?</p> <p><img src="images/ailleurs/abcd.png" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Après la reculade du gouvernement Hollande concernant le projet de loi sur la famille et de l'hypothétique légalisation de la PMA, la Manif pour tous peut se targuer d'un succès. Le collectif ne désarme pas et sa porte-parole, Ludovine de la Rochère, réclame le retrait pur et simple de l'ABCD de l'égalité, un module éducatif contre les stéréotypes de genre à l'école, actuellement testé dans quelques classes. Jusqu'où le gouvernement français va-t-il se retrancher pour satisfaire cette frange réactionnaire qui se croit seule légitime à défendre la famille?</strong><br /><br />Dans un communiqué publié aujourd'hui, le collectif estime que le report de la loi, suite à la manifestation de dimanche dernier, est "d'abord une victoire pour les enfants et les familles", entendez celles qui rentrent bien dans les cases de l'hétéronormalité et des dogmes religieux : exit les familles arc-en-ciel, les mères célibataires, les familles recomposées etc. Pour autant, le mouvement ne s'arrête pas là et Ludovine de la Rochère révèle qu' "au-delà des questions de filiation, nous avons d'autres revendications" dont la suspension immédiate de l'ABCD de l'égalité ou le renforcement de l'interdiction de la Gestation pour autrui. <br /><br />Pour rappel, les ateliers de l'ABCD de l'égalité sont des cours qui questionnent les "métiers de filles" et les "métiers de garçons" ou interrogent les contes de fée avec ces princesses qui doivent forcément être sauvées par des princes charmants. Rien de bien dramatique. Sauf que des groupes liés à la Manif pour tous ont lancé des rumeurs  contre ce dispositif éducatif via les réseaux sociaux et des SMS en disant que les enfants de maternelle et de primaire allaient apprendre à se masturber lors d'interventions données par des personnes homosexuelles ou transsexuelles. L'effet a été immédiat : les écoles de la banlieue parisienne se sont littéralement vidées, le mouvement ayant été largement suivi par les musulmans et les chrétiens adventistes. L'entreprise de désinformation a bien fonctionné et là encore on peut se demander si le gouvernement va renoncer devant la pression d'obscurantistes à éduquer les enfants à l'égalité pourtant inscrite dans la devise de la France et sur tous les frontons des écoles publiques? <br /><br />De son côté, l’inter-LGBT qui rassemble les associations lesbiennes, gays, bisexuelles et trans estime que le président et son gouvernement «n’assument plus leur engagements, reniés par une suite hallucinante de reculades et de reniements successifs depuis des mois». «Cette énième reculade éclaire le dédain du gouvernement pour toutes les lesbiennes qui courent de grands risques de santé en raison des traitements hormonaux différents entre la France et les pays dans lesquels elles se rendent pour profiter d’une PMA ". Le communiqué rappelle qu’il s’agissait d’un «engagement pris par François Hollande» dans une interview donnée au magazine Tétu en 2012. <br /><br />Devant ces renoncements et autres lâchetés gouvernementales, il ne restera plus qu'aux femmes espagnoles à aller en France pour avorter et aux femmes françaises à aller en Espagne pour se faire inséminer… Dans quelle sorte d'Europe vivons-nous?</p> Avortement: le train de la liberté 2014-01-16T13:08:06+00:00 2014-01-16T13:08:06+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/540-avortement-le-train-de-la-liberte Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tren.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Le 1er février 2014, el Tren de la Libertad (<a href="https://twitter.com/search?q=%23TrenDeLaLibertad&amp;src=typd&amp;f=realtime">#Trendelalibertad </a>) arrivera à Madrid pour exiger que la loi actuelle sur l'interruption volontaire de grossesse soit maintenue. A cette occasion, un manifeste intitulé <em>Porque yo decido</em> (Parce que je décide) sera remis au chef du gouvernement, du parlement et aux ministres concernés. En Suisse, la coordination nationale de la Marche Mondiale des Femmes organise une action devant l'ambassade d'Espagne à Berne. Tandis que les députés européens débattent aujourd'hui de ce projet de loi infamant, en signe de soutien aux Espagnoles, un élan de solidarité voit le jour dans toute l'Europe pour réagir aux attaques délibérées contre les droits des femmes.</strong><br /><br />Les réseaux féministes espagnols s'organisent depuis quelques temps pour mettre sur pied ce train de la liberté qui verra converger vers la gare d'Atocha de Madrid, samedi 1er février à midi, toutes celles et ceux qui s'opposent au projet de loi sur l'avortement du gouvernement Rajoy. Le cortège doit ensuite se diriger vers le Congrès des députés avec un arrêt devant le Ministère de la santé, des services sociaux et de l'égalité. Le texte <em>Porque yo decido</em> sera remis au président du gouvernement, à celui du Congrès, à la ministre de la santé, Ana Mato et au ministre de la justice Gallardon, auteurs du projet de loi.<br /><br />Voici le texte <strong><em>Porque yo decido</em></strong> en français:<br /><strong>Parce que je décide</strong></p> <p>
<strong>Parce que je décide</strong> à partir de l’autonomie morale, qui est la base de la dignité de toute personne, je n’accepte aucune obligation ou interdiction concernant mes droits sexuels et reproductifs, et en conséquence (aucune entrave) à ma totale réalisation en tant que personne. En tant qu’être humain autonome, je refuse d’être soumise à des traitements dégradants, à des ingérences arbitraires et à des tutelles coercitives dans ma décision d’être ou de ne pas être mère.<br /><strong>Parce que je suis libre,</strong> j’invoque la liberté de conscience en tant que bien suprême comme fondement de mes choix. Je qualifie de cyniques ceux qui en appellent à la liberté pour la restreindre et de malveillants ceux qui, sans se soucier de la souffrance causée, veulent imposer à tous leurs principes de vie basés sur des révélations divines. En tant qu’être humain libre, je refuse d’accepter une maternité forcée et un régime de tutelle qui condamne les femmes «à la minorité d’âge sexuel et reproductif» .<br /><strong>Parce que je vis en démocratie, et que je suis une démocrate</strong>, j'accepte les règles du jeu qui séparent les droits relatifs au péché et à la loi religieuse. Aucune majorité politique issue des urnes, aussi absolue soit-elle, est légitime pour transformer les droits en délit, et nous obliger à suivre des principes religieux sous peine de sanction pénale. En tant que citoyenne, j’exige de ceux qui nous gouvernent qu’ils ne transforment pas le pouvoir démocratique, sauvegarde de la pluralité, en despotisme.<br /><strong>Parce que je décide, parce que je suis libre et parce que je vis en démocratie</strong>, j’exige du gouvernement, quel qu’il soit, qu’il promulgue des lois favorisant l’autonomie morale, préservant la liberté de conscience et garantissant la pluralité et la diversité des intérêts. Parce que je décide, parce que je suis libre et parce que je vis en démocratie, j’exige que soit conservée l’actuelle loi de santé sexuelle et reproductive et d’IVG pour favoriser l’autonomie morale, préserver la liberté de conscience et garantir la pluralité des intérêts de toutes les femmes.<br />   <br />En Suisse, la coordination nationale de la MMF appelle à aller à Berne vendredi 31 janvier à midi. Elle souhaite former une délégation de femmes et d'hommes solidaires qui se rendra à l'ambassade d'Espagne à Berne pour remettre un texte vers 12h30 à l'ambassadeur. Cette action est bien sûr à relier à la votation cruciale du 9 février prochain sur le remboursement de l'avortement. C'est le moment de s'engager ici ou en Espagne. <br /><br />Pour s'inscrire, envoyez un mail: <br /><br />Suisse<br />[email protected]<br /><br />Espagne<br />[email protected]<br /><br /></p> <p><img src="images/ailleurs/tren.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /><br /><br /><strong>Le 1er février 2014, el Tren de la Libertad (<a href="https://twitter.com/search?q=%23TrenDeLaLibertad&amp;src=typd&amp;f=realtime">#Trendelalibertad </a>) arrivera à Madrid pour exiger que la loi actuelle sur l'interruption volontaire de grossesse soit maintenue. A cette occasion, un manifeste intitulé <em>Porque yo decido</em> (Parce que je décide) sera remis au chef du gouvernement, du parlement et aux ministres concernés. En Suisse, la coordination nationale de la Marche Mondiale des Femmes organise une action devant l'ambassade d'Espagne à Berne. Tandis que les députés européens débattent aujourd'hui de ce projet de loi infamant, en signe de soutien aux Espagnoles, un élan de solidarité voit le jour dans toute l'Europe pour réagir aux attaques délibérées contre les droits des femmes.</strong><br /><br />Les réseaux féministes espagnols s'organisent depuis quelques temps pour mettre sur pied ce train de la liberté qui verra converger vers la gare d'Atocha de Madrid, samedi 1er février à midi, toutes celles et ceux qui s'opposent au projet de loi sur l'avortement du gouvernement Rajoy. Le cortège doit ensuite se diriger vers le Congrès des députés avec un arrêt devant le Ministère de la santé, des services sociaux et de l'égalité. Le texte <em>Porque yo decido</em> sera remis au président du gouvernement, à celui du Congrès, à la ministre de la santé, Ana Mato et au ministre de la justice Gallardon, auteurs du projet de loi.<br /><br />Voici le texte <strong><em>Porque yo decido</em></strong> en français:<br /><strong>Parce que je décide</strong></p> <p>
<strong>Parce que je décide</strong> à partir de l’autonomie morale, qui est la base de la dignité de toute personne, je n’accepte aucune obligation ou interdiction concernant mes droits sexuels et reproductifs, et en conséquence (aucune entrave) à ma totale réalisation en tant que personne. En tant qu’être humain autonome, je refuse d’être soumise à des traitements dégradants, à des ingérences arbitraires et à des tutelles coercitives dans ma décision d’être ou de ne pas être mère.<br /><strong>Parce que je suis libre,</strong> j’invoque la liberté de conscience en tant que bien suprême comme fondement de mes choix. Je qualifie de cyniques ceux qui en appellent à la liberté pour la restreindre et de malveillants ceux qui, sans se soucier de la souffrance causée, veulent imposer à tous leurs principes de vie basés sur des révélations divines. En tant qu’être humain libre, je refuse d’accepter une maternité forcée et un régime de tutelle qui condamne les femmes «à la minorité d’âge sexuel et reproductif» .<br /><strong>Parce que je vis en démocratie, et que je suis une démocrate</strong>, j'accepte les règles du jeu qui séparent les droits relatifs au péché et à la loi religieuse. Aucune majorité politique issue des urnes, aussi absolue soit-elle, est légitime pour transformer les droits en délit, et nous obliger à suivre des principes religieux sous peine de sanction pénale. En tant que citoyenne, j’exige de ceux qui nous gouvernent qu’ils ne transforment pas le pouvoir démocratique, sauvegarde de la pluralité, en despotisme.<br /><strong>Parce que je décide, parce que je suis libre et parce que je vis en démocratie</strong>, j’exige du gouvernement, quel qu’il soit, qu’il promulgue des lois favorisant l’autonomie morale, préservant la liberté de conscience et garantissant la pluralité et la diversité des intérêts. Parce que je décide, parce que je suis libre et parce que je vis en démocratie, j’exige que soit conservée l’actuelle loi de santé sexuelle et reproductive et d’IVG pour favoriser l’autonomie morale, préserver la liberté de conscience et garantir la pluralité des intérêts de toutes les femmes.<br />   <br />En Suisse, la coordination nationale de la MMF appelle à aller à Berne vendredi 31 janvier à midi. Elle souhaite former une délégation de femmes et d'hommes solidaires qui se rendra à l'ambassade d'Espagne à Berne pour remettre un texte vers 12h30 à l'ambassadeur. Cette action est bien sûr à relier à la votation cruciale du 9 février prochain sur le remboursement de l'avortement. C'est le moment de s'engager ici ou en Espagne. <br /><br />Pour s'inscrire, envoyez un mail: <br /><br />Suisse<br />[email protected]<br /><br />Espagne<br />[email protected]<br /><br /></p> L'exemple allemand 2014-01-13T09:24:54+00:00 2014-01-13T09:24:54+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/537-lexemple-allemand Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/sigmar_gabriel_5011354410_99a8cac0a2.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Peut-on concilier carrière et famille? Sigmar Gabriel, chef du parti social-démocrate allemand, ministre de l'économie et de l'énergie du gouvernement Merkel, mais aussi vice-chancelier, prétend le prouver en annonçant qu'il prend son mercredi après-midi pour s'occuper de sa fille de deux ans. Le choix du numéro deux allemand ne passe pas inaperçu et provoque un débat médiatique. Le cas fera-t-il école chez nos voisins?</strong><br /><br />"Mon épouse travaille et le mercredi c'est à moi d'aller chercher Marie à la crèche. Et je m'en réjouis". C'est cette phrase tirée d'une interview que Sigmar Gabriel a accordée au <em>Bild</em> qui a déclenché la polémique : un des plus haut responsable allemand déserterait son poste pour se consacrer à l'éducation de sa fille ! Et il le veut bien parce que pour ce faire, il devra prendre l'hélicoptère pour pouvoir récupérer sa petite dernière au jardin d'enfants de Goslar… à 273 kilomètres de Berlin. <br /><br />Si le <em>Bild</em> ou les journaux féminins comme <em>Brigitte</em> saluent la modernité de ce père exemplaire, <em>Die Welt</em> ou <em>Die Zeit</em> crient à la démagogie et à l'instrumentalisation politique. Cela fait déjà des mois que Sigmar Gabriel prend son mercredi après-midi pour s'occuper de la petite Marie et les éditorialistes allemands s'interrogent sur le bénéfice politique d'une telle annonce. Le <em>Tagesanzeiger</em> de Berlin, lui, y voit une opportunité pour le SPD d'avancer sur la journée complète à l'école et à la crèche, un projet porté par la ministre de la Famille, Manuela Schwesig. Dans cette Allemagne où il est à la fois difficile et mal vu pour une mère de travailler, les structures sont inadaptées. Ce débat sur la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale cristallise les tensions et le modèle traditionnel tend à être de plus en plus remis en question y compris par les hommes.<br /><br />Du coup, les politiques qui s'engagent sur cette voie intéressent la presse, c'est sûr. L'exemple de Jörg Asmussen qui a renoncé à son poste prestigieux au sein du directoire de la Banque Centrale Européenne à Francfort pour retrouver sa famille à Berlin et un poste de simple secrétaire d'Etat au ministère du travail avait déjà fait couler beaucoup d'encre. La ministre du travail elle-même, Andrea Nahles avait précisé lors de sa prise de fonction qu'elle ne sacrifierait jamais sa vie de famille. Quant à la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, mère de sept enfants, elle a décidé de travailler en partie depuis chez elle. Alors coup de com' ou brusque élan familial ? Sans doute un peu des deux pour des politicien-ne-s qui jonglent avec des plannings de dingues. Les féministes allemandes espèrent plus prosaïquement que le nouveau gouvernement ouvrira enfin les places de crèche tant attendues.</p> <p>A ce propos, rappelons que le 9 février prochain, Genève se prononcera sur la loi concernant l'accueil de la petite enfance visant notamment à augmenter le nombre d'enfants par adulte, ce qui aura un effet négatif sur la qualité du service alors même que le manque de place de crèches est toujours criant.</p> <p>Photo DR</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/sigmar_gabriel_5011354410_99a8cac0a2.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Peut-on concilier carrière et famille? Sigmar Gabriel, chef du parti social-démocrate allemand, ministre de l'économie et de l'énergie du gouvernement Merkel, mais aussi vice-chancelier, prétend le prouver en annonçant qu'il prend son mercredi après-midi pour s'occuper de sa fille de deux ans. Le choix du numéro deux allemand ne passe pas inaperçu et provoque un débat médiatique. Le cas fera-t-il école chez nos voisins?</strong><br /><br />"Mon épouse travaille et le mercredi c'est à moi d'aller chercher Marie à la crèche. Et je m'en réjouis". C'est cette phrase tirée d'une interview que Sigmar Gabriel a accordée au <em>Bild</em> qui a déclenché la polémique : un des plus haut responsable allemand déserterait son poste pour se consacrer à l'éducation de sa fille ! Et il le veut bien parce que pour ce faire, il devra prendre l'hélicoptère pour pouvoir récupérer sa petite dernière au jardin d'enfants de Goslar… à 273 kilomètres de Berlin. <br /><br />Si le <em>Bild</em> ou les journaux féminins comme <em>Brigitte</em> saluent la modernité de ce père exemplaire, <em>Die Welt</em> ou <em>Die Zeit</em> crient à la démagogie et à l'instrumentalisation politique. Cela fait déjà des mois que Sigmar Gabriel prend son mercredi après-midi pour s'occuper de la petite Marie et les éditorialistes allemands s'interrogent sur le bénéfice politique d'une telle annonce. Le <em>Tagesanzeiger</em> de Berlin, lui, y voit une opportunité pour le SPD d'avancer sur la journée complète à l'école et à la crèche, un projet porté par la ministre de la Famille, Manuela Schwesig. Dans cette Allemagne où il est à la fois difficile et mal vu pour une mère de travailler, les structures sont inadaptées. Ce débat sur la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale cristallise les tensions et le modèle traditionnel tend à être de plus en plus remis en question y compris par les hommes.<br /><br />Du coup, les politiques qui s'engagent sur cette voie intéressent la presse, c'est sûr. L'exemple de Jörg Asmussen qui a renoncé à son poste prestigieux au sein du directoire de la Banque Centrale Européenne à Francfort pour retrouver sa famille à Berlin et un poste de simple secrétaire d'Etat au ministère du travail avait déjà fait couler beaucoup d'encre. La ministre du travail elle-même, Andrea Nahles avait précisé lors de sa prise de fonction qu'elle ne sacrifierait jamais sa vie de famille. Quant à la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, mère de sept enfants, elle a décidé de travailler en partie depuis chez elle. Alors coup de com' ou brusque élan familial ? Sans doute un peu des deux pour des politicien-ne-s qui jonglent avec des plannings de dingues. Les féministes allemandes espèrent plus prosaïquement que le nouveau gouvernement ouvrira enfin les places de crèche tant attendues.</p> <p>A ce propos, rappelons que le 9 février prochain, Genève se prononcera sur la loi concernant l'accueil de la petite enfance visant notamment à augmenter le nombre d'enfants par adulte, ce qui aura un effet négatif sur la qualité du service alors même que le manque de place de crèches est toujours criant.</p> <p>Photo DR</p> Espagne: le calvaire pour avorter 2014-01-06T06:36:58+00:00 2014-01-06T06:36:58+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/534-espagne-le-calvaire-pour-avorter Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/grafiti%20vic.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le projet de loi sur l'avortement approuvé la veille de Noël par le Conseil des ministres en Espagne est un coup dur porté aux femmes : l'avortement cesse d'être un droit et ne sera autorisé qu'en cas de viol et de danger avéré pour la vie de la femme. On passe d'un régime de délai à un régime d'exception. En dehors de ces maigres exceptions donc, l'avortement devient un délit. Les femmes perdent tout pouvoir de décision sur leur propre corps, un retour en arrière voulu par les milieux conservateurs et catholiques, qui jugent encore cette loi trop timide. Concrètement pour une femme, avorter devient un parcours du combattant sur lequel l'émiliE a décidé de se pencher.</strong><br /><br /><strong><em>Etape 1</em>: <em>le gynécologue</em></strong>. La femme doit voir un gynécologue et dire qu'elle souhaite avorter. S'il existe un risque psychique pour sa santé (seul risque invocable dans la grande majorité des cas de grossesse), le médecin la dirige vers un psychiatre.<br /><br /><strong><em>Etape 2: le psychiatre</em></strong>. Celui-ci va déterminer si cette grossesse présente un risque de "dommage important" et "durable" pour sa santé. Il signe l'attestation.<br /><br /><strong><em>Etape 3: le second psychiatre</em></strong>. La femme doit consulter un autre psychiatre qui devra confirmer le diagnostic du premier et signer à son tour l'attestation. <br /><br /><strong><em>Etape 4: l'information</em></strong>. Un des deux psychiatres devra informer la patiente de manière "personnelle, individuelle et verbale" des dangers d'un avortement sur sa santé et ses grossesses futures et des conséquences psychologiques. A l'issue de ces explications, le médecin délivre un certificat.<br /><br /><strong><em>Etape 5: le conseil</em></strong>. Munie de ces précieux sésames (les deux attestations médicales et le certificat), la femme est redirigée par son médecin vers les services sociaux ou les centres de santé. Ce nouveau rendez-vous est destiné à lui offrir un conseil complet sur sa situation. A cette occasion, elle sera informée sur le fait que "la vie d'un foetus est un bien juridique protégé par la Constitution" et sera aidée dans la résolution des conflits relationnels qui seraient à l'origine de son désir d'avorter. <br /><br /><strong><em>Etape 6: la réflexion</em></strong>. Une fois ce processus de conseil terminé, les services sociaux apposent une date à partir de laquelle la femme dispose de sept jours pour dire si elle a toujours envie d'avorter.<br /><br />Si la femme est mineure, toutes ces démarches s'en trouvent compliquées et rallongées. <br />Un tel cadre ressemble à celui qui régissait le ventre des femmes au XXe siècle, c'est-à-dire à la préhistoire. Les Espagnoles s'accrochent aux exceptions prévues par la loi, sauf que la loi distingue entre les incapacités, qui ne pourront pas être invoquées comme motif, et une liste de malformations du foetus. A titre d'exemple, la trisomie 21 ne peut justifier un avortement. Dans cette loi, tout est fait pour empêcher la femme d'avorter. Tout est verrouillé, l'accès est fermé. <br />Pour ce qui nous concerne directement et à la veille de la votation du 9 février prochain, les citoyen-ne-s suisses ne doivent pas oublier que des pays à l'avant-garde des droits humains peuvent s'enfermer dans l'obscurantisme le plus complet. Votez!<br /><br />Photo, <em>graffiti en Catalogne pour l'avortement libre et gratuit</em> (si nous ne pouvons pas décider, nous ne sommes pas libres)</p> <p><strong><img src="images/ailleurs/grafiti%20vic.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Le projet de loi sur l'avortement approuvé la veille de Noël par le Conseil des ministres en Espagne est un coup dur porté aux femmes : l'avortement cesse d'être un droit et ne sera autorisé qu'en cas de viol et de danger avéré pour la vie de la femme. On passe d'un régime de délai à un régime d'exception. En dehors de ces maigres exceptions donc, l'avortement devient un délit. Les femmes perdent tout pouvoir de décision sur leur propre corps, un retour en arrière voulu par les milieux conservateurs et catholiques, qui jugent encore cette loi trop timide. Concrètement pour une femme, avorter devient un parcours du combattant sur lequel l'émiliE a décidé de se pencher.</strong><br /><br /><strong><em>Etape 1</em>: <em>le gynécologue</em></strong>. La femme doit voir un gynécologue et dire qu'elle souhaite avorter. S'il existe un risque psychique pour sa santé (seul risque invocable dans la grande majorité des cas de grossesse), le médecin la dirige vers un psychiatre.<br /><br /><strong><em>Etape 2: le psychiatre</em></strong>. Celui-ci va déterminer si cette grossesse présente un risque de "dommage important" et "durable" pour sa santé. Il signe l'attestation.<br /><br /><strong><em>Etape 3: le second psychiatre</em></strong>. La femme doit consulter un autre psychiatre qui devra confirmer le diagnostic du premier et signer à son tour l'attestation. <br /><br /><strong><em>Etape 4: l'information</em></strong>. Un des deux psychiatres devra informer la patiente de manière "personnelle, individuelle et verbale" des dangers d'un avortement sur sa santé et ses grossesses futures et des conséquences psychologiques. A l'issue de ces explications, le médecin délivre un certificat.<br /><br /><strong><em>Etape 5: le conseil</em></strong>. Munie de ces précieux sésames (les deux attestations médicales et le certificat), la femme est redirigée par son médecin vers les services sociaux ou les centres de santé. Ce nouveau rendez-vous est destiné à lui offrir un conseil complet sur sa situation. A cette occasion, elle sera informée sur le fait que "la vie d'un foetus est un bien juridique protégé par la Constitution" et sera aidée dans la résolution des conflits relationnels qui seraient à l'origine de son désir d'avorter. <br /><br /><strong><em>Etape 6: la réflexion</em></strong>. Une fois ce processus de conseil terminé, les services sociaux apposent une date à partir de laquelle la femme dispose de sept jours pour dire si elle a toujours envie d'avorter.<br /><br />Si la femme est mineure, toutes ces démarches s'en trouvent compliquées et rallongées. <br />Un tel cadre ressemble à celui qui régissait le ventre des femmes au XXe siècle, c'est-à-dire à la préhistoire. Les Espagnoles s'accrochent aux exceptions prévues par la loi, sauf que la loi distingue entre les incapacités, qui ne pourront pas être invoquées comme motif, et une liste de malformations du foetus. A titre d'exemple, la trisomie 21 ne peut justifier un avortement. Dans cette loi, tout est fait pour empêcher la femme d'avorter. Tout est verrouillé, l'accès est fermé. <br />Pour ce qui nous concerne directement et à la veille de la votation du 9 février prochain, les citoyen-ne-s suisses ne doivent pas oublier que des pays à l'avant-garde des droits humains peuvent s'enfermer dans l'obscurantisme le plus complet. Votez!<br /><br />Photo, <em>graffiti en Catalogne pour l'avortement libre et gratuit</em> (si nous ne pouvons pas décider, nous ne sommes pas libres)</p> Cinéma, un label non-sexiste 2013-12-18T04:56:22+00:00 2013-12-18T04:56:22+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/530-cinema-un-label-non-sexiste Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/bechdel%20test.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>La Suède poursuit sur sa lancée: de nombreux cinémas de Stockholm décernent désormais un label aux films non-sexistes qui réussissent le test Bechdel. En quelques semaines, l'idée a fait des émules puisque des festivals et des distributeurs du monde entier se sont adressés aux promoteurs-trices de cette labellisation. Cela va-t-il révolutionner l'industrie cinématographique? Est-ce la fin des gros clichés auxquels elle nous a habitué-e-s et conditionné-e-s?</strong><br /><br />En quoi consiste ce test? Quels sont les critères retenus pour qu'un film soit labellisé? Tout part d'Alison Bechdel, une dessinatrice de BD, étatsunienne, qui a publié dans une revue féministe new-yorkaise une série intitulée <em>Dykes to watch out for</em> (Les lesbiennes à suivre). Dans l'épisode <em>The rule</em>, elle crée en 1985 le fameux test qui portera son nom par la suite et qui permet d'évaluer la représentation des femmes dans un film. Il répond à trois questions: 1- Y a-t-il au moins deux personnages féminins portant des noms ? 2- Ces deux femmes se parlent-elles directement ? 3- Leur échange porte-outil sur un sujet autre qu'un personnage masculin ? A noter qu'Alison Bechdel s'inspire des observations de Virginia Woolf sur la représentation des femmes en littérature. Indicateur du sexisme, ce test révèle l'absence ou la vacuité des rôles féminins à l'écran, trop souvent simples faire-valoir des personnages masculins. <br /><br />A l'origine du projet, Ellen Tejle, la directrice du cinéma Bio Rio à Stockholm explique qu'elle souhaitait "faire quelque chose pour montrer à quel point les femmes sont invisibles au cinéma. Quelque chose de concret." Les chiffres parlent pour elle: Aux Etats-Unis, 70% des acteurs qui prennent la parole à l'écran sont des hommes, un tiers des 30% d'actrices qui parlent apparaissent à l'écran dénudées ou dans des postures à caractère sexuel. Enfin depuis que les oscars existent (1929), une seule femme y a été récompensée en tant que réalisatrice: Kathryn Bigelow. En Europe et ailleurs, c'est la même rengaine.<br /><br />Pourtant cette initiative pourrait faire bouger les choses. Les rencontres avec les professionnels de l'image semblent aller dans le sens d'Ellen Tejle : la chaîne scandinave, Vlasat Film va appliquer le test sur ses diffusions, de même que des cinémas du Royaume-Uni, de France, d'Irlande, des Etats-Unis. Une loi pourrait systématiser le test en Suède. La vitesse avec laquelle se met en marche cette petite révolution surprend même les instigateurs-trices. Mais il y a un "mais". <br /><br />Différentes critiques se font entendre: certains parlent de censure face à un cadre "moral" d'autres issus des milieux féministes mettent en garde contre la bicatégorisation de genre qu'engendre le test lui-même. Quid des autres minorités? Quid de la diversité? Le test n'aurait rien de scientifique selon certains universitaires. D'ailleurs des films de féministes ne passent pas le test, notamment ceux de Marguerite Duras, Chantal Akerman… Alors qui décrochera le label?</p> <p><img src="images/ailleurs/bechdel%20test.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>La Suède poursuit sur sa lancée: de nombreux cinémas de Stockholm décernent désormais un label aux films non-sexistes qui réussissent le test Bechdel. En quelques semaines, l'idée a fait des émules puisque des festivals et des distributeurs du monde entier se sont adressés aux promoteurs-trices de cette labellisation. Cela va-t-il révolutionner l'industrie cinématographique? Est-ce la fin des gros clichés auxquels elle nous a habitué-e-s et conditionné-e-s?</strong><br /><br />En quoi consiste ce test? Quels sont les critères retenus pour qu'un film soit labellisé? Tout part d'Alison Bechdel, une dessinatrice de BD, étatsunienne, qui a publié dans une revue féministe new-yorkaise une série intitulée <em>Dykes to watch out for</em> (Les lesbiennes à suivre). Dans l'épisode <em>The rule</em>, elle crée en 1985 le fameux test qui portera son nom par la suite et qui permet d'évaluer la représentation des femmes dans un film. Il répond à trois questions: 1- Y a-t-il au moins deux personnages féminins portant des noms ? 2- Ces deux femmes se parlent-elles directement ? 3- Leur échange porte-outil sur un sujet autre qu'un personnage masculin ? A noter qu'Alison Bechdel s'inspire des observations de Virginia Woolf sur la représentation des femmes en littérature. Indicateur du sexisme, ce test révèle l'absence ou la vacuité des rôles féminins à l'écran, trop souvent simples faire-valoir des personnages masculins. <br /><br />A l'origine du projet, Ellen Tejle, la directrice du cinéma Bio Rio à Stockholm explique qu'elle souhaitait "faire quelque chose pour montrer à quel point les femmes sont invisibles au cinéma. Quelque chose de concret." Les chiffres parlent pour elle: Aux Etats-Unis, 70% des acteurs qui prennent la parole à l'écran sont des hommes, un tiers des 30% d'actrices qui parlent apparaissent à l'écran dénudées ou dans des postures à caractère sexuel. Enfin depuis que les oscars existent (1929), une seule femme y a été récompensée en tant que réalisatrice: Kathryn Bigelow. En Europe et ailleurs, c'est la même rengaine.<br /><br />Pourtant cette initiative pourrait faire bouger les choses. Les rencontres avec les professionnels de l'image semblent aller dans le sens d'Ellen Tejle : la chaîne scandinave, Vlasat Film va appliquer le test sur ses diffusions, de même que des cinémas du Royaume-Uni, de France, d'Irlande, des Etats-Unis. Une loi pourrait systématiser le test en Suède. La vitesse avec laquelle se met en marche cette petite révolution surprend même les instigateurs-trices. Mais il y a un "mais". <br /><br />Différentes critiques se font entendre: certains parlent de censure face à un cadre "moral" d'autres issus des milieux féministes mettent en garde contre la bicatégorisation de genre qu'engendre le test lui-même. Quid des autres minorités? Quid de la diversité? Le test n'aurait rien de scientifique selon certains universitaires. D'ailleurs des films de féministes ne passent pas le test, notamment ceux de Marguerite Duras, Chantal Akerman… Alors qui décrochera le label?</p> La lapidation rétablie en Afghanistan? 2013-11-25T14:39:16+00:00 2013-11-25T14:39:16+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/523-la-lapidation-retablie-en-afghanistan Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/afghanes.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>L'Afghanistan pourrait rétablir la peine de mort par lapidation en cas d'adultère, selon un communiqué de l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch. La sentence qui prévalait sous le régime des talibans est en effet à l'étude dans le projet d'amendement au code pénal afghan. A l'heure où les forces armées occidentales se retirent, ce possible rétablissement des châtiments inhumains n'augure rien de bon pour les Afghanes. Ce texte s'inscrit dans un projet de loi plus large visant à sanctionner le vol, l'adultère et la consommation d'alcool selon la loi islamique.<br /><br />Pour Brad Adams, responsable de l’Asie à Human Rights Watch, «il est choquant de constater que l’administration Karzaï puisse envisager de rétablir la lapidation douze ans après la chute des talibans». Il poursuit en disant que "la peine de mort par lapidation constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'homme". L'organisation rappelle en outre que l'aide financière internationale promise à l'Afghanistan (16 milliards de dollars) lors de la conférence de Tokyo en 2012 est conditionnée à des avancées en matière de droits de l'homme. Suite à cette conférence et après l'exécution médiatisée d'une femme accusée d'adultère, la Norvège avait réduit son aide. Pour Human Rights Watch, les donateurs internationaux doivent faire preuve de fermeté à ce niveau et "exprimer clairement que l'aide internationale au gouvernement afghan n'est pas un chèque en blanc". <br /><br /></p> <p>Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/afghanes.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>L'Afghanistan pourrait rétablir la peine de mort par lapidation en cas d'adultère, selon un communiqué de l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch. La sentence qui prévalait sous le régime des talibans est en effet à l'étude dans le projet d'amendement au code pénal afghan. A l'heure où les forces armées occidentales se retirent, ce possible rétablissement des châtiments inhumains n'augure rien de bon pour les Afghanes. Ce texte s'inscrit dans un projet de loi plus large visant à sanctionner le vol, l'adultère et la consommation d'alcool selon la loi islamique.<br /><br />Pour Brad Adams, responsable de l’Asie à Human Rights Watch, «il est choquant de constater que l’administration Karzaï puisse envisager de rétablir la lapidation douze ans après la chute des talibans». Il poursuit en disant que "la peine de mort par lapidation constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'homme". L'organisation rappelle en outre que l'aide financière internationale promise à l'Afghanistan (16 milliards de dollars) lors de la conférence de Tokyo en 2012 est conditionnée à des avancées en matière de droits de l'homme. Suite à cette conférence et après l'exécution médiatisée d'une femme accusée d'adultère, la Norvège avait réduit son aide. Pour Human Rights Watch, les donateurs internationaux doivent faire preuve de fermeté à ce niveau et "exprimer clairement que l'aide internationale au gouvernement afghan n'est pas un chèque en blanc". <br /><br /></p> <p>Photo DR</p> Le rebranding du féminisme 2013-11-11T09:06:47+00:00 2013-11-11T09:06:47+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/516-le-rebranding-du-feminisme Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/make-them-pay_GB.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Le magazine <em>Elle</em> anglais a invité pour son édition de novembre trois organisations féministes à travailler avec trois prestigieuses agences de publicité autour du terme "féminisme", un mot qui d'après Lorraine Candy, la rédactrice en chef, "s'est chargé de connotations compliquées et négatives". L'idée de la démarche serait de re-brander le concept du féminisme pour l'actualiser et lui donner plus d'impact auprès de tous les publics. Le challenge est de taille !<br /><br />C'est ainsi que l'agence Mother s'est chargée de la campagne du <em>Feminist Times</em>, un magazine en ligne, en s'attaquant à l'inégalité salariale. L'agence Brave, elle, a oeuvré pour la jeune féministe Jinan Younis qui a fondé l'école FemSoc, un espace dédié à la lutte contre le harcèlement (sexuel, de rue etc.) dont sont victimes les femmes. La troisième agence, Wieden-Kennedy, a planché pour le site satirique Vagenda autour des stéréotypes de genre.<br /><br />Si le résultat n'est pas révolutionnaire en soi, à l'heure des réseaux sociaux, la diffusion de ces campagnes sur Twitter et Facebook peut atteindre ses objectifs. La plupart de ces organisations féministes sont animées par des moins de 30 ans qui envisagent le féminisme avec enthousiasme et détermination. Leur succès sur la Toile en font des figures publiques et c'est en toute logique qu'ils/elles souhaitent dépoussiérer l'image vintage, pour ne pas dire vieillotte, que se trimbalent les mouvements féministes depuis les années 70.  <br /><br />Pour le magazine féminin <em>Elle</em>, réactiver son lien quelque peu lâche avec les féminismes relèvera pour certain-e-s du coup de pub, mais l'initiative est néanmoins intéressante : tout est bon pour rendre un peu plus visible les idées féministes. Les agences romandes pourraient en prendre de la graine, ou bien?</p> <p>Photo© Mother</p> <p><img src="images/ailleurs/make-them-pay_GB.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Le magazine <em>Elle</em> anglais a invité pour son édition de novembre trois organisations féministes à travailler avec trois prestigieuses agences de publicité autour du terme "féminisme", un mot qui d'après Lorraine Candy, la rédactrice en chef, "s'est chargé de connotations compliquées et négatives". L'idée de la démarche serait de re-brander le concept du féminisme pour l'actualiser et lui donner plus d'impact auprès de tous les publics. Le challenge est de taille !<br /><br />C'est ainsi que l'agence Mother s'est chargée de la campagne du <em>Feminist Times</em>, un magazine en ligne, en s'attaquant à l'inégalité salariale. L'agence Brave, elle, a oeuvré pour la jeune féministe Jinan Younis qui a fondé l'école FemSoc, un espace dédié à la lutte contre le harcèlement (sexuel, de rue etc.) dont sont victimes les femmes. La troisième agence, Wieden-Kennedy, a planché pour le site satirique Vagenda autour des stéréotypes de genre.<br /><br />Si le résultat n'est pas révolutionnaire en soi, à l'heure des réseaux sociaux, la diffusion de ces campagnes sur Twitter et Facebook peut atteindre ses objectifs. La plupart de ces organisations féministes sont animées par des moins de 30 ans qui envisagent le féminisme avec enthousiasme et détermination. Leur succès sur la Toile en font des figures publiques et c'est en toute logique qu'ils/elles souhaitent dépoussiérer l'image vintage, pour ne pas dire vieillotte, que se trimbalent les mouvements féministes depuis les années 70.  <br /><br />Pour le magazine féminin <em>Elle</em>, réactiver son lien quelque peu lâche avec les féminismes relèvera pour certain-e-s du coup de pub, mais l'initiative est néanmoins intéressante : tout est bon pour rendre un peu plus visible les idées féministes. Les agences romandes pourraient en prendre de la graine, ou bien?</p> <p>Photo© Mother</p> France: le manifeste des 343 salauds 2013-10-30T04:13:13+00:00 2013-10-30T04:13:13+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/511-france-le-manifeste-des-343-salauds Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/prostitution.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>A paraître la semaine prochaine dans le mensuel <em>Causeur</em> dirigé par la journaliste Elisabeth Lévy, la pétition intitulée "Touche pas à ma pute ! Le manifeste des 343 salauds" qui s'oppose à la proposition de loi visant à pénaliser les clients des prostitué-e-s. La référence au "Manifeste des 343 salopes" s'inscrit, selon l'initiatrice, dans une démarche de contestation d'un féminisme castrateur comme celui d'Osez le féminisme ! La patronne de <em>Causeur</em> en prend le contre-pied et clame "le droit à la différence", "le droit de jouir" et "la cause des hommes".<br /><br />Parmi les signataires, que du beau monde, cela va sans dire : Frédéric Beigbeder, Eric Zemmour, Nicolas Bedos, Basile de Koch (mari de Frigide Barjot), Richard Malka (avocat de DSK) entre autres dignes représentants d'un groupe dominant qui s'inquiète des "interdits moraux" que la loi fait peser sur ses prévôtés: "Aujourd'hui la prostitution, demain la pornographie, qu'interdira-t-on après-demain?" <br /><br />On notera le peu de diversité de ces engagés : où sont les femmes? Où sont les autres ? N'y a-t-il que les hétéros blancs dominants pour "aller aux putes" ? Quand les 343 salopes réclamaient le droit à l'avortement, elles écrivaient "Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté". En 1971, c'était un crime. Dans la proposition de loi, être le client d'un-e prostitué-e serait un délit passible d'une simple amende. Oser signer ne demande pas le même courage. Et pourtant, selon Elisabeth Lévy, les 343 salauds n'ont pas voulu s'engager sur un texte de départ plus fort qui disait qu'ils étaient clients des prostitué-e-s et ont préféré préciser que seuls certains d'entre eux l'étaient. Pas très couillus pour le coup...</p> <p>Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/prostitution.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>A paraître la semaine prochaine dans le mensuel <em>Causeur</em> dirigé par la journaliste Elisabeth Lévy, la pétition intitulée "Touche pas à ma pute ! Le manifeste des 343 salauds" qui s'oppose à la proposition de loi visant à pénaliser les clients des prostitué-e-s. La référence au "Manifeste des 343 salopes" s'inscrit, selon l'initiatrice, dans une démarche de contestation d'un féminisme castrateur comme celui d'Osez le féminisme ! La patronne de <em>Causeur</em> en prend le contre-pied et clame "le droit à la différence", "le droit de jouir" et "la cause des hommes".<br /><br />Parmi les signataires, que du beau monde, cela va sans dire : Frédéric Beigbeder, Eric Zemmour, Nicolas Bedos, Basile de Koch (mari de Frigide Barjot), Richard Malka (avocat de DSK) entre autres dignes représentants d'un groupe dominant qui s'inquiète des "interdits moraux" que la loi fait peser sur ses prévôtés: "Aujourd'hui la prostitution, demain la pornographie, qu'interdira-t-on après-demain?" <br /><br />On notera le peu de diversité de ces engagés : où sont les femmes? Où sont les autres ? N'y a-t-il que les hétéros blancs dominants pour "aller aux putes" ? Quand les 343 salopes réclamaient le droit à l'avortement, elles écrivaient "Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté". En 1971, c'était un crime. Dans la proposition de loi, être le client d'un-e prostitué-e serait un délit passible d'une simple amende. Oser signer ne demande pas le même courage. Et pourtant, selon Elisabeth Lévy, les 343 salauds n'ont pas voulu s'engager sur un texte de départ plus fort qui disait qu'ils étaient clients des prostitué-e-s et ont préféré préciser que seuls certains d'entre eux l'étaient. Pas très couillus pour le coup...</p> <p>Photo DR</p> Au nom de l'amour 2013-10-24T02:43:59+00:00 2013-10-24T02:43:59+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/507-au-nom-de-lamour Nathalie Brochard [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/coeur.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Les autorités espagnoles viennent de publier les chiffres sur la violence de genre entre mineurs et le constat est amer : une augmentation de 30% en un an. Face à la statistique, expert-e-s et éducateurs-trices s'accordent pour dire que les schémas traditionnels persistent voire se renforcent à l'adolescence. Les jeunes filles qui ont été confrontées à cette violence sexiste pensaient que c'était "un truc" d'adultes. La faute aux réseaux sociaux? Au porno? A la crise? Explications.</strong><br /><br />Depuis 2004, année à partir de laquelle les agressions sexistes ont commencé à être recensées dans toute l'Espagne, jamais on avait vu une telle augmentation. Sachant en outre que ces chiffres ne recouvrent qu'une partie de la réalité puisqu'il s'agit de faits ayant entraîné un dépôt de plainte devant la justice. L'année dernière, une jeune fille de 13 ans, Almuneda Marquez est décédée, assassinée par son "amoureux" et si les cas extrêmes sont rares, la recrudescence de ces violences devient préoccupante. Interviewée par le quotidien El Pais, Susana Martinez, présidente de la Commission d'études des violences faites aux femmes, explique que "les jeunes reproduisent des schémas que l'on croyait dépassés, des modèles selon lesquels le garçon est le dominant et exerce sa domination grâce au contrôle et la fille adopte une attitude soumise ou complaisante". Selon elle, ces relations s'inscrivent dans le schéma traditionnel de l'amour romantique avec l'homme fort et la femme fragile, dépendante, qui a besoin de protection. "C'est comme dans les contes de fées, lorsque la princesse doit être sauvée par le prince. Ces modèles poussés à l'extrême peuvent conduire à la violence sexiste. Surtout, ils empêchent les filles de devenir des sujets agissants dans la société", estime pour sa part Ana Bella Hernandez, présidente d'une fondation d'aide aux victimes. Le romantisme serait donc la porte ouverte aux violences faites aux femmes? <br /><br />A en juger par ce que pensent les jeunes eux-mêmes, l'hypothèse n'est peut-être pas si bancale. Les attitude sexistes (jalousie extrême, insultes, etc.) se justifieraient au nom de l'amour, selon eux. Ils sont 33,5% à partager ce point de vue d'après une étude parue en 2010. Et pour 12,2%, ils pensent que dans une bonne relation de couple, la femme ne doit pas contrarier l'homme. 6% des jeunes filles sont du même avis. Il sera intéressant de comparer ces données à celles qui vont paraître la semaine prochaine : le Ministère de la santé, des services sociaux et de l'égalité a en effet commandé une enquête menée auprès de 8000 jeunes qui semble confirmer que les ados sont très perméables aux représentations et stéréotypes de genre diffusés par les médias mais également par les familles. La norme dominante et omniprésente de l'amour romantique ne fait que renforcer le cliché de l'homme fort et de la femme fragile et soumise.<br /><br />Sa diffusion s'en trouve démultipliée grâce aux nouvelles technologies. S'y ajoute un contrôle et une prise de pouvoir facilités. Pour Susana Martinez, "les réseaux sociaux, les SMS, sont utilisés pour savoir à tout moment où est l'autre et ce qu'il fait. Et puis, quand on se sépare, ils sont utilisés comme instruments de harcèlement". Où est la ligne entre la preuve d'amour et le rapport de domination? Est-ce normal si l'amoureux demande à l'amoureuse de rappeler depuis le téléphone fixe de chez elle pour savoir si elle est bien rentrée? Est-ce normal si l'amoureuse refuse que son amoureux ait accès à ses SMS qu'il la soupçonne automatiquement de le tromper? C'est comme si la vie des jeunes filles n'avaient aucune légitimité, comme si leur propre vie ne leur appartenait pas. La société ne les aide pas. Elles doivent se battre pour exister. La culture du harcèlement prend tellement de place qu'elle en vient presque à tenir d'éducation (sentimentale?). Ainsi, le type d'expérimentation sociale <em>How to get a girl to kiss you</em> ou comment embrasser une inconnue en 10 secondes (contre son gré) qui se répand sur la toile rencontre un succès fou auprès des adolescents. Cela contribue à entretenir l'idée que la fille est une proie et que le garçon n'a qu'à se servir. Quant aux représentations pornographiques, rares sont celles qui mettent en valeur les femmes traitées la plupart du temps comme des objets. Dans ces conditions, la hausse des violences de genre entre ados est-elle si surprenante?<br /><br /><br /><br /> </p> <p><strong><img src="images/ailleurs/coeur.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></p> <p><strong>Les autorités espagnoles viennent de publier les chiffres sur la violence de genre entre mineurs et le constat est amer : une augmentation de 30% en un an. Face à la statistique, expert-e-s et éducateurs-trices s'accordent pour dire que les schémas traditionnels persistent voire se renforcent à l'adolescence. Les jeunes filles qui ont été confrontées à cette violence sexiste pensaient que c'était "un truc" d'adultes. La faute aux réseaux sociaux? Au porno? A la crise? Explications.</strong><br /><br />Depuis 2004, année à partir de laquelle les agressions sexistes ont commencé à être recensées dans toute l'Espagne, jamais on avait vu une telle augmentation. Sachant en outre que ces chiffres ne recouvrent qu'une partie de la réalité puisqu'il s'agit de faits ayant entraîné un dépôt de plainte devant la justice. L'année dernière, une jeune fille de 13 ans, Almuneda Marquez est décédée, assassinée par son "amoureux" et si les cas extrêmes sont rares, la recrudescence de ces violences devient préoccupante. Interviewée par le quotidien El Pais, Susana Martinez, présidente de la Commission d'études des violences faites aux femmes, explique que "les jeunes reproduisent des schémas que l'on croyait dépassés, des modèles selon lesquels le garçon est le dominant et exerce sa domination grâce au contrôle et la fille adopte une attitude soumise ou complaisante". Selon elle, ces relations s'inscrivent dans le schéma traditionnel de l'amour romantique avec l'homme fort et la femme fragile, dépendante, qui a besoin de protection. "C'est comme dans les contes de fées, lorsque la princesse doit être sauvée par le prince. Ces modèles poussés à l'extrême peuvent conduire à la violence sexiste. Surtout, ils empêchent les filles de devenir des sujets agissants dans la société", estime pour sa part Ana Bella Hernandez, présidente d'une fondation d'aide aux victimes. Le romantisme serait donc la porte ouverte aux violences faites aux femmes? <br /><br />A en juger par ce que pensent les jeunes eux-mêmes, l'hypothèse n'est peut-être pas si bancale. Les attitude sexistes (jalousie extrême, insultes, etc.) se justifieraient au nom de l'amour, selon eux. Ils sont 33,5% à partager ce point de vue d'après une étude parue en 2010. Et pour 12,2%, ils pensent que dans une bonne relation de couple, la femme ne doit pas contrarier l'homme. 6% des jeunes filles sont du même avis. Il sera intéressant de comparer ces données à celles qui vont paraître la semaine prochaine : le Ministère de la santé, des services sociaux et de l'égalité a en effet commandé une enquête menée auprès de 8000 jeunes qui semble confirmer que les ados sont très perméables aux représentations et stéréotypes de genre diffusés par les médias mais également par les familles. La norme dominante et omniprésente de l'amour romantique ne fait que renforcer le cliché de l'homme fort et de la femme fragile et soumise.<br /><br />Sa diffusion s'en trouve démultipliée grâce aux nouvelles technologies. S'y ajoute un contrôle et une prise de pouvoir facilités. Pour Susana Martinez, "les réseaux sociaux, les SMS, sont utilisés pour savoir à tout moment où est l'autre et ce qu'il fait. Et puis, quand on se sépare, ils sont utilisés comme instruments de harcèlement". Où est la ligne entre la preuve d'amour et le rapport de domination? Est-ce normal si l'amoureux demande à l'amoureuse de rappeler depuis le téléphone fixe de chez elle pour savoir si elle est bien rentrée? Est-ce normal si l'amoureuse refuse que son amoureux ait accès à ses SMS qu'il la soupçonne automatiquement de le tromper? C'est comme si la vie des jeunes filles n'avaient aucune légitimité, comme si leur propre vie ne leur appartenait pas. La société ne les aide pas. Elles doivent se battre pour exister. La culture du harcèlement prend tellement de place qu'elle en vient presque à tenir d'éducation (sentimentale?). Ainsi, le type d'expérimentation sociale <em>How to get a girl to kiss you</em> ou comment embrasser une inconnue en 10 secondes (contre son gré) qui se répand sur la toile rencontre un succès fou auprès des adolescents. Cela contribue à entretenir l'idée que la fille est une proie et que le garçon n'a qu'à se servir. Quant aux représentations pornographiques, rares sont celles qui mettent en valeur les femmes traitées la plupart du temps comme des objets. Dans ces conditions, la hausse des violences de genre entre ados est-elle si surprenante?<br /><br /><br /><br /> </p> Jihad sexuel en Syrie 2013-09-23T09:17:53+00:00 2013-09-23T09:17:53+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/499-jihad-sexuel-en-syrie Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tunisia-rally.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Elles seraient plus d’un millier à officier pour le repos du guerrier dans les camps d’Edleb en Syrie. Parmi ces jeunes filles majoritairement tunisiennes, on trouve des Européennes qui pratiquent le jihad du nikah ou prostitution au nom du jihad et qui s’engagent à leur manière dans le combat contre Bachar Al-Assad. Quelles sont leurs motivations, quel est leur parcours, comment les autorités religieuses musulmanes s’accommodent-elles de ces jihadistes d’un genre particulier ? Explications.</strong></p> <p><br />Tout a commencé avec le témoignage d’Aïcha, 20 ans, diffusé sur Tounesna TV en mai dernier. Pendant plus de quinze minutes, la jeune Tunisienne raconte comment elle en est venue à accepter un «mariage par heure ou par jour» comme est appelé pudiquement le rapport sexuel avec un milicien syrien. Aïcha a été recrutée à l’Université de Monastir où elle étudiait par une femme de 40 ans, étrangère à la faculté, mais qui y faisait du prosélytisme religieux. Elle parlait des préceptes de l'islam de façon générale jusqu'au jour où elle a proposé aux filles «le port du niqab et l'inscription gratuite à des cours religieux». Aïcha explique que les cours avaient lieu chez cette prédicatrice et que son groupe comptait environ une vingtaine de filles de 18 ans et une enfant de 10 ans. Une stratégie d’isolement était à l’œuvre visant à convaincre les élèves d’abandonner l’uni au profit de l’étude du Coran et de se consacrer entièrement à Allah. Au fil du temps, la «professeure» a commencé à leur parler de jihad avec à la clé, l’accès au paradis.  Et pour le gagner plus certainement,  Aïcha s’est vu proposer un «mariage» aux jihadistes combattants pour «les soulager et leur redonner des forces afin qu'ils puissent vaincre l'ennemi». Cette forme de jihad est appelé «jihad du nikah» (de mariage). L’idée lui plaît car la jeune fille est persuadée que cette pratique est conforme aux préceptes religieux. Sauf qu’Aïcha ne fera pas le voyage jusqu’en Syrie : sa mère qui a noté tous les changements que présentait sa fille a réussi à la convaincre de renoncer au projet à force de larmes et de discussions.</p> <p><br />Ce premier témoignage a levé le voile sur d’autres cas de jeunes filles brutalement parties en Syrie, laissant leurs parents désemparés. Ces derniers racontent désormais leur histoire à la presse, comme ceux d’une adolescente belge de 16 ans. Ce phénomène d’abord révélé par les médias proches du régime de Bachar Al-Assad a été vu comme de la propagande et mis en doute, mais face aux réactions des parents et à leurs efforts pour retrouver leur fille, force est de constater que cette forme de prostitution existe bien. De tous temps, les armées ont entraîné dans leur sillage des filles de joie en cohortes plus ou moins organisées. Alors quoi de neuf ? Ces réseaux jihadistes en jupon posent surtout une question morale. Mais de ce point de vue, il semble que les autorités sunnites aient tranché.</p> <p><br />Le cheikh salafiste Yasir al-Ajlawni avait déjà lancé une fatwa, postée sur youtube, qui "autorise" le viol des femmes non sunnites par les combattants musulmans engagés dans le jihad en Syrie. Le leader religieux légitime ce crime et le justifie au nom de l’islam pour les combattants qui luttent pour renverser Bachar al-Assad. Le cheikh Mohammed al-Arifi, un dignitaire religieux saoudien, prône l’adultère autorisé de dix minutes à 90 ans à travers une fatwa dont le but est «de permettre aux combattants d’exercer leur droit aux rapports sexuels, ce qui renforce leur courage et augmente leur capacité et leur moral dans le combat». Les autorités religieuses expliquent que face au manque de femmes dans les zones de combat, le jihab du nikah constitue une solution adaptée en accord avec l’islam.</p> <p><br />Cette vision n’est pas partagée par les familles des jeunes filles tunisiennes rassemblées au sein de l'Association de secours aux Tunisiens à l'étranger. L’avocat Badis Koubadji, président de l’association, décrit les conditions de vie de ces jeunes femmes dans l’hebdomadaire Akher Khabar : «Dès qu’elles arrivent dans les camps des combattants islamistes, elles sont accueillies en grande pompe et une ‘‘zeffa’’ (cérémonie) est organisée à leur honneur. Ces jeunes femmes se mettent tout de suite au service des ‘‘thouars’’ (révolutionnaires) et sont prêtes à consommer. Six hommes se relaient souvent sur une seule femme tous les jours». L’avocat tente d’alerter l’Unicef et les organisations humanitaires sur les risques encourus par ces jeunes filles, qui n’ont pas de moyens de contraception. D’après lui et selon les familles, certaines auraient donné naissance à des enfants qui seront probablement abandonnés. <br /><br />Les associations de féministes tunisiennes ont de leur côté également réagi. A l’occasion de la fête de la femme qui a lieu le 13 août, rassemblées dans le collectif élargi Hrayer Tounes, elles ont organisé une marche pour dénoncer de manière catégorique le mariage des mineurs, la polygamie, le «jihad du nikah» et les tentatives visant à diviser en deux clans les femmes tunisiennes, et ce en allusion à la marche à laquelle a appelé le parti Ennahdha pour célébrer la fête de la femme. Le 6 septembre, le collectif est allé exiger devant le ministère de la Femme et de la Famille la démission de la ministre Shimen Badi et ont proposé qu’elle soit elle-même envoyée en Syrie pour pratiquer le jihad du nikah.</p> <p>Aïcha, elle, se sent aujourd’hui libérée et quand elle parle de religion, les mots «amour» et «paix» ponctuent son discours…<br /> <br /><br /></p> <p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt: auto; mso-margin-bottom-alt: auto;"><span style="font-family: Times;"><em> </em></span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><em> </em></p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/tunisia-rally.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p><strong>Elles seraient plus d’un millier à officier pour le repos du guerrier dans les camps d’Edleb en Syrie. Parmi ces jeunes filles majoritairement tunisiennes, on trouve des Européennes qui pratiquent le jihad du nikah ou prostitution au nom du jihad et qui s’engagent à leur manière dans le combat contre Bachar Al-Assad. Quelles sont leurs motivations, quel est leur parcours, comment les autorités religieuses musulmanes s’accommodent-elles de ces jihadistes d’un genre particulier ? Explications.</strong></p> <p><br />Tout a commencé avec le témoignage d’Aïcha, 20 ans, diffusé sur Tounesna TV en mai dernier. Pendant plus de quinze minutes, la jeune Tunisienne raconte comment elle en est venue à accepter un «mariage par heure ou par jour» comme est appelé pudiquement le rapport sexuel avec un milicien syrien. Aïcha a été recrutée à l’Université de Monastir où elle étudiait par une femme de 40 ans, étrangère à la faculté, mais qui y faisait du prosélytisme religieux. Elle parlait des préceptes de l'islam de façon générale jusqu'au jour où elle a proposé aux filles «le port du niqab et l'inscription gratuite à des cours religieux». Aïcha explique que les cours avaient lieu chez cette prédicatrice et que son groupe comptait environ une vingtaine de filles de 18 ans et une enfant de 10 ans. Une stratégie d’isolement était à l’œuvre visant à convaincre les élèves d’abandonner l’uni au profit de l’étude du Coran et de se consacrer entièrement à Allah. Au fil du temps, la «professeure» a commencé à leur parler de jihad avec à la clé, l’accès au paradis.  Et pour le gagner plus certainement,  Aïcha s’est vu proposer un «mariage» aux jihadistes combattants pour «les soulager et leur redonner des forces afin qu'ils puissent vaincre l'ennemi». Cette forme de jihad est appelé «jihad du nikah» (de mariage). L’idée lui plaît car la jeune fille est persuadée que cette pratique est conforme aux préceptes religieux. Sauf qu’Aïcha ne fera pas le voyage jusqu’en Syrie : sa mère qui a noté tous les changements que présentait sa fille a réussi à la convaincre de renoncer au projet à force de larmes et de discussions.</p> <p><br />Ce premier témoignage a levé le voile sur d’autres cas de jeunes filles brutalement parties en Syrie, laissant leurs parents désemparés. Ces derniers racontent désormais leur histoire à la presse, comme ceux d’une adolescente belge de 16 ans. Ce phénomène d’abord révélé par les médias proches du régime de Bachar Al-Assad a été vu comme de la propagande et mis en doute, mais face aux réactions des parents et à leurs efforts pour retrouver leur fille, force est de constater que cette forme de prostitution existe bien. De tous temps, les armées ont entraîné dans leur sillage des filles de joie en cohortes plus ou moins organisées. Alors quoi de neuf ? Ces réseaux jihadistes en jupon posent surtout une question morale. Mais de ce point de vue, il semble que les autorités sunnites aient tranché.</p> <p><br />Le cheikh salafiste Yasir al-Ajlawni avait déjà lancé une fatwa, postée sur youtube, qui "autorise" le viol des femmes non sunnites par les combattants musulmans engagés dans le jihad en Syrie. Le leader religieux légitime ce crime et le justifie au nom de l’islam pour les combattants qui luttent pour renverser Bachar al-Assad. Le cheikh Mohammed al-Arifi, un dignitaire religieux saoudien, prône l’adultère autorisé de dix minutes à 90 ans à travers une fatwa dont le but est «de permettre aux combattants d’exercer leur droit aux rapports sexuels, ce qui renforce leur courage et augmente leur capacité et leur moral dans le combat». Les autorités religieuses expliquent que face au manque de femmes dans les zones de combat, le jihab du nikah constitue une solution adaptée en accord avec l’islam.</p> <p><br />Cette vision n’est pas partagée par les familles des jeunes filles tunisiennes rassemblées au sein de l'Association de secours aux Tunisiens à l'étranger. L’avocat Badis Koubadji, président de l’association, décrit les conditions de vie de ces jeunes femmes dans l’hebdomadaire Akher Khabar : «Dès qu’elles arrivent dans les camps des combattants islamistes, elles sont accueillies en grande pompe et une ‘‘zeffa’’ (cérémonie) est organisée à leur honneur. Ces jeunes femmes se mettent tout de suite au service des ‘‘thouars’’ (révolutionnaires) et sont prêtes à consommer. Six hommes se relaient souvent sur une seule femme tous les jours». L’avocat tente d’alerter l’Unicef et les organisations humanitaires sur les risques encourus par ces jeunes filles, qui n’ont pas de moyens de contraception. D’après lui et selon les familles, certaines auraient donné naissance à des enfants qui seront probablement abandonnés. <br /><br />Les associations de féministes tunisiennes ont de leur côté également réagi. A l’occasion de la fête de la femme qui a lieu le 13 août, rassemblées dans le collectif élargi Hrayer Tounes, elles ont organisé une marche pour dénoncer de manière catégorique le mariage des mineurs, la polygamie, le «jihad du nikah» et les tentatives visant à diviser en deux clans les femmes tunisiennes, et ce en allusion à la marche à laquelle a appelé le parti Ennahdha pour célébrer la fête de la femme. Le 6 septembre, le collectif est allé exiger devant le ministère de la Femme et de la Famille la démission de la ministre Shimen Badi et ont proposé qu’elle soit elle-même envoyée en Syrie pour pratiquer le jihad du nikah.</p> <p>Aïcha, elle, se sent aujourd’hui libérée et quand elle parle de religion, les mots «amour» et «paix» ponctuent son discours…<br /> <br /><br /></p> <p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt: auto; mso-margin-bottom-alt: auto;"><span style="font-family: Times;"><em> </em></span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><em> </em></p> <p> </p> Oseille et préjugés 2013-08-05T07:32:53+00:00 2013-08-05T07:32:53+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/485-orgueil-et-prejuges Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/jane%20austen.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Un deuxième homme a été arrêté dans le nord de l'Angleterre pour avoir menacé de mort et de viol sur Twitter l'activiste féministe Caroline Criado-Perez, la députée travailliste Stella Creasy et plusieurs journalistes. Le patron anglais du réseau social Tony Wang s'est fendu d'excuses publiques s'engageant à lutter fermement contre le harcèlement et les injures sexistes partagés en toute impunité entre internautes. Ce cas continue néanmoins à faire la une des journaux d'outre-Manche.</p> <p>Pourquoi cette jeune femme a-t-elle subi un déluge d'insultes et des menaces visant son intégrité physique ? Principalement parce qu'elle a lancé une campagne contre l'idée de la Banque d'Angleterre qui allait retirer du billet de 5£ Elizabeth Fry, philanthrope à l'origine de réformes dans les prisons britanniques au XIXe siècle, en la remplaçant par Winston Churchill. Caroline Criado-Perez a d'abord lancé une pétition intitulée "Bank of England: Keep a Woman on English Banknotes" et a ensuite milité pour que l'écrivaine Jane Austen puisse apparaître elle aussi sur des billets. La presse anglaise a largement couvert la bataille entre David et Goliath et au final, les prochains billets de 10£ arboreront le portrait de Jane Austen tandis que ceux de 5£ celui de Winston Churchill.</p> <p>Cette soudaine visibilité a focalisé les sexistes de tous poils sur la personne de Caroline Criado-Perez qui ont alors laissé libre cours à la haine ordinaire. Celle qui a créé le <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://thewomensroom.org.uk/">women's room</a></span>, vaste base de données rassemblant les expert-e-s les plus pointu-e-s en matière de féminisme, qui permet notamment aux médias de solliciter l'intervenant-e la/le plus approprié-e pour un sujet donné, atteint-elle le but qu'elle s'était fixé ? A savoir obtenir une meilleure représentation des femmes dans les médias et proposer une expertise sur les rapports sociaux de sexe ? Ou bien n'est-elle que la énième victime de ces relations dominants-dominé-e-s justement ? Même si elle s'est dit horrifiée par toute cette violence, elle retient les aspects positifs de son action. Elle sait aussi que la lutte sur les réseaux sociaux ne fait que commencer et qu'il ne faut pas laisser les discours sexistes, homophobes et racistes occuper le terrain.</p> <p><img src="images/ailleurs/jane%20austen.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Un deuxième homme a été arrêté dans le nord de l'Angleterre pour avoir menacé de mort et de viol sur Twitter l'activiste féministe Caroline Criado-Perez, la députée travailliste Stella Creasy et plusieurs journalistes. Le patron anglais du réseau social Tony Wang s'est fendu d'excuses publiques s'engageant à lutter fermement contre le harcèlement et les injures sexistes partagés en toute impunité entre internautes. Ce cas continue néanmoins à faire la une des journaux d'outre-Manche.</p> <p>Pourquoi cette jeune femme a-t-elle subi un déluge d'insultes et des menaces visant son intégrité physique ? Principalement parce qu'elle a lancé une campagne contre l'idée de la Banque d'Angleterre qui allait retirer du billet de 5£ Elizabeth Fry, philanthrope à l'origine de réformes dans les prisons britanniques au XIXe siècle, en la remplaçant par Winston Churchill. Caroline Criado-Perez a d'abord lancé une pétition intitulée "Bank of England: Keep a Woman on English Banknotes" et a ensuite milité pour que l'écrivaine Jane Austen puisse apparaître elle aussi sur des billets. La presse anglaise a largement couvert la bataille entre David et Goliath et au final, les prochains billets de 10£ arboreront le portrait de Jane Austen tandis que ceux de 5£ celui de Winston Churchill.</p> <p>Cette soudaine visibilité a focalisé les sexistes de tous poils sur la personne de Caroline Criado-Perez qui ont alors laissé libre cours à la haine ordinaire. Celle qui a créé le <span style="text-decoration: underline;"><a href="http://thewomensroom.org.uk/">women's room</a></span>, vaste base de données rassemblant les expert-e-s les plus pointu-e-s en matière de féminisme, qui permet notamment aux médias de solliciter l'intervenant-e la/le plus approprié-e pour un sujet donné, atteint-elle le but qu'elle s'était fixé ? A savoir obtenir une meilleure représentation des femmes dans les médias et proposer une expertise sur les rapports sociaux de sexe ? Ou bien n'est-elle que la énième victime de ces relations dominants-dominé-e-s justement ? Même si elle s'est dit horrifiée par toute cette violence, elle retient les aspects positifs de son action. Elle sait aussi que la lutte sur les réseaux sociaux ne fait que commencer et qu'il ne faut pas laisser les discours sexistes, homophobes et racistes occuper le terrain.</p> Masanjia, camp de travail pour femmes 2013-06-14T04:09:21+00:00 2013-06-14T04:09:21+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/475-masanjia-camp-de-travail-pour-femmes Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/liu%20hua.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal">Copiés sur le modèle soviétique, les camps de travail chinois ont été mis en place par Mao Zedong dès le milieu des années 50 afin de supprimer les ennemis de la révolution, pour reprendre la terminologie de l’époque. Cet outil de répression politique a été conservé sous l’ère Deng Xiaoping et s’est adapté à la nouvelle donne économique pendant les périodes Jiang Zemin et Hu Jintao fournissant une main d’œuvre gratuite qui travaille notamment dans la production textile à destination de l’Occident. Ils seraient 190'000 selon les chiffres officiels et 500'000 selon la Fondation Laogai (abréviation de l<span class="st"><em>áodòng gǎizào</em>, rééducation par le travail) détenus dans 350 camps à travers le pays en toute illégalité. Leur délit ? Avoir exprimé leur opinion sur Internet ou lancé des pétitions pour demander plus de justice au gouvernement. Et si l’existence même de ces camps violent les droits les plus élémentaires des citoyen-ne-s, les autorités ont la capacité de contourner la loi pour détenir de façon arbitraire tout individu jusqu’à quatre ans sans avoir de comptes à rendre.</span></p> <p class="MsoNormal"><span class="st">Du Bin, un jeune </span>reporter, a tourné clandestinement un documentaire sur le camp de femmes de Masanjia, près de Shenyang dans le nord-est de la Chine. Intitulé <em>Women above ghost’s head</em>, le film est un témoignage de la barbarie impensable du système. Pendant plus d’une heure, face caméra, Liu Hua, une paysanne de 51 ans, raconte les atrocités des trois années qu’elle a passées à Masanjia. C’est après avoir découvert la corruption du secrétaire du parti et des officiels dans les instances locales de son village qu’elle et son mari ont été envoyés en camp de rééducation. Et si Liu Hua n’a été scolarisée que cinq ans, elle a réussi à écrire ce qu’elle vivait dans le camp, à apprendre par cœur les pages ainsi noircies et à les avaler pour éviter les coups. C’est ce témoignage livré en urgence que Du Bin a filmé. Liu Hua y parle à toute vitesse comme si elle allait ne jamais parvenir au bout, comme si elle craignait d’omettre des éléments importants.</p> <p class="MsoNormal">Elle dit le travail entre dix et quatorze heures par jour, elle dit le manque de nourriture (des légumes pourris, jamais de viande, quasi pas de riz), d’hygiène (une douche par mois), de soins (femmes enceintes, malades, handicapées ne voient jamais de médecins). Elle parle des conditions de travail insupportables, mais aussi des tortures subies. Le quotidien des 5'000 femmes de Masanjia permet à la Chine de produire à moindre coût des jouets, des jeans, des t-shirts exportés en Europe, en Corée du Sud notamment. Elle précise les catégories de prisonnières hiérarchisées par uniforme de couleur (pas si loin des triangles nationaux-socialistes...).</p> <p class="MsoNormal">En avril dernier, le magazine chinois <em>Lens</em> a tenté d’alerter l’opinion sur la situation en publiant des témoignages d’anciennes détenues mais Pékin a immédiatement censuré le reportage. Pour le réalisateur Du Bin, « il faut utiliser Internet pour conscientiser plus de gens. Je pense que dans de telles circonstances, aider à produire des films comme le mien, c’est aider les Chinois. C’est aussi aider les Chinois à parler et à dire la vérité». </p> <p class="MsoNormal">Le 31 mai dernier, quelques jours avant la date anniversaire de Tiananmen, Du Bin a été arrêté par la police. L’activiste Hu Jia a expliqué que «tous les livres et les notes de Du Bin ont été saisis. Le matériel concernant ses travaux sur Tiananmen et sur le camp de travail de Masanjia a disparu». Pour Catherine Baber, directrice d’Amnesty International en Asie, cette arrestation a un lien direct avec le reportage <em>Women Above Ghost’s Head</em>. Liu Hua et toutes les femmes qui ont eu le courage de s’exprimer risquent également d’être arrêtées à leur tour.</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Découvrir la vidéo <a href="http://www.youtube.com/watch?v=sFEl7oophB0"><span style="text-decoration: underline;">ici</span></a>.</p> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt: auto; mso-margin-bottom-alt: auto;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=sFEl7oophB0"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Times;"> </span></a></p> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><em>Photo tirée du film de Du Bin</em></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/liu%20hua.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal">Copiés sur le modèle soviétique, les camps de travail chinois ont été mis en place par Mao Zedong dès le milieu des années 50 afin de supprimer les ennemis de la révolution, pour reprendre la terminologie de l’époque. Cet outil de répression politique a été conservé sous l’ère Deng Xiaoping et s’est adapté à la nouvelle donne économique pendant les périodes Jiang Zemin et Hu Jintao fournissant une main d’œuvre gratuite qui travaille notamment dans la production textile à destination de l’Occident. Ils seraient 190'000 selon les chiffres officiels et 500'000 selon la Fondation Laogai (abréviation de l<span class="st"><em>áodòng gǎizào</em>, rééducation par le travail) détenus dans 350 camps à travers le pays en toute illégalité. Leur délit ? Avoir exprimé leur opinion sur Internet ou lancé des pétitions pour demander plus de justice au gouvernement. Et si l’existence même de ces camps violent les droits les plus élémentaires des citoyen-ne-s, les autorités ont la capacité de contourner la loi pour détenir de façon arbitraire tout individu jusqu’à quatre ans sans avoir de comptes à rendre.</span></p> <p class="MsoNormal"><span class="st">Du Bin, un jeune </span>reporter, a tourné clandestinement un documentaire sur le camp de femmes de Masanjia, près de Shenyang dans le nord-est de la Chine. Intitulé <em>Women above ghost’s head</em>, le film est un témoignage de la barbarie impensable du système. Pendant plus d’une heure, face caméra, Liu Hua, une paysanne de 51 ans, raconte les atrocités des trois années qu’elle a passées à Masanjia. C’est après avoir découvert la corruption du secrétaire du parti et des officiels dans les instances locales de son village qu’elle et son mari ont été envoyés en camp de rééducation. Et si Liu Hua n’a été scolarisée que cinq ans, elle a réussi à écrire ce qu’elle vivait dans le camp, à apprendre par cœur les pages ainsi noircies et à les avaler pour éviter les coups. C’est ce témoignage livré en urgence que Du Bin a filmé. Liu Hua y parle à toute vitesse comme si elle allait ne jamais parvenir au bout, comme si elle craignait d’omettre des éléments importants.</p> <p class="MsoNormal">Elle dit le travail entre dix et quatorze heures par jour, elle dit le manque de nourriture (des légumes pourris, jamais de viande, quasi pas de riz), d’hygiène (une douche par mois), de soins (femmes enceintes, malades, handicapées ne voient jamais de médecins). Elle parle des conditions de travail insupportables, mais aussi des tortures subies. Le quotidien des 5'000 femmes de Masanjia permet à la Chine de produire à moindre coût des jouets, des jeans, des t-shirts exportés en Europe, en Corée du Sud notamment. Elle précise les catégories de prisonnières hiérarchisées par uniforme de couleur (pas si loin des triangles nationaux-socialistes...).</p> <p class="MsoNormal">En avril dernier, le magazine chinois <em>Lens</em> a tenté d’alerter l’opinion sur la situation en publiant des témoignages d’anciennes détenues mais Pékin a immédiatement censuré le reportage. Pour le réalisateur Du Bin, « il faut utiliser Internet pour conscientiser plus de gens. Je pense que dans de telles circonstances, aider à produire des films comme le mien, c’est aider les Chinois. C’est aussi aider les Chinois à parler et à dire la vérité». </p> <p class="MsoNormal">Le 31 mai dernier, quelques jours avant la date anniversaire de Tiananmen, Du Bin a été arrêté par la police. L’activiste Hu Jia a expliqué que «tous les livres et les notes de Du Bin ont été saisis. Le matériel concernant ses travaux sur Tiananmen et sur le camp de travail de Masanjia a disparu». Pour Catherine Baber, directrice d’Amnesty International en Asie, cette arrestation a un lien direct avec le reportage <em>Women Above Ghost’s Head</em>. Liu Hua et toutes les femmes qui ont eu le courage de s’exprimer risquent également d’être arrêtées à leur tour.</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Découvrir la vidéo <a href="http://www.youtube.com/watch?v=sFEl7oophB0"><span style="text-decoration: underline;">ici</span></a>.</p> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt: auto; mso-margin-bottom-alt: auto;"><a href="http://www.youtube.com/watch?v=sFEl7oophB0"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Times;"> </span></a></p> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><em>Photo tirée du film de Du Bin</em></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> Abercrombie n'aime pas les femmes 2013-05-21T07:37:16+00:00 2013-05-21T07:37:16+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/468-abercrombie-naime-pas-les-femmes Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/AF.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>La célèbre marque de vêtements n'en est pas à son coup d'essai: provoquer, discriminer, mépriser fait partie de sa stratégie marketing et véhicule de fait des valeurs négatives. A écouter son PDG, Mike Jeffries, seule une petite élite serait digne de porter du A&amp;F.</p> <p><br />Dans une interview fleuve accordée au journal en ligne Salon, celui-ci expliquait la raison des castings à l'embauche pour les vendeurs-euses et autres floor-managers: "Les gens beaux attirent les gens beaux et nous ne voulons vendre qu'aux gens beaux et cool. Les autres, on n'en veut pas". On peut s'interroger sur sa définition du cool face à une attitude aussi rigide. Il y a quelques jours, le patron récidivait sur Business Insider qui indiquait que la marque ne produirait ni ne vendrait de vêtements pour femmes au-delà de la taille 36. Sachant qu'en 2007 on comptait 2,3 millions de personnes en surpoids en Suisse et que la taille la plus vendue n'est de loin pas le 36, Abercrombie and Fitch ne vendra pas grand-chose en Helvétie… Toutefois Mesdames, vous qui vous nourrissez de temps en temps, vous pouvez tenter votre chance dans les magasins de l'enseigne en allant directement à l'étage homme: les vendeurs beaux et minces vous y redirigent automatiquement. Et là on se pose la question: les hommes ne sont-ils pas soumis à la même mesure restrictive que les femmes? Eh bien non pas du tout, les rayons regorgent de XL, XXL et plus encore. Pourquoi? Mais parce que ces messieurs sont sportifs et donc musclés. Non ce ne peut pas être du gras c'est que du bi-, du tri, du quadriceps et j'en passe!</p> <p><br />Résumons: des filles à la taille de guêpe et des gars… comme ils sont. Si on ajoute que la restriction de taille pour les habits féminins ne concerne pas les soutiens-gorge, que la marque continuera de commercialiser en bonnets D, cela donne une image assez claire de la femme selon A&amp;F: un squelette à gros seins, soit une représentation très univoque de 50% de l'humanité. D'ailleurs la presse étasunienne a souvent interrogé Mike Jeffries à ce sujet, arguant du fait que ces campagnes publicitaires avaient un univers homoérotique. Ce à quoi l'intéressé répond "C'est complètement faux! Je pense que ce que nous représentons est sexuellement sain. C'est ludique. Ce n'est pas sombre. Ce n'est pas dégradant". Pour lui, on est plus dans la camaraderie. Certes. Ses ambiguïtés sur ce terrain contrastent avec la franche misogynie qu'il affiche pour le reste de son positionnement.</p> <p><br />Et que dire de son refus de donner des invendus à des organisations caritatives, préférant les brûler? Les pauvres, même s'ils entrent dans les critères de taille, ne sont-ils pas assez beaux et cools pour porter A&amp;F?</p> <p><br />Au regard de tout ça, Abercrombie est sans doute la marque la moins belle et la moins cool qui soit.<br /><br /></p> <p><img src="images/ailleurs/AF.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>La célèbre marque de vêtements n'en est pas à son coup d'essai: provoquer, discriminer, mépriser fait partie de sa stratégie marketing et véhicule de fait des valeurs négatives. A écouter son PDG, Mike Jeffries, seule une petite élite serait digne de porter du A&amp;F.</p> <p><br />Dans une interview fleuve accordée au journal en ligne Salon, celui-ci expliquait la raison des castings à l'embauche pour les vendeurs-euses et autres floor-managers: "Les gens beaux attirent les gens beaux et nous ne voulons vendre qu'aux gens beaux et cool. Les autres, on n'en veut pas". On peut s'interroger sur sa définition du cool face à une attitude aussi rigide. Il y a quelques jours, le patron récidivait sur Business Insider qui indiquait que la marque ne produirait ni ne vendrait de vêtements pour femmes au-delà de la taille 36. Sachant qu'en 2007 on comptait 2,3 millions de personnes en surpoids en Suisse et que la taille la plus vendue n'est de loin pas le 36, Abercrombie and Fitch ne vendra pas grand-chose en Helvétie… Toutefois Mesdames, vous qui vous nourrissez de temps en temps, vous pouvez tenter votre chance dans les magasins de l'enseigne en allant directement à l'étage homme: les vendeurs beaux et minces vous y redirigent automatiquement. Et là on se pose la question: les hommes ne sont-ils pas soumis à la même mesure restrictive que les femmes? Eh bien non pas du tout, les rayons regorgent de XL, XXL et plus encore. Pourquoi? Mais parce que ces messieurs sont sportifs et donc musclés. Non ce ne peut pas être du gras c'est que du bi-, du tri, du quadriceps et j'en passe!</p> <p><br />Résumons: des filles à la taille de guêpe et des gars… comme ils sont. Si on ajoute que la restriction de taille pour les habits féminins ne concerne pas les soutiens-gorge, que la marque continuera de commercialiser en bonnets D, cela donne une image assez claire de la femme selon A&amp;F: un squelette à gros seins, soit une représentation très univoque de 50% de l'humanité. D'ailleurs la presse étasunienne a souvent interrogé Mike Jeffries à ce sujet, arguant du fait que ces campagnes publicitaires avaient un univers homoérotique. Ce à quoi l'intéressé répond "C'est complètement faux! Je pense que ce que nous représentons est sexuellement sain. C'est ludique. Ce n'est pas sombre. Ce n'est pas dégradant". Pour lui, on est plus dans la camaraderie. Certes. Ses ambiguïtés sur ce terrain contrastent avec la franche misogynie qu'il affiche pour le reste de son positionnement.</p> <p><br />Et que dire de son refus de donner des invendus à des organisations caritatives, préférant les brûler? Les pauvres, même s'ils entrent dans les critères de taille, ne sont-ils pas assez beaux et cools pour porter A&amp;F?</p> <p><br />Au regard de tout ça, Abercrombie est sans doute la marque la moins belle et la moins cool qui soit.<br /><br /></p> Bonnes soeurs féministes radicales 2013-05-14T12:26:45+00:00 2013-05-14T12:26:45+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/466-bonnes-soeurs-feministes-radicales Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/florence%20deacon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>La semaine dernière, le pape François a reçu des religieuses du monde entier, tandis que son prédécesseur n’avait pas jugé opportun de le faire. Cette rencontre, qui aurait pu être interprétée comme une démarche reconnaissante à l’égard des ordres féminins, avait en réalité un but bien précis : la mise au pas des nonnes américaines de la LCWR dont la contestation jugée féministe radicale par le Vatican leur avait valu une enquête visant à évaluer si elles étaient bien sur le droit chemin, cela sous la houlette du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Müller. Des mesures répressives avaient été envisagées avec à la clef, la restructuration de leur organisation.</p> <p>Créée en 1956, la Leadership Conference of Women Religious regroupe 57 000 religieuses américaines, soit 80% des effectifs féminins, autant dire une force que le Saint-Siège ne peut ignorer. Le problème est que ces femmes donnent leur avis sur tout un tas de sujets de société avec des prises de position assez libérales en matière de contraception, d’avortement, d’homosexualité, de divorce et d’ordination. Entre les livres qu’elles publient ou l’émission de radio Interfaith de Soeur Maureen Fiedler qui cartonne au Etats-Unis et au Canada, leur parole est largement diffusée. Qu’on se rassure, elles ne se pavanent pas torse nu à l’instar des Femen ni ne versent dans le terrorisme post-porno. D’ailleurs la présidente de la LCWR, Sœur Florence Deacon conteste l’étiquette féministe et l’a confié dans une interview au New York Times en octobre 2012: «J’ai été surprise qu’on nous dise féministes radicales. Je pourrais tout à fait leur présenter de vraies féministes radicales».</p> <p>Leur remise en cause de la domination masculine au sein de la hiérarchie de l’Eglise s’est néanmoins heurtée à des siècles de conservatisme. Alors même que l’arrivée d’un nouveau pape réputé plus ouvert et disposé à réformer la Curie avait suscité beaucoup d’espoir, force est de constater que le changement n’est pas pour maintenant. Si le souverain pontife a salué le travail caritatif des Américaines, il leur a rappelé dans une rhétorique ambivalente et confuse à souhait dont l’Eglise a le secret qu’elles devaient être des «mères» à la «chasteté féconde» et non des «vieilles filles».</p> <p>Dans ce conflit ouvert avec la hiéararchie catholique, les religieuses bénéficient du large soutien de la société civile qui apprécie leur engagement aux côtés des plus démuni-e-s. A trop se déconnecter de la vie de leurs ouailles et de leurs serviteurs, les chefs du Vatican risquent d’atteindre un point de rupture selon une analyse du théologien catholique contestataire suisse Hans Küng, qui estime que si rien ne se passe, «l’appel <em>indignez-vous</em> se fera entendre de plus en plus fort à l’intérieur de l’Eglise». Pour l’heure, le pape François a validé le rappel à l’ordre et la démarche répressive à l’encontre de la LCWR, voulus par Benoît XVI.</p> <p> </p> <p> © Photo DR, <em>Florence Deacon présidente de la LCWR</em></p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/florence%20deacon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>La semaine dernière, le pape François a reçu des religieuses du monde entier, tandis que son prédécesseur n’avait pas jugé opportun de le faire. Cette rencontre, qui aurait pu être interprétée comme une démarche reconnaissante à l’égard des ordres féminins, avait en réalité un but bien précis : la mise au pas des nonnes américaines de la LCWR dont la contestation jugée féministe radicale par le Vatican leur avait valu une enquête visant à évaluer si elles étaient bien sur le droit chemin, cela sous la houlette du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Müller. Des mesures répressives avaient été envisagées avec à la clef, la restructuration de leur organisation.</p> <p>Créée en 1956, la Leadership Conference of Women Religious regroupe 57 000 religieuses américaines, soit 80% des effectifs féminins, autant dire une force que le Saint-Siège ne peut ignorer. Le problème est que ces femmes donnent leur avis sur tout un tas de sujets de société avec des prises de position assez libérales en matière de contraception, d’avortement, d’homosexualité, de divorce et d’ordination. Entre les livres qu’elles publient ou l’émission de radio Interfaith de Soeur Maureen Fiedler qui cartonne au Etats-Unis et au Canada, leur parole est largement diffusée. Qu’on se rassure, elles ne se pavanent pas torse nu à l’instar des Femen ni ne versent dans le terrorisme post-porno. D’ailleurs la présidente de la LCWR, Sœur Florence Deacon conteste l’étiquette féministe et l’a confié dans une interview au New York Times en octobre 2012: «J’ai été surprise qu’on nous dise féministes radicales. Je pourrais tout à fait leur présenter de vraies féministes radicales».</p> <p>Leur remise en cause de la domination masculine au sein de la hiérarchie de l’Eglise s’est néanmoins heurtée à des siècles de conservatisme. Alors même que l’arrivée d’un nouveau pape réputé plus ouvert et disposé à réformer la Curie avait suscité beaucoup d’espoir, force est de constater que le changement n’est pas pour maintenant. Si le souverain pontife a salué le travail caritatif des Américaines, il leur a rappelé dans une rhétorique ambivalente et confuse à souhait dont l’Eglise a le secret qu’elles devaient être des «mères» à la «chasteté féconde» et non des «vieilles filles».</p> <p>Dans ce conflit ouvert avec la hiéararchie catholique, les religieuses bénéficient du large soutien de la société civile qui apprécie leur engagement aux côtés des plus démuni-e-s. A trop se déconnecter de la vie de leurs ouailles et de leurs serviteurs, les chefs du Vatican risquent d’atteindre un point de rupture selon une analyse du théologien catholique contestataire suisse Hans Küng, qui estime que si rien ne se passe, «l’appel <em>indignez-vous</em> se fera entendre de plus en plus fort à l’intérieur de l’Eglise». Pour l’heure, le pape François a validé le rappel à l’ordre et la démarche répressive à l’encontre de la LCWR, voulus par Benoît XVI.</p> <p> </p> <p> © Photo DR, <em>Florence Deacon présidente de la LCWR</em></p> <p> </p> Pip show marseillais 2013-04-22T07:35:56+00:00 2013-04-22T07:35:56+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/458-pip-show-marseillais Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/pip.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Hasard du calendrier et du lieu, l’installation de l’artiste plasticienne Camille Lorin a été présentée <span style="font-family: Times;"> à la piscine de Frais-Vallon, à Marseille, capitale européenne de la culture en 2013. Les 300 prothèses utilisées pour l’œuvre proviennent directement de l'usine Poly Implant Prothèse (PIP) dont cinq dirigeants sont actuellement jugés par le tribunal correctionnel de Marseille pour "tromperie aggravée" et "escroquerie". Le procès qui doit durer jusqu’au 17 mai prochain se tient dans un gymnase spécialement aménagé pour pouvoir accueillir les quelque 5250 plaignantes, françaises pour la plupart. Là encore, coïncidence sportive des espaces qui accueillent les deux événements.</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">Même si l’artiste se défend d’avoir travaillé autour du scandale en particulier, elle dit avoir voulu s’intéresser à la machine économique qui emporte les destins des humains. Dans ce cas, elle s’est attachée à la chirurgie esthétique, révélateur de « notre époque qui nous dessine et nous déforme » selon ses dires à l‘AFP. Et si elle affirme que celle-ci est « avant tout économique avant d'être politique ou social (e) »,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>son questionnement des stéréotypes et du modèle dominant occidental en matière de beauté est pour le moins politique. Directement issue de l’industrie pornographique qui résume la femme à une blonde à gros seins, la représentation que l’artiste dénonce à travers son exposition est celle qui inonde aujourd’hui nos écrans et à laquelle les femmes du monde (entier) s’identifient (trop). Pour ressembler à cette prétendue femme idéale universelle, le recours à la chirurgie et aux prothèses serait devenu un passage obligé. Avec les risques qu’on sait…</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">En effet, les autorités sanitaires françaises ont révélé qu’environ 25% des prothèses PIP retirées depuis le début du scandale, étaient défectueuses (rupture d'enveloppe, perspiration du gel), générant notamment des réactions irritantes, inflammatoires voire des nécroses. En France, 30 000 femmes se sont fait implanter ce type de prothèses. L’essentiel du problème reste pourtant à l’étranger (Amérique latine notamment) où l’entreprise PIP réalisait 84% de son chiffre d’affaires. Plusieurs femmes ont d’ailleurs commencé à se regrouper pour saisir la justice de leur pays et suivent le procès de Marseille avec attention.</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">Ce qui s’annonce de longue haleine dans cette affaire, n’est qu’éphémère dans l’installation de Camille Lorin dont les <em>Performances au fond de la piscine</em></span><span style="font-family: Times;"> n’ont été présentées que le temps d’une nuit. Pour les femmes ayant eu recours à des prothèses défectueuses, le calvaire durera probablement au-delà du procès quelle qu’en soit l’issue. Pour certaines d’entre elles, il s’agissait de reconstruction mammaire après un cancer et pas seulement d’une aliénation esthétique que dénonce l'artiste.</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">© Photo DR<br /></span></p> <h2> </h2> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/pip.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Hasard du calendrier et du lieu, l’installation de l’artiste plasticienne Camille Lorin a été présentée <span style="font-family: Times;"> à la piscine de Frais-Vallon, à Marseille, capitale européenne de la culture en 2013. Les 300 prothèses utilisées pour l’œuvre proviennent directement de l'usine Poly Implant Prothèse (PIP) dont cinq dirigeants sont actuellement jugés par le tribunal correctionnel de Marseille pour "tromperie aggravée" et "escroquerie". Le procès qui doit durer jusqu’au 17 mai prochain se tient dans un gymnase spécialement aménagé pour pouvoir accueillir les quelque 5250 plaignantes, françaises pour la plupart. Là encore, coïncidence sportive des espaces qui accueillent les deux événements.</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">Même si l’artiste se défend d’avoir travaillé autour du scandale en particulier, elle dit avoir voulu s’intéresser à la machine économique qui emporte les destins des humains. Dans ce cas, elle s’est attachée à la chirurgie esthétique, révélateur de « notre époque qui nous dessine et nous déforme » selon ses dires à l‘AFP. Et si elle affirme que celle-ci est « avant tout économique avant d'être politique ou social (e) »,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>son questionnement des stéréotypes et du modèle dominant occidental en matière de beauté est pour le moins politique. Directement issue de l’industrie pornographique qui résume la femme à une blonde à gros seins, la représentation que l’artiste dénonce à travers son exposition est celle qui inonde aujourd’hui nos écrans et à laquelle les femmes du monde (entier) s’identifient (trop). Pour ressembler à cette prétendue femme idéale universelle, le recours à la chirurgie et aux prothèses serait devenu un passage obligé. Avec les risques qu’on sait…</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">En effet, les autorités sanitaires françaises ont révélé qu’environ 25% des prothèses PIP retirées depuis le début du scandale, étaient défectueuses (rupture d'enveloppe, perspiration du gel), générant notamment des réactions irritantes, inflammatoires voire des nécroses. En France, 30 000 femmes se sont fait implanter ce type de prothèses. L’essentiel du problème reste pourtant à l’étranger (Amérique latine notamment) où l’entreprise PIP réalisait 84% de son chiffre d’affaires. Plusieurs femmes ont d’ailleurs commencé à se regrouper pour saisir la justice de leur pays et suivent le procès de Marseille avec attention.</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">Ce qui s’annonce de longue haleine dans cette affaire, n’est qu’éphémère dans l’installation de Camille Lorin dont les <em>Performances au fond de la piscine</em></span><span style="font-family: Times;"> n’ont été présentées que le temps d’une nuit. Pour les femmes ayant eu recours à des prothèses défectueuses, le calvaire durera probablement au-delà du procès quelle qu’en soit l’issue. Pour certaines d’entre elles, il s’agissait de reconstruction mammaire après un cancer et pas seulement d’une aliénation esthétique que dénonce l'artiste.</span></p> <p> </p> <p><span style="font-family: Times;">© Photo DR<br /></span></p> <h2> </h2> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> 20ème: Tenon bon 2013-04-19T05:31:51+00:00 2013-04-19T05:31:51+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/457-xxeme-tenon-bon Nathalie Brochard [email protected] <p> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/tenon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal">En France, la période est houleuse sur le front social. Une nouvelle droite composée de conservateurs traditionalistes et d’éléments radicaux, principalement intégristes catholiques et extrêmistes de droite, profite des débats parlementaires autour de la loi Taubira pour occuper le terrain et radicaliser le mouvement anti-mariage pour tous. L’attitude des élu-e-s, qu’ils soient de droite ou de gauche, brille par leur retenue : les condamnations devant les actes de violence homophobes, les prières de rue illégales, les agressions de journalistes ou autres sit-in non autorisés sont rares et quand elles sont, elles se font du bout des lèvres. Pourquoi ? Y aurait-il une convergence tacite entre parlementaires sur un retour à l’ordre moral que la France, fille aînée de l’Eglise, appellerait de tous ses voeux? Comment des mouvements dormants comme Civitas ou le GUD occupent-ils, tout à coup, le devant de la scène ?</p> <p class="MsoNormal">En réalité, ils ont toujours fonctionné, se rassemblant sur des thématiques moins médiatiques que le Mariage pour tous : ainsi l’institut Civitas via sa branche junior, France-Jeunesse-Civitas<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>participe depuis des années aux actions contre les centres IVG des hôpitaux aux côtés d’associations comme SOS tout-petits. Peut-on encore s’étonner que les femmes et les minorités soient les cibles privilégiées de ces pourfendeurs de «gauchistes assassins et sodomites» selon leur rhétorique idéologique ?</p> <p class="MsoNormal">Un collectif parisien du XX<sup>ème</sup> arrondissement est aux avant-postes depuis des années et fait front pour que reste en activité le centre IVG de l’hôpital Tenon. Chaque mois, les catholiques intégristes et la droite extrême se donnent rendez-vous devant l’hôpital pour prier et manifester violemment. Les habitant-e-s du quartier sont excédé-e-s. Face aux slogans pseudo-subversifs empruntés à une gauche que pourtant ils exècrent, le collectif a le sien : «Tenon bon». Depuis plusieurs années, les militant-e-s tiennent bon et les femmes ont accès tant bien que mal aux services du centre. l’émiliE a interviewé Marie Josée Pépin, une représentante du collectif, devenu symbole de résistance à la menace réactionnaire.</p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><strong><span style="font-family: Times;">l’émiliE : Depuis quand votre centre IVG connaît-il des difficultés à exercer ses activités?</span></strong></p> <p class="MsoNormal"><strong>Marie Josée Pépin</strong> <span style="font-family: Times;">: Dans le cadre de la loi Hopital Santé Territoire, dite loi Bachelot</span><span style="font-family: Verdana;">, </span><span style="font-family: Times;">on regroupe des hôpitaux en pôle, on mutualise les moyens et on ferme des centres. </span><span style="font-family: Times;">En sept ans, 250 CIVG ont ainsi fermé.</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">L'hôpital Tenon entrait dans ce cadre. Il a fermé en juillet 2009, en catimini, après le départ en retraite du médecin. </span><span style="font-family: Verdana;">A</span><span style="font-family: Times;"> l'initiative de l'association Droits des Femmes XX<sup>e</sup>, un collectif est créé et nous occupons le terrain depuis le 15 octobre 2009. Après une lutte victorieuse de 18 mois, le centre rouvrait le 26 avril 2011. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> <br /> <br /> </span><strong><span style="font-family: Times;">Les catholiques intégristes essaient-ils encore d’intimider les femmes aux portes du centre?</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span></strong><span style="font-family: Times;">En septembre 2011, ils essayaient de pénétrer dans l'hôpital</span><span style="font-family: Verdana;">, l</span><span style="font-family: Times;">a réouverture étant pour eux un symbole intolérable du droit des femmes à disposer de leurs corps. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Et, déjà en 1986, époque où ils attaquaient les centres en cassant le matériel, frappant les médecins, Tenon avait été leur première agression !</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Ils reviennent pratiquement tous les mois, prient, avec prêtres et images mensongères violentes. Samedi 20 avril, cela fera la 15ème fois. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Depuis le débat sur le mariage pour tous en France, immédiatement, ils ont lié les deux sujets </span><span style="font-family: Times;">et des propos homophobes sont tenus par leurs fidèles.</span></p> <p class="MsoNormal"><strong><span style="font-family: Times;">Pourquoi l’hôpital Tenon? Est-ce pareil devant tous les centres IVG de France ?</span></strong></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times;">Ils sont présents sur Grenoble et Bordeaux et à chaque fois, il y a une histoire.  </span><span style="font-family: Times;">Grenoble fut le premier centre IVG ouvert en France. A Bordeaux,</span><span> </span><span style="font-family: Times;">Juppé, ancien ministre et maire, a donné une église aux intégristes…</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Verdana;"> <br /> <br /> </span><strong><span style="font-family: Times;">Pourquoi vos droits d’expression ont-ils été restreints (interdiction de manifestation + interdiction de territoire autour de l’hôpital)?</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span></strong><span style="font-family: Times;">Nous sommes présentes à chaque fois. La première fois a été un peu tendue avec la police, mais rien de grave. La police a comme arguments qu'il y aurait des incidents, donc nous interdit de manifester autour de l'hôpital et interdit de territoire. Par contre, ils sont eux "autorisés" à prier... à côté de l'hôpital. En décembre 2012, le comble, on nous a interdit de diffuser des tracts!</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Nous pensions que les choses changeraient avec le nouveau gouvernement, or il n'en est rien. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Il semblerait que ce soit Valls, ministre de l'Intérieur, qui bloque la situation. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> <br /> </span><strong><span style="font-family: Times;">Quels sont vos soutiens? Quelles sont vos prochaines actions?</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span></strong><span style="font-family: Times;">Nous comptons d'abord sur nous-mêmes, le collectif est soudé, très soutenu par la population, </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">les associations, les syndicats CGT et Sud santé, les organisations politiques de gauche, les éluEs plus particulièrement, celles et ceux du Front de Gauche.</span></p> <p> </p> <p>Plus d'infos sous <a href="http://collectifivgtenon.wordpress.com/">http://collectifivgtenon.wordpress.com/</a></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times;">  </span><span style="font-family: Verdana;"><br style="mso-special-character: line-break;" /> <br style="mso-special-character: line-break;" /> </span></p> <p> </p> <p> <img src="images/ailleurs/tenon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal">En France, la période est houleuse sur le front social. Une nouvelle droite composée de conservateurs traditionalistes et d’éléments radicaux, principalement intégristes catholiques et extrêmistes de droite, profite des débats parlementaires autour de la loi Taubira pour occuper le terrain et radicaliser le mouvement anti-mariage pour tous. L’attitude des élu-e-s, qu’ils soient de droite ou de gauche, brille par leur retenue : les condamnations devant les actes de violence homophobes, les prières de rue illégales, les agressions de journalistes ou autres sit-in non autorisés sont rares et quand elles sont, elles se font du bout des lèvres. Pourquoi ? Y aurait-il une convergence tacite entre parlementaires sur un retour à l’ordre moral que la France, fille aînée de l’Eglise, appellerait de tous ses voeux? Comment des mouvements dormants comme Civitas ou le GUD occupent-ils, tout à coup, le devant de la scène ?</p> <p class="MsoNormal">En réalité, ils ont toujours fonctionné, se rassemblant sur des thématiques moins médiatiques que le Mariage pour tous : ainsi l’institut Civitas via sa branche junior, France-Jeunesse-Civitas<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>participe depuis des années aux actions contre les centres IVG des hôpitaux aux côtés d’associations comme SOS tout-petits. Peut-on encore s’étonner que les femmes et les minorités soient les cibles privilégiées de ces pourfendeurs de «gauchistes assassins et sodomites» selon leur rhétorique idéologique ?</p> <p class="MsoNormal">Un collectif parisien du XX<sup>ème</sup> arrondissement est aux avant-postes depuis des années et fait front pour que reste en activité le centre IVG de l’hôpital Tenon. Chaque mois, les catholiques intégristes et la droite extrême se donnent rendez-vous devant l’hôpital pour prier et manifester violemment. Les habitant-e-s du quartier sont excédé-e-s. Face aux slogans pseudo-subversifs empruntés à une gauche que pourtant ils exècrent, le collectif a le sien : «Tenon bon». Depuis plusieurs années, les militant-e-s tiennent bon et les femmes ont accès tant bien que mal aux services du centre. l’émiliE a interviewé Marie Josée Pépin, une représentante du collectif, devenu symbole de résistance à la menace réactionnaire.</p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><strong><span style="font-family: Times;">l’émiliE : Depuis quand votre centre IVG connaît-il des difficultés à exercer ses activités?</span></strong></p> <p class="MsoNormal"><strong>Marie Josée Pépin</strong> <span style="font-family: Times;">: Dans le cadre de la loi Hopital Santé Territoire, dite loi Bachelot</span><span style="font-family: Verdana;">, </span><span style="font-family: Times;">on regroupe des hôpitaux en pôle, on mutualise les moyens et on ferme des centres. </span><span style="font-family: Times;">En sept ans, 250 CIVG ont ainsi fermé.</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">L'hôpital Tenon entrait dans ce cadre. Il a fermé en juillet 2009, en catimini, après le départ en retraite du médecin. </span><span style="font-family: Verdana;">A</span><span style="font-family: Times;"> l'initiative de l'association Droits des Femmes XX<sup>e</sup>, un collectif est créé et nous occupons le terrain depuis le 15 octobre 2009. Après une lutte victorieuse de 18 mois, le centre rouvrait le 26 avril 2011. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> <br /> <br /> </span><strong><span style="font-family: Times;">Les catholiques intégristes essaient-ils encore d’intimider les femmes aux portes du centre?</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span></strong><span style="font-family: Times;">En septembre 2011, ils essayaient de pénétrer dans l'hôpital</span><span style="font-family: Verdana;">, l</span><span style="font-family: Times;">a réouverture étant pour eux un symbole intolérable du droit des femmes à disposer de leurs corps. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Et, déjà en 1986, époque où ils attaquaient les centres en cassant le matériel, frappant les médecins, Tenon avait été leur première agression !</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Ils reviennent pratiquement tous les mois, prient, avec prêtres et images mensongères violentes. Samedi 20 avril, cela fera la 15ème fois. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Depuis le débat sur le mariage pour tous en France, immédiatement, ils ont lié les deux sujets </span><span style="font-family: Times;">et des propos homophobes sont tenus par leurs fidèles.</span></p> <p class="MsoNormal"><strong><span style="font-family: Times;">Pourquoi l’hôpital Tenon? Est-ce pareil devant tous les centres IVG de France ?</span></strong></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times;">Ils sont présents sur Grenoble et Bordeaux et à chaque fois, il y a une histoire.  </span><span style="font-family: Times;">Grenoble fut le premier centre IVG ouvert en France. A Bordeaux,</span><span> </span><span style="font-family: Times;">Juppé, ancien ministre et maire, a donné une église aux intégristes…</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Verdana;"> <br /> <br /> </span><strong><span style="font-family: Times;">Pourquoi vos droits d’expression ont-ils été restreints (interdiction de manifestation + interdiction de territoire autour de l’hôpital)?</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span></strong><span style="font-family: Times;">Nous sommes présentes à chaque fois. La première fois a été un peu tendue avec la police, mais rien de grave. La police a comme arguments qu'il y aurait des incidents, donc nous interdit de manifester autour de l'hôpital et interdit de territoire. Par contre, ils sont eux "autorisés" à prier... à côté de l'hôpital. En décembre 2012, le comble, on nous a interdit de diffuser des tracts!</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Nous pensions que les choses changeraient avec le nouveau gouvernement, or il n'en est rien. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">Il semblerait que ce soit Valls, ministre de l'Intérieur, qui bloque la situation. </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> <br /> </span><strong><span style="font-family: Times;">Quels sont vos soutiens? Quelles sont vos prochaines actions?</span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span></strong><span style="font-family: Times;">Nous comptons d'abord sur nous-mêmes, le collectif est soudé, très soutenu par la population, </span><span style="font-family: Verdana;"><br /> </span><span style="font-family: Times;">les associations, les syndicats CGT et Sud santé, les organisations politiques de gauche, les éluEs plus particulièrement, celles et ceux du Front de Gauche.</span></p> <p> </p> <p>Plus d'infos sous <a href="http://collectifivgtenon.wordpress.com/">http://collectifivgtenon.wordpress.com/</a></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times;">  </span><span style="font-family: Verdana;"><br style="mso-special-character: line-break;" /> <br style="mso-special-character: line-break;" /> </span></p> <p> </p> Viols en Inde, jusqu'à quand? 2013-03-18T09:24:26+00:00 2013-03-18T09:24:26+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/449-viols-en-inde-jusqua-quand Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/violeurs.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal">Après le viol de la touriste supposée lausannoise en Inde par quatre hommes vendredi passé, la polémique enfle tant en Suisse que dans le sous-continent: Reprenant à son compte les déclarations de l'inspecteur de police Avnesh Kumpar Budholiya, le ministre de l'Intérieur de l'Etat du Madhya Pradesh, Uma Shankar Gupta a déclaré que les touristes suisses avaient fait preuve d'imprudence dans un pays qu'ils connaissaient peu et qu'iis auraient dû s'informer auprès des autorités locales pour savoir où dormir. En tout état de cause, le camping sauvage n'est pas autorisé, ce qui "arrange" le ministre incapable de faire face aux viols dont sont victimes les femmes dans la région. Excédées, les associations féministes indiennes saisissent ce cas pour réclamer que la police et la justice fassent enfin leur travail. Mamta Sharma, présidente de la National Commission for Women, exige que le gouvernement prenne des mesures strictes en soulignant que "le fait que les violeurs restent impunis, doit nous amener à nous demander quelle image donne l'Inde au reste du monde".</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Aujourd'hui, des députés du parlement du Madhya Pradesh, scandalisés par la tournure des événements et par les déclarations d'Uma Shankar Gupta, siègent habillés en noir et demandent la démission du ministre de l'Intérieur. Ils réclament un débat d'urgence sur les violences faites aux femmes. Devant le chaos provoqué par les parlementaires, la session a été ajournée. La question des viols et des agressions sexuelles prend désormais une dimension diplomatique puisque la sécurité des touristes étrangers n'est pas assurée. Côté DFAE, Berne se couvre avec ses "conseils aux voyageurs" qui stipulent clairement qu'il y a "dans tout le pays une augmentation de viols et de délits sexuels. Il existe même un paragraphe pour les femmes précisant que celles "qui sont accompagnées d’un homme, sont moins importunées et voyageront de préférence en groupe ou se feront accompagner d'un guide reconnu. Cette recommandation vaut également pour les personnes qui ne sont pas familiarisées avec le pays". On ne peut être plus clair.</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Une diplomate suisse avait déjà été violée en 2003 à New-Dehli mais il aura fallu les manifestations massives de décembre 2012 pour que le parlement indien approuve enfin le projet de loi qui condamne les agresseurs à une peine plancher de 20 ans de prison. Combien de temps faudra-t-il encore pour que la loi soit vraiment appliquée?</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Photo DR, <em>les agresseurs présumés de la Suissesse</em></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p><img src="images/ailleurs/violeurs.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal">Après le viol de la touriste supposée lausannoise en Inde par quatre hommes vendredi passé, la polémique enfle tant en Suisse que dans le sous-continent: Reprenant à son compte les déclarations de l'inspecteur de police Avnesh Kumpar Budholiya, le ministre de l'Intérieur de l'Etat du Madhya Pradesh, Uma Shankar Gupta a déclaré que les touristes suisses avaient fait preuve d'imprudence dans un pays qu'ils connaissaient peu et qu'iis auraient dû s'informer auprès des autorités locales pour savoir où dormir. En tout état de cause, le camping sauvage n'est pas autorisé, ce qui "arrange" le ministre incapable de faire face aux viols dont sont victimes les femmes dans la région. Excédées, les associations féministes indiennes saisissent ce cas pour réclamer que la police et la justice fassent enfin leur travail. Mamta Sharma, présidente de la National Commission for Women, exige que le gouvernement prenne des mesures strictes en soulignant que "le fait que les violeurs restent impunis, doit nous amener à nous demander quelle image donne l'Inde au reste du monde".</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Aujourd'hui, des députés du parlement du Madhya Pradesh, scandalisés par la tournure des événements et par les déclarations d'Uma Shankar Gupta, siègent habillés en noir et demandent la démission du ministre de l'Intérieur. Ils réclament un débat d'urgence sur les violences faites aux femmes. Devant le chaos provoqué par les parlementaires, la session a été ajournée. La question des viols et des agressions sexuelles prend désormais une dimension diplomatique puisque la sécurité des touristes étrangers n'est pas assurée. Côté DFAE, Berne se couvre avec ses "conseils aux voyageurs" qui stipulent clairement qu'il y a "dans tout le pays une augmentation de viols et de délits sexuels. Il existe même un paragraphe pour les femmes précisant que celles "qui sont accompagnées d’un homme, sont moins importunées et voyageront de préférence en groupe ou se feront accompagner d'un guide reconnu. Cette recommandation vaut également pour les personnes qui ne sont pas familiarisées avec le pays". On ne peut être plus clair.</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Une diplomate suisse avait déjà été violée en 2003 à New-Dehli mais il aura fallu les manifestations massives de décembre 2012 pour que le parlement indien approuve enfin le projet de loi qui condamne les agresseurs à une peine plancher de 20 ans de prison. Combien de temps faudra-t-il encore pour que la loi soit vraiment appliquée?</p> <p class="MsoNormal"> </p> <p class="MsoNormal">Photo DR, <em>les agresseurs présumés de la Suissesse</em></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> Sauvons les potiches italiennes! 2013-03-12T09:35:48+00:00 2013-03-12T09:35:48+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/444-sauvons-les-potiches-italiennes Véronique Le Guen [email protected] <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black; mso-font-kerning: .5pt; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: HI;"><strong><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/LZanardo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black; mso-font-kerning: .5pt; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: HI;"><strong>Depuis 30 ans, les ''veline'', potiches cathodiques en petite tenue, subissent</strong></span> <strong>agressions</strong> <span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black;"><strong>verbales et humiliations. En 2008,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>une jeune businesswoman, Lorella Zanardo, part seule en guerre contre ce phénomène. Son webdoc, <em>Le Corps des Femmes</em></strong></span><span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black;"><strong>, connaît immédiatement un immense succès populaire. Rencontre avec une réalisatrice engagée.</strong></span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong>Quel a été le déclic pour commencer la réalisation de ce webdoc ?</strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">L'idée de ce documentaire m'est venue en décembre 2008.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>Je venais de rentrer en Italie après plusieurs années à l'étranger lorsque je suis passée par hasard devant une télévision allumée. J'y ai vu une femme d'une vingtaine d'années, à quatre pattes, enfermée dans une boîte en plexiglas servant de table aux invités.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>C'est à ce moment que je me suis dit qu'il fallait agir.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">J'ai contacté deux amis qui travaillent dans l'audiovisuel et nous avons décidé de consacrer nos vacances de Noël à regarder la télévision pendant 10 à 12 heures par jour. Nous avons ainsi enregistré 400 heures de divertissements populaires pour en extraire des images de la femme telle qu’elle apparaît sur les chaînes italiennes, qu'il s'agisse de la RAI ou de Mediaset. </span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">A partir de ce matériel (auquel se sont ajoutées quelques archives de la télévision italienne), j'ai écrit un texte, né dans la douleur plus que dans l'indignation. Ces heures et ces heures de visionnage, la violence des images, tous ces corps de jeunes femmes refaits, aux poitrines démesurées, et ces visages de présentatrices plus âgées, boursouflés par la chirurgie esthétique… Je ne peux pas dire qu’elles ne m’aient pas affectées.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A travers cette jeune veline en string, pendue à un crochet dans une cave d'affinage de jambons, c'est moi que je voyais, c'est moi qu'on attaquait. </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong>Pourquoi, pendant 30 ans, aucune association féministe ne s'est manifestée contre la représentation déplorable de la femme à la télévision ?</strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Parce que cela ne les intéresse pas ! Depuis les années 70, les féministes italiennes appartiennent à ce que l'on désignerait en France comme «la gauche caviar», constituée d'intellectuels et donc, très éloignée des préoccupations populaires. Les féministes italiennes ne se préoccupent pas de télévision, elles ne la regardent pas. Selon moi, l'opposition politique et les intellectuels ont eu le tort de sous-estimer le pouvoir du petit écran.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Et puis, je crois que les gens s'étaient habitués à la présence de ces «veline». Quand un public voit des images de femmes objets depuis plus de 30 ans, il finit soit par y devenir insensible, soit par se ranger derrière un certain fatalisme. Combien de fois ai-je entendu : «Oui, la télévision italienne est ainsi.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et alors ? Cela a toujours était le cas !». </span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">En fait, l'Italie est restée un pays profondément misogyne. Selon moi, Berlusconi et sa télévision n'ont fait qu'accentuer un phénomène, déjà bien ancré dans la société italienne. Les politiciens, même de gauche, sont très machistes. Et, il faut bien le dire, la religion catholique (majoritaire dans le pays) n'est pas une religion qui aide à l'émancipation des femmes. </span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong> </strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong>Qu'est-ce qui a changé dans la société italienne depuis la diffusion de votre documentaire, déjà visionné par plus de 5,5 millions d'internautes ? </strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">En Italie, nous ne parlions plus de féminisme depuis des années. Ce travail a eu le mérite de rendre conscientes les jeunes que tout n'était pas encore gagné dans ce domaine. Et elles ont commencé à se mobiliser.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le 13 février 2011, dans plusieurs villes du pays, du Nord au Sud, un million d'Italiennes sont ainsi descendues dans la rue, pour protester contre l'image de la femme à la télévision. Parmi elles, se trouvaient des jeunes filles, des mères, des grands-mères. Pour beaucoup, c'était leur première manifestation.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Des jeunes femmes ont aussi envoyé des milliers et des milliers de mails aux entreprises dont les publicités étaient jugées sexistes <a name="_ftnref1" href="http://lemilie.org/#_ftn1" title="" style="mso-footnote-id: ftn1;"><span class="Appelnotedebasdep1"><span style="mso-special-character: footnote;">[1]</span></span></a>.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>Et elles ont obtenu gain de cause puisqu'une large part de ces publicités ont été, depuis, retirées de l'antenne.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Enfin, cette année, pour la première fois dans l'histoire de la télévision italienne, celles que l'on appelle les «vallette» (assistantes télé, comparables aux veline) étaient absentes de la retransmission très suivie du Festival de musique de San Remo. En 2012, l'émission avait choqué. Dans un show qui semblait dater des années 50, une jeune valletta rousse d'à peine 19 ans, faisait office de pot de fleurs, entre deux présentateurs vedettes assez âgés. De la pauvre petite, qui ne maîtrisait apparemment pas la langue, la caméra retiendra surtout sa forte poitrine, sur laquelle elle s'est attardée très longuement. Pour certaines jeunes téléspectatrices, c'en était trop. Spontanément, elles ont demandé à rencontrer la RAI qui a finalement accepté de retirer ces potiches de l’édition 2013.<span style="mso-spacerun: yes;">   </span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Aujourd'hui encore, pourtant, les veline restent présentes sur nos écrans. Alors, j'ai créé un mouvement <em>Nuovi occhi per i media</em></span><span style="color: black;">  («De nouveaux yeux pour les médias») qui apprend aux jeunes, dans les lycées, à décoder les images télévisuelles. Parce que, c'est en se dédiant aujourd'hui à ceux qui ont 15-20 ans, qu'on peut espérer, demain, le changement. </span></p> <p> </p> <div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" /><hr width="33%" size="1" /> <div id="ftn1" style="mso-element: footnote;"> <p class="MsoNormal"><a name="_ftn1" href="http://lemilie.org/#_ftnref1" title="" style="mso-footnote-id: ftn1;"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="mso-special-character: footnote;">[1]</span></span></a><span style="color: black;"> voir le montage en ligne du collectif Le Vocianti (« les Criantes ») à cette adresse :<span style="mso-spacerun: yes;">  </span></span><a href="http://www.youtube.com/watchv=NexOTy8VYNw">http://www.youtube.com/watchv=NexOTy8VYNw</a></p> </div> </div> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black; mso-font-kerning: .5pt; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: HI;"><strong><img src="images/ailleurs/LZanardo.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black; mso-font-kerning: .5pt; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: HI;"><strong>Depuis 30 ans, les ''veline'', potiches cathodiques en petite tenue, subissent</strong></span> <strong>agressions</strong> <span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black;"><strong>verbales et humiliations. En 2008,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>une jeune businesswoman, Lorella Zanardo, part seule en guerre contre ce phénomène. Son webdoc, <em>Le Corps des Femmes</em></strong></span><span style="font-size: 9.0pt; font-family: Verdana; color: black;"><strong>, connaît immédiatement un immense succès populaire. Rencontre avec une réalisatrice engagée.</strong></span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong>Quel a été le déclic pour commencer la réalisation de ce webdoc ?</strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">L'idée de ce documentaire m'est venue en décembre 2008.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>Je venais de rentrer en Italie après plusieurs années à l'étranger lorsque je suis passée par hasard devant une télévision allumée. J'y ai vu une femme d'une vingtaine d'années, à quatre pattes, enfermée dans une boîte en plexiglas servant de table aux invités.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>C'est à ce moment que je me suis dit qu'il fallait agir.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">J'ai contacté deux amis qui travaillent dans l'audiovisuel et nous avons décidé de consacrer nos vacances de Noël à regarder la télévision pendant 10 à 12 heures par jour. Nous avons ainsi enregistré 400 heures de divertissements populaires pour en extraire des images de la femme telle qu’elle apparaît sur les chaînes italiennes, qu'il s'agisse de la RAI ou de Mediaset. </span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">A partir de ce matériel (auquel se sont ajoutées quelques archives de la télévision italienne), j'ai écrit un texte, né dans la douleur plus que dans l'indignation. Ces heures et ces heures de visionnage, la violence des images, tous ces corps de jeunes femmes refaits, aux poitrines démesurées, et ces visages de présentatrices plus âgées, boursouflés par la chirurgie esthétique… Je ne peux pas dire qu’elles ne m’aient pas affectées.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A travers cette jeune veline en string, pendue à un crochet dans une cave d'affinage de jambons, c'est moi que je voyais, c'est moi qu'on attaquait. </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong>Pourquoi, pendant 30 ans, aucune association féministe ne s'est manifestée contre la représentation déplorable de la femme à la télévision ?</strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Parce que cela ne les intéresse pas ! Depuis les années 70, les féministes italiennes appartiennent à ce que l'on désignerait en France comme «la gauche caviar», constituée d'intellectuels et donc, très éloignée des préoccupations populaires. Les féministes italiennes ne se préoccupent pas de télévision, elles ne la regardent pas. Selon moi, l'opposition politique et les intellectuels ont eu le tort de sous-estimer le pouvoir du petit écran.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Et puis, je crois que les gens s'étaient habitués à la présence de ces «veline». Quand un public voit des images de femmes objets depuis plus de 30 ans, il finit soit par y devenir insensible, soit par se ranger derrière un certain fatalisme. Combien de fois ai-je entendu : «Oui, la télévision italienne est ainsi.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et alors ? Cela a toujours était le cas !». </span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">En fait, l'Italie est restée un pays profondément misogyne. Selon moi, Berlusconi et sa télévision n'ont fait qu'accentuer un phénomène, déjà bien ancré dans la société italienne. Les politiciens, même de gauche, sont très machistes. Et, il faut bien le dire, la religion catholique (majoritaire dans le pays) n'est pas une religion qui aide à l'émancipation des femmes. </span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong> </strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;"><strong>Qu'est-ce qui a changé dans la société italienne depuis la diffusion de votre documentaire, déjà visionné par plus de 5,5 millions d'internautes ? </strong></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">En Italie, nous ne parlions plus de féminisme depuis des années. Ce travail a eu le mérite de rendre conscientes les jeunes que tout n'était pas encore gagné dans ce domaine. Et elles ont commencé à se mobiliser.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le 13 février 2011, dans plusieurs villes du pays, du Nord au Sud, un million d'Italiennes sont ainsi descendues dans la rue, pour protester contre l'image de la femme à la télévision. Parmi elles, se trouvaient des jeunes filles, des mères, des grands-mères. Pour beaucoup, c'était leur première manifestation.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Des jeunes femmes ont aussi envoyé des milliers et des milliers de mails aux entreprises dont les publicités étaient jugées sexistes <a name="_ftnref1" href="#_ftn1" title="" style="mso-footnote-id: ftn1;"><span class="Appelnotedebasdep1"><span style="mso-special-character: footnote;">[1]</span></span></a>.<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>Et elles ont obtenu gain de cause puisqu'une large part de ces publicités ont été, depuis, retirées de l'antenne.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Enfin, cette année, pour la première fois dans l'histoire de la télévision italienne, celles que l'on appelle les «vallette» (assistantes télé, comparables aux veline) étaient absentes de la retransmission très suivie du Festival de musique de San Remo. En 2012, l'émission avait choqué. Dans un show qui semblait dater des années 50, une jeune valletta rousse d'à peine 19 ans, faisait office de pot de fleurs, entre deux présentateurs vedettes assez âgés. De la pauvre petite, qui ne maîtrisait apparemment pas la langue, la caméra retiendra surtout sa forte poitrine, sur laquelle elle s'est attardée très longuement. Pour certaines jeunes téléspectatrices, c'en était trop. Spontanément, elles ont demandé à rencontrer la RAI qui a finalement accepté de retirer ces potiches de l’édition 2013.<span style="mso-spacerun: yes;">   </span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="color: black;">Aujourd'hui encore, pourtant, les veline restent présentes sur nos écrans. Alors, j'ai créé un mouvement <em>Nuovi occhi per i media</em></span><span style="color: black;">  («De nouveaux yeux pour les médias») qui apprend aux jeunes, dans les lycées, à décoder les images télévisuelles. Parce que, c'est en se dédiant aujourd'hui à ceux qui ont 15-20 ans, qu'on peut espérer, demain, le changement. </span></p> <p> </p> <div style="mso-element: footnote-list;"><br clear="all" /><hr width="33%" size="1" /> <div id="ftn1" style="mso-element: footnote;"> <p class="MsoNormal"><a name="_ftn1" href="#_ftnref1" title="" style="mso-footnote-id: ftn1;"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="mso-special-character: footnote;">[1]</span></span></a><span style="color: black;"> voir le montage en ligne du collectif Le Vocianti (« les Criantes ») à cette adresse :<span style="mso-spacerun: yes;">  </span></span><a href="http://www.youtube.com/watchv=NexOTy8VYNw">http://www.youtube.com/watchv=NexOTy8VYNw</a></p> </div> </div> <p> </p> « Je veux juste être Pinar Selek » 2013-02-13T10:46:34+00:00 2013-02-13T10:46:34+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/430--je-veux-juste-etre-pinar-selek- Nathalie Brochard [email protected] <p> </p> <p class="MsoNormal"><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/pinar%20selek-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"> </p> <p><strong>Pinar Selek, la sociologue turque en exil en France, qui vient d’être condamnée à perpétuité dans son pays revient sur son calvaire judiciaire. Epuisée psychologiquement et physiquement depuis ce dernier rebondissement, elle a accepté de se confier à l’émiliE.</strong></p> <p><strong>l’émiliE</strong> : L’actualité judiciaire turque regorge de procédures iniques (Sevil Sevimli, les neuf avocats soupçonnés d’appartenir à l’extrême gauche…), parleriez-vous de dysfonctionnements de la justice ou d’un système qui arrange le pouvoir ?<br /><strong>Pinar Selek</strong> : Je dirais que c’est un système bien commode pour le pouvoir. Hélas ce n’est pas nouveau. Je viens d’une famille de juristes et nous avons vécu le coup d’Etat en 1980 : mon père, les intellectuel-le-s, les syndicalistes et de manière générale celles et ceux qui se sont opposé-e-s se sont retrouvé-e-s en prison, au total 500'000 personnes ont été arrêtées et 250'000 ont été inculpées. C’est clairement un système, un instrument de pouvoir.</p> <p>Pour les partisans de la liberté, pour les féministes, les Kurdes, les Arméniens, les procès, les manifestations et la mobilisation qui les entourent deviennent des espaces de lutte, de confrontation au pouvoir dans son ensemble. Comme il y a chaque semaine de nouveaux procès très médiatisés, c’est l’occasion de se faire entendre. Il faut continuer le combat au niveau du système judiciaire car la justice en Turquie fonctionne comme un outil de pouvoir.</p> <p>Ce qui est nouveau, c’est la promesse de démocratie faite par l’Etat, on a franchi une étape importante.</p> <p><strong>C’est une évolution ?</strong><br />Oui, parce qu’avant on ne pouvait même pas parler ouvertement de la question kurde… En réalité, le changement n’a pas été très loin. La réforme du système ne s’est pas faite en profondeur.</p> <p><strong>Vous êtes accusée à tort d’un attentat. N’est-ce pas plutôt votre travail de sociologue et votre militantisme féministe qui sont visés ? Je pense notamment à vos recherches sur les minorités en marge, prostituées, travestis et surtout kurdes.</strong><br />Oui, c’est à cause de mes recherches. Après un mois et demi de détention, comme je n’ai livré aucun nom, on m’a accusée de cet attentat. On m’a torturée et j’ai vécu les pires moments, mais j’ai tenu bon. Surtout je n’ai cessé d’être une chercheuse libre même en prison. J’ai publié huit livres sur des thématiques taboues en Turquie. Je suis une activiste féministe anti-militariste et je l’assume. Autour de mon cas, il y a une symbolique énorme en termes de lutte. Je suis devenue un symbole de résistance. Ceux qui m’ont arrêtée ont dit que j’étais une sorcière. Je n’ai pas choisi d’être un exemple, je veux juste être Pinar Selek… Mais mon combat aujourd’hui c’est de porter ce symbole.</p> <p><strong>Comment avez-vous accueilli ce nouveau verdict ?</strong><br />Ce fut un choc. C’est la première fois que je suis condamnée. Il n’y a aucune preuve contre moi, c’est un processus illégal. Je pensais pouvoir rentrer chez moi, il me faudra encore attendre. Et encore lutter. Je dois dire que j’ai été très bien accueillie par le mouvement féministe. Une grande solidarité s’est organisée autour de moi, elle s’est aujourd’hui élargie aux universitaires et au-delà. Grâce à ce réseau, je ne suis pas seule.</p> <p><strong>La condamnation à perpétuité s’accompagne d’une mesure d’arrestation immédiate. Pensez-vous qu’une demande d’extradition sera déposée à votre encontre ?</strong><br />Je ne sais pas bien. Le verdict n’est pas définitif avant la cassation.</p> <p><strong>Est-ce que cela signifie que votre histoire judiciaire peut encore durer des années?</strong><br />Oui, soit ça dure, soit je suis définitivement acquittée.</p> <p><strong>La société turque a pourtant évolué ces quinze dernières années. Vous gardez espoir de revenir dans votre pays ?</strong><br />Oui bien sûr, c’est grâce à l’espoir que je peux lutter. La solidarité autour de mon cas existe aussi en Turquie : par exemple, les étudiant-e-s sont venu-e-s en masse au procès. Il y a un forte mobilisation et je sais que nous allons gagner ce combat.<br />Lors du dernier procès, une cinquantaine d’avocats en robe étaient présents dans la salle d’audience pour vous soutenir.</p> <p><strong>Pensez-vous que votre cas devient un symbole susceptible de transformer la machine judiciaire turque ?</strong><br />Les avocats étaient bien plus que 50.<br />Oui, les instances juridiques sont celles qui résistent le plus aux transformations. Je ne sais pas si mon cas fera évoluer quoi que ce soit, on attend le verdict de la cour de cassation. Il y a encore cette bataille décisive. Après on pourra mesurer l’influence de mon histoire.</p> <p><strong>Ce déni de justice s’est transformé en acharnement contre votre personne. Où trouvez-vous les ressources pour lutter ?</strong><br />Je suis têtue, je suis féministe, j’aime la liberté, j’aime la vie, j’ai le respect de celle-ci, alors je résiste. Et puis l’élan de solidarité qui s’est créé autour de moi fait que je ne me sens pas seule. D’ailleurs je n’ai jamais eu de sentiment d’isolement. Et je ne passe pas mes journées à me lamenter sur mon sort, je fais beaucoup de choses : j’ai écrit un roman qui va bientôt être publié en français, je milite activement dans une association féministe-lesbienne à Strasbourg, je suis très bien intégrée ici, je poursuis mon travail de recherche…</p> <p><strong>Sur quoi porte votre thèse en France ?</strong><br />Elle s’intitule Les interactions des mouvements sociaux en Turquie, j’étudie les effets des mouvements sociaux…</p> <p><strong>Vous parliez de vos enquêtes sur le terrain notamment celles de la rue Ülker en concluant par cette phrase «Et la vie, on ne peut si facilement en changer…». Vous le pensez vraiment ?</strong><br />C’est bien d’essayer de changer même si ce n’est pas facile a priori. Essayer, c’est déjà changer quelque chose non ?<br /> <br />Photo DR<br /> <br /><br /></p> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><img src="images/ailleurs/pinar%20selek-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="MsoNormal"> </p> <p><strong>Pinar Selek, la sociologue turque en exil en France, qui vient d’être condamnée à perpétuité dans son pays revient sur son calvaire judiciaire. Epuisée psychologiquement et physiquement depuis ce dernier rebondissement, elle a accepté de se confier à l’émiliE.</strong></p> <p><strong>l’émiliE</strong> : L’actualité judiciaire turque regorge de procédures iniques (Sevil Sevimli, les neuf avocats soupçonnés d’appartenir à l’extrême gauche…), parleriez-vous de dysfonctionnements de la justice ou d’un système qui arrange le pouvoir ?<br /><strong>Pinar Selek</strong> : Je dirais que c’est un système bien commode pour le pouvoir. Hélas ce n’est pas nouveau. Je viens d’une famille de juristes et nous avons vécu le coup d’Etat en 1980 : mon père, les intellectuel-le-s, les syndicalistes et de manière générale celles et ceux qui se sont opposé-e-s se sont retrouvé-e-s en prison, au total 500'000 personnes ont été arrêtées et 250'000 ont été inculpées. C’est clairement un système, un instrument de pouvoir.</p> <p>Pour les partisans de la liberté, pour les féministes, les Kurdes, les Arméniens, les procès, les manifestations et la mobilisation qui les entourent deviennent des espaces de lutte, de confrontation au pouvoir dans son ensemble. Comme il y a chaque semaine de nouveaux procès très médiatisés, c’est l’occasion de se faire entendre. Il faut continuer le combat au niveau du système judiciaire car la justice en Turquie fonctionne comme un outil de pouvoir.</p> <p>Ce qui est nouveau, c’est la promesse de démocratie faite par l’Etat, on a franchi une étape importante.</p> <p><strong>C’est une évolution ?</strong><br />Oui, parce qu’avant on ne pouvait même pas parler ouvertement de la question kurde… En réalité, le changement n’a pas été très loin. La réforme du système ne s’est pas faite en profondeur.</p> <p><strong>Vous êtes accusée à tort d’un attentat. N’est-ce pas plutôt votre travail de sociologue et votre militantisme féministe qui sont visés ? Je pense notamment à vos recherches sur les minorités en marge, prostituées, travestis et surtout kurdes.</strong><br />Oui, c’est à cause de mes recherches. Après un mois et demi de détention, comme je n’ai livré aucun nom, on m’a accusée de cet attentat. On m’a torturée et j’ai vécu les pires moments, mais j’ai tenu bon. Surtout je n’ai cessé d’être une chercheuse libre même en prison. J’ai publié huit livres sur des thématiques taboues en Turquie. Je suis une activiste féministe anti-militariste et je l’assume. Autour de mon cas, il y a une symbolique énorme en termes de lutte. Je suis devenue un symbole de résistance. Ceux qui m’ont arrêtée ont dit que j’étais une sorcière. Je n’ai pas choisi d’être un exemple, je veux juste être Pinar Selek… Mais mon combat aujourd’hui c’est de porter ce symbole.</p> <p><strong>Comment avez-vous accueilli ce nouveau verdict ?</strong><br />Ce fut un choc. C’est la première fois que je suis condamnée. Il n’y a aucune preuve contre moi, c’est un processus illégal. Je pensais pouvoir rentrer chez moi, il me faudra encore attendre. Et encore lutter. Je dois dire que j’ai été très bien accueillie par le mouvement féministe. Une grande solidarité s’est organisée autour de moi, elle s’est aujourd’hui élargie aux universitaires et au-delà. Grâce à ce réseau, je ne suis pas seule.</p> <p><strong>La condamnation à perpétuité s’accompagne d’une mesure d’arrestation immédiate. Pensez-vous qu’une demande d’extradition sera déposée à votre encontre ?</strong><br />Je ne sais pas bien. Le verdict n’est pas définitif avant la cassation.</p> <p><strong>Est-ce que cela signifie que votre histoire judiciaire peut encore durer des années?</strong><br />Oui, soit ça dure, soit je suis définitivement acquittée.</p> <p><strong>La société turque a pourtant évolué ces quinze dernières années. Vous gardez espoir de revenir dans votre pays ?</strong><br />Oui bien sûr, c’est grâce à l’espoir que je peux lutter. La solidarité autour de mon cas existe aussi en Turquie : par exemple, les étudiant-e-s sont venu-e-s en masse au procès. Il y a un forte mobilisation et je sais que nous allons gagner ce combat.<br />Lors du dernier procès, une cinquantaine d’avocats en robe étaient présents dans la salle d’audience pour vous soutenir.</p> <p><strong>Pensez-vous que votre cas devient un symbole susceptible de transformer la machine judiciaire turque ?</strong><br />Les avocats étaient bien plus que 50.<br />Oui, les instances juridiques sont celles qui résistent le plus aux transformations. Je ne sais pas si mon cas fera évoluer quoi que ce soit, on attend le verdict de la cour de cassation. Il y a encore cette bataille décisive. Après on pourra mesurer l’influence de mon histoire.</p> <p><strong>Ce déni de justice s’est transformé en acharnement contre votre personne. Où trouvez-vous les ressources pour lutter ?</strong><br />Je suis têtue, je suis féministe, j’aime la liberté, j’aime la vie, j’ai le respect de celle-ci, alors je résiste. Et puis l’élan de solidarité qui s’est créé autour de moi fait que je ne me sens pas seule. D’ailleurs je n’ai jamais eu de sentiment d’isolement. Et je ne passe pas mes journées à me lamenter sur mon sort, je fais beaucoup de choses : j’ai écrit un roman qui va bientôt être publié en français, je milite activement dans une association féministe-lesbienne à Strasbourg, je suis très bien intégrée ici, je poursuis mon travail de recherche…</p> <p><strong>Sur quoi porte votre thèse en France ?</strong><br />Elle s’intitule Les interactions des mouvements sociaux en Turquie, j’étudie les effets des mouvements sociaux…</p> <p><strong>Vous parliez de vos enquêtes sur le terrain notamment celles de la rue Ülker en concluant par cette phrase «Et la vie, on ne peut si facilement en changer…». Vous le pensez vraiment ?</strong><br />C’est bien d’essayer de changer même si ce n’est pas facile a priori. Essayer, c’est déjà changer quelque chose non ?<br /> <br />Photo DR<br /> <br /><br /></p> <p> </p> "Le conte de fée d'une mocheté" 2013-01-30T09:44:28+00:00 2013-01-30T09:44:28+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/423-nafissatou-le-conte-de-fee-dune-mochete Nathalie Brochard [email protected] <p class="accroche"><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/S.de%20Menthon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="accroche">C'est en ces termes que s'est exprimé, à propos de Nafissatou Diallo, Franck Tanguy, un des chroniqueurs de l'émission de RMC <em>Les grandes gueules</em> le 21 janvier. Hier, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) a mis en demeure la radio pour les «propos injurieux, misogynes, attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste» tenus à l’encontre de Nafissatou Diallo.</p> <p class="accroche">Le débat avait commencé avec cette réflexion de Sophie de Menton, autre chroniqueuse, qui disait : «Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ? [...] Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux». Dans cette émission où tous les discours sont permis, on s'interroge: "A combien tu estimes le viol?". Là, Sophie de Menthon prend fait et cause pour les femmes. Va-t-elle dire un mot en faveur de la femme de chambre du Sofitel ? Non, pas du tout, par contre elle trouverait "scandaleux que ce soit Anne Sinclair qui soit obligée de payer". Qu'elle se rassure : DSK va pouvoir régler la note lui-même grâce à de juteuses conférences données à travers le monde. L'honneur est sauf, surtout celui d'Anne Sinclair. Qui parmi les intervenant-e-s de cette émission allait peut-être expliquer le traumatisme d'un viol, d'une tentative de viol ou d'une agression sexuelle? Personne, de leur point de vue, ce qui est arrivé à la femme de ménage est véritablement "un conte de fée". Et de comparer la tragédie de Nafissatou Diallo au destin de Pretty Woman. Sauf que c'est un "tromblon".</p> <p class="accroche">Franck Tanguy poursuit à propos de Nafissatou Diallo: «Elle n’a rien pour elle, elle ne sait pas lire, pas écrire, elle est moche comme un cul, et elle gagne 1,5 million, c’est quand même extraordinaire cette histoire.»</p> <p class="accroche">Une honte pour ces pseudo-chroniqueurs-euses qui se vautrent dans la haine avec délectation. Le plus choquant, ce sont les propos de Sophie de Menthon,  ancienne membre de l'Observatoire de la parité, présidente de société (<em>ETHIC,</em> dont la mission est de "promouvoir l’éthique auprès de tous les acteurs économiques"),  aujourd'hui membre du Conseil Économique et Social, Commandeur de l'ordre national du mérite, et officier de la légion d'honneur. Elle a même réussi à se justifier par rapport à la décision du CSA en affirmant que «la condamnation (du CSA) ne s’exerce pas à (ses) dépens. Elle est bien celle de l’émission et de l’animateur». Un bel exemple de solidarité féminine !</p> <div class="accroche">En réaction, une page Facebook a été créée qui demande le départ de Sophie de Menthon de l'émission (http://www.facebook.com/pages/POUR-QUE-SOPHIE-DE-MENTHON-QUITTE-LES-GG-RMC/129754777101062) et Osez le féminisme a lancé différentes actions, notamment une pétition auprès du CSA.</div> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p> </p> <p class="accroche"><img src="images/ailleurs/S.de%20Menthon.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p class="accroche">C'est en ces termes que s'est exprimé, à propos de Nafissatou Diallo, Franck Tanguy, un des chroniqueurs de l'émission de RMC <em>Les grandes gueules</em> le 21 janvier. Hier, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) a mis en demeure la radio pour les «propos injurieux, misogynes, attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste» tenus à l’encontre de Nafissatou Diallo.</p> <p class="accroche">Le débat avait commencé avec cette réflexion de Sophie de Menton, autre chroniqueuse, qui disait : «Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ? [...] Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux». Dans cette émission où tous les discours sont permis, on s'interroge: "A combien tu estimes le viol?". Là, Sophie de Menthon prend fait et cause pour les femmes. Va-t-elle dire un mot en faveur de la femme de chambre du Sofitel ? Non, pas du tout, par contre elle trouverait "scandaleux que ce soit Anne Sinclair qui soit obligée de payer". Qu'elle se rassure : DSK va pouvoir régler la note lui-même grâce à de juteuses conférences données à travers le monde. L'honneur est sauf, surtout celui d'Anne Sinclair. Qui parmi les intervenant-e-s de cette émission allait peut-être expliquer le traumatisme d'un viol, d'une tentative de viol ou d'une agression sexuelle? Personne, de leur point de vue, ce qui est arrivé à la femme de ménage est véritablement "un conte de fée". Et de comparer la tragédie de Nafissatou Diallo au destin de Pretty Woman. Sauf que c'est un "tromblon".</p> <p class="accroche">Franck Tanguy poursuit à propos de Nafissatou Diallo: «Elle n’a rien pour elle, elle ne sait pas lire, pas écrire, elle est moche comme un cul, et elle gagne 1,5 million, c’est quand même extraordinaire cette histoire.»</p> <p class="accroche">Une honte pour ces pseudo-chroniqueurs-euses qui se vautrent dans la haine avec délectation. Le plus choquant, ce sont les propos de Sophie de Menthon,  ancienne membre de l'Observatoire de la parité, présidente de société (<em>ETHIC,</em> dont la mission est de "promouvoir l’éthique auprès de tous les acteurs économiques"),  aujourd'hui membre du Conseil Économique et Social, Commandeur de l'ordre national du mérite, et officier de la légion d'honneur. Elle a même réussi à se justifier par rapport à la décision du CSA en affirmant que «la condamnation (du CSA) ne s’exerce pas à (ses) dépens. Elle est bien celle de l’émission et de l’animateur». Un bel exemple de solidarité féminine !</p> <div class="accroche">En réaction, une page Facebook a été créée qui demande le départ de Sophie de Menthon de l'émission (http://www.facebook.com/pages/POUR-QUE-SOPHIE-DE-MENTHON-QUITTE-LES-GG-RMC/129754777101062) et Osez le féminisme a lancé différentes actions, notamment une pétition auprès du CSA.</div> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"> </p> <p> </p> <p> </p> GI Josette 2013-01-25T05:59:07+00:00 2013-01-25T05:59:07+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/422-gi-josette Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/GIs.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Hommes et femmes, mêmes combats: c'est désormais chose faite aux Etats-Unis. Le chef du Pentagone Leon Panetta vient de lever l'interdiction pour les femmes de participer directement à la guerre et d'être en contact avec les armes. Depuis le second discours d'investiture de Barack Obama qui a fait de l'égalité à tous les niveaux son cheval de bataille, les espaces exclusivement réservés aux hommes ou à certaines catégories d'individus sont en train de disparaître petit à petit y compris dans l'armée: ainsi après l’abolition de la loi "Don't ask, don't tell" obligeant les militaires à taire leur homosexualité sous peine d’exclusion, les Etats-Unis vont reconnaître l'égalité entre hommes et femmes dans le métier des armes. Le président a estimé que cette mesure constituait  <em>«un nouveau pas vers la réalisation des idéaux fondateurs d'équité et d'égalité de notre pays».</em></p> <p>Pour le secrétaire d'Etat à la défense, il s'agit surtout d'entériner une situation de fait: depuis une dizaine d'années maintenant, les femmes combattent en Afghanistan et en Irak. Depuis 2001, elles ont été 280 000 à servir sur ces théâtres d'opérations. Sur les 6600 soldats tués, 152 sont des femmes. Elles représentent 14% des effectifs de l'armée américaine. Cette nouvelle mesure ouvrirait aux femmes l'accès à 230 000 postes de combat.</p> <p>Certaines voix, notamment dans le camp conservateur, s'élèvent déjà pour critiquer cette politique. Le général à la retraite, Jerry Boykin actuel vice-président du Family Research Council, un groupe d'obédience chrétienne, s'oppose à ce qu'il nomme une "expérience sociale de plus" qui ne ferait que compliquer la mission du commandement militaire. Ce à quoi, le Pentagone a rétorqué que les exigences physiques ou professionnelles ne seraient pas modifiées ni réduites avec l'arrivée des femmes.</p> <p>En Suisse, les femmes peuvent servir dans l’armée à titre volontaire, conformément à l’article 59 de la Constitution fédérale. Elles sont un millier à être incorporées et depuis 1985, elles ont les mêmes droits et devoirs que leurs homologues masculins à savoir elles peuvent détenir une arme et éventuellement s'en servir: le temps où elles montaient la garde uniquement équipé d'un couteau de poche était dès lors révolu. L'égalité c'est aussi cela...</p> <p> </p> <p><img src="images/ailleurs/GIs.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Hommes et femmes, mêmes combats: c'est désormais chose faite aux Etats-Unis. Le chef du Pentagone Leon Panetta vient de lever l'interdiction pour les femmes de participer directement à la guerre et d'être en contact avec les armes. Depuis le second discours d'investiture de Barack Obama qui a fait de l'égalité à tous les niveaux son cheval de bataille, les espaces exclusivement réservés aux hommes ou à certaines catégories d'individus sont en train de disparaître petit à petit y compris dans l'armée: ainsi après l’abolition de la loi "Don't ask, don't tell" obligeant les militaires à taire leur homosexualité sous peine d’exclusion, les Etats-Unis vont reconnaître l'égalité entre hommes et femmes dans le métier des armes. Le président a estimé que cette mesure constituait  <em>«un nouveau pas vers la réalisation des idéaux fondateurs d'équité et d'égalité de notre pays».</em></p> <p>Pour le secrétaire d'Etat à la défense, il s'agit surtout d'entériner une situation de fait: depuis une dizaine d'années maintenant, les femmes combattent en Afghanistan et en Irak. Depuis 2001, elles ont été 280 000 à servir sur ces théâtres d'opérations. Sur les 6600 soldats tués, 152 sont des femmes. Elles représentent 14% des effectifs de l'armée américaine. Cette nouvelle mesure ouvrirait aux femmes l'accès à 230 000 postes de combat.</p> <p>Certaines voix, notamment dans le camp conservateur, s'élèvent déjà pour critiquer cette politique. Le général à la retraite, Jerry Boykin actuel vice-président du Family Research Council, un groupe d'obédience chrétienne, s'oppose à ce qu'il nomme une "expérience sociale de plus" qui ne ferait que compliquer la mission du commandement militaire. Ce à quoi, le Pentagone a rétorqué que les exigences physiques ou professionnelles ne seraient pas modifiées ni réduites avec l'arrivée des femmes.</p> <p>En Suisse, les femmes peuvent servir dans l’armée à titre volontaire, conformément à l’article 59 de la Constitution fédérale. Elles sont un millier à être incorporées et depuis 1985, elles ont les mêmes droits et devoirs que leurs homologues masculins à savoir elles peuvent détenir une arme et éventuellement s'en servir: le temps où elles montaient la garde uniquement équipé d'un couteau de poche était dès lors révolu. L'égalité c'est aussi cela...</p> <p> </p> "La palme de la misogynie beauf" 2013-01-18T09:25:46+00:00 2013-01-18T09:25:46+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/417-la-palme-de-la-misogynie-beauf- Nathalie Brochard [email protected] <p><em><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/senat%20fr.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></em></p> <p><em>And the winner is</em>...le sénateur français Bruno Sido (UMP) qui s'en est donné à coeur joie en se vautrant dans le machisme le plus archaïque, épaulé en cela par ses collègues masculins lors d'un débat sur le scrutin paritaire dans les départements le jeudi 17 janvier. Défendu par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls,  ce mode de scrutin est présenté comme unique au monde car il prévoit l'élection d’un binôme homme-femme de conseillers généraux dans chaque canton.</p> <p>Celle qui a décerné la palme, est la sénatrice socialiste Laurence Rossignol aux avant-postes des échanges vifs qui ont réveillé une assemblée d'ordinaire somnolente. Celle-ci a expliqué que "d<em>ans les conseils généraux, il n'y a que 13 % de femmes et l'on nous explique qu'il ne faut rien changer, que les choses vont se faire toutes seules</em>". Ironique, elle a poursuivi: " <em>Au rythme actuel, il faudrait attendre plus de deux siècles pour atteindre la parité. L'UMP, qui n'envoie que 27 femmes à l'Assemblée, préfère payer quatre millions d'euros de pénalité pour non-respect de la parité</em>". L'UMP, Eric Doligé a estimé pour sa part que <em>«faciliter la mixité, ce n’est pas passer de 13% à 100% d’un coup! Ce sera très difficile à faire...». </em>On a entendu <em>"potiches"</em>, <em>"loufoque"</em>, <em>"gadget"</em>, et autres noms d'oiseaux : femmes en politique, ce n'est pas encore gagné !<em><br /></em></p> <p>Même celles de droite qui avaient voté contre la loi sur la parité en 2000, font aujourd'hui leur mea-culpa à l'image d'Isabelle Debré (UMP) qui reconnaît que si elle peut <em>"</em>s<em>'exprimer ce matin"</em> et <em>"siéger dans cet hémicycle, c'est bien grâce à cette loi"</em>. Et d'en profiter pour rappeler que la parité est l'oeuvre de Jacques Chirac... Ce à quoi la sénatrice Bernadette Bourzai (PS) a répondu: <em>"J'ai commencé ma carrière politique en Haute-Corrèze comme suppléante après avoir entendu M. Chirac déclarer que les femmes corréziennes sont dures à la tâche, qu'elles servent les hommes à table et se tiennent debout derrière eux en se taisant : je ne voulais pas me taire"</em>. Un florilège de ce qui se dit dans la Chambre haute française...</p> <p>Le parti socialiste a condamné dans un communiqué <em>"les propos outranciers et indignes d’un débat démocratique" </em>en soulignant que<em> "c</em><em>es messieurs de l’UMP semblent plus attachés à préserver leurs avantages qu'à faire avancer l'égalité dans la société". </em>La résistance à toute évolution sociale semble en effet avoir des adeptes virulents.<em><br /></em></p> <p id="par_190"> </p> <p><em><img src="images/ailleurs/senat%20fr.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></em></p> <p><em>And the winner is</em>...le sénateur français Bruno Sido (UMP) qui s'en est donné à coeur joie en se vautrant dans le machisme le plus archaïque, épaulé en cela par ses collègues masculins lors d'un débat sur le scrutin paritaire dans les départements le jeudi 17 janvier. Défendu par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls,  ce mode de scrutin est présenté comme unique au monde car il prévoit l'élection d’un binôme homme-femme de conseillers généraux dans chaque canton.</p> <p>Celle qui a décerné la palme, est la sénatrice socialiste Laurence Rossignol aux avant-postes des échanges vifs qui ont réveillé une assemblée d'ordinaire somnolente. Celle-ci a expliqué que "d<em>ans les conseils généraux, il n'y a que 13 % de femmes et l'on nous explique qu'il ne faut rien changer, que les choses vont se faire toutes seules</em>". Ironique, elle a poursuivi: " <em>Au rythme actuel, il faudrait attendre plus de deux siècles pour atteindre la parité. L'UMP, qui n'envoie que 27 femmes à l'Assemblée, préfère payer quatre millions d'euros de pénalité pour non-respect de la parité</em>". L'UMP, Eric Doligé a estimé pour sa part que <em>«faciliter la mixité, ce n’est pas passer de 13% à 100% d’un coup! Ce sera très difficile à faire...». </em>On a entendu <em>"potiches"</em>, <em>"loufoque"</em>, <em>"gadget"</em>, et autres noms d'oiseaux : femmes en politique, ce n'est pas encore gagné !<em><br /></em></p> <p>Même celles de droite qui avaient voté contre la loi sur la parité en 2000, font aujourd'hui leur mea-culpa à l'image d'Isabelle Debré (UMP) qui reconnaît que si elle peut <em>"</em>s<em>'exprimer ce matin"</em> et <em>"siéger dans cet hémicycle, c'est bien grâce à cette loi"</em>. Et d'en profiter pour rappeler que la parité est l'oeuvre de Jacques Chirac... Ce à quoi la sénatrice Bernadette Bourzai (PS) a répondu: <em>"J'ai commencé ma carrière politique en Haute-Corrèze comme suppléante après avoir entendu M. Chirac déclarer que les femmes corréziennes sont dures à la tâche, qu'elles servent les hommes à table et se tiennent debout derrière eux en se taisant : je ne voulais pas me taire"</em>. Un florilège de ce qui se dit dans la Chambre haute française...</p> <p>Le parti socialiste a condamné dans un communiqué <em>"les propos outranciers et indignes d’un débat démocratique" </em>en soulignant que<em> "c</em><em>es messieurs de l’UMP semblent plus attachés à préserver leurs avantages qu'à faire avancer l'égalité dans la société". </em>La résistance à toute évolution sociale semble en effet avoir des adeptes virulents.<em><br /></em></p> <p id="par_190"> </p> Inde: le procès de la honte 2013-01-07T06:24:19+00:00 2013-01-07T06:24:19+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/412-inde-le-proces-de-la-honte Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/inde.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>C'est ce lundi 7 janvier que s'ouvre le procès des cinq hommes  poursuivis pour le viol et le meurtre d'une étudiante dans un bus à New Delhi, la justice disposant de preuves de leur implication dans ce crime qui a révolté l'Inde et la communauté internationale. S'ils sont reconnus coupables, ils encourent la peine de mort. L'agression a suscité une vague d'indignation, la population indienne excédée des violences faites aux femmes et de l'inertie d'une justice et d'une police face à ces crimes. <br /> <br /> Les cinq accusés, Ram Singh, Mukesh Singh, Vijay Sharma, Akshay Thakur et Pawan Gupta sont majeurs, le sixième qui n'a que 17 ans doit être jugé par un tribunal pour mineurs. Devant la colère des Indiens, la procédure a été accélérée. Les accusés comparaîtront un peu plus d'une semaine après la mort de la jeune femme de 23 ans. Dans la plupart des procès pour viol, les prévenus comparaissent plusieurs mois après les faits. Pour autant, la sentence ne tombera pas si vite car la cour du district de Saket devrait transférer l'affaire à un autre tribunal, compétent en matière de viol et de meurtre. <br /> <br /> La victime, dont l'identité n'a pas été révélée conformément à la loi, avait passé la soirée au cinéma avec son compagnon. Après avoir tenté en vain d'arrêter plusieurs rickshaws, le couple était monté dans un bus normalement réservé au transport scolaire mais qui était occupé par un groupe d'hommes. Les six hommes présents dans le véhicule ont alors violé l'étudiante avant de la battre, ainsi que son petit ami, à coups de barre de fer, puis de les éjecter du bus, selon l'accusation.<br /> <br /> Samedi, l'accusation avait indiqué que les traces de sang retrouvées sur les vêtements des accusés correspondaient à celui de la victime. Le compagnon de la jeune femme a témoigné auprès de la police et reconnu les personnes arrêtées comme étant les agresseurs, selon la presse. Dans un entretien à l'AFP et à la chaîne de télévision indienne Zeenews, le petit ami, grièvement blessé dans l'attaque, a dénoncé le temps perdu par la police et l'indifférence des passants. Il a expliqué qu' <em>"il y avait quelques personnes qui se sont rassemblées mais personne ne nous a aidés. Avant l'arrivée de la police, j'ai crié pour demander de l'aide mais les pousse-pousse, les voitures et les autres passants ne se sont pas arrêtés"</em>. <em>"Cela a pris une heure et demie avant que nous ne soyons transférés à l'hôpital", </em>a-t-il estimé. Après son intervention télévisée, les internautes ont réagi sur les réseaux sociaux en disant la honte qu'ils avaient de leur propre pays.</p> <p>La nature ignoble de ce crime nourrit actuellement les médias indiens et pointe du doigt les incohérences et exactions d'un système patriarcal à l'extrême où la logique de domination masculine ne peut qu'aboutir à l'élimination physique de femmes. Aujourd'hui, la société indienne en prend conscience et réclame une meilleure protection des femmes. Rappelons qu'à Dehli, un viol est commis toutes les 20 minutes...</p> <p>Photo DR</p> <p><img src="images/ailleurs/inde.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>C'est ce lundi 7 janvier que s'ouvre le procès des cinq hommes  poursuivis pour le viol et le meurtre d'une étudiante dans un bus à New Delhi, la justice disposant de preuves de leur implication dans ce crime qui a révolté l'Inde et la communauté internationale. S'ils sont reconnus coupables, ils encourent la peine de mort. L'agression a suscité une vague d'indignation, la population indienne excédée des violences faites aux femmes et de l'inertie d'une justice et d'une police face à ces crimes. <br /> <br /> Les cinq accusés, Ram Singh, Mukesh Singh, Vijay Sharma, Akshay Thakur et Pawan Gupta sont majeurs, le sixième qui n'a que 17 ans doit être jugé par un tribunal pour mineurs. Devant la colère des Indiens, la procédure a été accélérée. Les accusés comparaîtront un peu plus d'une semaine après la mort de la jeune femme de 23 ans. Dans la plupart des procès pour viol, les prévenus comparaissent plusieurs mois après les faits. Pour autant, la sentence ne tombera pas si vite car la cour du district de Saket devrait transférer l'affaire à un autre tribunal, compétent en matière de viol et de meurtre. <br /> <br /> La victime, dont l'identité n'a pas été révélée conformément à la loi, avait passé la soirée au cinéma avec son compagnon. Après avoir tenté en vain d'arrêter plusieurs rickshaws, le couple était monté dans un bus normalement réservé au transport scolaire mais qui était occupé par un groupe d'hommes. Les six hommes présents dans le véhicule ont alors violé l'étudiante avant de la battre, ainsi que son petit ami, à coups de barre de fer, puis de les éjecter du bus, selon l'accusation.<br /> <br /> Samedi, l'accusation avait indiqué que les traces de sang retrouvées sur les vêtements des accusés correspondaient à celui de la victime. Le compagnon de la jeune femme a témoigné auprès de la police et reconnu les personnes arrêtées comme étant les agresseurs, selon la presse. Dans un entretien à l'AFP et à la chaîne de télévision indienne Zeenews, le petit ami, grièvement blessé dans l'attaque, a dénoncé le temps perdu par la police et l'indifférence des passants. Il a expliqué qu' <em>"il y avait quelques personnes qui se sont rassemblées mais personne ne nous a aidés. Avant l'arrivée de la police, j'ai crié pour demander de l'aide mais les pousse-pousse, les voitures et les autres passants ne se sont pas arrêtés"</em>. <em>"Cela a pris une heure et demie avant que nous ne soyons transférés à l'hôpital", </em>a-t-il estimé. Après son intervention télévisée, les internautes ont réagi sur les réseaux sociaux en disant la honte qu'ils avaient de leur propre pays.</p> <p>La nature ignoble de ce crime nourrit actuellement les médias indiens et pointe du doigt les incohérences et exactions d'un système patriarcal à l'extrême où la logique de domination masculine ne peut qu'aboutir à l'élimination physique de femmes. Aujourd'hui, la société indienne en prend conscience et réclame une meilleure protection des femmes. Rappelons qu'à Dehli, un viol est commis toutes les 20 minutes...</p> <p>Photo DR</p> Despentes, raide pour Jospin 2012-11-14T14:04:43+00:00 2012-11-14T14:04:43+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/400-despentes-raide-pour-jospin Nathalie Brochard [email protected] <p title="Grèce antique"><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Despentes-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p title="Grèce antique">Tout le monde s'y met: il y a eu le baiser de deux hétéros à Marseille au milieu d'une manif anti-mariage pour tous dont la photo a fait le tour du monde,  la célébration symbolique du mariage de deux élues vertes, hétéros elles aussi, en fait, il y a eu bon nombre d'initiatives spontanées de ce type partout en France. Mais il y a eu également les propos inadmissibles du jeune Dassault, sénateur UMP, qui a estimé sur France Culture le 6 novembre dernier que l'homosexualité en Grèce antique est <span class="citation">«une des raisons de sa décadence»</span> et que la légalisation du mariage homosexuel empêcherait le renouvellement de la population. Plus récemment, le 9 novembre, sur le plateau du Grand Journal de Canal+, c'est Lionel Jospin qui s'oublie et dérape passablement en exprimant des réserves sur le projet de Mariage pour tous. Pour lui, "c'est la position de mon parti, et donc je la respecte. Ce n'était pas la mienne au départ. Ce que je pense c'est que l'idée fondamentale doit rester, pour le mariage, pour les couples et pour la vie en général, que l'humanité est structurée entre hommes et femmes". Etonnant de la part du promoteur du PACS, mais c'est peut-être la raison pour laquelle, les socialistes n'avaient pas franchi le pas à l'époque: le PACS est déjà bien suffisant pour cette sous-catégorie citoyenne, l'égalité avec les hétéros? Pour quoi faire?</p> <p title="Grèce antique">C'est là que Virginie Despentes, auteure et réalisatrice post-punk (ou vraiment punk, s'il faut encore mettre une étiquette) entre dans la mêlée: dans une tribune absolument nécessaire et très argumentée, publié par Tétue, elle répond au politicien socialiste égaré. Elle explique : "Au départ, cette histoire de mariage, j'en avais moitié rien à faire - mais à force de les entendre, tous, sans homophobie, nous rappeler qu'on ne vaut pas ce que vaut un hétéro, ça commence à m'intéresser". Le couplet de Jospin sur l'humanité lui est visiblement restée en travers de la gorge, elle précise: "Je m'étais déjà dit que je ne me voyais pas «femme» comme le sont les «femmes» qui couchent gratos avec des mecs comme lui, mais jusqu'à cette déclaration, je n'avais pas encore pensé à ne plus me définir comme faisant partie de l'humanité. Ça va me prendre un moment avant de m'y faire. C'est parce que je suis devenue lesbienne trop tard, probablement. Je ne suis pas encore habituée à ce qu'on me remette à ma place toutes les cinq minutes. Ma nouvelle place, celle des tolérés".</p> <p title="Grèce antique">On ne peut que conseiller une lecture exhaustive du texte de Virginie Despentes qui donne un son un peu plus rock'n'roll au concert du grand orchestre homophobique. Que les transféministes et tous les gens qui veulent vraiment la justice fassent eux aussi entendre leur voix! Oï!</p> <p title="Grèce antique"><strong>http://www.tetu.com/actualites/france/virginie-despentes-repond-a-lionel-jospin-et-aux-anti-mariage-pour-tous-22503</strong></p> <p title="Grèce antique"><img src="images/ailleurs/Despentes-1.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p title="Grèce antique">Tout le monde s'y met: il y a eu le baiser de deux hétéros à Marseille au milieu d'une manif anti-mariage pour tous dont la photo a fait le tour du monde,  la célébration symbolique du mariage de deux élues vertes, hétéros elles aussi, en fait, il y a eu bon nombre d'initiatives spontanées de ce type partout en France. Mais il y a eu également les propos inadmissibles du jeune Dassault, sénateur UMP, qui a estimé sur France Culture le 6 novembre dernier que l'homosexualité en Grèce antique est <span class="citation">«une des raisons de sa décadence»</span> et que la légalisation du mariage homosexuel empêcherait le renouvellement de la population. Plus récemment, le 9 novembre, sur le plateau du Grand Journal de Canal+, c'est Lionel Jospin qui s'oublie et dérape passablement en exprimant des réserves sur le projet de Mariage pour tous. Pour lui, "c'est la position de mon parti, et donc je la respecte. Ce n'était pas la mienne au départ. Ce que je pense c'est que l'idée fondamentale doit rester, pour le mariage, pour les couples et pour la vie en général, que l'humanité est structurée entre hommes et femmes". Etonnant de la part du promoteur du PACS, mais c'est peut-être la raison pour laquelle, les socialistes n'avaient pas franchi le pas à l'époque: le PACS est déjà bien suffisant pour cette sous-catégorie citoyenne, l'égalité avec les hétéros? Pour quoi faire?</p> <p title="Grèce antique">C'est là que Virginie Despentes, auteure et réalisatrice post-punk (ou vraiment punk, s'il faut encore mettre une étiquette) entre dans la mêlée: dans une tribune absolument nécessaire et très argumentée, publié par Tétue, elle répond au politicien socialiste égaré. Elle explique : "Au départ, cette histoire de mariage, j'en avais moitié rien à faire - mais à force de les entendre, tous, sans homophobie, nous rappeler qu'on ne vaut pas ce que vaut un hétéro, ça commence à m'intéresser". Le couplet de Jospin sur l'humanité lui est visiblement restée en travers de la gorge, elle précise: "Je m'étais déjà dit que je ne me voyais pas «femme» comme le sont les «femmes» qui couchent gratos avec des mecs comme lui, mais jusqu'à cette déclaration, je n'avais pas encore pensé à ne plus me définir comme faisant partie de l'humanité. Ça va me prendre un moment avant de m'y faire. C'est parce que je suis devenue lesbienne trop tard, probablement. Je ne suis pas encore habituée à ce qu'on me remette à ma place toutes les cinq minutes. Ma nouvelle place, celle des tolérés".</p> <p title="Grèce antique">On ne peut que conseiller une lecture exhaustive du texte de Virginie Despentes qui donne un son un peu plus rock'n'roll au concert du grand orchestre homophobique. Que les transféministes et tous les gens qui veulent vraiment la justice fassent eux aussi entendre leur voix! Oï!</p> <p title="Grèce antique"><strong>http://www.tetu.com/actualites/france/virginie-despentes-repond-a-lionel-jospin-et-aux-anti-mariage-pour-tous-22503</strong></p> Etudiantes à Tunis 2012-10-26T11:44:21+00:00 2012-10-26T11:44:21+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/391-etudiantes-a-tunis Silvia Ricci-Lempen [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Etudiante%20Tunis.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p> </p> <p>Lundi 15 octobre 2012, Tunis, Université de la Manouba. Pendant qu’une professeure me présente aux étudiant-e-s, je parcours l’auditoire des yeux. Il y a beaucoup de monde, probablement plus de cent personnes, en très grande majorité des jeunes femmes. Normal, je me trouve à la faculté des lettres et, de plus, mon exposé a pour thème «Femmes et culture dans le monde d’aujourd’hui». Il n’y a pas de raison qu’à Tunis les participants masculins à une conférence sur les femmes soient plus nombreux qu’à Lausanne ou Genève.</p> <p>La différence avec une université suisse, c’est que les deux tiers environ des étudiantes ont la tête couverte d'un morceau de tissu qui ne laisse pas échapper la moindre mèche de cheveux et qui descend sur les épaules. Il y a le foulard coloré, voire coquettement drapé, porté avec des jeans ou des tuniques courtes par-dessus le pantalon; il dénote surtout, m'a-t-on expliqué, un conformisme social, le désir de ne pas se faire remarquer et de ne pas avoir d’ennuis dans les quartiers populaires très conservateurs d’où ces étudiantes proviennent. Et il y a le voile qui, pour l’Occidentale que je suis, évoque irrésistiblement la tenue des bonnes sœurs catholiques : gris, beige ou bleu, retombant sans aucun artifice jusqu’au niveau des omoplates, serré au ras du menton et surmontant une robe longue et flottante de même couleur.</p> <p>Nous sommes en milieu académique dans la capitale de la Tunisie, ce pays qui avait la réputation d’être le plus progressiste du Maghreb, notamment s’agissant du statut des femmes. On me racontera plus tard que, sur les plages publiques, les habitantes de Tunis se baignent désormais presque toutes habillées de pied en cap ; il faut aller sur les plages privées pour ne pas se sentir gênée de porter un maillot de bain. Le parti islamiste Ennahda a gagné les élections il y a un an et le fondamentalisme salafiste a depuis lors étendu son emprise sur la société. <br /> <br /> Ma conférence est un plaidoyer pour les valeurs du féminisme (égalité des droits, condamnation du viol etc.), mais j’insiste aussi sur la nécessité d’éviter tout ethnocentrisme dans la manière d’aborder ces problèmes. Tout le monde m’écoute religieusement – le respect de l’autorité, apparemment encore très répandu ici, y est sans doute pour quelque chose. Je me demande néanmoins ce qui se passe derrière  ces visages pour la plupart immobiles, derrière ces yeux pour la plupart inexpressifs.  En conclusion, j’incite les étudiant-e-s à réagir à mes propos, voire à me contredire.  L’université est par excellence le lieu où doit se manifester l’esprit critique, dis-je avec véhémence… et la sensation désagréable d’être complètement à côté de la plaque.  Le mutisme de l’assistance pèse des tonnes.</p> <p>Finalement, les prises de parole s’ébranlent selon un ordre prévisible : d’abord les professeurs, ensuite les étudiants mâles (qui sont dix fois moins nombreux que les étudiantes mais qui, une fois le pas franchi, se complaisent à occuper le terrain – ça, c’est comme en Suisse), ensuite les filles qui ont la tête nue, ensuite les porteuses de foulards colorés, et enfin, au forceps, deux ou trois filles voilées au sens propre du terme.</p> <p>La même scène se reproduira dans les deux autres universités où j’aurai l’occasion de m’exprimer les jours suivants. Les garçons s’efforcent de prouver qu’ils ont été sensibles à mon discours, mais sortent parfois des énormités qui me feraient rire, tant elles sonnent incongrues à mes oreilles,  si elles ne me donnaient pas des frissons, par exemple : «Moi, je suis tout à fait d’accord que ma femme travaille, mais j’aimerais qu’elle m’explique dans quel but.» Les filles sans foulard se décident alors à les rabrouer, voire à se plaindre du fait que leur (relative) liberté vestimentaire est systématiquement interprétée comme un signe de disponibilité sexuelle, par contraste avec les  femmes qui donnent la preuve de leur «pudeur» en se couvrant la tête.  Elles sont courageuses, mais très minoritaires.  Pour leurs condisciples en foulard/jeans, le gros du bataillon, s’exprimer en public est visiblement une épreuve, et quand elles se forcent à le faire (parce que j’insiste…), elles énoncent des platitudes. Et les filles authentiquement voilées, qui sont toujours les dernières à ouvrir la bouche, que disent-elles ? <br /> <br /> C’est en pensant à elles que j’ai eu envie d’écrire cette chronique. Elles continuent à me trotter dans la tête, ces jeunes femmes qui étudient sagement les langues étrangères et les grands textes de la littérature mondiale, se confrontant ainsi à des univers radicalement différents du leur, tout en restant terrées sous des mètres carrés de tissu et prisonnières d’une vision aliénante de leur sexe. Leurs propos m’ont exaspérée mais aussi déchirée, parce qu’ils respiraient la sincérité, la certitude inébranlable d’être dans le juste et dans le bien : «Le Prophète a été bon avec les femmes, dans l’islam il n’y a pas besoin de féminisme, il suffit que les femmes sachent respecter leurs limites dans le couple.» «Je m’habille ainsi parce que je réserve ma féminité pour un seul homme. Cet habillement témoigne de ma vertu et de ma foi.» «J’aimerais que toutes les autres étudiantes s’habillent comme moi, mais je respecte leur choix de ne pas le faire. Pourquoi y a-t-il une telle hostilité contre les femmes qui se voilent ?»</p> <p>Je revois ces visages placides, absolument imperméables aux arguments avancés par certaines condisciples ou par les professeurs. L’idée qu’elles se font endoctriner et manipuler à des fins politiques par les (hommes) fondamentalistes semble être pour elles totalement irrecevable.</p> <p>Et pourtant. Les deux jeunes femmes en niqab qui, le printemps dernier, ont vandalisé, en sa présence, le bureau du doyen de la faculté des lettres de la Manouba, étaient télécommandées par un groupe salafiste. Le niqab, c’est ce long vêtement noir ou en tout cas foncé qui couvre non seulement l’entier du corps mais également le visage. Le professeur Habib Kazdaghli, connu pour son engagement en faveur de la modernisation de la Tunisie et son attachement aux libertés académiques, avait interdit l’accès des femmes «niqabées» dans les salles de cours (il n’y en avait effectivement pas dans les auditoires lors de mon passage). Confronté à la vindicte  des deux porteuses de niqab, il les avait expulsées fermement de son bureau. Son procès pour «actes de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions» », délit passible de cinq ans de prison, devait commencer ce jeudi 25 octobre, mais il a été reporté à la mi-novembre, dans un climat de forte mobilisation, y compris internationale, en faveur du doyen. Lors de l’audience où a été décrété ce report, le juge a en tout cas obligé les deux plaignantes «niqabées» à montrer leur visage. <br /> <br /> <br />Retrouvez toutes les chroniques de Silvia Ricci-Lempen sur <span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12.0px;"><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.silviariccilempen.ch">www.silviariccilempen.ch</a></span></span></span></span></p> <p><span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12.0px;">© Photo DR, <em>étudiante à l'entrée de l'université de la Manouba à Tunis</em><span style="text-decoration: underline;"><br /></span></span></span></span></p> <p><img src="images/ailleurs/Etudiante%20Tunis.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p> </p> <p>Lundi 15 octobre 2012, Tunis, Université de la Manouba. Pendant qu’une professeure me présente aux étudiant-e-s, je parcours l’auditoire des yeux. Il y a beaucoup de monde, probablement plus de cent personnes, en très grande majorité des jeunes femmes. Normal, je me trouve à la faculté des lettres et, de plus, mon exposé a pour thème «Femmes et culture dans le monde d’aujourd’hui». Il n’y a pas de raison qu’à Tunis les participants masculins à une conférence sur les femmes soient plus nombreux qu’à Lausanne ou Genève.</p> <p>La différence avec une université suisse, c’est que les deux tiers environ des étudiantes ont la tête couverte d'un morceau de tissu qui ne laisse pas échapper la moindre mèche de cheveux et qui descend sur les épaules. Il y a le foulard coloré, voire coquettement drapé, porté avec des jeans ou des tuniques courtes par-dessus le pantalon; il dénote surtout, m'a-t-on expliqué, un conformisme social, le désir de ne pas se faire remarquer et de ne pas avoir d’ennuis dans les quartiers populaires très conservateurs d’où ces étudiantes proviennent. Et il y a le voile qui, pour l’Occidentale que je suis, évoque irrésistiblement la tenue des bonnes sœurs catholiques : gris, beige ou bleu, retombant sans aucun artifice jusqu’au niveau des omoplates, serré au ras du menton et surmontant une robe longue et flottante de même couleur.</p> <p>Nous sommes en milieu académique dans la capitale de la Tunisie, ce pays qui avait la réputation d’être le plus progressiste du Maghreb, notamment s’agissant du statut des femmes. On me racontera plus tard que, sur les plages publiques, les habitantes de Tunis se baignent désormais presque toutes habillées de pied en cap ; il faut aller sur les plages privées pour ne pas se sentir gênée de porter un maillot de bain. Le parti islamiste Ennahda a gagné les élections il y a un an et le fondamentalisme salafiste a depuis lors étendu son emprise sur la société. <br /> <br /> Ma conférence est un plaidoyer pour les valeurs du féminisme (égalité des droits, condamnation du viol etc.), mais j’insiste aussi sur la nécessité d’éviter tout ethnocentrisme dans la manière d’aborder ces problèmes. Tout le monde m’écoute religieusement – le respect de l’autorité, apparemment encore très répandu ici, y est sans doute pour quelque chose. Je me demande néanmoins ce qui se passe derrière  ces visages pour la plupart immobiles, derrière ces yeux pour la plupart inexpressifs.  En conclusion, j’incite les étudiant-e-s à réagir à mes propos, voire à me contredire.  L’université est par excellence le lieu où doit se manifester l’esprit critique, dis-je avec véhémence… et la sensation désagréable d’être complètement à côté de la plaque.  Le mutisme de l’assistance pèse des tonnes.</p> <p>Finalement, les prises de parole s’ébranlent selon un ordre prévisible : d’abord les professeurs, ensuite les étudiants mâles (qui sont dix fois moins nombreux que les étudiantes mais qui, une fois le pas franchi, se complaisent à occuper le terrain – ça, c’est comme en Suisse), ensuite les filles qui ont la tête nue, ensuite les porteuses de foulards colorés, et enfin, au forceps, deux ou trois filles voilées au sens propre du terme.</p> <p>La même scène se reproduira dans les deux autres universités où j’aurai l’occasion de m’exprimer les jours suivants. Les garçons s’efforcent de prouver qu’ils ont été sensibles à mon discours, mais sortent parfois des énormités qui me feraient rire, tant elles sonnent incongrues à mes oreilles,  si elles ne me donnaient pas des frissons, par exemple : «Moi, je suis tout à fait d’accord que ma femme travaille, mais j’aimerais qu’elle m’explique dans quel but.» Les filles sans foulard se décident alors à les rabrouer, voire à se plaindre du fait que leur (relative) liberté vestimentaire est systématiquement interprétée comme un signe de disponibilité sexuelle, par contraste avec les  femmes qui donnent la preuve de leur «pudeur» en se couvrant la tête.  Elles sont courageuses, mais très minoritaires.  Pour leurs condisciples en foulard/jeans, le gros du bataillon, s’exprimer en public est visiblement une épreuve, et quand elles se forcent à le faire (parce que j’insiste…), elles énoncent des platitudes. Et les filles authentiquement voilées, qui sont toujours les dernières à ouvrir la bouche, que disent-elles ? <br /> <br /> C’est en pensant à elles que j’ai eu envie d’écrire cette chronique. Elles continuent à me trotter dans la tête, ces jeunes femmes qui étudient sagement les langues étrangères et les grands textes de la littérature mondiale, se confrontant ainsi à des univers radicalement différents du leur, tout en restant terrées sous des mètres carrés de tissu et prisonnières d’une vision aliénante de leur sexe. Leurs propos m’ont exaspérée mais aussi déchirée, parce qu’ils respiraient la sincérité, la certitude inébranlable d’être dans le juste et dans le bien : «Le Prophète a été bon avec les femmes, dans l’islam il n’y a pas besoin de féminisme, il suffit que les femmes sachent respecter leurs limites dans le couple.» «Je m’habille ainsi parce que je réserve ma féminité pour un seul homme. Cet habillement témoigne de ma vertu et de ma foi.» «J’aimerais que toutes les autres étudiantes s’habillent comme moi, mais je respecte leur choix de ne pas le faire. Pourquoi y a-t-il une telle hostilité contre les femmes qui se voilent ?»</p> <p>Je revois ces visages placides, absolument imperméables aux arguments avancés par certaines condisciples ou par les professeurs. L’idée qu’elles se font endoctriner et manipuler à des fins politiques par les (hommes) fondamentalistes semble être pour elles totalement irrecevable.</p> <p>Et pourtant. Les deux jeunes femmes en niqab qui, le printemps dernier, ont vandalisé, en sa présence, le bureau du doyen de la faculté des lettres de la Manouba, étaient télécommandées par un groupe salafiste. Le niqab, c’est ce long vêtement noir ou en tout cas foncé qui couvre non seulement l’entier du corps mais également le visage. Le professeur Habib Kazdaghli, connu pour son engagement en faveur de la modernisation de la Tunisie et son attachement aux libertés académiques, avait interdit l’accès des femmes «niqabées» dans les salles de cours (il n’y en avait effectivement pas dans les auditoires lors de mon passage). Confronté à la vindicte  des deux porteuses de niqab, il les avait expulsées fermement de son bureau. Son procès pour «actes de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions» », délit passible de cinq ans de prison, devait commencer ce jeudi 25 octobre, mais il a été reporté à la mi-novembre, dans un climat de forte mobilisation, y compris internationale, en faveur du doyen. Lors de l’audience où a été décrété ce report, le juge a en tout cas obligé les deux plaignantes «niqabées» à montrer leur visage. <br /> <br /> <br />Retrouvez toutes les chroniques de Silvia Ricci-Lempen sur <span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12.0px;"><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.silviariccilempen.ch">www.silviariccilempen.ch</a></span></span></span></span></p> <p><span style="color: #0000ff;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12.0px;">© Photo DR, <em>étudiante à l'entrée de l'université de la Manouba à Tunis</em><span style="text-decoration: underline;"><br /></span></span></span></span></p> Cachez ce sexe... 2012-10-19T07:23:15+00:00 2012-10-19T07:23:15+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/387-cachez-ce-sexe Hellen Williams [email protected] <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> <img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Affiche%20censuree.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><strong><span lang="EN-GB">Le Musée Leopold de Vienne est obligé de censurer l’affiche de son exposition Nackte Männer.</span></strong></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">L’affiche de Nackte Männer crée la polémique, et s’est vue castrée à une semaine de cette exposition inédite de quelques 300 nus masculins,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>signés Egon Schiele, Andy Wharol, Jean Cocteau, et Louise Bourgeois entre autres.. Cette belle diversité s’affichait joyeusement en format mondial dans les rues de Vienne, avec la photo <em>Vive la France</em></span><span lang="EN-GB"> (2006) de Pierre et Gilles, jusqu’à ce que des pères de famille crient au scandale, choqués par les trois footballeurs en chaussettes et crampons (et rien d’autre). </span></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">Des hommes nus dans une oeuvre d’art. Où est le problème? Pour les artistes de l’Antiquité, le corps humain nu représentait dans ses proportions idéalisées la pureté et l’ordre divin. Que s’est-il passé depuis? Depuis, le Moyen Age et l’influence de la religion chrétienne ont renvoyé le nu à sa penderie, accusé de blasphème et de péché d’orgueil. </span></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">Doit-on en déduire que le Moyen-Age fait son come-back? A une époque où c’est l’image d’un corps de femme nu qui sert le plus souvent à vendre des braies et des poulaines, qu’est-ce qui pousse des pères de famille à vouloir protéger leurs enfants de la vue d’un trio de bites sur une affiche de Musée? Si la nudité dans l’art posait vraiment problème, ceux qui s’attaquent au Musée Leopold auraient depuis longtemps demandé à la Municipalité de Florence de metre un slip à son David. </span></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">Peut-être que ce qui les gêne vraiment dans <em>Vive la France</em></span><span lang="EN-GB">, c’est qu’ils se sentent<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>relégués au rang de saucisse, associés à la chair plutôt qu’à l’âme?<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>Bienvenue au club! Que ces pères se rassurent, dans une société qui denude des femmes pour vendre des voitures, ou les étouffe de vêtements pour vendre une religion, ils gardent encore le pouvoir de couvrir leurs avants (!) quand il se sentent trop exposés. Quant à celles et ceux qui nous reconnaissons dans <em>Vive la France</em></span><span lang="EN-GB">,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>célébration bien membrée d’une société multiculturelle et multisexuelle, il ne nous reste plus qu’à prier pour que Pierre et Gilles fassent des petits! Et que tous les sexismes aillent se rhabiller. </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> <img src="images/ailleurs/Affiche%20censuree.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><strong><span lang="EN-GB">Le Musée Leopold de Vienne est obligé de censurer l’affiche de son exposition Nackte Männer.</span></strong></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">L’affiche de Nackte Männer crée la polémique, et s’est vue castrée à une semaine de cette exposition inédite de quelques 300 nus masculins,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>signés Egon Schiele, Andy Wharol, Jean Cocteau, et Louise Bourgeois entre autres.. Cette belle diversité s’affichait joyeusement en format mondial dans les rues de Vienne, avec la photo <em>Vive la France</em></span><span lang="EN-GB"> (2006) de Pierre et Gilles, jusqu’à ce que des pères de famille crient au scandale, choqués par les trois footballeurs en chaussettes et crampons (et rien d’autre). </span></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">Des hommes nus dans une oeuvre d’art. Où est le problème? Pour les artistes de l’Antiquité, le corps humain nu représentait dans ses proportions idéalisées la pureté et l’ordre divin. Que s’est-il passé depuis? Depuis, le Moyen Age et l’influence de la religion chrétienne ont renvoyé le nu à sa penderie, accusé de blasphème et de péché d’orgueil. </span></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">Doit-on en déduire que le Moyen-Age fait son come-back? A une époque où c’est l’image d’un corps de femme nu qui sert le plus souvent à vendre des braies et des poulaines, qu’est-ce qui pousse des pères de famille à vouloir protéger leurs enfants de la vue d’un trio de bites sur une affiche de Musée? Si la nudité dans l’art posait vraiment problème, ceux qui s’attaquent au Musée Leopold auraient depuis longtemps demandé à la Municipalité de Florence de metre un slip à son David. </span></p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB">Peut-être que ce qui les gêne vraiment dans <em>Vive la France</em></span><span lang="EN-GB">, c’est qu’ils se sentent<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>relégués au rang de saucisse, associés à la chair plutôt qu’à l’âme?<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>Bienvenue au club! Que ces pères se rassurent, dans une société qui denude des femmes pour vendre des voitures, ou les étouffe de vêtements pour vendre une religion, ils gardent encore le pouvoir de couvrir leurs avants (!) quand il se sentent trop exposés. Quant à celles et ceux qui nous reconnaissons dans <em>Vive la France</em></span><span lang="EN-GB">,<span style="mso-spacerun: yes;">  </span>célébration bien membrée d’une société multiculturelle et multisexuelle, il ne nous reste plus qu’à prier pour que Pierre et Gilles fassent des petits! Et que tous les sexismes aillent se rhabiller. </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> <p class="MsoNormal"><span lang="EN-GB"> </span></p> <p> </p> Justice! 2012-10-16T05:37:24+00:00 2012-10-16T05:37:24+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/385-justice Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/justice.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Les jeunes féministes du monde entier semblent avoir compris que pour être visibles et se faire entendre, il faut descendre dans la rue et mener des actions coup-de-poing. En témoignent les récentes marche des salopes à Genève, issue des <em>slutwalks</em> canadiennes ou l'action par les Femen françaises devant le ministère de la Justice à Paris. Face aux violences symboliques et physiques faites aux femmes, la jeune génération militante réagit de manière spectaculaire.</p> <p>Hier, place Vendôme, huit activistes de Femen ont fait leur show sous l'oeil ébahi et ravi des touristes. Elles protestaient à leur manière (seins nus et corps couverts de slogans type "I'm a slut, rape me" - je suis une salope, violez-moi) contre le verdict rendu dans l'affaire des tournantes de Fontenay-sous-Bois qui a vu l'acquittement de dix des quatorze accusés et des peines allant du sursis à un an de prison ferme pour les quatre autres. Ce jugement scandaleux mobilise massivement: le même jour au même endroit, ce sont une trentaine d'associations qui ont manifesté. Ce regain revendicatif est un signal fort donné aux autorités. Avaaz.org lance un appel à la Ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, pour élaborer un projet de loi qui faciliterait le dépôt de plainte et l'accompagnement des victimes. Actuellement, seule une femme sur dix porte plainte en France tant la procédure puis le procès sont des parcours du combattant. A propos de chiffres, on peut aussi ajouter que plus d’une femme sur dix sera violée dans sa vie, sans compter les tentatives de viol et violences à caractère sexuel. Ce qui pour la France donne une femme violée toutes les 7 minutes, plus de 75 000 viols et 198 000 tentatives commis chaque année selon les estimations basses.</p> <p>En Suisse, la situation n'est pas plus glorieuse et la législation tout aussi inadéquate. Le viol y est qualifié d' "acte sexuel subi par une personne de sexe féminin». Enfin, tout reste à faire pour inverser l'indulgence manifeste des juges face aux violeurs. Le viol, à la fois tabou et accepté, fait partie de notre culture empreinte de machisme. On peut également s'interroger sur le travail de prévention fait à ce sujet dans les écoles. Quels programmes sont en place? Qui les produit? Aujourd'hui, les femmes demandent des comptes et pas seulement ceux du nombre de victimes. Elles sont fermement décidées à obtenir justice.</p> <p><img src="images/ailleurs/justice.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Les jeunes féministes du monde entier semblent avoir compris que pour être visibles et se faire entendre, il faut descendre dans la rue et mener des actions coup-de-poing. En témoignent les récentes marche des salopes à Genève, issue des <em>slutwalks</em> canadiennes ou l'action par les Femen françaises devant le ministère de la Justice à Paris. Face aux violences symboliques et physiques faites aux femmes, la jeune génération militante réagit de manière spectaculaire.</p> <p>Hier, place Vendôme, huit activistes de Femen ont fait leur show sous l'oeil ébahi et ravi des touristes. Elles protestaient à leur manière (seins nus et corps couverts de slogans type "I'm a slut, rape me" - je suis une salope, violez-moi) contre le verdict rendu dans l'affaire des tournantes de Fontenay-sous-Bois qui a vu l'acquittement de dix des quatorze accusés et des peines allant du sursis à un an de prison ferme pour les quatre autres. Ce jugement scandaleux mobilise massivement: le même jour au même endroit, ce sont une trentaine d'associations qui ont manifesté. Ce regain revendicatif est un signal fort donné aux autorités. Avaaz.org lance un appel à la Ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, pour élaborer un projet de loi qui faciliterait le dépôt de plainte et l'accompagnement des victimes. Actuellement, seule une femme sur dix porte plainte en France tant la procédure puis le procès sont des parcours du combattant. A propos de chiffres, on peut aussi ajouter que plus d’une femme sur dix sera violée dans sa vie, sans compter les tentatives de viol et violences à caractère sexuel. Ce qui pour la France donne une femme violée toutes les 7 minutes, plus de 75 000 viols et 198 000 tentatives commis chaque année selon les estimations basses.</p> <p>En Suisse, la situation n'est pas plus glorieuse et la législation tout aussi inadéquate. Le viol y est qualifié d' "acte sexuel subi par une personne de sexe féminin». Enfin, tout reste à faire pour inverser l'indulgence manifeste des juges face aux violeurs. Le viol, à la fois tabou et accepté, fait partie de notre culture empreinte de machisme. On peut également s'interroger sur le travail de prévention fait à ce sujet dans les écoles. Quels programmes sont en place? Qui les produit? Aujourd'hui, les femmes demandent des comptes et pas seulement ceux du nombre de victimes. Elles sont fermement décidées à obtenir justice.</p> Soulagement en Tunisie 2012-10-01T07:53:25+00:00 2012-10-01T07:53:25+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/380-soulagement-en-tunisie Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/Tunisie.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Les associations féministes de Tunisie poussent un petit ouf de soulagement après la réintégration de l'égalité homme-femme dans la Constitution: en effet, le 24 septembre dernier, la Commission de coordination et de rédaction à l’Assemblée nationale constituante (ANC) de Tunisie a proposé de remplacer le terme "complémentaire" par celui d'«égalité». L'article controversé qui avait provoqué une levée de boucliers chez les féministes stipulait que <em>«l'Etat assure la protection des droits de la femme sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille en tant qu'associée de l'homme». </em>Cette proposition faite à l'origine par le mouvement islamiste Ennahda revenait sur le Code du statut personnel promulgué par le premier président tunisien Habib Bourguiba en 1956 et symbole de modernité pour les femmes dans le monde arabe. Le parti islamiste, à la tête d'une coalition formée avec deux partis de centre-gauche, avait alors démenti vouloir s'attaquer aux droits des femmes et avait précisé que l'égalité des sexes serait mentionnée dans le préambule de la future Constitution. Les manifestations massives du 13 août, journée nationale des femmes et jour anniversaire du Code du statut personnel l'avaient fait reculer.</p> <p>Outre l'égalité des sexes, le nouvel article 28 devrait mentionner <em>«l’égalité des opportunités en fonction de la compétence» </em>et stipuler<em> «la pénalisation de la violence contre la femme»</em>. Pour l'instant, le texte n'est encore qu'à l'état de proposition mais selon les défenseurs des droits humains, il aurait de bonnes chances de passer. Les associations féministes restent, quant à elles, vigilantes.</p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p><img src="images/ailleurs/Tunisie.jpg" border="0" width="470" style="border: 0;" /></p> <p>Les associations féministes de Tunisie poussent un petit ouf de soulagement après la réintégration de l'égalité homme-femme dans la Constitution: en effet, le 24 septembre dernier, la Commission de coordination et de rédaction à l’Assemblée nationale constituante (ANC) de Tunisie a proposé de remplacer le terme "complémentaire" par celui d'«égalité». L'article controversé qui avait provoqué une levée de boucliers chez les féministes stipulait que <em>«l'Etat assure la protection des droits de la femme sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille en tant qu'associée de l'homme». </em>Cette proposition faite à l'origine par le mouvement islamiste Ennahda revenait sur le Code du statut personnel promulgué par le premier président tunisien Habib Bourguiba en 1956 et symbole de modernité pour les femmes dans le monde arabe. Le parti islamiste, à la tête d'une coalition formée avec deux partis de centre-gauche, avait alors démenti vouloir s'attaquer aux droits des femmes et avait précisé que l'égalité des sexes serait mentionnée dans le préambule de la future Constitution. Les manifestations massives du 13 août, journée nationale des femmes et jour anniversaire du Code du statut personnel l'avaient fait reculer.</p> <p>Outre l'égalité des sexes, le nouvel article 28 devrait mentionner <em>«l’égalité des opportunités en fonction de la compétence» </em>et stipuler<em> «la pénalisation de la violence contre la femme»</em>. Pour l'instant, le texte n'est encore qu'à l'état de proposition mais selon les défenseurs des droits humains, il aurait de bonnes chances de passer. Les associations féministes restent, quant à elles, vigilantes.</p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> Des attaques loin d’être virtuelles 2012-06-20T05:04:48+00:00 2012-06-20T05:04:48+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/366-des-attaques-loin-detre-virtuelles Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/anita-sarkeesian.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>Pour avoir osé s’attaquer aux stéréotypes des femmes dans les jeux vidéos, Anita Sarkeesian a récolté un déluge d’insultes. </strong></p> <p> </p> <p>«F… you, féministe», «salope hypocrite», «retourne à la cuisine, conasse». Ces phrases à la tournure délicate font partie des <a href="http://www.feministfrequency.com/2012/06/harassment-misogyny-and-silencing-on-youtube/">milliers de commentaires</a> sexistes, antisémites et homophobes qu’une chercheuse américaine a suscités en quelques heures pour avoir posté <a href="http://www.youtube.com/user/feministfrequency">une vidéo</a> dans laquelle elle faisait appel au don pour se consacrer à une étude poussée des stéréotypes féminins dans les jeux vidéos.</p> <p>La communauté des gamers ne tenant guère à une mise en lumière des stéréotypes de la jeune donzelle à sauver ou de la bombe sexuelle en arrière-plan se sont également attaqués à sa page Wikipédia. Les 5 et 6 juin dernier, au lendemain de la mise en ligne de sa vidéo, on pouvait lire «Anita Sarkeesian est une blogeuse vidéo et une salope qui se concentre sur l’image des femmes dans la culture populaire». Les liens redirigeaient l’internaute vers des sites pornographiques. Les modérateurs de Wikipédia ont finalement bloqué l’accès à la page dès qu'elle a été officiellement reconnue comme la cible de «vandalisme».</p> <p>S’il en était besoin, ces attaques ont montré que les recherches sur l’image de la femme dans les jeux vidéos est fondamentale. Anita Sarkeesian a d’ailleurs recueilli plus de 150 000 dollars, qui vont lui permettre de créer des DVD pour usage scolaire. Mais les 2000 commentaires resteront impunis. L’unique réponse un tant soit peu constructive à son projet est venue d’un groupe d’amateurs de jeux vidéos qui proposent de <a href="http://steamcommunity.com/groups/tropesvmen">mettre également en lumière</a> les stéréotypes dont sont victimes les hommes dans les jeux. Et le changement, c’est pour quand ?</p> <p><img src="images/stories/anita-sarkeesian.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>Pour avoir osé s’attaquer aux stéréotypes des femmes dans les jeux vidéos, Anita Sarkeesian a récolté un déluge d’insultes. </strong></p> <p> </p> <p>«F… you, féministe», «salope hypocrite», «retourne à la cuisine, conasse». Ces phrases à la tournure délicate font partie des <a href="http://www.feministfrequency.com/2012/06/harassment-misogyny-and-silencing-on-youtube/">milliers de commentaires</a> sexistes, antisémites et homophobes qu’une chercheuse américaine a suscités en quelques heures pour avoir posté <a href="http://www.youtube.com/user/feministfrequency">une vidéo</a> dans laquelle elle faisait appel au don pour se consacrer à une étude poussée des stéréotypes féminins dans les jeux vidéos.</p> <p>La communauté des gamers ne tenant guère à une mise en lumière des stéréotypes de la jeune donzelle à sauver ou de la bombe sexuelle en arrière-plan se sont également attaqués à sa page Wikipédia. Les 5 et 6 juin dernier, au lendemain de la mise en ligne de sa vidéo, on pouvait lire «Anita Sarkeesian est une blogeuse vidéo et une salope qui se concentre sur l’image des femmes dans la culture populaire». Les liens redirigeaient l’internaute vers des sites pornographiques. Les modérateurs de Wikipédia ont finalement bloqué l’accès à la page dès qu'elle a été officiellement reconnue comme la cible de «vandalisme».</p> <p>S’il en était besoin, ces attaques ont montré que les recherches sur l’image de la femme dans les jeux vidéos est fondamentale. Anita Sarkeesian a d’ailleurs recueilli plus de 150 000 dollars, qui vont lui permettre de créer des DVD pour usage scolaire. Mais les 2000 commentaires resteront impunis. L’unique réponse un tant soit peu constructive à son projet est venue d’un groupe d’amateurs de jeux vidéos qui proposent de <a href="http://steamcommunity.com/groups/tropesvmen">mettre également en lumière</a> les stéréotypes dont sont victimes les hommes dans les jeux. Et le changement, c’est pour quand ?</p> Femmes parias au Tchad 2012-06-11T06:06:38+00:00 2012-06-11T06:06:38+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/361-femmes-parias-au-tchad REDACTION [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/fistule.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>En Afrique, plus de deux millions de femmes présentent une fistule qui survient généralement après un accouchement difficile. Ces femmes désignées comme «fistuleuses» sont alors souvent rejetées de leur communauté, bannies par leur mari, vouées ainsi à une non-existence. Selon la croyance populaire, elles seraient incapables de donner de nouvelles naissances et n'auraient plus leur place dans la société. La répartition traditionnelle des rôles reste en effet la norme et fait de ces femmes des parias.</strong></p> <p>Dans la ville d'Abéché, à l’Est du Tchad, Médecins Sans Frontières collabore avec l’hôpital régional pour fournir, gratuitement, des soins opératoires et postopératoires de qualité aux femmes atteintes des fistules obstétricales. MSF a construit, juste à côté de l’hôpital,  un «village de femmes» afin de les accueillir pour des séjours de plusieurs semaines.  Depuis 2008, MSF a opéré plus de 650 patientes.</p> <p>En partenariat avec MSF Suisse, l’émiliE livre ici le témoignage cru de l’une d’elles. Mikhael De Souza, media officer de MSF envoyé en mai dernier au Tchad, y a recueilli les paroles de Gisma, 18 ans à peine, une jeune fille au visage rond, et au corps menu. Il note que «son ventre est arrondi par huit mois de grossesse, et sa peau usée par la vie à la campagne. Son regard calme semble raconter son attente et ses questions. Comment se passera cette naissance ? Pourra-t-elle réellement donner naissance à un enfant alors qu’elle n’y croyait plus. Et surtout, sa fistule ne risque-t-elle pas de s’ouvrir à nouveau, la mettant au ban de sa communauté malgré la venue de l’enfant ?».</p> <p>Il explique son parcours : «Réfugiée soudanaise au Tchad, elle a eu une fistule d’une première grossesse qui s’est mal terminée. Devenue incontinente, elle a vécu deux ans en marge du groupe, rejetée par la famille de son mari, avant d’être soignée à Abéché, à l’est du Tchad, par le chirurgien de Médecins Sans Frontières». Il poursuit : «Elle est tombée enceinte quelques mois après être rentrée auprès de son mari dans le camp de réfugiés de Giz Beïda. Aujourd’hui, elle est de retour à l’hôpital de MSF, dans l’attente d’une césarienne».</p> <p><strong>Le récit de Gisma</strong></p> <p>«Auparavant, j’habitais à Shingila, une sous-préfecture du Soudan. C’est là que je suis née, et que j’habitais avant de devoir fuir au Tchad à cause de la guerre. Il y a deux ans, alors que j’étais encore au Tchad, j’ai été enceinte. Malheureusement l’accouchement s’est mal passé ; pendant deux jours j’étais en travail. J’ai perdu mon bébé. Dès le lendemain, mon urine à commencé à couler.</p> <p>Durant deux ans, je suis restée avec cette fistule. L’urine coulait sans cesse et l’odeur était insupportable. La mère de mon mari et ses sœurs ont refusé de continuer à vivre avec moi. La famille de mon mari m’accusait. Comment se fait-il que la sœur de mon mari ait été enceinte en même temps que moi, et que j’aie eu une fistule mais pas elle ? «<em>Le cœur de ta dame n’est pas bon ; c’est pour cela qu’elle est tombée fistuleuse</em>», c’est ce que la mère de mon mari a dit. Elle lui a demandé de m’abandonner. Mais il ne l’a pas fait. Il est resté avec moi durant ces deux années ; ensemble on a cherché un traitement. Il a dit «<em>J</em><em>e ne t’abandonnerai pas. Si tu es guérie, tant mieux. Si tu ne peux pas guérir, avec ta permission je prendrai une deuxième femme</em>». C’est comme ça qu’on a cherché un traitement.</p> <p>Mon père m’a amenée à l’hôpital de Shingila. Mais là-bas, on m’a dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi. Ils m’ont recommandé d’aller à Khartoum, la capitale. Mais mon père n’avait pas l’argent requis. Je suis donc restée avec mon urine qui coulait, sans espoir d’y changer quelque chose. Je croyais que j’allais mourir de cette maladie. Alors, j’ai pensé qu’il vaudrait peut-être mieux que je meure rapidement, plutôt que de rester avec cette odeur toute ma vie. J’ai demandé à Dieu de me permettre de mourir. Mais jusqu’à aujourd’hui, je suis vivante, et bientôt je donnerai la vie à mon tour.<span style="color: #000000;"> </span></p> <p><span style="color: #000000;">Il y a quelques mois, ma famille a dû fuir le Soudan. Dans le camp de réfugiés, des médecins m’ont recommandé de faire le voyage jusqu’à Abéché où MSF gère une clinique qu’on appelle le «<em>Village des Femmes</em>». J’ai trouvé des centaines de femmes qui, comme moi, avaient une fistule<strong>. </strong></span></p> <p><span style="color: #000000;"> </span><span style="color: #000000;">Il a suffi d’une seule opération pour me guérir. Quelques semaines plus tard, j’ai pu retourner dans mon village. Six mois après l’opération, je suis retombée enceinte. J’étais heureuse, je ne pensais pas pouvoir à nouveau avoir un enfant. Mais j’avais peur d’avoir une fistule à nouveau. Alors, je suis revenue au projet de MSF pour accoucher par césarienne. J’y ai rencontré d’autres femmes qui, comme moi, sont enceintes après avoir eu une fistule. Les mères et les enfants que j’y ai vus sont bien portants ; ça m’a donné du courage. Si c’est par césarienne, je veux bien avoir deux ou trois enfants !</span></p> <p><span style="color: #000000;">Je n’ai pas peur de la césarienne ; je me souviens toujours de ce que j’ai souffert avant, lorsque j’étais malade. Avant, les gens se tenaient loin de moi, m’évitaient. Maintenant je suis au milieu de ma famille, et je suis enceinte. Mais la famille de mon mari, ils continuent à m’éviter. Ils ne veulent pas croire que je suis guérie, ils ne sont jamais venus me voir. J’espère que lorsqu’ils verront mon enfant, ils sauront que je suis guérie. Mais je ne suis pas sure. Avant, quand j’étais malade, personne n’est venu me parler ; là, même s'ils ont vu mon ventre, personne n’est venu me parler. Peut-être qu’un jour ils regretteront la manière dont ils m’ont traitée.</span></p> <p><span style="color: #000000;">Quand je rentrerai à la maison avec mon enfant, quand je rentrerai vivre avec mon mari, je le montrerai à tout le monde. Je serai tellement fière. Je dirai aux autres femmes fistuleuses qu’il y a encore un avenir pour elles. Avoir cet enfant, c’est le plus beau cadeau que je pouvais recevoir».</span></p> <p><span style="color: #000000;">Propos recueillis par </span>Mikhael De Souza,  media officer de MSF.</p> <p> </p> <p>www.msf.ch</p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;">twitter.com/msf_suisse <br /> facebook.com/medecins.sans.frontieres <br /> </span></span></p> <p><strong> </strong></p> <p>© Photo MSF</p> <p><img src="images/stories/fistule.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>En Afrique, plus de deux millions de femmes présentent une fistule qui survient généralement après un accouchement difficile. Ces femmes désignées comme «fistuleuses» sont alors souvent rejetées de leur communauté, bannies par leur mari, vouées ainsi à une non-existence. Selon la croyance populaire, elles seraient incapables de donner de nouvelles naissances et n'auraient plus leur place dans la société. La répartition traditionnelle des rôles reste en effet la norme et fait de ces femmes des parias.</strong></p> <p>Dans la ville d'Abéché, à l’Est du Tchad, Médecins Sans Frontières collabore avec l’hôpital régional pour fournir, gratuitement, des soins opératoires et postopératoires de qualité aux femmes atteintes des fistules obstétricales. MSF a construit, juste à côté de l’hôpital,  un «village de femmes» afin de les accueillir pour des séjours de plusieurs semaines.  Depuis 2008, MSF a opéré plus de 650 patientes.</p> <p>En partenariat avec MSF Suisse, l’émiliE livre ici le témoignage cru de l’une d’elles. Mikhael De Souza, media officer de MSF envoyé en mai dernier au Tchad, y a recueilli les paroles de Gisma, 18 ans à peine, une jeune fille au visage rond, et au corps menu. Il note que «son ventre est arrondi par huit mois de grossesse, et sa peau usée par la vie à la campagne. Son regard calme semble raconter son attente et ses questions. Comment se passera cette naissance ? Pourra-t-elle réellement donner naissance à un enfant alors qu’elle n’y croyait plus. Et surtout, sa fistule ne risque-t-elle pas de s’ouvrir à nouveau, la mettant au ban de sa communauté malgré la venue de l’enfant ?».</p> <p>Il explique son parcours : «Réfugiée soudanaise au Tchad, elle a eu une fistule d’une première grossesse qui s’est mal terminée. Devenue incontinente, elle a vécu deux ans en marge du groupe, rejetée par la famille de son mari, avant d’être soignée à Abéché, à l’est du Tchad, par le chirurgien de Médecins Sans Frontières». Il poursuit : «Elle est tombée enceinte quelques mois après être rentrée auprès de son mari dans le camp de réfugiés de Giz Beïda. Aujourd’hui, elle est de retour à l’hôpital de MSF, dans l’attente d’une césarienne».</p> <p><strong>Le récit de Gisma</strong></p> <p>«Auparavant, j’habitais à Shingila, une sous-préfecture du Soudan. C’est là que je suis née, et que j’habitais avant de devoir fuir au Tchad à cause de la guerre. Il y a deux ans, alors que j’étais encore au Tchad, j’ai été enceinte. Malheureusement l’accouchement s’est mal passé ; pendant deux jours j’étais en travail. J’ai perdu mon bébé. Dès le lendemain, mon urine à commencé à couler.</p> <p>Durant deux ans, je suis restée avec cette fistule. L’urine coulait sans cesse et l’odeur était insupportable. La mère de mon mari et ses sœurs ont refusé de continuer à vivre avec moi. La famille de mon mari m’accusait. Comment se fait-il que la sœur de mon mari ait été enceinte en même temps que moi, et que j’aie eu une fistule mais pas elle ? «<em>Le cœur de ta dame n’est pas bon ; c’est pour cela qu’elle est tombée fistuleuse</em>», c’est ce que la mère de mon mari a dit. Elle lui a demandé de m’abandonner. Mais il ne l’a pas fait. Il est resté avec moi durant ces deux années ; ensemble on a cherché un traitement. Il a dit «<em>J</em><em>e ne t’abandonnerai pas. Si tu es guérie, tant mieux. Si tu ne peux pas guérir, avec ta permission je prendrai une deuxième femme</em>». C’est comme ça qu’on a cherché un traitement.</p> <p>Mon père m’a amenée à l’hôpital de Shingila. Mais là-bas, on m’a dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi. Ils m’ont recommandé d’aller à Khartoum, la capitale. Mais mon père n’avait pas l’argent requis. Je suis donc restée avec mon urine qui coulait, sans espoir d’y changer quelque chose. Je croyais que j’allais mourir de cette maladie. Alors, j’ai pensé qu’il vaudrait peut-être mieux que je meure rapidement, plutôt que de rester avec cette odeur toute ma vie. J’ai demandé à Dieu de me permettre de mourir. Mais jusqu’à aujourd’hui, je suis vivante, et bientôt je donnerai la vie à mon tour.<span style="color: #000000;"> </span></p> <p><span style="color: #000000;">Il y a quelques mois, ma famille a dû fuir le Soudan. Dans le camp de réfugiés, des médecins m’ont recommandé de faire le voyage jusqu’à Abéché où MSF gère une clinique qu’on appelle le «<em>Village des Femmes</em>». J’ai trouvé des centaines de femmes qui, comme moi, avaient une fistule<strong>. </strong></span></p> <p><span style="color: #000000;"> </span><span style="color: #000000;">Il a suffi d’une seule opération pour me guérir. Quelques semaines plus tard, j’ai pu retourner dans mon village. Six mois après l’opération, je suis retombée enceinte. J’étais heureuse, je ne pensais pas pouvoir à nouveau avoir un enfant. Mais j’avais peur d’avoir une fistule à nouveau. Alors, je suis revenue au projet de MSF pour accoucher par césarienne. J’y ai rencontré d’autres femmes qui, comme moi, sont enceintes après avoir eu une fistule. Les mères et les enfants que j’y ai vus sont bien portants ; ça m’a donné du courage. Si c’est par césarienne, je veux bien avoir deux ou trois enfants !</span></p> <p><span style="color: #000000;">Je n’ai pas peur de la césarienne ; je me souviens toujours de ce que j’ai souffert avant, lorsque j’étais malade. Avant, les gens se tenaient loin de moi, m’évitaient. Maintenant je suis au milieu de ma famille, et je suis enceinte. Mais la famille de mon mari, ils continuent à m’éviter. Ils ne veulent pas croire que je suis guérie, ils ne sont jamais venus me voir. J’espère que lorsqu’ils verront mon enfant, ils sauront que je suis guérie. Mais je ne suis pas sure. Avant, quand j’étais malade, personne n’est venu me parler ; là, même s'ils ont vu mon ventre, personne n’est venu me parler. Peut-être qu’un jour ils regretteront la manière dont ils m’ont traitée.</span></p> <p><span style="color: #000000;">Quand je rentrerai à la maison avec mon enfant, quand je rentrerai vivre avec mon mari, je le montrerai à tout le monde. Je serai tellement fière. Je dirai aux autres femmes fistuleuses qu’il y a encore un avenir pour elles. Avoir cet enfant, c’est le plus beau cadeau que je pouvais recevoir».</span></p> <p><span style="color: #000000;">Propos recueillis par </span>Mikhael De Souza,  media officer de MSF.</p> <p> </p> <p>www.msf.ch</p> <p><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;">twitter.com/msf_suisse <br /> facebook.com/medecins.sans.frontieres <br /> </span></span></p> <p><strong> </strong></p> <p>© Photo MSF</p> Quelle parité? 2012-05-31T09:09:20+00:00 2012-05-31T09:09:20+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/359-quelle-parite Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/ayrault.jpg" border="0" /></p> <p>En France, l'égalité tant claironnée par le nouveau pouvoir socialiste n'aura été qu'un effet d'annonce. Si elle est effective dans le gouvernement Ayrault (17 femmes ministres, soit 50% de sa composition), elle est inexistante au niveau des équipes ministérielles: sur les 140 directeurs, chefs de cabinet et conseillers nommés hier, on ne comptait que 38 femmes. 22 des 34 cabinets ministériels sont d'ailleurs composés exclusivement d'hommes. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que sur les 17 femmes ministres, aucune ne détient de grand ministère et dans les cabinets, il en va de même: on dénombre 5 directrices de cabinet et 5 chefs de cabinet. Les postes de pouvoir restent entre les mains des hommes. Pas n'importe lesquels, ceux qui les ont toujours eus: les mâles dominants issus des grandes écoles Sciences-Po/l'ENA ou les copains militants. Ce recrutement étroit limite également l'accès aux personnes issues de l'immigration.</p> <p>Pourtant l'égalité inscrite dans la Constitution française depuis 2008 devait ouvrir les portes à une meilleure représentativité de la société. François Hollande, le président de la normalité est celui de la norme dominante. Le volontarisme politique ne suffit pas, encore faut-il passer aux actes. Les associations dénoncent la discrimination indirecte liée au recrutement par cooptation et par réseau au coeur, selon elles, de l'absence de représentant-e-s femmes et/ou issu-e-s de l'immigration. Elles parlent aussi du mépris affiché par les classes dirigeantes, tout cela trois semaines à peine après l'élection présidentielle. Les défenseur-e-s de la diversité et les féministes déchantent déjà...</p> <p><img src="images/stories/ayrault.jpg" border="0" /></p> <p>En France, l'égalité tant claironnée par le nouveau pouvoir socialiste n'aura été qu'un effet d'annonce. Si elle est effective dans le gouvernement Ayrault (17 femmes ministres, soit 50% de sa composition), elle est inexistante au niveau des équipes ministérielles: sur les 140 directeurs, chefs de cabinet et conseillers nommés hier, on ne comptait que 38 femmes. 22 des 34 cabinets ministériels sont d'ailleurs composés exclusivement d'hommes. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que sur les 17 femmes ministres, aucune ne détient de grand ministère et dans les cabinets, il en va de même: on dénombre 5 directrices de cabinet et 5 chefs de cabinet. Les postes de pouvoir restent entre les mains des hommes. Pas n'importe lesquels, ceux qui les ont toujours eus: les mâles dominants issus des grandes écoles Sciences-Po/l'ENA ou les copains militants. Ce recrutement étroit limite également l'accès aux personnes issues de l'immigration.</p> <p>Pourtant l'égalité inscrite dans la Constitution française depuis 2008 devait ouvrir les portes à une meilleure représentativité de la société. François Hollande, le président de la normalité est celui de la norme dominante. Le volontarisme politique ne suffit pas, encore faut-il passer aux actes. Les associations dénoncent la discrimination indirecte liée au recrutement par cooptation et par réseau au coeur, selon elles, de l'absence de représentant-e-s femmes et/ou issu-e-s de l'immigration. Elles parlent aussi du mépris affiché par les classes dirigeantes, tout cela trois semaines à peine après l'élection présidentielle. Les défenseur-e-s de la diversité et les féministes déchantent déjà...</p> Nouvelle révolte saoudienne 2012-05-29T08:35:59+00:00 2012-05-29T08:35:59+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/358-nouvelle-revolte-saoudienne Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/nail.jpg" border="0" /></p> <div> <div> <div> <div><br />Nouvel épisode dans les étapes vers l'émancipation des femmes saoudiennes : après le permis de conduire, elles revendiquent le droit de porter du vernis à ongles en public. Toujours armées de leur téléphone qui filme leur combat, immédiatement posté sur les réseaux sociaux, elles affrontent les muttawas, sorte de milice pour la promotion de la vertu et la prévention du vice.</div> <div>L'altercation se déroule dans un shopping mall de Riyad, où une jeune femme se fait reprocher d'avoir les mains manucurées. Les muttawas lui demandent de quitter les lieux, ce qu'elle refuse. Tout en filmant la scène, elle exprime sa colère et leur fait front, elle appelle même la police en se plaignant de harcèlement.</div> </div> <div> <div><br />Certains témoins ont déclaré sur Twitter que le problème n'était pas tant son vernis que sa tenue générale, pas assez conforme aux règles religieuses. Selon la police religieuse saoudienne qui compte 3 500 muttawas et qui est chargée de faire appliquer les codes vestimentaires islamiques, la jeune femme n'était pas assez voilée. Le vernis à ongles fait partie des ornements qu’il n’est pas permis à la femme de montrer, sauf à son mari ou l’un de ses "mahârim"<em>, </em>un de ses tuteurs, avec qui la femme ne peut pas avoir de relations sexuelles, comme par exemple, son frère ou son beau-père.</div> <div>Cette police des bonnes moeurs terrorise les femmes comme les hommes et nombre de Saoudien-ne-s se plient sans mot dire à son autorité. Saluons le courage de ces femmes qui essaient de desserrer un tant soit peu le carcan. Au début du mois de mai,  Manal Al Sharif, qui avait osé voici tout juste un an prendre le volant, défiant ainsi le régime wahhabite, a reçu le prix Vaclav Havel au Oslo Freedom Forum. A cette occasion, elle a raconté sa lutte individuelle et le chemin parcouru pour devenir une femme à part entière.</div> <div>((Vidéo visible sur notre page Facebook))</div> <div> <div> <table style="margin: 5px auto; width: auto;" border="0" cellspacing="0" cellpadding="0"> <tbody style="border-top:0px"> <tr> <td style="padding:0px"></td> </tr> </tbody> </table> </div> </div> </div> </div> </div> <p><img src="images/stories/nail.jpg" border="0" /></p> <div> <div> <div> <div><br />Nouvel épisode dans les étapes vers l'émancipation des femmes saoudiennes : après le permis de conduire, elles revendiquent le droit de porter du vernis à ongles en public. Toujours armées de leur téléphone qui filme leur combat, immédiatement posté sur les réseaux sociaux, elles affrontent les muttawas, sorte de milice pour la promotion de la vertu et la prévention du vice.</div> <div>L'altercation se déroule dans un shopping mall de Riyad, où une jeune femme se fait reprocher d'avoir les mains manucurées. Les muttawas lui demandent de quitter les lieux, ce qu'elle refuse. Tout en filmant la scène, elle exprime sa colère et leur fait front, elle appelle même la police en se plaignant de harcèlement.</div> </div> <div> <div><br />Certains témoins ont déclaré sur Twitter que le problème n'était pas tant son vernis que sa tenue générale, pas assez conforme aux règles religieuses. Selon la police religieuse saoudienne qui compte 3 500 muttawas et qui est chargée de faire appliquer les codes vestimentaires islamiques, la jeune femme n'était pas assez voilée. Le vernis à ongles fait partie des ornements qu’il n’est pas permis à la femme de montrer, sauf à son mari ou l’un de ses "mahârim"<em>, </em>un de ses tuteurs, avec qui la femme ne peut pas avoir de relations sexuelles, comme par exemple, son frère ou son beau-père.</div> <div>Cette police des bonnes moeurs terrorise les femmes comme les hommes et nombre de Saoudien-ne-s se plient sans mot dire à son autorité. Saluons le courage de ces femmes qui essaient de desserrer un tant soit peu le carcan. Au début du mois de mai,  Manal Al Sharif, qui avait osé voici tout juste un an prendre le volant, défiant ainsi le régime wahhabite, a reçu le prix Vaclav Havel au Oslo Freedom Forum. A cette occasion, elle a raconté sa lutte individuelle et le chemin parcouru pour devenir une femme à part entière.</div> <div>((Vidéo visible sur notre page Facebook))</div> <div> <div> <table style="margin: 5px auto; width: auto;" border="0" cellspacing="0" cellpadding="0"> <tbody style="border-top:0px"> <tr> <td style="padding:0px"></td> </tr> </tbody> </table> </div> </div> </div> </div> </div> Etats-Unis: la guerre anti-femmes a lieu 2012-05-18T06:21:45+00:00 2012-05-18T06:21:45+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/352-etats-unis-la-guerre-anti-femmes-a-bien-lieu Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/war on women.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>Des paroles aux actes, les Républicains ne cessent de remettre en cause l’accès à la contraception et à l’avortement, et de piocher dans les fonds d’aide aux femmes. </strong></p> <p> </p> <p>Dans la guerre contre les femmes, les Républicains majoritaires à la Chambre des représentants avancent leurs pions depuis novembre 2010. De nombreux Etats ont passé des lois remettant en cause le droit à l’avortement. Mais le point culminant de la bataille a été verbal. En traitant de «salope» et de «prostituée» Sandra Fluke,  une étudiante témoignant de l’importance de l’accès gratuit à la contraception, le commentateur ultra-conservateur Rush Limbaugh, écouté par près de 20 millions d’auditeurs, est allé trop loin. C’est toute une nation qui s’est sentie insultée.</p> <p>En février, Sandra Fluke était appelée par les Démocrates à témoigner devant la Chambre des représentants. Cette dernière devait se prononcer sur la réforme de santé d’Obama, qui prévoit le remboursement des pilules contraceptives ou abortives par tous les assureurs, mêmes ceux adossés à des hôpitaux ou des universités religieuses. Mais le député républicain Darrell Issa, qui présidait la commission, l’a déclaré «non compétente», et a invité cinq hommes à témoigner. Pas une seule femme n’a été entendue dans ce débat qui les concerne au premier chef. Elle n’a pas pu raconter son histoire poignante.</p> <p>L’une de ses camarades de classe était sujette à une maladie provoquant des kystes ovariens. Son médecin lui avait prescrit la pilule pour éviter leur formation. Mais son assurance ne la prenait pas en charge. Après quelques mois, elle n’a plus pu s’offrir le luxe de payer pour la pilule de sa poche. Elle a perdu son ovaire et est devenue stérile.</p> <p>Mais pour Darrell Issa et les autres Républicains de la puissante commission, ce genre  d’«histoires personnelles» n’ont rien à voir avec les raisons d’Etat qui motivent le débat. Des histoires personnelles de «salopes», donc, comme l’a estimé Limbaugh. Et d’insister le lendemain «Si c’est nous, contribuables, qui payons pour ses contraceptifs, et donc pour qu’elle fasse l’amour, alors nous réclamons quelque chose en échange : qu’elle mette ses vidéos en ligne et que l’on puisse tout voir». Ces phrases insultantes n’ont été condamnées par aucun des candidats républicains alors en lice. Elles ont au moins eu un mérite : créer un véritable électrochoc dans la société américaine. Au lendemain de ces attaques, l’expression «guerre anti-femmes» était consacrée. Des milliers de femmes se sont alors intéressées aux nombreuses lois remettant en cause leurs droits.</p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>C’est la crise, les femmes paient</strong></p> <p>La dernière attaque en date a concerné le Violence Against Women Act. Ce fonds créé en 1994 permet notamment aux femmes battues ou agressées sexuellement de bénéficier de conseils juridiques. Il a depuis sa création bénéficié d’un soutien bipartisan. Tous les cinq ans, il a été renouvelé sans aucune difficulté. Mais cette année, sur les 99 votants, 31 sénateurs républicains ont voté contre. L’aide aux femmes a été amputée de 20%, la ramenant à 659 millions de dollars.</p> <p>En temps de crise, c’est dans les fonds d’aide aux femmes que les Républicains ont décidé de rogner. Ainsi en avril, ils ont une nouvelle fois proposé de déshabiller Pierre pour habiller Paul, ou plus précisément : déshabiller les femmes pauvres pour habiller les classes moyennes. Ainsi, les députés américains cherchent depuis plusieurs mois dans quel fonds piocher pour maintenir les taux des prêts étudiants à 3,4%. Si les Démocrates proposent de rogner dans les subventions aux industries pétrolières et gazières, les Républicains voudraient prélever cet argent dans le fond de prévention contre les maladies chroniques, qui lutte essentiellement contre les cancers du sein et du col de l’utérus.</p> <p>Le même mois, le Wisconsin est allé jusqu’à abroger le Equal Pay Enforcement Act, qui dissuadait les employeurs de pratiquer des inégalités salariales, dans un Etat où les femmes gagnent en moyenne 75 centimes lorsque les hommes gagnent un dollar.</p> <p><strong>Le droit à l’avortement constamment remis en cause</strong></p> <p>En 2011, 1'100 projets de lois remettant en cause le droit à l’avortement ont été proposés. En Louisiane, les législateurs ont ainsi tenté d’introduire le crime de «féticide» pour les femmes et les médecins qui pratiquent des avortements, sans exception en cas de danger pour la mère, inceste ou viol. Sur ces 1'100 projets de loi, 185 sont passés.</p> <p>En 2012, c’est reparti de plus belle. Ainsi, depuis février, les Texanes doivent écouter les battements de cœur du fœtus vingt-quatre heures avant d’avorter. Elles doivent également écouter la description du fœtus par un médecin. Depuis mai, les habitantes de l’Utah doivent attendre soixante-douze heures entre le premier rendez-vous à la clinique et l’avortement, ce qui en fait le plus long délai du pays. Et ce n’est que grâce à d’intenses manifestations comparant ce projet a un «viol d’Etat» que le gouverneur de Virginie a dû renoncer à une loi rendant obligatoire une «échographie transvaginale» avant l’avortement, procédure extrêmement invasive et souvent douloureuse d’insertion d’une sonde dans le vagin jusqu’à l’utérus.</p> <p>Depuis mai 2011, neuf Etats (Floride, Indiana, Kansas, New Hampshire, New Jersey, Caroline du Nord, Tennessee, Texas, Wisconsin) ont coupé les fonds fédéraux à destination de Planned Parenthood (le planning familial), au prétexte que les contribuables ne veulent pas financer un organisme qui pratique l’avortement. L’ironie, c’est que l’aide fédérale à l’avortement est déjà interdite dans tous les Etats américains. Les 60 millions de dollars dont doit se passer Planned Parenthood dans ces neuf Etats étaient essentiellement destinés au dépistage des maladies sexuellement transmissibles et des cancers, ainsi qu’à l’accès à la contraception.</p> <p><strong>Des conséquences dans les urnes ?</strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>«Bill Clinton a raflé 54% de voix chez les femmes : sans le vote des femmes, il n’aurait pas été élu en 1996», rappelle Karen O’Connor, professeur de sciences politiques à l’American University de Washington et créatrice du Women&Politics Institute. La disparité hommes-femmes a été encore plus criante lors de l’élection de Barack Obama en 2008 : 56% des femmes avaient voté pour lui.</p> <p>De nombreuses femmes sont en colère contre ces attaques incessantes, une colère que les Démocrates vont tâcher de transformer en vote pour Barack Obama. Et pour celles qui ne peuvent concevoir de voter Démocrate, comme les femmes de confession évangéliste, Karen O’Connor met en garde : «Il y a des chances qu’elles restent chez elles le jour du vote et ne donnent pas leur voix aux Républicains.»</p> <p><img src="images/stories/war on women.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>Des paroles aux actes, les Républicains ne cessent de remettre en cause l’accès à la contraception et à l’avortement, et de piocher dans les fonds d’aide aux femmes. </strong></p> <p> </p> <p>Dans la guerre contre les femmes, les Républicains majoritaires à la Chambre des représentants avancent leurs pions depuis novembre 2010. De nombreux Etats ont passé des lois remettant en cause le droit à l’avortement. Mais le point culminant de la bataille a été verbal. En traitant de «salope» et de «prostituée» Sandra Fluke,  une étudiante témoignant de l’importance de l’accès gratuit à la contraception, le commentateur ultra-conservateur Rush Limbaugh, écouté par près de 20 millions d’auditeurs, est allé trop loin. C’est toute une nation qui s’est sentie insultée.</p> <p>En février, Sandra Fluke était appelée par les Démocrates à témoigner devant la Chambre des représentants. Cette dernière devait se prononcer sur la réforme de santé d’Obama, qui prévoit le remboursement des pilules contraceptives ou abortives par tous les assureurs, mêmes ceux adossés à des hôpitaux ou des universités religieuses. Mais le député républicain Darrell Issa, qui présidait la commission, l’a déclaré «non compétente», et a invité cinq hommes à témoigner. Pas une seule femme n’a été entendue dans ce débat qui les concerne au premier chef. Elle n’a pas pu raconter son histoire poignante.</p> <p>L’une de ses camarades de classe était sujette à une maladie provoquant des kystes ovariens. Son médecin lui avait prescrit la pilule pour éviter leur formation. Mais son assurance ne la prenait pas en charge. Après quelques mois, elle n’a plus pu s’offrir le luxe de payer pour la pilule de sa poche. Elle a perdu son ovaire et est devenue stérile.</p> <p>Mais pour Darrell Issa et les autres Républicains de la puissante commission, ce genre  d’«histoires personnelles» n’ont rien à voir avec les raisons d’Etat qui motivent le débat. Des histoires personnelles de «salopes», donc, comme l’a estimé Limbaugh. Et d’insister le lendemain «Si c’est nous, contribuables, qui payons pour ses contraceptifs, et donc pour qu’elle fasse l’amour, alors nous réclamons quelque chose en échange : qu’elle mette ses vidéos en ligne et que l’on puisse tout voir». Ces phrases insultantes n’ont été condamnées par aucun des candidats républicains alors en lice. Elles ont au moins eu un mérite : créer un véritable électrochoc dans la société américaine. Au lendemain de ces attaques, l’expression «guerre anti-femmes» était consacrée. Des milliers de femmes se sont alors intéressées aux nombreuses lois remettant en cause leurs droits.</p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>C’est la crise, les femmes paient</strong></p> <p>La dernière attaque en date a concerné le Violence Against Women Act. Ce fonds créé en 1994 permet notamment aux femmes battues ou agressées sexuellement de bénéficier de conseils juridiques. Il a depuis sa création bénéficié d’un soutien bipartisan. Tous les cinq ans, il a été renouvelé sans aucune difficulté. Mais cette année, sur les 99 votants, 31 sénateurs républicains ont voté contre. L’aide aux femmes a été amputée de 20%, la ramenant à 659 millions de dollars.</p> <p>En temps de crise, c’est dans les fonds d’aide aux femmes que les Républicains ont décidé de rogner. Ainsi en avril, ils ont une nouvelle fois proposé de déshabiller Pierre pour habiller Paul, ou plus précisément : déshabiller les femmes pauvres pour habiller les classes moyennes. Ainsi, les députés américains cherchent depuis plusieurs mois dans quel fonds piocher pour maintenir les taux des prêts étudiants à 3,4%. Si les Démocrates proposent de rogner dans les subventions aux industries pétrolières et gazières, les Républicains voudraient prélever cet argent dans le fond de prévention contre les maladies chroniques, qui lutte essentiellement contre les cancers du sein et du col de l’utérus.</p> <p>Le même mois, le Wisconsin est allé jusqu’à abroger le Equal Pay Enforcement Act, qui dissuadait les employeurs de pratiquer des inégalités salariales, dans un Etat où les femmes gagnent en moyenne 75 centimes lorsque les hommes gagnent un dollar.</p> <p><strong>Le droit à l’avortement constamment remis en cause</strong></p> <p>En 2011, 1'100 projets de lois remettant en cause le droit à l’avortement ont été proposés. En Louisiane, les législateurs ont ainsi tenté d’introduire le crime de «féticide» pour les femmes et les médecins qui pratiquent des avortements, sans exception en cas de danger pour la mère, inceste ou viol. Sur ces 1'100 projets de loi, 185 sont passés.</p> <p>En 2012, c’est reparti de plus belle. Ainsi, depuis février, les Texanes doivent écouter les battements de cœur du fœtus vingt-quatre heures avant d’avorter. Elles doivent également écouter la description du fœtus par un médecin. Depuis mai, les habitantes de l’Utah doivent attendre soixante-douze heures entre le premier rendez-vous à la clinique et l’avortement, ce qui en fait le plus long délai du pays. Et ce n’est que grâce à d’intenses manifestations comparant ce projet a un «viol d’Etat» que le gouverneur de Virginie a dû renoncer à une loi rendant obligatoire une «échographie transvaginale» avant l’avortement, procédure extrêmement invasive et souvent douloureuse d’insertion d’une sonde dans le vagin jusqu’à l’utérus.</p> <p>Depuis mai 2011, neuf Etats (Floride, Indiana, Kansas, New Hampshire, New Jersey, Caroline du Nord, Tennessee, Texas, Wisconsin) ont coupé les fonds fédéraux à destination de Planned Parenthood (le planning familial), au prétexte que les contribuables ne veulent pas financer un organisme qui pratique l’avortement. L’ironie, c’est que l’aide fédérale à l’avortement est déjà interdite dans tous les Etats américains. Les 60 millions de dollars dont doit se passer Planned Parenthood dans ces neuf Etats étaient essentiellement destinés au dépistage des maladies sexuellement transmissibles et des cancers, ainsi qu’à l’accès à la contraception.</p> <p><strong>Des conséquences dans les urnes ?</strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>«Bill Clinton a raflé 54% de voix chez les femmes : sans le vote des femmes, il n’aurait pas été élu en 1996», rappelle Karen O’Connor, professeur de sciences politiques à l’American University de Washington et créatrice du Women&Politics Institute. La disparité hommes-femmes a été encore plus criante lors de l’élection de Barack Obama en 2008 : 56% des femmes avaient voté pour lui.</p> <p>De nombreuses femmes sont en colère contre ces attaques incessantes, une colère que les Démocrates vont tâcher de transformer en vote pour Barack Obama. Et pour celles qui ne peuvent concevoir de voter Démocrate, comme les femmes de confession évangéliste, Karen O’Connor met en garde : «Il y a des chances qu’elles restent chez elles le jour du vote et ne donnent pas leur voix aux Républicains.»</p> A l’origine de la lutte, deux femmes 2012-05-07T05:23:39+00:00 2012-05-07T05:23:39+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/350-a-lorigine-de-la-lutte-deux-femmes Christelle Gérand [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/stories/nyc.jpg" border="0" width="304" /></strong></p> <p><strong>Une connexion Internet, beaucoup de volonté et 55 manifestations pour dire «trop c’est trop». </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>Plus de 47'000 personnes ont manifesté dans 55 villes des Etats-Unis samedi 28 avril pour défendre les droits des femmes. Desiree Jordan, qui réside à New York, et Karen Teegarden, qui habite dans le Michigan ont lancé ce mouvement citoyen national via Facebook. Un millier de bénévoles ont ensuite supervisé l’organisation localement, avec le soutien d’organisations féministes, notamment le National organization for women (NOW) et le Labor Union Women. Difficultés pour obtenir les autorisations à manifester, pour assurer chaque événement, pour louer des toilettes portatives, les estrades, la sono… Ces citoyennes ne savaient pas vraiment dans quoi elles se lançaient, mais elles l’ont fait.<strong> </strong></p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Comment est né «Unite against the war on women» ? </strong></p> <p><strong>Desiree Jordan :</strong> Lorsque Rush Limbaugh a traité Sandra Fluke de salope, c’est comme s’il m’avait insultée moi. Et lorsque la Chambre des représentants l’a privée de parole, c’est comme s’ils m’avaient privée de parole aussi. Les cinq hommes qui ont été les seules personnes invitées à débattre sur le droit à la prise en charge de la contraception auraient dû s’élever contre cette absurdité. Si j’étais allée me coucher sans rien faire ce soir-là, je n’aurais pas valu mieux qu’eux.</p> <p><strong>Karen Teegarden : </strong>Avec Desiree, on se téléphone<strong> </strong>quand on est énervées, essentiellement à propos de politique, et on discute. Alors comme d’habitude, on s’est appelées au moment de l’histoire de Sandra Fluke. Les médias traitaient cette histoire comme si c’était banal, et c’était juste après la proposition de loi en Oklahoma qui envisageait de considérer l’embryon comme une personne, dès la fécondation, et juste après que la loi sur l’échographie transvaginale soit passée en Virginie, et que les candidats républicains aient remis en cause le droit à la contraception. Cette fois-ci, on s’est dit «trop c’est trop». On n’arrivait pas à croire que personne ne se mobilise, que les gens ne soient pas déjà dans la rue. Alors on s’est dit qu’on allait le faire. Et le seul moyen auquel on ait pensé, c’était de créer un événement Facebook.</p> <p><strong> </strong></p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Êtes-vous satisfaites de la mobilisation que vous avez su créer ? </strong></p> <p><strong>Desiree Jordan : </strong>Dès le lendemain, 500 personnes s’étaient inscrites à l’événement Facebook. C’est là qu’on s’est dit «oh oh…», il va falloir assurer !</p> <p><strong>Karen Teegarden :</strong> 47'000 personnes, c’est pas mal, mais ce n’est pas non plus exceptionnel, ça ne reflète pas la colère qui, nous le savons, est très importante. Mais on a organisé ça en dix semaines, sans être adossées à une association, c’était la première fois qu’on organisait une manifestation, on n’avait aucun budget pour faire de la pub, donc on est contentes, et ce n’est que le commencement.</p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Quel est le futur de «Unite against the war on women» ?</strong></p> <p><strong>Karen Teegarden : </strong>On<strong> </strong>va essayer d’éduquer les gens, d’expliciter les lois dans un langage simple, et détailler les conséquences concrètes de chaque loi proposée en matière de contraception, d’avortement, d’égalité salariale, etc. Sans soutenir aucun des candidats, on aidera également les électeurs à faire un choix qui prenne en compte les droits de la femme, en détaillant ce que chaque législateur a voté, et les déclarations qu’il ou elle a faites en faveur des femmes ou contre celles-ci. Certains démocrates ont voté contre les droits des femmes, nous voulons que ça se sache. On a également créé une pétition dans laquelle les signataires s’engagent à utiliser leur vote pour protéger les droits des femmes.</p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Vous considérez-vous féministes ? </strong></p> <p><strong>Karen Teegarden : </strong>Oui, assurément. Mais pas dans le sens négatif de «contre les hommes». Je vis depuis 23 ans avec un homme qui croit en ce que nous faisons et nous soutient. Un quart des personnes qui nous ont aidées à organiser la marche étaient des hommes. Nous pensons que le combat pour le droit des femmes est une facette du combat pour les droits de l’homme.</p> <p> </p> <p>Signer la pétition: http://www.change.org/petitions/protect-women-s-rights-or-else</p> <p> </p> <p>Photo: © Christelle Gérand,  <em> <span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;">Desiree Jordan, lors de la marche "Unite against the war on women" à New York. </span></span></em> </p> <p><strong><img src="images/stories/nyc.jpg" border="0" width="304" /></strong></p> <p><strong>Une connexion Internet, beaucoup de volonté et 55 manifestations pour dire «trop c’est trop». </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>Plus de 47'000 personnes ont manifesté dans 55 villes des Etats-Unis samedi 28 avril pour défendre les droits des femmes. Desiree Jordan, qui réside à New York, et Karen Teegarden, qui habite dans le Michigan ont lancé ce mouvement citoyen national via Facebook. Un millier de bénévoles ont ensuite supervisé l’organisation localement, avec le soutien d’organisations féministes, notamment le National organization for women (NOW) et le Labor Union Women. Difficultés pour obtenir les autorisations à manifester, pour assurer chaque événement, pour louer des toilettes portatives, les estrades, la sono… Ces citoyennes ne savaient pas vraiment dans quoi elles se lançaient, mais elles l’ont fait.<strong> </strong></p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Comment est né «Unite against the war on women» ? </strong></p> <p><strong>Desiree Jordan :</strong> Lorsque Rush Limbaugh a traité Sandra Fluke de salope, c’est comme s’il m’avait insultée moi. Et lorsque la Chambre des représentants l’a privée de parole, c’est comme s’ils m’avaient privée de parole aussi. Les cinq hommes qui ont été les seules personnes invitées à débattre sur le droit à la prise en charge de la contraception auraient dû s’élever contre cette absurdité. Si j’étais allée me coucher sans rien faire ce soir-là, je n’aurais pas valu mieux qu’eux.</p> <p><strong>Karen Teegarden : </strong>Avec Desiree, on se téléphone<strong> </strong>quand on est énervées, essentiellement à propos de politique, et on discute. Alors comme d’habitude, on s’est appelées au moment de l’histoire de Sandra Fluke. Les médias traitaient cette histoire comme si c’était banal, et c’était juste après la proposition de loi en Oklahoma qui envisageait de considérer l’embryon comme une personne, dès la fécondation, et juste après que la loi sur l’échographie transvaginale soit passée en Virginie, et que les candidats républicains aient remis en cause le droit à la contraception. Cette fois-ci, on s’est dit «trop c’est trop». On n’arrivait pas à croire que personne ne se mobilise, que les gens ne soient pas déjà dans la rue. Alors on s’est dit qu’on allait le faire. Et le seul moyen auquel on ait pensé, c’était de créer un événement Facebook.</p> <p><strong> </strong></p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Êtes-vous satisfaites de la mobilisation que vous avez su créer ? </strong></p> <p><strong>Desiree Jordan : </strong>Dès le lendemain, 500 personnes s’étaient inscrites à l’événement Facebook. C’est là qu’on s’est dit «oh oh…», il va falloir assurer !</p> <p><strong>Karen Teegarden :</strong> 47'000 personnes, c’est pas mal, mais ce n’est pas non plus exceptionnel, ça ne reflète pas la colère qui, nous le savons, est très importante. Mais on a organisé ça en dix semaines, sans être adossées à une association, c’était la première fois qu’on organisait une manifestation, on n’avait aucun budget pour faire de la pub, donc on est contentes, et ce n’est que le commencement.</p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Quel est le futur de «Unite against the war on women» ?</strong></p> <p><strong>Karen Teegarden : </strong>On<strong> </strong>va essayer d’éduquer les gens, d’expliciter les lois dans un langage simple, et détailler les conséquences concrètes de chaque loi proposée en matière de contraception, d’avortement, d’égalité salariale, etc. Sans soutenir aucun des candidats, on aidera également les électeurs à faire un choix qui prenne en compte les droits de la femme, en détaillant ce que chaque législateur a voté, et les déclarations qu’il ou elle a faites en faveur des femmes ou contre celles-ci. Certains démocrates ont voté contre les droits des femmes, nous voulons que ça se sache. On a également créé une pétition dans laquelle les signataires s’engagent à utiliser leur vote pour protéger les droits des femmes.</p> <p> </p> <p><strong>l’émiliE : Vous considérez-vous féministes ? </strong></p> <p><strong>Karen Teegarden : </strong>Oui, assurément. Mais pas dans le sens négatif de «contre les hommes». Je vis depuis 23 ans avec un homme qui croit en ce que nous faisons et nous soutient. Un quart des personnes qui nous ont aidées à organiser la marche étaient des hommes. Nous pensons que le combat pour le droit des femmes est une facette du combat pour les droits de l’homme.</p> <p> </p> <p>Signer la pétition: http://www.change.org/petitions/protect-women-s-rights-or-else</p> <p> </p> <p>Photo: © Christelle Gérand,  <em> <span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;">Desiree Jordan, lors de la marche "Unite against the war on women" à New York. </span></span></em> </p> Le manifeste avant le second tour 2012-05-04T10:26:24+00:00 2012-05-04T10:26:24+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/349-le-manifeste-avant-le-second-tour REDACTION [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/tag.jpg" border="0" /></p> <p> </p> <p><strong>Tout le gratin des féministes françaises se positionne avant le second tour de l'élection présidentielle en faisant circuler un manifeste sans ambiguïté aucune. l'émiliE reproduit ici leur texte pour sa portée universelle et ses questionnements qui ne peuvent laisser personne indifférent.</strong></p> <p>"<strong><em>Nous, féministes </em></strong></p> <p><strong><em> </em></strong></p> <p>Nous citoyennes et indigènes, immigrées et autochtones, bourgeoises et prolétaires, travailleuses et chômeuses, nationales et naturalisées, européennes et étrangères, militantes et universitaires : filles, mères, ménopausées, avortées ou hormonées, noires, blanches, tsiganes, arabes, musulmanes, juives ou chrétiennes, croyantes, mécréantes, voilées, dévoilées, revoilées, sexy, grosses, anorexiques, valides ou non, straight, trans, gouines, <em>queer,</em> morales, immorales, amorales, victimes, putes, épargnées ou enragées, …</p> <p>Nous, féministes, filles d’Olympe de Gouges, la demi-mondaine guillotinée pour avoir déclaré nos droits, de Solitude, mulâtresse guillotinée à Pointe à Pitre pour s’être élevée contre le rétablissement de l’esclavage, de Mary Wollstonecraft et de sa philosophie authentiquement universaliste, de Flora Tristan qui défendait "la nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères", de Fatma N’Soumer combattante algérienne qui prit les armes contre l’armée coloniale, de Louise Michel qui se rangea sans hésiter du côté des Kanaks contre les colonisateurs de son pays, d’Olga Bancik la combattante invisible de la bande à Manouchian décapitée par les nazis, des 230 militantes, résistantes, du convoi du 24 janvier 1943 qui entonnèrent la Marseillaise en franchissant le portail de Birkenau, … Nous, filles, petites filles du MLF et du FHAR ; filles d’Audre Lorde, poétesse, lesbienne, caribéenne, traquant le racisme, le sexisme et l’homophobie jusque dans les rangs des mouvements féministes et des mobilisations anti-racistes...</p> <p>Filles de Virginia Woolf, nous dénonçons avec elle la propagande nationaliste qui prend les femmes en otage et prétend les défendre alors qu’on bafoue leurs droits fondamentaux : <em>«En tant que femme, je n’ai pas de pays, en tant que femme, je ne désire pas de pays, mon pays c’est le monde entier…».</em></p> <p>Notre généalogie ne connaît pas de zones d’ombre : nous représentons cette tradition féministe internationaliste et anti-fasciste qui s’est historiquement battue contre l’instrumentalisation colonialiste et nationaliste des droits des femmes et qui a toujours revendiqué l’égalité de toutEs et tous, quels que soient nos conditions, nos papiers d’identité, nos sexualités, nos religions, … Nous déclarons que nous ferons tout pour débarrasser le pays du Président sortant et appelons toutes et tous à en faire autant pour barrer la route au fascisme qui se répand en France et en Europe.</p> <p>Il est temps que nous nous rassemblions pour combattre ces politiques qui détruisent systématiquement notre communauté politique, nos droits, nos libertés démocratiques, le lien social et la solidarité et qui osent le faire <em>en notre nom</em>. Il est temps qu’un autre féminisme prenne la parole : nous, féministes, refusons avec la plus vive détermination que les «droits des femmes» et des «homosexuelLEs» ou «l’égalité des sexes» servent des idéologies et des pratiques néo-coloniales et liberticides.</p> <p>Nous refusons de nous rendre complices de tels dispositifs qui créent les conditions de la toute puissance du capitalisme néolibéral, de la promotion d’une morale paternaliste de la «tolérance», de la réduction du politique au maintien de l’ordre policier et douanier, du fichage, de la surveillance et de la criminalisation des «étrangerEs», des populations paupérisées comme des syndicalistes et du mouvement social. Nous nous révoltons contre cette société qui laisse crever ses propres citoyenNEs de froid et de faim dans la rue tout en prétendant ne pas pouvoir accueillir «toute la misère du monde» ; nous condamnons la ruine des services publics, notamment en matière de santé, d’éducation, de recherche et de proximité qui sont la condition matérielle <em>nécessaire</em> de l’égalité réelle.</p> <p>Obscur objet du désir, l’adhésion de 6 millions d’électeurs et d’électrices françaisES à une culture fascisante fait l’objet d’un racolage actif. Le score du FN est comme un blanc-seing pour nous maintenir dans la <em>minorité</em>, pour nous abreuver de représentations populistes, débiles, de raisonnements simplistes qui ne prônent que la haine ; la société civile n’est plus qu’une société de consommation clivée et apeurée. Cette surenchère doit cesser … Pour notre part, nous ne laisserons plus ce front nationaliste récupérer le féminisme pour en faire l’étendard des frontières de l’«Occident». Nous ne laisserons pas un parti, quel que soit le sexe de son chef, nous diviser impunément.</p> <p>Nous luttons contre le grand renfermement dans une Europe forteresse qui transforme le combat historique pour nos droits et nos libertés sur nos corps et nos vies en une valeur de la «civilisation occidentale» et un critère d’intégration islamophobe… Qu’en est-il justement de <em>«Nous» </em>? Qu’en est-il de <em>«nos»</em> droits ? Qu’en est-il de ces millions de femmes vivant <em>ici </em>sous le seuil de pauvreté ou assignées au travail domestique ? Qu’en est-il de l’égalité réelle des sexes et des sexualités ? ... Quelle place occupe la lutte contre l’hétérosexisme dans notre société : une société qui maintient les discriminations salariales comme la permissivité des insultes ou l’impunité des violences ? Quels moyens sont alloués à une éducation sexuelle émancipatrice et à l’accès réel aux droits sexuels reproductifs et non reproductifs pour toutEs (maintien des centres d’IVG, valorisation et diffusion de la gynécologie médicale, contraception libre et gratuite, accès à la PMA sans discrimination) ?</p> <p>En tant que féministes, comment ne pas exiger l’abrogation des lois qui criminalisent les femmes en raison de leur religion, le développement de mode de garde collectif, la réforme des manuels scolaires et le développement de la place de l’histoire des femmes, des études postcoloniales et de la notion de «genre» dans toutes les disciplines, l’éradication des publicités et des jouets prônant l’hétérosexualité obligatoire, la reconnaissance pleine et entière des droits sociaux des prostituéEs ?…</p> <p>Quelles leçons prétendons-nous vouloir donner au monde et de quelle histoire voulons-nous être les héritierEs ? Nous appelons aujourd’hui à voter pour le candidat qui demeure en position de barrer la route au projet néoconservateur d’une Europe amnésique, pour faire rempart aux politiques avilissantes des droites extrêmes comme des dérives droitières des partis de gouvernement d’ici ou d’ailleurs. Cet appel ne donne nullement carte blanche à M. Hollande ni ne signifie une adhésion à son programme économique et social : nos votes sont une promesse qui charrie le tumulte des combats passés, une promesse vis-à-vis de cette mémoire des luttes, un engagement pour l’avenir.</p> <p>Si nous gagnons cette fois, nous n’oublions pas que les fascistes sont de retour en Europe ; une Europe déchirée et désolée par des décennies d’un néolibéralisme agressif. Fidèles à Virginia Woolf, et à son brûlot féministe <em>Trois guinées </em>(expurgé de ses œuvres «complètes» récemment parues dans La Pléiade), nous affirmons que, désormais, quiconque tente de nous instrumentaliser en prétendant défendre le droit des femmes sous couvert de progrès, d’identité nationale ou de défense des frontières européennes – rencontrera sur son chemin une internationale féministe que nous appelons de nos vœux.<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 14px;">"<br /> <br /> <br /> Pour signer :<br /> <span style="color: #0000ff;"><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/internationale-f%C3%A9ministe-nous-f%C3%A9ministes">http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/internationale-f%C3%A9ministe-nous-f%C3%A9ministes</a><br /> </span></span><br /> Les signataires: Eleni Varikas, Elsa Dorlin, Clémentine Autain, Hourya Bentouhami, Oristelle Bonis/Editions iXe, Laure Bereni, Isabelle Clair, Sonia Dayan-Herzbrun, Nacira Guénif, Rada Ivekovic, Danielle Kergoat, Rose-Marie Lagrave, Geneviève Pruvost, Judith Revel, …<br /> </span></span></span> <br /></p> <p><img src="images/stories/tag.jpg" border="0" /></p> <p> </p> <p><strong>Tout le gratin des féministes françaises se positionne avant le second tour de l'élection présidentielle en faisant circuler un manifeste sans ambiguïté aucune. l'émiliE reproduit ici leur texte pour sa portée universelle et ses questionnements qui ne peuvent laisser personne indifférent.</strong></p> <p>"<strong><em>Nous, féministes </em></strong></p> <p><strong><em> </em></strong></p> <p>Nous citoyennes et indigènes, immigrées et autochtones, bourgeoises et prolétaires, travailleuses et chômeuses, nationales et naturalisées, européennes et étrangères, militantes et universitaires : filles, mères, ménopausées, avortées ou hormonées, noires, blanches, tsiganes, arabes, musulmanes, juives ou chrétiennes, croyantes, mécréantes, voilées, dévoilées, revoilées, sexy, grosses, anorexiques, valides ou non, straight, trans, gouines, <em>queer,</em> morales, immorales, amorales, victimes, putes, épargnées ou enragées, …</p> <p>Nous, féministes, filles d’Olympe de Gouges, la demi-mondaine guillotinée pour avoir déclaré nos droits, de Solitude, mulâtresse guillotinée à Pointe à Pitre pour s’être élevée contre le rétablissement de l’esclavage, de Mary Wollstonecraft et de sa philosophie authentiquement universaliste, de Flora Tristan qui défendait "la nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères", de Fatma N’Soumer combattante algérienne qui prit les armes contre l’armée coloniale, de Louise Michel qui se rangea sans hésiter du côté des Kanaks contre les colonisateurs de son pays, d’Olga Bancik la combattante invisible de la bande à Manouchian décapitée par les nazis, des 230 militantes, résistantes, du convoi du 24 janvier 1943 qui entonnèrent la Marseillaise en franchissant le portail de Birkenau, … Nous, filles, petites filles du MLF et du FHAR ; filles d’Audre Lorde, poétesse, lesbienne, caribéenne, traquant le racisme, le sexisme et l’homophobie jusque dans les rangs des mouvements féministes et des mobilisations anti-racistes...</p> <p>Filles de Virginia Woolf, nous dénonçons avec elle la propagande nationaliste qui prend les femmes en otage et prétend les défendre alors qu’on bafoue leurs droits fondamentaux : <em>«En tant que femme, je n’ai pas de pays, en tant que femme, je ne désire pas de pays, mon pays c’est le monde entier…».</em></p> <p>Notre généalogie ne connaît pas de zones d’ombre : nous représentons cette tradition féministe internationaliste et anti-fasciste qui s’est historiquement battue contre l’instrumentalisation colonialiste et nationaliste des droits des femmes et qui a toujours revendiqué l’égalité de toutEs et tous, quels que soient nos conditions, nos papiers d’identité, nos sexualités, nos religions, … Nous déclarons que nous ferons tout pour débarrasser le pays du Président sortant et appelons toutes et tous à en faire autant pour barrer la route au fascisme qui se répand en France et en Europe.</p> <p>Il est temps que nous nous rassemblions pour combattre ces politiques qui détruisent systématiquement notre communauté politique, nos droits, nos libertés démocratiques, le lien social et la solidarité et qui osent le faire <em>en notre nom</em>. Il est temps qu’un autre féminisme prenne la parole : nous, féministes, refusons avec la plus vive détermination que les «droits des femmes» et des «homosexuelLEs» ou «l’égalité des sexes» servent des idéologies et des pratiques néo-coloniales et liberticides.</p> <p>Nous refusons de nous rendre complices de tels dispositifs qui créent les conditions de la toute puissance du capitalisme néolibéral, de la promotion d’une morale paternaliste de la «tolérance», de la réduction du politique au maintien de l’ordre policier et douanier, du fichage, de la surveillance et de la criminalisation des «étrangerEs», des populations paupérisées comme des syndicalistes et du mouvement social. Nous nous révoltons contre cette société qui laisse crever ses propres citoyenNEs de froid et de faim dans la rue tout en prétendant ne pas pouvoir accueillir «toute la misère du monde» ; nous condamnons la ruine des services publics, notamment en matière de santé, d’éducation, de recherche et de proximité qui sont la condition matérielle <em>nécessaire</em> de l’égalité réelle.</p> <p>Obscur objet du désir, l’adhésion de 6 millions d’électeurs et d’électrices françaisES à une culture fascisante fait l’objet d’un racolage actif. Le score du FN est comme un blanc-seing pour nous maintenir dans la <em>minorité</em>, pour nous abreuver de représentations populistes, débiles, de raisonnements simplistes qui ne prônent que la haine ; la société civile n’est plus qu’une société de consommation clivée et apeurée. Cette surenchère doit cesser … Pour notre part, nous ne laisserons plus ce front nationaliste récupérer le féminisme pour en faire l’étendard des frontières de l’«Occident». Nous ne laisserons pas un parti, quel que soit le sexe de son chef, nous diviser impunément.</p> <p>Nous luttons contre le grand renfermement dans une Europe forteresse qui transforme le combat historique pour nos droits et nos libertés sur nos corps et nos vies en une valeur de la «civilisation occidentale» et un critère d’intégration islamophobe… Qu’en est-il justement de <em>«Nous» </em>? Qu’en est-il de <em>«nos»</em> droits ? Qu’en est-il de ces millions de femmes vivant <em>ici </em>sous le seuil de pauvreté ou assignées au travail domestique ? Qu’en est-il de l’égalité réelle des sexes et des sexualités ? ... Quelle place occupe la lutte contre l’hétérosexisme dans notre société : une société qui maintient les discriminations salariales comme la permissivité des insultes ou l’impunité des violences ? Quels moyens sont alloués à une éducation sexuelle émancipatrice et à l’accès réel aux droits sexuels reproductifs et non reproductifs pour toutEs (maintien des centres d’IVG, valorisation et diffusion de la gynécologie médicale, contraception libre et gratuite, accès à la PMA sans discrimination) ?</p> <p>En tant que féministes, comment ne pas exiger l’abrogation des lois qui criminalisent les femmes en raison de leur religion, le développement de mode de garde collectif, la réforme des manuels scolaires et le développement de la place de l’histoire des femmes, des études postcoloniales et de la notion de «genre» dans toutes les disciplines, l’éradication des publicités et des jouets prônant l’hétérosexualité obligatoire, la reconnaissance pleine et entière des droits sociaux des prostituéEs ?…</p> <p>Quelles leçons prétendons-nous vouloir donner au monde et de quelle histoire voulons-nous être les héritierEs ? Nous appelons aujourd’hui à voter pour le candidat qui demeure en position de barrer la route au projet néoconservateur d’une Europe amnésique, pour faire rempart aux politiques avilissantes des droites extrêmes comme des dérives droitières des partis de gouvernement d’ici ou d’ailleurs. Cet appel ne donne nullement carte blanche à M. Hollande ni ne signifie une adhésion à son programme économique et social : nos votes sont une promesse qui charrie le tumulte des combats passés, une promesse vis-à-vis de cette mémoire des luttes, un engagement pour l’avenir.</p> <p>Si nous gagnons cette fois, nous n’oublions pas que les fascistes sont de retour en Europe ; une Europe déchirée et désolée par des décennies d’un néolibéralisme agressif. Fidèles à Virginia Woolf, et à son brûlot féministe <em>Trois guinées </em>(expurgé de ses œuvres «complètes» récemment parues dans La Pléiade), nous affirmons que, désormais, quiconque tente de nous instrumentaliser en prétendant défendre le droit des femmes sous couvert de progrès, d’identité nationale ou de défense des frontières européennes – rencontrera sur son chemin une internationale féministe que nous appelons de nos vœux.<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 14px;">"<br /> <br /> <br /> Pour signer :<br /> <span style="color: #0000ff;"><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/internationale-f%C3%A9ministe-nous-f%C3%A9ministes">http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/internationale-f%C3%A9ministe-nous-f%C3%A9ministes</a><br /> </span></span><br /> Les signataires: Eleni Varikas, Elsa Dorlin, Clémentine Autain, Hourya Bentouhami, Oristelle Bonis/Editions iXe, Laure Bereni, Isabelle Clair, Sonia Dayan-Herzbrun, Nacira Guénif, Rada Ivekovic, Danielle Kergoat, Rose-Marie Lagrave, Geneviève Pruvost, Judith Revel, …<br /> </span></span></span> <br /></p> A New York, unies pour leurs droits 2012-04-30T13:25:00+00:00 2012-04-30T13:25:00+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/348-a-new-york-unies-pour-defendre-leurs-droits Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/manif us_7450.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>Pour dénoncer la véritable guerre anti-femmes menée par les Républicains, des milliers de femmes se sont réunies dans tous les Etats-Unis samedi dernier. </strong></p> <p>«Salope». Un mot sale, un mot qui blesse et stigmatise. «Salope», «prostituée», voilà comment un commentateur républicain a qualifié une jeune femme qui voulait témoigner de l’importance du droit à la contraception. Une femme que les Républicains ont réduite au silence lors de débats au Congrès portant sur le remboursement des pilules contraceptives ou abortives par tous les assureurs. C’était en février dernier, à l’apogée verbale de la guerre des Républicains contre les femmes.</p> <p>Se sentant elles aussi insultées, Karen Teegarden et Desiree Jordan créent un événement facebook «Uni(e)s contre la guerre anti-femmes». Le 28 avril, elles diront «trop c’est trop». Le lendemain, l’événement réunit virtuellement 500 personnes. Samedi, elles ont été des milliers à défiler dans chaque Etat.</p> <p>A New York, c’est au cri de «Ni l’Eglise, ni l’Etat, les femmes doivent contrôler leur destin», que des centaines d’hommes et de femmes ont battu le pavé. Kimberley a fait le déplacement depuis l’Etat voisin du Connecticut pour faire entendre sa voix à New York.  Pas particulièrement militante, elle n’avait encore jamais manifesté pour défendre ses droits. A 53 ans, elle y met la ferveur des première fois. Elle s’époumone, elle brandit à bout de bras un tee-shirt «Unite against the war on women» à tous les passants, qui applaudissent ou klaxonnent pour marquer leur soutien.</p> <p>Gloria, à 79 ans, est quant à elle de toutes les grosses manifestations depuis le Vietnam. Elle est venue avec son mari. «Je ne suis pas là pour moi. La contraception et l’avortement, ce n’est plus de mon âge. Mais je suis là pour mes enfants, mes amis, pour défendre des droits que je pensais définitivement acquis.» La manifestation très bon enfant s’étend sur les trottoirs de Broadway au son de deux tambours.</p> <p>Elle réunit les sexes, les âges, les races, et les religions. Ainsi Ellis étudie au séminaire Drew à New York : «Lorsque les médias disent «l’Eglise», ils se trompent, nous sommes nombreux à être très libéraux et à s’opposer fermement à la doxa des autorités religieuses. L’Eglise ne doit pas nous dicter quels droits nous devons avoir», martèle-t-elle. L’une de ses amies du séminaire arbore une pancarte «non au viol d’Etat», en référence à l’ultrason transvaginal imposé aux femmes avant d’avorter au Texas.</p> <p>Paulina brandit une pancarte : «Je ne suis pas un ventre qui marche. Je suis une femme et un médecin. Je peux penser rationnellement et éthiquement aux conséquences de mes actions SANS VOTRE AIDE». Elle n’en peut plus que les débats sur la contraception et l’avortement soient l’apanage du gouvernement et des ultras religieux. «Les lois que cherchent à faire passer les Républicains sont contre le droit des femmes, et n’ont aucun sens médical.» Elle est lassée des «mensonges d’Etat», dont «le plus absurde est certainement la loi passée dans le New Hampshire, qui oblige les médecins à dire à leurs patients que l’avortement cause le cancer du sein. Personne n’a jamais démontré ça, d’où les législateurs connaissent-ils mieux la médecine que moi ?»</p> <p>Barbara, qui porte le deuil de ses droits et des chaussures de combat, espère mettre un terme à cette escalade verbale et législative. «Ils ont commencé par remettre en cause l’avortement, maintenant c’est la contraception. Ils vont de plus en plus loin, il faut les arrêter. Pour l’instant, à New York, on est plus libéraux, mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer.»</p> <p><strong>A suivre </strong>: Une interview des organisatrices</p> <p>La guerre anti-femmes a bien lieu</p> <p><img src="images/stories/manif us_7450.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>Pour dénoncer la véritable guerre anti-femmes menée par les Républicains, des milliers de femmes se sont réunies dans tous les Etats-Unis samedi dernier. </strong></p> <p>«Salope». Un mot sale, un mot qui blesse et stigmatise. «Salope», «prostituée», voilà comment un commentateur républicain a qualifié une jeune femme qui voulait témoigner de l’importance du droit à la contraception. Une femme que les Républicains ont réduite au silence lors de débats au Congrès portant sur le remboursement des pilules contraceptives ou abortives par tous les assureurs. C’était en février dernier, à l’apogée verbale de la guerre des Républicains contre les femmes.</p> <p>Se sentant elles aussi insultées, Karen Teegarden et Desiree Jordan créent un événement facebook «Uni(e)s contre la guerre anti-femmes». Le 28 avril, elles diront «trop c’est trop». Le lendemain, l’événement réunit virtuellement 500 personnes. Samedi, elles ont été des milliers à défiler dans chaque Etat.</p> <p>A New York, c’est au cri de «Ni l’Eglise, ni l’Etat, les femmes doivent contrôler leur destin», que des centaines d’hommes et de femmes ont battu le pavé. Kimberley a fait le déplacement depuis l’Etat voisin du Connecticut pour faire entendre sa voix à New York.  Pas particulièrement militante, elle n’avait encore jamais manifesté pour défendre ses droits. A 53 ans, elle y met la ferveur des première fois. Elle s’époumone, elle brandit à bout de bras un tee-shirt «Unite against the war on women» à tous les passants, qui applaudissent ou klaxonnent pour marquer leur soutien.</p> <p>Gloria, à 79 ans, est quant à elle de toutes les grosses manifestations depuis le Vietnam. Elle est venue avec son mari. «Je ne suis pas là pour moi. La contraception et l’avortement, ce n’est plus de mon âge. Mais je suis là pour mes enfants, mes amis, pour défendre des droits que je pensais définitivement acquis.» La manifestation très bon enfant s’étend sur les trottoirs de Broadway au son de deux tambours.</p> <p>Elle réunit les sexes, les âges, les races, et les religions. Ainsi Ellis étudie au séminaire Drew à New York : «Lorsque les médias disent «l’Eglise», ils se trompent, nous sommes nombreux à être très libéraux et à s’opposer fermement à la doxa des autorités religieuses. L’Eglise ne doit pas nous dicter quels droits nous devons avoir», martèle-t-elle. L’une de ses amies du séminaire arbore une pancarte «non au viol d’Etat», en référence à l’ultrason transvaginal imposé aux femmes avant d’avorter au Texas.</p> <p>Paulina brandit une pancarte : «Je ne suis pas un ventre qui marche. Je suis une femme et un médecin. Je peux penser rationnellement et éthiquement aux conséquences de mes actions SANS VOTRE AIDE». Elle n’en peut plus que les débats sur la contraception et l’avortement soient l’apanage du gouvernement et des ultras religieux. «Les lois que cherchent à faire passer les Républicains sont contre le droit des femmes, et n’ont aucun sens médical.» Elle est lassée des «mensonges d’Etat», dont «le plus absurde est certainement la loi passée dans le New Hampshire, qui oblige les médecins à dire à leurs patients que l’avortement cause le cancer du sein. Personne n’a jamais démontré ça, d’où les législateurs connaissent-ils mieux la médecine que moi ?»</p> <p>Barbara, qui porte le deuil de ses droits et des chaussures de combat, espère mettre un terme à cette escalade verbale et législative. «Ils ont commencé par remettre en cause l’avortement, maintenant c’est la contraception. Ils vont de plus en plus loin, il faut les arrêter. Pour l’instant, à New York, on est plus libéraux, mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer.»</p> <p><strong>A suivre </strong>: Une interview des organisatrices</p> <p>La guerre anti-femmes a bien lieu</p> La nudité contre le voile? 2012-04-12T06:18:17+00:00 2012-04-12T06:18:17+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/342-la-nudite-contre-le-voile Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/femen.jpg" border="0" width="304" /></p> <p>Tandis que la charia fait loi dans le nord du Mali, les militantes de FEMEN multiplient leurs actions de soutien aux activistes déçu-e-s des printemps arabes. Le 31 mars dernier, elles ont débarqué voilées sur le parvis du Trocadéro à Paris, pour finalement se mettre seins nus, leur uniforme de base, et scander des slogans comme  "Nudity is freedom !" (La nudité c'est la liberté), "Muslim women, let's get naked" (Femmes musulmanes, déshabillez-vous), "Intégrisme dégage" ou encore "No charia". Un brin impérialistes, elles expliquent qu'elles cherchent à aider les femmes musulmanes "à réaliser qu’elles doivent se battre pour leurs droits".</p> <p>L'option stratégique de la nudité par les FEMEN a peut-être donné un coup de projecteurs sur quelques cas de sexisme et de violences faites aux femmes mais n'a guère d'effet pour prévenir les viols de masse commis au Mali. La représentante spéciale de l'ONU pour les violences sexuelles dans les conflits armés, Margot Wallstrom ne peut que constater la triste réalité: «Alors que les troubles continuent dans le nord du Mali, un nombre alarmant d'actes de violence sexuelle ont été rapportés». Elle précise que «ces allégations comprennent des enlèvements, des viols en public et la soumission de femmes et de filles à des actes de violence sexuelle devant des membres de leur famille.». Traoré Nana Sissako, présidente du groupe Droit et citoyenneté des femmes au Mali, porte-parole du Mouvement des femmes pour la sortie de crise "condamne avec la dernière rigueur les violences que les femmes subissent au Nord du Mali. Le Mali ne mérite pas une situation pareille, à plus forte raison les femmes. Nous savons que dans toute situation de conflit les plus grandes victimes sont les femmes. Le cas du Mali ne ferra pas l’exception". Les images des Maliennes qui se voilent pour se protéger rappellent que leur vie n'est suspendue qu'à un fil, celui d'un tissu symbole de leur soumission.</p> <p><img src="images/stories/femen.jpg" border="0" width="304" /></p> <p>Tandis que la charia fait loi dans le nord du Mali, les militantes de FEMEN multiplient leurs actions de soutien aux activistes déçu-e-s des printemps arabes. Le 31 mars dernier, elles ont débarqué voilées sur le parvis du Trocadéro à Paris, pour finalement se mettre seins nus, leur uniforme de base, et scander des slogans comme  "Nudity is freedom !" (La nudité c'est la liberté), "Muslim women, let's get naked" (Femmes musulmanes, déshabillez-vous), "Intégrisme dégage" ou encore "No charia". Un brin impérialistes, elles expliquent qu'elles cherchent à aider les femmes musulmanes "à réaliser qu’elles doivent se battre pour leurs droits".</p> <p>L'option stratégique de la nudité par les FEMEN a peut-être donné un coup de projecteurs sur quelques cas de sexisme et de violences faites aux femmes mais n'a guère d'effet pour prévenir les viols de masse commis au Mali. La représentante spéciale de l'ONU pour les violences sexuelles dans les conflits armés, Margot Wallstrom ne peut que constater la triste réalité: «Alors que les troubles continuent dans le nord du Mali, un nombre alarmant d'actes de violence sexuelle ont été rapportés». Elle précise que «ces allégations comprennent des enlèvements, des viols en public et la soumission de femmes et de filles à des actes de violence sexuelle devant des membres de leur famille.». Traoré Nana Sissako, présidente du groupe Droit et citoyenneté des femmes au Mali, porte-parole du Mouvement des femmes pour la sortie de crise "condamne avec la dernière rigueur les violences que les femmes subissent au Nord du Mali. Le Mali ne mérite pas une situation pareille, à plus forte raison les femmes. Nous savons que dans toute situation de conflit les plus grandes victimes sont les femmes. Le cas du Mali ne ferra pas l’exception". Les images des Maliennes qui se voilent pour se protéger rappellent que leur vie n'est suspendue qu'à un fil, celui d'un tissu symbole de leur soumission.</p> Décès d'Adrienne Rich 2012-03-30T07:22:36+00:00 2012-03-30T07:22:36+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/338-le-deces-dadrienne-rich Rina Nissim [email protected] <p><strong><em><img src="http://lemilie.org/images/stories/rich illian kemp.jpg" border="0" width="304" /></em></strong></p> <p> </p> <p><strong>Adrienne RICH</strong>, poète et essayiste états-unienne de grand renom <strong>est décédée ce 27 mars</strong> <strong>2012</strong> à Santa Cruz en Californie à l’âge de 82 ans.</p> <p>Elle a publié une vingtaine de recueils de poèmes. Théoricienne et écrivaine engagée, elle est également l’auteure de sept ouvrages d’essai.</p> <p>Elle a reçu un grand nombre de distinctions et de prix dont récemment le <em>National Book Foundation 2006 Medal for Distinguished Contribution to American </em><em>Letters</em>. Elle a également refusé un prix : la <em>National Medal of Arts</em> en 1997, déclarant qu’elle ne pouvait accepter un prix du Président Clinton et de la Maison Blanche, car l’idée même qu’elle se faisait de l’art restait incompatible avec la politique cynique de cette administration. Elle a ajouté : «L’art ne rime à rien s’il ne sert qu’à décorer la table à dîner du pouvoir qui le tient en otage.»</p> <p>Les travaux d’Adrienne Rich ont été traduits en dix langues. En 2010, les Editions Mamamélis et Nouvelles Questions Féministes(NQF) on publié une sélection d’essais intitulée <em>La contrainte à l’hétérosexualité et autres essais</em> dans laquelle on peut découvrir la radicalité et l’acuité de son analyse critique du monde contemporain. Elle a certainement contribué à développer le mouvement féministe internationaliste.</p> <p><strong><em><img src="images/stories/rich illian kemp.jpg" border="0" width="304" /></em></strong></p> <p> </p> <p><strong>Adrienne RICH</strong>, poète et essayiste états-unienne de grand renom <strong>est décédée ce 27 mars</strong> <strong>2012</strong> à Santa Cruz en Californie à l’âge de 82 ans.</p> <p>Elle a publié une vingtaine de recueils de poèmes. Théoricienne et écrivaine engagée, elle est également l’auteure de sept ouvrages d’essai.</p> <p>Elle a reçu un grand nombre de distinctions et de prix dont récemment le <em>National Book Foundation 2006 Medal for Distinguished Contribution to American </em><em>Letters</em>. Elle a également refusé un prix : la <em>National Medal of Arts</em> en 1997, déclarant qu’elle ne pouvait accepter un prix du Président Clinton et de la Maison Blanche, car l’idée même qu’elle se faisait de l’art restait incompatible avec la politique cynique de cette administration. Elle a ajouté : «L’art ne rime à rien s’il ne sert qu’à décorer la table à dîner du pouvoir qui le tient en otage.»</p> <p>Les travaux d’Adrienne Rich ont été traduits en dix langues. En 2010, les Editions Mamamélis et Nouvelles Questions Féministes(NQF) on publié une sélection d’essais intitulée <em>La contrainte à l’hétérosexualité et autres essais</em> dans laquelle on peut découvrir la radicalité et l’acuité de son analyse critique du monde contemporain. Elle a certainement contribué à développer le mouvement féministe internationaliste.</p> Preciado et Sepulveda à Genève 2012-02-24T14:04:04+00:00 2012-02-24T14:04:04+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/333-preciado-et-sepulveda-a-geneve Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/hugh2.jpg" border="0" width="304" /></p> <p>Elles viennent de très loin mais font un stop chez nous: Beatriz Preciado et Katia Sepulveda exploratrices de l'utopie érotique du magazine Playboy. La première étudie dans son dernier ouvrage intitulé "Pornotopie" cet empire industriel de loisirs sexuels en analysant les rapports entre architecture, technologie et sexualité. La seconde interroge les mécanismes du premier bordel multimédia capitaliste à travers des collages. Leurs travaux se croisent et se répondent.</p> <p>Les bureaux de l'émiliE étant petits et encombrés, c'est au Broom qu'elles feront le vernissage de l'exposition <em>Domestic Dispositive</em>. C'est en effet d'espace privé et de son réaménagement post-domestique pour homme célibataire urbain dont il sera question. L'exemple de Hugh Hefner, fondateur de Playboy, précurseur de nos formes modernes de mise en spectacle de l'intimité, vivant couché dans son lit rotatif d'où il exerçait son pouvoir, entouré des Bunnies, sous le regard des caméras, a inspiré bien des concepts de télé-réalité et de réseaux sociaux. La théâtralisation de l'hétérosexualité vous pose question?</p> <p>Assistez à son décorticage en live avec des spécialistes.</p> <p><strong><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;">Mardi 6 mars à 19 h<br /> </span></span></strong><span style="font-size: 12px;"><strong><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;">Conférence  Beatriz Preciado<br /> Vernissage exposition “Domestic Dispositive” Katia Sepulveda<br /> </span></strong><span style="font-family: Helvetica,Verdana,Arial;"><strong>A Chronological research of Playboy Magazine that deals with themes like genre, sex and architecture as a project of subjectivity production of pleasure as a conventional whorehouse.<br /></strong> <br /> </span><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;">Broom- Social Club Database 59-21 boulevard Saint George 1205 Genève<br /> www.broomers.ch/ &lt;<span style="color: #0000ff;"><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.broomers.ch/">http://www.broomers.ch/</a></span></span>&gt; </span></span> <!--EndFragment--></p> <p>Photo DR, <em>Hugh hefner, à l'origine du concept du penthouse, "refuge en ville pour homme célibataire"</em></p> <p><img src="images/stories/hugh2.jpg" border="0" width="304" /></p> <p>Elles viennent de très loin mais font un stop chez nous: Beatriz Preciado et Katia Sepulveda exploratrices de l'utopie érotique du magazine Playboy. La première étudie dans son dernier ouvrage intitulé "Pornotopie" cet empire industriel de loisirs sexuels en analysant les rapports entre architecture, technologie et sexualité. La seconde interroge les mécanismes du premier bordel multimédia capitaliste à travers des collages. Leurs travaux se croisent et se répondent.</p> <p>Les bureaux de l'émiliE étant petits et encombrés, c'est au Broom qu'elles feront le vernissage de l'exposition <em>Domestic Dispositive</em>. C'est en effet d'espace privé et de son réaménagement post-domestique pour homme célibataire urbain dont il sera question. L'exemple de Hugh Hefner, fondateur de Playboy, précurseur de nos formes modernes de mise en spectacle de l'intimité, vivant couché dans son lit rotatif d'où il exerçait son pouvoir, entouré des Bunnies, sous le regard des caméras, a inspiré bien des concepts de télé-réalité et de réseaux sociaux. La théâtralisation de l'hétérosexualité vous pose question?</p> <p>Assistez à son décorticage en live avec des spécialistes.</p> <p><strong><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;">Mardi 6 mars à 19 h<br /> </span></span></strong><span style="font-size: 12px;"><strong><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;">Conférence  Beatriz Preciado<br /> Vernissage exposition “Domestic Dispositive” Katia Sepulveda<br /> </span></strong><span style="font-family: Helvetica,Verdana,Arial;"><strong>A Chronological research of Playboy Magazine that deals with themes like genre, sex and architecture as a project of subjectivity production of pleasure as a conventional whorehouse.<br /></strong> <br /> </span><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;">Broom- Social Club Database 59-21 boulevard Saint George 1205 Genève<br /> www.broomers.ch/ &lt;<span style="color: #0000ff;"><span style="text-decoration: underline;"><a href="http://www.broomers.ch/">http://www.broomers.ch/</a></span></span>&gt; </span></span> <!--EndFragment--></p> <p>Photo DR, <em>Hugh hefner, à l'origine du concept du penthouse, "refuge en ville pour homme célibataire"</em></p> Ministre de la femme et porno 2012-02-10T09:21:44+00:00 2012-02-10T09:21:44+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/327-ministre-de-la-femme-et-porno Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/inde.jpg" border="0" /></p> <p> </p> <p>En pleine séance parlementaire au Karnataka en Inde, Laxman Savadi,le ministre du Développement, visiblement peu captivé par les débats, visionnait une vidéo pornographique sur son smartphone, ignorant qu'il était filmé par les caméras de surveillance. Deux de ses collègues dont le ministre chargé des questions de la femme et de l'enfant s'étaient joints à lui.</p> <p>La scène rediffusée sur les télévisions locales et les réseaux sociaux a fait scandale. Les trois hommes ont d'abord prétendu regarder un documentaire sur un viol collectif puis ont fini par reconnaître les faits. Préférant alors démissionner pour ne pas mettre dans l'embarras leur parti, le Bharatiya Janata, d'obédience nationaliste et conservatrice, proches des religieux, les ex-ministres risquaient d'avoir des difficultés à justifier leur comportement.</p> <p><img src="images/stories/inde.jpg" border="0" /></p> <p> </p> <p>En pleine séance parlementaire au Karnataka en Inde, Laxman Savadi,le ministre du Développement, visiblement peu captivé par les débats, visionnait une vidéo pornographique sur son smartphone, ignorant qu'il était filmé par les caméras de surveillance. Deux de ses collègues dont le ministre chargé des questions de la femme et de l'enfant s'étaient joints à lui.</p> <p>La scène rediffusée sur les télévisions locales et les réseaux sociaux a fait scandale. Les trois hommes ont d'abord prétendu regarder un documentaire sur un viol collectif puis ont fini par reconnaître les faits. Préférant alors démissionner pour ne pas mettre dans l'embarras leur parti, le Bharatiya Janata, d'obédience nationaliste et conservatrice, proches des religieux, les ex-ministres risquaient d'avoir des difficultés à justifier leur comportement.</p> Crise humanitaire en Grèce 2012-02-03T07:05:52+00:00 2012-02-03T07:05:52+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/324-crise-humanitaire-sans-precedent-en-grece REDACTION [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/grece-crise-dette2.jpg" border="0" /></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>Crise humanitaire sans précèdent en Grèce</strong></p> <p> </p> <p><strong>Sonia Mitralia, militante féministe membre de la Marche Mondiale des Femmes, </strong><strong>a prononcé ce discours devant la Commission Sociale de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe qui s’est tenue le 24 janvier 2012 à Strasbourg  sur le thème : «Les mesures d'austérité - un danger pour la démocratie et les droits sociaux".</strong></p> <p>Presque deux ans après le début du traitement de choc imposé par la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International à la Grèce, son bilan est catastrophique, révoltant et inhumain.</p> <p>Tout d’abord, même les inspirateurs de ces politiques admettent maintenant ouvertement non seulement leur échec patent, mais aussi que leurs recettes étaient dès le début totalement erronées, irréalistes, inefficaces et même contre-productives. En voici une illustration qui concerne non pas une question secondaire mais le cœur du problème, la dette publique grecque elle-même : selon tous les responsables du désastre grec, si leurs politiques (d’austérité plus que draconienne) résultent efficaces à 100%, ce qui est d’ailleurs totalement illusoire, la dette publique grecque sera ramenée en 2020 à 120% de PIB national, c'est-à-dire au taux qui était le sien en...  2009, quand tout ce jeu de massacre a commencé !  En somme, ce qu’ils nous disent maintenant cyniquement c’est qu’ils ont détruit toute une société européenne… absolument pour rien !</p> <p>Mais, comme si tout ça ne suffisait pas, ils persistent à imposer  aux Grecs – mais aussi pratiquement à tout le monde - exactement les mêmes politiques qu’eux-mêmes admettent qu’elles ont déjà fait faillite. C’est comme ça qu’on est désormais en Grèce au septième « Mémorandum » d’austérité et de destruction de services publics, après que les six premiers aient fait preuve d’une totale inefficacité ! Et c’est aussi comme ça qu’on assiste au Portugal, en Irlande, en Italie, en Espagne et un peu partout en Europe à l’application de ces mêmes plans d’austérité draconienne qui aboutissent partout au même résultat, c'est-à-dire enfoncer les économies et les populations dans une récession et un marasme toujours plus profonds.</p> <p>En réalité, des expressions telles que « austérité draconienne » sont  absolument insuffisantes pour décrire ce qui est en train de se passer en Grèce. Ce n’est pas seulement que les salariés et les retraités soient amputées de 50% ou même, dans certains cas de 70%, de leur pouvoir d’achat dans le secteur public et un peu moins dans le secteur privé.</p> <p>C’est aussi que la malnutrition fait déjà des ravages parmi les enfants de l’école primaire ou que même la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines des milliers de SDF misérables, affamés et en haillons. C’est que le chômage atteint désormais 20% de la population et 45% des jeunes. (49,5 pour les jeunes femmes).</p> <p>Que les services publics soient liquidés ou privatisés avec comme conséquence que les lits d’hôpitaux soient réduits (par décision gouvernementale) de 40%, qu’il faille payer très cher même pour accoucher, qu’il n’y ait plus dans les hôpitaux publics même des pansements ou médicaments de base comme des aspirines.</p> <p>Que l’Etat grec ne soit pas encore – en ce janvier 2012! - en mesure de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé.</p> <p>Que des dizaines des milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrants de maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’Etat grec leur a coupé les subsides et les médicaments.</p> <p>Que les  tentatives de suicide (réussies et pas) s’accroissent à une vitesse hallucinante comme d’ailleurs les séropositifs et les toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités…</p> <p>Que des millions de femmes grecques se voient maintenant chargées en famille des tâches normalement assumées par l’Etat à travers ses services publics avant que ceux-ci soient démantelés ou privatisés par les politiques d’austérité. La conséquence en est un véritable calvaire pour ces femmes grecques : non seulement elles sont les premières a être licenciées et sont contraintes d’assumer les tâches des services publics en travaillant de plus en plus gratuitement à la maison, mais elles sont aussi directement visées par la réapparition de l’oppression patriarcale qui sert comme alibi idéologique au retour forcé des femmes au foyer familial.</p> <p>On pourrait continuer presque à l’infini cette description de la déchéance de la population grecque. Mais, même en se limitant à ce qu’on vient de dire, on constate qu’on se trouve devant une situation sociale qui correspond parfaitement à la définition de <strong>l’état de nécessité</strong> ou de danger reconnu depuis longtemps par le droit international. Et ce même droit international permet et même oblige expressément les Etats à donner la priorité à la satisfaction des besoins élémentaires de ses citoyens et non pas au remboursement de ses dettes.</p> <p>Comme le souligne la Commission du droit international de l’ONU à propos de l’état de nécessité : « <em>On ne peut attendre d’un État qu’il ferme ses écoles et ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement pour ainsi disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut raisonnablement attendre d’un État, de la même façon que pour un individu. </em> »</p> <p>Alors, notre position, qui est d’ailleurs la position de millions de Grecs, est claire et nette et se résume au respect de l’esprit et de la lettre du droit international. Les Grecs ne doivent pas payer une dette qui n’est pas la leur pour plusieurs raisons.</p> <p>Primo, parce que l’ONU et les conventions internationales - signées par leur pays mais aussi par les pays de leurs créanciers - intiment à l'Etat grec de satisfaire en toute priorité non pas ses créanciers mais plutôt ses obligations envers ses nationaux et les étrangers qui se trouvent sous sa juridiction.</p> <p>Secundo, parce que cette dette publique grecque, ou au moins une part très importante d’elle, semble réunir tout les attributs d’une dette odieuse et en tout cas illégitime, que le droit international intime de ne pas rembourser. C’est d’ailleurs pourquoi il faudrait tout faire non pas pour empêcher (comme l’Etat grec le fait maintenant) mais plutôt pour faciliter la tâche de la Campagne grecque pour l’audit citoyen de cette dette afin d’identifier sa part illégitime qu’il faudrait annuler et ne pas payer.</p> <p>Notre conclusion est catégorique : la tragédie grecque n’est ni fatale ni insoluble. La solution existe et la répudiation, l’annulation et le non paiement de la dette publique  grecque en fait partie en tant que premier pas  vers la bonne direction. C'est-à-dire, vers le salut de tout un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix…</p> <p><img src="images/stories/grece-crise-dette2.jpg" border="0" /></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>Crise humanitaire sans précèdent en Grèce</strong></p> <p> </p> <p><strong>Sonia Mitralia, militante féministe membre de la Marche Mondiale des Femmes, </strong><strong>a prononcé ce discours devant la Commission Sociale de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe qui s’est tenue le 24 janvier 2012 à Strasbourg  sur le thème : «Les mesures d'austérité - un danger pour la démocratie et les droits sociaux".</strong></p> <p>Presque deux ans après le début du traitement de choc imposé par la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International à la Grèce, son bilan est catastrophique, révoltant et inhumain.</p> <p>Tout d’abord, même les inspirateurs de ces politiques admettent maintenant ouvertement non seulement leur échec patent, mais aussi que leurs recettes étaient dès le début totalement erronées, irréalistes, inefficaces et même contre-productives. En voici une illustration qui concerne non pas une question secondaire mais le cœur du problème, la dette publique grecque elle-même : selon tous les responsables du désastre grec, si leurs politiques (d’austérité plus que draconienne) résultent efficaces à 100%, ce qui est d’ailleurs totalement illusoire, la dette publique grecque sera ramenée en 2020 à 120% de PIB national, c'est-à-dire au taux qui était le sien en...  2009, quand tout ce jeu de massacre a commencé !  En somme, ce qu’ils nous disent maintenant cyniquement c’est qu’ils ont détruit toute une société européenne… absolument pour rien !</p> <p>Mais, comme si tout ça ne suffisait pas, ils persistent à imposer  aux Grecs – mais aussi pratiquement à tout le monde - exactement les mêmes politiques qu’eux-mêmes admettent qu’elles ont déjà fait faillite. C’est comme ça qu’on est désormais en Grèce au septième « Mémorandum » d’austérité et de destruction de services publics, après que les six premiers aient fait preuve d’une totale inefficacité ! Et c’est aussi comme ça qu’on assiste au Portugal, en Irlande, en Italie, en Espagne et un peu partout en Europe à l’application de ces mêmes plans d’austérité draconienne qui aboutissent partout au même résultat, c'est-à-dire enfoncer les économies et les populations dans une récession et un marasme toujours plus profonds.</p> <p>En réalité, des expressions telles que « austérité draconienne » sont  absolument insuffisantes pour décrire ce qui est en train de se passer en Grèce. Ce n’est pas seulement que les salariés et les retraités soient amputées de 50% ou même, dans certains cas de 70%, de leur pouvoir d’achat dans le secteur public et un peu moins dans le secteur privé.</p> <p>C’est aussi que la malnutrition fait déjà des ravages parmi les enfants de l’école primaire ou que même la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines des milliers de SDF misérables, affamés et en haillons. C’est que le chômage atteint désormais 20% de la population et 45% des jeunes. (49,5 pour les jeunes femmes).</p> <p>Que les services publics soient liquidés ou privatisés avec comme conséquence que les lits d’hôpitaux soient réduits (par décision gouvernementale) de 40%, qu’il faille payer très cher même pour accoucher, qu’il n’y ait plus dans les hôpitaux publics même des pansements ou médicaments de base comme des aspirines.</p> <p>Que l’Etat grec ne soit pas encore – en ce janvier 2012! - en mesure de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé.</p> <p>Que des dizaines des milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrants de maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’Etat grec leur a coupé les subsides et les médicaments.</p> <p>Que les  tentatives de suicide (réussies et pas) s’accroissent à une vitesse hallucinante comme d’ailleurs les séropositifs et les toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités…</p> <p>Que des millions de femmes grecques se voient maintenant chargées en famille des tâches normalement assumées par l’Etat à travers ses services publics avant que ceux-ci soient démantelés ou privatisés par les politiques d’austérité. La conséquence en est un véritable calvaire pour ces femmes grecques : non seulement elles sont les premières a être licenciées et sont contraintes d’assumer les tâches des services publics en travaillant de plus en plus gratuitement à la maison, mais elles sont aussi directement visées par la réapparition de l’oppression patriarcale qui sert comme alibi idéologique au retour forcé des femmes au foyer familial.</p> <p>On pourrait continuer presque à l’infini cette description de la déchéance de la population grecque. Mais, même en se limitant à ce qu’on vient de dire, on constate qu’on se trouve devant une situation sociale qui correspond parfaitement à la définition de <strong>l’état de nécessité</strong> ou de danger reconnu depuis longtemps par le droit international. Et ce même droit international permet et même oblige expressément les Etats à donner la priorité à la satisfaction des besoins élémentaires de ses citoyens et non pas au remboursement de ses dettes.</p> <p>Comme le souligne la Commission du droit international de l’ONU à propos de l’état de nécessité : « <em>On ne peut attendre d’un État qu’il ferme ses écoles et ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement pour ainsi disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut raisonnablement attendre d’un État, de la même façon que pour un individu. </em> »</p> <p>Alors, notre position, qui est d’ailleurs la position de millions de Grecs, est claire et nette et se résume au respect de l’esprit et de la lettre du droit international. Les Grecs ne doivent pas payer une dette qui n’est pas la leur pour plusieurs raisons.</p> <p>Primo, parce que l’ONU et les conventions internationales - signées par leur pays mais aussi par les pays de leurs créanciers - intiment à l'Etat grec de satisfaire en toute priorité non pas ses créanciers mais plutôt ses obligations envers ses nationaux et les étrangers qui se trouvent sous sa juridiction.</p> <p>Secundo, parce que cette dette publique grecque, ou au moins une part très importante d’elle, semble réunir tout les attributs d’une dette odieuse et en tout cas illégitime, que le droit international intime de ne pas rembourser. C’est d’ailleurs pourquoi il faudrait tout faire non pas pour empêcher (comme l’Etat grec le fait maintenant) mais plutôt pour faciliter la tâche de la Campagne grecque pour l’audit citoyen de cette dette afin d’identifier sa part illégitime qu’il faudrait annuler et ne pas payer.</p> <p>Notre conclusion est catégorique : la tragédie grecque n’est ni fatale ni insoluble. La solution existe et la répudiation, l’annulation et le non paiement de la dette publique  grecque en fait partie en tant que premier pas  vers la bonne direction. C'est-à-dire, vers le salut de tout un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix…</p> The Untitled Feminist Show à New York 2012-01-25T07:28:57+00:00 2012-01-25T07:28:57+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/321-the-untitled-feminist-show-a-new-york Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/ombrelles.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>A New York, l’utopie d’un monde sans genre</strong></p> <p align="center"> </p> <p>Le temps d’un spectacle, oublier la société genrée. Passer outre les codes qui veulent qu’une femme soit comme ci ou comme ça et se comporte comme ci ou comme ça. C’est l’utopie à laquelle nous invite Young Jean Lee dans <em>The Untitled feminist show</em>, à New York. Après avoir bousculé les codes du théâtre shakespearien et titillé la question de la race, la metteuse en scène s’est lancé un nouveau défi : explorer le féminisme.</p> <p>En réfléchissant pendant un mois avec les six performatrices bien connues de la scène new-yorkaise sur ce qu’était le féminisme, le débat s’est vite révélé chaotique, la notion impossible à définir et l’ambition trop vaste. Mais metteuse en scène, chorégraphe et performatrices étaient d’accord sur un point : toutes rêvaient d’un monde avec davantage de fluidité des genres. A quoi ressemblerait un monde dans lequel on pourrait être qui l’on veut et faire ce que l’on veut, sans conséquence et sans que le genre n'entre en compte ?</p> <p>Pantomime sexuelle, opéra-rock ménager, jouissance saphique, jeux insouciants, chaque tableau explore une nouvelle facette de la femme, au cours d’un spectacle aussi fascinant qu’amusant. « Féministe est devenu un « mot sale » avec lequel de nombreuses personnes refusent d’être associées », explique Young Jean Lee, qui le réhabilite avec brio. « A un moment où les femmes risquent de perdre une partie de leurs droits aux Etats-Unis », il était temps pour elle d’ajouter sa pierre à l’édifice.</p> <p> </p> <p><strong>Comme une photographie du <em>National Geographic</em></strong></p> <p>La nudité et la diversité des corps se sont tout de suite imposées. Alors qu’elle commençait à réfléchir à la pièce, elle est allée voir une exposition du photographe Irving Penn et a trouvé « vraiment perturbant que la beauté ne soit incarnée que par des femmes blanches et minces de la classe supérieure. » Quelques jours plus tôt, elle était allée voir <em>The Soup Show</em>, spectacle féministe de la scène new-yorkaise interprété par trois femmes nues dont l’une afro-américaine obèse. « J’ai vraiment été fascinée par cette grosse femme nue et très sexy », se souvient Young Jean Lee.</p> <p>La nudité des six danseuses qui viennent de l’univers du cabaret, du burlesque et de la danse moderne permet aussi davantage de fluidité : « Elles changent d’attitude toutes les deux secondes, elles ne pouvaient pas changer de costume toutes les deux secondes ». Mais surtout, après des essais, il lui est apparu que les performatrices « étaient plus sexy habillées, quels que soient les habits, parce qu’on se demande toujours ce qu’il y a en dessous. Sans vêtements, elle ne sont plus des objets de désir, elles ne sont d’ailleurs plus des objets, elle sont juste là devant nous, comme une photographie du <em>National Geographic »</em>.</p> <p>A la toute fin du<em> Untitled Feminist Show</em>, les six danseuses reçoivent des applaudissements soutenus, après s’être habillées. « J’aimais l’effet d’étrangeté de les voir porter des vêtements, sourit Young Jean Lee, pour la première fois, elles montraient leur individualité et les choix qu’elles ont faits. »</p> <p>© Photo J<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 13px;">ulieta Cervantes</span></span></span> </p> <p><img src="images/stories/ombrelles.jpg" border="0" width="304" /></p> <p><strong>A New York, l’utopie d’un monde sans genre</strong></p> <p align="center"> </p> <p>Le temps d’un spectacle, oublier la société genrée. Passer outre les codes qui veulent qu’une femme soit comme ci ou comme ça et se comporte comme ci ou comme ça. C’est l’utopie à laquelle nous invite Young Jean Lee dans <em>The Untitled feminist show</em>, à New York. Après avoir bousculé les codes du théâtre shakespearien et titillé la question de la race, la metteuse en scène s’est lancé un nouveau défi : explorer le féminisme.</p> <p>En réfléchissant pendant un mois avec les six performatrices bien connues de la scène new-yorkaise sur ce qu’était le féminisme, le débat s’est vite révélé chaotique, la notion impossible à définir et l’ambition trop vaste. Mais metteuse en scène, chorégraphe et performatrices étaient d’accord sur un point : toutes rêvaient d’un monde avec davantage de fluidité des genres. A quoi ressemblerait un monde dans lequel on pourrait être qui l’on veut et faire ce que l’on veut, sans conséquence et sans que le genre n'entre en compte ?</p> <p>Pantomime sexuelle, opéra-rock ménager, jouissance saphique, jeux insouciants, chaque tableau explore une nouvelle facette de la femme, au cours d’un spectacle aussi fascinant qu’amusant. « Féministe est devenu un « mot sale » avec lequel de nombreuses personnes refusent d’être associées », explique Young Jean Lee, qui le réhabilite avec brio. « A un moment où les femmes risquent de perdre une partie de leurs droits aux Etats-Unis », il était temps pour elle d’ajouter sa pierre à l’édifice.</p> <p> </p> <p><strong>Comme une photographie du <em>National Geographic</em></strong></p> <p>La nudité et la diversité des corps se sont tout de suite imposées. Alors qu’elle commençait à réfléchir à la pièce, elle est allée voir une exposition du photographe Irving Penn et a trouvé « vraiment perturbant que la beauté ne soit incarnée que par des femmes blanches et minces de la classe supérieure. » Quelques jours plus tôt, elle était allée voir <em>The Soup Show</em>, spectacle féministe de la scène new-yorkaise interprété par trois femmes nues dont l’une afro-américaine obèse. « J’ai vraiment été fascinée par cette grosse femme nue et très sexy », se souvient Young Jean Lee.</p> <p>La nudité des six danseuses qui viennent de l’univers du cabaret, du burlesque et de la danse moderne permet aussi davantage de fluidité : « Elles changent d’attitude toutes les deux secondes, elles ne pouvaient pas changer de costume toutes les deux secondes ». Mais surtout, après des essais, il lui est apparu que les performatrices « étaient plus sexy habillées, quels que soient les habits, parce qu’on se demande toujours ce qu’il y a en dessous. Sans vêtements, elle ne sont plus des objets de désir, elles ne sont d’ailleurs plus des objets, elle sont juste là devant nous, comme une photographie du <em>National Geographic »</em>.</p> <p>A la toute fin du<em> Untitled Feminist Show</em>, les six danseuses reçoivent des applaudissements soutenus, après s’être habillées. « J’aimais l’effet d’étrangeté de les voir porter des vêtements, sourit Young Jean Lee, pour la première fois, elles montraient leur individualité et les choix qu’elles ont faits. »</p> <p>© Photo J<span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 13px;">ulieta Cervantes</span></span></span> </p> France: le Pacte pour l'Egalité 2012-01-17T08:27:21+00:00 2012-01-17T08:27:21+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/315-france-le-pacte-pour-legalite Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/logo_pacte_pour_l_egalite-59c72-2b1b3-7a002.jpg" border="0" width="340" height="227" /></p> <div> <p><br />En France, alors que la campagne présidentielle ne tourne qu'autour de la crise de la dette, laissant de côté les sujets de société, des voix tentent ça et là de poser des questions de fond susceptibles de revoir le projet sociétal. L'exemple du Laboratoire de l'égalité est à cet égard emblématique. Créé en 2010 par des hommes et des femmes issus de sensibilités politiques différentes, exerçant des responsabilités dans la vie économique, sociale, universitaire ou associative, il cherche à éveiller les consciences des politiques sur la structure même de de cette société française, sur ses fonctionnements profonds. Un Pacte pour l’égalité a ainsi été proposé à la signature des candidats à la présidentielle et se décline en quatre thématiques, parmi lesquelles :</p> <p>1. Sur la parité et l’accès des femmes aux responsabilités, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 réserver le financement aux partis qui présentent 50% de candidates aux élections ; 
 légiférer sur la parité dans toutes les instances de décision publiques et privées.<br />2. Sur l’égalité salariale et la lutte contre la précarité dans le travail, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 faire appliquer les lois sur l’égalité professionnelle assorties de sanctions financières ; 
 pénaliser le recours au temps partiel subi.<br />3. Sur la valorisation de l’implication des pères et la conciliation des temps de vie, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 allonger le congé paternité ; 
 créer 500 000 places d’accueil de jeunes enfants.<br />4. Sur le partage d’une culture de l’égalité, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 lutter contre les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge et former le personnel éducatif ; 
 lancer une campagne d’intérêt général sur la lutte contre les stéréotypes de genre.</p> <p>Pour l'heure, seules Eva Joly et Corinne Lepage ont signé ce Pacte, à croire que ces thématiques concernent finalement très peu de personnes... Pourtant selon une enquête réalisée auprès de plus de 3 000 personnes, il ressort que 7 répondants sur 10 souhaitent que l’égalité femmes/hommes soit au cœur du débat présidentiel. Par ailleurs, une campagne vidéo très efficace passe actuellement sur les principales chaînes françaises où il est clairement montré le processus d'invisibilisation des femmes à l'oeuvre dans le monde du travail. Le slogan qui pose la question "Les femmes, on continue à s'assoir dessus ou on change pour de bon?" pose aussi les termes du débat. C'est un peu comme si tout reste à faire...<br /></p> </div> <p><img src="images/stories/logo_pacte_pour_l_egalite-59c72-2b1b3-7a002.jpg" border="0" width="340" height="227" /></p> <div> <p><br />En France, alors que la campagne présidentielle ne tourne qu'autour de la crise de la dette, laissant de côté les sujets de société, des voix tentent ça et là de poser des questions de fond susceptibles de revoir le projet sociétal. L'exemple du Laboratoire de l'égalité est à cet égard emblématique. Créé en 2010 par des hommes et des femmes issus de sensibilités politiques différentes, exerçant des responsabilités dans la vie économique, sociale, universitaire ou associative, il cherche à éveiller les consciences des politiques sur la structure même de de cette société française, sur ses fonctionnements profonds. Un Pacte pour l’égalité a ainsi été proposé à la signature des candidats à la présidentielle et se décline en quatre thématiques, parmi lesquelles :</p> <p>1. Sur la parité et l’accès des femmes aux responsabilités, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 réserver le financement aux partis qui présentent 50% de candidates aux élections ; 
 légiférer sur la parité dans toutes les instances de décision publiques et privées.<br />2. Sur l’égalité salariale et la lutte contre la précarité dans le travail, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 faire appliquer les lois sur l’égalité professionnelle assorties de sanctions financières ; 
 pénaliser le recours au temps partiel subi.<br />3. Sur la valorisation de l’implication des pères et la conciliation des temps de vie, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 allonger le congé paternité ; 
 créer 500 000 places d’accueil de jeunes enfants.<br />4. Sur le partage d’une culture de l’égalité, le Laboratoire de l’Égalité demande de : 
 lutter contre les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge et former le personnel éducatif ; 
 lancer une campagne d’intérêt général sur la lutte contre les stéréotypes de genre.</p> <p>Pour l'heure, seules Eva Joly et Corinne Lepage ont signé ce Pacte, à croire que ces thématiques concernent finalement très peu de personnes... Pourtant selon une enquête réalisée auprès de plus de 3 000 personnes, il ressort que 7 répondants sur 10 souhaitent que l’égalité femmes/hommes soit au cœur du débat présidentiel. Par ailleurs, une campagne vidéo très efficace passe actuellement sur les principales chaînes françaises où il est clairement montré le processus d'invisibilisation des femmes à l'oeuvre dans le monde du travail. Le slogan qui pose la question "Les femmes, on continue à s'assoir dessus ou on change pour de bon?" pose aussi les termes du débat. C'est un peu comme si tout reste à faire...<br /></p> </div> Israël: flash mob anti-ultras 2012-01-09T09:15:17+00:00 2012-01-09T09:15:17+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/309-israel-flash-mob-anti-ultras Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/israel-1.jpg" border="0" /></p> <p>Les féministes israéliennes ne baissent pas les bras, au contraire, elles les lèvent, et haut! Leur dernière action en date pour contrer les radicaux ultra-orthodoxes (oui ça existe), une flash mob rassemblant 250 femmes  à Beit Shemesh, près de Jérusalem : c'est aux accents de Queen et à travers une chorégraphie flamboyante digne des revues de Broadway qu'elles ont exprimé leur désaccord.</p> <p>Pourtant résister à la tradition n'est pas si simple. La ségrégation instaurée depuis les années 90 dans les bus de certaines villes pourrait bien s'étendre sous la pression de ces religieux extrémistes. Les femmes sont censées s'asseoir à l'arrière des bus, "parce que c'est la place d'une bonne juive" comme l'explique un rabbin, chef d'un parti ultra-orthodoxe. Selon lui, il ne s'agit ni d'une honte ni d'une humiliation. C'est plutôt un signe d'humilité. Car l'humilité et la modestie sont les vertus premières d'une femme juive. C'est d'ailleurs ce qui a enflammé l'opinion publique israélienne émue par l'histoire de Naama Margolese, huit ans, harcelée sur le chemin de l'école par les juifs radicaux qui l'ont insultée et lui ont craché dessus au motif que sa tenue était "immodeste". Les principes du judaïsme orthodoxe stipulent que les femmes doivent porter des manches et jupes longues. Si ces règles deviennent insupportables pour de nombreuses femmes qui préfèrent quitter ces endroits rétrogrades, d'autres entrent en résistance. La mère de Naama a pris la tête d'un vaste mouvement citoyen et dans tout le pays, les manifestants protestent contre les discriminations dont les femmes font l'objet. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui a longtemps laissé faire, se veut rassurant et explique, en parlant des radicaux ultra-othodoxes, que ces comportements restent marginaux. Il a toutefois ajouté que " le harcèlement et la discrimination envers les femmes n’ont pas leur place en Israël".</p> <p>La menace n'a, semble-t-il, pas impressionné les extrémistes puisque le 31 décembre dernier ils défilaient à nouveau et dans leur cortège, on pouvait voir des manifestants en tenue rayée de déporté arborant l‘étoile jaune, provoquant la stupeur en Israël. Le gouvernement  et le directeur du Mémorial de Yad Vashem ont immédiatement réagi et ont condamné cette atteinte au souvenir de la Shoah.</p> <p>Associations féministes et laïques se retrouvent pour tenter de lutter contre la force du fait religieux, contre un mouvement qui interdit aux individus d'être sujets agissants, pour défaire le lien étroit qui existe entre tradition et religion, pour éviter que religion et tradition ne se confondent et soient au coeur du quotidien des gens, le régissent et gomment l'humain. Ce combat pourrait prendre plus d'ampleur car il touche la société israélienne dans son ensemble. L'exemple de la publicité est très symptomatique : les féministes se sont récemment opposées, avec succès, à la pratique tacite de certains publicitaires qui consistait à faire disparaître les images de femmes des affiches dans les villes fortement religieuses, notamment à Jérusalem, sous la pression de la communauté "harédim" (juifs ultra-orthodoxes, littéralement "craignant Dieu"). A travers le monde, les luttes féministes ont sans doute le même fond mais pas toujours la même forme... <strong> </strong></p> <p><strong><strong><br /></strong></strong></p> <p><img src="images/stories/israel-1.jpg" border="0" /></p> <p>Les féministes israéliennes ne baissent pas les bras, au contraire, elles les lèvent, et haut! Leur dernière action en date pour contrer les radicaux ultra-orthodoxes (oui ça existe), une flash mob rassemblant 250 femmes  à Beit Shemesh, près de Jérusalem : c'est aux accents de Queen et à travers une chorégraphie flamboyante digne des revues de Broadway qu'elles ont exprimé leur désaccord.</p> <p>Pourtant résister à la tradition n'est pas si simple. La ségrégation instaurée depuis les années 90 dans les bus de certaines villes pourrait bien s'étendre sous la pression de ces religieux extrémistes. Les femmes sont censées s'asseoir à l'arrière des bus, "parce que c'est la place d'une bonne juive" comme l'explique un rabbin, chef d'un parti ultra-orthodoxe. Selon lui, il ne s'agit ni d'une honte ni d'une humiliation. C'est plutôt un signe d'humilité. Car l'humilité et la modestie sont les vertus premières d'une femme juive. C'est d'ailleurs ce qui a enflammé l'opinion publique israélienne émue par l'histoire de Naama Margolese, huit ans, harcelée sur le chemin de l'école par les juifs radicaux qui l'ont insultée et lui ont craché dessus au motif que sa tenue était "immodeste". Les principes du judaïsme orthodoxe stipulent que les femmes doivent porter des manches et jupes longues. Si ces règles deviennent insupportables pour de nombreuses femmes qui préfèrent quitter ces endroits rétrogrades, d'autres entrent en résistance. La mère de Naama a pris la tête d'un vaste mouvement citoyen et dans tout le pays, les manifestants protestent contre les discriminations dont les femmes font l'objet. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui a longtemps laissé faire, se veut rassurant et explique, en parlant des radicaux ultra-othodoxes, que ces comportements restent marginaux. Il a toutefois ajouté que " le harcèlement et la discrimination envers les femmes n’ont pas leur place en Israël".</p> <p>La menace n'a, semble-t-il, pas impressionné les extrémistes puisque le 31 décembre dernier ils défilaient à nouveau et dans leur cortège, on pouvait voir des manifestants en tenue rayée de déporté arborant l‘étoile jaune, provoquant la stupeur en Israël. Le gouvernement  et le directeur du Mémorial de Yad Vashem ont immédiatement réagi et ont condamné cette atteinte au souvenir de la Shoah.</p> <p>Associations féministes et laïques se retrouvent pour tenter de lutter contre la force du fait religieux, contre un mouvement qui interdit aux individus d'être sujets agissants, pour défaire le lien étroit qui existe entre tradition et religion, pour éviter que religion et tradition ne se confondent et soient au coeur du quotidien des gens, le régissent et gomment l'humain. Ce combat pourrait prendre plus d'ampleur car il touche la société israélienne dans son ensemble. L'exemple de la publicité est très symptomatique : les féministes se sont récemment opposées, avec succès, à la pratique tacite de certains publicitaires qui consistait à faire disparaître les images de femmes des affiches dans les villes fortement religieuses, notamment à Jérusalem, sous la pression de la communauté "harédim" (juifs ultra-orthodoxes, littéralement "craignant Dieu"). A travers le monde, les luttes féministes ont sans doute le même fond mais pas toujours la même forme... <strong> </strong></p> <p><strong><strong><br /></strong></strong></p> Elle se vend par "amour" 2011-12-08T10:50:30+00:00 2011-12-08T10:50:30+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/305-elle-se-vend-par-qamourq Cléa Favre [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/sam_1734.jpg" border="0" width="266" height="355" style="border: 15px solid blank;" /></p> <p>Elle va avoir 50 ans la semaine prochaine. Et à première vue, il ne reste d'elle que ce tas de larmes qui nous fait face, recroquevillé sur sa chaise, dans un coin que l'association Rozkòs bez Rizika destine aux consultations obstétriques. Jirina monnaye sa douleur. 1'000 couronnes (40 euros). Elle affirme cependant entre deux pleurs qu'elle accepte de témoigner pour mettre en garde les jeunes filles naïves qui voudraient se lancer dans le business. On n'en sort pas en une apparition de la fée Clochette. On n'en sort pas indemne non plus.</p> <p>Jirina, le tapin, elle l'a fait à Prague, sa ville natale, pendant douze ans. Les clubs de striptease et ensuite la rue, «pour survivre parce que mon copain et moi avions des dettes. Pour le bien de notre fille aussi.» Les passes, le trottoir pour ramener suffisamment d'argent à la maison, cela a semblé acceptable à Jirina pendant deux ans. Plus du tout, à partir du moment où ses passes à elle servaient à payer ses doses à lui. Là, la donne a changé : Jirina enfilait ses strings la peur au ventre.<br />Enceinte de nouveau, au moins elle pouvait se rassurer en se disant que l'argent qu'elle touchait de l'Etat pour sa grossesse, c'était pour les enfants. Cette somme-là, il n'y touchait pas. Mais sinon, il lui prenait tout. Jirina s'est montrée docile : «Il n'avait pas besoin de me surveiller, il savait que j'allais rentrer avec mon butin.» Pour qu'elle reste, il lui a sorti en effet le grand jeu : le chantage aux enfants et les bleus.</p> <p>Ce qui a été le plus difficile pour elle à cette époque ? Jouer quatre partitions en parallèle : la pute pour les clients, la femme pour son copain, la mère pour ses enfants et la vraie Jirina quand elle se retrouvait enfin seule. A 30 ans passés, elle a perdu pied petit à petit, les coups qu'elle ramassait aidant. Elle a été hospitalisée à trois reprises. Le père de ses enfants l'a éventrée un jour avec un couteau. Mais «comme ce n'était pas très profond, il n'est pas allé en prison, il a juste été placé sous contrôle judiciaire.» Trente-huit points de suture plus tard, devenue experte en maquillage au fil des claques, elle retrouve son coin de bitume. Elle abandonne un peu plus chaque jour. La drogue lui fait un peu de bien, la rendant indolore, indifférente à son propre corps et suffisamment assommée pour subir celui des autres.</p> <p>Le sujet difficile à aborder pour Jirina, ce sont ses enfants. Aujourd'hui, à respectivement 14 et 17 ans, son garçon et sa fille la traitent comme une vague cousine. Ils ont grandi aux côtés de leur grand-tante, après avoir connu la vie en foyer. «Ils ont beaucoup souffert» parvient-elle à articuler en délaissant quelques minutes son mouchoir. <br />Au bout de quatre ans de prostitution forcée, quand elle a décidé de franchir définitivement la porte de son appartement, elle savait ce que cela lui coûterait. Mais c'était elle ou lui. Alors comme il l'avait promis, il lui a pris ses enfants. Il s'est débrouillé pour qu'ils soient placés, en disant à la police qu'elle les avait abandonnés. Oui, répond-elle en baissant la tête, elle a obtenu le droit de les revoir, bien plus tard. Quand sa tante a consenti à prendre en charge les enfants, Jirina a accepté ses règles : arrêter la prostitution et la dope pour pouvoir les serrer dans ses bras à nouveau. Mais quand elle a réussi, c'était trop tard. Dix ans, c'est un siècle pour un enfant.</p> <p>Jirina sait que regretter ne sert à rien. Alors elle se contente de pleurer. Mais quand on l'interroge sur son avenir, la foi revient dans ses yeux. Elle va vivre son rêve, enfin. Elle s'est mariée il y a de cela deux semaines. Bon, elle n'est pas amoureuse, mais elle le connaît depuis plus de quinze ans, c'est un ami très proche, «quelqu'un de bien, qui ne [la] bat pas». Elle a un petit garçon qui a fait ses premiers pas à l'école en septembre. La femme qui se tient maintenant droite devant nous annonce, pas peu fière, qu'elle aussi d'ailleurs a fait sa rentrée en même temps, avec un nouveau travail : vendeuse dans le textile. Alors Jirina sourit.</p> <p>© Photo DR</p> <p><img src="images/stories/sam_1734.jpg" border="0" width="266" height="355" style="border: 15px solid blank;" /></p> <p>Elle va avoir 50 ans la semaine prochaine. Et à première vue, il ne reste d'elle que ce tas de larmes qui nous fait face, recroquevillé sur sa chaise, dans un coin que l'association Rozkòs bez Rizika destine aux consultations obstétriques. Jirina monnaye sa douleur. 1'000 couronnes (40 euros). Elle affirme cependant entre deux pleurs qu'elle accepte de témoigner pour mettre en garde les jeunes filles naïves qui voudraient se lancer dans le business. On n'en sort pas en une apparition de la fée Clochette. On n'en sort pas indemne non plus.</p> <p>Jirina, le tapin, elle l'a fait à Prague, sa ville natale, pendant douze ans. Les clubs de striptease et ensuite la rue, «pour survivre parce que mon copain et moi avions des dettes. Pour le bien de notre fille aussi.» Les passes, le trottoir pour ramener suffisamment d'argent à la maison, cela a semblé acceptable à Jirina pendant deux ans. Plus du tout, à partir du moment où ses passes à elle servaient à payer ses doses à lui. Là, la donne a changé : Jirina enfilait ses strings la peur au ventre.<br />Enceinte de nouveau, au moins elle pouvait se rassurer en se disant que l'argent qu'elle touchait de l'Etat pour sa grossesse, c'était pour les enfants. Cette somme-là, il n'y touchait pas. Mais sinon, il lui prenait tout. Jirina s'est montrée docile : «Il n'avait pas besoin de me surveiller, il savait que j'allais rentrer avec mon butin.» Pour qu'elle reste, il lui a sorti en effet le grand jeu : le chantage aux enfants et les bleus.</p> <p>Ce qui a été le plus difficile pour elle à cette époque ? Jouer quatre partitions en parallèle : la pute pour les clients, la femme pour son copain, la mère pour ses enfants et la vraie Jirina quand elle se retrouvait enfin seule. A 30 ans passés, elle a perdu pied petit à petit, les coups qu'elle ramassait aidant. Elle a été hospitalisée à trois reprises. Le père de ses enfants l'a éventrée un jour avec un couteau. Mais «comme ce n'était pas très profond, il n'est pas allé en prison, il a juste été placé sous contrôle judiciaire.» Trente-huit points de suture plus tard, devenue experte en maquillage au fil des claques, elle retrouve son coin de bitume. Elle abandonne un peu plus chaque jour. La drogue lui fait un peu de bien, la rendant indolore, indifférente à son propre corps et suffisamment assommée pour subir celui des autres.</p> <p>Le sujet difficile à aborder pour Jirina, ce sont ses enfants. Aujourd'hui, à respectivement 14 et 17 ans, son garçon et sa fille la traitent comme une vague cousine. Ils ont grandi aux côtés de leur grand-tante, après avoir connu la vie en foyer. «Ils ont beaucoup souffert» parvient-elle à articuler en délaissant quelques minutes son mouchoir. <br />Au bout de quatre ans de prostitution forcée, quand elle a décidé de franchir définitivement la porte de son appartement, elle savait ce que cela lui coûterait. Mais c'était elle ou lui. Alors comme il l'avait promis, il lui a pris ses enfants. Il s'est débrouillé pour qu'ils soient placés, en disant à la police qu'elle les avait abandonnés. Oui, répond-elle en baissant la tête, elle a obtenu le droit de les revoir, bien plus tard. Quand sa tante a consenti à prendre en charge les enfants, Jirina a accepté ses règles : arrêter la prostitution et la dope pour pouvoir les serrer dans ses bras à nouveau. Mais quand elle a réussi, c'était trop tard. Dix ans, c'est un siècle pour un enfant.</p> <p>Jirina sait que regretter ne sert à rien. Alors elle se contente de pleurer. Mais quand on l'interroge sur son avenir, la foi revient dans ses yeux. Elle va vivre son rêve, enfin. Elle s'est mariée il y a de cela deux semaines. Bon, elle n'est pas amoureuse, mais elle le connaît depuis plus de quinze ans, c'est un ami très proche, «quelqu'un de bien, qui ne [la] bat pas». Elle a un petit garçon qui a fait ses premiers pas à l'école en septembre. La femme qui se tient maintenant droite devant nous annonce, pas peu fière, qu'elle aussi d'ailleurs a fait sa rentrée en même temps, avec un nouveau travail : vendeuse dans le textile. Alors Jirina sourit.</p> <p>© Photo DR</p> A quoi ressemble une féministe ? 2011-11-14T07:24:16+00:00 2011-11-14T07:24:16+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/300-a-quoi-ressemble-une-feministe Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/tumblr_lubuv9eyj01r5kfuvo1_500.png" border="0" /></p> <p><strong>Amy, une Californienne de 24 ans, invite toutes les personnes féministes à poster une photo d’elles sur son blog. </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>Un homme en corset, une fille torse nu, une obèse... Les profils que l’ont peut trouver sur le blog d’Amy, une Californienne de 24 ans, <a href="http://feministphotoblogproject.tumblr.com/"> http://feministphotoblogproject.tumblr.com/</a>, sont loin de l’image des féministes souvent véhiculée par les médias. Cette Sino-Mexicaine qui se décrit comme une «féministe de couleur» voulait montrer qu’elle était loin d’être la seule et invite qui veut à poster une photo sur son blog accompagnée d’un bref descriptif et de la phrase «voilà ce à quoi ressemble une féministe».</p> <p>Des trans, des bis, des universitaires, des artistes, des jeunes, des vieux, Amy réussit à montrer la diversité du mouvement féministe par la pluralité de celles et ceux qui le portent. De la photo artistique à celle prise soi-même avec son ordinateur au souvenir de vacances, pas de critère de sélection des photos, si ce n’est une «qui vous ressemble».</p> <p>En moins d’une semaine, 150 personnes, dont une Suissesse, une Sud-Africaine et une Hollandaise ont posté leur photo. Dolores Huerta, figure majeure du droit des femmes aux Etats-Unis, a elle aussi posté un cliché. «C’était un grand moment quand j’ai vu son nom», se souvient Amy. A vous de poster le vôtre !</p> <p><img src="images/stories/tumblr_lubuv9eyj01r5kfuvo1_500.png" border="0" /></p> <p><strong>Amy, une Californienne de 24 ans, invite toutes les personnes féministes à poster une photo d’elles sur son blog. </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>Un homme en corset, une fille torse nu, une obèse... Les profils que l’ont peut trouver sur le blog d’Amy, une Californienne de 24 ans, <a href="http://feministphotoblogproject.tumblr.com/"> http://feministphotoblogproject.tumblr.com/</a>, sont loin de l’image des féministes souvent véhiculée par les médias. Cette Sino-Mexicaine qui se décrit comme une «féministe de couleur» voulait montrer qu’elle était loin d’être la seule et invite qui veut à poster une photo sur son blog accompagnée d’un bref descriptif et de la phrase «voilà ce à quoi ressemble une féministe».</p> <p>Des trans, des bis, des universitaires, des artistes, des jeunes, des vieux, Amy réussit à montrer la diversité du mouvement féministe par la pluralité de celles et ceux qui le portent. De la photo artistique à celle prise soi-même avec son ordinateur au souvenir de vacances, pas de critère de sélection des photos, si ce n’est une «qui vous ressemble».</p> <p>En moins d’une semaine, 150 personnes, dont une Suissesse, une Sud-Africaine et une Hollandaise ont posté leur photo. Dolores Huerta, figure majeure du droit des femmes aux Etats-Unis, a elle aussi posté un cliché. «C’était un grand moment quand j’ai vu son nom», se souvient Amy. A vous de poster le vôtre !</p> Dépénalisation de la violence conjugale 2011-11-02T05:41:59+00:00 2011-11-02T05:41:59+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/295-depenalisation-de-la-violence-conjugale Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/vid00010_14971512_t230.jpg" border="0" /></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>Il y a un mois, la capitale du Kansas dépénalisait la violence conjugale pour “raisons budgétaires”. Sous la pression des associations féministes, Topeka et le Comté ont fait marche arrière. </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>«La protection des femmes est tout sauf une priorité et l’économie sert à le justifier», s’indigne Kari Ann Rinker, coordinatrice nationale de NOW (organisation nationale des femmes) au Kansas. Sans sa vigilance, on peut parier que les maris violents continueraient à y battre leur femme en toute impunité. Dan Stanley, le maire de Topeka, capitale du Kansas, avait en effet décidé le 8 septembre de cesser de poursuivre les délits domestiques pour «raisons budgétaires».</p> <p>Les femmes étaient en fait victimes, en plus de leurs maris, d’un bras de fer entre la ville de Topeka et le comté de Shawnee. Chad Taylor, le procureur de la République du comté, s’est fait sucrer 10% de son budget par l’Etat. Pour compenser cette perte, il a eu une idée ingénieuse : puisque la moitié des cas traités par le tribunal relèvent de la violence conjugale, il décide de les placer sous la responsabilité de la ville de Topeka. Mais la capitale ne l’entend pas de cette oreille. Elle n’a pas assez de personnel, pas assez de places de prison, pas assez d’argent, et surtout elle n’en a pas envie. Pour que «cesse l’ambiguïté» et pour «donner à la ville l’avantage dans les négociations avec le comté», explique le maire, il a dépénalisé la violence conjugale.</p> <p><strong>Laissez mourir les femmes</strong></p> <p>Un mois durant, les parties ont maintenu leur décision, laissant les policiers libérer les personnes qu’ils venaient d’arrêter. Trente personnes ont ainsi échappé aux poursuites judiciaires. Un homme violent a même été arrêté puis relâché deux fois durant cette période. Rita Smith, directrice de la Coalition nationale contre la violence domestique s’insurgeait alors dans la presse locale : «Je ne comprends absolument pas» la décision du conseil municipal. «C’est un scandale de jouer avec la sécurité des familles pour savoir qui cédera en premier. Des gens peuvent mourir pendant qu’ils tardent à trouver un arrangement.»</p> <p>C’est Kari Ann Rinker qui a accéléré les choses. Mobilisant tous ses contacts médiatiques et militants, elle a réussi à ce que cette question locale trouve un écho dans les journaux nationaux. Le maire et le procureur ont été bombardés de mails, et le comté a fini par céder. Elle estime qu’«en ce moment, sur tout le territoire, les femmes sont considérées comme des sous-hommes». Elle cite notamment le projet de loi «Laissez mourir les femmes» (Let the Women Die Act) qui autoriserait les hôpitaux à laisser mourir les femmes enceintes plutôt que les sauver en recourant à l’avortement. Elle poursuit : «Les premières dépenses dans lesquelles on coupe, c’est ce qui concerne les femmes et les enfants. On doit être vraiment vigilants.»</p> <p> </p> <p>© Photo DR,  <em>Kari Ann Rinker, </em>coordinatrice nationale de NOW (organisation nationale des femmes) au Kansas</p> <p><img src="images/stories/vid00010_14971512_t230.jpg" border="0" /></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>Il y a un mois, la capitale du Kansas dépénalisait la violence conjugale pour “raisons budgétaires”. Sous la pression des associations féministes, Topeka et le Comté ont fait marche arrière. </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>«La protection des femmes est tout sauf une priorité et l’économie sert à le justifier», s’indigne Kari Ann Rinker, coordinatrice nationale de NOW (organisation nationale des femmes) au Kansas. Sans sa vigilance, on peut parier que les maris violents continueraient à y battre leur femme en toute impunité. Dan Stanley, le maire de Topeka, capitale du Kansas, avait en effet décidé le 8 septembre de cesser de poursuivre les délits domestiques pour «raisons budgétaires».</p> <p>Les femmes étaient en fait victimes, en plus de leurs maris, d’un bras de fer entre la ville de Topeka et le comté de Shawnee. Chad Taylor, le procureur de la République du comté, s’est fait sucrer 10% de son budget par l’Etat. Pour compenser cette perte, il a eu une idée ingénieuse : puisque la moitié des cas traités par le tribunal relèvent de la violence conjugale, il décide de les placer sous la responsabilité de la ville de Topeka. Mais la capitale ne l’entend pas de cette oreille. Elle n’a pas assez de personnel, pas assez de places de prison, pas assez d’argent, et surtout elle n’en a pas envie. Pour que «cesse l’ambiguïté» et pour «donner à la ville l’avantage dans les négociations avec le comté», explique le maire, il a dépénalisé la violence conjugale.</p> <p><strong>Laissez mourir les femmes</strong></p> <p>Un mois durant, les parties ont maintenu leur décision, laissant les policiers libérer les personnes qu’ils venaient d’arrêter. Trente personnes ont ainsi échappé aux poursuites judiciaires. Un homme violent a même été arrêté puis relâché deux fois durant cette période. Rita Smith, directrice de la Coalition nationale contre la violence domestique s’insurgeait alors dans la presse locale : «Je ne comprends absolument pas» la décision du conseil municipal. «C’est un scandale de jouer avec la sécurité des familles pour savoir qui cédera en premier. Des gens peuvent mourir pendant qu’ils tardent à trouver un arrangement.»</p> <p>C’est Kari Ann Rinker qui a accéléré les choses. Mobilisant tous ses contacts médiatiques et militants, elle a réussi à ce que cette question locale trouve un écho dans les journaux nationaux. Le maire et le procureur ont été bombardés de mails, et le comté a fini par céder. Elle estime qu’«en ce moment, sur tout le territoire, les femmes sont considérées comme des sous-hommes». Elle cite notamment le projet de loi «Laissez mourir les femmes» (Let the Women Die Act) qui autoriserait les hôpitaux à laisser mourir les femmes enceintes plutôt que les sauver en recourant à l’avortement. Elle poursuit : «Les premières dépenses dans lesquelles on coupe, c’est ce qui concerne les femmes et les enfants. On doit être vraiment vigilants.»</p> <p> </p> <p>© Photo DR,  <em>Kari Ann Rinker, </em>coordinatrice nationale de NOW (organisation nationale des femmes) au Kansas</p> Lybiennes: du code vert à la charia 2011-10-25T07:38:13+00:00 2011-10-25T07:38:13+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/292-lybiennes-du-code-vert-a-la-charia Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/images-1.jpg" border="0" /></p> <p> </p> <p><strong>Le jour de la proclamation de la «libération» de la Libye, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdel Jalil, a annoncé que la législation du pays sera fondée sur la charia. Pour les femmes, la révolution risque de tourner court en matière de droits individuels et d'égalité. Ce qui s'annonçait pour certains comme une promesse d'ouverture pourrait n'être qu'un retour en arrière.<br /></strong><br />Bien avant cette déclaration, de nombreuses voix parmi les Libyennes, notamment les étudiantes et universitaires, s'élevaient sur les réseaux sociaux et s'inquiétaient du sort qui attendaient les femmes à l'issue des combats. En effet, d'après elles, le fait déjà que le siège du CNT se trouve à Benghazi,  plus conservatrice que Tripoli, il était plus que probable que les Frères musulmans imposeraient leurs vues. Une jeune femme explique qu'elle devra se «résoudre à porter le hijab». Et si, au début sa lutte contre le régime Kadhafi, le CNT avait exprimé son intention d'intégrer les femmes dans son organisation, on peut dire que cela ne s'est guère réalisé et que sa première pierre à la reconstruction à travers ce discours de «libération» participe à la poursuite de la négation et de l'invisibilisation des Libyennes. <br /><br />La charia qui codifie à la fois les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, tout comme les interactions sociétales va se substituer au code vert du colonel Kadhafi. Les musulmans considèrent cet ensemble de normes comme l’émanation de la volonté de Dieu. Non pas que le petit livre vert était plus avantageux pour les femmes puisqu'il niait l'égalité civile homme-femme, mais le divorce y était chose possible et la polygamie relativement limitée. Du point de vue masculin, ce nouveau droit a du bon. Un Libyen interviewé sur les ondes de France Info confie que la charia va lui permettre de se marier à nouveau d'ici deux ans tout en gardant son ancienne femme et sans que cette dernière puisse lui créer des problèmes. La société libyenne a fonctionné sur une séparation traditionnelle des sexes avec pour seule voie d'échange entre les deux catégories, le mariage, sous un contrôle social strict. La charia ne peut que radicaliser le système, ce qui fait craindre le pire à la Fédération Internationale des Droits de l'Homme qui s'exprime largement ces deux derniers jours sur la question des femmes. La Tunisienne Khadija Cherrif, secrétaire générale de la FIDH, s'interroge sur le sens de cette charia aujourd'hui après la dictature de Kadhafi et sur ce qu'elle va engendrer concrètement pour les Libyennes. Elle dit ne pas comprendre ce qu'est l'islam modéré et assure que le travail de son organisation va se poursuivre avec une vigilance accrue à l'égard des droits des femmes.</p> <p>On constate déjà le retour en Libye de religieux exilés en Europe, attelés à leur tâche prosélyte. Rien de très rassurant à bien y regarder. Et de quoi s'interroger sur les racines des révolutions, les ingérences des démocraties et leur capacité à remplacer des dictatures par des tyrannies dont souffrent surtout les femmes.</p> <p><img src="images/stories/images-1.jpg" border="0" /></p> <p> </p> <p><strong>Le jour de la proclamation de la «libération» de la Libye, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdel Jalil, a annoncé que la législation du pays sera fondée sur la charia. Pour les femmes, la révolution risque de tourner court en matière de droits individuels et d'égalité. Ce qui s'annonçait pour certains comme une promesse d'ouverture pourrait n'être qu'un retour en arrière.<br /></strong><br />Bien avant cette déclaration, de nombreuses voix parmi les Libyennes, notamment les étudiantes et universitaires, s'élevaient sur les réseaux sociaux et s'inquiétaient du sort qui attendaient les femmes à l'issue des combats. En effet, d'après elles, le fait déjà que le siège du CNT se trouve à Benghazi,  plus conservatrice que Tripoli, il était plus que probable que les Frères musulmans imposeraient leurs vues. Une jeune femme explique qu'elle devra se «résoudre à porter le hijab». Et si, au début sa lutte contre le régime Kadhafi, le CNT avait exprimé son intention d'intégrer les femmes dans son organisation, on peut dire que cela ne s'est guère réalisé et que sa première pierre à la reconstruction à travers ce discours de «libération» participe à la poursuite de la négation et de l'invisibilisation des Libyennes. <br /><br />La charia qui codifie à la fois les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, tout comme les interactions sociétales va se substituer au code vert du colonel Kadhafi. Les musulmans considèrent cet ensemble de normes comme l’émanation de la volonté de Dieu. Non pas que le petit livre vert était plus avantageux pour les femmes puisqu'il niait l'égalité civile homme-femme, mais le divorce y était chose possible et la polygamie relativement limitée. Du point de vue masculin, ce nouveau droit a du bon. Un Libyen interviewé sur les ondes de France Info confie que la charia va lui permettre de se marier à nouveau d'ici deux ans tout en gardant son ancienne femme et sans que cette dernière puisse lui créer des problèmes. La société libyenne a fonctionné sur une séparation traditionnelle des sexes avec pour seule voie d'échange entre les deux catégories, le mariage, sous un contrôle social strict. La charia ne peut que radicaliser le système, ce qui fait craindre le pire à la Fédération Internationale des Droits de l'Homme qui s'exprime largement ces deux derniers jours sur la question des femmes. La Tunisienne Khadija Cherrif, secrétaire générale de la FIDH, s'interroge sur le sens de cette charia aujourd'hui après la dictature de Kadhafi et sur ce qu'elle va engendrer concrètement pour les Libyennes. Elle dit ne pas comprendre ce qu'est l'islam modéré et assure que le travail de son organisation va se poursuivre avec une vigilance accrue à l'égard des droits des femmes.</p> <p>On constate déjà le retour en Libye de religieux exilés en Europe, attelés à leur tâche prosélyte. Rien de très rassurant à bien y regarder. Et de quoi s'interroger sur les racines des révolutions, les ingérences des démocraties et leur capacité à remplacer des dictatures par des tyrannies dont souffrent surtout les femmes.</p> L'art d'accoucher 2011-10-12T06:48:00+00:00 2011-10-12T06:48:00+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/290-lart-daccoucher Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/Rubriques/ailleurs/marni-kotak-enceinte.png" border="0" /></p> <p><strong>L'artiste-performeuse Marni Kotak s'apprête à accoucher en public dans une galerie d'art new-yorkaise, la Microscope Gallery. Intitulée "The Birth of Baby X", la performance interroge la création dans tous les sens du terme. A ses détracteurs qui crient à la provocation, elle répond vérité, honnêteté et réalisme. Retour sur une oeuvre pour le moins étonnante.</strong></p> <p>Transformer une galerie d'art en salle d'accouchement, personne n'y avait encore songé. Marni Kotak a pourtant investi la salle de travail pour mettre au monde son enfant... et son oeuvre. Il ne lui reste que cinq semaines avant le terme, du coup elle s'est installée sur place et a refait la déco : pas de murs blancs, pas d'oeuvres à la signification ésotérique, rien de ce qui constitue d'ordinaire un espace d'art contemporain. L'artiste et future parturiente a amené le lit de sa grand-mère, une table de chevet, un couffin pour l'enfant, elle a mis du papier peint, bref, elle s'est arrangé un petit coin cosy pour créer en paix. Les visiteurs peuvent déjà venir et découvrir l'échographie du bébé ou des projections d'images sur son ventre rebondi, et aussi laisser leurs coordonnées pour être prévenus des premières contractions. Le grand jour, son mari, une sage-femme et des amis seront avec elle pour la soutenir.</p> <p>Ce projet fait partie d'une intention plus vaste. L'artiste travaille depuis des années autour de sa vie privée : elle a reconstitué l'enterrement de son grand-père ou son premier rapport sexuel lors de performances plus vraies que télé-réalité. Elle explique que "la vie elle-même est la plus grande oeuvre d'art". Elle souhaite, après la naissance de son bébé, que l'expérience se poursuive à travers un travail appelé "Raising baby X" qui vise à exposer au public la vie de l'enfant jusqu'à ce qu'il ait l'âge d'entrer à l'université. Son galeriste traduit sa démarche par une "recontextualisation de l'acte quotidien d'élever un enfant à travers un travail de performance artistique".</p> <p>Déjà des associations d'obédience moins avant-gardiste ont jugé obscène un tel projet, d'autres le trouvent dangereux et puis il y a ceux qui dénoncent une utilisation de l'enfant. Marni Kotak semble avoir réponse à tout puisqu'elle estime que s'exposer sur Facebook est bien plus indécent et qu'elle est entourée d'une sage-femme professionnelle. Les différentes réactions posent encore une fois la question du corps de la femme. Lui appartient-il enfin ? Ce pouvoir de mettre au monde en est-il vraiment un ? Doit-elle suivre tel ou tel mode d'emploi pour un accouchement 100% réussi ou toute autre injonction variable selon les époques, selon l'influence et le poids des institutions (corps médical, religion, Etat, famille...). Les réactions suscitées indiquent à Marni Kotak au cas où elle ne l'aurait pas remarqué qu'elle a dépassé les bornes des normes admises par nos sociétés, ce qui pour une artiste est un minimum.</p> <p> </p> <p>© Marni Kotak</p> <p><img src="images/stories/Rubriques/ailleurs/marni-kotak-enceinte.png" border="0" /></p> <p><strong>L'artiste-performeuse Marni Kotak s'apprête à accoucher en public dans une galerie d'art new-yorkaise, la Microscope Gallery. Intitulée "The Birth of Baby X", la performance interroge la création dans tous les sens du terme. A ses détracteurs qui crient à la provocation, elle répond vérité, honnêteté et réalisme. Retour sur une oeuvre pour le moins étonnante.</strong></p> <p>Transformer une galerie d'art en salle d'accouchement, personne n'y avait encore songé. Marni Kotak a pourtant investi la salle de travail pour mettre au monde son enfant... et son oeuvre. Il ne lui reste que cinq semaines avant le terme, du coup elle s'est installée sur place et a refait la déco : pas de murs blancs, pas d'oeuvres à la signification ésotérique, rien de ce qui constitue d'ordinaire un espace d'art contemporain. L'artiste et future parturiente a amené le lit de sa grand-mère, une table de chevet, un couffin pour l'enfant, elle a mis du papier peint, bref, elle s'est arrangé un petit coin cosy pour créer en paix. Les visiteurs peuvent déjà venir et découvrir l'échographie du bébé ou des projections d'images sur son ventre rebondi, et aussi laisser leurs coordonnées pour être prévenus des premières contractions. Le grand jour, son mari, une sage-femme et des amis seront avec elle pour la soutenir.</p> <p>Ce projet fait partie d'une intention plus vaste. L'artiste travaille depuis des années autour de sa vie privée : elle a reconstitué l'enterrement de son grand-père ou son premier rapport sexuel lors de performances plus vraies que télé-réalité. Elle explique que "la vie elle-même est la plus grande oeuvre d'art". Elle souhaite, après la naissance de son bébé, que l'expérience se poursuive à travers un travail appelé "Raising baby X" qui vise à exposer au public la vie de l'enfant jusqu'à ce qu'il ait l'âge d'entrer à l'université. Son galeriste traduit sa démarche par une "recontextualisation de l'acte quotidien d'élever un enfant à travers un travail de performance artistique".</p> <p>Déjà des associations d'obédience moins avant-gardiste ont jugé obscène un tel projet, d'autres le trouvent dangereux et puis il y a ceux qui dénoncent une utilisation de l'enfant. Marni Kotak semble avoir réponse à tout puisqu'elle estime que s'exposer sur Facebook est bien plus indécent et qu'elle est entourée d'une sage-femme professionnelle. Les différentes réactions posent encore une fois la question du corps de la femme. Lui appartient-il enfin ? Ce pouvoir de mettre au monde en est-il vraiment un ? Doit-elle suivre tel ou tel mode d'emploi pour un accouchement 100% réussi ou toute autre injonction variable selon les époques, selon l'influence et le poids des institutions (corps médical, religion, Etat, famille...). Les réactions suscitées indiquent à Marni Kotak au cas où elle ne l'aurait pas remarqué qu'elle a dépassé les bornes des normes admises par nos sociétés, ce qui pour une artiste est un minimum.</p> <p> </p> <p>© Marni Kotak</p> Droit de vote aux Saoudiennes … en 2015 2011-10-05T08:14:51+00:00 2011-10-05T08:14:51+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/286-droit-de-vote-aux-saoudiennes-en-2015 Nathalie Brochard [email protected] <p> </p> <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/wajeha_al-huwaider.jpg" border="0" /></strong></p> <p><em><span style="font-size: x-small;"><br /></span></em></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>Après l’espoir suscité par l’annonce du roi Abdallah qui a promis le droit de vote et de représentation aux femmes de son pays, les militantes expriment leurs craintes : son discours ne serait en fait qu’une vague promesse.</strong><br /><br />Les observateurs ont trop vite conclu que l’inexorable contagion des printemps arabes gagnait le royaume conservateur et traditionaliste d’Arabie Saoudite, contraint à son tour d’accorder plus de libertés individuelles sous peine de chaos. Mais pourquoi commencerait-il par les droits des femmes, ces non-citoyennes sans voix ni pouvoir ? Les féministes saoudiennes ne s’y trompent pas. Pour elles, cette promesse ne coûte rien et n‘engage en rien la vraie réforme qu’elles attendent. Parmi elles, Wajeha Al-Huwaider pense qu’il s’agit d’un «geste symbolique comme la nomination d’une femme à un ministère» (en 2009, le roi avait en effet appelé une femme pour être ministre : il avait retiré l’éducation des jeunes filles au ministère des Affaires religieuses, l’avait placée sous l’autorité du ministre de l’Éducation et avait ensuite nommé Madame Nour Fayez secrétaire d’État, fonction que son mari l’avait autorisée à accepter, ndlr).</p> <p>Le futur droit de vote des Saoudiennes, s’il leur est réellement accordé, est entouré de conditions : elles devront être accompagnées de leur tuteur masculin au bureau de vote. Quant à celles qui se présenteront aux élections municipales (seul scrutin existant du royaume), elles devront, pour ce faire, produire une autorisation écrite de leur mari. Il leur est d’ores et déjà vivement recommandé de ne pas se présenter dès 2015. Et c’est là où le bât blesse : ce droit n’instaurerait nullement une quelconque égalité entre hommes et femmes, il s’appliquerait dans le cadre de la Charia, la loi islamique. Pour Wajeha Al-Huwaider, «le roi a choisi la voie la plus rapide pour régler, en apparence seulement, le problème. Cela lui permet de clamer au reste du monde que l'Arabie Saoudite améliore le sort des femmes. C'est tout.»</p> <p>Monarchie absolue, l’Arabie Saoudite reste l’alliée de l’Occident. Le roi cumule tous les pouvoirs et les aspirations au changement des jeunes, qui constituent plus de 60% de la population, ne sont pour l’heure pas entendues. Sans aide extérieure, sans relai associatif, sans ONG (illégales en Arabie Saoudite), avec les seuls réseaux sociaux, une révolution type jasmin a peu de chances d’ouvrir la voie à la démocratie selon les féministes saoudiennes. L’évolution risque d’être encore lente et l’espoir déçu.<br /><br />Photo: La militante Wajeha Al-Huwaider<br />© Droits réservés <br /><br /></p> <p> </p> <p><strong><img src="images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/wajeha_al-huwaider.jpg" border="0" /></strong></p> <p><em><span style="font-size: x-small;"><br /></span></em></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong>Après l’espoir suscité par l’annonce du roi Abdallah qui a promis le droit de vote et de représentation aux femmes de son pays, les militantes expriment leurs craintes : son discours ne serait en fait qu’une vague promesse.</strong><br /><br />Les observateurs ont trop vite conclu que l’inexorable contagion des printemps arabes gagnait le royaume conservateur et traditionaliste d’Arabie Saoudite, contraint à son tour d’accorder plus de libertés individuelles sous peine de chaos. Mais pourquoi commencerait-il par les droits des femmes, ces non-citoyennes sans voix ni pouvoir ? Les féministes saoudiennes ne s’y trompent pas. Pour elles, cette promesse ne coûte rien et n‘engage en rien la vraie réforme qu’elles attendent. Parmi elles, Wajeha Al-Huwaider pense qu’il s’agit d’un «geste symbolique comme la nomination d’une femme à un ministère» (en 2009, le roi avait en effet appelé une femme pour être ministre : il avait retiré l’éducation des jeunes filles au ministère des Affaires religieuses, l’avait placée sous l’autorité du ministre de l’Éducation et avait ensuite nommé Madame Nour Fayez secrétaire d’État, fonction que son mari l’avait autorisée à accepter, ndlr).</p> <p>Le futur droit de vote des Saoudiennes, s’il leur est réellement accordé, est entouré de conditions : elles devront être accompagnées de leur tuteur masculin au bureau de vote. Quant à celles qui se présenteront aux élections municipales (seul scrutin existant du royaume), elles devront, pour ce faire, produire une autorisation écrite de leur mari. Il leur est d’ores et déjà vivement recommandé de ne pas se présenter dès 2015. Et c’est là où le bât blesse : ce droit n’instaurerait nullement une quelconque égalité entre hommes et femmes, il s’appliquerait dans le cadre de la Charia, la loi islamique. Pour Wajeha Al-Huwaider, «le roi a choisi la voie la plus rapide pour régler, en apparence seulement, le problème. Cela lui permet de clamer au reste du monde que l'Arabie Saoudite améliore le sort des femmes. C'est tout.»</p> <p>Monarchie absolue, l’Arabie Saoudite reste l’alliée de l’Occident. Le roi cumule tous les pouvoirs et les aspirations au changement des jeunes, qui constituent plus de 60% de la population, ne sont pour l’heure pas entendues. Sans aide extérieure, sans relai associatif, sans ONG (illégales en Arabie Saoudite), avec les seuls réseaux sociaux, une révolution type jasmin a peu de chances d’ouvrir la voie à la démocratie selon les féministes saoudiennes. L’évolution risque d’être encore lente et l’espoir déçu.<br /><br />Photo: La militante Wajeha Al-Huwaider<br />© Droits réservés <br /><br /></p> Je devais aider 2011-10-03T06:40:36+00:00 2011-10-03T06:40:36+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/285-l-je-devais-aider-r Christelle Gérand [email protected] <p> </p> <p> </p> <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/stories/paolina.jpg" border="0" width="250" /></strong></p> <p><strong>Paolina Weber, professeure de fitness, fait partie des milliers d’Américains et d’Américaines qui se sont portés volontaires au lendemain des attaques. </strong><strong></strong></p> <p>«Le jour-même, <em>j’ai su que je devais aider.<strong> </strong></em>Je me suis rendu sur la jetée de Chelsea où je résidais, pour me porter bénévole. Dès le lendemain de l’attaque, on m’a appelée pour remplir les fichiers de personnes disparues. Des dizaines de personnes venaient, une photo à la main. J’entrais dans un ordinateur tous les renseignements possibles : âge, poids, taille, l’étage auquel ils travaillaient, mais aussi des données médicales comme l’état de la dentition et les os cassés. De nombreuses ambulances étaient garées sur la jetée, mais on n’avait personne à mettre dedans, car dès le lendemain, on n’a plus trouvé que des morts<strong>.</strong> Malgré tout, je devais donner de l’espoir, alors j’envoyais les proches regarder la liste des survivants.</p> <p>J’ai à nouveau été appelée deux jours plus tard, le vendredi, pour aider à la «decon», la décontamination. On devait aider les équipes de recherche et sauvetage à enlever leurs habits contaminés. Tout cela était organisé de façon très professionnelle, nous portions tous des gants et un masque. Ensuite, je tâchais de les faire parler de ce qu’ils avaient vu, afin qu’ils décompressent. Si certains avaient été en état de choc psychologique, on les aurait conduits à l’hôpital. Mais ça n’est pas arrivé. J’ai entendu des histoires horribles, comme celle de ce pompier qui triait les corps à la morgue et ne cessait de penser à ce pied encore dans une chaussure de pompier.</p> <p>La semaine suivante, je me demandais vraiment comment c’était au sud de l’île où l’on n’avait plus le droit d’aller sauf si l’on y travaillait. Alors j’ai accompagné mon mari au ferry de Staten Island, où il s’occupait de la sécurité. Tout était recouvert de cendres, les magasins étaient fermés, mais c’était le jour de la réouverture de Wall Street, les traders se rendaient au travail très dignement, en silence. Le capitalisme n'était pas mort, les Etats-Unis allaient se relever. »</p> <p> </p> <p> </p> <p><strong><img src="images/stories/paolina.jpg" border="0" width="250" /></strong></p> <p><strong>Paolina Weber, professeure de fitness, fait partie des milliers d’Américains et d’Américaines qui se sont portés volontaires au lendemain des attaques. </strong><strong></strong></p> <p>«Le jour-même, <em>j’ai su que je devais aider.<strong> </strong></em>Je me suis rendu sur la jetée de Chelsea où je résidais, pour me porter bénévole. Dès le lendemain de l’attaque, on m’a appelée pour remplir les fichiers de personnes disparues. Des dizaines de personnes venaient, une photo à la main. J’entrais dans un ordinateur tous les renseignements possibles : âge, poids, taille, l’étage auquel ils travaillaient, mais aussi des données médicales comme l’état de la dentition et les os cassés. De nombreuses ambulances étaient garées sur la jetée, mais on n’avait personne à mettre dedans, car dès le lendemain, on n’a plus trouvé que des morts<strong>.</strong> Malgré tout, je devais donner de l’espoir, alors j’envoyais les proches regarder la liste des survivants.</p> <p>J’ai à nouveau été appelée deux jours plus tard, le vendredi, pour aider à la «decon», la décontamination. On devait aider les équipes de recherche et sauvetage à enlever leurs habits contaminés. Tout cela était organisé de façon très professionnelle, nous portions tous des gants et un masque. Ensuite, je tâchais de les faire parler de ce qu’ils avaient vu, afin qu’ils décompressent. Si certains avaient été en état de choc psychologique, on les aurait conduits à l’hôpital. Mais ça n’est pas arrivé. J’ai entendu des histoires horribles, comme celle de ce pompier qui triait les corps à la morgue et ne cessait de penser à ce pied encore dans une chaussure de pompier.</p> <p>La semaine suivante, je me demandais vraiment comment c’était au sud de l’île où l’on n’avait plus le droit d’aller sauf si l’on y travaillait. Alors j’ai accompagné mon mari au ferry de Staten Island, où il s’occupait de la sécurité. Tout était recouvert de cendres, les magasins étaient fermés, mais c’était le jour de la réouverture de Wall Street, les traders se rendaient au travail très dignement, en silence. Le capitalisme n'était pas mort, les Etats-Unis allaient se relever. »</p> Ça devait être comme ça, le Vietnam 2011-09-25T15:12:40+00:00 2011-09-25T15:12:40+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/283-ca-devait-etre-un-peu-comme-ca-le-vietnam Christelle Gérand [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/brenda-joycebenna.jpg" border="0" width="304" height="328" style="float: left; border: 0pt none;" /></p> <p align="center"><strong> </strong><strong> </strong></p> <p align="center"><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p><strong>Brenda Berkman, capitaine de caserne à Manhattan, a passé les neuf mois suivant l’attaque à extirper des restes  humains du site</strong><strong>.</strong></p> <p><strong>Témoignage.<br /></strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p>« Le 11-Septembre, j'étais capitaine et mon souci principal était de ne pas perdre d’hommes. Mais on n’avait pas de structure, pas de coordination des opérations, pas de matériel, ni de radio pour communiquer. Il y avait des véhicules brulés partout, et de nombreux bâtiments étaient en feu, mais il n’y avait plus ni prise d’eau ni pompe à eau pour l’arrêter. Je me disais : ‘ça devait être un peu comme ça, le Vietnam’.</p> <p>La fumée m’empêchait de voir quoi que ce soit, je ne savais pas par où commencer pour trouver des rescapés. Plusieurs de mes hommes arrivés plus tôt manquaient déjà, mais je pensais encore qu’on les retrouverait dans les décombres. J’ai perdu cinq hommes.</p> <p>Tout était rendu encore plus compliqué par la taille du site, et sa dangerosité : il y avait du métal partout. Je me suis d’ailleurs blessée à la main, mais on m’a fait un bandage, et j’ai continué à travailler, jusqu’au lendemain matin. On devait trouver les victimes piégées dans les décombres, cela prenait le pas sur tout. Nos besoins physiques les plus élémentaires, notre famille, nos passe-temps étaient remis aux calendes grecques. Pendant des semaines,  on a tous plus ou moins vécu à la caserne.</p> <p>On a cherché des survivants pendant des semaines, mais on n’en a trouvé aucun. A partir du 12 septembre, il n’y avait plus que des morts à Ground Zero. On a trouvé très peu de corps intacts, mais jusqu’en mai 2002 où les autorités ont fermé le site, on a récupéré le moindre reste humain, mais aussi n’importe quel objet qui ait pu appartenir à une victime : portefeuille, clés, carte de visite.</p> <p>Lorsque pour la première fois après tout ça je suis allée m’occuper d’accidentés de la route, j’ai ressenti un grand soulagement : le cauchemar était terminé, la vie normale reprenait son cours, je faisais à nouveau ce à quoi j’avais été formée. »</p> <p>© Photo  <span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;"><strong>Joyce Benna</strong> </span></span></p> <p><img src="images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/brenda-joycebenna.jpg" border="0" width="304" height="328" style="float: left; border: 0pt none;" /></p> <p align="center"><strong> </strong><strong> </strong></p> <p align="center"><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p><strong>Brenda Berkman, capitaine de caserne à Manhattan, a passé les neuf mois suivant l’attaque à extirper des restes  humains du site</strong><strong>.</strong></p> <p><strong>Témoignage.<br /></strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p> </p> <p>« Le 11-Septembre, j'étais capitaine et mon souci principal était de ne pas perdre d’hommes. Mais on n’avait pas de structure, pas de coordination des opérations, pas de matériel, ni de radio pour communiquer. Il y avait des véhicules brulés partout, et de nombreux bâtiments étaient en feu, mais il n’y avait plus ni prise d’eau ni pompe à eau pour l’arrêter. Je me disais : ‘ça devait être un peu comme ça, le Vietnam’.</p> <p>La fumée m’empêchait de voir quoi que ce soit, je ne savais pas par où commencer pour trouver des rescapés. Plusieurs de mes hommes arrivés plus tôt manquaient déjà, mais je pensais encore qu’on les retrouverait dans les décombres. J’ai perdu cinq hommes.</p> <p>Tout était rendu encore plus compliqué par la taille du site, et sa dangerosité : il y avait du métal partout. Je me suis d’ailleurs blessée à la main, mais on m’a fait un bandage, et j’ai continué à travailler, jusqu’au lendemain matin. On devait trouver les victimes piégées dans les décombres, cela prenait le pas sur tout. Nos besoins physiques les plus élémentaires, notre famille, nos passe-temps étaient remis aux calendes grecques. Pendant des semaines,  on a tous plus ou moins vécu à la caserne.</p> <p>On a cherché des survivants pendant des semaines, mais on n’en a trouvé aucun. A partir du 12 septembre, il n’y avait plus que des morts à Ground Zero. On a trouvé très peu de corps intacts, mais jusqu’en mai 2002 où les autorités ont fermé le site, on a récupéré le moindre reste humain, mais aussi n’importe quel objet qui ait pu appartenir à une victime : portefeuille, clés, carte de visite.</p> <p>Lorsque pour la première fois après tout ça je suis allée m’occuper d’accidentés de la route, j’ai ressenti un grand soulagement : le cauchemar était terminé, la vie normale reprenait son cours, je faisais à nouveau ce à quoi j’avais été formée. »</p> <p>© Photo  <span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 12px;"><strong>Joyce Benna</strong> </span></span></p> Ma main est tombée sur une jambe 2011-09-18T04:12:52+00:00 2011-09-18T04:12:52+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/281-ma-main-est-tombee-sur-une-jambe Christelle Gérand [email protected] <p align="center"><strong><br /></strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/carol-gulnara samoilova.jpg" border="0" width="304" style="border: 15px solid blank;" /></strong></p> <p><strong><br /></strong></p> <p><strong> </strong><strong>L’officier de police Carol Paukner a sauvé des dizaines de personnes en les évacuant. Jusqu’à être elle-même piégée par les débris.Témoignage.<em> </em></strong></p> <p>«Arrivée sur place, j’ai vu l’avion encastré dans la tour. Il y avait des débris partout. J’ai transmis au central : ‘un avion a percuté le World Trade Center’. J’ai immédiatement couru vers le second building et j’ai commencé à évacuer les gens. J’essayais de les calmer, même si des débris gros comme des capots de voiture tombaient du ciel.</p> <p>Ils voulaient regarder en haut pour savoir ce qu’il se passait, mais je leur disais d’évacuer. Les gens veulent s’arrêter, ils veulent voir. C’est humain. Ils voudraient pouvoir dire ‘Oh mon dieu, c’est un avion’. Mais moi je savais ce qui se passait, et je leur disais ‘Sortez d’ici. Sortez.’</p> <p>Je savais que d’autres avions allaient arriver. Le FBI avait dit aux officiers de police : ‘vous n’êtes pas des lâches si vous partez, d’autres avions arrivent. C’est du terrorisme.’ Mais comment j’aurais pu laisser tous ces gens ?’ J’ai pensé que j’allais mourir ce jour-là, et j’ai continué à évacuer autant de personnes que possible.</p> <p>Environ vingt minutes plus tard, on a entendu un deuxième avion percuter la tour. Il y avait tellement de fumée et de suie qu’on ne pouvait plus respirer. Des débris nous tombaient dessus. J’étais coincée, une partie de mon corps dans le building, et une autre partie à l’extérieur. Je ne voyais rien, et le vent était si fort que je ne parvenais pas à m’extirper.</p> <p>Comme aveuglée, j’ai rampé vers l’extérieur. De nombreuses personnes étaient déjà mortes. Ma main est tombée sur une jambe. C’était quelqu’un de vivant, qui me hurlait dessus : «Prends ma main !» Alors je l’ai soutenu et on est sorti. J’avais une lampe de poche, mais la fumée était si épaisse qu’on n’y voyait rien. On s’est promis de ne pas se lâcher. On a tous les deux entendu un homme répéter encore et encore : ‘Sainte Marie, mère de Dieu’. On ne l’a pas vu, on ne l’a pas touché, il devait être sous les décombres.</p> <p>J'ai eu la chance de m'en sortir, mais aujourd'hui ma douleur est un rappel quotidien du 11-Septembre. A l'époque, j'étais très sportive, je jouais au baseball deux fois par semaine. Maintenant, mes deux genoux, mon épaule gauche, mes poumons, et mon estomac portent les stigmates de cette journée. A 36 ans, je suis devenue handicapée. Je n’ai pas voulu quitter la police, mais ma condition physique ne me permettait plus que de répondre au téléphone. En 2004, on m’a mise à la porte. Ma condition physique m’empêchait de faire mon travail correctement. »</p> <p>© Photo  <strong><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 13px;"><strong>Gulnara Samoilova</strong></span></span></span></strong></p> <p align="center"><strong><br /></strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p><strong><img src="images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/carol-gulnara samoilova.jpg" border="0" width="304" style="border: 15px solid blank;" /></strong></p> <p><strong><br /></strong></p> <p><strong> </strong><strong>L’officier de police Carol Paukner a sauvé des dizaines de personnes en les évacuant. Jusqu’à être elle-même piégée par les débris.Témoignage.<em> </em></strong></p> <p>«Arrivée sur place, j’ai vu l’avion encastré dans la tour. Il y avait des débris partout. J’ai transmis au central : ‘un avion a percuté le World Trade Center’. J’ai immédiatement couru vers le second building et j’ai commencé à évacuer les gens. J’essayais de les calmer, même si des débris gros comme des capots de voiture tombaient du ciel.</p> <p>Ils voulaient regarder en haut pour savoir ce qu’il se passait, mais je leur disais d’évacuer. Les gens veulent s’arrêter, ils veulent voir. C’est humain. Ils voudraient pouvoir dire ‘Oh mon dieu, c’est un avion’. Mais moi je savais ce qui se passait, et je leur disais ‘Sortez d’ici. Sortez.’</p> <p>Je savais que d’autres avions allaient arriver. Le FBI avait dit aux officiers de police : ‘vous n’êtes pas des lâches si vous partez, d’autres avions arrivent. C’est du terrorisme.’ Mais comment j’aurais pu laisser tous ces gens ?’ J’ai pensé que j’allais mourir ce jour-là, et j’ai continué à évacuer autant de personnes que possible.</p> <p>Environ vingt minutes plus tard, on a entendu un deuxième avion percuter la tour. Il y avait tellement de fumée et de suie qu’on ne pouvait plus respirer. Des débris nous tombaient dessus. J’étais coincée, une partie de mon corps dans le building, et une autre partie à l’extérieur. Je ne voyais rien, et le vent était si fort que je ne parvenais pas à m’extirper.</p> <p>Comme aveuglée, j’ai rampé vers l’extérieur. De nombreuses personnes étaient déjà mortes. Ma main est tombée sur une jambe. C’était quelqu’un de vivant, qui me hurlait dessus : «Prends ma main !» Alors je l’ai soutenu et on est sorti. J’avais une lampe de poche, mais la fumée était si épaisse qu’on n’y voyait rien. On s’est promis de ne pas se lâcher. On a tous les deux entendu un homme répéter encore et encore : ‘Sainte Marie, mère de Dieu’. On ne l’a pas vu, on ne l’a pas touché, il devait être sous les décombres.</p> <p>J'ai eu la chance de m'en sortir, mais aujourd'hui ma douleur est un rappel quotidien du 11-Septembre. A l'époque, j'étais très sportive, je jouais au baseball deux fois par semaine. Maintenant, mes deux genoux, mon épaule gauche, mes poumons, et mon estomac portent les stigmates de cette journée. A 36 ans, je suis devenue handicapée. Je n’ai pas voulu quitter la police, mais ma condition physique ne me permettait plus que de répondre au téléphone. En 2004, on m’a mise à la porte. Ma condition physique m’empêchait de faire mon travail correctement. »</p> <p>© Photo  <strong><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Verdana,Helvetica,Arial;"><span style="font-size: 13px;"><strong>Gulnara Samoilova</strong></span></span></span></strong></p> Ces héroïnes oubliées 2011-09-13T06:00:13+00:00 2011-09-13T06:00:13+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/279-ces-heroines-oubliees Christelle Gérand [email protected] <p><strong><img src="http://lemilie.org/images/stories/nypd-1.jpg" border="0" /></strong></p> <p><strong>La commémoration des dix ans des attaques des tours jumelles est allée avec son lot habituel d’articles dans les journaux. Cette année encore, le rôle des femmes est passé à la trappe. </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>« Dans les journaux on voit des veuves, des veuves, et encore des veuves », constate Brenda Berkman. Cette pompière qui a perdu de nombreux proches lors du 11-Septembre ne remet pas en cause l’importance des victimes dans les médias, mais déplore qu’on ne dépeigne jamais « l’intégralité du tableau ».</p> <p>Pompières, policières, secouristes, bénévoles, elles sont pourtant extrêmement nombreuses à avoir joué un rôle actif. La couverture médiatique de cet événement a été dictée par les stéréotypes, occultant les veufs et les actes de bravoure au féminin, à l’exception de l’histoire des l’hôtesses de l’air Amy Sweeny et Betty Ong, qui ont transmis des informations capitales sur les terroristes aux membres d’American Airlines au sol, avant de percuter la tour nord.</p> <p>L’essayiste féministe Katha Pollitt confirme : « Le 11-Septembre a correspondu à une célébration de la masculinité, de la bravoure et de la force, qui préparait déjà d’une certaine manière les guerres en Afghanistan et en Irak. » Des mots inusités depuis plus de vingt ans ont même fait leur réapparition : <em>policeman </em>pour <em>police officer</em> et <em>fireman</em> pour <em>firefighter</em>, passant d’une dénomination neutre à une dénomination genrée où les femmes n’ont pas leur place.</p> <p><strong>Retour aux années 60</strong></p> <p>Susan Hagen et Mary Carouba, deux écrivaines californiennes, ont été choquées par ce manque de reconnaissance dès 2001.<em> </em>« Aucun journal ne mentionnait les femmes, et le langage employé rappelait celui des années 1960, avec des expressions comme ‘nos braves hommes’ ». Elles se sont alors rendues à New York, ont interviewé trente femmes, et ont donné naissance au seul livre sur le sujet : <em>Women at Ground Zero</em>. « Nous pensions que de nombreuses autres publications allaient suivre, mais en réalité nous avons été les premières, et les seules », s’étonne Mary Carouba.</p> <p>Des 25 femmes membres des 12'000 pompiers de New York (FDNY) en 2001, aucune n’est morte en service le 11-Septembre. 25 femmes, c’est le quota imposé au FDNY en 1982 à l’issue d’un procès en discrimination. Elles sont cette année 29 dans le département, à nouveau attaqué pour discrimination par la communauté noire.</p> <p>Après les attaques, les casernes qui n’avaient pas perdu d’hommes étaient moins bien vues que celles qui pleuraient des morts. De la même façon, « comme aucune femme n’était morte, c’est qu’elles ne faisaient pas bien leur travail », rapporte Brenda Berkman. Le 11-Septembre a donc rimé avec une « augmentation du machisme » dans le département. Même du côté des officiers de police, qui ont eu la ‘chance’ de compter des femmes mortes en service dans leurs rangs, l’officier Carol Paukner estime que « le département est resté à peu près le même : les femmes étaient inexistantes et sont restées inexistantes. La police, c’est un club de mecs. »</p> <p>Les femmes manquaient de visibilité dans ces métiers autrefois réservés aux hommes, et le 11-Septembre n’a rien fait pour arranger les choses. Mary Carouba explique : « Ce n’est pas que les femmes ne puissent pas être vues comme des héroïnes, c’est qu’il faut redoubler d’efforts pour porter un minimum d’attention sur elles en cas de crise, affirme celle qui y consacre une bonne part de son temps depuis dix ans. Dans l’imaginaire collectif, ce sont les hommes qui gèrent ce genre de catastrophe. »</p> <p> </p> <p><em><span style="font-size: medium;"><strong>Rendez-vous</strong></span></em></p> <p><em>Tout au long du mois de septembre, l'émiliE proposera une série de témoignages de ces femmes de l'ombre qui se sont pourtant exposées au danger et ont été confrontées à des situations terribles. Christelle Gérand, correspondante aux Etats-Unis, est allée à leur rencontre et nous propose leur témoignage.</em></p> <p><strong><img src="images/stories/nypd-1.jpg" border="0" /></strong></p> <p><strong>La commémoration des dix ans des attaques des tours jumelles est allée avec son lot habituel d’articles dans les journaux. Cette année encore, le rôle des femmes est passé à la trappe. </strong></p> <p><strong> </strong></p> <p>« Dans les journaux on voit des veuves, des veuves, et encore des veuves », constate Brenda Berkman. Cette pompière qui a perdu de nombreux proches lors du 11-Septembre ne remet pas en cause l’importance des victimes dans les médias, mais déplore qu’on ne dépeigne jamais « l’intégralité du tableau ».</p> <p>Pompières, policières, secouristes, bénévoles, elles sont pourtant extrêmement nombreuses à avoir joué un rôle actif. La couverture médiatique de cet événement a été dictée par les stéréotypes, occultant les veufs et les actes de bravoure au féminin, à l’exception de l’histoire des l’hôtesses de l’air Amy Sweeny et Betty Ong, qui ont transmis des informations capitales sur les terroristes aux membres d’American Airlines au sol, avant de percuter la tour nord.</p> <p>L’essayiste féministe Katha Pollitt confirme : « Le 11-Septembre a correspondu à une célébration de la masculinité, de la bravoure et de la force, qui préparait déjà d’une certaine manière les guerres en Afghanistan et en Irak. » Des mots inusités depuis plus de vingt ans ont même fait leur réapparition : <em>policeman </em>pour <em>police officer</em> et <em>fireman</em> pour <em>firefighter</em>, passant d’une dénomination neutre à une dénomination genrée où les femmes n’ont pas leur place.</p> <p><strong>Retour aux années 60</strong></p> <p>Susan Hagen et Mary Carouba, deux écrivaines californiennes, ont été choquées par ce manque de reconnaissance dès 2001.<em> </em>« Aucun journal ne mentionnait les femmes, et le langage employé rappelait celui des années 1960, avec des expressions comme ‘nos braves hommes’ ». Elles se sont alors rendues à New York, ont interviewé trente femmes, et ont donné naissance au seul livre sur le sujet : <em>Women at Ground Zero</em>. « Nous pensions que de nombreuses autres publications allaient suivre, mais en réalité nous avons été les premières, et les seules », s’étonne Mary Carouba.</p> <p>Des 25 femmes membres des 12'000 pompiers de New York (FDNY) en 2001, aucune n’est morte en service le 11-Septembre. 25 femmes, c’est le quota imposé au FDNY en 1982 à l’issue d’un procès en discrimination. Elles sont cette année 29 dans le département, à nouveau attaqué pour discrimination par la communauté noire.</p> <p>Après les attaques, les casernes qui n’avaient pas perdu d’hommes étaient moins bien vues que celles qui pleuraient des morts. De la même façon, « comme aucune femme n’était morte, c’est qu’elles ne faisaient pas bien leur travail », rapporte Brenda Berkman. Le 11-Septembre a donc rimé avec une « augmentation du machisme » dans le département. Même du côté des officiers de police, qui ont eu la ‘chance’ de compter des femmes mortes en service dans leurs rangs, l’officier Carol Paukner estime que « le département est resté à peu près le même : les femmes étaient inexistantes et sont restées inexistantes. La police, c’est un club de mecs. »</p> <p>Les femmes manquaient de visibilité dans ces métiers autrefois réservés aux hommes, et le 11-Septembre n’a rien fait pour arranger les choses. Mary Carouba explique : « Ce n’est pas que les femmes ne puissent pas être vues comme des héroïnes, c’est qu’il faut redoubler d’efforts pour porter un minimum d’attention sur elles en cas de crise, affirme celle qui y consacre une bonne part de son temps depuis dix ans. Dans l’imaginaire collectif, ce sont les hommes qui gèrent ce genre de catastrophe. »</p> <p> </p> <p><em><span style="font-size: medium;"><strong>Rendez-vous</strong></span></em></p> <p><em>Tout au long du mois de septembre, l'émiliE proposera une série de témoignages de ces femmes de l'ombre qui se sont pourtant exposées au danger et ont été confrontées à des situations terribles. Christelle Gérand, correspondante aux Etats-Unis, est allée à leur rencontre et nous propose leur témoignage.</em></p> Conductrices à contre-sens? 2011-06-21T08:46:01+00:00 2011-06-21T08:46:01+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/265-conductrices-a-contre-sens Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/manal-al-sharif-en-prison.jpg" border="0" /><br /><strong><br />En marge des révolutions arabes, une revendication qui peut sembler anachronique ou dérisoire, celle de Saoudiennes désireuses de conduire. Vendredi 17 juin, elles étaient une trentaine à avoir bravé l'interdit, répondant ainsi à la campagne Women2Drive lancée depuis deux mois sur les réseaux sociaux. </strong><br /><br /><strong>Tradition</strong><br />Considérées par les lois du royaume wahhabite comme mineures, les femmes doivent se plier à des règles strictes. Et si aucune loi ne leur interdit explicitement de prendre le volant, une fatwa émise par des hommes de pouvoir s'y est substituée. Le royaume s'appuie sur ce genre d'avis pour interdire de la même manière aux femmes de voyager ou de manger au restaurant seules. Sur le site saoudien elaph.com, le sheikh Abd-al-Rahman al-Barrak s'exprime à propos de ces femmes qui veulent conduire: «Ce qu’elles tentent de faire est interdit, et par conséquent elles deviennent les clés du mal dans ce pays», écrit-il, en les qualifiant de «femmes occidentalisées cherchant à occidentaliser ce pays.»<br />Cette situation, Manal al-Charif la supporte de moins en moins. Informaticienne de 32 ans, elle a initié Women2Drive et a posté sur Youtube une vidéo d'elle-même conduisant une voiture tout en expliquant à son amie qui la filme ses revendications et la marche à suivre pour celles qui veulent faire pareil. Dans un autre message posté sur le Net, elle précise que "cela a un écho particulier ici en Arabie Saoudite, conduire est un acte symbolique, même si c'est un droit insignifiant". <br /><br /><strong>Contradiction</strong><br />Pour Lama al -Suleiman, femme d'affaires réputée et surtout élue au Conseil d'administration de la Chambre de commerce et d'industrie de Djeddah, il y a d'autres combats à mener pour les femmes notamment au travail. D'autres observateurs-trices s'accordent pour dire que le pays est une terre de contrastes où s'entrechoquent modernité et tradition et que la société saoudienne n'est absolument pas prête à évoluer. Il faut savoir que l'Arabie Saoudite n'a jamais été colonisée; de ce fait, la société n'a jamais  été confrontée à une autre culture, contrairement aux autres pays arabes. Et quand bien même, le permis de conduire est délivré par les autorités locales, celles-ci refusent de le remettre à des femmes. Ces dernières apprennent à l'étranger et reconnaissent prendre régulièrement le volant à Riyad. Toutefois l'hypocrisie reste de mise.<br /><br /><strong>Arrestation</strong><br />Le succès médiatique de Manal al-Charif n'aura pas empêché sa nouvelle arrestation dimanche dernier mais aura encouragée les Saoudiennes à s'affirmer. Les mises en ligne de vidéos montrant des femmes au volant se sont multipliées, les langues se délient: on peut voir le témoignage d'une femme qui dit défier les autorités depuis six mois pour accompagner ses enfants à l'école parce que le taxi est trop cher. Contrairement à ce que martèlent les journaux locaux, chaque famille ne dispose pas de chauffeur susceptible de conduire les femmes. La voie de l'indépendance est encore chaotique mais les Saoudiennes sont sur le bon chemin. <br /><br /></p> <p><img src="images/stories/manal-al-sharif-en-prison.jpg" border="0" /><br /><strong><br />En marge des révolutions arabes, une revendication qui peut sembler anachronique ou dérisoire, celle de Saoudiennes désireuses de conduire. Vendredi 17 juin, elles étaient une trentaine à avoir bravé l'interdit, répondant ainsi à la campagne Women2Drive lancée depuis deux mois sur les réseaux sociaux. </strong><br /><br /><strong>Tradition</strong><br />Considérées par les lois du royaume wahhabite comme mineures, les femmes doivent se plier à des règles strictes. Et si aucune loi ne leur interdit explicitement de prendre le volant, une fatwa émise par des hommes de pouvoir s'y est substituée. Le royaume s'appuie sur ce genre d'avis pour interdire de la même manière aux femmes de voyager ou de manger au restaurant seules. Sur le site saoudien elaph.com, le sheikh Abd-al-Rahman al-Barrak s'exprime à propos de ces femmes qui veulent conduire: «Ce qu’elles tentent de faire est interdit, et par conséquent elles deviennent les clés du mal dans ce pays», écrit-il, en les qualifiant de «femmes occidentalisées cherchant à occidentaliser ce pays.»<br />Cette situation, Manal al-Charif la supporte de moins en moins. Informaticienne de 32 ans, elle a initié Women2Drive et a posté sur Youtube une vidéo d'elle-même conduisant une voiture tout en expliquant à son amie qui la filme ses revendications et la marche à suivre pour celles qui veulent faire pareil. Dans un autre message posté sur le Net, elle précise que "cela a un écho particulier ici en Arabie Saoudite, conduire est un acte symbolique, même si c'est un droit insignifiant". <br /><br /><strong>Contradiction</strong><br />Pour Lama al -Suleiman, femme d'affaires réputée et surtout élue au Conseil d'administration de la Chambre de commerce et d'industrie de Djeddah, il y a d'autres combats à mener pour les femmes notamment au travail. D'autres observateurs-trices s'accordent pour dire que le pays est une terre de contrastes où s'entrechoquent modernité et tradition et que la société saoudienne n'est absolument pas prête à évoluer. Il faut savoir que l'Arabie Saoudite n'a jamais été colonisée; de ce fait, la société n'a jamais  été confrontée à une autre culture, contrairement aux autres pays arabes. Et quand bien même, le permis de conduire est délivré par les autorités locales, celles-ci refusent de le remettre à des femmes. Ces dernières apprennent à l'étranger et reconnaissent prendre régulièrement le volant à Riyad. Toutefois l'hypocrisie reste de mise.<br /><br /><strong>Arrestation</strong><br />Le succès médiatique de Manal al-Charif n'aura pas empêché sa nouvelle arrestation dimanche dernier mais aura encouragée les Saoudiennes à s'affirmer. Les mises en ligne de vidéos montrant des femmes au volant se sont multipliées, les langues se délient: on peut voir le témoignage d'une femme qui dit défier les autorités depuis six mois pour accompagner ses enfants à l'école parce que le taxi est trop cher. Contrairement à ce que martèlent les journaux locaux, chaque famille ne dispose pas de chauffeur susceptible de conduire les femmes. La voie de l'indépendance est encore chaotique mais les Saoudiennes sont sur le bon chemin. <br /><br /></p> Un DSK isolé? 2011-05-23T07:29:55+00:00 2011-05-23T07:29:55+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/255-un-dsk-isole Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/manif.jpg" border="0" /></p> <p><strong>La chute de l'ancien patron du FMI a provoqué un dérapage verbal tant chez les personnalités politiques qui s'exprimaient dans les médias que chez les anonymes des réseaux sociaux. Un excès que fustigent les féministes françaises qui ont manifesté leur colère le week-end dernier lors d'un rassemblement devant Beaubourg à Paris.</strong><br /><br />Plus de 2000 personnes ont répondu à l'appel d'associations féministes comme La Barbe, Osez le féminisme et Paroles de femmes et se sont retrouvées devant le Centre Georges Pompidou pour réagir aux propos ouvertement sexistes de différentes personnalités au sujet de l'affaire DSK. En tête de liste vient le "troussage de domestique" de Jean-François Kahn talonné de près par Jack Lang avec "il n'y a pas mort d'homme". Au portillon de ce florilège misogyne, se bousculent encore Bernard Henri-Lévy, Robert Badinter et bien d'autres qui sont aujourd'hui dans le collimateur des mouvements féministes. Si chacun réclamait à corps et (surtout) à cris, la présomption d'innocence pour l'ex-patron du FMI, le Collectif national pour les droits des femmes a rappelé dans un communiqué que l'employée du Sofitel "a droit à la présomption de victime", détail que les médias français avaient totalement zappé durant les premières quarante-huit heures de l'affaire. <br /><br />Parce que la parole est une articulation centrale du sujet. La manière dont la France a reçu l'information nous renseigne sur les représentations de nos voisins. La voix de la victime présumée est ignorée de façon systématique, parce que c'est une femme et parce qu'elle a peut-être subi des violences sexuelles. Sa parole devient dès lors suspecte. A grand renfort de stéréotypes et de réflexes ancestraux, le groupe dominant met en place un système de défense, du bien lourd, du costaud, destiné à légitimer ses privilèges, notamment l'accès aux femmes. Pour Alice Coffin de La Barbe "ces propos sont ancrés dans l'inconscient collectif". Et si la parole raciste a reculé, du moins dans les médias, le discours sexiste bénéficie pour sa part d'une "immunité" selon Caroline de Haas, porte-parole d'Osez le féminisme, sans doute parce que la loi ne punit pas les insultes sexistes. Pour Alice Coffin, "c'est l'occasion de poser des marqueurs et des limites" dans les prises de paroles publiques. <br /><br />Ce sursaut collectif féministe constitue une opportunité pour favoriser une prise de conscience plus large et une preuve que l'action commune reste nécessaire pour se présenter en tant qu'interlocuteur incontournable dans ce genre de luttes. Cet exemple devrait aussi dynamiser les réseaux féministes en Suisse.<br /><br /><br /><br /></p> <p><img src="images/stories/manif.jpg" border="0" /></p> <p><strong>La chute de l'ancien patron du FMI a provoqué un dérapage verbal tant chez les personnalités politiques qui s'exprimaient dans les médias que chez les anonymes des réseaux sociaux. Un excès que fustigent les féministes françaises qui ont manifesté leur colère le week-end dernier lors d'un rassemblement devant Beaubourg à Paris.</strong><br /><br />Plus de 2000 personnes ont répondu à l'appel d'associations féministes comme La Barbe, Osez le féminisme et Paroles de femmes et se sont retrouvées devant le Centre Georges Pompidou pour réagir aux propos ouvertement sexistes de différentes personnalités au sujet de l'affaire DSK. En tête de liste vient le "troussage de domestique" de Jean-François Kahn talonné de près par Jack Lang avec "il n'y a pas mort d'homme". Au portillon de ce florilège misogyne, se bousculent encore Bernard Henri-Lévy, Robert Badinter et bien d'autres qui sont aujourd'hui dans le collimateur des mouvements féministes. Si chacun réclamait à corps et (surtout) à cris, la présomption d'innocence pour l'ex-patron du FMI, le Collectif national pour les droits des femmes a rappelé dans un communiqué que l'employée du Sofitel "a droit à la présomption de victime", détail que les médias français avaient totalement zappé durant les premières quarante-huit heures de l'affaire. <br /><br />Parce que la parole est une articulation centrale du sujet. La manière dont la France a reçu l'information nous renseigne sur les représentations de nos voisins. La voix de la victime présumée est ignorée de façon systématique, parce que c'est une femme et parce qu'elle a peut-être subi des violences sexuelles. Sa parole devient dès lors suspecte. A grand renfort de stéréotypes et de réflexes ancestraux, le groupe dominant met en place un système de défense, du bien lourd, du costaud, destiné à légitimer ses privilèges, notamment l'accès aux femmes. Pour Alice Coffin de La Barbe "ces propos sont ancrés dans l'inconscient collectif". Et si la parole raciste a reculé, du moins dans les médias, le discours sexiste bénéficie pour sa part d'une "immunité" selon Caroline de Haas, porte-parole d'Osez le féminisme, sans doute parce que la loi ne punit pas les insultes sexistes. Pour Alice Coffin, "c'est l'occasion de poser des marqueurs et des limites" dans les prises de paroles publiques. <br /><br />Ce sursaut collectif féministe constitue une opportunité pour favoriser une prise de conscience plus large et une preuve que l'action commune reste nécessaire pour se présenter en tant qu'interlocuteur incontournable dans ce genre de luttes. Cet exemple devrait aussi dynamiser les réseaux féministes en Suisse.<br /><br /><br /><br /></p> DSK: le fantasme de la soubrette 2011-05-16T14:44:18+00:00 2011-05-16T14:44:18+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/251-dsk-le-fantasme-de-la-soubrette Nathalie Brochard [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/dsk.jpg" border="0" align="left" style="float: left; border: 0; margin-left: 3px; margin-right: 3px;" />Tandis que la classe politique française est en émoi après l'inculpation du patron du FMI pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration, peu de journalistes semblent s'intéresser à celle qui s'est déclarée victime, anonyme femme de chambre dans un hôtel du groupe  français Accor, leader mondial de l'hôtellerie. Du coup, nous devons nous contenter des interprétations des éditorialistes et autres commentateurs plutôt que des informations des journalistes. Où sont les enquêteurs? On ne connaît pas les faits mais on nous tient en haleine à coup de directs et d'émissions spéciales, bientôt nous aurons les petits logos à l'effigie de DSK comme nous les avons eus à celle de Ben Laden quand il est mort ou le drapeau du Japon au moment du tsunami et de Fukushima…</p> <p> </p> <p>Et qu'apprend-on? Pas grand-chose si ce n'est la stupéfaction, l'incrédulité des éditorialistes, concentrés comme un seul homme sur le grand homme. De la femme, ici on ne sait rien, on ne veut rien savoir. Outre-Atlantique, on découvre qu'elle est migrante africaine, qu'elle vit dans le Bronx avec sa fille, une adolescente de 16 ans. Ses collègues la décrivent comme "une personne honnête et travailleuse", ses voisins comme "une personne discrète". Mais pour les médias français, quel intérêt? Pourtant, quelle que soit la vérité, machination, complot ou agression, cette femme est à l'origine de la chute du grand argentier mais aussi de celui qui était donné par ces fameux éditorialistes comme vainqueur probable des primaires socialistes et de l'élection présidentielle en France. Rien que ça! <br /><br />Les médias français qui se moquent régulièrement des frasques de Berlusconi abordent ce qui se passe autour de Dominique Strauss-Kahn sur le ton de la gravité. Des psychiatres se penchent même sur son cas: entre suicide symbolique et assassinat politique suivant les hypothèses, c'est bien lui la victime. Toute l'énergie de nos journalistes se focalise sur le pauvre homme. Les chaînes de télévision et les journaux mettent le paquet: envoyés spéciaux et correspondants se bousculent devant le palais de justice de New York. Entre la femme de chambre et le chef du FMI, ce sont tous les rapports sociaux de sexe, de race et de classe qui se croisent. En France, les menottes de DSK à sa sortie du commissariat sont floutées, aux Etats-Unis, la mise en scène est brutale et le point de vue de la victime est privilégiée. En France, on parle de la parole d'une femme contre celle d'un homme, aux Etats-Unis, on parle de crime. La juge, Melissa Jackson, a décidé que DSK restera en prison.</p> <p><img src="images/stories/Rubriques/ailleurs/2011/dsk.jpg" border="0" align="left" style="float: left; border: 0; margin-left: 3px; margin-right: 3px;" />Tandis que la classe politique française est en émoi après l'inculpation du patron du FMI pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration, peu de journalistes semblent s'intéresser à celle qui s'est déclarée victime, anonyme femme de chambre dans un hôtel du groupe  français Accor, leader mondial de l'hôtellerie. Du coup, nous devons nous contenter des interprétations des éditorialistes et autres commentateurs plutôt que des informations des journalistes. Où sont les enquêteurs? On ne connaît pas les faits mais on nous tient en haleine à coup de directs et d'émissions spéciales, bientôt nous aurons les petits logos à l'effigie de DSK comme nous les avons eus à celle de Ben Laden quand il est mort ou le drapeau du Japon au moment du tsunami et de Fukushima…</p> <p> </p> <p>Et qu'apprend-on? Pas grand-chose si ce n'est la stupéfaction, l'incrédulité des éditorialistes, concentrés comme un seul homme sur le grand homme. De la femme, ici on ne sait rien, on ne veut rien savoir. Outre-Atlantique, on découvre qu'elle est migrante africaine, qu'elle vit dans le Bronx avec sa fille, une adolescente de 16 ans. Ses collègues la décrivent comme "une personne honnête et travailleuse", ses voisins comme "une personne discrète". Mais pour les médias français, quel intérêt? Pourtant, quelle que soit la vérité, machination, complot ou agression, cette femme est à l'origine de la chute du grand argentier mais aussi de celui qui était donné par ces fameux éditorialistes comme vainqueur probable des primaires socialistes et de l'élection présidentielle en France. Rien que ça! <br /><br />Les médias français qui se moquent régulièrement des frasques de Berlusconi abordent ce qui se passe autour de Dominique Strauss-Kahn sur le ton de la gravité. Des psychiatres se penchent même sur son cas: entre suicide symbolique et assassinat politique suivant les hypothèses, c'est bien lui la victime. Toute l'énergie de nos journalistes se focalise sur le pauvre homme. Les chaînes de télévision et les journaux mettent le paquet: envoyés spéciaux et correspondants se bousculent devant le palais de justice de New York. Entre la femme de chambre et le chef du FMI, ce sont tous les rapports sociaux de sexe, de race et de classe qui se croisent. En France, les menottes de DSK à sa sortie du commissariat sont floutées, aux Etats-Unis, la mise en scène est brutale et le point de vue de la victime est privilégiée. En France, on parle de la parole d'une femme contre celle d'un homme, aux Etats-Unis, on parle de crime. La juge, Melissa Jackson, a décidé que DSK restera en prison.</p> A quand le botox pour fillettes ? 2011-05-10T06:00:14+00:00 2011-05-10T06:00:14+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/248-a-quand-le-botox-pour-fillettesn Nathalie Brochard [email protected] <p>GeoGirl, une marque américaine de c<img src="http://lemilie.org/images/stories/geogirl-walmart.jpg" border="0" width="435" height="289" style="float: left; margin-left: 3px; margin-right: 3px;" />osmétiques vient de lancer une gamme</p> <p>GeoGirl, une marque américaine de c<img src="images/stories/geogirl-walmart.jpg" border="0" width="435" height="289" style="float: left; margin-left: 3px; margin-right: 3px;" />osmétiques vient de lancer une gamme</p> Femme, brésilienne et chanteuse 2011-04-07T08:06:35+00:00 2011-04-07T08:06:35+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/209-femme-bresilienne-et-chanteuse Administrator [email protected] <p><img src="http://lemilie.org/images/genresfeminismes/2010/calcanhotto.jpg" border="0" width="342" height="513" style="float: left; margin-left: 5px; margin-right: 5px;" /><strong>En guise d’escapade estivale, aujourd’hui on embarque avec des chanteuses brésiliennes. Mais pas de celles que vous imaginez. Car celles-ci sont d’une autre trempe. </strong></p> <p>A quoi pense-t’on quand on évoque une « chanteuse brésilienne » ? Très certainement à des sons dépaysants accompagnés d’une imagerie tropicale. Pourtant, être chanteuse au Brésil, ce n’est pas forcément être ce que le reste du monde imagine. Rien n’est plus vrai!</p> <p lang="fr-CH">D’ailleurs, dans ce pays-continent immense aux multiples influences musicales à la richesse infinie, des chanteuses contemporaines et des styles musicaux divers il y en a une ribambelle. Difficile de faire un choix!</p> <p lang="fr-CH">Un Brésil complexe, aux contours duquel colle la métisse danseuse de samba, telle une deuxième peau devenue emblème national. Complexe aussi, la place de la femme artiste entre musiques aux racines éminemment populaires et stéréotypes de genre, de race et de classe spécifiques aux pays post-coloniaux. Sans oublier l’exotisme et toute sa cohorte de dimensions telles que l’identité nationale ou la projection d’un pays rêvé.</p> <p lang="fr-CH">Un débat qui aurait toute sa place pour qui voudrait plonger dans les spécificités culturelles du Brésil.</p> <p lang="fr-CH">Tout sauf exhaustif-ve-s, nous ferons ici l’impasse sur la bossa nova (mouvement duquel les femmes noires ont couramment été évincées pour cause d’image) et sur les monstresses sacrées et révérées de l’histoire musicale brésilienne. Nous éluderons aussi les musiciennes d’aujourd’hui au talent indubitable mais qui bénéficient d’une promotion et d’un rayonnement plus internationaux telles que Marisa Monte ou Céu.</p> <p lang="fr-CH">Car notre propos est de vous présenter un choix de chanteuses actuelles talentueuses, originales, de caractère, et musicalement enchanteresses. Qu’elles soient plutôt versées dans le rock, les sons contemporains, ou encore cultivent un lien avec le folklore. Parfois auteures-compositrices de leurs morceaux, parfois interprètes mais toujours avec un point commun : elles sont (quasi-)inconnues sous nos latitudes et contredisent les clichés de la musique brésilienne internationalement convenus.</p> <p lang="fr-CH"> </p> <p><img src="images/genresfeminismes/2010/calcanhotto.jpg" border="0" width="342" height="513" style="float: left; margin-left: 5px; margin-right: 5px;" /><strong>En guise d’escapade estivale, aujourd’hui on embarque avec des chanteuses brésiliennes. Mais pas de celles que vous imaginez. Car celles-ci sont d’une autre trempe. </strong></p> <p>A quoi pense-t’on quand on évoque une « chanteuse brésilienne » ? Très certainement à des sons dépaysants accompagnés d’une imagerie tropicale. Pourtant, être chanteuse au Brésil, ce n’est pas forcément être ce que le reste du monde imagine. Rien n’est plus vrai!</p> <p lang="fr-CH">D’ailleurs, dans ce pays-continent immense aux multiples influences musicales à la richesse infinie, des chanteuses contemporaines et des styles musicaux divers il y en a une ribambelle. Difficile de faire un choix!</p> <p lang="fr-CH">Un Brésil complexe, aux contours duquel colle la métisse danseuse de samba, telle une deuxième peau devenue emblème national. Complexe aussi, la place de la femme artiste entre musiques aux racines éminemment populaires et stéréotypes de genre, de race et de classe spécifiques aux pays post-coloniaux. Sans oublier l’exotisme et toute sa cohorte de dimensions telles que l’identité nationale ou la projection d’un pays rêvé.</p> <p lang="fr-CH">Un débat qui aurait toute sa place pour qui voudrait plonger dans les spécificités culturelles du Brésil.</p> <p lang="fr-CH">Tout sauf exhaustif-ve-s, nous ferons ici l’impasse sur la bossa nova (mouvement duquel les femmes noires ont couramment été évincées pour cause d’image) et sur les monstresses sacrées et révérées de l’histoire musicale brésilienne. Nous éluderons aussi les musiciennes d’aujourd’hui au talent indubitable mais qui bénéficient d’une promotion et d’un rayonnement plus internationaux telles que Marisa Monte ou Céu.</p> <p lang="fr-CH">Car notre propos est de vous présenter un choix de chanteuses actuelles talentueuses, originales, de caractère, et musicalement enchanteresses. Qu’elles soient plutôt versées dans le rock, les sons contemporains, ou encore cultivent un lien avec le folklore. Parfois auteures-compositrices de leurs morceaux, parfois interprètes mais toujours avec un point commun : elles sont (quasi-)inconnues sous nos latitudes et contredisent les clichés de la musique brésilienne internationalement convenus.</p> <p lang="fr-CH"> </p> Nichi, l'anti-Berlusconi 2011-04-07T07:59:17+00:00 2011-04-07T07:59:17+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/208-nichi-lanti-berlusconi Administrator [email protected] <p id="apDiv97"><img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/2010/vendola6.jpg" border="0" style="float: right; border: 0; margin-left: 5px; margin-right: 5px;" /><strong>L’incarnation de la différence qui devient force de toutes les contradictions.</strong></p> <p> </p> <p>Les Pouilles, ça vous dit quelque chose?</p> <p lang="fr-CH">Oui, c’est ça, une région tout au sud de l’Italie. Le talon de la botte plus exactement.</p> <p lang="fr-CH">Un littoral azur, des oliviers et des cultures à perte de vue, une multitude de petites villes animées, un immanquable art du bien vivre et du bien manger, le tout réparti dans 6 provinces et une grande ville pour capitale et pôle économique : Bari.</p> <p lang="fr-CH">L’envers de ce décor de carte postale, c’est un Sud italien historiquement marqué par le clientélisme, la criminalité organisée, la corruption, le chômage endémique, des institutions au fonctionnement cahotique, un développement anarchique, et en sus les problèmes liés aux récentes évolutions de la société telles que l’immigration.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Une personnalité hors normes</strong></p> <p>Et pourtant. Il s’en passe des choses dans cette région traditionnelle et traditionaliste.</p> <p>Dans un tel cadre, un homme émerge et il incarne la différence qui devient force de toutes les contradictions : Nichi Vendola (prononcer « Niki », hommage de son père à Nikita Kroutchev), 51 ans, ex-communiste, homosexuel affiché et catholique. En un mot, une personnalité hors normes, surtout dans pareil environnement conservateur. Il est réélu en mars dernier au poste de gouverneur de la Regione Puglia sous le drapeau de la coalition Sinistra, Ecologia e Libertà (Gauche, Ecologie et Libertés), plébiscité et soutenu par le peuple à l’encontre des pontes du centre gauche italien qui, sentant le danger venir, ont tenté par tous les moyens de lui barrer la route.</p> <p lang="fr-CH">Intellectuel et poète - il a entre autres à son actif diverses publications dont une thèse sur Pier Paolo Pasolini - il est aussi membre fondateur de l’Arcigay italienne mais encore plus un homme de terrain pour qui l’amour des gens l’amène à se fondre et à échanger dans tous les milieux, qui le lui rendent bien.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Communiquer la « bonne politique »</strong></p> <p lang="fr-CH">Outre un charisme indéniable et une personnalité faite de contrastes, Nichi Vendola est passé maître dans un art : celui de communiquer. Et c’est là que réside sa force.</p> <p>Car il Presidente Vendola sait parler et charmer, malgré – ou grâce – à de courantes références érudites et poétiques et même un léger défaut de prononciation.</p> <p>Plus décisive encore, son habileté à utiliser les nouveaux moyens de communication en fait une arme absolue : blog personnel constamment alimenté (avec des slogans tels que « La poesia è nei fatti », « La poésie est dans les faits »), ou encore une page Facebook où il relate ses rencontres et expériences au sein de sa fonction et dialogue quotidiennement avec ses fans.</p> <p>Le gouverneur inclut également la jeunesse aux premières loges de l’élaboration politique qui donne le ton d’une organisation participative originale : d’abord un programme politique pour et par les jeunes au nom évocateur : « Bollenti spiriti » (Esprits brûlants). Ensuite et surtout, épaulé par de très jeunes professionnels de la communication de la région, il a pensé et mis en place un réseau régional, très vite devenu national, d’ateliers-laboratoires autogérés de travail et de réflexion politique - de « buona politica » -, les « Fabbriche di Nichi » (il en existe même une à Zurich!). Ces « fabriques » lui relaient leurs conclusions, ne cessent de se démultiplier et suscitent un engouement sans pareil qui ne fait que débuter.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Le gouverneur, le genre et les femmes</strong></p> <p>Mais que vient faire un tel personnage dans la page de l’émiliE féministe, me direz-vous ?</p> <p>C’est qu’au pays de la soubrette des shows télévisés, le septuagénaire sieur Berlusconi s’embourbe dans de pitoyables scandales sexuels à répétition et n’a de cesse de démontrer son mépris pour la gent féminine qui réfléchit - sans parler de son machisme et de son homophobie affichée - Monsieur Vendola marque encore des points. Il est en effet résolument actif en matière de féminisme : on peut non seulement trouver directement dans les déclarations de son programme politique un chapitre entier et exhaustif dédié à l’intégration de la dimension de genre dans la mise en place et l’exécution de sa stratégie régionale. Mais on soulignera aussi sa volonté de remise en question permanente, par exemple dans les politiques sociales, le travail et les carrières féminines, le soutien aux initiatives et mouvements féminins, la famille ou encore les problématiques propres aux femmes immigrées.</p> <p>Et surtout : cas unique en Italie, le gouverneur a imposé sa volonté – malgré de virulentes oppositions – en formant un cabinet exécutif « fifty-fifty » et en s’entourant de femmes d’horizons divers et de haut vol pour diriger la région, afin de « contrer la reproduction éternelle de la politique au masculin, de la masculinité et du « machisme » au pouvoir ».</p> <p>Cela n’est pas passé inaperçu dans les milieux féministes italiens, qui offrent désormais un soutien actif et indéfectible à Monsieur Vendola au sein de divers mouvements, associations et autres médias, bien au-delà des frontières régionales. Des femmes qui, d’ailleurs, multiplient actions et démarches en sa faveur.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Nouveau leader de la gauche italienne ?</strong></p> <p>On n’a pas fini d’entendre parler du président de la Regione Puglia Nichi Vendola : depuis quelque temps déjà, il multiplie les apparitions télévisées, les interviews dans de grands journaux, les déplacements. On murmure qu’il serait pressenti pour être l’un des papables à la tête de l’opposition italienne, capable de contrer un Silvio Berlusconi en fin de règne et de redonner consistance à une gauche désagrégée et minée par des guerres intrinsèques.</p> <p lang="fr-CH">Fort de ses succès locaux notamment en matière de culture et de tourisme, d’énergies renouvelables et d’écologie, ou dans le domaine social, l’homme fait son chemin et dépasse désormais les frontières régionales, incarnant un renouveau inespéré, y compris pour les femmes italiennes.</p> <p>Dans le climat politique désastreux que connaît l’Italie ces dernières semaines, les luttes politiques impitoyables font cependant courir le risque de le voir broyé par le système puis renvoyé à ses pénates régionales. Ou encore que ses initiatives de déploiement et l’enthousiasme populaires finissent étouffées dans l’œuf. Certains esprits rationnels vont même jusqu’à affirmer que malgré son charisme et ses qualités, le pays n’est pas prêt pour un révolutionnaire comme lui et sa « bonne politique ».</p> <p lang="fr-CH">Mais finalement, on retiendra qu’entre coutumes et modernité, les Pouilles ont résolument amorcé un virage qui reflète le potentiel de la région, son dynamisme et sa modernité.</p> <p>Une belle tache de couleur dans cette tant décriée Italie dont l’image façonnée par la grossièreté du culte et des manœuvres berlusconiennes se répercute trop souvent uniformément hors de ses frontières et nous empêche d’y regarder de plus près.</p> <p>Bref, tout un programme et un personnage à surveiller attentivement!</p> <p lang="fr-CH" align="right"><em>Stefania Kirschmann</em></p> <p><strong>Liens:</strong></p> <p>Le blog de Nichi Vendola : <a href="http://www.nichivendola.it/" target="_new">http://www.nichivendola.it/</a></p> <p>La page Facebook : <a href="http://www.facebook.com/#%21/pages/Nichi-Vendola/38771508894" target="_new">http://www.facebook.com/#!/pages/Nichi-Vendola/38771508894</a></p> <p>Site internet de la Région des Pouilles, composition de la junte exécutive : <a href="http://www.regione.puglia.it/index.php?page=struttura&opz=giunta&cust=1" target="_new">http://www.regione.puglia.it/index.php?page=struttura&op(...)</a></p> <p id="apDiv97"><img src="images/ailleurs/2010/vendola6.jpg" border="0" style="float: right; border: 0; margin-left: 5px; margin-right: 5px;" /><strong>L’incarnation de la différence qui devient force de toutes les contradictions.</strong></p> <p> </p> <p>Les Pouilles, ça vous dit quelque chose?</p> <p lang="fr-CH">Oui, c’est ça, une région tout au sud de l’Italie. Le talon de la botte plus exactement.</p> <p lang="fr-CH">Un littoral azur, des oliviers et des cultures à perte de vue, une multitude de petites villes animées, un immanquable art du bien vivre et du bien manger, le tout réparti dans 6 provinces et une grande ville pour capitale et pôle économique : Bari.</p> <p lang="fr-CH">L’envers de ce décor de carte postale, c’est un Sud italien historiquement marqué par le clientélisme, la criminalité organisée, la corruption, le chômage endémique, des institutions au fonctionnement cahotique, un développement anarchique, et en sus les problèmes liés aux récentes évolutions de la société telles que l’immigration.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Une personnalité hors normes</strong></p> <p>Et pourtant. Il s’en passe des choses dans cette région traditionnelle et traditionaliste.</p> <p>Dans un tel cadre, un homme émerge et il incarne la différence qui devient force de toutes les contradictions : Nichi Vendola (prononcer « Niki », hommage de son père à Nikita Kroutchev), 51 ans, ex-communiste, homosexuel affiché et catholique. En un mot, une personnalité hors normes, surtout dans pareil environnement conservateur. Il est réélu en mars dernier au poste de gouverneur de la Regione Puglia sous le drapeau de la coalition Sinistra, Ecologia e Libertà (Gauche, Ecologie et Libertés), plébiscité et soutenu par le peuple à l’encontre des pontes du centre gauche italien qui, sentant le danger venir, ont tenté par tous les moyens de lui barrer la route.</p> <p lang="fr-CH">Intellectuel et poète - il a entre autres à son actif diverses publications dont une thèse sur Pier Paolo Pasolini - il est aussi membre fondateur de l’Arcigay italienne mais encore plus un homme de terrain pour qui l’amour des gens l’amène à se fondre et à échanger dans tous les milieux, qui le lui rendent bien.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Communiquer la « bonne politique »</strong></p> <p lang="fr-CH">Outre un charisme indéniable et une personnalité faite de contrastes, Nichi Vendola est passé maître dans un art : celui de communiquer. Et c’est là que réside sa force.</p> <p>Car il Presidente Vendola sait parler et charmer, malgré – ou grâce – à de courantes références érudites et poétiques et même un léger défaut de prononciation.</p> <p>Plus décisive encore, son habileté à utiliser les nouveaux moyens de communication en fait une arme absolue : blog personnel constamment alimenté (avec des slogans tels que « La poesia è nei fatti », « La poésie est dans les faits »), ou encore une page Facebook où il relate ses rencontres et expériences au sein de sa fonction et dialogue quotidiennement avec ses fans.</p> <p>Le gouverneur inclut également la jeunesse aux premières loges de l’élaboration politique qui donne le ton d’une organisation participative originale : d’abord un programme politique pour et par les jeunes au nom évocateur : « Bollenti spiriti » (Esprits brûlants). Ensuite et surtout, épaulé par de très jeunes professionnels de la communication de la région, il a pensé et mis en place un réseau régional, très vite devenu national, d’ateliers-laboratoires autogérés de travail et de réflexion politique - de « buona politica » -, les « Fabbriche di Nichi » (il en existe même une à Zurich!). Ces « fabriques » lui relaient leurs conclusions, ne cessent de se démultiplier et suscitent un engouement sans pareil qui ne fait que débuter.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Le gouverneur, le genre et les femmes</strong></p> <p>Mais que vient faire un tel personnage dans la page de l’émiliE féministe, me direz-vous ?</p> <p>C’est qu’au pays de la soubrette des shows télévisés, le septuagénaire sieur Berlusconi s’embourbe dans de pitoyables scandales sexuels à répétition et n’a de cesse de démontrer son mépris pour la gent féminine qui réfléchit - sans parler de son machisme et de son homophobie affichée - Monsieur Vendola marque encore des points. Il est en effet résolument actif en matière de féminisme : on peut non seulement trouver directement dans les déclarations de son programme politique un chapitre entier et exhaustif dédié à l’intégration de la dimension de genre dans la mise en place et l’exécution de sa stratégie régionale. Mais on soulignera aussi sa volonté de remise en question permanente, par exemple dans les politiques sociales, le travail et les carrières féminines, le soutien aux initiatives et mouvements féminins, la famille ou encore les problématiques propres aux femmes immigrées.</p> <p>Et surtout : cas unique en Italie, le gouverneur a imposé sa volonté – malgré de virulentes oppositions – en formant un cabinet exécutif « fifty-fifty » et en s’entourant de femmes d’horizons divers et de haut vol pour diriger la région, afin de « contrer la reproduction éternelle de la politique au masculin, de la masculinité et du « machisme » au pouvoir ».</p> <p>Cela n’est pas passé inaperçu dans les milieux féministes italiens, qui offrent désormais un soutien actif et indéfectible à Monsieur Vendola au sein de divers mouvements, associations et autres médias, bien au-delà des frontières régionales. Des femmes qui, d’ailleurs, multiplient actions et démarches en sa faveur.</p> <p lang="fr-CH"><strong>Nouveau leader de la gauche italienne ?</strong></p> <p>On n’a pas fini d’entendre parler du président de la Regione Puglia Nichi Vendola : depuis quelque temps déjà, il multiplie les apparitions télévisées, les interviews dans de grands journaux, les déplacements. On murmure qu’il serait pressenti pour être l’un des papables à la tête de l’opposition italienne, capable de contrer un Silvio Berlusconi en fin de règne et de redonner consistance à une gauche désagrégée et minée par des guerres intrinsèques.</p> <p lang="fr-CH">Fort de ses succès locaux notamment en matière de culture et de tourisme, d’énergies renouvelables et d’écologie, ou dans le domaine social, l’homme fait son chemin et dépasse désormais les frontières régionales, incarnant un renouveau inespéré, y compris pour les femmes italiennes.</p> <p>Dans le climat politique désastreux que connaît l’Italie ces dernières semaines, les luttes politiques impitoyables font cependant courir le risque de le voir broyé par le système puis renvoyé à ses pénates régionales. Ou encore que ses initiatives de déploiement et l’enthousiasme populaires finissent étouffées dans l’œuf. Certains esprits rationnels vont même jusqu’à affirmer que malgré son charisme et ses qualités, le pays n’est pas prêt pour un révolutionnaire comme lui et sa « bonne politique ».</p> <p lang="fr-CH">Mais finalement, on retiendra qu’entre coutumes et modernité, les Pouilles ont résolument amorcé un virage qui reflète le potentiel de la région, son dynamisme et sa modernité.</p> <p>Une belle tache de couleur dans cette tant décriée Italie dont l’image façonnée par la grossièreté du culte et des manœuvres berlusconiennes se répercute trop souvent uniformément hors de ses frontières et nous empêche d’y regarder de plus près.</p> <p>Bref, tout un programme et un personnage à surveiller attentivement!</p> <p lang="fr-CH" align="right"><em>Stefania Kirschmann</em></p> <p><strong>Liens:</strong></p> <p>Le blog de Nichi Vendola : <a href="http://www.nichivendola.it/" target="_new">http://www.nichivendola.it/</a></p> <p>La page Facebook : <a href="http://www.facebook.com/#%21/pages/Nichi-Vendola/38771508894" target="_new">http://www.facebook.com/#!/pages/Nichi-Vendola/38771508894</a></p> <p>Site internet de la Région des Pouilles, composition de la junte exécutive : <a href="http://www.regione.puglia.it/index.php?page=struttura&opz=giunta&cust=1" target="_new">http://www.regione.puglia.it/index.php?page=struttura&op(...)</a></p> Sumangalis et fashionistas 2011-04-07T07:38:49+00:00 2011-04-07T07:38:49+00:00 http://lemilie.org/index.php/ailleurs/205-sumangalis-et-fashionistas-le-prix-a-payer-du-pret-a-porter Nathalie Brochard [email protected] <p><strong>Sumangalis et fashionistas, le prix à payer du prêt-à-porter</strong></p> <p><strong>Le système d'exploitation genré du sumangali, instauré dans les usines textiles du sud de l'Inde où travaillent de très jeunes filles à qui on a promis de payer leur dot, permet aux clients occidentaux des enseignes de prêt-à-porter de trouver des vêtements bon marché.<img src="http://lemilie.org/images/ailleurs/2010/sumangali_girl.jpg" border="0" alt="Jeune ouvrière textile © The Hindu" width="342" height="513" style="float: left; border: 0; margin-left: 5px; margin-right: 5px;" /></strong></p> <p>Acheter dans votre magasin préféré un jean 30 francs, soit le prix d’une fondue, vous semble tout à fait normal. Pourtant ce jean bon marché qui rejoint la pile de ceux qu’on achète à la pelle a un coût. Oh, la marque n’y perd pas, vous non plus, rassurez-vous. L’environnement oui, beaucoup, et les très jeunes filles, parfois tout juste âgées de 12 ans, qui travaillent à sa confection, énormément. Ce jean a en effet un coût social au goût de scandale.</p> <p>Il aura fallu attendre la conférence organisée en mai dernier à Madurai par des ONG et des militants des droits humains pour que les médias indiens puis européens tels De Volkskrant et Libération s’emparent du sujet et dénoncent le sumangali, un système mis en place voici dix ans au Tamil Nadu. Par ce biais, les groupes textiles indiens emploient des jeunes filles exclusivement, non mariées, recrutées dans des villages. A l’issue du contrat de trois ans, l’employeur s’engage à leur verser 30’000 roupies, soit 600 francs, pour payer leur dot. Dans le seul Etat du Tamil Nadu, plus de 60’000 filles sont concernées.</p> <h2>Camp-coolie</h2> <p>Car littéralement, sumangali signifie «femme mariée» en hindi. Annie Raja, secrétaire générale de la National Federation of Indian Women explique que «ce terme est utilisé à dessein afin que les parents laissent partir leurs filles prépubères et pour que celles-ci réalisent leur rêve de mariage dans un pays où la pression sociale liée à l’obligation de se marier est extrêmement forte.» C’est en effet ce mot qui figure sur toutes les publicités destinées à attirer les jeunes filles dans les usines textiles. A l’instar des autres responsables et militants associatifs, Annie Raja préfère parler de «camp-coolies» pour désigner un système qui contraint les travailleuses à loger sur place et les dissuade à quitter le site de production.</p> <h2>Club de vacances</h2> <p>Cette exploitation est sexuée. Comme le précise Annie Raja, «aucun garçon n’est embauché», les employeurs préférant les jeunes filles beaucoup plus dociles. Cette exploitation est légale. Les travailleuses reçoivent un contrat… de stage, qui stipule brièvement la qualification requise (car il n’y en a qu’une: mesurer 1m55) et les conditions salariales. Cette exploitation est organisée. Des agents qui touchent 500 roupies par fille amenée à l’usine, sillonnent les campagnes, repèrent les familles pauvres, les convainquent, expliquent que les jeunes filles sont bien nourries, allant même jusqu’à détailler les menus proposés à l’usine, qu’elles suivent des cours après le travail pour avoir un bon niveau scolaire, qu’elles peuvent faire toutes sortes d’activités sportives, récréatives et spirituelles, en bref une expérience entre nirvana et club de vacances.</p> <h2>Colonies</h2> <p>Sauf que la réalité est tout autre puisque très vite, les jeunes filles deviennent squelettiques, que les accidents, les maladies, le harcèlement sexuel, moral, sont leur lot et que de dot il n’est plus question, les employeurs finissant par les renvoyer sous divers motifs juste avant les trois ans obligatoires pour lesquels elles se sont engagées. Les responsables des ONG qui cherchent à abolir cet esclavagisme moderne sont même allés jusqu’à dire lors de la conférence de Madurai que «ce commerce est pire que ce qui s’était passé pour les travailleurs amenés dans les plantations coloniales de thé, les mines de charbon ou les champs de coton».</p> <p>Annie Raja pointe du doigt les entreprises occidentales, qui contrôlent le textile mondial et qui sont aux prises avec les lois du marché néolibéral, poussées à innover pour rester dans la course tout en dépensant le moins possible. Elle explique que «cela n’est réalisable qu’en réduisant les coûts de production. Et comme les entreprises occidentales ne produisent pas elles-mêmes mais sous-traitent, elles font peser cette contrainte sur leurs sous-traitants, les industriels locaux. Ceux-ci, pour préserver leurs profits recourent au sumangali». Cela revient-il à dire qu’acheter en Suisse son jean «made in India», c’est participer à l’exploitation des jeunes Indiennes? Les 500 responsables qui participaient à la conférence de Madurai, sans totalement rejeter la mondialisation, souhaitent des aménagements et suggèrent notamment que les consommateurs finaux occidentaux paient quelques centimes de plus pour permettre aux ouvrières textiles d’obtenir des conditions de travail humaines.</p> <h2>Culpabilité</h2> <p>Reste que les patrons de ces quelque 7’000 usines textiles du Tamil Nadu nient absolument le fait que le sumangali est un travail forcé. Pour eux, tous les témoignages des anciennes ouvrières sont faux, fabriqués par les syndicats qui perdent leur pouvoir (les jeunes travailleuses, étant stagiaires et mineures, ne peuvent adhérer à un syndicat). Quant aux entreprises textile occidentales, elles se bardent de beaux discours, de chartes éthiques, de projets éducatifs pour le Tamil Nadu, comme l’explique leur site Internet pour rassurer et déculpabiliser leurs clients occidentaux. D’autres jouent les innocentes. Ouf, on est rassurés! Les accros du shopping vont pouvoir continuer à remplir leurs armoires sans mauvaise conscience.</p> <p align="right"><em>Nathalie Brochard</em></p> <p><strong>Sumangalis et fashionistas, le prix à payer du prêt-à-porter</strong></p> <p><strong>Le système d'exploitation genré du sumangali, instauré dans les usines textiles du sud de l'Inde où travaillent de très jeunes filles à qui on a promis de payer leur dot, permet aux clients occidentaux des enseignes de prêt-à-porter de trouver des vêtements bon marché.<img src="images/ailleurs/2010/sumangali_girl.jpg" border="0" alt="Jeune ouvrière textile © The Hindu" width="342" height="513" style="float: left; border: 0; margin-left: 5px; margin-right: 5px;" /></strong></p> <p>Acheter dans votre magasin préféré un jean 30 francs, soit le prix d’une fondue, vous semble tout à fait normal. Pourtant ce jean bon marché qui rejoint la pile de ceux qu’on achète à la pelle a un coût. Oh, la marque n’y perd pas, vous non plus, rassurez-vous. L’environnement oui, beaucoup, et les très jeunes filles, parfois tout juste âgées de 12 ans, qui travaillent à sa confection, énormément. Ce jean a en effet un coût social au goût de scandale.</p> <p>Il aura fallu attendre la conférence organisée en mai dernier à Madurai par des ONG et des militants des droits humains pour que les médias indiens puis européens tels De Volkskrant et Libération s’emparent du sujet et dénoncent le sumangali, un système mis en place voici dix ans au Tamil Nadu. Par ce biais, les groupes textiles indiens emploient des jeunes filles exclusivement, non mariées, recrutées dans des villages. A l’issue du contrat de trois ans, l’employeur s’engage à leur verser 30’000 roupies, soit 600 francs, pour payer leur dot. Dans le seul Etat du Tamil Nadu, plus de 60’000 filles sont concernées.</p> <h2>Camp-coolie</h2> <p>Car littéralement, sumangali signifie «femme mariée» en hindi. Annie Raja, secrétaire générale de la National Federation of Indian Women explique que «ce terme est utilisé à dessein afin que les parents laissent partir leurs filles prépubères et pour que celles-ci réalisent leur rêve de mariage dans un pays où la pression sociale liée à l’obligation de se marier est extrêmement forte.» C’est en effet ce mot qui figure sur toutes les publicités destinées à attirer les jeunes filles dans les usines textiles. A l’instar des autres responsables et militants associatifs, Annie Raja préfère parler de «camp-coolies» pour désigner un système qui contraint les travailleuses à loger sur place et les dissuade à quitter le site de production.</p> <h2>Club de vacances</h2> <p>Cette exploitation est sexuée. Comme le précise Annie Raja, «aucun garçon n’est embauché», les employeurs préférant les jeunes filles beaucoup plus dociles. Cette exploitation est légale. Les travailleuses reçoivent un contrat… de stage, qui stipule brièvement la qualification requise (car il n’y en a qu’une: mesurer 1m55) et les conditions salariales. Cette exploitation est organisée. Des agents qui touchent 500 roupies par fille amenée à l’usine, sillonnent les campagnes, repèrent les familles pauvres, les convainquent, expliquent que les jeunes filles sont bien nourries, allant même jusqu’à détailler les menus proposés à l’usine, qu’elles suivent des cours après le travail pour avoir un bon niveau scolaire, qu’elles peuvent faire toutes sortes d’activités sportives, récréatives et spirituelles, en bref une expérience entre nirvana et club de vacances.</p> <h2>Colonies</h2> <p>Sauf que la réalité est tout autre puisque très vite, les jeunes filles deviennent squelettiques, que les accidents, les maladies, le harcèlement sexuel, moral, sont leur lot et que de dot il n’est plus question, les employeurs finissant par les renvoyer sous divers motifs juste avant les trois ans obligatoires pour lesquels elles se sont engagées. Les responsables des ONG qui cherchent à abolir cet esclavagisme moderne sont même allés jusqu’à dire lors de la conférence de Madurai que «ce commerce est pire que ce qui s’était passé pour les travailleurs amenés dans les plantations coloniales de thé, les mines de charbon ou les champs de coton».</p> <p>Annie Raja pointe du doigt les entreprises occidentales, qui contrôlent le textile mondial et qui sont aux prises avec les lois du marché néolibéral, poussées à innover pour rester dans la course tout en dépensant le moins possible. Elle explique que «cela n’est réalisable qu’en réduisant les coûts de production. Et comme les entreprises occidentales ne produisent pas elles-mêmes mais sous-traitent, elles font peser cette contrainte sur leurs sous-traitants, les industriels locaux. Ceux-ci, pour préserver leurs profits recourent au sumangali». Cela revient-il à dire qu’acheter en Suisse son jean «made in India», c’est participer à l’exploitation des jeunes Indiennes? Les 500 responsables qui participaient à la conférence de Madurai, sans totalement rejeter la mondialisation, souhaitent des aménagements et suggèrent notamment que les consommateurs finaux occidentaux paient quelques centimes de plus pour permettre aux ouvrières textiles d’obtenir des conditions de travail humaines.</p> <h2>Culpabilité</h2> <p>Reste que les patrons de ces quelque 7’000 usines textiles du Tamil Nadu nient absolument le fait que le sumangali est un travail forcé. Pour eux, tous les témoignages des anciennes ouvrières sont faux, fabriqués par les syndicats qui perdent leur pouvoir (les jeunes travailleuses, étant stagiaires et mineures, ne peuvent adhérer à un syndicat). Quant aux entreprises textile occidentales, elles se bardent de beaux discours, de chartes éthiques, de projets éducatifs pour le Tamil Nadu, comme l’explique leur site Internet pour rassurer et déculpabiliser leurs clients occidentaux. D’autres jouent les innocentes. Ouf, on est rassurés! Les accros du shopping vont pouvoir continuer à remplir leurs armoires sans mauvaise conscience.</p> <p align="right"><em>Nathalie Brochard</em></p>