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Sandrine Salerno: l'interview d'origine

L'interview publiée dans notre page du Courrier diffère de celle que l'émiliE a réalisée à l'origine et souhaitait faire paraître. Nous publions ici la version non coupée que le comité de rédaction de l'émiliE avait validée.

 

"Je casse certains codes"

Pratique du pouvoir, engagement, vision politique: la Conseillère administrative Sandrine Salerno en décortique certains aspects pour l'émiliE. Interview.

 

De gauche, cohérente au pouvoir, est-ce possible de nos jours ?

Oui, et c’est surtout primordial au niveau local. En effet, il n’y a pas d’enjeux comme la raison d’Etat vous obligeant à des choix douloureux. Par ailleurs, en Ville de Genève, l’exécutif est de gauche et le délibératif n’a pas de majorité claire, tenir ses positions est par conséquent facilité. Je n’ai donc jamais eu à me poser la question de la cohérence et de ses limites. Toutefois, et c’est le revers de la médaille à Genève, les communes ont peu de pouvoir. La plupart du pouvoir réel comme celui de légiférer, de poser le cadre, est cantonal ou fédéral. Au niveau communal, nous avons un pouvoir résiduel et symbolique : celui de dire des choses. Etre cohérent devrait donc être une obligation de résultat, qu’on soit de gauche ou de droite.

 

On vous décrit comme quelqu’un de pouvoir et vous avez l’air assez décomplexée dans sa pratique, c’est parce qu’il s’agit de ce pouvoir résiduel ?

Pour certaines personnes, le pouvoir – à quelque niveau que ce soit - est une fin en soi. Pour moi, ça n’est pas le cas. Je suis motivée par le changement car c’est être en adéquation avec les besoins des gens, de pouvoir faire entrer l’action publique dans la modernité, de faire des choses qu’on aurait déjà dû faire et qu’on n’a pas réussies. Si c’est ce que vous entendez par décomplexée, c’est vrai que je suis assez décomplexée et concernant le pouvoir qui est le mien, je l’assume. En effet, les personnes élues dans des exécutifs doivent être au clair sur leur marge de pouvoir, même si ce n’est qu’un pouvoir symbolique. Parfois, un discours politique peut davantage faire avancer les mentalités que de nombreuses modifications législatives que personne ne comprend et qui, dans les faits, mettent beaucoup de temps à agir sur les consciences. Je ne dénigre donc pas le pouvoir que nous avons au niveau communal.

 

Il y a certaines valeurs que vous défendez comme l’égalité hommes-femmes, la lutte contre toute forme de violence et de discrimination, que ce soit l’homophobie ou autre, on a l’impression qu’au sein du Conseil administratif vous les défendez seule. Pourquoi d’après vous ?

Je ne suis pas seule. Mais j’ai une façon de poser l’enjeu et de politiser le discours qui fait que ça se focalise beaucoup sur moi, en bien ou en mal. Avec mon collègue Pierre Maudet, nous avons négocié un règlement sur l’égalité hommes-femmes. L’idée était d’en faire un objectif du Conseil administratif, d’autant que ce sujet-là fait partie, depuis le début, de mon engagement politique.

 

Mais ce n’est pas votre pré-carré par définition ?

Il est vrai que je me positionne régulièrement sur ces enjeux, car ils font partie de mon identité politique et si mes collègues partagent cette préoccupation, dans les faits, elle les mobilise peu. Au contraire, ils n’ont jamais refusé d’entrer en matière, il faut dire que ça fait mauvais genre d’être sexiste ou homophobe ! (rires)

Par ailleurs, je fais attention à ce qu’il y ait une dynamique politique qui ne soit pas juste personnelle. Par exemple, chaque année, j’organise le 8 mars ; je trouve important de marquer les moments symboliques. Comme aujourd’hui nous sommes deux femmes au Conseil administratif, j’ai proposé à ma collègue Ester Alder d’organiser ensemble cet événement.

 

Ces valeurs qui devraient être partagées de manière universelle ne seraient-elles pas une des raisons des campagnes d’intimidation dont vous avez fait l’objet ? Vu de l’extérieur, on peut avoir l’impression qu’on veut vous faire taire, que votre discours dérange parce qu’il défend justement ces valeurs ?

Je pense que ce qui dérange le plus, c’est peut-être ma façon de faire de la politique et d’être en politique, car je casse certains codes. J’ai une façon très affirmée de poser le propos, que ce soit devant le Conseil municipal ou dans la presse, cela peut agacer. J’essaie d’être directe et claire pour être comprise, cela peut déranger. J’ai un discours politique idéologique, donc perçu par certains comme trop clivant, pas assez pragmatique. Mais je considère qu’on ne m’a pas élue pour être pragmatique, on m’a élue sur un programme, pour changer le quotidien de mes concitoyen-ne-s et pour avancer sur des valeurs. Pourquoi je thématise l’importance de ne pas être sexiste, raciste, homophobe ? Parce que je trouve que les mesures concrètes sans l’enrobage du discours politique, sans la compréhension du monde et son interprétation, n’ont aucun sens. J’ai un projet de société et je le défends, il est forcément politique. Pour les conservateurs, c’est facile de dire qu’il faut être pragmatique, car ils sont toujours dans l’idéologie sous couvert de pragmatisme : supprimer des postes pour eux, c’est pragmatique.

 

L’usage de votre blog comme projet de votre année Mairie a été très critiqué. Pourquoi défendre cet outil de communication pour un-e élu-e politique ?

Je voulais permettre à des personnes qui lisent peu la presse d’accéder aux décisions politiques. Par ailleurs, au XXIème siècle, avec Internet et les réseaux sociaux, on ne peut plus se positionner comme au XXème siècle. Pour les élu-e-s, il y a un apprentissage à faire et une réflexion à avoir sur ce qu’on dit de nous, ce qu’on laisse dire de nous et jusqu’à quel point. Si ce sont des attaques systématiques qui font la une des journaux, il nous faut des outils pour répondre. Le blog en est un. Parfois les politiques sont assez démuni-e-s car tout réside dans la communication. A cela s’ajoute que la distinction public-privé change. Par exemple, sur Wikipédia, il est fait état de mon état civil, de ma vie de famille alors que je ne l’ai jamais mise en avant. Je considère que les médias sociaux doivent entrer dans la culture de communication des collectivités publiques. Aujourd’hui, plus personne ne se demande pourquoi les départements et magistrat-e-s ont des chargé-e-s de communication. Le politique est en retard par rapport à la société. Quand Monsieur Maudet communique dans le calendrier de la voirie, ça va très bien, c’est de la communication traditionnelle, lorsque je suis sur des stands à distribuer des flyers, ça fait partie du job alors que les plateformes Internet posent problème. Au niveau politique, il y a des archaïsmes. Monsieur Kanaan va mettre en place une newsletter, Monsieur Maudet fait ses carnets de mairie sur le site de la Ville.  Quand j’ai fait cette proposition de blog, je pensais que mes collègues allaient aussi en créer un, surtout dans un moment où il y a un resserrement des espaces où on peut communiquer. Ça ne s’est pas produit.

 

Vos échanges avec le directeur de la Comédie ont été rendus public. Pourquoi lui avoir écrit ?

La presse s’est surtout focalisée sur l’usage du papier à en-tête officiel. Au nom de quoi aurais-je dû donner mon avis en tant que Conseillère administrative ? Ma réponse : invitée en tant que Conseillère administrative, j’ai répondu en tant que Conseillère administrative. L’échange était courtois, marquait des divergences claires, mais il est bon en démocratie d’échanger des points de vue, de débattre. Or, certains veulent figer les magistrats dans des postures, dans du politiquement correct, sur comment ils sont, ce qu’ils écrivent, disent, comment ils sont habillés et regardent peu la cohérence des démarches.

 

On a l’impression que les attaques visent plus la femme que la fonction, sur des fondements qui se sont révélés faux. Comment l’avez-vous vécu ?

Ce ne sont pas des moments que j’aimerais revivre, c’est sûr !

 

Qu’en est-il des deux postes égalité et diversité que vous avez proposés pour le budget 2012 de la Ville de Genève?

Ils ont été acceptés par le Conseil municipal. Nous avons proposé un poste relatif à l’homophobie et l’autre à la diversité culturelle. Il était bien question des deux thématiques, mais celle de la diversité culturelle est complètement passée à la trappe dans les débats. Les débats ont été exemplatifs de la nécessité de ces postes. La gêne était palpable. Cette question n’est pas encore mûre, il y a du travail à l’avenir, même auprès des personnes qui votent le budget. Par ailleurs, il faut également un discours plus clair, et une politique publique car sans cela, les personnes qui sont la cible de discriminations ne se sentent pas en droit de s’exprimer. La personne en charge aura pour mission de recenser toutes les pratiques et de voir les questions qui se posent et comment on y répond. Lorsqu’on doit se positionner, personne n’est aussi ouvert qu’il le prétend. Il s’agit donc de faire du monitoring, un suivi des pratiques et, plus largement, de valoriser réellement l’égalité. Le Conseil d’Etat doit encore valider le budget en février et s’il n’y a pas de réserves, les deux postes seront mis au concours.

Propos recueillis par Caroline Dayer et Nathalie Brochard

Photo © Joanna Osbert

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