updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

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Une pétition pour l'égalité salariale

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Force est de constater que le nouveau Conseil fédéral ne montre pas l’exemple en matière de représentation homme/femme et reste en retrait en matière d’égalité salariale. Sa proposition, actuellement en...

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Une pilule pour doper la libido féminine…

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Colette Fry, l'interview

Le 1er septembre, Colette Fry entre en fonction à la tête de la nouvelle structure qu'est le Bureau de la promotion de l'égalité entre femmes et hommes et de prévention des violences domestiques (BPEV). Elle nous livre sa vision et ses réflexions.

l’émiliE : A la veille de prendre les rênes du BPEV, quel est votre état d’esprit?
Colette Fry : Je me réjouis de cette future prise de fonction, même si je suis encore entre deux services jusqu’au 31 août. Vingt-et-un an dans un poste c’est beaucoup de dossiers à boucler ou à transmettre et de cartons de livres à déménager ! J’ai une grande envie de m’investir dans mon nouveau travail au BPEV et je commencerai par prendre connaissance des dossiers en cours et m’inscrire dans la continuité et la diversité des actions menées jusqu’ici. Le bureau fonctionne bien, il est très actif avec une pluralité d’interventions que ce soit dans le domaine de la déconstruction des stéréotypes, de la promotion des femmes dans la politique ou dans le domaine professionnel par exemple. Je suis donc très heureuse de pouvoir me plonger dans ces actions et de travailler avec une équipe dynamique, en place depuis longtemps. Je vais m’insérer dans cette continuité.

Mais concrètement qu’est-ce qui va changer dans cette structure ?
La problématique de la violence domestique va redevenir une attribution du bureau de l’égalité, comme c’était le cas jusqu’en 2006. Entre-temps, la thématique de la violence domestique s’est élargie puisque, outre la violence conjugale, elle englobe également la violence contre les enfants ou contre les parents âgés. S’est également, depuis peu, ajoutée aux missions du Bureau la thématique des discriminations contre la population LGBT. Concrètement, il s’agit de réunir les équipes et les thématiques pour trouver une dynamique et des synergies.

Quels sont les moyens dont vous disposez ?
L’équipe est composée d’une dizaine de personnes à temps partiel, quant au budget, je ne l’ai plus en tête mais les moyens n’ont pas été diminués contrairement aux craintes exprimées lors du projet de refonte des deux services.

Quelles vont être vos priorités ?
Je vais d’abord étudier chaque thématique. L’organisation du bureau fait qu’il y a des chargé-e-s de projet pour chaque problématique et j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur des spécialistes qui ont une expertise chacun-e dans leur domaine. Je vais faire le tour du réseau, m’informer, je dois m’approprier cette nouvelle fonction avec un regard plus large sur les problématiques.

Certain-e-s s’inquiètent justement de vous voir œuvrer sur la problématique des violences au détriment de la diversité et de l’égalité. Que leur répondez-vous ?
Je peux les rassurer d’emblée. Ce qui m’intéresse c’est l’égalité dans sa globalité. C’est pour cette raison que j’ai terminé une formation en études genre à l’Université de Genève et que je l’ai mise en pratique dans mon travail au centre LAVI. C’est vrai que je suis spécialisée depuis vingt ans dans les problématiques de violence mais là encore dans leur globalité : violences sexuelles, violences conjugales, avec une attention portée également aux violences symboliques (par exemple représentations des femmes dans les médias). Le Bureau de l’égalité va continuer à avoir une palette d’actions très large pour lutter contre tous les types d’inégalités et de discriminations. Et nous visons une grande diversité de publics, les femmes comme les hommes, les professionnel-le-s comme le grand public, jeunes et adultes. Je n’ai aucune intention d’arriver au bureau de l’égalité pour développer la partie «V» du nouveau service au détriment de la promotion de l’égalité. Ce sera vraiment un BPEV avec une importance égale de toutes les lettres.

La médiatisation de la violence domestique exercée par les femmes a créé une polémique l’an passé. Quelle est votre position sur ce point ?
On ne peut nier cette réalité, dans le sens où cette violence existe. Par contre il s’agit de préciser les choses. Il faut redéfinir de quel type de violence on parle : violence psychologique, physique, sexuelle ? L’éclairage qui est porté sur les violences contre les hommes tend à invisibiliser celles contre les femmes et sur tout le travail qui a été effectué durant des années. Parler de la violence exercée par les femmes ne doit pas faire oublier qu’elles sont majoritairement victimes de violences domestiques, comme cela continue à apparaître dans les chiffres, et il s’agit également d’éviter la tendance à minimiser les violences ou à en imputer la responsabilité aux victimes.

La violence conjugale n’est pas non plus un problème purement individuel, et on oublie un peu vite le modèle d’analyse de l’OMS pour lequel tant des facteurs individuels que relationnels et familiaux, communautaires et sociaux jouent un rôle dans la présence de violence au sein d’un couple.

Pour autant, on ne va pas jouer la concurrence entre victimes, il faut créer des espaces pour les hommes comme pour les femmes. Et probablement communiquer sur ce sujet particulier et mieux expliquer le sens des statistiques.

Alors puisqu'on parle statistiques, selon le dernier classement du Forum Economique Mondial, la Suisse a perdu deux places en matière d’égalité. Avez-vous quelques idées pour améliorer les choses ?
Pas encore je l’avoue. Il faudrait tout d’abord analyser les raisons de ce recul. En outre, la Suisse, c’est «grand». Où en est Genève là-dedans ? Je travaille volontiers avec les statistiques parce que c’est un outil précieux mais qu'il faut l’utiliser avec prudence. Il y a toujours des biais. On est toujours dans un work in progress.

Photo © Colette Fry