Nouvelle révolte saoudienne
- Écrit par Nathalie Brochard
Nouvel épisode dans les étapes vers l'émancipation des femmes saoudiennes : après le permis de conduire, elles revendiquent le droit de porter du vernis à ongles en public. Toujours armées de leur téléphone qui filme leur combat, immédiatement posté sur les réseaux sociaux, elles affrontent les muttawas, sorte de milice pour la promotion de la vertu et la prévention du vice.
L'altercation se déroule dans un shopping mall de Riyad, où une jeune femme se fait reprocher d'avoir les mains manucurées. Les muttawas lui demandent de quitter les lieux, ce qu'elle refuse. Tout en filmant la scène, elle exprime sa colère et leur fait front, elle appelle même la police en se plaignant de harcèlement.
Certains témoins ont déclaré sur Twitter que le problème n'était pas tant son vernis que sa tenue générale, pas assez conforme aux règles religieuses. Selon la police religieuse saoudienne qui compte 3 500 muttawas et qui est chargée de faire appliquer les codes vestimentaires islamiques, la jeune femme n'était pas assez voilée. Le vernis à ongles fait partie des ornements qu’il n’est pas permis à la femme de montrer, sauf à son mari ou l’un de ses "mahârim", un de ses tuteurs, avec qui la femme ne peut pas avoir de relations sexuelles, comme par exemple, son frère ou son beau-père.
Cette police des bonnes moeurs terrorise les femmes comme les hommes et nombre de Saoudien-ne-s se plient sans mot dire à son autorité. Saluons le courage de ces femmes qui essaient de desserrer un tant soit peu le carcan. Au début du mois de mai, Manal Al Sharif, qui avait osé voici tout juste un an prendre le volant, défiant ainsi le régime wahhabite, a reçu le prix Vaclav Havel au Oslo Freedom Forum. A cette occasion, elle a raconté sa lutte individuelle et le chemin parcouru pour devenir une femme à part entière.
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