Ecolos sexistes?
- Écrit par Nathalie Brochard
Un texte garantissant l'égalité de salaire homme/femme a été rejeté au Parlement européen par 298 voix contre, 289 pour et 87 abstentions, cela au lendemain de la Journée internationale des femmes. Parmi les abstentionnistes figurent 26 écologistes, suffisamment pour créer la polémique. Seraient-ils contre l'égalité des sexes ?
Le rapport d'Inès Cristina Zuber (Gauche unitaire européenne) voulait attirer l’attention sur la situation de femmes affectées différemment par la crise et subissant une précarisation plus importante de leurs conditions de travail (inégalités salariales, flexibilité imposée, contrats précaires…). Le texte prévoyait en outre l'interdiction des démissions forcées en cas de maternité et la lutte contre les stéréotypes sexistes. Les eurodéputé-e-s socialistes ont dénoncé un retour en arrière, la délégation française se fendant d'un communiqué disant qu' «aujourd’hui, par ce vote, ce sont non seulement les femmes qui sont insultées et agressées, mais l’ensemble de la société, nos valeurs et le coeur de notre humanité».
Si les conservateurs ont voté sans surprise contre, une moitié des élu-e-s écologistes se sont abstenu-e-s dont Daniel Cohn-Bendit et José Bové. Alors les écologistes auraient-ils tout à coup changé leur fusil d'épaule ? Auraient-ils succombé aux sirènes de la Manif pour tous ? Selon les explications du groupe Europe écologie les Verts au Parlement européen, le problème viendrait du paragraphe 67 du rapport Zuber qui traite de la délicate question de la prostitution et qui dit en substance que «la prostitution constitue une forme de violence, un obstacle à l’égalité des genres et un moyen pour le crime organisé de se développer». Il «invite les Etats-membres à reconnaître la prostitution comme une forme de violence à l’encontre des femmes et à ne pas la considérer comme un travail, même lorsqu’elle est "volontaire".»
Les écologistes sont totalement divisé-e-s sur le sujet et si pour la hollandaise Marije Cornelissen, cette position sur la prostitution constitue une «ligne rouge» , impliquant non pas le rejet du texte, mais un vote d’abstention, d'autres comme Nicole Kiil-Nielsen, membre de la commission Femmes du Parlement européen, ont préconisé de voter pour ce paragraphe et pour le rapport. Entre abolitionnistes et réglementaristes, le débat se poursuit. Au final, il faut retenir que les écologistes européens sont d'accord sur l'égalité des sexes, mais que leur communication laisse à désirer.
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