Trierweiler, on a encore rien vu
- Écrit par Nathalie Brochard
Alors que la tempête politique secoue l’Hexagone après la sortie du livre de Valérie Trierweiler « Merci pour ce moment », la rupture de stock guette la plupart des librairies. L’ouvrage est en tête des ventes chez Amazon et connaît un meilleur démarrage que « Cinquante nuances de Grey », le best-seller érotique de E.L. James qui avait tant fait parlé. Si les commentateurs-trices fustigent la démarche de l’ex-compagne de François Hollande, les lecteurs-trices semblent se passionner pour la vengeance d’une femme. Pour autant, cela reste un livre (en français).
Il faut dire que le plan était parfaitement orchestré et le secret bien gardé jusqu’à la mise en place dans les rayons des libraires. Rien n’a filtré jusqu’à la parution de l’article dans Paris-Match, la veille du lancement. L’Elysée aurait en vain tenté de négocier mais la détermination de l’auteure était inébranlable. La vengeance est un plat qui se mange froid et celle-ci produit l’effet escompté : une humiliation publique à la hauteur de celle subie en janvier dernier lorsque le Président français la répudie dans un communiqué de presse laconique de 90 signes, pas un de plus. Ce dernier qui ironisait dans le Times en disant que "La vie privée est toujours un défi" ne croyait pas si bien dire. Les temps changent et les premières dames aussi. Elles ne se laissent plus faire et ont fini de se taire.
Elles n’ont certes aucun statut et partant, aucune obligation. Valérie Trierweiler aurait sali la fonction présidentielle en publiant son livre ? Et François Hollande allant retrouver Julie Gayet à scooter rue du Cirque, c’était quel genre de numéro ? En tout cas, ce n’était pas servir l’Etat. Ah oui, la vie privée du Président, il ne faut pas tout confondre… Mais entre ces politiques qui la mettent en scène cette vie privée et ceux qui jurent pendant la campagne qu’ils n’en auront plus tellement ils veulent se consacrer à leurs concitoyens, en l’occurrence à leurs concitoyennes, on ne sait plus que comprendre. Valérie Trierweiler est une femme libre qui rend la monnaie de sa pièce à un homme qui a menti et a singulièrement manqué d’élégance.
Le coup est-il bas ? Du même niveau que celui qu’elle a reçu en janvier pourrait-on dire. Mais les responsables politiques n’ont encore rien vu et devraient adopter un comportement privé et public irréprochable. A l’heure de Facebook, Twitter et Instagram, c’est préférable. Les sites de vengeance d’ex-petites amies qui mettent en ligne photos et vidéos à contenu sexuel et pas toujours flatteur pour les hommes indélicats sont très répandus. Une nouvelle génération de femmes est en marche, rendant coup pour coup. « Merci pour ce moment » reste un point de vue personnel et contient peut-être une part fictionnelle mais aucune image compromettante: le support que constitue le livre est traditionnel. Edité en français à 200 000 exemplaires, il a une portée plus limitée qu'en aurait eu une vidéo diffusée sur la toile. Les dégâts pour l'image présidentielle auraient été d'une toute autre ampleur. A la place de Valérie Trierweiler, une femme plus jeune se serait probablement servi de son téléphone...Les pires scandales sont éventuellement à venir.
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