updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

Jeunes filles kurdes en uniforme

Des femmes kurdes se sont engagées en première ligne, au front, auprès des combattants et des miliciens qui résistent aux djihadistes de l’Etat islamique dans le nord de l’Irak. Elles portent armes et uniformes et courent les mêmes dangers que leurs camarades masculins. Figure médiatique de leur engagement, Helly Luv, alias la Shakira kurde, est menacée de mort depuis des mois par les extrémistes de l’EI. Pourtant dans les combats, les djihadistes fuient dès qu’ils les aperçoivent…

Elles s’appellent Dilan, Xwinda, Adar, Saria ou encore Shimal et sont sœurs d’armes dans la guerre qui fait rage en Irak et en Syrie. "Nous sommes la résistance des femmes opprimées par Daech [l'Etat islamique]. Vous savez, la liberté d'un pays commence par celle des femmes", confie l’une d’elles aux reporters de France 24 sur le front à Souleimaniye, près de Mossoul, dans le Kurdistan irakien. Parce qu’au-delà d’une guerre de reconquête de territoire, ces combattantes luttent pour défendre les femmes contre les exactions auxquelles se livrent les djihadistes. Elles parlent d’une «lutte de libération des femmes» et d’une véritable «solidarité féminine» qui s'est renforcée.

Le PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des travailleurs du Kurdistan) compte depuis bien longtemps des femmes dans ses rangs. Lorsqu’il s’est radicalisé en 1984, les femmes ont, elles aussi, appris le maniement des armes. La situation est similaire du côté des Comités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde en Syrie, et dans une moindre mesure chez les peshmergas irakiens. Au total, ce sont des centaines de femmes qui combattent les djihadistes.

L’une d’elles bouscule quelques idées reçues : Helly Luv (de son vrai nom Helan Abdulla) pose pour les médias étrangers, maquillée, Ray-Ban bleues, talons, entourée de peshmergas, insoutenable provocation pour les extrémistes d’EI. Sa vidéo « Risk it all» postée sur You Tube, vue plus de 3 millions de fois, défend l’idée d’un Kurdistan libre. Dans ce mélange de hip-hop, de danse moderne et moyen-orientale, elle se trémousse en robe légère lamée argent. Cocktails Molotov, Kalashnikovs entre autres complètent le tableau, de quoi hérisser ses opposants. «Mon message est que nous, le peuple kurde, nous devons tout risquer pour nos rêves et le combat pour notre pays», explique-t-elle sur sa page Facebook lors du lancement de son clip. Depuis, elle ne ménage pas sa peine et visite régulièrement les combattants kurdes pour leur témoigner son soutien.

Pour les femmes soldates qui combattent jour après jour, même si la réalité sur le terrain est moins glamour, elles affirment disposer d’un avantage certain face aux djihadistes. Ceux-ci pensent en effet que s’ils sont tués par une femme, ils vont droit en enfer. Pour cette raison, dès qu’ils les aperçoivent, ils battent en retraite. Du coup, chaque groupe de combat compte une ou deux femmes pour dissuader l’ennemi. Hommes et femmes feraient-ils cause commune ?

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