Féministes contre punks antifas de Viol
- Écrit par Nathalie Brochard
Des féministes font interdire un concert d'un obscur groupe punk/antifas appelé Viol à Paris. Depuis, sur les réseaux sociaux, les adversaires s’affrontent au nom du respect des femmes pour les un-e-s et de la liberté d’expression pour les autres.
Le nom de scène de la formation aurait déjà dû faire tilter les programmateurs qui auraient pu chercher, en conséquence, à s’informer un minimum sur le contenu des chansons. Le « tube » éponyme de 2009 fait l’apologie du viol et de l’agression sexuelle. Les paroles explicites particulièrement choquantes ont provoqué la colère parmi les milieux féministes et au-delà: « Viens, connasse ! Ici, dans ta face ! Ouvre-toi, putain ! Le viol, mon instinct ! Comme c’est bon de te violer, Toi qui ne m’étais pas destinée ». L’association les Effronté-e-s a dénoncé une «incitation au viol en musique», estimant que « sous couvert d’un style trash et prétendument anticonformiste », cette chanson constitue un «appel sans ambiguïté à ce crime sexiste». Osez le féminisme ! a soutenu la mobilisation sur Twitter.
Face à la mobilisation, le bar La Mécanique ondulatoire où était programmé le concert, qui se présente sur son compte Facebook comme « antiraciste, antifasciste, pro LGBT, pro libertaire et pro féministe » a finalement décidé d’annuler la soirée et de présenter ses excuses aux personnes choquées. Pour sa part, le groupe réclame, lui, le droit à la liberté d’expression et à la provocation expliquant que la chanson Viol n’est pas à comprendre au premier degré. De leur côté, les associations féministes posent les limites de cette prétendue liberté artistique comme l’explique dans Libération le Bug Powder, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel) : « Tout artiste a une responsabilité, en particulier lorsqu’il fait partie des personnes privilégiées et dominantes dans la société». Dans ce cas, art ou provocation, le résultat n’est qu’un appel à la haine et au crime.
Photo © Les EffrontéEs