Action sanglante sur l'assangblée
- Écrit par Nathalie Brochard
A Paris, ce matin, des activistes féministes ont recouvert l'Assemblée Nationale et ses alentours de tampons et de serviettes hygiéniques usagés «pour protester contre la désinvolture avec laquelle les député-e-s ont discuté l'amendement de la taxe tampon et dénoncer la honte et le tabou qui pèsent sur les règles, alors qu'elles concernent le quotidien de la moitié de la population» selon leurs termes.
Le bruit d’une action imminente courait depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, chacun-e y allant de son idée de choc destinée à secouer le cocotier misogyne de la représentation nationale. Celle de déverser des tampons et des protections hygiéniques au milieu du Sénat ou de l’Assemblée revenait avec insistance. Elles l’ont fait ce matin à 9 heures jusqu’à l’intervention des forces de police.
En France, mais également dans d’autres pays d’Europe, tampons et serviettes hygiéniques ne sont pas considérés comme des produits de première nécessité et sont taxés à 20% et les féministes demandent que leur soit appliqué le taux de 5,5% comme pour l'eau, les denrées alimentaires ou les préservatifs, voire mieux, celui de 2,1% comme c'est le cas pour les médicaments remboursables par la sécurité sociale. L’argument est imparable : une femme ne choisit pas d'avoir ses règles. Le collectif Georgette Sand a lancé une pétition en ligne sur change.org pour faire bouger les choses. Au Royaume-Uni, cette taxe avait déjà fait couler beaucoup d’encre et une enquête a montré que les femmes payées au SMIC consacrent au cours de leur vie l'équivalent de 38 jours de travail à temps plein à l'achat de tampons et serviettes…
Le rejet de l’amendement, porté par la députée socialiste Catherine Coupelle, qui aurait permis l’abaissement du taux de TVA, a été justifié par le secrétaire d'Etat au budget Christian Eckert par une pirouette qui en a fait bondir plus d’une : selon lui, les protections hygiéniques seraient aux femmes ce que la mousse à raser est aux hommes. On comprend que le sang des féministes n’ait fait qu’un tour et les ait poussées à se ruer à l’Assemblée Nationale de bon matin.
Sur leur tract qui accompagne les protections sanguinolentes, on peut lire : «En ne reconnaissant pas les protections hygiéniques comme des produits de première nécessité, nos député-e-s méprisent nos quotidiens, et nous obligent, une fois de plus, à faire comme si nos règles n’existaient pas. La misogynie a de beaux jours devant elle! L'universel masculin aussi». Et d’haranguer : "ACTION SANGLANTE SUR L’ASSANGBLÉE ! NI HONTE NI PATRIARCAT!". Pour signer : "Les vulves enragées".
Sur Twitter, certaines s’en réjouissaient, d’autres se demandaient qui allaient nettoyer ? Des femmes sûrement.
Photo, capture d'écran Facebook de la page Garçes, collectif féministe