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updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

Sex in the city et après?

  • Published in Livres

 

Après un essai qui donne une nouvelle lecture de Genet sur la performance de genre, Agnès Vannouvong se lance dans le roman. Une histoire de séparation, de la recherche insatiable du plaisir et de la jouissance à travers les métropoles de notre vaste monde. Pourtant après l'amour, le manque est toujours là. Mêlant brillamment romantisme et crudité, douceur et violence, Après l'amour, puisque c'est sont titre, est un roman sensuel et sexuel qui explore la fulgurance du désir féminin. l'émiliE a voulu en savoir plus. Interview.

 

l'émiliE: Après l’amour, c’est du vécu?

Agnès Vannouvong: Duras a cette phrase très juste, «ce sont toujours les autres, les gens qu’on rencontre, qu’on aime, qu’on épie qui détiennent l’amorce d’une histoire qu’on écrit. Il est stupide de penser, comme pensent certains écrivains, même les grands, que l’on est seul au monde». Qu’on le veuille ou non, on écrit à partir de soi, du réel, d’un événement, de quelque chose qui s’est passé, même si cette chose est étrangère à nous. Après l’amour est un roman, une fiction qui parle d’une chose intime et universelle : la rupture et la reconstruction. Il parle d’une femme prise dans une urgence, une quête de soi, une stratégie de survie post-amoureuse, un désir. Il parle de la vie, de vous et peut-être de moi. Qui n’a pas vécu après l’amour ?

 

Premier projet littéraire, première publication chez un grand éditeur, c’est déjà une réussite, non?

C’est une très grande satisfaction ! J’ai la chance d’être publiée dans une très belle maison et d’être bien accompagnée.

 

Votre personnage s’inscrit complètement dans les rapports sociaux de l’époque, avez-vous eu une approche sociologique dans votre écriture?

Je n’ai pas «d’approche sociologique» de la littérature. D’autres romanciers le font très bien. J’écris, c’est tout. C’est un souffle qui vient et ne s’interrompt pas, une apnée. Bien sûr, mon écriture construit des tableaux, parle d’une époque, s’ancre quelque part. Mon roman se déroule à Paris, il parle de l’extrême contemporain dans sa recherche frénétique et désespérée de sens. La narratrice travaille dans ce qui s’apparente à un Institut d’histoire de l’art. Je connais bien le milieu de la recherche que je me suis amusée à observer, par le prisme de cette jeune femme. L’écriture permet de mener plusieurs existences. On vit davantage quand on écrit, on est à plusieurs endroits. On est ailleurs, on se frotte à d’autres que soi. Je trouve merveilleux d’inventer d’autres vies que la sienne.

 

Vous enseignez à Genève, pourquoi ce choix?

C’était une opportunité. Je travaille sur les problématiques de genre et de sexualité, dans une perspective littéraire et esthétique. Ces questions transdisciplinaires me passionnent et j’ai un grand plaisir à travailler avec les étudiants, eux-mêmes très réceptifs aux questions identitaires qui nous concernent tous. Il est essentiel de repenser et déconstruire les stéréotypes en tout genre. J’ai d’ailleurs publié un essai Les revers du genre, Jean Genet. Il porte sur ces identités mouvantes qui circulent et déconstruisent nos imaginaires.

 Après l'amour, Agnès Vannouvong, Ed. Mercure de France, 2013.

© Photo Stéphane Haskell