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L'INTERVIEW


Dans le cadre du FIFDH, l'émiliE a rencontré l'activiste visuelle sud-africaine Zanele Muholi qui parle de son travail et de son documentaire "Difficult Love". Interview réalisée à Genève le 8 Mars 2013 par l'équipe de l'émiliE.

chronique féminista-voyageuse

Libertad sans commentaire

23-09-2013 C.M.

Libertad sans commentaire

  Libertad était une prison. La prison modèle de la dictature uruguayenne, crée au début des années soixante-dix et fermée à la chute du régime, en 1985. Libertad, du nom de...

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Corned beef

J'ai quand même envie de parler du corned beef. En Uruguay, comme dans une grande partie des Amériques, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, on produit de la viande à perte de vue. Quatorze millions de bovins promis à l'abattoir dans un pays qui compte 3,5 millions d'habitant-e-s.


À Fray Bentos existe donc un «musée de la révolution industrielle», ancienne usine Frigorifico-Anglo, qui passa des salaisons traditionnelles à la fabrication «d'extrait de jus de viande». Elle a tourné un siècle exactement, lancée dans les années 1860 sous la houlette d'ingénieurs allemands et d'investisseurs belges, avant d'être rachetée par des capitalistes anglais qui mirent la clé sous la porte dans les années 1970. L'usine employa jusqu'à 40'000 personnes... la ville de Fray Bentos comptant actuellement 27'000 habitant-e-s.

Nous parcourons les immenses frigos, les salles remplies de cuves, de turbines, de rampes et de billots. Une odeur acre m'envahit quand Fiona, notre guide, nous décrit les méthodes pour laver les bêtes avant l'abattage et pour les pousser de force vers leur mort. 8'000 bêtes tuées par jour à certaines périodes, plus de 200'000 pendant en une année à la «meilleure» époque... Les boîtes de corned beef Anglo prirent leur essor grâce aux deux guerres mondiales et à la guerre de Corée pour nourrir aussi bien les soldats nord-américains et anglais que pour leurs populations civiles rationnées.


Fiona travaille au musée quelques jours par semaine. Elle est uruguayenne, mère de famille et veut changer de vie. Tout en nous déroulant «le cycle de la viande» elle nous confie qu'elle a un boyfriend à Londres et qu'elle est très heureuse de pratiquer son anglais avec nous : elle espère s'installer avec lui là-bas. Elle veut vivre un peu pour elle, après avoir vécu pour sa famille pendant quarante ans. Ses yeux brillent en nous livrant tout le bien qu'elle pense de l’Angleterre, tandis que je me remémore la colère d'Eduardo Galeano à ce sujet : Frigorifico-Anglo est pour lui l'exemple typique de la spoliation des richesses du Sud par les puissances du Nord : au temps de plein rendement de l'usine, 6'000 boucheries vendaient à Londres ses boîtes de corned beef, pour quatre fois le prix-usine, tout en laissant l’État uruguayen subventionner l'entreprise déficitaire. Je me concentre un peu pour dépasser ma répugnance de végétarienne et ma désapprobation de l'élevage, afin d'assimiler cette critique de l'imbrication entre capitalisme industriel et colonialisme.

Aujourd'hui, l'usine est fermée mais l'exportation de viande continue et de nouveaux abattoirs frigorifiques ont ouvert leurs portes comme à Casablanca, un peu plus au nord sur le fleuve Uruguay. Nous campons juste à côté et entendons les beuglements et les martèlements de métal tout au long de la nuit.

Le lendemain, je crois sortir de la boucherie pour contempler avec soulagement les chevaux sur la plaine. Mais Camilo, le dompteur de chevaux sauvages, me rappelle à la réalité : il dresse des chevaux pour le travail avec les bêtes. Ici, les cow-boys s'appellent «gauchos» et ils sont nombreux : l'élevage extensif signifie des milliers d'hectares à parcourir, alors on travaille à cheval. Camilo nous explique son travail, le temps passé dans les granges des estancias à dormir sur la paille et à se laver au seau d'eau, pour jour après jour domestiquer des montures qui n'ont pas encore vu d'humains de près. Il regrette la dernière innovation industrielle en date : la création d'abattoirs frigorifiques pour commercialiser la viande de cheval, qui a fait globalement grimper le prix des chevaux. Il y a peu, on pouvait acquérir un «potro» (cheval non débourré) pour 60 dollars US. Aujourd'hui, l'usine propose 600 dollars par bête et on n'en trouve plus à moins.

La tête me tourne de cette spéculation sur les êtres vivants que l'industrie transforme en produits et je ne suis pas sûre de vouloir remonter sur Tacuarembo pour assister à la pourtant très célèbre «Fiesta de la Patria Gaucha» où défilent cette année plus de 7'000 chevaux. Bien que ce soit une des rares ville du pays à porter un nom indien cette manifestation célèbre dans une ambiance très nationaliste la figure du gaucho (à ne pas confondre avec le gauchiste !) et des premiers colons tout à la fois. On y reconstitue comme à l'époque des maisons de village colon en torchis et en jonc, et des milliers de cavaliers y convergent pour s'exhiber en costume d'époque face à la foule.

Je me console en savourant une Fainá (galette de pois chiche frite), une pizzetas avec quatre centimètres de mozzarella et des pâtes fraîches ricotta-épinards : l’Uruguay compte de nombreux ascendants italiens et contrairement aux idées reçues, même si l'ambiance est gravement engloutie par la colonisation des pays riches, on ne s'y nourrit pas exclusivement de viande.

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