updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

ailleurs

Guillaume Tell sifflé à Londres



La scène de viol lors de la première de l’opéra de Rossini à Covent Garden a provoqué lundi soir de vives réactions parmi le public. Si la direction du Royal Opera House tente depuis de minimiser l’incident et de calmer les esprits, le metteur en scène refuse de modifier quoi que ce soit à sa création.

Ce n’était certes pas dans l’œuvre originale imaginée par Rossini en 1829 mais c’est ce qu’a voulu le metteur en scène italien Damiano Michieletto qui souhaitait révéler la vérité sur ce qu’avaient vécu les femmes suisses au contact des armées autrichiennes. En ajoutant cette scène de viol à la production, il est persuadé qu’il colle à la réalité historique. L’actrice qui ne fait pas partie de la troupe des chanteurs-euses est donc agressée sur scène par le groupe d’officiers autrichiens.

Après les huées et les sifflets, si certains des chanteurs-euses ont été les premier-e-s surpris-e-s, ils ont à leur tour réagi. Le tenor John Osborn qui joue Guillaume Tell estime pour sa part que «la scène était peut-être un peu plus longue qu’elle n’aurait dû mais c’est arrivé et je pense que c’est un élément qu’il faut utiliser pour montrer à quel point ces gens (les militaires autrichiens, ndlr) ont été horribles lorsqu’ils ont occupé la ville». Pour le public et la critique, cette scène est inutile et constitue de la violence gratuite. Les réseaux sociaux se sont d’ores et déjà emparés du sujet et ne tarissent pas sur la pauvreté créative de la représentation.

Pas de rappel donc pour Damiano Michieletto qui déclare à ses détracteurs-trices : «Si vous ne supportez pas de voir la brutalité, la souffrance que ces gens ont dû subir, si vous voulez la cacher, tout devient lisse, ça s’adresse alors aux enfants». Ses fans arguent qu’on voit bien pire à la télé. Ah bon alors tout va bien dans le meilleur des mondes !

 Photo DR

  • Écrit par Nathalie Brochard

Un gag, selon Rémi Gaillard

Rémi Gaillard n’en est pas à son coup d’essai. Dans sa dernière vidéo intitulée Dog vue plus de 3.5 millions de fois, il atteint des sommets en mimant une agression sexuelle ce qui a fait monter au créneau les féministes. Depuis le débat enflamme la Toile.

Postée vendredi dernier sur YouTube, la vidéo de sept secondes montre l’humoriste déguisé en chien au meilleur de sa forme. Pour soi-disant dénoncer l’abandon des animaux en été, il se comporte comme un chien Filmé en caméra cachée, il apporte un bâton à un golfeur, interrompt des joueurs de frisbee et simule un acte sexuel avec une femme allongée sur la plage.
Pour de nombreuses féministes qui ont réagi à la publication de la vidéo, mimer un acte sexuel en touchant le corps d’une femme par surprise, constitue une agression sexuelle. En droit français, «constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise». Et dans ce cas, il n’y a pas besoin d’une plainte de la victime pour ouvrir une enquête. Sauf que les condamnations sont rares, parce qu’il faut prouver que l’agresseur avait l’intention d’agresser.

Ce que montre cette vidéo lamentable c’est que mimer une levrette sur une inconnue passe pour un gag. Et s’il est manifeste que les hommes et les femmes réagissent différemment face au pseudo humoriste, c’est sans doute qu’ils/elles ne se sentent pas menacé-e-s de la même manière. Si les gags face aux hommes sont plutôt ludiques, ceux face aux femmes sont à connotation sexuelle. Dans notre société, les filles sont éduquées dans la culture du viol, dans la peur d’être agressées. Pourquoi ? La banalisation des représentations des agressions sexuelles à l’instar des gags de Rémi Gaillard ne fait que renforcer cette peur. C’est rappeler aux femmes qu’elles sont vulnérables, qu’elles sont des proies offertes et consommables, peu importe leur consentement.

La journaliste Audrey Pulvar a habilement réa tandis que "l’humoriste" tentait de se défendre en disant que «la vidéo Dog provoque un tollé dans certaines presses ou je suis accusé de 'banaliser les agressions sexuelles' (Le message contre la maltraitance des animaux étant complètement esquivé). Je suis désolé car ce n'est pas le but et je ne veux pas rentrer dans la polémique en répondant, notamment, aux nouvelles insultes d'Audrey Pulvar». Selon lui, «les gens intelligents connaissent la vraie version de l'histoire. Mon message est détourné par les féministes pour faire parler d'elles».


On se souvient de sa vidéo Free Sex sur laquelle il simule, en jouant sur la perspective, des actes sexuels sur des gens, principalement des femmes, qui avait déjà créé la polémique. Celui dont la devise se résume à «c’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui» est définitivement raccord avec son personnage.

 

Photo © Capture d'écran YouTube/ Rémi Gaillard

  • Écrit par Nathalie Brochard

Deux indignées aux commandes

Les deux premières villes d’Espagne vont être désormais dirigées par deux femmes issues du mouvement citoyen des Indigné-e-s. Manuela Carmena à Madrid et Ada Colau à Barcelone ont été investies samedi dernier dans leur mairie respective en présence d’une foule énorme. Gangrénée par les affaires de corruption et les scandales politiques à répétition, l’Espagne souffre d'une absence de perspectives et cherche de nouvelles voies/voix. En remportant les municipales, ces militantes hors parti ont-elles réussi à rétablir un début de confiance entre le peuple et les dirigeant-e-s ? Le fait qu’elles soient des femmes a-t-il joué en leur faveur ? Toujours est-il que l’une comme l’autre cristallise les espoirs d’une population laissée à l’abandon. Leur discours d’investiture témoigne du changement de ton et les programmes annoncés se font l’écho de ces attentes.

Devant le Palais de Cibeles à Madrid, c’est la liesse des lendemains qui chantent. Manuela Carmena s’est frayée un chemin parmi ses sympathisant-e-s qui scandaient «Si, se puede», le cri de ralliement des Indigné-e-s, pour se rendre dans la salle du Conseil. Après le vote, c’est le soulagement pour l’ex-juge de 71 ans, de la liste «Ahora Madrid» rassemblant Equo (écologistes), Izquierda unida (écolo-communiste) et Ganemos Madrid qui vient d’obtenir la majorité absolue des 57 conseillers: 29 élus l’ont choisie pour diriger la capitale espagnole aux mains de la droite depuis 1990. Et si le Parti Populaire est arrivé en tête des municipales avec 44 000 voix d’avance sur Ahora Madrid, le Parti socialiste a décidé de la soutenir pour enfin rompre avec l’austérité qui a laissé une ville exsangue. Dans son discours d’investiture, Manuela Carmena rappelle que «Nous sommes au service des citoyens de Madrid. Nous voulons gouverner en les écoutant». Pour la maire, il faut agir au plus vite sur les problématiques citoyennes : emploi, logement, culture, sécurité sociale, anti-corruption, participation. Ses toutes premières mesures s’adresseront aux enfants défavorisés, pour leur garantir deux repas par jour et aux personnes menacées d’expulsion de leurs logements.

Pendant ce temps, à Barcelone, une foule toute aussi dense, rassemblée sur la Plaça San Jaume, a accompagné Ada Colau vers sa future destinée. Les banderoles «Si se puede» ou «Que sí nos representan» en castillan ou l’immense drapeau républicain marquent un changement de priorité dans une ville accaparée ces dernières années par les nationalistes catalans. Dans une ville où un tiers de la population est frappée d’exclusion sociale, l’urgence est aujourd’hui l’emploi, le logement, les soins, l’éducation et moins le séparatisme. Ce samedi, la mairie de Barcelone investissait pour la première fois une femme à sa tête. L’activiste de 41 ans qui menait la liste citoyenne, Barcelona en Comú, va gouverner avec la majorité absolue grâce à l’appui des autres partis de gauche, communistes et socialistes notamment. Et si dans son discours d’investiture, la nouvelle maire a exprimé sa gratitude à son électorat pour avoir «rendu l’impossible possible», elle reconnaît que «tout ne sera pas facile», mais que les gens ont «voté pour le changement» et que dès lors elle s’engage dans cette voie. Après avoir annoncé la mesure symbolique d’une réduction drastique du salaire qu’elle touchera (40 000 euros annuels contre les 112 000 de son prédécesseur nationaliste conservateur Xavier Trias), elle a présenté un programme pour lutter contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. Autre signe révélateur du changement, les seul-e-s responsables à avoir décliné l’invitation à l’acte constitutionnel furent la déléguée du gouvernement en Catalogne, Llanos de Luna, et le cardinal archévêque de Barcelone, Lluís Martínez Sistach.

Le week-end est passé, les conservateurs ont recouvré leurs esprits et ont commencé à tirer à boulets rouges sur les deux dirigeantes. A Madrid, Manuela Carmena qui avait essuyé une salve de sa rivale du PP Esperanza Aguirre dès son investiture, doit se prononcer aujourd’hui sur l’exclusion de Guillermo Zapata, un de ses conseillers nommé à la Culture dont des tweets antisémites de 2011 ont brusquement refait surface. L’état de grâce risque d’être de courte durée pour les deux femmes, par contre le baptême du feu, c’est maintenant.

 

Photo © Ada Colau/Manuela Carmena

  • Écrit par Nathalie Brochard

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