updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

ailleurs

La rue est à nous!

Alors que les activistes d’Osez le féminisme viennent de rebaptiser les rues de l’Ile de la Cité à Paris avec des noms de femmes, dans le but de dénoncer la place infime (2%) qui leur est réservée sur les plaques, qu’en est-il en Suisse romande ?

Selon les activistes françaises, «effacer les femmes de l'Histoire, en leur rendant hommage dans 2% de nos rues seulement, c'est perpétuer un certain nombre de stéréotypes patriarcaux, c'est les cantonner à l'espace domestique, et nier leur importance dans la vie publique et l'histoire du pays». Du coup sur le site qu’elles viennent de lancer pour l’occasion feminicite.fr, elles revendiquent une toponymie des rues de Paris égalitaire avec autant de noms de femmes que d'hommes sur les plaques d'ici 2019, l'attribution d'un nom de femme à une grande place ou un grand bâtiment public et l'attribution systématique d'un nom de femme à tous les nouveaux établissements publics de la ville.

A Genève, à l’époque où Fabienne Bugnon dirigeait le SPPE (Service Pour la Promotion de l’Egalité entre homme et femme), paraissait sous son impulsion un petit fascicule qui soulevait déjà cette problématique. Ainsi en 2005, on recensait 20 rues dont le nom faisait référence à une femme sur un total de 560 portant le nom de personnalités ou de familles. Dix ans plus tard, ce chiffre atteint péniblement les 30. Ce n’est pas faute d’avoir multiplié les signaux en direction des autorités compétentes.

Cette année par exemple, lors de la campagne pour les élections municipales, le parti socialiste genevois avait déjà lancé une opération de féminisation des noms de rue pour sensbiliser les électeurs-trices à une meilleure représentation des femmes en politique. Le boulevard Emile-Jacques-Dalcroze était alors devenu la rue Wigman, la rue Firmin-Massot s’appelait rue Boisdechêne et la rue Rodolphe-Toeppfer, la rue Moulinié.

A Lausanne, en 2011, le Collectif vaudois du 14 juin avait mené une action Noms de rues. Ainsi, l’avenue Benjamin-Constant avait pour quelques heures porté le nom de Carole Roussopoulos, la Place Pépinet s’était transformée en «Place Emilie Gourd», la rue Pichard avait honoré Margarethe Faas-Hardegger, la rue Haldimand s’était appelée rue Antoinette Quinche, la rue Saint-Laurent avait été dédiée «aux Caissières», quant à la place de l’Europe, elle était devenue «Place Ella Maillart».

Ce type d’action est donc récurrente. «Une ville défend, par ses plaques de rue, un certain nombre de valeurs qu'elle souhaite véhiculer» comme l’explique Osez le féminisme. Si des villes/cantons comme Lausanne et Genève se targuent d’égalité, qu’attendent-elles pour l’exprimer à travers ses symboles et ses représentations ?

Photo © Osez le féminisme!

  • Écrit par Nathalie Brochard

Les excuses du bon Dr Dre

Mieux vaut tard que jamais : le célèbre rappeur Dr Dre présente ses excuses aux femmes qu’il a frappées dans les années 90. C’est dans le très sérieux New York Times qu’il s’exprime sur un sujet qu’il a toujours refusé d’aborder. Alors contrition sincère ou coïncidence opportune ? La star est en promo mondiale pour son dernier album et un biopic…

Condamné pour ces faits de violence récurrents voici plus de vingt ans, Dr Dre ne répondait jamais aux questions des journalistes qui s’y rapportaient. Le week-end dernier, alors que personne ne lui demandait rien, le quotidien new-yorkais titre en une «Je m’excuse auprès des femmes que j’ai blessées». Bien sûr, ces remords tombent un peu comme des cheveux sur la soupe après tant d’années et ça sent le plan de communication à plein nez, mais bon, il y va : «Il y a vingt-cinq ans, j’étais un jeune homme, je buvais trop, beaucoup trop, et je n’avais pas de réelles structures dans ma vie. Même si ce n’est pas une excuse pour ce que j’ai fait. Je suis marié depuis dix-neuf ans maintenant et chaque jour, je travaille à être un homme meilleur pour ma famille, cherchant, au fil de ma route, à demander conseil autour de moi. Je fais tout mon possible  pour ne plus jamais ressembler à cet homme. Je m’excuse auprès des femmes que j’ai blessées. Je regrette profondément ce que j’ai fait et je sais que cela a eu des conséquences sur nos vies».

Sur ces bonnes paroles, Apple, la cool compagnie auprès de laquelle émarge le bon Dr Dre en tant que top consultant après avoir vendu sa marque de casques et d’écouteurs «Beats by Dre» pour la modique somme de 2,2 milliards d’euros en 2014 s’est fendu d’un communiqué pour bien enfoncer le clou au cas où : «Dr Dre s’est excusé pour les erreurs qu’il a faites par le passé, et il a dit ne plus être la personne qu’il était il y a vingt-cinq ans. Nous le croyons sincère, et après avoir travaillé avec lui depuis un an et demi, nous avons toutes les raisons de croire qu’il a changé». On a envie de dire Alleluya !

Il faut dire que l’été est chargé pour le rappeur. Son album Compton est sorti le 7 août (et se vend très bien sur Apple Music et iTunes, merci) et son film sur sa vie, son œuvre, Straight Outta Compton est en salle aux Etats-Unis depuis le 14 août (et cartonne aussi avec des recettes de plus de 100 millions de dollars). Du coup, il s’agit de continuer sur cette juteuse lancée. Or à tant médiatiser les choses et à rappeler le bon vieux temps, des femmes qui en ont fait partie dans les années 90 ont remis les pendules à l’heure : l’histoire ne se serait pas tout à fait passée comme le décrit le film ou plutôt, du point de vue des victimes, le réalisateur de Straight Outta Compton, Felix Gary Gray, aurait pris soin de laisser de côté les agressions commises par le rappeur et ses démêlés avec la justice. La journaliste Dee Barnes, la chanteuse de R&B et ancienne compagne de Dr Dre avec qui elle a eu un enfant Michel’le et  Tairrie B, chanteuse elle aussi, se sont retrouvées sur Facebook pour discuter de leur «rencontre» avec le rappeur. La première a eu la tête fracassée contre un mur, la seconde a été battue de manière régulière et la troisième frappée à la tête…

Ces faits relatés notamment par le bloggeur Byron Crawford, intitulé Beatings by Dre, clin d’œil à ses fameux écouteurs, ont recommencé à circuler sur les réseaux sociaux peu avant la sortie du film tandis que le journal en ligne Gawker post publiait  Remember When Dr. Dre Bashed a Female Journalist’s Face Against a Wall? (Rappelez-vous quand Dr Dre a frappé la tête d’une journaliste contre un mur, ndlr). Quand, à une avant-première du film, le réalisateur est interrogé sur l’absence de toute mention de ces agressions, il explique que les scènes prévues dans le script d’origine ont été supprimées du scénario définitif car elles ne servaient pas l’histoire. Ah non ? Mardi dernier Dee Barnes a écrit dans le Gawker sa version des faits, vues deux millions de fois. Selon elle, «le film n’est pas la réalité et il n’a rien de gangsta*», elle poursuit en disant que «si c’était gansgsta, il aurait tout montré». Elle conclut : «C’est juste du business»

* Le gangsta rap est un sous-genre du hip-hop qui a émergé à la fin des années 1980. Les premiers rappeurs gangsta sont issus de gangs et racontent leur vie dans la violence. Certains thèmes sont récurrents comme notamment la drogue, la haine de la police, le proxénétisme, l'argent, l'homophobie, et la misogynie. Le mouvement est né à Compton (Californie) à travers le groupe N.W.A, dont le film de Gray retrace l’histoire.

  • Écrit par Nathalie Brochard

Macho man, l'ADN républicain

Le premier débat télévisé pour la primaire républicaine a mis à jour l’incapacité du parti républicain à s’adresser aux femmes. Les visions sexistes et les stéréotypes tiennent lieu de valeurs pour les conservateurs.

Les propos sexistes de Donald Trump, candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016, à l’encontre d’une journaliste de Fox News, Megyn Kelly, n’est que la partie immergée d’un iceberg conservateur qui résiste à tout changement, sociétal en l’occurrence. Lors du premier débat à Cleveland (Ohio) qui opposait les dix prétendants républicains les mieux placés dans les sondages, les provocations du milliardaire n’ont pas soulevé la moindre réaction parmi ses adversaires. Précisons que les dix candidats sont tous des hommes plutôt âgés. Comble de la diversité dans ce show aux allures de barnum surjoué, la présence du neurochirurgien afro-américain Ben Carson. Le parti républicain n’a donc pas de candidate féminine aux primaires ? Si, une, Carly Fiorina, ancienne CEO de Hewlett-Packard, qui a, selon les observateurs-trices, remporté le «kids table debate» (le débat de la table des enfants, ndlr) qui se déroulait en marge du premier débat avec les candidats les moins bien placés dans les intentions de vote. Sa maîtrise des sujets a visiblement créé le buzz sur les réseaux sociaux qui voient en elle, à défaut de la future présidente, une éventuelle secrétaire d’Etat.

Si la polémique s’est centrée autour du machisme de Donald Trump, il n’est pas le seul dans cette course. Toujours lors de ce fameux débat, Marco Rubio, sénateur de Floride et Scott Walker, gouverneur du Wisconsin, crièrent d’une même voix leur opposition à l’avortement, même en cas de viol, d’inceste ou de mise en danger de la vie de la mère. L’unanimité des dix candidats s’est faite autour de l’arrêt des subventions publiques à Planned Parenthood, une organisation qui propose aux femmes l’accès aux soins et à l’avortement. Car l’électorat républicain droitisé après la pression du Tea Party adore ce «parler vrai» si cher à Donald Trump qui passe son temps à fustiger le politiquement correct. Le portrait robot à peine caricaturé de l’électeur républicain est un homme, blanc, hétérosexuel, sexiste et raciste. C'est à lui que s'adressent les candidats et à lui seul. Les femmes et les minorités? Elles sont exlu-e-s du discours, au pire insulté-e-s, et sont surtout envisagé-e-s comme des problèmes, comme des poids pour la nation. Pour rappel en 2012, Obama avait été élu avec le vote des femmes. Le parti républicain semble, depuis des décennies, dans l’incapacité de parler aux femmes et ne montre aucune envie d’aller dans ce sens. Est-ce la chronique d’un nouvel échec annoncé ?

Image: Logo du parti républicain

  • Écrit par Nathalie Brochard

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